République du Malawi

Malawi

Republic of Malawi
 

Capitale: Lilongwé
Population: 12,8 millions (est. 2001)
Langue officielle: anglais (de facto)
Groupe majoritaire: aucun
Groupes minoritaires: chewa (37 %), lomwé (14,5 %), yao (10 %), tumbuka (6,4 %), nyakyusa-ngondé (2,9 %), sena (2,4 %), tonga (2,1 %)
Langues coloniales: anglais
Système politique: république unitaire
Articles constitutionnels (langue): articles 20, 26, 42, 51, 55 et 94 de la Constitution du 18 mai 1994 (modifiée en 1997 et 1998)
Lois linguistiques: Règlements de la Chambre (2003)

1 Situation générale

Le Malawi est un pays d'Afrique de l'Est enclavé entre la Tanzanie au nord-est, le Mozambique à l'est et au sud, et la Zambie à l'ouest. C'est un pays de 118 484 km², qui s'étire du nord au sud (900 km) tout le long du lac Malawi, ce dernier constituant la frontière naturelle avec la Tanzanie et le Mozambique; le pays fait entre 80 et 150 km de large. Le quart du territoire, soit 24 204 km², est constitué par des lacs, dont le lac Malawi, le troisième plus grand lac d'Afrique (580 km de long à 472 m au-dessus du niveau de la mer). On recense trois autres lacs: le lac Chilwa au sud-est du lac Malawi, le lac Chiuta au nord du lac Malawi et le lac Malombé au sud du lac Malawi.

Ce pays a la particularité d'être très petit en comparaison aux autres pays de la région (si l'on fait exception du Rwanda et du Burundi): par exemple, le Mozambique (799 380 km², la Tanzanie (945 000 km²), le Zimbabwe (390 580 km²), le Kenya (580 000 km²), le Congo-Kinshasa (2 345 000 km²), la Somalie (630 000 km²).

Le pays a pour capitale Lilongwé depuis 1975, mais cette ville reste moins importante que l'ancienne capitale, Blantyre, qui forme avec Limbé une agglomération de quelque 400 000 habitants, le centre commercial et industriel du pays. Le Malawi se divise en trois régions administratives et 30 districts.

Les régions administratives sont la province du Nord ou Northen Region (capitale: Mzuzu), la province du Centre ou Central Region (capitale: Lilongwé) et la province du Sud ou Southern Region (capitale: Blantyre).

Les districts sont les suivants: Balaka, Blantyre-Ville , Blantyre-Campagne, Chikwawa, Chiradzulu, Chitipa, Dedza, Dowa, Karonga, Kasungu, Lilongwé-Ville, Lilongwé-Campagne, Machinga, Mangochi, Mchinji, Mulanje, Mwanza, Mzimba, Mzuzu-Ville, Nkhata Bay, Nkhotakota, Nsanje, Ntcheu, Ntchisi, Phalombe, Rumphi, Salima, Thyolo, Zomba-Ville, Zomba-Campagne. On peut consulter la carte détaillée à ce sujet en cliquant ICI.

Le lac Malawi porta également le nom de lac Nyassa, ce dernier mot signifiant «lac» dans la langue des pêcheurs locaux. Le Malawi n'a pas d'accès direct vers la mer; c'est pourquoi il doit utiliser les ports mozambicains pour l'acheminement des marchandises à l'exportation et à l'importation.

Regional Map of Malawi

2 Données démolinguistiques

Avec une population estimée à 10,8 millions d'habitants en 2001, le Malawi demeure l'un des pays les plus densément peuplés d'Afrique (89 habitants au km²). Les principales ethnies  — toutes bantoues  — sont les Chewa (37 %), les Lomwé (14,5 %), les Yao (10 %), les Tumbuka (6,4 %), les Nyakyusa-Ngondé (2,9 %), les Sena (2,4 %) et les Tonga (2,1 %). Seuls les Chewa (4 millions), les Lomwé (1,5 million) et les Yao (1 million) dépassent le million d'individus. La région du Nord est composée de principalement des Tumbuka; la région du Centre, principalement des Chewa; et la région du Sud, des Sena, des Yao et des Lomwé. Il existe d'autres ethnies minoritaires plus petites telles que les Kokola et les Zoulous. Les descendants des colons d'origine anglaise et les Indiens représentent moins de 0,5 % de la population.

Ethnie Pourcentage Langue Localisation
Chewa (Nyanja) 37 %

chewa (nyanja)

centre
et sud-ouest
Lomwé 14,5 % lomwé sud
Yao 10 % yao sud-est
Tumbuka 6,4 % tumbuka nord-ouest
Nyakyusa-Ngondé 2,9 % nyakyusa-ngondé nord
Sena 2,4 % sena sud
Tonga 2,1 % tonga nord-est
Kokola 0,7 % kokola sud-est

Les langues les plus importantes correspondent aux ethnies mentionnées: le chewa (37 %), le lomwé (14,5 %), le yao (10 %), le tumbuka (6,4 %), le nyakyusa-ngondé (2,9 %), le sena (2,4 %) et le tonga (2,1 %). Le chewa est parlé au moins par 50 % de la population comme langue maternelle ou langue seconde et sert souvent de langue véhiculaire dans le pays.

L'anglais est la langue officielle, mais il n'est parlé que dans les villes et comme langue seconde, souvent bien mal. La plupart des Malawiens qui sont censés parler l'anglais le «baragouinent», car peu réussissent à communiquer dans cette langue. La faible scolarisation des enfants nuit à la diffusion de l'anglais et il n'existe pas d'anglophones à qui parler dans le pays. Les Églises malawiennes estiment aujourd’hui à plus de 55 % le nombre d’adultes illettrés, surtout parmi les femmes (71%), malgré les efforts du gouvernement et des organisations non gouvernementales. Selon la Banque mondiale pour l'année 1999-2000, ce taux serait de 42 % pour le Malawi.  

Les Malawiens sont majoritairement de religion chrétienne (protestants, 55 %; catholiques, 20 %), puis musulmane (20 %), animiste ou adepte des traditions indigènes ancestrales (3 %), ou encore d'autres religions (2 %).

3 Données historiques

Des peuples bantous se sont installés dans la région dès le Ier siècle de notre ère. Puis le pays connut une succession de royaumes, en relation avec les commerçants swahilis des régions côtières du Mozambique et avec le Zimbabwe. Au XIVe siècle, le royaume des Chewa dominait la région en s'étendant au nord-ouest du lac Malawi. Les Yao, des pasteurs nilotiques venus du Sud soudanais, s'établirent dans le pays à partir du XVIIIe siècle. Les Ngouni quittèrent l'Afrique du Sud lors des conflits nés de la création du peuple zoulou et de l'arrivée des Boers). Chassés par l'expansion zouloue, ils poussèrent jusqu'au nord du Malawi.

Après l'arrivée de commerçants portugais, dont les Métis (Pomberos) qui, remontant le fleuve Zambèze, étaient parvenus jusque dans le sud du pays dès le XVIIe siècle, un vaste trafic d'esclaves s'organisa. Les Européens n'eurent connaissance de l'existence du lac Malawi qu'en 1859, lorsque David Livingstone (1813-1873), un missionnaire et explorateur britannique (né à Blantyre en Écosse), parvint sur ses rives. Celui-ci dénonça les ravages provoqués par la traite des Noirs organisée par les commerçants portugais et arabes. Son expédition ouvrit la voie à l'établissement, à partir de 1875, des missions, protestantes dans le Sud, catholiques dans le Centre. Les missionnaires développèrent des écoles et recoururent aux langues locales.

Mais les missionnaires furent bientôt suivis par des commerçants anglais et écossais. Un consul britannique s'établit dans le pays en 1883. Des affrontements avec les marchands d'esclaves et la volonté de stopper l'expansion du Portugal et de l'Allemagne amenèrent les Britanniques à négocier part la force avec les souverains indigènes la déclaration formelle d'un protectorat en 1891, qui prit le nom de Nyasaland en 1907. Le trafic d'esclaves avait été aboli en 1904.

3.1 La colonisation britannique

Les Britanniques s'installèrent en maîtres dans le pays et imposèrent la langue anglaise dans l'Administration et les écoles. Pendant la Première Guerre mondiale, John Chilembwe, un pasteur africain formé en Amérique, se révolta contre la participation forcée de ses compatriotes à l'effort de guerre britannique et l'accaparement des terres par les colons anglais. Il organisa une révolte brève dans la région de Blantyre au sud du Nyasaland, mais elle fut sévèrement réprimée. Dans l'entre-deux-guerres, de nouveaux colons anglais s'établirent dans le Nyasaland et développèrent les cultures d'exportation, tandis que les autochtones furent utilisés comme main-d'œuvre dans les mines et industries de la Rhodésie du Nord (aujourd'hui Zambie) et de la Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zimbabwe). En 1933, le Nyasaland passa sous le régime de l'«indirect rule».

La Seconde Guerre mondiale marqua l'essor des mouvements nationalistes malawiens. En 1944, James Sangala fonda le Congrès africain du Nyasaland (Nyasaland African Congress, NAC), dont Ackim Kamkhwala Banda (qui changea de nom en Hastings Kamuzu Banda), un médecin immigré à Londres, devint le représentant en Grande-Bretagne.

En 1953, le gouvernement britannique créa une Fédération de Rhodésie et du Nyassaland (Federation of Rhodesia and Nyasaland) regroupant la Rhodésie du Sud, la Rhodésie du Nord (l'actuelle Zambie) et le Nyassaland (Malawi), qui favorisait la domination blanche («suprématie blanche»).

Cette fédération suscita une vive opposition de la part de la population autochtone dans le protectorat, qui redoutait de voir s'étendre à son pays le régime de ségrégation raciale en vigueur dans les territoires voisins.

La fédération devait être dissoute en 1963, un an avant l’indépendance de la Zambie et du Malawi, sous la pression des mouvements nationalistes africains. En 1959, une campagne de désobéissance civile, menée par Hastings Kamuzu Banda (1896-1997), qui avait été élu président du Parti du congrès du Malawi (Malawi Congress Party, MPC), le nouveau nom du NAC, fut suivie d'importantes émeutes dans le nord du pays. L'année suivante, une conférence constitutionnelle s'ouvrit à Lancaster, une ville située au nord-ouest de l'Angleterre. Après la dissolution de la Fédération de Rhodésie-Nyasaland, en 1963, le Nyasaland obtint l'autonomie; Hastings Kamuzu Banda devint premier ministre.

Le protectorat accéda à l'indépendance le 6 juillet 1964 et prit son nom actuel de Malawi. En fait, le nom de Malawi a été choisi parce qu'il a été inspiré du mot «malavi» signifiant «brume» ou «lumière réfléchie». On a perçu ce mot comme une référence au soleil se levant sur le lac Malawi, donc un symbole (voir la drapeau malawien au haut de la page) des nouvelles lueurs d'espoir pour le nouveau pays.

3.2 Le Malawi indépendant

Après la proclamation de la république, le 6 juillet 1966, Hastings Kamuzu Banda fut élu président par l'Assemblée nationale. Une crise politique éclata aussitôt au sein du mouvement nationaliste; elle se solda par l'exil de ses dirigeants progressistes «radicaux». En novembre 1970, une modification de la Constitution fit de Banda le «président à vie» du Malawi. Il put ainsi diriger le pays en dictateur grâce à son parti unique, le Parti du congrès du Malawi (Malawi Congress Party). En prenant le pouvoir, le président Banda imposa une langue (le chewa) destinée à unifier le pays autour d'un seul groupe ethnique, le sien (les Chewa).

La langue anglaise fut conservée comme la langue officielle pour l'Administration gouvernementale. Banda imposa le chewa (appelé le chichewa) comme langue nationale officielle à côté de l'anglais. Toutefois, Banda qui, rappelons-le, appartenait à l'ethnie chewa, n'a jamais lui-même parlé le chewa, mais uniquement l'anglais; durant sa longue présidence de trente ans, Banda dut recourir aux services d'un interprète pour se faire comprendre ou comprendre ses interlocuteurs. Puis le dictateur imposa le chewa dans les écoles; tout élève devait réussir ses examens en chewa sous peine de rater ses études primaires. Le président fonda le Conseil du chewa dont la responsabilité était de rédiger un dictionnaire et guider les journaux dans la promotion de la langue nationale.

Par le fait même, il interdit l'utilisation du tumbuka dans les écoles et à la radio nationale. Les Malawiens de la région du Nord, principalement des Tumbuka, furent révoltés par cette décision jugée autoritaire. Bien que le tumbuka fut formellement interdit, les Églises chrétiennes dans la région du nord ont continué à l'employer; tant l'Église catholique que les Églises protestantes ont utilisé cette langue dans leurs prières et cantiques.

Ce n'est pas par hasard si Banda maintint des relations amicales avec le Mozambique, alors sous la domination du Portugal d'un autre dictateur (Salazar, jusqu'en 1975). Mais si cette politique (contestée) servait les intérêts commerciaux du Malawi, elle limitait également son influence sur le continent africain. La récession économique et l'afflux d'un million de réfugiés mozambicains au début des années quatre-vingt-dix contribuèrent à déstabiliser le président Banda, de plus en plus contesté, à l'intérieur comme sur le plan international, en raison de son autoritarisme et de l'élimination des opposants politiques.

Après trois décennies de sa dictature, le tiers de l'économie du pays restait sous le contrôle de la compagnie privée du «président à vie», appelée Press Holdings. La population malawienne reprochait également à Banda son mode de vie essentiellement anglo-saxon, et sa méconnaissance des coutumes et de la langue locale; il ne parlait que l'anglais et il était toujours accompagné d'un interprète. En mars 1992, les évêques catholiques du Malawi publièrent une lettre pastorale («Living Our Faith»: "Vivons notre foi'') critiquant Banda et son gouvernement; la lettre fut publiée en trois langues, soit l'anglais, le chewa et le tumbuka.

Finalement, le dictateur, alors âgé de 97 ans, se résolut à accepter, sous la pression internationale, le multipartisme en juin 1993, puis perdit la présidence au profit de Bakili Muluzi en mai 1994. Les prisonniers politiques furent libérés.  En 1995, le vieux Banda et son ancien adjoint et vice-président, John Tembo, furent arrêtés et inculpés pour le meurtre en 1983 de trois ministres et d'un parlementaire. L'instruction du procès fut l'occasion, pour le Parti du congrès du Malawi, l'ancien parti unique, allié à une formation de l'opposition (l'Alliance pour la démocratie) de multiplier les accusations de corruption contre le nouveau président. En 1997, l'ancien président Hastings Kamuzu Banda décéda à l'âge de 99 ans (mais il est possible que ce soit à 101 ans).

Le 15 juin 1999 ont eu lieu les élections générales qui ont reconduit le président sortant Bakili Muluzi à la tête de l’État (pour un second mandat) ainsi que son parti, le Front démocrate uni (United Democratic Front, UDF), au Parlement. Le chef de l'État, Elson Bakili Muluzi, s'est employé à tenir ses promesses électorales de réconciliation nationale. Ce n'est pas une mince affaire dans un pays où les partis tiennent leur soutien de régions et d'ethnies différentes; néanmoins, Muluzi semble avoir réussi à éloigner le spectre des divisions ethniques. Pour le reste, la tâche du gouvernement semble insurmontable. Le pays, déjà traumatisé par les ravages du sida (juste 130 000 morts entre 1985 et 1995), a assisté à la montée de la violence et de la corruption. De plus, la «justice» est on ne peut plus expéditive, tandis que les parlementaires se votent régulièrement de nouveaux privilèges. Quant à la population malawienne, elle se classe aujourd'hui aux derniers rangs mondiaux pour le revenu par habitant (170 $ US en 2002, contre plus de 20 000 $ pour un pays comme la France ou le Canada) et pour son niveau de développement humain. Le Malawi est, au plan économique, l’un des pays les moins développés de l'Afrique.

4 La politique linguistique

Le Malawi n'a pas de politique linguistique bien définie et il n'existe aucun accord politique quant au statut de la langue nationale (le chewa) à côté de l'anglais. L'anglais demeure toujours la langue officielle, mais le chewa est dominant comme langue véhiculaire. Par ailleurs, l'anglais n'est promulguée dans aucune loi, pas même dans la Constitution.

L'article 20 de la Constitution de 1994 (modifiée en 1997 et 1998) interdit la discrimination, notamment pour des raisons de langue:

Article 20
Equality

1) Discrimination of persons in any form is prohibited and all persons are, under any law, guaranteed equal and effective protection against discrimination on grounds of race, colour, sex, language, religion, political or other opinion, nationality, ethnic or social origin, disability, property, birth or other status.

Article 20
Égalité

1) La discrimination des individus, sous toutes ses formes, est interdite et toutes les personnes sont, sous n'importe quelle loi, assurées d'une protection égale et efficace contre la discrimination pour des raisons de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou autre, de nationalité, d'origine ethnique ou sociale, d'incapacité, de propriété, de naissance ou d'un autre statut.

En fait, si la discrimination en fonction de la langue est interdite, elle se pratique à une vaste échelle dans tout le pays. Les langues n'ont pas toutes le même statut réel dans la vie quotidienne. On peut dire que la distribution fonctionnelle des langues malawiennes est directement reliée à leur valeur sur le marché linguistique. La dominance de l'anglais est totale dans tous les domaines importants de la vie sociale, économique et politique. La langue chewa, il est vrai, fait l'objet d'un rappel constant dans les discours politiques, mais dans les faits cette langue ne sert qu'aux communications interethniques et est devenue un symbole nationaliste, mais sa fonction administrative et politique reste nulle. Les autres langues africaines souffrent d'une valorisation à peu près nulle dans les domaines formels et sont employées surtout dans des contextes familiaux et d'identité ethnique. Pourtant, l'article 26 de la Constitution accorde le droit à tout Malawien d'employer la langue de son choix, mais cette disposition reste muette sur les modalités d'usage de ladite langue maternelle:

Article 26
Culture and Language

Every person shall have the right to use the language and to participate in the cultural life of his or her choice.

Article 26
Culture et Langue

Quiconque a le droit d'employer la langue de son choix et de participer à la vie culturelle.

Dans les faits, une telle disposition risque de demeurer un vœu pieux.

4.1 La langue de la législation

L'anglais est la langue de la législation. Cette pratique est conforme à l'article 51 de la Constitution, qui fait de l'anglais l'un des conditions pour être membre du parlement: il faut être capable de parler et lire la langue anglaise suffisamment pour prendre une part active aux débats: 

Article 51
Qualifications of Members of Parliament 

1) A person shall not be qualified to be nominated or elected as a Member of the Parliament unless that person –

a) is a citizen of the Republic who at the time of nomination has attained-

i. the age of twenty-one years, in the case of the National Assembly; and
ii. the age of thirty-five years, in the case of the Senate.

b) is able to speak and to read the English language well enough to take an active part in the proceedings of Parliament; and

Article 51
Les qualifications des membres du Parlement

1) Quiconque sera apte pour être désigné ou élu comme membre du Parlement si cette personne-

a) est un citoyen de la République qui, au moment de sa désignation, a atteint-

i. l'âge de vingt et un ans, dans le cas de l'Assemblée nationale; et
ii. l'âge de trente cinq ans, dans le cas du Sénat.

b) est capable de parler et lire la langue anglaise suffisamment pour prendre une part active aux débats du Parlement; et

Pourtant, l'article 55 permet l'usage d'une autre langue que l'anglais:

Article 55

(5) The proceedings of Parliament shall be conducted in the English language and such other languages as each Chamber may prescribe in respect of its own proceedings.

Article 55

(5) Les débats du Parlement seront menés en langue anglaise et toute autre langue peut être prescrite dans chacune des Chambres dans le respect de ses propres règles.

Une étude locale a d'ailleurs démontré les avantages d'introduire le chewa comme langue alternative pour aider les députés qui ne sont pas suffisamment compétents en anglais à mieux participer aux débats. L'usage des deux langues permettrait aux députés et à tous les Malawiens de participer plus facilement aux travaux parlementaires. Mais dans le contexte actuel l'anglais semble destiné à demeurer l'unique langue des travaux parlementaires en raison de la tradition bien ancrée dans les moeurs de cette assemblée. Cela dit, il arrive que de rares textes législatifs sont traduits dans certaines des principales langues nationales du pays.

Quant à l'article, 94 de la Constitution, il fait une obligation similaire aux ministres qui font partie du gouvernement: la connaissance de l'anglais est obligatoire.

Article 94
Appointment of Ministers 

1) The President shall have the power to appoint Ministers or Deputy Ministers and to fill vacancies in the Cabinet.

2) A person shall not be qualified to be appointed as a Minister or Deputy Minister unless that person -

a) is a citizen of the Republic who upon taking office, has attained the age of twenty-one years;
b) is able to speak and [to] read the English language; and
c) is registered as a voter in a constituency.

Article 94
Nomination des ministres

1) Le président aura le pouvoir de désigner des ministres ou des ministres adjoints et de combler des postes vacants au cabinet.

2) Tout individu sera apte à être désigné comme ministre ou ministre adjoint si cet individu:

a) est citoyen de la République qui, lors de son entrée en fonction, a atteint l'âge de vingt et un ans;
b) est capable de parler et lire la langue anglaise; et
c) est enregistré comme électeur sur une liste électorale.

Les règlements de la Chambre imposent bien l'anglais dans les débats et pétitions

Standing Orders 2003

Article 39.

A petition shall be in the English language or accompanied by a translation in the English language certified as correct to the best of his knowledge and belief by the Member presenting it. The petition must contain a clear, concise, accurate and temperate statement of the facts for which the intervention of the House is requested and the signature of all the petitioners.

Article 44.

Every Member, before presenting a petition, shall ascertain and write at the head of the petition the number of signatures to it and shall satisfy himself that it does snot contain language disrespectful to the Assembly.

Article 74.

All proceedings of the Assembly shall be in the English language.

Règlements de 2003

Article 39

Toute pétition doit être en anglais ou accompagnée d'une traduction certifiée en anglais comme correcte au meilleur de sa connaissance et de ses convictions par le membre la présentant. La pétition doit contenir un exposé des faits clair, concis, précis et tempérées pour lequel l'intervention de la Chambre est demandée ainsi que la signature de tous les pétitionnaires.

Article 44

Avant de présenter une pétition, chaque membre doit vérifier et écrire au début de la pétition, le nombre de signatures pour celle-ci et s'assurer qu'elle ne contient pas un langage irrespectueux à l'Assemblée.

Article 74

Tous les débats de l'Assemblée doivent être en anglais.

4.2 La langue de la justice

Les tribunaux de première instance, pour leur part, bien qu'ils administrent des lois rédigées exclusivement en anglais, fonctionnent théoriquement en anglais, mais généralement en chewa, exceptionnellement en une langue régionale. Les cours de seconde instance utilisent les deux langues, l'anglais ou le chewa, mais la Cour d'appel de l'État privilégie l'anglais. Bref, dans toutes les cours de justice, le chewa demeure omniprésent dans les communications orales. Si le chewa reste la langue d'expression orale du tribunal, les jugements sont prononcés en anglais. De fait, les documents sur lesquels repose le fonctionnement de la justice sont tous rédigés en anglais. Cette pratique est conforme à l'article 42 de la Constitution qui déclare que tout accusé a le droit d'être informé dans une langue qu'il comprend des motifs de son arrestation ou de sa détention, et d'être jugé dans une langue qu'il comprend:

Article 42
Arrest, detention and fair trial

1) Every person who is detained, including every sentenced prisoner, shall have the right -

a) to be informed of the reason for his or her detention promptly, and in a language which he or she understands; [...]

2) Every person arrested for, or accused of, the alleged commission of an offence shall, in addition to the rights which he or she has as a detained person, have the right-

a) promptly to be informed, in a language which he or she understands, that he or she has the right to remain silent and to be warned of the consequences of making any statement;

f) as an accused person, to a fair trial, which shall include the right -

IX) to be tried in a language which he or she understands or, failing this, to have the proceedings interpreted to him or her, at the expense of the State, into a language which he or she understands; and

X) to be sentenced within a reasonable time after conviction;

Article 42
Arrestation, détention et procès juste

1) Tout individu détenu, incluant tout prisonnier condamné, aura le droit-

a) d'être informé de la raison de sa détention immédiatement et dans une langue qu'il comprend; [...]

2) Tout individu arrêté ou accusé d'une infraction par le tribunal, en plus des droits qu'il a en tant que détenu, aura le droit:

a) d'être immédiatement informé, dans une langue qu'il comprend, de rester silencieux et d'être averti des conséquences de ses déclarations;

f) en tant qu'accusé, à un procès juste, qui inclura le droit:

IX) d'être jugé dans une langue qu'il comprend ou, à défaut, de lui assurer aux frais de l'État les services d'interprétation lors de la procédure, dans une langue qu'il comprend; et

X) de connaître sa sentence dans un délai raisonnable après une condamnation;

Dans le cas où une personne ne comprend pas la langue du juge, il sera possible de faire appel à un interprète.

4.3 Les langues de l'Administration

Dans l’Administration gouvernementale, l’anglais demeure sans rivale dans la mesure où c’est la langue de travail normale des fonctionnaires. C'est également massivement la langue écrite de l'Administration. Selon les régions, les employés s’expriment oralement à la fois en anglais et en chewa (sauf au nord) ou en anglais et en tubumka (au nord), parfois en d'autres langues locales. Ce n'est pas une obligation, mais une question de «gros sens pratique», les Malawiens ne connaissant généralement pas l'anglais, surtout dans les zones rurales. Par exemple, il serait ridicule de s'adresser en anglais aux administrés peu scolarisés, aux gens malades, aux enfants ou aux paysans, même aux petits commerçants.

Bref, le bilinguisme ne constitue pas une obligation, mais une pratique courante. Il n'en demeure pas moins que les langues malawiennes sont en général complètement marginalisées (sauf le chewa) dans les domaines formels de la part de l'Administration de l'État. L'anglais reste une langue parlée et comprise par une élite dirigeante (anglo-chewa), qui vit souvent retranchée dans ses privilèges, et ce, peu importe le gouvernement en place. Beaucoup de Malawiens remettent en question cette pratique linguistique hérités de l'ère coloniale.

4.4 Les langues de l'éducation

La question de la ou des langues d'enseignement suscite beaucoup de débats au Malawi. L'anglais est la langue officielle de Malawi et demeure la première langue dans l'enseignement primaire. Le gouvernement du Front démocrate uni (United Democratic Front, UDF) a bien ordonné l'usage des langues locales dans l'éducation primaire, mais cette directive est encore facultative. De plus, il n'existe aucun consensus quant à la langue commune devant être enseignée. L'anglais continue donc de bénéficier de son statut de langue officielle en éducation. En principe, la langue d'enseignement durant les quatre premières années est le chewa, avec l'anglais comme matière d'enseignement; pour les quatre dernières années, l'anglais devient la langue d'enseignement, avec le chichewa comme matière. Dans la pratique, des enseignants enseignent en anglais dès la 3e année, alors que l'arithmétique peut l'être en 2e année. Or, officiellement, l'anglais devrait être enseigné seulement en 5e année.

Les difficultés dues à l'utilisation de l'anglais dans l'enseignement primaire sont importantes. Beaucoup d'élèves sont lents à apprendre l'anglais et restent en grande partie délaissés par les enseignants. Par ailleurs, un grand nombre de ces derniers a une compétence insuffisante en anglais pour expliquer des notions abstraites. Plusieurs études démontrent que les écoliers surmontent mieux des matières abstraites comme les mathématiques et la physique dans leur langue maternelle qu'en anglais. C'est pourquoi certains Malawiens remettent en question l'enseignement de l'anglais au primaire. On commence à critiquer la «mentalité coloniale» dans les écoles, l'absence de politiques précises dans le choix et l'introduction des langues locales, le manque de sérieux dans la fabrication des lexiques scientifique et la crainte des élites de perdre leur avantage linguistiques sur leurs concitoyens. Le haut taux des échecs scolaires (environ 60 %) est aussi attribué à l'anglais, que ce soit pour les Primary School Leaving Certificate Examinations (SPLICE), les Junior Certificate Examinations (JCE) et les Malawi School Certificate Examinations (MSCE). Évidemment, tant au secondaire que dans les universités, seul l'anglais est utilisé.  Rappelons que, selon la Banque mondiale pour l'année 1999-2000, le taux d'analphabétisme des adultes serait en moyenne de 42 % pour le Malawi.  

Afin de promouvoir les langues malawiennes, le gouvernement a fondé, le 1er avril 1996, le Centre for Language Studies (Centre d'études linguistiques), qui remplaçait le Conseil du chewa (dissous). Le rôle principal du Centre est de promouvoir et développer les langues malawiennes. Pour ce faire, le Centre d'études linguistiques doit effectuer des recherches dans des langues telles que le chewa, le tumbuka, le yao, le sena, le tonga, le lomwé, etc. Le Centre reconnaît aussi l'importance éducative, sociale, économique et politique des langues non africaines comme l'anglais, le français, l'allemand, le portugais, l'espagnol, etc. Parmi les services offerts, le Centre for Language Studies doit notamment assurer la traduction de documents d'une langue à un autre, rédiger des manuels et autres livres en diverses langues, collaborer avec des organisations privées et des centres de recherches étrangers.

4.5 Les médias

Bien que l'anglais soit la langue officielle, cinq autres langues locales sont admises à la radio nationale (Capital Radio): le chewa, le tumbuka, le lomwé, le yao et le sena. Il s'agit cependant de bulletins de nouvelles qui sont répétés les uns après les autres dans les cinq langues, le reste des émissions étant diffusé en anglais. Certains croient que le gouvernement a permis l'introduction de ces langues africaines afin de gagner l'adhésion des Malawiens. La télévision nationale, TV Malawi, diffuse également seulement en anglais.

Avec les premières élections pluripartites de 1993, un mouvement de libéralisation est apparu.  Alors qu'il n'existait que le Malawi News (publié en partie en anglais et en chewa) et le The Daily Times appartenant à l'empire de l'ancien président Banda, quelque 32 journaux avaient fait leur apparition à la fin de 1994. Avant l'an 2000, moins de 15 journaux existaient encore. Aujourd'hui, les grands journaux, tous de Blantyre, comme la Nation, le Daily News, le Malawi News et le Daily Times sont publiés en anglais. Quelques magazines locaux sont publiés en chewa.

Le Malawi ne s'est jamais libéré de sa langue coloniale, l'anglais. Dès l'indépendance, cette langue a été reconduite dans ses privilège d'antan par un dictateur qui ne connaissait même plus sa langue maternelle d'origine. Il avait adopté l'anglais comme langue officielle tout en assurant à la langue de son ethnie d'appartenance, le chewa, un statut de langue nationale. Cette langue fut littéralement imposé comme l'avait été, un siècle auparavant, la langue anglaise. Mais l'imposition du chewa a aussi suscité un certain antagonisme chez les autres ethnies malawiennes. C'est ce qui explique le succès relatif du chewa au Malawi.

La politique linguistique du Malawi reste ambiguë. D'une part, elle prône l'usage du chewa, d'autre part, elle perpétue les privilèges de l'anglais. Il semble que, comme dans bien d'autres pays d'Afrique, la langue de l'ancien colonisateur se perpétue de par la volonté de ses propres dirigeants qui se servent de la connaissance de cette langue pour maintenir leurs propres privilèges. Bref, le Malawi a encore bien du chemin à parcourir pour assurer une certaine équité entre les langues locales. Pour le moment, on ne voit pas comment l'État va modifier la situation.  Pourtant, il y va de l'avancement intellectuel et économique de ses citoyens. Le fait de permettre une percée bien modeste d'une langue nationale dans l'enseignement primaire empêche les Malawiens de parvenir à une éducation de qualité. Il semble que ce problème ne préoccupe guère les dirigeants du pays, car la politique linguistique consiste surtout à valoriser uniquement la langue anglaise.

Dernière mise à jour: 18 déc. 2023
 

Bibliographie

GAUTHIER, François, Jacques LECLERC et Jacques MAURAIS. Langues et constitutions, Montréal/Paris, Office de la langue française / Conseil international de la langue française, 1993, 131 p.

KEMBO, J. «Language in Education and Language Learning» dans African Voices, Oxford, University Press, Ed. V. Webb & K. Sure, 2000, p. 286-311.

NATIONS UNIES. Initial Reports of States parties due in 1993, Consideration of Reports submitted by States Parties under Article 44 of the Convention,  CRC/C/8/Add.43, 26 juin 2001, Genève, Haut-Commissariat aux droits de l'homme.

WILLIAMS, E. «Investigating Bilingual Literacy: evidence from Malawi and Zambia» dans Education Research, Londres, no 24, Department for International Development, 1998.

 

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