La toponymie française en Ontario

La province de l'Ontario compte un grand nombre de toponymes français. Dans son livre Toponymie française en Ontario (1981), paru aux Éditions Études Vivantes (120 pages), André Lapierre a recensé plus de 280 toponymes choisis parmi ceux qui se sont maintenus jusqu'à nos jours. Selon l'auteur, la marque laissée par les Français n'est pas seulement manifeste au Québec, où 80 % des noms sont d'origine française, mais dans également à l'ouest, notamment en Ontario, au Manitoba et en Saskatchewan. L'étude de M. Lapierre démontre que la plupart des toponymes de la période coloniale française ont perduré jusqu'à nos jours, même si plusieurs d'entre eux ont été marqués par l'influence anglaise. D'autres, par contre, sont tombés dans l'oubli et n'ont laissé aucune trace.

On trouve d'abord des dénominations largement descriptives avec des noms comme Belle Rivière, Le Détroit, Pointe-aux-Roches, dont des noms de la faune tels que rivière aux Dindes, rivière aux Canards, rivière aux Puces; ou de la flore, tels que île au Bois Blanc, rivière aux Cèdres, etc. Il existe aussi des toponymes de type dédicatoire comme le lac Sainte-Claire (< sainte Claire), le fort Pontchartrain (< ministre de la Marine, le comte de Pontchartrain), Sault-Sainte-Marie, etc.

Beaucoup de toponymes proviennent d'une traduction du français à l'anglais: Lake Superior (< lac Supérieur), Thunder Bay (< anse du Tonnerre), Lake of the Woods (< lac des Bois), Thames River (< rivière La Tranche), Stoney Point (< Pointe aux Roches), Little River (< Petite Rivière), Hog Island (île aux Cochons), Cedar Creek (rivière aux Cèdres), etc. D'autres ont des dénominations mixtes: Belle River (< Belle Rivière), River Canard (rivière aux Canards), River Rouge (< rivière Rouge), River Raison (< rivière aux Raisins), etc.

Dès 1792, John Graves Simcoe (1752-1806), le premier lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, décida d'ignorer ses sujets francophones en limitant leur influence dans la province. Avec l'arrivée des loyalistes, les francophones furent exclus des postes administratifs. Le gouverneur Simcoe fit tout pour effacer toute trace française, et même amérindienne, dans sa colonie.  Simcoe rebaptisa un certain nombre de toponymes. Ainsi, Toronto devint York, le lac des Claies fut changé en Simcoe Lake, la rivière La Tranche en Thames River, la rivière Chippewa en Welland River, la rivière Toronto en Humber River, la rivière Wonscoteonach en Don River, etc. Cette pratique s'inscrivait dans une politique visant non seulement à effacer le plus possible les rappels à la toponymie française et amérindienne, mais aussi une façon de rendre hommage à ses amis du régime.

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