[Flag of the Bahamas]
Commonwealth des Bahamas

Les Bahamas

Commonwealth of the Bahamas

Capitale: Nassau (sur New Providence)
Population:  325 500 (2004)
Langue officielle: anglais (de facto)
Groupe majoritaire: créole bahamien (85 %),
Groupes minoritaires: anglais (9,4 %), créole haïtien (4 %), créole jamaïcain (1,6 %), chinois (mandarin)
Système politique:  régime parlementaire de type britannique
Articles constitutionnels (langue): art. 19 et 20 de la Constitution du 10 juillet 1973 
Lois linguistiques:
Loi sur le Code de procédure pénale (1969); Loi sur la nationalité aux Bahamas (1973); Loi sur les serments (1987); Loi sur les professions de la santé (1998) ; Règlement général sur les professions de la santé (2000).

1    Situation géographique

Les Bahamas (en anglais: The Bahamas) sont un État de l'Atlantique-Nord situé au nord des Grandes Antilles. De son nom officiel «Commonwealth des Bahamas», il est composé d'un vaste archipel de quelque 700 îles, qui s'étendent sur 1200 km dans l'océan Atlantique, à l'est de la Floride, au nord de Cuba et à l'ouest des îles Turk et Caicos. Les îles Bimini, les plus à l'ouest, sont situées à 97 km au large de Miami. Seulement 5 % des îles sont habitées. New Providence, où vit plus de la moitié de la population bahamienne, est l'île principale, où siège la capitale, Nassau. Les autres îles importantes sont Andros, Eleuthera, Grand Bahama, Great Abaco, Great Inagua, Harbour, Long, Mayaguana et San Salvador. Les Bahamas comptent une superficie de 13 939 km². Outre Nassau, la seule autre grande ville est Freeport, sur l'île de Grand Bahama.

Les Bahamas comptent 21 districts administratifs: Acklins and Crooked Islands, Bimini, Cat Island (Ile du Chat), Exuma, Freeport, Fresh Creek, Governor's Harbour, Green Turtle Cay, Harbour Island, High Rock, Inagua, Kemps Bay, Long Island, Marsh Harbour, Mayaguana, New Providence, Nichollstown et Berry Islands, Ragged Island, Rock Sound, Sandy Point, San Salvador et Rum Cay (voir la carte détaillée).

2 Données démolinguistiques

La population des Bahamas, les Bahamiens (parfois Bahaméens), était estimée à 325 500 habitants en 2004. Les îles et districts administratifs sont inégalement répartis. En effet, New Providence compte pour 69, 4 % de la population totale, alors que Ragged Island  et Rum Cay ne rassemblent respectivement que 80 et 90 individus. Les Bahamiens sont souvent désignés par le terme de Mulatto («Mulâtres») en raison du métissage important qui caractérise cette population. En effet, les Noirs et les Mulâtres comptent pour au moins 85 % de la population des Bahamas, contre 12 % pour les Blancs et 3 % pour les Asiatique et les Hispaniques. La population bahamienne est originaire des premiers colons anglais et des anciens esclaves noirs. D'autres Blancs descendent des puritains anglais du XVIIe siècle, de loyalistes fuyant la Révolution américaine de 1776 et de sudistes américains après leur défaite de 1865.

District administratif Population 2004 Superficie
Abaco 14 100 1 681 km2
Acklins Island   0,460    389 km2
Andros  8 200 5 957 km2
Berry Islands   0,760     31 km2
Biminis  1 800     23 km2
Cat Island  1 800   388 km2
Crooked Island  0,380   261 km2
Eleuthera  8 600   498 km2
Exuma and Cays  3 800   290 km2
Grand Bahama 50 400 1 373 km2
Harbour Island  1 800       4 km2
Inagua Islands  1 000 1 671 km2
Long Island  3 200    448 km2
Mayaguana  0,280    285 km2
New Providence 226 100    207 km2
Ragged Island                 0,080      23 km2
Rum Cay                 0,090      78 km2
San Salvador    1 000    163 km2
Spanish Wells    1 600      16 km2
Îles non habitées --------     176 km2
Bahamas 325 500 13 962 km2
La plupart des Bahamiens (85 %) parlent le créole bahamien, appelé en anglais Bahamian Creole English ou encore Bahamian dialect. Il s'agit bel et bien d'un créole, c'est-à-dire d'une langue mixte issue d'une base lexicale anglaise et d'une grammaire et d'une syntaxe africaines. Cette langue n'est pas intelligible pour un unilingue anglophone, car il ne reconnaît même pas les mots anglais utilisés dans le créole. D'ailleurs, certains Bahamiens utilisent leur créole comme argot dans le but de ne pas se faire comprendre par les étrangers.

L'anglo-bahamien, c'est-à-dire l'anglais parlé par les Bahamiens — non pas le créole bahamien — est très particulier par rapport à l'anglais standard. En effet, l'anglo-bahamien est mêlé d'anglo-britannique et d'anglo-américain (surtout de la Caroline du Sud) avec un accent bien insulaire qui peut varier d'une île à l'autre. Le vocabulaire est issu en partie de l'anglais populaire de l'Angleterre et des anciennes colonies américaines, en plus des emprunts aux langues africaines et à l'espagnol. Si la plupart des Bahamiens ne parlent pas l'anglais standard (appelé aussi le «Queen English» ou «anglais de la reine»), ils parlent tous l'anglo-bahamien relativement intelligible pour les anglophones.

En raison de la proximité géographique avec les États-Unis, les Bahamiens sont en contact quotidien avec l'anglais standard. Beaucoup d'Américains visitent les Bahamas : ils représentent 82 % des 3,4 millions des touristes annuels. De plus, les Américains ne font pas que visiter les îles, nombreux sont ceux qui viennent y vivre, notamment à leur retraite (env. 7000). Ajoutons que le pays dispose d'un atout de taille: une fiscalité libérale qui ignore non seulement les droits de succession, mais également l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés. Cela attire bien du monde! Ainsi, de nombreux étrangers sont installés en permanence dans ces îles et parlent l'anglais (env. 9 %), la langue officielle du pays. Cet anglais correspond à ce qu'on peut appeler l'«anglais standard».

D'autres langues sont parlées aux Bahamas: le créole jamaïcain et le créole haïtien. On ne connaît pas bien le nombre exact de Jamaïcains et d'Haïtiens résidant aux Bahamas. Des évaluations officieuses suggèrent que de 20 % à 25 % des étrangers soient des Haïtiens ou des Jamaïcains, mais surtout des Haïtiens, ce qui en ferait maintenant la minorité la plus importante des îles. On estime que de 30 000 à 40 000 citoyens haïtiens résideraient (approximativement 12 % de la population totale) aux Bahamas, mais des observateurs affirment qu'un nombre beaucoup plus considérable (au moins égal) serait entré clandestinement dans le pays. La langue parlée par les Haïtiens et les Bahamiens d'origine haïtienne est le créole haïtien; celui-ci fait partie des créole français parce que sa base lexicale est en grande partie fondée sur le vocabulaire français, bien que sa grammaire soit restée d'origine africaine. Quant aux Jamaïcains, ils parlent parlent le créole jamaïcain (en anglais: Southwestern Caribbean Creole English ou créole caraïbéen du Sud-Ouest). Le créole jamaïcain ne diffère pas beaucoup du créole bahamien, mais l'intercompréhension entre le créole haïtien et les autres créoles des îles est quasiment nulle.  Mentionnons enfin une petite minorité de quelque 600  locuteurs de Chinois parlant le chinois mandarin. Il existait auparavant une langue amérindienne, le taino, aujourd'hui éteinte. C'était la langue des Arawaks peuplant les îles Bahamas avant l'arrivée des Européens. 

En ce qui a trait aux religions, les Bahamiens sont baptistes (32%), anglicans (20%), catholiques (19%), méthodistes (6%), ou sont adeptes de l'Église de Dieu (6%) ou d'autres confessions protestantes (12%); quelque 5 % de la population ne professe aucune religion ou pratique le bouddhisme.

3 Données historiques

Les premiers habitants des Bahamas étaient des Arawaks. Il y a environ 1500 ans, ceux-ci ont commencé à immigrer du Venezuela pour se disperser dans les îles des Antilles, dans un secteur que nous appelons maintenant les Caraïbes. Ils ont découvert la plupart des îles comme Cuba, Porto Rico et Hispaniola, puis de plus petites comme les Bahamas, la Jamaïque etc. Dans les îles que nous appelons aujourd'hui les Bahamas, ce sont les Lucayes et les Taino qui s'y étaient installés. Plus tard, les Arawaks entrèrent en conflit avec les Caraïbes, des Amérindiens plus a agressifs qui les chassèrent en partie, mais pas les Taino.

3.1 Christophe Colomb

En 1492, Christophe Colomb aborda le Nouveau Monde pour la première fois sur une île des Bahamas qu'il baptisa San Salvador ; certains chercheurs pensent qu'il s'agirait en réalité de l'île de Samana Cay. Colomb fut étonné de trouver ces îles déjà habitées par des humains. Comme il croyait avoir atteint les Indes, il appela ces humains des «Indiens», une appellation qui s'est transmise jusqu'à aujourd'hui pour désigner les autochtones amérindiens. En réalité, Christophe Colomb avait découvert les Taino. Dans son journal de bord du 12 octobre 1492, Colomb parle ainsi des «Indiens»:

Nous n'avions nous pas terminé les formalités de la prise de possession de l'île que des individus ont commencé à s'amener sur la plage [...]. Ils sont amicaux et calmes. Ils ne portent aucune arme, sauf de petites lances. Ils devraient faire de bons et d'habiles serviteurs [...]. Je crois qu'ils peuvent être facilement christianisés, car ils ne semblent posséder aucune religion. S'il plaît à notre Seigneur, j'amènerai, à mon départ, six d'entre eux devant Vos Altesses.

Mais Colomb captura sept Tainos lors de son voyage dans les Bahamas. Il désirait en enlever et en asservir beaucoup plus, comme il l'écrit dans son journal de bord du 14 octobre:

[...] Ces individus sont peu habiles au maniement des armes. Vos Altesses le verront d'eux-mêmes quand je vous amènerai les sept que j'ai capturés. Lorsqu'ils auront appris nos langues je les ramènerai ici à moins que Vos Altesses ordonnent que toute la population soit détenue à la Castille ou tenue captive ici. Avec 50 hommes, vous pourriez en faire tous vos sujets et leur ordonner de faire ce que bon vous semble.

Beaucoup de Tainos sont morts des maladies apportées par les Européens; beaucoup d'autres furent décimés par la famine ou ont été asservis au nom du christianisme. Ce sont les Espagnols qui donnèrent à la région le nom de Bahamas ; ce mot provient de l'espagnol baja mar et signifiait «mer basse». Les Bahamas s'appelaient à l'origine «îles Lucayes» (Lucayos).

3.2 Britanniques et Américains

Cependant, les premiers Européens à résider en permanence dans les îles des Bahamas ne furent pas les Espagnols, mais les Britanniques qui s'installèrent vers 1648. Ils arrivèrent à Eleuthera et à New Providence. Dès cette époque, les pirates furent attirés par l’archipel qui leur permettait de se cacher. Les Britanniques prennent officiellement possession des Bahamas en 1670. En 1783, après une brève occupation espagnole, l’archipel redevint une colonie britannique. La ville de Nassau fut fondée par des Britanniques en provenance de l'île d'Eleuthera vers la fin du XVIIe siècle sous le nom de Charles Towne; en 1695, elle fut renommée Nassau en l'honneur de Guillaume III d'Orange-Nassau (Guillaume III d'Angleterre). L'archipel devint un refuge populaire pour des pirates des Caraïbes, notamment le pirate anglais Barbe Noire. Les pirates installèrent leurs quartiers généraux à Nassau et Barbe Noire en devint le chef, sous le nom de Magistrat de la République des Corsaires.

Durant la guerre de l'Indépendance américaine de 1776, les Américains occupèrent Nassau, et l'Espagne s'empara des îles en 1782 et en 1783. Conformément au traité de paris de 1783, l'Espagne restitua les îles à la Grande-Bretagne. Des plantations de coton y furent établies, mais l'abolition de l'esclavage en 1834 allait leur faire perdre leur compétitivité par rapport à celles des États-Unis, restées esclavagistes. Après la Révolution américaine (1775-1783), beaucoup de loyalistes ont immigré vers les Bahamas et ont amené avec eux des esclaves noirs pour travailler dans les plantations de coton. Mais le sol s'épuisa, ce qui engendra tant le déclin de l'économie qu'un affaiblissement de la résistance de la population, qui fut décimée par l'épidémie de choléra qui sévit au milieu du siècle. L'époque de la prohibition aux États-Unis (1920-1933) apporta également son lot de richesses, les trafiquants de rhum faisant transiter leur marchandise par les Bahamas avant de les introduire aux États-Unis. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont loué de vastes espaces pour leurs bases militaires et en 1950 ils ont signé un accord avec la Grande-Bretagne pour l'établissement de stations d'observation par satellite pour des engins téléguidés. En 1955 un secteur de libre-échange a été établi dans la ville de Freeport.  Cette situation fut couronnée de succès et favorisé l'introduction du tourisme et attiré des banques extraterritoriales.

3.3 L'indépendance

En 1964, la Grande-Bretagne accorda l'autonomie interne aux Bahamas. Le Parti libéral progressiste (électorat noir) remporta les élections législatives de 1967, et son dirigeant, Lynden Pindling, fut nommé premier ministre. L'indépendance fut proclamée le 10 juillet 1973. Lynden Pindling resta au pouvoir jusqu'en 1992, mais le chômage chronique et la corruption du pouvoir discréditèrent le premier ministre, de sorte que l'électorat bascula vers le Free National Movement (Mouvement national libre) de Hubert Ingraham. À l’issue des élections générales de mars 1997, ce dernier a renforcé sa majorité, tandis que Perry Christie, successeur de Pindling, toujours accusé de corruption, à la tête du parti de l’opposition, n’a obtenu que 6 sièges sur 40 à l’Assemblée. Pindling décéda en 2000. Ce n’est qu’en 2002 que le Parti libéral progressiste revint au pouvoir. L'une des principales préoccupations des Bahamiens demeure l’immigration illégale, surtout les Haïtiens et les Cubains, mais également le trafic de drogue, d'où la reprise des exécutions capitales depuis 1996. Cependant, le système s’est assoupli en 2006 puisque la peine de mort n’est plus l’unique sentence possible pour certains crimes.
Les Bahamas sont une nation stable, en voie de développement avec une économie dépendant fortement du tourisme et des opérations bancaires offshore.

4 La politique linguistique

Étant donné que les Bahamas n'ont pas de politique linguistique clairement définie, il est vraisemblable de parler d'une politique de non-intervention. Il n'y a aucune de langue officielle de promulgué ni dans la Constitution ni dans aucune loi ordinaire. L'État n'a planifié aucune intervention ni pour la langue officielle (de facto) ni pour le créole bahamien ni pour aucune autre langue. Aux Bahamas, toutes les communications formelles, surtout écrites, se font en anglais standard. Que ce soit au Parlement, dans l'Administration, au tribunal, etc., seul l'anglais écrit est admis. Cette distinction entre l'oral et l'écrit est importante.

4.1 La langue de l'État

L'anglais est la langue officielle des Bahamas et nécessairement la langue de l'État. Ainsi, les réunions du Cabinet des ministres et les débats parlementaires, de même que la procédure judiciaire, peuvent se dérouler en créole bahamien, mais dès qu'il s'agit d'un document écrit, seul l'anglais est autorisé. Autrement dit, les lois des Bahamas sont discutées en créole, mais elles sont adoptées et promulguée seulement en anglais.

Selon le chapitre 190 de la Statute Law (Loi sur la nationalité dans le Recueil des lois statutaires), la maîtrise de l'anglais peut constituer une condition pour obtenir la naturalisation (par. d):

1. Sous réserve des dispositions du paragraphe 2, les qualifications pour l'enregistrement comme citoyen du Commonwealth des Bahamas, comme ressortissant britannique protégé ou pour des fins de naturalisation d'un étranger, s'appliquent comme suit:

(d) qu'il ait une connaissance suffisante de la langue anglaise et des responsabilités d'un citoyen des Bahamas;

Dans la cas des professionnels de la santé, la Loi sur les professions de la santé (1998) prévoit que toute personne doit pouvoir lire, écrire, parler et comprendre l'anglais:

Article 12

Qualifications pour l'enregistrement

1)
Une personne qui, après le début de cette loi, s'adresse au Conseil pour être enregistrée comme professionnel de la santé et qui démontre au Conseil que:

(a) elle peut lire, écrire, parler et comprendre l'anglais;

(b) elle est qualifiée pour être ainsi enregistrée; et

(c) elle est une personne adéquate pour pratiquer comme professionnel de la santé aux Bahamas,

a le droit, en conformité avec la présente loi et sur paiement des honoraires prescrits, d'être enregistrée en vertu de la présente loi.

Il en est ainsi à l'article 3 du Règlement général sur les professions de la santé (2000):
 

Article 3

1)
Toute demande d'enregistrement en tant que professionnel de la santé, conformément à l'article 12 de la loi, doit être accompagnée d'une déclaration d'un professionnel agréé de la santé démontrant que le requérant
peut lire et écrire, parler et comprendre l'anglais, et qu'il est par ailleurs apte et approprié pour être enregistré afin d'exercer en tant que professionnel de la santé aux Bahamas.

4.2 La procédure judiciaire

En matière judiciaire, la procédure se déroule en créole ou en anglais, mais la sentence est prononcée obligatoirement en anglais. Les articles 19 et 20 de la Constitution du 10 juillet 1973 énoncent que toute personne arrêtée ou détenue doit être informée, dans une langue qu'elle comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention:

Section 19

[...]

2) Any person who is arrested or detained shall be informed as soon as is reasonably practicable, in a language that he understands, of the reason for his arrest or detention and shall be permitted, at his own expense, to retain and instruct without delay a legal representative of his own choice and to hold private communication with him; and in the case of a person who has not attained the age of eighteen years he shall also be afforded a reasonable opportunity for communication with his parent or guardian.

[...]

5) Where a person is detained by virtue of such a law as is referred to in Article 29 of this Constitution, the following provisions shall apply-

a) he shall, as soon as reasonably practicable and in any case not more than five days after the commencement of his detention, be furnished with a statement in writing, in a language that he understands, of the grounds upon which he is detained;

Article 20

[...]

2) Every person who is charged with a criminal offence-

[...]

f) shall be permitted to have without payment the assistance of an interpreter if he cannot understand the language used at the trial of the charge;

Article 19

[...]

2) Toute personne arrêtée ou détenue sera informée, aussitôt qu'il sera raisonnablement possible, dans une langue qu'elle comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention et il lui sera permis, à ses propres frais, de retenir et de s'informer sans délai après d'un représentant judiciaire de son choix et d'entretenir une communication privée avec lui; et dans le cas d'une personne qui n'a pas atteint l'âge de dix-huit ans, il lui sera aussi accordé une occasion favorable pour communique avec son parent ou tuteur.

[...]

5) Lorsqu'une personne est détenue en vertu de la présente loi comme il est spécifié à l'article 29 de cette Constitution, les dispositions suivantes s'appliqueront: 

a) Elle sera, aussitôt qu'il est raisonnable de le faire, en tout cas pas plus de cinq jours après le début de sa détention, pourvue d'une déclaration écrite, dans une langue qu'elle comprend, des motifs de sa détention;

Article 20

[...]

2) Quiconque est accusé d'un acte criminel:

[...]

f) aura la permission de recourir gratuitement aux services d'un interprète s'il ne comprend pas la langue employée à son procès; [...]

Quant à la Loi sur le Code de procédure pénale (1969) elle prévoit des dispositions précises pour les témoignages qui se seraient pas rapportés normalement en anglais. Ceux-ci doivent être traduits en anglais; si un justiciable ne comprend pas l'anglais, le témoignage lui est transmis dans une langue qu'il comprend:

Article 104

Dispositions relatives aux témoignages

1) Sauf les dispositions prévues par la loi, les témoignages apportées à une enquête ou à un procès en vertu du présent code doivent être consignés en présence de l'accusé, à moins que, avec son consentement, son absence ait été acceptée conformément aux dispositions du présent code.

2) Tout témoignage doit être consigné en anglais et, si un témoignage est apporté dans une autre langue, il sera traduit; et, dans le cas d'un document présenté en preuve et rédigé dans une langue étrangère, une traduction doit être prévue. Toute interprétation ou traduction doit être faite par une personne désignée ou approuvée aux fins de la cour.

3) Si l'accusé ne comprend pas l'anglais, tout témoignage lui est transmis dans une langue qu'il comprend.

Article 109

Sur demande de l'accusé, une copie du jugement dans un procès criminel et, si possible et qu'il le désire, une traduction dans sa propre langue, si celle-ci n'est pas l'anglais, doit lui être donnée sans délai et libre de toute accusation.

Article 119

6) Si une déclaration est faite par un témoin dans une autre langue que celle dans laquelle elle est rapportée et que le témoin ne comprend pas la langue dans laquelle en cause, elle doit être traduite dans une langue qu'il comprend par un interprète qui sera assermenté conformément aux dispositions de la Loi sur les serments; l'identité de l'interprète est consignée à ce sujet par le magistrat.

La Loi sur les serments (Oaths Act) prescrit que les interprètes assermentés doivent connaître l'anglais et traduire les déclarations d'un accusé, d'un témoin, d'un prisonnier, d'un juré ou de toute autre personne connaissant l'anglais.

4.3 L'éducation

L'Education Act régit l'enseignement aux Bahamas, mais aucune disposition dans cette loi ne concerne la langue, ni même l'enseignement des langues étrangères. Près de 25 % des écoles primaires et secondaires sont des établissements privés. Dans toutes les écoles, la langue d'enseignement est l'anglais; le système d'éducation bahamien est calqué sur celui de la Grande-Bretagne, tant pour le primaire que pour le secondaire. Au primaire, les matières enseignée sont la lecture, l'écriture, la grammaire anglaise, l'arithmétique, la géographie, l'histoire et les sciences de base. Les Bahamas accordent une importance particulière à l’expression orale dans la langue maternelle. Au secondaire, pour l'obtention du Bahamas Junior Certificate (BJC), les élèves du secondaire doivent maîtriser les matières fondamentales telles que la langue anglaise, les mathématiques, l'éducation religieuse, les sciences générales, la littérature anglaise et les études sociales. Présentement, plus de 96 % des jeunes Bahamiens terminent l'école primaire et 58 %, l'école secondaire. Par ailleurs, le gouvernement  a accordé aux enfants haïtiens l'accès à l'éducation et aux services sociaux en anglais. Soulignons que les enfants nés de parents non bahamiens ou d'une mère bahamienne avec un père non-bahamien n'acquièrent pas automatiquement la citoyenneté bahamienne.

Le Bahamas a un assez bon système d'éducation (qui empire) qu'est malheureusement surtout public (c'est-à-dire, le gouvernement intellectuellement et fiscalement contrôlé). Le service(présence) scolaire est obligatoire entre les âges de 5 et 16. Le gouvernement fait entièrement fonctionner 158 des 210 écoles primaires et secondaires dans le Bahamas. Les 52 autres écoles sont confidentiellement(à titre privé) faites fonctionner. L'inscription sur des écoles primaires et secondaires d'état et privées s'élève plus d'à 66,000 étudiants. Les démarrages scolaires de la chambre d'enfants (vieillissent 3) ou le jardin d'enfants (vieillissent 4) entièrement jusqu'au lycée (la catégorie 12).

Le gouvernement fournit l'éducation à ses écoles de Ministère de l'Education nationale partout dans le Bahamas gratuitement. De ce que j'ai vu grandissant ici, à beaucoup un parent Bahamian, des écoles publiques est des services libres-!gardant pour laisser leurs enfants.

Le College of The Bahamas, fondé à Nassau en 1974, dispense des programmes menant au baccalauréat. Plusieurs établissements d'enseignement offrent un enseignement supérieur: l'Université des Antilles (University of the West Indies), le Bahamas Hotel Training College (Collège de formation en hôtellerie des Bahamas) et le Bahamas Technical and Vocational Institute (Institut technique et professionnel des Bahamas). De plus, quelques universités américaines offrent des programmes aux Bahamas: l'Université de Miami et l'Université Nova du Sud-Est (Nova Southeastern University). Les cours se donnent en anglais durant la soirée ou le week-end.

4.4 Les médias

Le gouvernement bahamien n'a guère de politique en matière de média. Dans les médias électroniques, la Broadcasting Corporation des Bahamas exploite quatre stations de radio : ZNS-1 (107,1 FM ou 107,9 FM, dans le sud-est du pays), qui diffuse de la musique contemporaine pour adultes et des talk-shows; ZNS-2 (1240 AM, de 6 h à midi), à vocation religieuse et éducative; ZNS-FM (104,5 FM), axée sur la musique contemporaine et le sport; ZNS-3 (810 AM), qui diffuse, dans le nord des Bahamas, une programmation comparable à celle de ZNS-1. On compte aussi quelques stations de radio privées sur les ondes à Nassau, notamment 100 JAMZ (100,3 FM musique populaire des îles et d'Amérique du Nord), MORE FM (94,9 FM formule plutôt «éclectique»), LOVE 97 (97,5 FM contenu adulte contemporain) et Island FM (102,9 FM), la plus récente station des Bahamas, qui présente surtout de la musique des îles. La langue employée est généralement l'anglais, mais le créole bahamien n'est pas exclus.

Il existe aussi une chaîne de télévision ZNS, Channel 13, qui présente des nouvelles locales en anglais, des feuilletons et des émissions d'intérêt public, ainsi que des sessions parlementaires. La plupart des hôtels offrent également la télévision par satellite, avec des chaînes du Canada, des États-Unis et de plusieurs pays européens.

Du côté des médias écrits (exclusivement en anglais), on compte deux quotidiens nationaux, The Nassau Guardian (le matin) et The Tribune (l'après-midi). Le Freeport News paraît tous les jours de semaine à Freeport. L'hebdomadaire The Bahama Journal est pour sa part disponible dans l'ensemble des îles, et le tabloïd The Punch paraît tous les jeudis.

En plus des journaux locaux, on trouve certains journaux américains (principalement USA Today, The New York Times, The Wall Street Journal et les journaux de Miami) arrivent quotidiennement par avion aux Bahamas. Certains journaux du Canada et de la Grande-Bretagne sont aussi disponibles, bien que plus difficiles à trouver et beaucoup plus coûteux. 

L'affichage aux Bahamas est exclusivement anglais, que ce soit les noms de rues ou d'autres voies publiques, panneaux routiers, annonces publicitaires, etc. Le paysage linguistique des Bahamas est unilingue anglais, à l'exception de rares inscriptions rédigées en d'autres langues à des fins touristiques.

Dans les affiches de gauche, le "Café Matisse" qui, paradoxalement est un restaurant italien, constitue une rare exception du genre. 

On peut y trouver aussi des inscriptions en espagnol: le "Señor Frog's" est un restaurant où l'on parle l'espagnol en plus de l'anglais.

La politique linguistique des Bahamas ressemble à celle de la Barbade et de la Jamaïque. C'est une politique de non-intervention qui consiste à perpétuer les pratiques en vigueur lors du colonialisme britannique. Les affaires publiques se déroulent en anglais, mais le peuple continue de parler son créole local. Le gouvernement n'a jamais tenté d'introduire officiellement l'usage du créole au Parlement, dans l'enseignement et dans les médias. Pour le moment, les réalisations tardent encore, mais les locuteurs du créole bahamien constituent la majorité linguistique dans le pays. S'il y tiennent vraiment, ils peuvent faire ce qu'ils veulent à la condition de bousculer les forces favorables à l'anglais. À court terme, on ne voit pas comment les Bahamas, par ailleurs, géographiquement si près des États-Unis, pourrait changer de politique, laquelle est fondée en pratique sur un certain bilinguisme anglo-créole et l'unilinguisme officiel. 

Dernière mise à jour: 03 janv. 2024

Bibliographie

COMISIÓN INTERAMERICANA DE DERECHOS HUMANOS. La Situación de los Derechos Humanos de los Indígenas en las Américas, Organización de los Estados Americanos, Washington, 1997,
[http://www.cidh.oas.org/Default.htm].

ENCYCLOPÉDIE MICROSOFT ENCARTA, 2004, art. «Bahamas», pour la partie historique.

GAUTHIER, François, Jacques LECLERC et Jacques MAURAIS. Langues et constitutions, Montréal/Paris, Office de la langue française / Conseil international de la langue française, 1993, 131 p.

MUÑIZ-ARGÜELLES, Luis. «Les politiques linguistiques des pays latino-américains», Colloque international La diversité culturelle et les politiques linguistiques dans le monde, Québec, Commission des états généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec, 24 et 25 mars 2001.

ORGANIZACIÓN DE LOS ESTADOS AMERICANOS. La situación de les Derechos Indígenas en las Américas, Georgetown, 2000.

YACOUB, Joseph. «Amérique du Sud australe» dans Les minorités dans le monde, Paris, Desclée de Brouwer, 1998, p. 814-819. 

 

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