Traité de Tordesillas (1494)

Le traité de Tordesillas (voir les extraits ci-dessous) de 1494 du pape Alexandre VI (d'origine aragonaise) pape de 1492 à 1503 — partageait le Nouveau Monde connu entre les Espagnols (à gauche du méridien) et les Portugais (à droite du méridien), avec pour ligne de partage un méridien nord-sud, d'un pôle à l'autre, localisé à 370 lieues (ou 1770 km) à l'ouest des îles du Cap-Vert; aujourd'hui, le méridien se situerait à 46° 37' ouest.

Presque toutes les Amériques revenaient à l'Espagne, à l'exception de ce qui allait être le Brésil, tandis que plusieurs territoires côtiers de l'Afrique, du Proche-Orient (Érythrée, Somalie), de l'Asie du Sud (Goa, Colombo, Malacca, Timor) étaient réclamés par le Portugal, à l'exception des Philippines déjà revendiquées par l'Espagne, ainsi que les Canaries (Atlantique).

Avec le temps, de nouvelles bulles papales déplacèrent le méridien de façon à accorder à l’Espagne un contrôle plus important en Asie et de permettre aux Portugais de prendre de l’expansion au Brésil. Lorsque les frontières du Brésil furent définitivement fixées, ce pays se trouva à occuper une très vaste partie du continent sud-américain, bien au-delà des limites fixées à l'origine par le traité de Tordesillas. En fait, ces avantages territoriaux attribués à l'Espagne n'étaient pas étrangères au fait que le pape Alexandre VI était d'origine aragonaise, donc espagnole.

À la fin du XVIe siècle, le monopole de l'Espagne et du Portugal fut fortement remis en cause par les autres pays européens, notamment l'Angleterre, la France et la Hollande, qui s’employèrent à mettre fin à cette hégémonie dans une grande partie de l'Afrique et dans l'océan Indien.

Voici quelques extraits du traité de 1494:

Ferdinand et Isabelle, par la grâce de Dieu, Roi et Reine de Castille, de Léon, d'Aragon, de Sicile, de Grenade, de Tolède, de Galice [...]. Ainsi, son altesse, le sérénissime Roi de Portugal, notre frère bien aimé, nous a dépêché ses ambassadeurs et mandataires [...] afin d'établir, de prendre acte et de se mettre d'accord avec nous [...] sur ce qui appartient à l'un et à l'autre de l'océan qu'il reste encore à découvrir.

Leurs altesses souhaitent [...] que l'on trace et que l'on établisse sur ledit océan une frontière ou une ligne droite, de pôle à pôle, à savoir, du pôle arctique au pôle antarctique, qui soit située du nord au sud [...] à trois cent soixante-dix lieues des îles du Cap-Vert vers le ponant [...]; tout ce qui jusqu'alors a été découvert ou à l'avenir sera découvert par le Roi de Portugal et ses navires, îles et continent, depuis ladite ligne telle qu'établie ci-dessus, en se dirigeant vers le levant [...] appartiendra au Roi de Portugal et à ses successeurs [...]. Et ainsi, tout ce qui, îles et continent [...], est déjà découvert ou viendra à être découvert par les Roi et Reine de Castille et d'Aragon [...], depuis ladite ligne [...] en allant vers le couchant [...] appartiendra auxdits Roi et Reine de Castille [...].

Page précédente