Vietnam
Les 53 minorités ethniques au Vietnam
Par Kenta Mouphas
Le Vietnam est composé de 54 groupes ethniques.
Toutefois, le groupe majoritaire, les Kinh, forme
84% de la population. La disparité entre le niveau
de vie des Kinh et celui des 53 minorités s’est
accrue entre les années 1993 et 1998, créant un
grand écart social. En plus de cet écart social
entre la majorité et les minorités, des écarts
sociaux existent aussi entre les minorités
elles-mêmes. En effet, les groupes dont les niveaux
de vie sont les plus similaires à celui de la
majorité se trouvent être moins marginalisés que les
autres. Quelles seraient les causes de ces
disparités entre minorités ethniques et majorités ?
L’élément
déclencheur de cette disparité entre la majorité et
les minorités ethniques serait la croissance
économique des années 1990. Cette croissance
auraient bénéficié à la majorité Kinh, les Hoa, les
Khmers et les minorités ethniques habitant dans les
montagnes au Nord du pays.
Ainsi, cette
croissance a divisé la population vietnamienne en
quatre groupes sociaux. Au sommet, nous retrouvons
les Kinh et les Hoa, qui forment à eux-deux la
majorité sociale, leurs foyers étant les plus
riches. Puis viennent les minorités ethniques qui se
sont alliées avec la majorité, suivies de celles qui
essayent de s’intégrer économiquement tout en
gardant leurs distinctions culturelles et ethniques.
Pour finir, au bas de l’échelle, les minorités qui
ont été abandonnées et mises à l’écart de la
croissance économique (Baulch, 2007: 1151).
Cependant, cette
croissance économique n’est pas le seul facteur qui
aurait causé cet écart social au Vietnam. Comparé à
la majorité Kinh-Hoa, les minorités sont
désavantagées d’un point de vue géographique. Les
domiciles des minorités ethniques ont tendance à se
situer dans les régions montagneuses du Vietnam,
mais en vivant dans les hauteurs, l’accès aux
services et institutions serait plus laborieux. De
ce fait, cet isolement dans les terres montagneuses
pourrait affecter plusieurs éléments de l’écart
social des minorités de la majorité, comme par
exemple l’éducation scolaire, un taux de naissance
plus élevé et un accès plus parcimonieux aux
services de santé (Baulch, 2007: 1155).
En ce qui concerne
l’éducation, les enfants des minorités iraient moins
à l’école que la majorité. Cette différence pourrait
être causée par la distance entre l’école et leur
domicile, ou aussi par le fait que les familles sont
majoritairement rurales et agricoles. D’autant plus
que généralement, les minorités ne parleraient pas
le vietnamien, un facteur qui affecte leur
inscription dans les écoles, puisqu’elles
n’enseignent pas dans la langue ethnique des
minorités (Baulch, 2007: 1159).
Du fait de leur
faible niveau d’instruction, les opportunités
économiques pour elles sont réduites
considérablement, et leur manque de connaissance se
traduit la plupart du temps dans leur activité
d’agriculteur. Les minorités posséderaient de
grandes quantité de terres, mais ces terres sont de
piètre qualité. De plus, elles ne seraient pas
exploitées au maximum de leur potentiel, ce qui ne
permet pas à ces minorités de faire pousser des
plantes à haut-rendements à cause du manque de
connaissances. «The local agricultural extension
agent» ne pourrait pas non plus leur venir en aide
puisque ce dernier ne parle pas la langue des
minorités ou ne prend tout simplement pas la peine
de se déplacer (Baulch, 2007: 1167).
D’ailleurs, pour des
raisons historiques, une partie des minorités ne
sont pas très appréciées car elles auraient
collaboré avec les Américains lors de la guerre dans
les années 1960-1970. Il aurait même été suggéré par
un anthropologiste, Gérald Hickey, que certaines
minorités, comme par exemple les Hmongs,
éprouveraient un sentiment anti-vietnamien, et ont à
la place un sentiment patriotique envers les leurs (Baulch,
2007: 1164).
Par exemple, lors de
la séparation du Vietnam en deux autour du
dix-septième parallèle, suite aux accords de Genève
en 1954, le Sud était irrité par la décision de la
République du Vietnam à incorporer des Kinh dans
leur territoire dans le « Central Highland ».
Les avis sur les
causes des disparités sont partagés, mais tous sont
d’accord sur le fait que c problème a des origines
culturelles et géographiques. Les minorités sont
isolées dans leurs hautes terres et sont restées
cantonnées au rôle d’agriculteur pour la majorité
d’entre elles. Elles sont aussi en général moins
scolarisées que la majorité Kinh-Hoa, et sont moins
enclines à susciter l’aide médicale lors de
grossesses ou de maladies. Il y aurait aussi une
préférence biaisée envers la majorité Kinh-Hoa qui
serait payée apparemment jusqu’à quatre fois plus
que les minorités pour le même travail.
Bien sûr, le
gouvernement vietnamien est conscient de cet écart
social, et tente d’y remédier en construisant des
écoles, des hôpitaux et des routes dans les régions
recluses où habitent les minorités. Toutefois, leurs
aides sont souvent maladroites, les livres scolaires
offerts étant en vietnamien, et non dans la langue
locale, ce qui ne permettrait pas aux enfants de
s’instruire. Malgré ces aides, le plus important
serait d’éradiquer ce sentiment anti-vietnamien ou
cette pensée des Kinh-Hoa qu’ils sont supérieurs aux
minorités. La majorité éprouverait des sentiments
racistes envers les minorités, et des plaintes de
ces derniers pour coups et blessures, arrestations
pour cause d’appartenance à des Églises ou groupes
politiques non officiels seraient récurrent dans le
Nord-Est et le centre des hautes terres. C’est pour
ces raisons que le parti communiste vietnamien a
déclaré qu’il fait des minorités la priorité numéro
un en ce qui concerne la sécurité nationale. Ce cas
passerait même avant leur revendications de
souveraineté dans la Mer Sud de Chine (The Economist,
2015: 36).
Bibliographie
Baulch, Bob; Chuyen Truong, Thi Kim; Haughton,
Dominique et Haughton, Jonathan. 2007. « Ethnic
minority development in Vietnam » The Journal of
Development Studies, Vol 43: p: 1151-
1176
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Les minorités ethniques au Vietnam
(période postcoloniale)
Par Matthieu John
Longeant la mer de
Chine méridionale, le Vietnam se trouve être à la
croisée des aires chinoise, malaise et indienne
(PAPIN, 1999, p. 7). Ces influences ont forgé
l’héritage culturel et se retrouvent toujours
aujourd’hui dans la diversité culturelle et ethnique
du pays. Si une majeure partie de la population, à
peu près 85%, est issu de l’ethnie Kinh (les Viêt),
l’autre partie est composée de 53 minorités
ethniques. Or, durant la seconde moitié du XXème
siècle, ces minorités ont été particulièrement
affectées par les guerres, les politiques
gouvernementales et le dynamisme économique. C’est
dans ce contexte que nous allons chercher à répondre
à la question suivante : quel impact a eut
l’évolution postcoloniale du Vietnam sur la culture,
le territoire et l’économie des minorités?
Limité à
l’ouest par une longue chaine montagneuse, la chaine
annamitique, et à l’est par la mer de Chine
méridionale, le Vietnam s’est construit
« verticalement », le long du littoral. C’est au
XIème siècle que débute la marche vers le sud (Nam-Tiên)
des populations Viêt du nord, en raison d’une
croissance démographique et d’un mouvement
d’endiguement des terres. Cela a vu la rencontre des
Viêt avec d’autres populations et a participé à la
création de l’espace nationale vietnamien (PAPIN,
1999, p. 17). Cet espace, un des plus diversifiés
d’Asie, regroupe un éventail de langues et de
civilisations. On compte 53 minorités ethniques qui
ne représentent qu’environ 15% de la population
nationale. Ces ethnies se sont principalement
installées sur les hautes terres, où elles peuvent
toujours représenter jusqu’à 30-40% de la population
(PAPIN, 1999, p. 28).
Suite à
la guerre d’Indochine en 1954, le Vietnam du sud, le
Laos et le Cambodge redéfinissent leurs territoires
vis-à-vis des plateaux, alors peuplés de populations
autochtones. Les politiques d’intégrations du
gouvernement sud-vietnamien cherchent
l’acculturation et l’assimilation à la nation, cela
à travers des lois telles que l’interdiction du
pagne, vêtement traditionnel porté par les
minorités, ou même des décorations corporelles. D’un
autre côté, on assiste à une progressive
christianisation des autochtones suite à
l’implantation de Viêt chrétiens depuis le début du
siècle (GUÉRIN, 2003, p.60). Le gouvernement
souhaite regrouper la population derrière une
« identité Viêt » : l’enseignement des langues
locales est interdit, le droit national prend place
sur les systèmes juridiques locaux, etc. (GUÉRIN,
2003, p.54). Cependant, il existait au Vietnam,
jusqu’au XIXème siècle, une différenciation et une
hiérarchisation au sein des populations non-Viêt.
Par exemple, le régime fiscal était spécifique à
chaque groupe. En raison de son histoire, et en
parallèle de la politique d’assimilation, le
gouvernement sud-vietnamien de Diêm doit donc
reconnaitre un nationalisme dit « pluriel ». Dans
cette optique de création d’identité nationale, le
gouvernement favorise le peuplement des régions
montagneuses par des populations majoritairement
Viêt. Par exemple, la population Viêt de la province
de Dak Lak passe de 800 personnes en 1945 à 57000 en
1962. Les populations locales commencent alors à
perdre une grande partie de leurs terres.
Par la
suite, durant la guerre du Vietnam, on assiste à un
réel « exode » des hautes-terres du Vietnam : 8
habitants sur 10 auraient quitté leurs villages,
fuyant les bombardements (GUÉRIN, 2003, p. 81). Cela
marque un tournant pour ces populations. Car en
1975, le gouvernement vietnamien s’intéresse au
potentiel socio-économique de ces terres : le retour
des réfugiés autochtones dans leurs terres
ancestrales s’accompagne de migrations intensives et
programmées de populations Viêt (près de 4 millions
de personnes). On peut y voir 3 objectifs :
développer l’économie de ces régions, protéger les
zones frontalières et redistribuer
« rationnellement » la population du pays (GUÉRIN,
2003, p.114). En parallèle, l’idéologie communiste
s’applique : création de fermes d’État, les
productions familiales sont regroupées en
coopératives, on industrialise la production. Les
cultures locales en sortent changées : les méthodes
de productions sont redéfinies (les autochtones
pratiquaient jusque-là l’agriculture en friche), on
impose la sédentarisation des populations (fin de la
culture itinérante) et l’on met un terme à la
culture de production familiale.
Finalement, durant les années 1980, le paysage
politique et économique va de nouveau changer. Alors
que le pays communiste voit l’aide financière
soviétique diminuer à partir de 1986, il va
s’engager dans la fameuse politique du doi moi
(renouveau économique). Cette politique va entrainer
d’importants changements qui vont de nouveau
redéfinir les modes de vies et de travail des
minorités ethniques: décollectivisations de
l’agriculture, restauration du modèle d’exploitation
familial, libéralisation du marché, etc. Le
dynamisme économique va s’accentuer avec l’entrée en
1995 dans l’Association of South-East Asian
Nations (ASEAN) qui est en pleine croissance.
Ainsi, les migrations de populations vers les hautes
terres continuent: autrefois majoritaires, les
minorités ethniques sont aujourd’hui largement
supplantées par les Viêt. Si l’on peut retenir des
dernières années des efforts du gouvernement dans la
protection de l’héritage culturel des minorités
(préservation de la littérature orale, des légendes
et chants, de l’artisanat, etc.), la situation reste
critique (GUÉRIN, 2003, 276).
Il
semble en effet que le développement économique et
social du pays, ainsi que la consolidation de
l’identité nationale ne vont pas de pairs avec la
préservation des cultures minoritaires. Alors
qu’elles occupaient un vaste espace, les minorités
voient maintenant leurs territoires habités en
majorité par des Viêt. Leurs ressources ont donc
changées, mais leur modèle agricole familial et
nomade a aussi pris fin avec l’arrivée du
communisme. Les modes de vies ont beaucoup évolué en
quelques décennies, les cultures locales ayant
progressivement laissé place à la culture Viêt. Tous
ces éléments menacent la diversité culturelle et
ethnique, si riche, au profit d’une identité
nationale commune.
Références :
- GUÉRIN, M.,
HARDY, A., VAN CHINH, N., TAN BOON HWEE, S.,
(2003). Des montagnards aux minorités ethniques.
« Quelle intégration nationale pour les
habitants des hautes terres du Viêt Nam et du
Cambodge ? ». Paris : L’Harmatan, Bangkok :
IRASEC.
- LE HUU KHOA,
(2009) Anthropologie du Vietnam. Paris : Les
Indes savantes.
- PAPIN, P.,
(1999). VIETNAM Parcours d’une nation. Paris :
La Documentation française.
- ROZE, X.,
(2000). Géopolitique de l’Indochine La péninsule
éclatée. Paris : Economica.
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L'Éducation au Vietnam
https://journals.openedition.org/ries/3742
https://journals.openedition.org/ries/3742
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L’Assemblée nationale de la République socialiste du Viet Nam est composée
principalement de députés d’un seul parti : le Parti communiste du Viet Nam. Un
peu moins de 10 % des 493 membres de l’Assemblée ne se sont pas officiellement
associés à ce parti. Un seul député à l’Assemblée actuelle a présenté lui-même
sa candidature à l’élection.
Les listes de candidats aux élections sont établies par le Front de la Patrie du
Viet Nam. Les candidatures et les soutiens sont sollicités
sur les lieux de travail et dans les communautés locales. Les « candidats
exceptionnels », définis comme membres du parti ou personnes titulaires d’un
diplôme universitaire comme les médecins et les enseignants, sont fortement
incités à se présenter aux élections. Une fois présélectionnés, les candidats
doivent se présenter devant un jury de sélection et présenter un programme
électoral pour la communauté qu’ils souhaitent représenter.
Chaque candidat doit alors faire la démonstration de son aptitude à s’exprimer
en public, compétence jugée nécessaire non seulement pour la campagne électorale
mais aussi pour représenter les intérêts des électeurs à l’Assemblée nationale.
Les candidats doivent en outre faire la preuve de leur capacité à examiner
soigneusement la législation et autres textes d’importance nationale. S’ils
passent ces épreuves avec succès, les candidats voient leurs noms inscrits sur
les bulletins de vote pour l’élection. Pendant la campagne électorale, tous les
candidats sont tenus d’assister aux réunions locales, où ils doivent répondre
aux questions des électeurs. « L’université a organisé une réunion pour me
présenter, puis la réunion de concertation du Front de la Patrie du Vietnam a
examiné mon cas. Le Conseil électoral m’a ensuite présenté aux élections dans la
province de Lang Son. J’ai eu quelques surprises durant ma campagne électorale à
Lang Son. J’ai dû
présenter mon plan d’action sur les radios et dans les journaux locaux, me
rendre dans les différents districts et communes pour y rencontrer les
électeurs.
Lors de l’établissement des listes de candidats, le Front de la Patrie du Viet
Nam et le Parti communiste s’efforcent de refléter la composition de la
population. Le parti a pour politique de veiller à ce que l’Assemblée nationale
soit une instance représentative de tous les secteurs de la société
vietnamienne. Pour garantir cette représentativité, un objectif chiffré de
représentation des minorités
ethniques est fixé. C’est pourquoi le débat est très vif aujourd’hui à propos de
l’effectif des députés à l’Assemblée nationale, que l’on se propose de porter à
500 en 2011. Dans ce scénario, l’objectif fixé pour le nombre de députés issus
de minorités ethniques serait de l’ordre de 100.
Nombre total de députés: 493, dont 407 pour la majorité des Kinh, = 86 pour les
minorités.
Assemblée atteint ainsi son objectif de représentativité. A l’Assemblée
actuelle, la majorité (82,5 %) des députés sont des Kinh, les autres, soit 17,5
%, représentent 32 groupes ethniques minoritaires. Le tableau 1 présente la
diversité de la représentation des minorités ethniques au niveau national. Bien
que la représentation de 33 des 54 groupes minoritaires soit excellente, la
Vice-Présidente du Conseil des ethnies, Bui Thi Binh, a souhaité expliquer
pourquoi les 54 minorités ne sont pas toutes représentées à l’Assemblée
nationale.
« Certains groupes minoritaires comptent moins de 1 000 personnes et vivent
souvent avec d’autres groupes. Ces petits groupes ne peuvent donc pas être
représentés ».
Toutefois, sur les 127 députés issus de minorités ethniques, rares sont ceux qui
occupent des postes dirigeants à l’Assemblée nationale, hormis ceux qui siègent
au Conseil des ethnies (voir ci-dessous). L’un des quatre vice-présidents du
Comité permanent est issu d’une minorité ethnique.
L’Assemblée nationale est censée traiter sur un pied d’égalité tous les députés,
qu’ils soient hommes ou femmes, Kinh ou non-Kinh, jeune ou vieux. C’est l’un des
principes fondamentaux de la doctrine socialiste sur laquelle le pays repose.
Cela étant, la manière dont sont perçues les minorités ethniques au Viet Nam
tend à placer la barre très haut pour les députés des minorités. Plus
précisément, la culture de minorités ethniques est généralement considérée comme
moins agressive que celle des Kinh. Nombre de personnes issues de minorités
ethniques ne sont pas à l’aise dans l’expression orale.
Aucune loi sur les minorités ethniques n’a encore été promulguée mais les
politiques et programmes visant à promouvoir le développement ne manquent pas :
• les programmes 135 et 134 pour les régions pauvres et montagneuses ont été mis
en œuvre sur plusieurs années;
• la résolution 30A (2008) prévoyait un programme de soutien à la réduction
rapide et durable de la pauvreté pour 61 des districts les plus pauvres;
• la décision 1592 (2009) a trait à la culture des terres, au logement et à la
distribution d’eau nécessaires pour faire vivre les ménages des
minorités ethniques;
• la décision 70 (2009) met l’accent sur le renforcement des capacités et la
rotation des principaux dirigeants locaux dans les districts les plus pauvres,
et encourage les jeunes intellectuels à travailler au niveau communal.
Cela étant, l’absence d’une loi sur les minorités ethniques au Viet Nam est
source de préoccupation. Bien qu’un texte ait été rédigé, le gouvernement ne l’a
pas encore approuvé. Deux raisons ont été invoquées : premièrement, la
Constitution du Viet Nam pose comme principe que tous les citoyens sont égaux.
Toute discrimination fondée sur l’appartenance ethnique serait considérée comme
inconstitutionnelle et, par conséquent, une loi protégeant expressément les
droits des minorités ne s’impose pas. Deuxièmement, le gouvernement craint que
la loi n’ouvre la boîte de Pandore des revendications – sur les terres, pour des
droits culturels, et ainsi de suite, et que la situation devienne vite
ingérable.
La principale instance chargée des minorités ethniques à l’Assemblée nationale
vietnamienne est le Conseil des ethnies. Il s’agit d’un organe composé de 40
députés. Il est chargé principalement de définir, d’examiner et de superviser
les textes (lois et décrets) et les procédures juridiques relatives aux
minorités ethniques. Plus précisément, la loi sur l’organisation de l’Assemblée
nationale définit les
responsabilités et pouvoirs du Conseil comme suit :
1. examiner les projets de lois et de décrets et autres textes liés aux
questions ethniques;
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Référence électronique
Thuy Phuong Nguyen,
« Le discours
officiel sur l’histoire de l’éducation au Vietnam »,
Revue internationale d’éducation de Sèvres [En
ligne], Colloque : L’éducation en Asie en 2014 : Quels
enjeux mondiaux ?, mis en ligne le 04 juin 2014,
consulté le 07 décembre 2018. URL :
http://journals.openedition.org/ries/3742
L’éducation vietnamienne est le creuset d’influences multiples. La Chine, qui
occupe le Vietnam jusqu’en 939, y introduit le Confucianisme et sa gouvernance,
dont un système méritocratique de recrutement des fonctionnaires par concours.
Au Vietnam, ce système est très ancré dans les villages et assez indépendant de
l’État1, mais tend néanmoins à reproduire des hiérarchies basées sur le pouvoir,
la richesse et le statut. Les filles et les minorités ethniques en sont exclues,
ainsi qu’une grande partie de la population. Ce socle sino-confucéen valorise
durablement l’éducation dans la culture vietnamienne, mais l’accent mis sur le
statut social au détriment des savoirs, la faible place accordée aux sciences et
une pédagogie obsolète sont autant de handicaps lors de la confrontation avec
l’Occident. Après avoir conquis le pays à la fin du XIXe siècle, les Français
remplacent le système traditionnel par un système « franco-indigène » d’abord
destiné à former des subalternes. En dépit de ses limites, cet enseignement est
accepté des Vietnamiens. Il contribue à la diffusion du quốc ngữ2, introduit les
matières scientifiques, impose l’éducation des filles et des minorités ethniques
et participe au renouvellement de la culture littéraire et artistique. Après le
départ des Français en 1954, les États-Unis tentent de réformer le système
éducatif sud-vietnamien : alphabétisation, construction d’établissements,
formation des enseignants, enseignement scientifique et professionnel, etc. Les
effectifs passent de 450 000 élèves en 1954 à plus de 4,2 millions en 19733. Les
réformes américaines se heurtent aux anciennes habitudes : ainsi, l’abolition du
Baccalauréat est repoussée tant les familles tiennent à cet examen très
symbolique. La guerre rend également difficile la mise en place des réformes. Il
reste que le Sud-Vietnam, grâce à l’aide américaine, a développé un système
éducatif moderne, capable de satisfaire en partie les besoins de sa population.
Le système actuel est de son côté le produit du marxisme-léninisme et de son
application dans les systèmes éducatifs soviétiques et maoïstes. Les « Thèses
sur la culture » du leader Trường Chinh (1943) s’inspirent des slogans de Mao
Zedong4. Au Nord-Vietnam, le système éducatif de l’URSS sert de modèle en 19505
puis en 1955, grâce aux conseillers soviétiques6, tandis que la Chine inspire la
mise en œuvre d’un programme de formation des paysans7. L’influence soviétique
s’exerce jusqu’aux années 1980 : organisation, programmes, importance de
l’enseignement technique et professionnel, tutelle des établissements répartie
selon les ministères concernés8, utilisation du russe comme première langue
étrangère9… De 1951 à 1990, l’URSS et les pays d’Europe de l’Est fournissent au
Vietnam une grande part de ses ressources pédagogiques et accueillent près de
100 000 Vietnamiens (dont 34 000 étudiants)10, qui forment encore aujourd’hui
une part notable des enseignants du supérieur11. Les pays socialistes ont donc
été déterminants dans la construction du système éducatif vietnamien, mais ce
dernier a aussi été pénalisé par l’obsolescence des méthodes et des modes de
fonctionnement soviétiques12.
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Des résultats
encourageants
En cinq ans, ce sont 96 classes et 86 salles de services pour les enseignants
qui ont été construites, complétées par l’achat de nouveaux matériels
didactiques. Plus de 13.600 enfants et étudiants d’ethnies les moins peuplées
ont été soutenus par les aides, pour un budget avoisinant les 110 milliards de
dôngs.
Le programme a mis l’accent sur l’enseignement de la langue vietnamienne, tout
en renforçant la transmission de la culture de l’ethnie et de ses traditions.
Selon le ministère de l’Éducation et de la Formation, la mise en œuvre de ce
projet a permis d’améliorer le niveau de l’éducation de ces élèves d’ethnies
vulnérables. Pour l’année scolaire 2014-2015, le taux d'enfants de 5 ans de
minorités ethniques scolarisées a atteint 100%, tandis que celui d’élèves de
l’enseignement primaire a été de 99,7%, et secondaire de base, de plus de 98%,
des statistiques communiquées par ledit ministère.
Pourtant, l’éducation dans ces régions rencontre encore des difficultés, la
lutte contre la pauvreté ayant encore du mal à s’inscrire dans la durée. Afin de
maintenir ces résultats, l’État entend poursuivre la politique d’assistance.
Rôle central du
Comité des affaires ethniques
Organisme de conseil et de gestion étatique dans la réalisation et l’élaboration
des politiques ethniques, le Comité des affaires ethniques a proposé de
nombreuses politiques pour le développement des régions montagneuses, notamment
dans l’éducation et la formation, clé de voûte du développement durable. Les
élèves et étudiants brillants issus d’ethnies minoritaires ont vocation à
occuper des postes à responsabilité dans leur région d’origine.
Actuellement, le Comité en question, en collaboration avec les ministères,
services et organisations de masse, mobilise des investissements pour le
développement des ressources humaines dans ces régions. Il dirige aussi le
projet d’Institut ethnique pour le soumettre au Premier ministre. Il s’agira
d’une percée dans l’amélioration de la qualité des ressources humaines dans les
régions montagneuses.
Autre objectif du Comité : le développement du réseau d’écoles de formation
professionnelle en liaison avec les besoins de main-d’œuvre des localités.
Quelques généralités
L’éducation a toujours été une priorité pour les vietnamiens, en raison de leur
tradition confucianiste. 16% du budget national est investi dans ce domaine.
Seule la scolarité à l’école primaire est obligatoire mais les autorités font le
maximum pour inciter les parents à scolariser leurs enfants le plus longtemps
possible. Beaucoup d’efforts sont faits pour ouvrir des écoles et notamment dans
les lieux reculés du pays, au contact des minorités ethniques. A Hué, nous avons
un pensionnat réservé aux minorités ethniques locales où tout est vraiment
gratuit pour eux. Les élèves reçoivent même de l’argent de poche. En principe,
l’école est gratuite. Mais, si les professeurs sont payés par le gouvernement,
les parents sont souvent sollicités financièrement pour des dépenses annexes
(nouveaux bâtiments, uniforme, fête des professeurs, livres et cahiers..). A
noter aussi que les filles ont autant accès à l’école que les garcons…
Les classes sont dans l’ordre inverse du système français. On commence par la
classe 1 et l’on finit en 12eme. Dans la plupart des écoles et devant le nombre
élevé d’élèves, ceux ci vont en cours soit le matin (7h- 11h) , soit l’après
midi (13h-17h). On étudie du lundi au samedi. Les élèves sont en congés au
moment du Têt et en été, de mi juin à mi aout, mais chaque école peut avoir ses
spécificités.
Voyons maintenant le contenu. Aux matières de bases s’ajoutent des cours de
morales et, sans surprise, une place de choix pour le héros national Ho Chi
Minh. Les cours de littérature accordent une place aux écrivains étrangers,
comme Victor Hugo. La poésie, les contes sont toujours très présents.
La méthode d’enseignement, elle, est confucéenne. La mémorisation par la
répétition est au cœur du dispositif. On apprend par cœur, on écrit ce que le
professeur récite. Éventuellement, on comprendra plus tard … Car on explique
peu, c’est là le problème… Le gouvernement essaye d’augmenter le niveau des
professeurs. Il y a la aussi des concours du « meilleur professeur » avec des
evaluations locales, provinciales puis nationales pour les meilleurs… Moi, j’ai
plutôt rencontré des professeurs de français ou d’anglais dont le niveau, à
l’oral, étonnait par sa faiblesse. Mais cela change. Néanmoins, je constate que
les professeurs, une fois leur diplôme acquis, ne font pas beaucoup d’efforts
pour entretenir leurs connaissances..
Autre spécificité du Vietnam, c’est la multiplication des cours particuliers. En
ville surtout, les parents passent leur temps à conduire leur progéniture vers
les classes privées.. C’est le premier hic du système vietnamien.
Officiellement, parce que les programmes sont trop chargés pour pouvoir être
terminés à l’école.
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La plupart des minorités ethniques au Vietnam
restent parmi les plus pauvres des couches les plus
pauvres », a constaté mercredi l'Experte
indépendante de l'ONU sur les minorités ethniques,
Gay McDougall, au terme d'une visite de 10 jours au
Vietnam consacrée à l'examen de la situation des
Droits de l'homme des minorités de ce pays.
« Des problèmes persistants
demeurent pour ceux qui
appartiennent aux minorités,
en dépit de la période de
croissance que connaît
aujourd'hui le pays, des
progrès qu'il fait pour
atteindre les Objectifs du
millénaire pour le
développement (OMD), des
avancées réalisées pour
éradiquer la pauvreté, et
plus généralement du
développement économique
qu'il connait », a-t-elle
expliqué.
L'experte de l'ONU, en
poste depuis 2005, a en
particulier souligné le
problème de l'éducation et
le rôle clé qu'elle a à
jouer dans la réduction du
fossé de pauvreté qui
demeure entre ceux qui
appartiennent aux minorités
et le reste de la
population. « Un accès à une
éducation de qualité adaptée
et la voie à suivre pour
offrir le développement à
ces minorités et éradiquer
la pauvreté. C'est aussi
important pour la promotion
de leurs cultures, de leurs
langages et de leurs
identités », a-t-elle
insisté.
Parmi les multiples
problèmes que les autorités
vietnamiennes doivent
régler, elle a estimé que
l'éducation exclusivement en
langue vietnamienne était au
sommet des priorités. Avec
54 minorités ethniques ayant
chacune leur langue, leur
religion, leur culture et
leur identité, le Viet Nam
doit mettre en place un
système éducatif bilingue,
proposant un enseignement en
deux langues –le vietnamien
et la langue de telle ou
telle minorité présente dans
telle ou telle partie du
pays.
Car selon Gay McDougall,
en dépit des efforts
déployés dans les
infrastructures éducatives,
les étudiants issus des
minorités ont des résultats
très mitigés dans la sphère
professionnelle. « Les
minorités manquent
d'opportunités enseignées
dans leur langue dés le plus
jeunes âge et doivent se
battre avec des
enseignements dispensés en
vietnamien », a-t-elle
regretté.
« L'éducation bilingue
peut aider les enfants issus
des minorités à faire des
progrès plus jeunes et leur
ainsi offrir des fondations
solides et adaptées pour la
poursuite de leurs études ».
Elle a d'ailleurs cité la
réussite d'un projet pilote
d'enseignement bilingue mené
par le Ministère vietnamien
de l'Education et le Fonds
des Nations Unies pour
l'enfance (UNICEF).
Gay McDougall a également
rappelé que les droits des
minorités incluaient la
liberté de pratiquer leurs
cultes et religions sans
restrictions, la liberté
d'association, la liberté
d'expression, le droit de se
réunir pacifiquement, le
droit de posséder et
d'exploiter des terres au
même titre que tous les
citoyens, et le droit de
participer entièrement et de
manière effective aux prises
de décisions les concernant.
En mars prochain, elle
présentera au Conseil des
Droits de l'homme de l'ONU
un rapport récapitulant
l'ensemble de ses
observations faites lors de
sa visite au Viet Nam et des
recommandations qu'elle
propose pour améliorer la
situation des minorités dans
ce pays.
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LA POPULATION AU VIETNAM
Un pays très peuplé, rural, jeune
Le Vietnam est un pays très peuplé, bien que depuis quinze ans soit appliquée la
politique de planning familial. Le pays compte 85 846 977 (estimation 2009)
vivant sur un territoire de 332 000 km2, il atteint une densité de population
moyenne de 250 habitants au kilomètre carré. (France : 61, 4 millions
d’habitants avec une superficie de 550 000 km2, et une densité de 111 habitants
au kilomètre carré.)
Cependant, ce chiffre traduit très mal les disparités territoriales de la
répartition de la population, entre les principaux bassins de peuplement que
sont les deltas du Fleuve Rouge au nord, les zones littorales du centre du pays
et le delta du Mékong au sud , où les densités varient entre 500 et l000
hab./km2 ( et +) et les régions montagneuses reculées du centre et du nord où
les densités sont largement inférieures, parfois ne dépassant pas les 50
hab./km2, en particulier sur les Hauts Plateaux du centre.
La population est essentiellement rurale (3/4 de la population totale) et
l’exode de la campagne vers la ville est de 1% par an. Le taux de population
rurale qui était de 79% en 1999 est passé à 76,1% en 2004. Hanoï qui compte 1, 5
millions d’habitants intra muros, 2,7 millions au total et Hô Chi Minh Ville, 4
et 7 millions (2003) regroupent à elles deux un tiers des citadins, un autre
tiers vit dans les villes moyennes (de 50 000 à 400 000 habitants) et enfin le
dernier tiers dans les petites agglomérations (moins de 50 000 habitants).
A cause des guerres et des migrations le Vietnam a un des taux de masculinité
les plus faibles au monde (96 hommes pour 100 femmes, chiffres de 2002) mais ce
taux est en train de se normaliser.
Enfin, bien que l’espérance de vie soit en nette amélioration (1986 : 64, 5 pour
les femmes et 62, 3 pour les hommes et en 2004 : 71,6 et 69, 9) la population
reste jeune 3/7 de la population est scolarisée et les moins de 15 ans forment
34% de la population.
La règle du planning familial, dont les premières mesures datent des années 60,
consiste en principe à ne tolérer que deux enfants par famille espacés de cinq
ans. La réalité montre que cette règle n’est pas appliquée égalitairement pour
tout le monde, selon les professions ou que l’on habite à la ville ou à la
campagne. Il arrive encore à la campagne que des enfants ne soient pas déclarés
ou alors déclarés par un proche. Dans les villes, la limitation des naissances
se fait naturellement : plus le niveau d’éducation est élevé, moins il y a
d’enfants. La planification familiale est d’ailleurs soutenue par les deux
dernières lois sur le mariage (datant de 1986 et 2000) qui stipulent que « les
époux ont le devoir de pratiquer le contrôle des naissances. » Par ailleurs, l’age
du mariage, retardé par une loi de 1959 : « l’homme avant 20 ans révolus et la
femme avant 18 ans révolus ne peuvent contracter mariage. », est toujours en
vigueur. On peut dire que cette politique a eu ses effets puisque la croissance
de la population n’est plus que de 1,5% par an et que le taux de fécondité qui
était de 6 enfants par femme au début des années 1970 est passé à 2,5 en 1999.
Il n’en reste pas moins que le contrôle des naissances reste un problème dans la
mesure où la contraception orale est très peu utilisée (moins de 7%)
L’avortement, libre et peu coûteux, reste le deuxième moyen de contraception
après le stérilet et le taux (2,5 avortements par femme) est l’un des plus élevé
au monde.
Une population diversifiée selon les régions
Quand on parle de région au Vietnam, il ne s’agit pas d’unités administratives
comme en France. Les régions au Vietnam se délimitent plus par leur géographie,
leur climat et le mode de vie des gens…
Le delta du fleuve rouge regroupe 15% de la population qui vit essentiellement
de l’agriculture. Le taux de scolarisation y est assez élevé mais cette région
connaît des problèmes car il y a de moins en moins de terres cultivables et pas
assez d’industries ou de services pour intégrer le « trop-plein » de paysans.
Le Nord Ouest (région de Diên Biên ) (1,5% de la population) est une région de
montagnes surtout peuplée par les minorités
Le Nord Est (11 %) est une région riche et variée, tournée vers la Chine. Les
habitants sont pêcheurs, agriculteurs, commerçants et maintenant travaillent
dans le tourisme avec l’arrivée massive de touristes chinois.
Le nord de la région centrale (9%) est une région qui a connu beaucoup de
calamités naturelles (tempêtes, inondations) qui ont forgé un caractère combatif
et révolutionnaire chez ses habitants qui n’hésitent pas à aller vivre ailleurs
(28% des habitants d’Hanoï viennent de la province du centre). Par ailleurs,
c’est une région qui a un fort taux de réussite scolaire.
Le sud de la région centrale (7%) bénéficie d’un climat plus favorable et est
plus riche que le nord du centre.
Le sud Est jusqu’à HCMV (13%) dispose d’une grande façade maritime et fournit
une grosse partie des récoltes de riz du pays.
Les hauts plateaux du Sud-Ouest du pays (3%) sont caractérisés par une forte
présence protestante et par la nature basaltique de la terre qui a permis des
cultures intensives comme le café, le thé, le poivre. Très vite, cette région a
adopté la langue romanisée qui lui a permis de faire du commerce avec la France.
Le delta du Mékong regroupe 16% de la population et est considéré comme le
grenier du Vietnam. La densité de la population y est moins importante que dans
le delta du fleuve rouge et le taux de scolarisation y est plus faible. Les
écoles sont des écoles de proximité car il y a moins de facilités de transport
que dans le Nord mais l’enseignement est de qualité moindre.
Les Ethnies
Les Kinh, ethnie majoritaire qui représente quelque 87 % de la population
totale, habitent dans les plaines de delta ou côtières. Plus de 54 minorités
ethniques cohabitent essentiellement dans les montagnes qui couvrent presque les
deux tiers du territoire et sont, à la différence des plaines, sous-peuplées. On
ne compte approximativement que 7 millions d’hectares cultivés.
Au IV e siècle avant J.C., les Yue, tribus originaires de la basse vallée du
Yang-tseu-kiang en Chine, émigrent vers le sud, le long des côtes, sous la
pression des Han. Ils parvinrent au delta du Fleuve Rouge, au Nord-Vietnam, où
ils se mêlèrent aux populations locales d’origine mélano-indonésienne. Ce
brassage ethnique aboutit à la formation du peuple vietnamien, peuple laborieux
et prolifique de cultivateurs. Les Viet, ou Kinh, qui ne sont donc pas des
Chinois et parlent d’ailleurs une langue très différente, descendirent vers le
Sud au cours des siècles : ils atteignirent le golfe de Thaïlande en 1714, et
livrèrent bataille au peuple cham.
Les Cham, localisés dans le centre du Vietnam, formèrent autrefois un puissant
royaume, qui fût fondé à la fin du II e siècle après J.C. : le Champa. Mais ce
royaume, qui subit une très forte influence indienne, fût vaincu par les
Vietnamiens au XV e siècle et les Cham furent massacrés en grand nombre,
assimilés de gré ou de force. Il en resterait aujourd’hui seulement une
vingtaine de mille, entre Nha Trang et Phan Thiet, dans une région
particulièrement pauvre du pays.
Le haut pays est occupé par des ethnies très diverses, proto-indochinoises ou
d’arrivée plus récente, qui détestent autant la plaine que les Viet la montagne.
Au nord du Vietnam on rencontre d’abord, en remontant le Fleuve Rouge et ses
affluents, les Thais, dont l’implantation serait la plus ancienne. Ils occupent
les fonds des hautes vallées et pratiquent la riziculture. Ils se divisent en
Thais blancs et Thais noirs, apparentés aux Thais du Laos, en Tay et en Nung.
Plus haut, entre 300 et 800 m d’altitude, vivent les Dao, puis entre 900 et 1800
m les Hmong (ou Meo), tous venus de Chine, mais à des périodes de plus en plus
tardives. Les premiers pratiquent la riziculture sur brûlis, les seconds
l’élevage.
Enfin, sur les arêtes des plateaux et les crêtes élevées, on trouve les Lolo,
vivant de façon très rudimentaire.
Les minorités du Centre et du Sud vivent sur les hauts plateaux. Ce sont les
Moï, eux-mêmes divisés en populations de type malayo-polynésien, comme les Jarai
ou les Edé, et en populations de type môn-khmer, comme les Bahnar ou les Sedang.
A citer également les Muong, dont la langue est proche du vietnamien. Ces
tribus, qui vivent sous un régime matriarcal, cultivent le riz sur brûlis et
pratiquent la chasse. On retrouve certaines de ces tribus également au Cambodge
et au Laos.
Il est une autre minorité importante au Vietnam, objet de maintes tensions dans
l’histoire récente : celle des Hoa, les Vietnamiens d’origine chinoise. Ils
seraient encore 900 000 dans l’ensemble du pays, dont 700 000 à Cholon, qu’ils
fondèrent en 1778 aux portes de l’ex-Saigon. Un grand nombre d’entre eux, qui
vivaient à Hanoi, à Haiphong ou au sud, ont fui le Vietnam lors de la tension
sino-vietnamienne en 1978-1979. Les Hoa sont essentiellement des commerçants de
gros et de détail, peu intégrés en général, malgré une politique d’assimilation
forcée au sud à partir de 1956, puis de marginalisation jusqu’à la fin des
années 80. Leur exode en 1978-1979 a pendant un certain temps déstabilisé de
nombreux secteurs de l’économie vietnamienne. Aujourd’hui, le Sud mène vis-à-vis
d’eux une politique d’intégration et d’utilisation de leurs compétences.
Dans le sud du Vietnam, se trouvent également 895 000 Vietnamiens d’origine
cambodgienne, les Kho-me ou khmers krom, l’ex-Cochinchine (actuel Nam Bo) ayant
été en grande partie une terre khmère.
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