Vietnam

 

Les 53 minorités ethniques au Vietnam

Par Kenta Mouphas

Le Vietnam est composé de 54 groupes ethniques. Toutefois, le groupe majoritaire, les Kinh, forme 84% de la population. La disparité entre le niveau de vie des Kinh et celui des 53 minorités s’est accrue entre les années 1993 et 1998, créant un grand écart social. En plus de cet écart social entre la majorité et les minorités, des écarts sociaux existent aussi entre les minorités elles-mêmes. En effet, les groupes dont les niveaux de vie sont les plus similaires à celui de la majorité se trouvent être moins marginalisés que les autres. Quelles seraient les causes de ces disparités entre minorités ethniques et majorités ?

L’élément déclencheur de cette disparité entre la majorité et les minorités ethniques serait la croissance économique des années 1990. Cette croissance auraient bénéficié à la majorité Kinh, les Hoa, les Khmers et les minorités ethniques habitant dans les montagnes au Nord du pays.

Ainsi, cette croissance a divisé la population vietnamienne en quatre groupes sociaux. Au sommet, nous retrouvons les Kinh et les Hoa, qui forment à eux-deux la majorité sociale, leurs foyers étant les plus riches. Puis viennent les minorités ethniques qui se sont alliées avec la majorité, suivies de celles qui essayent de s’intégrer économiquement tout en gardant leurs distinctions culturelles et ethniques. Pour finir, au bas de l’échelle, les minorités qui ont été abandonnées et mises à l’écart de la croissance économique (Baulch, 2007: 1151).

Cependant, cette croissance économique n’est pas le seul facteur qui aurait causé cet écart social au Vietnam. Comparé à la majorité Kinh-Hoa, les minorités sont désavantagées d’un point de vue géographique. Les domiciles des minorités ethniques ont tendance à se situer dans les régions montagneuses du Vietnam, mais en vivant dans les hauteurs, l’accès aux services et institutions serait plus laborieux. De ce fait, cet isolement dans les terres montagneuses pourrait affecter plusieurs éléments de l’écart social des minorités de la majorité, comme par exemple l’éducation scolaire, un taux de naissance plus élevé et un accès plus parcimonieux aux services de santé (Baulch, 2007: 1155).

En ce qui concerne l’éducation, les enfants des minorités iraient moins à l’école que la majorité. Cette différence pourrait être causée par la distance entre l’école et leur domicile, ou aussi par le fait que les familles sont majoritairement rurales et agricoles. D’autant plus que généralement, les minorités ne parleraient pas le vietnamien, un facteur qui affecte leur inscription dans les écoles, puisqu’elles n’enseignent pas dans la langue ethnique des minorités (Baulch, 2007: 1159).

Du fait de leur faible niveau d’instruction, les opportunités économiques pour elles sont réduites considérablement, et leur manque de connaissance se traduit la plupart du temps dans leur activité d’agriculteur. Les minorités posséderaient de grandes quantité de terres, mais ces terres sont de piètre qualité. De plus, elles ne seraient pas exploitées au maximum de leur potentiel, ce qui ne permet pas à ces minorités de faire pousser des plantes à haut-rendements à cause du manque de connaissances. «The local agricultural extension agent» ne pourrait pas non plus leur venir en aide puisque ce dernier ne parle pas la langue des minorités ou ne prend tout simplement pas la peine de se déplacer (Baulch, 2007: 1167).

D’ailleurs, pour des raisons historiques, une partie des minorités ne sont pas très appréciées car elles auraient collaboré avec les Américains lors de la guerre dans les années 1960-1970. Il aurait même été suggéré par un anthropologiste, Gérald Hickey, que certaines minorités, comme par exemple les Hmongs, éprouveraient un sentiment anti-vietnamien, et ont à la place un sentiment patriotique envers les leurs (Baulch, 2007: 1164).

Par exemple, lors de la séparation du Vietnam en deux autour du dix-septième parallèle, suite aux accords de Genève en 1954, le Sud était irrité par la décision de la République du Vietnam à incorporer des Kinh dans leur territoire dans le « Central Highland ».

Les avis sur les causes des disparités sont partagés, mais tous sont d’accord sur le fait que c problème a des origines culturelles et géographiques. Les minorités sont isolées dans leurs hautes terres et sont restées cantonnées au rôle d’agriculteur pour la majorité d’entre elles. Elles sont aussi en général moins scolarisées que la majorité Kinh-Hoa, et sont moins enclines à susciter l’aide médicale lors de grossesses ou de maladies. Il y aurait aussi une préférence biaisée envers la majorité Kinh-Hoa qui serait payée apparemment jusqu’à quatre fois plus que les minorités pour le même travail.

Bien sûr, le gouvernement vietnamien est conscient de cet écart social, et tente d’y remédier en construisant des écoles, des hôpitaux et des routes dans les régions recluses où habitent les minorités. Toutefois, leurs aides sont souvent maladroites, les livres scolaires offerts étant en vietnamien, et non dans la langue locale, ce qui ne permettrait pas aux enfants de s’instruire. Malgré ces aides, le plus important serait d’éradiquer ce sentiment anti-vietnamien ou cette pensée des Kinh-Hoa qu’ils sont supérieurs aux minorités. La majorité éprouverait des sentiments racistes envers les minorités, et des plaintes de ces derniers pour coups et blessures, arrestations pour cause d’appartenance à des Églises ou groupes politiques non officiels seraient récurrent dans le Nord-Est et le centre des hautes terres. C’est pour ces raisons que le parti communiste vietnamien a déclaré qu’il fait des minorités la priorité numéro un en ce qui concerne la sécurité nationale. Ce cas passerait même avant leur revendications de souveraineté dans la Mer Sud de Chine (The Economist, 2015: 36).

 

Bibliographie

Baulch, Bob; Chuyen Truong, Thi Kim; Haughton, Dominique et Haughton, Jonathan. 2007. « Ethnic minority development in Vietnam » The Journal of Development Studies, Vol 43: p: 1151- 1176

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Les minorités ethniques au Vietnam (période postcoloniale)

Par Matthieu John

Longeant la mer de Chine méridionale, le Vietnam se trouve être à la croisée des aires chinoise, malaise et indienne (PAPIN, 1999, p. 7). Ces influences ont forgé l’héritage culturel et se retrouvent toujours aujourd’hui dans la diversité culturelle et ethnique du pays. Si une majeure partie de la population, à peu près 85%, est issu de l’ethnie Kinh (les Viêt), l’autre partie est composée de 53 minorités ethniques. Or, durant la seconde moitié du XXème siècle, ces minorités ont été particulièrement affectées par les guerres, les politiques gouvernementales et le dynamisme économique. C’est dans ce contexte que nous allons chercher à répondre à la question suivante : quel impact a eut l’évolution postcoloniale du Vietnam sur la culture, le territoire et l’économie des minorités?

          Limité à l’ouest par une longue chaine montagneuse, la chaine annamitique, et à l’est par la mer de Chine méridionale, le Vietnam s’est construit « verticalement », le long du littoral. C’est au XIème siècle que débute la marche vers le sud (Nam-Tiên) des populations Viêt du nord, en raison d’une croissance démographique et d’un mouvement d’endiguement des terres. Cela a vu la rencontre des Viêt avec d’autres populations et a participé à la création de l’espace nationale vietnamien (PAPIN, 1999, p. 17). Cet espace, un des plus diversifiés d’Asie, regroupe un éventail de langues et de civilisations. On compte 53 minorités ethniques qui ne représentent qu’environ 15% de la population nationale. Ces ethnies se sont principalement installées sur les hautes terres, où elles peuvent toujours représenter jusqu’à 30-40% de la population (PAPIN, 1999, p. 28).

            Suite à la guerre d’Indochine en 1954, le Vietnam du sud, le Laos et le Cambodge redéfinissent leurs territoires vis-à-vis des plateaux, alors peuplés de populations autochtones. Les politiques d’intégrations du gouvernement sud-vietnamien cherchent l’acculturation et l’assimilation à la nation, cela à travers des lois telles que l’interdiction du pagne, vêtement traditionnel porté par les minorités, ou même des décorations corporelles. D’un autre côté, on assiste à une progressive christianisation des autochtones suite à l’implantation de Viêt chrétiens depuis le début du siècle (GUÉRIN, 2003, p.60). Le gouvernement souhaite regrouper la population derrière une « identité Viêt » : l’enseignement des langues locales est interdit, le droit national prend place sur les systèmes juridiques locaux, etc. (GUÉRIN, 2003, p.54). Cependant, il existait au Vietnam, jusqu’au XIXème siècle, une différenciation et une hiérarchisation au sein des populations non-Viêt. Par exemple, le régime fiscal était spécifique à chaque groupe. En raison de son histoire, et en parallèle de la politique d’assimilation, le gouvernement sud-vietnamien de Diêm doit donc reconnaitre un nationalisme dit « pluriel ». Dans cette optique de création d’identité nationale, le gouvernement favorise le peuplement des régions montagneuses par des populations majoritairement Viêt. Par exemple, la population Viêt de la province de Dak Lak passe de 800 personnes en 1945 à 57000 en 1962. Les populations locales commencent alors à perdre une grande partie de leurs terres.

            Par la suite, durant la guerre du Vietnam, on assiste à un réel « exode » des hautes-terres du Vietnam : 8 habitants sur 10 auraient quitté leurs villages, fuyant les bombardements (GUÉRIN, 2003, p. 81). Cela marque un tournant pour ces populations. Car en 1975, le gouvernement vietnamien s’intéresse au potentiel socio-économique de ces terres : le retour des réfugiés autochtones dans leurs terres ancestrales s’accompagne de migrations intensives et programmées de populations Viêt (près de 4 millions de personnes). On peut y voir 3 objectifs : développer l’économie de ces régions, protéger les zones frontalières et redistribuer « rationnellement » la population du pays (GUÉRIN, 2003, p.114). En parallèle, l’idéologie communiste s’applique : création de fermes d’État, les productions familiales sont regroupées en coopératives, on industrialise la production. Les cultures locales en sortent changées : les méthodes de productions sont redéfinies (les autochtones pratiquaient jusque-là l’agriculture en friche), on impose la sédentarisation des populations (fin de la culture itinérante) et l’on met un terme à la culture de production familiale.

            Finalement, durant les années 1980, le paysage politique et économique va de nouveau changer. Alors que le pays communiste voit l’aide financière soviétique diminuer à partir de 1986, il va s’engager dans la fameuse politique du doi moi (renouveau économique). Cette politique va entrainer d’importants changements qui vont de nouveau redéfinir les modes de vies et de travail des minorités ethniques: décollectivisations de l’agriculture, restauration du modèle d’exploitation familial, libéralisation du marché, etc. Le dynamisme économique va s’accentuer avec l’entrée en 1995 dans l’Association of South-East Asian Nations (ASEAN) qui est en pleine croissance. Ainsi, les migrations de populations vers les hautes terres continuent: autrefois majoritaires, les minorités ethniques sont aujourd’hui largement supplantées par les Viêt. Si l’on peut retenir des dernières années des efforts du gouvernement dans la protection de l’héritage culturel des minorités (préservation de la littérature orale, des légendes et chants, de l’artisanat, etc.), la situation reste critique (GUÉRIN, 2003, 276).

            Il semble en effet que le développement économique et social du pays, ainsi que la consolidation de l’identité nationale ne vont pas de pairs avec la préservation des cultures minoritaires. Alors qu’elles occupaient un vaste espace, les minorités voient maintenant leurs territoires habités en majorité par des Viêt. Leurs ressources ont donc changées, mais leur modèle agricole familial et nomade a aussi pris fin avec l’arrivée du communisme. Les modes de vies ont beaucoup évolué en quelques décennies, les cultures locales ayant progressivement laissé place à la culture Viêt. Tous ces éléments menacent la diversité culturelle et ethnique, si riche, au profit d’une identité nationale commune.


Références :

  • GUÉRIN, M., HARDY, A., VAN CHINH, N., TAN BOON HWEE, S., (2003). Des montagnards aux minorités ethniques. « Quelle intégration nationale pour les habitants des hautes terres du Viêt Nam et du Cambodge ? ». Paris : L’Harmatan, Bangkok : IRASEC.
  • LE HUU KHOA, (2009) Anthropologie du Vietnam. Paris : Les Indes savantes.
  • PAPIN, P., (1999). VIETNAM Parcours d’une nation. Paris : La Documentation française.
  • ROZE, X., (2000). Géopolitique de l’Indochine La péninsule éclatée. Paris : Economica.

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L'Éducation au Vietnam

https://journals.openedition.org/ries/3742

https://journals.openedition.org/ries/3742

 

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L’Assemblée nationale de la République socialiste du Viet Nam est composée principalement de députés d’un seul parti : le Parti communiste du Viet Nam. Un peu moins de 10 % des 493 membres de l’Assemblée ne se sont pas officiellement associés à ce parti. Un seul député à l’Assemblée actuelle a présenté lui-même sa candidature à l’élection.

Les listes de candidats aux élections sont établies par le Front de la Patrie du Viet Nam. Les candidatures et les soutiens sont sollicités
sur les lieux de travail et dans les communautés locales. Les « candidats exceptionnels », définis comme membres du parti ou personnes titulaires d’un diplôme universitaire comme les médecins et les enseignants, sont fortement incités à se présenter aux élections. Une fois présélectionnés, les candidats doivent se présenter devant un jury de sélection et présenter un programme électoral pour la communauté qu’ils souhaitent représenter.

Chaque candidat doit alors faire la démonstration de son aptitude à s’exprimer en public, compétence jugée nécessaire non seulement pour la campagne électorale mais aussi pour représenter les intérêts des électeurs à l’Assemblée nationale. Les candidats doivent en outre faire la preuve de leur capacité à examiner soigneusement la législation et autres textes d’importance nationale. S’ils passent ces épreuves avec succès, les candidats voient leurs noms inscrits sur les bulletins de vote pour l’élection. Pendant la campagne électorale, tous les candidats sont tenus d’assister aux réunions locales, où ils doivent répondre aux questions des électeurs. « L’université a organisé une réunion pour me présenter, puis la réunion de concertation du Front de la Patrie du Vietnam a examiné mon cas. Le Conseil électoral m’a ensuite présenté aux élections dans la province de Lang Son. J’ai eu quelques surprises durant ma campagne électorale à Lang Son. J’ai dû
présenter mon plan d’action sur les radios et dans les journaux locaux, me rendre dans les différents districts et communes pour y rencontrer les électeurs.

Lors de l’établissement des listes de candidats, le Front de la Patrie du Viet Nam et le Parti communiste s’efforcent de refléter la composition de la population. Le parti a pour politique de veiller à ce que l’Assemblée nationale soit une instance représentative de tous les secteurs de la société vietnamienne. Pour garantir cette représentativité, un objectif chiffré de représentation des minorités
ethniques est fixé. C’est pourquoi le débat est très vif aujourd’hui à propos de l’effectif des députés à l’Assemblée nationale, que l’on se propose de porter à 500 en 2011. Dans ce scénario, l’objectif fixé pour le nombre de députés issus de minorités ethniques serait de l’ordre de 100.

Nombre total de députés: 493, dont 407 pour la majorité des Kinh, = 86 pour les minorités.

Assemblée atteint ainsi son objectif de représentativité. A l’Assemblée actuelle, la majorité (82,5 %) des députés sont des Kinh, les autres, soit 17,5 %, représentent 32 groupes ethniques minoritaires. Le tableau 1 présente la diversité de la représentation des minorités ethniques au niveau national. Bien que la représentation de 33 des 54 groupes minoritaires soit excellente, la Vice-Présidente du Conseil des ethnies, Bui Thi Binh, a souhaité expliquer pourquoi les 54 minorités ne sont pas toutes représentées à l’Assemblée nationale.
« Certains groupes minoritaires comptent moins de 1 000 personnes et vivent souvent avec d’autres groupes. Ces petits groupes ne peuvent donc pas être représentés ».

Toutefois, sur les 127 députés issus de minorités ethniques, rares sont ceux qui occupent des postes dirigeants à l’Assemblée nationale, hormis ceux qui siègent au Conseil des ethnies (voir ci-dessous). L’un des quatre vice-présidents du Comité permanent est issu d’une minorité ethnique.

L’Assemblée nationale est censée traiter sur un pied d’égalité tous les députés, qu’ils soient hommes ou femmes, Kinh ou non-Kinh, jeune ou vieux. C’est l’un des principes fondamentaux de la doctrine socialiste sur laquelle le pays repose. Cela étant, la manière dont sont perçues les minorités ethniques au Viet Nam tend à placer la barre très haut pour les députés des minorités. Plus précisément, la culture de minorités ethniques est généralement considérée comme moins agressive que celle des Kinh. Nombre de personnes issues de minorités ethniques ne sont pas à l’aise dans l’expression orale.

Aucune loi sur les minorités ethniques n’a encore été promulguée mais les politiques et programmes visant à promouvoir le développement ne manquent pas :

• les programmes 135 et 134 pour les régions pauvres et montagneuses ont été mis en œuvre sur plusieurs années;
• la résolution 30A (2008) prévoyait un programme de soutien à la réduction rapide et durable de la pauvreté pour 61 des districts les plus pauvres;
• la décision 1592 (2009) a trait à la culture des terres, au logement et à la distribution d’eau nécessaires pour faire vivre les ménages des
minorités ethniques;
• la décision 70 (2009) met l’accent sur le renforcement des capacités et la rotation des principaux dirigeants locaux dans les districts les plus pauvres, et encourage les jeunes intellectuels à travailler au niveau communal.

Cela étant, l’absence d’une loi sur les minorités ethniques au Viet Nam est source de préoccupation. Bien qu’un texte ait été rédigé, le gouvernement ne l’a pas encore approuvé. Deux raisons ont été invoquées : premièrement, la Constitution du Viet Nam pose comme principe que tous les citoyens sont égaux. Toute discrimination fondée sur l’appartenance ethnique serait considérée comme inconstitutionnelle et, par conséquent, une loi protégeant expressément les droits des minorités ne s’impose pas. Deuxièmement, le gouvernement craint que la loi n’ouvre la boîte de Pandore des revendications – sur les terres, pour des droits culturels, et ainsi de suite, et que la situation devienne vite ingérable.

La principale instance chargée des minorités ethniques à l’Assemblée nationale vietnamienne est le Conseil des ethnies. Il s’agit d’un organe composé de 40 députés. Il est chargé principalement de définir, d’examiner et de superviser les textes (lois et décrets) et les procédures juridiques relatives aux minorités ethniques. Plus précisément, la loi sur l’organisation de l’Assemblée nationale définit les
responsabilités et pouvoirs du Conseil comme suit :

1. examiner les projets de lois et de décrets et autres textes liés aux questions ethniques;
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Référence électronique

Thuy Phuong Nguyen, « Le discours officiel sur l’histoire de l’éducation au Vietnam », Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], Colloque : L’éducation en Asie en 2014 : Quels enjeux mondiaux ?, mis en ligne le 04 juin 2014, consulté le 07 décembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/ries/3742


L’éducation vietnamienne est le creuset d’influences multiples. La Chine, qui occupe le Vietnam jusqu’en 939, y introduit le Confucianisme et sa gouvernance, dont un système méritocratique de recrutement des fonctionnaires par concours. Au Vietnam, ce système est très ancré dans les villages et assez indépendant de l’État1, mais tend néanmoins à reproduire des hiérarchies basées sur le pouvoir, la richesse et le statut. Les filles et les minorités ethniques en sont exclues, ainsi qu’une grande partie de la population. Ce socle sino-confucéen valorise durablement l’éducation dans la culture vietnamienne, mais l’accent mis sur le statut social au détriment des savoirs, la faible place accordée aux sciences et une pédagogie obsolète sont autant de handicaps lors de la confrontation avec l’Occident. Après avoir conquis le pays à la fin du XIXe siècle, les Français remplacent le système traditionnel par un système « franco-indigène » d’abord destiné à former des subalternes. En dépit de ses limites, cet enseignement est accepté des Vietnamiens. Il contribue à la diffusion du quốc ngữ2, introduit les matières scientifiques, impose l’éducation des filles et des minorités ethniques et participe au renouvellement de la culture littéraire et artistique. Après le départ des Français en 1954, les États-Unis tentent de réformer le système éducatif sud-vietnamien : alphabétisation, construction d’établissements, formation des enseignants, enseignement scientifique et professionnel, etc. Les effectifs passent de 450 000 élèves en 1954 à plus de 4,2 millions en 19733. Les réformes américaines se heurtent aux anciennes habitudes : ainsi, l’abolition du Baccalauréat est repoussée tant les familles tiennent à cet examen très symbolique. La guerre rend également difficile la mise en place des réformes. Il reste que le Sud-Vietnam, grâce à l’aide américaine, a développé un système éducatif moderne, capable de satisfaire en partie les besoins de sa population.

Le système actuel est de son côté le produit du marxisme-léninisme et de son application dans les systèmes éducatifs soviétiques et maoïstes. Les « Thèses sur la culture » du leader Trường Chinh (1943) s’inspirent des slogans de Mao Zedong4. Au Nord-Vietnam, le système éducatif de l’URSS sert de modèle en 19505 puis en 1955, grâce aux conseillers soviétiques6, tandis que la Chine inspire la mise en œuvre d’un programme de formation des paysans7. L’influence soviétique s’exerce jusqu’aux années 1980 : organisation, programmes, importance de l’enseignement technique et professionnel, tutelle des établissements répartie selon les ministères concernés8, utilisation du russe comme première langue étrangère9… De 1951 à 1990, l’URSS et les pays d’Europe de l’Est fournissent au Vietnam une grande part de ses ressources pédagogiques et accueillent près de 100 000 Vietnamiens (dont 34 000 étudiants)10, qui forment encore aujourd’hui une part notable des enseignants du supérieur11. Les pays socialistes ont donc été déterminants dans la construction du système éducatif vietnamien, mais ce dernier a aussi été pénalisé par l’obsolescence des méthodes et des modes de fonctionnement soviétiques12.

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Des résultats encourageants

En cinq ans, ce sont 96 classes et 86 salles de services pour les enseignants qui ont été construites, complétées par l’achat de nouveaux matériels didactiques. Plus de 13.600 enfants et étudiants d’ethnies les moins peuplées ont été soutenus par les aides, pour un budget avoisinant les 110 milliards de dôngs.

Le programme a mis l’accent sur l’enseignement de la langue vietnamienne, tout en renforçant la transmission de la culture de l’ethnie et de ses traditions. Selon le ministère de l’Éducation et de la Formation, la mise en œuvre de ce projet a permis d’améliorer le niveau de l’éducation de ces élèves d’ethnies vulnérables. Pour l’année scolaire 2014-2015, le taux d'enfants de 5 ans de minorités ethniques scolarisées a atteint 100%, tandis que celui d’élèves de l’enseignement primaire a été de 99,7%, et secondaire de base, de plus de 98%, des statistiques communiquées par ledit ministère.


Pourtant, l’éducation dans ces régions rencontre encore des difficultés, la lutte contre la pauvreté ayant encore du mal à s’inscrire dans la durée. Afin de maintenir ces résultats, l’État entend poursuivre la politique d’assistance.

 

Rôle central du Comité des affaires ethniques 

Organisme de conseil et de gestion étatique dans la réalisation et l’élaboration des politiques ethniques, le Comité des affaires ethniques a proposé de nombreuses politiques pour le développement des régions montagneuses, notamment dans l’éducation et la formation, clé de voûte du développement durable. Les élèves et étudiants brillants issus d’ethnies minoritaires ont vocation à occuper des postes à responsabilité dans leur région d’origine. 

Actuellement, le Comité en question, en collaboration avec les ministères, services et organisations de masse, mobilise des investissements pour le développement des ressources humaines dans ces régions. Il dirige aussi le projet d’Institut ethnique pour le soumettre au Premier ministre. Il s’agira d’une percée dans l’amélioration de la qualité des ressources humaines dans les régions montagneuses. 

Autre objectif du Comité : le développement du réseau d’écoles de formation professionnelle en liaison avec les besoins de main-d’œuvre des localités. 

 

Quelques généralités

L’éducation a toujours été une priorité pour les vietnamiens, en raison de leur tradition confucianiste. 16% du budget national est investi dans ce domaine. Seule la scolarité à l’école primaire est obligatoire mais les autorités font le maximum pour inciter les parents à scolariser leurs enfants le plus longtemps possible. Beaucoup d’efforts sont faits pour ouvrir des écoles et notamment dans les lieux reculés du pays, au contact des minorités ethniques. A Hué, nous avons un pensionnat réservé aux minorités ethniques locales où tout est vraiment gratuit pour eux. Les élèves reçoivent même de l’argent de poche. En principe, l’école est gratuite. Mais, si les professeurs sont payés par le gouvernement, les parents sont souvent sollicités financièrement pour des dépenses annexes (nouveaux bâtiments, uniforme, fête des professeurs, livres et cahiers..). A noter aussi que les filles ont autant accès à l’école que les garcons…

Les classes sont dans l’ordre inverse du système français. On commence par la classe 1 et l’on finit en 12eme. Dans la plupart des écoles et devant le nombre élevé d’élèves, ceux ci vont en cours soit le matin (7h- 11h) , soit l’après midi (13h-17h). On étudie du lundi au samedi. Les élèves sont en congés au moment du Têt et en été, de mi juin à mi aout, mais chaque école peut avoir ses spécificités.

Voyons maintenant le contenu. Aux matières de bases s’ajoutent des cours de morales et, sans surprise, une place de choix pour le héros national Ho Chi Minh. Les cours de littérature accordent une place aux écrivains étrangers, comme Victor Hugo. La poésie, les contes sont toujours très présents.

La méthode d’enseignement, elle, est confucéenne. La mémorisation par la répétition est au cœur du dispositif. On apprend par cœur, on écrit ce que le professeur récite. Éventuellement, on comprendra plus tard … Car on explique peu, c’est là le problème… Le gouvernement essaye d’augmenter le niveau des professeurs. Il y a la aussi des concours du « meilleur professeur » avec des evaluations locales, provinciales puis nationales pour les meilleurs… Moi, j’ai plutôt rencontré des professeurs de français ou d’anglais dont le niveau, à l’oral, étonnait par sa faiblesse. Mais cela change. Néanmoins, je constate que les professeurs, une fois leur diplôme acquis, ne font pas beaucoup d’efforts pour entretenir leurs connaissances..

Autre spécificité du Vietnam, c’est la multiplication des cours particuliers. En ville surtout, les parents passent leur temps à conduire leur progéniture vers les classes privées.. C’est le premier hic du système vietnamien. Officiellement, parce que les programmes sont trop chargés pour pouvoir être terminés à l’école.

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La plupart des minorités ethniques au Vietnam restent parmi les plus pauvres des couches les plus pauvres », a constaté mercredi l'Experte indépendante de l'ONU sur les minorités ethniques, Gay McDougall, au terme d'une visite de 10 jours au Vietnam consacrée à l'examen de la situation des Droits de l'homme des minorités de ce pays.
« Des problèmes persistants demeurent pour ceux qui appartiennent aux minorités, en dépit de la période de croissance que connaît aujourd'hui le pays, des progrès qu'il fait pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), des avancées réalisées pour éradiquer la pauvreté, et plus généralement du développement économique qu'il connait », a-t-elle expliqué.

L'experte de l'ONU, en poste depuis 2005, a en particulier souligné le problème de l'éducation et le rôle clé qu'elle a à jouer dans la réduction du fossé de pauvreté qui demeure entre ceux qui appartiennent aux minorités et le reste de la population. « Un accès à une éducation de qualité adaptée et la voie à suivre pour offrir le développement à ces minorités et éradiquer la pauvreté. C'est aussi important pour la promotion de leurs cultures, de leurs langages et de leurs identités », a-t-elle insisté.

Parmi les multiples problèmes que les autorités vietnamiennes doivent régler, elle a estimé que l'éducation exclusivement en langue vietnamienne était au sommet des priorités. Avec 54 minorités ethniques ayant chacune leur langue, leur religion, leur culture et leur identité, le Viet Nam doit mettre en place un système éducatif bilingue, proposant un enseignement en deux langues –le vietnamien et la langue de telle ou telle minorité présente dans telle ou telle partie du pays.

Car selon Gay McDougall, en dépit des efforts déployés dans les infrastructures éducatives, les étudiants issus des minorités ont des résultats très mitigés dans la sphère professionnelle. « Les minorités manquent d'opportunités enseignées dans leur langue dés le plus jeunes âge et doivent se battre avec des enseignements dispensés en vietnamien », a-t-elle regretté.

« L'éducation bilingue peut aider les enfants issus des minorités à faire des progrès plus jeunes et leur ainsi offrir des fondations solides et adaptées pour la poursuite de leurs études ». Elle a d'ailleurs cité la réussite d'un projet pilote d'enseignement bilingue mené par le Ministère vietnamien de l'Education et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

Gay McDougall a également rappelé que les droits des minorités incluaient la liberté de pratiquer leurs cultes et religions sans restrictions, la liberté d'association, la liberté d'expression, le droit de se réunir pacifiquement, le droit de posséder et d'exploiter des terres au même titre que tous les citoyens, et le droit de participer entièrement et de manière effective aux prises de décisions les concernant.

En mars prochain, elle présentera au Conseil des Droits de l'homme de l'ONU un rapport récapitulant l'ensemble de ses observations faites lors de sa visite au Viet Nam et des recommandations qu'elle propose pour améliorer la situation des minorités dans ce pays.

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LA POPULATION AU VIETNAM

Un pays très peuplé, rural, jeune

Le Vietnam est un pays très peuplé, bien que depuis quinze ans soit appliquée la politique de planning familial. Le pays compte 85 846 977 (estimation 2009) vivant sur un territoire de 332 000 km2, il atteint une densité de population moyenne de 250 habitants au kilomètre carré. (France : 61, 4 millions d’habitants avec une superficie de 550 000 km2, et une densité de 111 habitants au kilomètre carré.)

Cependant, ce chiffre traduit très mal les disparités territoriales de la répartition de la population, entre les principaux bassins de peuplement que sont les deltas du Fleuve Rouge au nord, les zones littorales du centre du pays et le delta du Mékong au sud , où les densités varient entre 500 et l000 hab./km2 ( et +) et les régions montagneuses reculées du centre et du nord où les densités sont largement inférieures, parfois ne dépassant pas les 50 hab./km2, en particulier sur les Hauts Plateaux du centre.

La population est essentiellement rurale (3/4 de la population totale) et l’exode de la campagne vers la ville est de 1% par an. Le taux de population rurale qui était de 79% en 1999 est passé à 76,1% en 2004. Hanoï qui compte 1, 5 millions d’habitants intra muros, 2,7 millions au total et Hô Chi Minh Ville, 4 et 7 millions (2003) regroupent à elles deux un tiers des citadins, un autre tiers vit dans les villes moyennes (de 50 000 à 400 000 habitants) et enfin le dernier tiers dans les petites agglomérations (moins de 50 000 habitants).

A cause des guerres et des migrations le Vietnam a un des taux de masculinité les plus faibles au monde (96 hommes pour 100 femmes, chiffres de 2002) mais ce taux est en train de se normaliser.

Enfin, bien que l’espérance de vie soit en nette amélioration (1986 : 64, 5 pour les femmes et 62, 3 pour les hommes et en 2004 : 71,6 et 69, 9) la population reste jeune 3/7 de la population est scolarisée et les moins de 15 ans forment 34% de la population.

La règle du planning familial, dont les premières mesures datent des années 60, consiste en principe à ne tolérer que deux enfants par famille espacés de cinq ans. La réalité montre que cette règle n’est pas appliquée égalitairement pour tout le monde, selon les professions ou que l’on habite à la ville ou à la campagne. Il arrive encore à la campagne que des enfants ne soient pas déclarés ou alors déclarés par un proche. Dans les villes, la limitation des naissances se fait naturellement : plus le niveau d’éducation est élevé, moins il y a d’enfants. La planification familiale est d’ailleurs soutenue par les deux dernières lois sur le mariage (datant de 1986 et 2000) qui stipulent que « les époux ont le devoir de pratiquer le contrôle des naissances. » Par ailleurs, l’age du mariage, retardé par une loi de 1959 : « l’homme avant 20 ans révolus et la femme avant 18 ans révolus ne peuvent contracter mariage. », est toujours en vigueur. On peut dire que cette politique a eu ses effets puisque la croissance de la population n’est plus que de 1,5% par an et que le taux de fécondité qui était de 6 enfants par femme au début des années 1970 est passé à 2,5 en 1999. Il n’en reste pas moins que le contrôle des naissances reste un problème dans la mesure où la contraception orale est très peu utilisée (moins de 7%) L’avortement, libre et peu coûteux, reste le deuxième moyen de contraception après le stérilet et le taux (2,5 avortements par femme) est l’un des plus élevé au monde.

Une population diversifiée selon les régions

Quand on parle de région au Vietnam, il ne s’agit pas d’unités administratives comme en France. Les régions au Vietnam se délimitent plus par leur géographie, leur climat et le mode de vie des gens…

Le delta du fleuve rouge regroupe 15% de la population qui vit essentiellement de l’agriculture. Le taux de scolarisation y est assez élevé mais cette région connaît des problèmes car il y a de moins en moins de terres cultivables et pas assez d’industries ou de services pour intégrer le « trop-plein » de paysans.
Le Nord Ouest (région de Diên Biên ) (1,5% de la population) est une région de montagnes surtout peuplée par les minorités

Le Nord Est (11 %) est une région riche et variée, tournée vers la Chine. Les habitants sont pêcheurs, agriculteurs, commerçants et maintenant travaillent dans le tourisme avec l’arrivée massive de touristes chinois.

Le nord de la région centrale (9%) est une région qui a connu beaucoup de calamités naturelles (tempêtes, inondations) qui ont forgé un caractère combatif et révolutionnaire chez ses habitants qui n’hésitent pas à aller vivre ailleurs (28% des habitants d’Hanoï viennent de la province du centre). Par ailleurs, c’est une région qui a un fort taux de réussite scolaire.

Le sud de la région centrale (7%) bénéficie d’un climat plus favorable et est plus riche que le nord du centre.

Le sud Est jusqu’à HCMV (13%) dispose d’une grande façade maritime et fournit une grosse partie des récoltes de riz du pays.
Les hauts plateaux du Sud-Ouest du pays (3%) sont caractérisés par une forte présence protestante et par la nature basaltique de la terre qui a permis des cultures intensives comme le café, le thé, le poivre. Très vite, cette région a adopté la langue romanisée qui lui a permis de faire du commerce avec la France.

Le delta du Mékong regroupe 16% de la population et est considéré comme le grenier du Vietnam. La densité de la population y est moins importante que dans le delta du fleuve rouge et le taux de scolarisation y est plus faible. Les écoles sont des écoles de proximité car il y a moins de facilités de transport que dans le Nord mais l’enseignement est de qualité moindre.

Les Ethnies

Les Kinh, ethnie majoritaire qui représente quelque 87 % de la population totale, habitent dans les plaines de delta ou côtières. Plus de 54 minorités ethniques cohabitent essentiellement dans les montagnes qui couvrent presque les deux tiers du territoire et sont, à la différence des plaines, sous-peuplées. On ne compte approximativement que 7 millions d’hectares cultivés.

Au IV e siècle avant J.C., les Yue, tribus originaires de la basse vallée du Yang-tseu-kiang en Chine, émigrent vers le sud, le long des côtes, sous la pression des Han. Ils parvinrent au delta du Fleuve Rouge, au Nord-Vietnam, où ils se mêlèrent aux populations locales d’origine mélano-indonésienne. Ce brassage ethnique aboutit à la formation du peuple vietnamien, peuple laborieux et prolifique de cultivateurs. Les Viet, ou Kinh, qui ne sont donc pas des Chinois et parlent d’ailleurs une langue très différente, descendirent vers le Sud au cours des siècles : ils atteignirent le golfe de Thaïlande en 1714, et livrèrent bataille au peuple cham.

Les Cham, localisés dans le centre du Vietnam, formèrent autrefois un puissant royaume, qui fût fondé à la fin du II e siècle après J.C. : le Champa. Mais ce royaume, qui subit une très forte influence indienne, fût vaincu par les Vietnamiens au XV e siècle et les Cham furent massacrés en grand nombre, assimilés de gré ou de force. Il en resterait aujourd’hui seulement une vingtaine de mille, entre Nha Trang et Phan Thiet, dans une région particulièrement pauvre du pays.

Le haut pays est occupé par des ethnies très diverses, proto-indochinoises ou d’arrivée plus récente, qui détestent autant la plaine que les Viet la montagne. Au nord du Vietnam on rencontre d’abord, en remontant le Fleuve Rouge et ses affluents, les Thais, dont l’implantation serait la plus ancienne. Ils occupent les fonds des hautes vallées et pratiquent la riziculture. Ils se divisent en Thais blancs et Thais noirs, apparentés aux Thais du Laos, en Tay et en Nung. Plus haut, entre 300 et 800 m d’altitude, vivent les Dao, puis entre 900 et 1800 m les Hmong (ou Meo), tous venus de Chine, mais à des périodes de plus en plus tardives. Les premiers pratiquent la riziculture sur brûlis, les seconds l’élevage.

Enfin, sur les arêtes des plateaux et les crêtes élevées, on trouve les Lolo, vivant de façon très rudimentaire.

Les minorités du Centre et du Sud vivent sur les hauts plateaux. Ce sont les Moï, eux-mêmes divisés en populations de type malayo-polynésien, comme les Jarai ou les Edé, et en populations de type môn-khmer, comme les Bahnar ou les Sedang. A citer également les Muong, dont la langue est proche du vietnamien. Ces tribus, qui vivent sous un régime matriarcal, cultivent le riz sur brûlis et pratiquent la chasse. On retrouve certaines de ces tribus également au Cambodge et au Laos.

Il est une autre minorité importante au Vietnam, objet de maintes tensions dans l’histoire récente : celle des Hoa, les Vietnamiens d’origine chinoise. Ils seraient encore 900 000 dans l’ensemble du pays, dont 700 000 à Cholon, qu’ils fondèrent en 1778 aux portes de l’ex-Saigon. Un grand nombre d’entre eux, qui vivaient à Hanoi, à Haiphong ou au sud, ont fui le Vietnam lors de la tension sino-vietnamienne en 1978-1979. Les Hoa sont essentiellement des commerçants de gros et de détail, peu intégrés en général, malgré une politique d’assimilation forcée au sud à partir de 1956, puis de marginalisation jusqu’à la fin des années 80. Leur exode en 1978-1979 a pendant un certain temps déstabilisé de nombreux secteurs de l’économie vietnamienne. Aujourd’hui, le Sud mène vis-à-vis d’eux une politique d’intégration et d’utilisation de leurs compétences.

Dans le sud du Vietnam, se trouvent également 895 000 Vietnamiens d’origine cambodgienne, les Kho-me ou khmers krom, l’ex-Cochinchine (actuel Nam Bo) ayant été en grande partie une terre khmère.
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