Ceská Republika

République tchèque

2) Données historiques

1 La première période de l'histoire

Dans la région, les Celtes furent le premier groupe ethnique dont le nom est connu de sources écrites. Ils sont probablement arrivés sur le territoire tchèque dans la seconde moitié du Ve siècle avant notre ère, c'est-à-dire à la fin de l'âge du fer. Au IVe siècle, ils avaient déjà occupé toutes les zones agricoles. Le nom de la tribu celte Bój basée en Bohême a donné au pays son nom latin Bohemia («désignant «le pays des Boïens») qui est devenu plus tard Bohême. Les Volques Tectosages, des tribus celtiques dont on parle dans les sources anciennes de Jules César, vivaient en France, mais aussi dans les Balkans, en Asie Mineure (aujourd'hui la Turquie); certains de ces peuples se sont également installés dans la région de ce qui est aujourd'hui la République tchèque et la Slovaquie, en particulier en Moravie et en Bohême. Ensembles avec d'autres peuples celtiques, ils formèrent le Royaume de Galatie en 278 avant notre ère.

1.1 L'Empire romain et les invasions

Plus tard, l'Empire romain exerça son influence dans la région, notamment vers 50 avant notre ère. À cette époque, les Celtes avaient déjà quitté la région, celle-ci étant principalement occupée par des tribus germaniques, notamment les des Cimbres, les Teutons et les Ambrons. Des groupes de populations se répandirent en Bohême et en Moravie jusqu'au IIIe siècle de notre ère.

Cependant, à partir de la fin du IIe siècle, l'Empire romain fut confronté à ce qu'on a appelé les «invasions barbares», mais que les Allemands aujourd'hui désignent aujourd'hui par le mot Völkerwanderung, c'est-à-dire «déplacement des peuples». Il s'agissait, en réalité, de mouvements de populations de très grande ampleur, réalisés sur de longues durées. En se déplaçant vers l'ouest, ces peuples finirent par se heurter à la frontière romaine, militairement gardée, et, poussés par d'autres peuples plus à l'est, ils tentèrent de la percer. Par un effet de domino, les peuples germaniques durent fuir vers l'ouest de l'Europe. Les Vandales, les Alains et les Lombards pillèrent tous les villages des peuples germaniques de sorte qu'ils laissèrent le champ libre aux Slaves.

D’après les historiens, le berceau d’origine des Slaves se trouverait sur le territoire de l'actuelle Pologne. Or, le sud de la Pologne fut plus tôt qu'ailleurs en Europe sous l’influence du royaume des Huns, dirigé par Attila (395-453). On comprend que les Slaves n'aient eu d'autre choix que de fuir les envahisseurs pour émigrer dans la région actuelle de la République tchèque et la Slovaquie dans les années 450-550.

Comme les peuples germaniques, les Slaves ont fini par absorber l'héritage romain afin de créer leur propre version de la civilisation européenne, avec son christianisme, sa tradition urbaine et sa notion de l'État.

1.2 Les premiers États slaves

Les premiers États des Slaves occidentaux apparurent autour du VIIe siècle, avec l'empire de Samo (623–658), la principauté de Moravie (VIIIe siècle – 833) et la principauté de Nitra (VIIIe siècle – 833) et, par la suite, de ce qui sera la Grande-Moravie (833 – 907). L'origine de la langue tchèque remonte au Xe siècle, lorsque le tchèque et le slovaque se sont fragmentés à partir du groupe des langues slaves occidentales. Pendant cette période, la langue tchèque était connue sous le nom de «langue de Bohême», en tchèque "Český jazyk" («langue tchèque»). Les premiers enregistrements écrits en tchèque sont apparus aux Xe et XIIe siècles.

2 La Grande-Moravie (833-906)

La Grande-Moravie fut un puissant royaume slave de 833 jusqu'en 906. Ce royaume s'étendait sur les territoires actuels de la République tchèque (Bohème et Moravie), de la Slovaquie (Moravie et Nitra), de l'Allemagne orientale et de l'Autriche (Bohême et Lusace), de la Hongrie au nord-ouest (Nitra et Pannonie), du sud de la Pologne (Vistule et Silésie), ainsi que des parcelles de la Slovénie, de l'Ukraine (Galicie), de la Serbie (Pannonie) et de la Roumanie (Transthéissie).   

Le territoire principal de la Grande-Moravie couvrait les principautés de Bohême, de Moravie et de Nitra. La région appelée Moravie (Morava en tchèque) dans la partie orientale de l'actuelle République tchèque qui a donné son nom au royaume (Grande-Moravie ou "Velká Morava"). Les Boïens habitaient la région jusqu'au VIe siècle avant notre ère, un territoire s'étendant sur la Bohême et la Bavière actuelles.

En tchèque, le mot «Bohème» n'existe pas; on utilise Čechy (prononcé tché-ki) pour la «Tchéquie». On emploie aussi České země pour désigner les «pays tchèques» ou les «terres tchèques», l'ensemble à la fois géographique, historique, politique et culturel. Quant à Čechy, il concerne plus spécifiquement la Bohême géographique proprement dite. De plus, une autre expression est employée depuis le XIIe siècle pour nommer le Royaume de Bohème, soit České království, terme qui n'englobe pas nécessairement la Moravie et formait le centre politique de la couronne de Bohême.

Quant à la principauté de Nitra (en slovaque : Nitrianske kniežatstvo), elle fut inféodée à la Moravie sur le territoire de l'actuelle Slovaquie, avec comme capitale la ville de Nitra. Quant au «Pays de la Vistule», aujourd'hui en Pologne, il fut conquis par Svätopluk de Nitra, prince de la Grande-Moravie, qui régna de 870 à 894.

2.1 L'alphabet cyrillique

C'est vers le IXe siècle que la région se christianisa. La Bible était alors uniquement connue sous la traduction grecque de la version en hébreu réalisée à Alexandrie aux IIe et IIIe siècles. Or, la langue utilisée pour ce faire devait être était le slavon, une langue que personne ne parlait comme langue maternelle, car c'était une langue liturgique issue du vieux slave dont on devait adapter la prononciation et l'orthographe, et en remplaçant certaines expressions et mots anciens et obscurs par leurs synonymes vernaculaires. Afin d’évangéliser son royaume, le prince Rostislav (820-870) fit appel en 863 à deux missionnaires de Byzance, Cyrille (Cyril) et Méthode (Methodius) pour traduire les Saintes Écritures. Les deux missionnaires s'employèrent à diffuser la religion chrétienne en recourant à la langue slave vernaculaire et en inventant un alphabet pour l’écrire.

Cyrille et Méthode voulurent remplacer l'alphabet grec dans le but de transcrire les nombreux sons du slavon fort différents de ceux du grec, afin d'en faire ensuite la traduction de la Bible. Pour simplifier, disons que c’est ainsi que fut créé l’alphabet cyrillique, dont la paternité revient à Cyrille, qui serait aussi l’inventeur de l’alphabet glagolitique utilisé dans la littérature slave au XIe siècle.

La mission culturelle cyrillo-méthodienne eut un impact significatif sur la plupart des langues slaves, car elle les a marquées par l'alphabet cyrillique. En effet, cet alphabet sert, depuis plusieurs siècles, à transcrire le russe, le bulgare, le serbe, l’ukrainien, ainsi que de nombreuses autres langues non slaves, notamment des langues turques comme le kazakh et l'ouzbek.

2.2 Les langues parlées

La Grande-Moravie atteignit sa plus grande étendue territoriale sous Svätopluk Ier qui régna de 870 à 894. Bien que les frontières de son empire ne puissent pas être exactement déterminées avec précision, il contrôlait les territoires centraux de la Bohême, ainsi que d'autres régions voisines, y compris la Moravie, la plupart de l'actuelle Slovaquie et certaines parties de la Slovénie, de la Hongrie, de la Pologne et de l'Ukraine. À cette époque, les habitants parlaient des variétés de vieux slave: le vieux slave occidental, le vieux slave oriental et le vieux slave méridional. Dans la Grande-Moravie, une grande partie des locuteurs s'exprimaient en vieux slave occidental, lequel allait donner naissance au polonais (Pologne), au tchèque (République tchèque), au silésien (Pologne), au slovaque (Slovaquie) et au sorabe (Allemagne). D'autres parlaient le hongrois ou des variétés de slave méridional qui donnera naissance à des langues comme le serbe, le croate, le slovène, le bulgare, le macédonien, etc. Après la mort de l'évêque Méthode en 885, Svätopluk Ier interdit la liturgie slave et chassa ses disciples du pays. Ces derniers trouvèrent refuge en Croatie et en Bulgarie, d'où leur culture se propagea vers la Russie. Le latin fut rétabli comme langue d'église avec le résultat qu'un double culte, en latin et en vieux slave, subsista jusqu'au milieu du XXe siècle.

Le séparatisme et les conflits internes émergeant après la mort de Svätopluk Ier ​​contribuèrent à la chute de la Grande-Moravie. Les prédécesseurs des Tchèques tombèrent sous la domination hongroise après 907, avec d'autres groupes comme les Croates, les Slovènes, les Dalmates, les Serbes et les Ruthènes. De fait, la plus grande partie de ces peuples passèrent sous l'autorité de la nouvelle puissance hongroise qui, sous la dynastie Arpad, allait dominer les plaines de l'Europe centrale. Ainsi, le royaume de Grande-Moravie disparut d'un coup! Bien que la disparition de la Grande-Moravie soit directement liée aux invasions hongroises, ce ne fut pas la seule cause. Des facteurs écologiques, tels que les principaux châteaux moraves qui se trouvaient dans les plaines inondables, des facteurs économiques tels que l'affaiblissement des routes commerciales, pourraient également avoir joué un rôle important, sans oublier les conflits entre les élites nationales.

2.3 Le démantèlement de la Grande-Moravie

La Grande-Moravie fut rapidement démantelée. Les habitants de la Bohême, les ancêtres des Tchèques, conservèrent une certaine autonomie, ce qui allait sceller pour un temps le destin séparé des nations tchèque et slovaque. En effet, les Bohémiens passèrent progressivement sous la domination allemande, tandis que les Slovaques restèrent sous le joug hongrois. En 1002, la Bohême devint une vassale du Saint-Empire romain germanique. Le Royaume de Bohême fit partie de cet empire entre 1002–1419, puis entre 1526–1918. Sous le règne de Charles IV de Luxembourg, empereur du Saint-Empire germanique en 1355, margrave de Moravie et roi de Bohême, le royaume de Bohême, avec Prague pour capitale et la langue tchèque comme langue officielle, atteignit son apogée politique et culturel.

Il n'y eut pas de standardisation linguistique pour distinguer le tchèque du slovaque avant le XVe siècle: il s'agissait tout au plus de deux variantes mineures de la même langue. Cependant, au XVIe siècle, la fragmentation entre le tchèque et le slovaque paraissait évidente, notamment en raison des différences confessionnelles entre les protestants luthériens en Bohême et en Moravie, et les catholiques slovaques de Slovaquie. Les deux langues utilisaient à ce moment-là des orthographes différentes.

Les Tchèques et les Slovaques furent sous la domination de la monarchie des Habsbourg de 1526 à 1804, puis de l'Empire autrichien, mais entre 1867–1918  ils firent partie de l'Empire austro-hongrois. Il est aisé de comprendre que, dans ces conditions, l'influence germanique dans les terres tchèques  ̶  historiquement la Bohême, la Moravie et la Silésie tchèque  ̶  fut déterminante; elle signifie l'implantation durable du bilinguisme tchèque-allemand qui s'est manifesté assez rapidement dans toutes les grandes villes tchèques. La langue allemande devint même une langue prestigieuse parlée à la cour royale de la Bohême, tandis qu'une bonne partie de la noblesse tchèque s'était mise à l'allemand. Mais au-delà même de la langue, l'influence germanique allait entraîner à la longue un changement profond dans la composition des nationalités dans la région. Progressivement, les langues tchèque et slovaque allaient se différencier.

3 La Bohème sous les Habsbourg (1526-1918)

C'est après le démantèlement de la Grande-Moravie qu'apparurent les premiers textes écrits en tchèque ou en bohémien, y compris dans les communications officielles. Les textes étaient alors écrits dans une orthographe dite primitive, laquelle utilisait les lettres de l'alphabet latin sans aucune modification, même pour écrire des sons étrangers au latin. Au XIVe siècle, le tchèque commença à pénétrer divers genres littéraires et, à la fin du siècle, il existait déjà des documents officiels écrits en tchèque. En Bohème, on parlait donc, selon la région, des langues slaves comme le thèque, le silésien (en Silésie), le sorabe (en Lusace). Alors qu’elles passaient sous la souveraineté des Habsbourg, la Bohême et la Moravie adhérèrent à la réforme luthérienne et calviniste et furent entraînées dans la guerre de Trente Ans (1619-1649). La contre-réforme catholique alla de pair avec la germanisation forcée des pays tchèques.

3.1 La couronne de Bohême 

L'ancien État de Bohême, créé au XIe siècle, comprenait la Bohême, la Moravie, la Silésie; la population était slave et parlait tchèque ou le silésien, mais elle était soumise à des seigneurs allemands. À partir de 1348, la Lusace (Basse-Lusace et Haute-Lusace) fit partie des territoires de la couronne de Bohême. À la mort du roi Louis II Jagellon en 1526, Ferdinand Ier de Habsbourg, frère et successeur de Charles Quint à la couronne impériale, fut élu roi de Bohême. La République tchèque actuelle regroupe les régions historiques de la Bohême et de la Moravie, qui furent sous la domination des Habsbourg de 1526 à 1918.

La Bohême était alors composée de quatre territoires différents : la Bohême proprement dite autour de Prague, le margraviat de Moravie plus à l’est, le duché de Silésie au nord-est, enfin la Haute et la Basse-Lusace au nord. Chacun des différents territoires conservait ses propres institutions et sa fierté, car ni les Moraves ni les Silésiens n’auraient accepté d’être soumis à Prague. Le royaume de Bohème fut depuis intégré à la monarchie des Habsbourg tout en conservant une certaine autonomie au sein de celle-ci. Après 1871, une partie de la Silésie allait faire partie de l'Allemagne unifiée avec la Lusace. 

3.2 Les langues tchèque et allemande

En 1627, la Verneuerte Landesordnung (Code foncier renouvelé) introduisit l'allemand comme deuxième langue officielle en Bohême et en Moravie. Dans la pratique, l'allemand prit progressivement la place du tchèque dans certains domaines de l'administration. Cependant, les efforts pour introduire l'allemand comme langue officielle dans tous les pays de la monarchie des Habsbourg apparurent irréalistes. Néanmoins, il se développa un «allemand de Prague». Cette langue était principalement employée par les classes instruites qui considéraient l'«allemand saxon» plutôt que l'«allemand autrichien» comme un modèle. Cependant, des variantes émergèrent en même temps: le Kucheldeutsch, le Kuchelböhmisch et le Mauscheldeutsch», ce qui différenciait, entre autres, les variantes du personnel domestique, c'est-à-dire une langue tchèque entrecoupée d'allemand. Dans les faits, l'allemand demeura une langue seconde enseignée aux enfants dans les écoles. En Bohême, la langue allemande s'est relativement maintenue grâce aux traditions et aux structures préexistantes que l’État préservait, par exemple, l’université allemande de Prague. Les juifs demeurèrent des acteurs importants de la culture allemande, même s’ils se sont beaucoup rapprochés des Tchèques à la fin du XIXe siècle.

À partir des années 1840, la langue tchèque devint l'affaire de toute la population. Le journalisme se développa et la création artistique tenta de se rapprocher de la langue parlée par les Tchèques, notamment dans la syntaxe. En 1902, Jan Gebauer, professeur de langue et de littérature tchèques à l'université de Prague, publia les premières règles d'orthographe du tchèque standard. Ces règles préféraient toujours les formes plus anciennes dans le cas des doublets. Cependant, à partir de 1867, la Bohême et la Moravie firent partie de l'Empire austro-hongrois, ce qui renforça davantage l'influence de la langue allemande. 

À la fin du XIXe siècle, les Tchèques de Bohème demandèrent à l'empereur austro-hongrois, François-Joseph 1er, un statut similaire à celui qu'avaient obtenu les Hongrois, c'est-à-dire le prolongement de leur autonomie, mais cet octroi ne leur fut pas accordé en raison de la forte opposition des Allemands de Bohême-Moravie et du gouvernement de Hongrie. Bien que les langues tchèque et slovaque soient très similaires, la situation sociale et politique des Tchèques et des Slovaques apparaissait de plus en plus différente. Pendant que les Autrichiens germanophones dominaient en Bohême et en Moravie, les Hongrois magyarophones faisaient la pluie et le beau temps en Slovaquie. Par ailleurs, les Hongrois mettaient plus d'efforts à assimiler les Slovaques que les Autrichiens le faisaient pour les Tchèques. Toutefois, en dépit de ces différences culturelles, les Tchèques et les Slovaques partagèrent les mêmes aspirations concernant l'indépendance de leur pays.

4 La Tchécoslovaquie

La Première Guerre mondiale entraîna la chute de l'Empire austro-hongrois, de l'Empire russe et de l'Empire ottoman, ainsi que la création de plusieurs pays (voir la carte de l'Europe en 1919) et un important remodelage du Proche-Orient, qui allait durer jusqu'à la création d'Israël en 1948. Le 28 octobre 1918, naissait la Tchécoslovaquie. Le lendemain, les Slaves du sud créaient la Yougoslavie, tandis que, le 1er novembre, une insurrection éclatait dans la capitale hongroise, Budapest. En plus de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie, la fin de la guerre déboucha sur la renaissance de la Pologne, auparavant éclatée entre l'Autriche, la Russie et la Prusse, et à quatre nouveaux États constitués à partir de territoires russes: la Finlande, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie. En ce qui concerne la Tchécoslovaquie, la république tchécoslovaque a été créée en tant qu’État-nation, c'est-à-dire l'État de la nation tchécoslovaque, alors qu'en fait elle était une formation multinationale. En effet, 49% étaient des Tchèques, 16% des Slovaques, 23,3% des Allemands, 5,4% des Hongrois, 3,4% des Russes et des Ukrainiens, etc. Plus du tiers des citoyens n'étaient ni tchèques ni slovaques, car ils appartenaient à une autre nationalité.

4.1 La première Tchécoslovaquie (1918-1938)

La Tchécoslovaquie devint le nom du nouveau pays, un assemblage des mots Česko («Tchéquie») et de Slovensko («Slovaquie»), ce qui fait Československo). Il s'agit d'une formation dérivée des adjectifs český («tchèque») et slovenský («slovaque») employés avec le suffixe -sko qui désigne, en tchèque comme en slovaque, le nom d'un pays.

En 1918, la Tchécoslovaquie, en réalité la Première République tchécoslovaque, fut divisée selon les territoires suivants:  la Bohême, la Moravie-Silésie, la Slovaquie et la Ruthénie subcarpatique appelée aussi «Russie des Carpates» (aujourd'hui région de la Transcarpatie ukrainienne). Malgré l'implantation de ces régions, le pays demeurait un État unitaire, géré et organisé par les politiciens de Prague en Bohème. Le nom officiel de 1918 à 1938 fut la République tchécoslovaque (Československá Republika

Prague devint la capitale du nouveau pays. Ses frontières avec l'Autriche et la Pologne furent fixées par le traité de Saint-Germain-en-Laye, le 10 septembre 1919, et avec la Hongrie par le traité de Trianon, le 4 juin 1920.

- La répartition de la population

Slovaques et 49% de Tchèques, 23,3 % d'Allemands, 5,4% de Hongrois, 3,4% de Russes, 1,3% de Juifs et 0,5% de Polonais.

Nationalité des citoyens tchécoslovaques selon le recensement de 1921
 
RÉGION Tchécoslovaque Allemand Hongrois Russe / ukrainien Juif Polonais Autre TOTAL
Bohême (Čechy) 4 382 788 2 173 239   5 476   2 007 11 251 973 1 091   6 576 825  
Moravie (Morava) 2 048 426   547 604   534 976   15 335   2 080 1 481 2 616 436  
Silésie (Slezsko) 296 194   252 365 94 338 3 681 69 967 99   622 738  
Slovaquie (Slovensko) 2 013 792 139 900   637 183 85 644   70 529   2 356 8 973   2 958 557
Ruthénie (Podkarpatská Rus) 19 737 10 460 102 144 372 884   80 059 297 14 227   599 808
 Total Tchécoslovaquie 8 760 937
(65,5%)
 
3 123 568
(23,3%)
745 431
(5,4%)
 
461 849
(3,4%)
180 855
(1,3%)
75 853
(0,5%)
25 871
(0,19%)
 
13 374 364
(100%)

Comme on peut le constater, les Allemands se sont retrouvés en position de minorité, même si en termes de population ils étaient en deuxième position (23,3%) derrière les Tchèques (49%) et devant les Slovaques (16%).

Cette importante minorité de langue allemande résidait dans ce qu'on appelait les Sudètes (en tchèque, Sudety; en allemand, Sudetenland); les Sudètes rassemblent l'ensemble des zones à majorité germanophone de la partie tchèque du pays, le long des frontières allemande et autrichienne (en Bohême et en Moravie). Les deux plus importantes communautés linguistiques demeuraient donc les Tchèques et les Allemands. Alors que les Tchèques et les Allemands étaient généralement protestants, les Slovaques étaient majoritairement catholiques.

Les Allemands des Sudètes n'acceptèrent que fort mal leur inclusion dans la Tchécoslovaquie. D'ailleurs, immédiatement après la création de celle-ci, ils déclarèrent leurs propres unités autonomes - Sudetenland, Deutschböhmen, Böhmerwaldgau et Deutschsüdmähren) - qui auraient dû, selon eux, faire partie de l'Autriche allemande.

De plus, l'absence d'une «nation slovaque» particulière (remplacée par une «nation tchécoslovaque») constituait un argument pour rejeter l'autonomie réelle d'un peuple slovaque. Par conséquent, la promotion constante du centralisme tchécoslovaque ne pouvait que favoriser les tendances séparatistes des Slovaques. Dans un État composé d'éléments disparates ayant une histoire, une culture, une structure économique et une composition ethnique différentes, tout cela provoquait de fréquents différends entre Prague et l'autonomie régionale.

- La langue tchécoslovaque

Le 29 février 1920, l'Assemblée nationale adopta la Constitution tchécoslovaque et, le même jour, un ensemble de lois constitutionnelles, dont la Loi n° 121 du 29 février 1920 portant introduction de la Charte constitutionnelle de la République tchécoslovaque. Les articles 128 à 134 portaient sur la «Protection des minorités nationales, de religion et de race» (Titre VI). De plus, la Loi sur la langue n° 122/1920 (en tchèque: "Jazykový zákon"), sur la base de l'article 129 de la Charte constitutionnelle de la République tchécoslovaque (en tchèque: "Ústavní listina Československé republiky"), définissait les principes réglementant la langue officielle appelée «tchécoslovaque». À l'article 1er, il était énoncé ce qui suit à propos de cette langue :

Článek 1

Jazyk československý jest státním, oficielním jazykem republiky (čl. 7. smlouvy mezi čelnými mocnostmi spojenými a přidruženými a mezi Československem, podepsané v St. Germain en Laye dne 10. září 1919).
Article 1er

La langue tchécoslovaque est la langue de l'État, langue officielle de la République (article 7 du traité entre les puissances alliées et associées et entre la Tchécoslovaquie, signé à Saint-Germain-en-Laye le 10 septembre 1919).
Ainsi, on avait créé une nouvelle langue appelée tchécoslovaque. Celle-ci était une pure construction politique, similaire au serbo-croate dans l'ex-Yougoslavie. De cette façon, la langue tchécoslovaque réunissait deux variétés linguistiques (le tchèque et le slovaque) et deux nations (les peuples tchèque et slovaque). Le tchécoslovaque devenait la langue officielle de la procédure dans les tribunaux, ainsi que dans les bureaux, les instituts, les établissements d'enseignement, les entreprises et les organismes de la Tchécoslovaquie; c'était aussi la langue des discours politiques, des billets de banque et celle du commandement dans l'armée tchécoslovaque.

Cependant, les Tchèques et les Slovaques n'avaient pas la même conception de cette langue commune appelée «tchécoslovaque». Pour les Slovaques, la langue tchécoslovaque devait correspondre à une combinaison d'éléments tchèques et slovaques, alors que pour les Tchèques, peu réceptifs à des slovaquismes dans leur langue, considéraient que la langue tchécoslovaque était une façon de démontrer la supériorité des tchéquismes dans la langue, le slovaque étant considéré par plusieurs comme un «dialecte du tchèque». Bref, le tchécoslovaque était un moyen pour les Slovaques d'accueillir des tchéquismes, mais un refus pour les Tchèques d'accepter des slovaquismes.

Dans les faits, les Tchèques continuèrent à parler le tchèque, et les Slovaques, le slovaque, mais les deux langues étaient appelées «tchécoslovaque», car les locuteurs de l'une ou l'autre langue se comprenaient sans traduction. Souvent, il s'agissait d'un mélange des langues tchèque et slovaque. Au plan politique, les Tchèques et leur langue allaient dominer la République tchécoslovaque. Par exemple, dans les documents internationaux, ce rôle fut assuré exclusivement par la langue tchèque, la langue slovaque étant reléguée à l'arrière-plan. 

- Les langues minoritaires

Le statut juridique des minorités après la Première Guerre mondiale résulte des obligations internationales des traités de paix, à savoir les accords entre les puissances alliées et la Tchécoslovaquie, signés à Saint-Germain-en-Laye de 1919. De fait, la Constitution de 1920 et l'art. 2 de la Loi sur la langue n° 122/1920, sur la base des art. 8-19-10 du traité de Saint-Germain-en-Laye, permirent l'emploi des langues minoritaires à la condition qu'elles soient parlées par au moins 20% de la population dans certains districts:

Article 2

Les dispositions suivantes s'appliquent aux minorités nationales et linguistiques (titre 1 du traité de Saint-Germain):

Les tribunaux, les bureaux et les autorités de la République, dont la compétence s'étend au district judiciaire dans lequel, selon le dernier recensement, résident au moins 20% des citoyens de la même langue, mais d'une autre langue que la tchécoslovaque, pour toutes les affaires auxquelles ils ont droit, sur la base qu'ils sont protégés dans ce district, ils sont tenus de recevoir les requêtes des membres de la langue de cette minorité dans la même langue et d'émettre des règlements de ces observations non seulement dans la langue tchécoslovaque, mais aussi dans la langue de la requête. Si plusieurs tribunaux de district sont créés sur le territoire d'une même municipalité, l'ensemble de la municipalité est considéré comme un seul tribunal.

Ensuite, les minorités eurent la possibilité de saisir les tribunaux et les autorités dans leur langue maternelle, et ils ont également eu la réponse appropriée. Ils eurent également droit à l'enseignement dans leur langue, mais l'enseignement simultané de la «langue tchécoslovaque» demeura obligatoire. Ces droits linguistiques ont pu être appliqués particulièrement en Ruthénie subcarpatique avec le ruthène, dans les districts hongrois avec le hongrois et dans les districts allemands avec l'allemand. Le droit à l'éducation dans la langue maternelle pour les écoles générales (en tchèque: "obecná škola") fut garanti par la loi sur l'éducation n° 226/1922 adoptée le 13 juillet 1922, bien qu'il soit nécessaire d'enseigner la «langue tchécoslovaque» dans les écoles des minorités:

Zákon ze dne 13. července 1922, jímž se mění a doplňují zákony o školách obecných a občanských

Článek 2

2)
Na občanských školách s vyučovacím jazykem jiným, nežli československým budiž žactvu poskytnuta příležitost naučiti se jazyku československému. Rozhodnutím ministerstva školství a národní osvěty může vyučování jazyku československému ustanoveno býti pro tu kterou školu povinným.

Loi du 13 juillet 1922 modifiant les lois sur les écoles primaires et générales

Article 2

2) Dans les écoles générales dont la langue d'enseignement n'est pas le tchécoslovaque, les élèves ont la possibilité d'apprendre la langue tchécoslovaque. Par une décision du Ministère de l'Éducation et de la Sensibilisation nationale, l'enseignement de la langue tchécoslovaque peut être rendu obligatoire pour des écoles.

D'ailleurs, la loi n° 137/1923, adoptée le 8 juillet 1923, imposa définitivement l'enseignement obligatoire de la langue officielle dans chaque école de la république.


Zákon ze dne 8. června 1923, kterým se upravuje vyučování jazyku státnímu jakož i jazykům národních menšin na školách středních a ústavech učitelských.

Článek 1.


Jazyk státní jest na všech středních školách (gymnasiích, reálných gymnasiích, vyšších reálných gymnasiích, reformních reálných gymnasiích a reálkách) a na ústavech učitelských bez rozdílu jazyka vyučovacího předmětem povinným.

Článek 2.

Jazykům národních menšin lze na těchto školách vyučovati buď jako předmětu povinnému nebo nepovinnému, pokud některý z těchto jazyků není již jako jazyk vyučovací předmětem povinným.

Článek 3.

Ministr školství a národní osvěty určí, na kterých školách bude vyučováno tomu kterému jazyku v § 2 naznačenému a jaký ráz ve smyslu téhož paragrafu bude míti dotčený předmět.

Článek 4.

Při provádění tohoto zákona jest šetřiti zásady, že do vyšších tříd lze příslušný jazyk jakožto předmět povinný zaváděti toliko postupně.
Loi du 8 juin 1923 réglementant l'enseignement de la langue officielle ainsi que des langues des minorités nationales dans les écoles secondaires et les instituts de formation des enseignants

Article 1


La langue officielle est une matière obligatoire dans toutes les écoles secondaires (lycées, lycées réels, lycées réels supérieurs, lycées réels réformés et écoles réelles) et dans les instituts de formation des enseignants, quelle que soit la langue d'enseignement.

Article 2

Les langues des minorités nationales peuvent être enseignées dans ces écoles comme matière obligatoire ou facultative, si l'une de ces langues n'est plus une matière obligatoire comme langue d'enseignement.

Article 3

Le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement public détermine dans quelles écoles la langue indiquée à l'art. 2 sera enseignée et quel caractère aura la matière au sens du même paragraphe.

Article 4

Dans la mise en œuvre de la présente loi, il est nécessaire de tenir compte des principes selon lesquels la langue pertinente en tant que matière ne peut être introduite dans les classes supérieures que progressivement.

Il faut néanmoins souligner que ces droits n'ont pas toujours été appliqués avec rigueur pour les minorités, sauf pour les Slovaques. Les individus qui n'avaient pas la citoyenneté tchécoslovaque avant 1910 ou qui n'avaient pas atteint les 20% dans un district ou une municipalité n'ont pu faire valoir leurs droits. Dans la région de la Ruthénie subcarpatique (Russie des Carpates), des conflits ont surgi entre les locuteurs du ruthène, de l'ukrainien et du russe, voire du hongrois, ce qui a eu pour effet de réduire les droits linguistiques de nombreuses petites communautés linguistiques. 

- Le Troisième Reich en Tchécoslovaquie

En septembre 1938, une conférence se réunit à Munich pour résoudre les revendications territoriales du Troisième Reich au détriment de la Tchécoslovaquie. Le 30 septembre, les participants - Adolf Hitler pour l'Allemagne, Benito Mussolini pour l'Italie, Neville Chamberlain pour la Grande-Bretagne et Édouard Daladier pour la France - signèrent les accords de Munich, conformes aux revendications allemandes, qui prévoyaient le rattachement à l'Allemagne des régions habitées majoritairement par les Allemands, les Sudètes, et la cession d'une partie de la Silésie tchécoslovaque à la Pologne. La Tchécoslovaquie avait perdu les Sudètes, mais l'Europe croyait avoir gagné la paix. En octobre 1938, quelques jours seulement après l'accord de Munich, Hitler ordonna aux dirigeants de la Wehrmacht de préparer une invasion.

Au cours des semaines suivantes, la propagande nazie évoqua l'histoire soi-disant millénaire des Allemands de Bohême et de Moravie. Les nazis répandirent dans toute l'Allemagne que les Allemands des Sudètes étaient harcelés, persécutés, voire assassinés en République tchèque. Évidemment, c'était faux!

4.2 L'occupation nazie (1939-1945)

Le 15 mars 1939, les troupes allemandes envahirent la Bohême et la Moravie. Le «protectorat» fut proclamé le lendemain par Adolf Hitler, après la «déclaration d'indépendance» de la République slovaque. La Tchécoslovaquie allait être fragmentée pour une période de six ans, soit jusqu'en 1945. Adolf Hitler déclara vouloir «libérer les Allemands des Sudètes» de l'«oppression» tchécoslovaque». Bien sûr, le premier ministre britannique Chamberlain protesta en vain depuis Londres!

D'un côté, il y avait le protectorat de Bohême-Moravie, déjà amputé des Sudètes, qui fut quasiment annexé au Troisième Reich; de l'autre, la République slovaque devenait un «pays indépendant» tout en demeurant un satellite de l'Allemagne nazie. De plus, la Hongrie s'empara des territoires où vivaient des minorités hongroises, pendant que la Pologne faisait de même pour des minorités polonaises et ukrainiennes. Toute la politique étrangère tchécoslovaque passa sous l'influence allemande.

- La langue allemande

Dès l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en Allemagne, les Tchèques allemands connurent une augmentation du nationalisme et de l'anti-slavisme en Tchécoslovaquie, dont le but ultime était d'expulser, voire de liquider les Tchèques. Les attitudes hostiles associées à la violence et aux menaces sont devenues partie intégrante de la politique des Tchèques allemands, lesquels étaient largement représentés par le Parti allemand des Sudètes. De nombreuses personnes dites «racialement impures» pour les nazis, tels que les Juifs, les Roms, les handicapés physiques ou mentaux, ainsi que des opposants politiques au régime nazi, dont les intellectuels tchèques, périrent dans des camps de concentration ou furent exécutés.

L'Allemagne imposa de nombreuses restrictions en matière d'éducation et de culture. L'enseignement obligatoire de l'allemand fut introduit dans les écoles primaires tchèques en novembre 1940; le nombre d'heures augmenta progressivement avec les années d'occupation. En première année, les enfants durent apprendre quatre heures d'allemand par semaine; dans les classes ultérieures, les élèves apprirent l'allemand jusqu'à sept heures par semaine. À partir de 1941, tous les enseignants furent dans l'obligation de subir un examen d'allemand qu'ils devaient réussir; ceux qui n'y parvinrent pas ne purent plus continuer à enseigner. Non seulement toutes les universités tchèques furent fermées, mais à partir de 1942 le nombre d'élèves du secondaire diminua progressivement avec la fermeture de nombreuses écoles. Ainsi, le nombre d'élèves, qui était de 85 000 en 1939, passa à environ 35 000 en 1944.

- La propagande allemande

Quant à la vie culturelle, elle fut totalement subordonnée aux intérêts de la propagande allemande. Peu de temps après l'occupation, il fut interdit de publier, de vendre et de prêter des œuvres de la littérature anglaise, américaine, polonaise, russe, yougoslave et surtout juive. De nombreux livres furent inclus dans l'index de la culture interdite en plus des restrictions concernant la littérature et les magazines tchèques. De plus, les musées furent fermés et les représentations théâtrales et les expositions furent interdites. En somme, tout ce qui semblait anti-allemand fut interdit.

4.3 La seconde Tchécoslovaquie (1945-1968)

La Tchécoslovaquie fut réunifiée après la guerre, mais sans le territoire de la Ruthénie subcarpatique (ou «Russie des Carpates») qui fut cédée à l'Union soviétique, plus précisément à l'Ukraine. Dès lors, la Tchécoslovaquie fit partie du «Bloc de l'Est», allié de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

L'URSS entreprit ensuite une forme d'expulsion sauvage. Sur la base des accords de la Conférence de Potsdam, 2,2 millions d'Allemands furent déplacés en novembre 1946. Puis le gouvernement tchécoslovaque conclut un accord d'échanges de population hongroise avec le gouvernement hongrois, au cours duquel tout membre de la minorité slovaque en Hongrie pouvait déménager en Tchécoslovaquie. Sur la base de cet accord, quelque 90 000 Hongrois de Slovaquie furent expulsés vers la Hongrie. La Tchécoslovaquie devenait plus homogène!

- La répartition de la population

Population de la Tchécoslovaquie au 16 juillet 1945
Bohême 7 150 000 50,3 %
Moravie 3 500 000 24,6 %
Slovaquie 3 500 000 24,6 %
Allemands 2 811 000 19,7 %
Total 14 200 000 100,0 %
Le tableau ci-contre illustre la population tchécoslovaque au 16 juillet 1945, ce qui signifie que les populations germanophones résidaient encore dans le pays. La Tchécoslovaquie devait faire face à des problèmes avec les minorités ethniques, notamment avec les Allemands des Sudètes, les Hongrois et les Polonais. Les Allemands constituaient près de 20% de la population parmi les 14 millions de la population tchécoslovaques; ils étaient surtout concentrés dans la région frontalière de la Bohême et de la Moravie, appelée SudetenlandPays des Sudètes») en allemand. Certains membres de cette minorité, sympathisant avec l'Allemagne, essayaient de nuire à l'État tchécoslovaque.

- Le concept des deux nations

Finalement, la Constitution de 1920 fut remplacée par la Constitution du 9 mai 1948 et toute allusion à la langue tchécoslovaque, tchèque ou slovaque, fut volontairement omise: 

Ústavní zákon ze dne 9. května 1948
Ústava Československé republiky

Článek II

1)
Československá republika je jednotný stát dvou rovnoprávných slovanských národů, Čechů a Slováků.

2) Území státu tvoří jednotný a nedílný celek.

Článek VIII

1)
Nositelem a vykonavatelem státní moci na Slovensku a představitelem svébytnosti slovenského národa jsou slovenské národní orgány.

2) Slovenské národní orgány zajišťují v duchu lidové demokracie rovnoprávnost Čechů a Slováků. Všechny orgány republiky usilují v souladu s nimi o to, aby se vytvářely stejně příznivé podmínky pro hospodářský, kulturní a sociální život obou národů.

Podrobná ustanovení ústavy

Právo na vzdělání

Článek 12

1)
Všichni občané mají právo na vzdělání.

2) Stát pečuje o to, aby se každému dostalo vzdělání a výcviku podle jeho schopností a se zřetelem k potřebám celku.

Článek 13

1)
Školy jsou státní.

2) Základní školní vzdělání je jednotné, povinné a bezplatné.

3) Podrobnosti a výjimky stanoví zákon.

Článek 14

1)
Vešker výchova a všechno vyučování buď tež zařízeny tak, aby byly v souladu s výsledky vědeckého bádání a nebyly v neshodě s lidově demokratickým zřízením.

2) Vrchní vedení veškeré výchovy a všeho vyučování, jakož i dozor nad nimi přísluší
státu.

Loi constitutionnelle du 9 mai 1948
Constitution de la République tchécoslovaque

Article II

1) La République tchécoslovaque est un État unifié de deux nations slaves égales, les Tchèques et les Slovaques.

2) Le territoire de l'État forme un tout unifié et intégral. 

Article VIII

1)
Le titulaire et l'exécuteur du pouvoir d'État en Slovaquie et le représentant de l'originalité de la nation slovaque sont les autorités nationales slovaques.

2) Les autorités nationales slovaques assurent
l’égalité des Tchèques et des Slovaques dans l’esprit de la démocratie populaire. Toutes les institutions de la République s’efforcent, conformément à elles, de créer des conditions tout aussi favorables à la vie économique, culturelle et sociale des deux nations.

Dispositions détaillées de la Constitution

Le droit à l'éducation

Article 12

1)
Tous les citoyens ont droit à l'éducation.

2) L'État veille à ce que chacun reçoive une instruction et une formation selon ses capacités et en tenant compte des besoins de tous les citoyens.

Article 13

1)
Les écoles appartiennent à l'État.

2) L'enseignement scolaire de base est uniforme, obligatoire et gratuit.

3) Les détails et les exceptions sont prévus par la loi.

Article 14

1)
Toute éducation et tout enseignement doivent être organisés de manière à être conformes a
ux résultats de la recherche scientifique et compatibles avec un établissement démocratique populaire.

2) La haute direction de toute l'éducation et de tout l'enseignement, ainsi que la supervision de ceux-ci, relèvent de l'État.

Cependant, la Constitution de 1948 mentionne formellement le concept des «deux nations», les Tchèques et les Slovaques. Il faut souligner que la démocratie tchécoslovaque a toujours privilégié et conféré des avantages aux trois «nations d'État», principalement envers les Tchèques et les Slovaques, moins les Ruthènes. Mais les demandes à obtenir plus de droits et de décentralisation de la part des Slovaques et des Ruthènes n'ont pas été entendues à Prague, encore moins de la part des minorités allemande et hongroise. Pendant la Grande Dépression de 1929-1939, il y eut toujours plus de possibilités d'emploi réservées aux Tchèques et aux Slovaques qu'aux Allemands ou aux Hongrois. De plus, dans les strictes limites de la légalité, diverses mesures furent prises pour assimiler les minorités qui considérèrent celles-ci comme injustes.

- La Tchécoslovaquie communiste

Nationalité
Recensement de 1950
Nombre Pourcentage
Tchèque

8 343 558

93,7 %
Slovaque 258 025 2,9 %
Allemande 159 938 1,8 %
Polonaise 70 816 0,7 %
Russe/ukrainienne 13 384 0,1 %
Hongroise 13 201 0,1 %
Autre 19 770 0,2 %
Non identifiée 11 441 0,1 %
Total 1950

8 896 133

100,0 %

En 1948, les communistes avaient pris le pouvoir en Tchécoslovaquie devenue la République socialiste tchécoslovaque (en tchèque: Československá socialistická republika).

Le recensement de 1950 laisse voir une importante diminution de la population par rapport à 1945. De 14 millions d'habitants, la population avait baissé à 8,8 millions, soit 5,3 millions de citoyens en moins. Tous les groupes linguistiques, sauf les Tchèques, ont vu fondre leur population, mais surtout les Allemands, les Polonais, les Russes et les Polonais. Bref, les Tchèques sont devenus après la guerre la seule grande communauté représentant 93,7 % de la population. 

En 1968, le Slovaque Alexander Dubcek devint premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque et introduisit des réformes démocratiques accordant plus de liberté aux citoyens; ce fut le «printemps de Prague». L’Union soviétique s’opposa à ces réformes et envahit alors la Tchécoslovaquie qui resta sous le régime soviétique pendant une vingtaine d’années.

4.4 La Tchécoslovaquie fédérale (1968-1992)

L'équipe d'Alexander Dubček demeura quelque temps encore au pouvoir et réussit à faire passer une importante réforme : la Loi constitutionnelle du 27 octobre 1968 sur la Fédération tchécoslovaque, une loi constitutionnelle qui faisait de la Tchécoslovaquie une république fédérale en la divisant en deux États autonomes, la République socialiste tchèque et la République socialiste slovaque. Le nom officiel du pays devenait, le 29 mars 1990, la «République fédérale tchécoslovaque» ("Československá federativní republika"), puis, le 23 avril, la «République fédérale tchèque et slovaque» (Česká a Slovenská Federativní Republika").

La ville de Prague demeurait la capitale au niveau fédéral tout en étant celle de la République socialiste tchèque, tandis que les Slovaques purent bénéficier de l'autonomie qu'ils réclamaient depuis longtemps. Les deux composantes fédérées se virent attribuer des parlements nationaux, le Conseil national tchèque et le Conseil national slovaque, tous deux travaillant de concert avec un parlement fédéral, l'Assemblée générale.

Le résultat de la fédéralisation fut l'accélération de la modernisation de la Slovaquie, le transfert massif de fonds de la République tchèque vers la Slovaquie, ainsi que le transfert de matières premières et de produits provenant de la production primaire slovaque dans la direction opposée. L'industrie de l'armement en particulier se développa en Slovaquie, ce qui paraissait plus sécuritaire en cas de conflit militaire attendu aux frontières de la Tchécoslovaquie et de la République fédérale d'Allemagne (RFA).

- Le bilinguisme tchèque-slovaque

On retrouve dans cette constitution une mention d'ordre linguistique:
 

Ústavní zákon ze dne 27. října 1968 o československé federaci

Článek 6

1)
Českého a slovenského jazyka se užívá rovnoprávně při vyhlašování zákonů a jiných obecně závazných právních předpisů.

2) Při jednání všech státních orgánů Československé socialistické republiky a obou republik, v řízení před nimi a v ostatním jejich styku s občany se užívá obou jazyků rovnoprávně.

Loi constitutionnelle du 27 octobre 1968 sur la Fédération tchécoslovaque

Article 6

1)
Les langues tchèque et slovaque doivent être utilisées de manière égale lors de la promulgation des lois et autres réglementations juridiques généralement contraignantes.

2) Dans les procédures de tous les organismes de l'État de la République socialiste tchécoslovaque et des deux républiques, dans les procédures dont elles sont saisies et dans le reste de leur contact avec les citoyens, les deux langues doivent être employées de manière égale.

Les langues tchèque et slovaque étaient en principe égales en droit. Dans les faits, Tchèques et Slovaques continuaient à parleur leur langue, tout en se comprenant mutuellement. Cependant, les documents du gouvernement central et de l'Assemblée générale étaient publiés en deux versions, l'une en tchèque, l'autre en slovaque.

- Le statut des minorités

Après la création de la Fédération tchécoslovaque en 1968, l'Assemblée fédérale a adopté la Loi constitutionnelle n° 144/1968 sur le statut des nationalités. Les articles 1 à 3 présentaient les droits linguistiques de certaines nationalités:
  

Article 1er

La République socialiste tchécoslovaque, en tant qu'État commun des nations et des nationalités tchèque et slovaque vivant sur son territoire, dans l'esprit de la démocratie socialiste et de l'internationalisme, offre
aux nationalités hongroise, allemande, polonaise et ukrainienne (ruthène) des possibilités et des moyens de développement universel.

Article 2

Les nationalités sont représentées dans les conseils représentatifs et autres organismes élus au prorata de leur nombre.

Article 3

1) Les citoyens de nationalité hongroise, allemande, polonaise et ukrainienne (ruthène) bénéficient, dans la mesure appropriée aux intérêts de leur développement national et dans les conditions prévues par la loi :

a) du droit
à l'éducation dans leur langue;
b) du droit à un développement culturel complet;
c) du droit
d'utiliser leur langue dans les communications officielles dans les zones habitées par la nationalité concernée;
d) du droit de s'associer à des organisations culturelles et sociales nationales;
e) du droit
d'imprimer et de recevoir des informations dans leur langue.

2) L'étendue et les conditions des droits visés au paragraphe 1 sont déterminées par la loi.

La liste légale des minorités de l'article 1er n'a jamais mentionné la minorité rom (tsigane), ainsi que d'autres petites minorités.

- Le début de la partition

Alexander Dubček, le premier secrétaire du Parti communiste, fut par la suite définitivement évincé et remplacé à la tête du parti. La Tchécoslovaquie connut une période de forte stagnation économique et de répression politique accrue.
 

Dans les années 1970, la dissidence intellectuelle réussit à s'organiser de sorte que le dramaturge Václav Havel et le philosophe Jan Patočka apparurent comme les porte-paroles de la contestation intellectuelle, mais le régime resta sourd aux désirs de réformes. À partir de 1988, le pays connut une importante effervescence politique, tandis que les pétitions réclamant la liberté politique et religieuse se multiplièrent.

Le 29 décembre, Václav Havel fut élu président de la République. Les élections de juin 1990 assurèrent la victoire des anciens partis d'opposition. Une fois sortie du giron communiste en 1990, lors de la fameuse «révolution de Velours», la Tchécoslovaquie eut à faire face à l’incapacité des dirigeants tchèques et slovaques de s'entendre sur la répartition du pouvoir entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des deux républiques fédérées.

En 1992, les premiers ministres Václav Klaus, pour la République tchèque, et Vladimir Meciar, pour la Slovaquie, négocièrent la partition de la Tchécoslovaquie, bien qu’elle ne fût pas souhaitée par une grande partie de la population.

En fait, les peuples concernés, les Tchèques (et les Moraves) et les Slovaques, n'eurent pas la possibilité d'exprimer leur volonté lors d'une consultation référendaire: deux millions et demi de personnes avaient pourtant signé une pétition demandant un référendum. Le refus de cette requête ne fut guère un mystère: de nombreux sondages avaient signalé que la majorité de la population tchèque et slovaque aurait voté en faveur d'un État commun. Le 31 décembre 1992, jour de la dissolution de la Tchécoslovaquie, marqua la fin de la coexistence entre ces deux peuples slaves au sein d'un même pays. Dissoute le 1er janvier 1993, la Tchécoslovaquie laissait la place à deux États souverains distincts: la République tchèque et la République slovaque

5 La République tchèque

Afin d’assurer la continuité des systèmes constitutionnel et juridique, le Conseil national tchèque a adopté une loi sur les dispositions relatives à la dissolution de la République fédérative tchèque et slovaque: la Loi constitutionnelle du Conseil national tchèque n° 4-1993 du 15 décembre 1992. Les lois constitutionnelles, les lois et autres actes exécutoires de la République fédérative tchèque et slovaque, qui étaient en vigueur le jour de la dissolution, ont continué à s’appliquer s'Ils n’ont pas été abrogés. Václav Klaus est resté à son poste de président du gouvernement dans la nouvelle République tchèque après la scission du pays. Il deviendra le second président de la République le 28 février 2003, remplaçant à ce poste Václav Havel. Ce dernier avait été le premier président de la République tchèque, soit du 2 février 1993 au 2 février 2003. On ne souviendra de Václav Klaus (décédé le 18 décembre 2011) comme d'un homme politique ayant joué un rôle de premier plan dans une révolution pacifique qui a permis à son pays d'accéder à la liberté, avant de se scinder en deux lors d'un «divorce à l'amiable». 

5.1 Les organisations internationales

Aujourd’hui, la République tchèque est membre de plusieurs organisations internationales, ont les Nations unies, l'UNESCO et le Conseil de l'Europe (au 30 juin 1993). La République tchèque est aussi membre associé de l'Union européenne et a voulu adhérer à l’OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), que souhaitaient 10 % à peine des Tchèques, et dont le principe a été adopté le 8 juillet 1997 par les puissances occidentales. Enfin, le 18 décembre 1997, la République tchèque a ratifié la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales du Conseil de l’Europe (1995); celle-ci est entrée en vigueur le 1er février 1998 et a pris effet le 1er avril 1998 en République tchèque, en même temps que sa traduction tchèque était publiée dans le Sbírka zákonů České republikyRecueil des lois de la République tchèque»). Le pays a demandé son adhésion à l'Union européenne en janvier 1996 et les pourparlers d'adhésion ont débuté le 31 mars 1998. L'une des conditions d'adhésion à l'Union européenne fut l'observation des critères dits de Copenhague parmi lesquels figurent la protection des droits de l'homme ainsi que le respect de la protection des minorités.

La République tchèque a le statut d'«observateur» de l'Organisation internationale de la francophonie depuis 1999 et est également un «observateur» de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie depuis 2001, à l'exemple de la Catalogne, de la Croatie, de la Géorgie, de la Lettonie, de la Louisiane, du New Hampshire, etc.

5.2 Les projets de loi sur la langue officielle

De façon régulière depuis 1995, des projets de loi ont été présentés au Parlement à la Chambre des députés. Ils n'ont jamais été adoptés pour diverses raisons d'ordre technique.

- Le projet de 2004

Le 15 juin 2004, des députés communistes ont proposé de modifier la Constitution pour introduire une langue officielle; la proposition fut rejetée, car le gouvernement avait même refusé d'en discuter. La Chambre des députés a également rejeté une modification à la  Loi sur le fonctionnement de la radio et de la télévision (2001) selon lequel les annonceurs de télévision et de radio auraient dû s'exprimer dans un tchèque grammaticalement correct. Les partisans du projet de loi ont fait valoir que la pureté de la langue tchèque était menacée et que la République tchèque devait suivre l'exemple de la France en adoptant une législation qui contribuerait à la préserver. Or, 127 des 176 députés présents votèrent contre la proposition des communistes. Les députés de la majorité, le Parti chrétien-démocrate, firent valoir que la préservation de la langue tchèque n'était pas l'affaire des législateurs, mais des écoles et des parents qui ont le plus d'influence sur la façon dont la future génération de Tchèques parlerait leur langue maternelle.

- Le projet de 2015

Le 21 octobre 2015, un autre projet de loi fut présenté par des députés communistes pour consacrer le tchèque comme langue officielle de la République. L'un des objectifs important de la proposition était d'obliger le gouvernement à employer la langue officielle dans les traités internationaux, les lois, les règlements, les informations et les actes juridiques de la part de toutes les autorités administratives et judiciaires. Le projet de loi introduisait l'obligation de désigner des lieux et les institutions désignés dans la langue officielle. Il obligeait les radiodiffuseurs et les télédiffuseurs à fournir des émissions spécifiques avec une traduction orale ou écrite dans la langue officielle de la République.

Le projet de loi visait également à introduire dans la législation l’obligation de traduire en tchèque tous les mots étrangers employés dans la sphère publique. Les anglicismes tels "fitness", "fast food", "last minute", "e-mail", ainsi que les noms de héros fictifs comme "Spider-Man" et "Batman" seraient interdits. Si le projet de loi avait été adopté, la proposition des députés communistes aurait touché surtout les commerçants, les fournisseurs de services et les médias. En général, tous les slogans publicitaires, mais aussi les noms de magasins ou de films étrangers devaient être traduits en tchèque. De plus, l’emploi de mots étrangers, en particulier les anglicismes qui sont les mots étrangers les plus fréquents, devait être évité à la télévision et à la radio. En cas d’infraction, une amende de l’ordre de 15 000 à 50 000 couronnes, soit entre 550 et 1800 euros, pouvait être infligée.

La proposition visait également à imposer clairement aux personnes physiques et morales opérant en République tchèque l'obligation de fournir aux consommateurs toutes les informations nécessaires dans la langue officielle de la République tchèque. Un autre objectif de la proposition était de proclamer le tchèque comme langue d'enseignement obligatoire. La proposition n'a pas été adoptée parce que les négociations se sont terminées juste à la fin de la période électorale de 2017.

- Le projet de 2019

En février 2019, trois députés communistes (Stanislav Grospič, Ivo Pojezný et Miroslav Grebeníček)  ̶  Parti communiste de Bohême et de Moravie  ̶  ont présenté un projet de loi pour légaliser le tchèque comme langue officielle. La langue tchèque était décrite, dans un préambule du projet de loi , dans la proposition communiste comme l'élément le plus important de l'originalité de la nation tchèque, la valeur la plus rare de son patrimoine culturel, l'expression de la souveraineté de la République tchèque et le moyen de communication général de ses citoyens:

Préambule

Le Parlement de la République tchèque, fondé sur le fait que la langue tchèque est le signe le plus important du caractère unique de la nation tchèque, la valeur la plus précieuse de son patrimoine culturel et l'expression de la souveraineté de la République tchèque et le moyen de communication générale de ses citoyens, a convenu de la présente loi.

C'était un court projet de loi (voir le texte) ne comptant que quatre articles. Selon les députés communistes qui l'ont proposé, la langue tchèque a besoin de protection, comme il existe des lois similaires dans un certain nombre de pays européens, dont la France et, bien sûr, la Slovaquie. Néanmoins, le gouvernement a rejeté la proposition des communistes parce qu'il croyait le projet de loi inutile. Le gouvernement a affirmé que les dispositions juridiques concernant le tchèque comme langue officielle sont déjà en vigueur et que les lois actuelles étaient amplement suffisantes. La loi devait être examinée par les députés, mais elle n'a jamais été adoptée.

Il faut dire que les quelque 15 députés du Parti communiste de Bohême et de Moravie sont perçus comme des conservateurs, des extrémistes et des populistes. De son côté, ce parti utilise couramment un vocabulaire militant de la guerre froide et accuse le gouvernement tchèque d'être «un valet de pied impérialiste» ("je imperialistickým lokajem") à la solde des intérêts occidentaux et américains. Étant donné que le tchèque est parlé comme langue maternelle par plus de 96 % de la population, on voit mal comment cette langue peut être tellement en danger au point d'être protégée par une loi sur la langue officielle.

Dernière mise à jour: 19 févr. 2024

La République tchèque


1) Situation générale
& Données démolinguistiques
 

2) Données historiques
 

3) La politique à l'égard du tchèque
 

4) La politique
à l'égard des minorités nationales
 

5) Bibliographie
 
L'ex-Tchécoslovaquie

 

L'Europe

Accueil: aménagement linguistique
dans le monde