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Serbie-Monténégro(2003-2006) Communauté
des États de (1) Informations préliminaires |
Capitale: Belgrade Population: 10,6 millions (est. 2005) Langue officielle: serbe (ou serbo-croate ) Groupe majoritaire: serbe (63 %) Groupes minoritaires: albanais (18,8 %), monténégrin (5 %), hongrois (3,3 %), bosniaque (2,8 %), tsigane romano-serbe (1,4 %), croate (1 %), roumain (0,7 %), slovaques (0,6 %), bulgares (0,5 %), turcs (0,4 %), macédonien (0,4 %), russe (0,4 %), etc. Système politique: fédération à tendance confédérale Articles constitutionnels (langue): aucune disposition linguistique dans la Charte constitutionnelle de la Communauté étatique de Serbie-et-Monténégro (2003) Lois linguistiques: Loi sur la protection des droits et libertés des minorités nationales (2002), Charte sur les droits de l’homme, les droits des minorités et les libertés civiles (2003), Loi sur l'exercice des droits et libertés des minorités nationales et ethniques au Monténégro (2004) |
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La Yougoslavie de Slobodan Milosevich, créée en 1992, est morte, mais elle a laissé place à un nouvel État dans les Balkans. Le 14 mars 2002, la Serbie et le Monténégro ont signé à Belgrade, sous les auspices de l'Union européenne, un accord (voir le texte) pour former un État officiellement baptisé l'État de Serbie-et-Monténégro. Le «nouvel» État de Serbie-et-Monténégro dispose d'un parlement unicaméral, d'un conseil des ministres et d'une cour de justice. Les institutions communes relevant de sa juridiction touchent aux Affaires étrangères, la Défense et les relations économiques avec l'étranger. Les États ont leurs propres politique économique et monnaie. La Serbie et le Monténégro n'ont plus de capitale commune. Les institutions sont divisées entre Belgrade et Podgorica. Les deux républiques constitutives auront le droit de demander leur pleine indépendance trois ans après l'adoption de la nouvelle constitution, qui eut lieu le 4 février 2003. Au point de vue de la structure politique, il est malaisé de définir l'Union de la Serbie et du Monténégro. L’ancienne Yougoslavie était, selon sa Constitution, une fédération comportant d’importants éléments de type confédéral. Cet État fédéral était responsable de la Défense, des Affaires étrangères, de la monnaie, des douanes, du contrôle des frontières; les tribunaux fédéraux constituaient l'instance judiciaire suprême. La Constitution de la Yougoslavie n'a jamais été appliquée de façon rigoureuse, car le président Slobodan Milosevic exerçait le pouvoir comme bon lui semblait et la Constitution fédérale ne constituait qu’une façade. |
Par comparaison à l'ancienne Yougoslavie, le nouvel État de Serbie-et-Monténégro ressemble peu à une fédération. Le Parlement bicaméral (à deux chambres), pourtant courant dans une fédération, est remplacé par une seule chambre parlementaire (unicaméral) avec droit de veto accordé à la majorité des députés monténégrins, mais après un certain délai la majorité des représentants du Monténégro va conserver un droit de veto. Le Conseil des ministres de l'Union forme le gouvernement central. Le pouvoir du Conseil des ministres demeure restreint et son rôle ressemble à un comité de coordination. La Serbie et le Monténégro conservent des monnaies distinctes. Bref, l'État de Serbie-et-Monténégro ressemble davantage à une confédération d’États semi-indépendants. Les seuls éléments fédéraux sont la représentation internationale, une armée unique et la compétence suprême des tribunaux. En vertu de l'article 1er de la Charte constitutionnelle de la Communauté des États de Serbie-et-Monténégro, le nom de la communauté étatique est Serbie-et-Monténégro. Le maintien de la Serbie et du Monténégro dans un seul État est une condition indispensable à leur admission au Conseil de l'Europe, considérée comme une première étape à l'intégration à l'Union européenne. En 2006, un référendum aura lieu afin de déterminer la future existence de l'entité Serbie-et-Monténégro.
Chacun des États membres possède son propre système de «collectivités territoriales». Compte tenu de sa faible population, le Monténégro n'est divisé qu'en 21 communes, sans administration régionale. De son côté, la Serbie présente une système plus complexe, puisque l'État est divisé en deux territoires autonomes (la Voïvodine et le Kosovo); la Serbie dite «intérieure» est divisée en 29 régions (okrug), elles-mêmes divisées en 186 communes et cinq villes.
La Communauté d'États Serbie et Monténégro (Drzavna zajednica Srbija i Crna Gora), qui comprend l'Union de deux États (la Serbie et le Monténégro), ainsi que des anciennes provinces autonomes du Kosovo et de la Voïvodine, est limité au nord par la Hongrie, à l'est par la Roumanie et la Bulgarie, au sud par la Macédoine et l'Albanie, et à l'ouest par la mer Adriatique, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. En fait, le pays est situé au coeur dune région où les nombreux peuples qui la constituent ont été, dès le XIVe siècle, tantôt dominés, tantôt mélangés, tantôt déplacés par différentes puissances Empire ottoman, Empire austro-hongrois, Allemagne nazie, Italie fasciste, Bulgarie, Hongrie, etc. au nom de stratégies souvent contradictoires.
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La superficie totale de l’actuelle Union est de 102 173 km² (l'équivalent de l'Islande ou de Cuba), soit un peu moins de la moitié de l'ancienne Yougoslavie fédérale. La Serbie compte à elle seule pour 86,6 % de l'ensemble. Ajoutons que la Serbie «intérieure» correspond à 54,6 %, le Kosovo à 10,6 % et la Voïvodine à 21 %. |
L'ancienne République fédérale de Yougoslavie était issue de l'éclatement de lancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie (RFSY) qui comptait six républiques: la Serbie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, la Slovénie et le Monténégro. Or, on sait que quatre des six républiques constituantes de la RFSY ont fait sécession: la Croatie, la Slovénie et la Macédoine en 1991, et la Bosnie-Herzégovine en 1992. Il ne reste plus donc aujourdhui que la Serbie et le Monténégro. On peut visualiser la carte 2 reproduisant les frontières politiques de lancienne Yougoslavie. À ce sujet, certaines portions de son territoire font encore l'objet d'un litige avec les républiques voisines, soit la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. En effet, les Serbes ont annexé militairement des territoires de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, avec l'espoir de les intégrer définitivement un jour à la Serbie et au Monténégro.
La population de la Serbie-Monténégro était estimée à 10,6 millions dhabitants en 2005. Le recensement de 1991 (alors la Yougoslavie) donnait 10,1 millions d'habitants. Mais les données démographiques concernant ce pays étaient alors peu fiables. Dune part, le recensement a été effectué pratiquement à la veille de léclatement de lex-Yougoslavie et, dautre part, les résultats définitifs nont jamais été publiés. De plus, il faut considérer que les statistiques officielles concernant les Albanais, les «Yougoslaves», les Tsiganes, les Musulmans (Serbes islamisés) et les «Autres» (ethnies) reposent encore sur des méthodes de probabilité strictement mathématiques et non sur un recensement rigoureux. Enfin, les migrations dues aux guerres ont changé cette répartition parce que la Serbie a reçu, depuis 1991, plus dun million de réfugiés serbes en provenance des territoires de Croatie et de Bosnie-Herzégovine... sans compter les dizaines de milliers dindividus (Croates, Slovènes, Slovaques, Hongrois, etc.) qui ont fui la Serbie et sont retournés dans leur république ou pays dorigine.
Les États de Serbie-et-Monténégro comptaient 2005 une population de 10,6 millions, dont 9,9 millions (93,2 %) pour toute la Serbie, et 716 029 (6,7 %) pour le Monténégro. Si l'on ne considère que l'État de la Serbie, la Serbie intérieure compte pour 53,0 % de la population, le Kosovo, 20,2 %, la Voïvodine, 19,9 %. Le nombre des habitants de la Serbie intérieure (sans le Kosovo et la Voïvodine) est 5 670 229.
Entité administrative | Nom serbe | Population 1991 | Population 2003 | Estimation 2005 | Superficie |
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Serbie intérieure | Централна Србија | 5 582 611 | 5 637 000 | 5 670 229 | 55 968 km² |
- Kosovo et Metohija | Косово и Метохија | 1 956 196 | 2 088 700 | 2 160 510 | 10 887 km² |
- Voïvodine | Војводина | 1 966 367 | 2 092 400 | 2 134 409 | 21 506 km² |
Monténégro | Црна Гора | 615 035 | 676 600 | 716 029 | 13 812 km² |
TOTAL Serbie-et-Monténégro |
10 120 209 | 10 494 400 | 10 681 177 | 102 350 km² |
3.1 Un pays multiethnique
De tous les pays dEurope, la Serbie-Monténégro demeure certainement lun des plus cosmopolites. En effet, on y compte de nombreux groupes ethniques, dont plusieurs minorités nationales représentant le tiers de la population totale (voir le tableau). Signalons dabord les Serbes (63,0 %), les Albanais (18,8 %), les Monténégrins (5,0 %), les Hongrois (3,3 %), les Bosniaques (2,8 %), les Tsiganes romano-serbes (1,4 %), les Croates (1 %), les Roumains (0,7 %), les Slovaques (0,6 %), les Bulgares (0,5 %), les Turcs (0,4 %), les Macédoniens (0,4 %), les Russes (0,4 %), etc., sans oublier les Aroumains, les Ruthènes et quelques autres.
Groupe ethnique | Population 2004 | Pourcentage | Religion | Langue | |
Serbes | 6 596 000 | 63,0 % | orthodoxe | serbe | |
Albanais (Gheg) | 1 758 000 | 18,8 % | islam | albanais | |
Monténégrins | 530 000 | 5,0 % | christianisme | serbe | |
Hongrois | 350 000 | 3,3 % | christianisme | hongrois | |
Bosniaques | 300 000 | 2,8 % | islam | serbe | |
Tsiganes romano-serbes | 152 000 | 1,4 % | christianisme | tsigane romano-serbe | |
Croates | 114 000 | 1,0 % | christianisme | serbe | |
Roumains | 80 000 | 0,7 % | christianisme | roumain | |
Slovaques | 68 000 | 0,6 % | christianisme | slovaque | |
Bulgares | 60 000 | 0,5 % | christianisme | bulgare | |
Turcs | 52 000 | 0,4 % | islam | turc | |
Macédoniens | 50 000 | 0,4 % | christianisme | macédonien | |
Russes | 50 000 | 0,4 % | christianisme | russe | |
Tsiganes valaques | 40 000 | 0,3 % | christianisme | tsigane des Valaques | |
Tchèques | 40 000 | 0,3 % | christianisme | tchèque | |
Allemands | 30 000 | 0,2 % | christianisme | allemand | |
Ruthènes | 30 000 | 0,2 % | christianisme | ruthène | |
Polonais | 25 000 | 0,2 % | christianisme | polonais | |
Italiens | 21 000 | 0,2 % | christianisme | italien | |
Tsiganes des Balkans | 20 000 | 0,1 % | religion traditionnelle | tsigane des Balkans | |
Arabes | 20 000 | 0,1 % | islam | arabe | |
Iraniens gorani | 20 000 | 0,1 % | islam | serbe | |
Frioulans | 12 000 | 0,1 % | christianisme | frioulan | |
Aroumains | 10 000 | 0,0 % | christianisme | aroumain | |
Grecs | 10 000 | 0,0 % | christianisme | grec | |
Istriotes | 6 100 | 0,0 % | christianisme | istrio-roumain | |
Juifs serbo-croates | 3 000 | 0,0 % | judaïsme | serbe | |
Ukrainiens | 3 000 | 0,0 % | christianisme | ukrainien | |
Adighéens (Circassiens) | 2 000 | 0,0 % | islam | adighéen | |
Méglénites | 1 000 | 0,0 % | christianisme | mégléno-roumain | |
Tsiganes des Sintes | 1 000 | 0,0 % | christianisme | tsiganes des Sintes | |
Total des groupes |
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100 % | |||
Autres (non classés) | 56 000 | ||||
Français | 5 000 | christianisme | français | ||
Britanniques et Américains | 7 000 | christianisme | anglais | ||
Population totale (2004) | 10 522 100 | Source: Joshua Project |
3.2 La répartition géolinguistique
Lorsquon observe la répartition géographique des groupes ethniques, on constate que les Serbes occupent toute la Serbie, une grande partie de la Voïvodine au sud et une très faible portion du Kosovo. Quant aux Albanais, ils sont fortement concentrés dans «leur» province du Kosovo avec une petite portion près de la frontière du Monténégro et de lAlbanie, mais quelque 100 000 autres habitent à Belgrade et sa banlieue. Pour leur part, les Musulmans (ou Bosniaques), ces Serbes islamisés, sont concentrés au sud de la Serbie et au nord-est du Monténégro dans la région du Sandjak. Enfin, les Hongrois (en Voïvodine), les Bulgares, les Roumains, les Valaques et les Macédoniens occupent généralement les zones frontalières de leur pays dorigine, mais plusieurs résident à Belgrade. Seuls les Croates, les Tsiganes, les Ukrainiens, les Slovaques et les Slovènes demeurent isolés et dispersés.
La carte ci-dessus ne représente qu'un partie des groupes ethniques de la Serbie, notamment en Voïvodine et au Kosovo. Pour plus de précisions, il faut consulter les cartes ethnolinguistiques de chacune des provinces: Voïvodine et Kosovo.
3.3 Les familles de langues
Au plan des familles linguistiques, les Bosniaques (de langue serbe), les Croates (de langue croate), les Slovènes (de langue slovène), les Slovaques (de langue slovaque), les Macédoniens (de langue macédonienne), les Bulgares (de langue bulgare) et les Ukrainiens (de langue ukrainienne) parlent des langues slaves. De leur côté, les Roumains (avec le roumain) et les Valaques (avec l'aroumain) parlent une langue romane, alors que les Tsiganes sexpriment en tsigane (ou l'une des ses variétés), une langue indo-iranienne. Seuls les Hongrois (famille ouralienne), les Turcs (famille altaïque) et les Adighéens (famille caucasienne) ne parlent pas une langue indo-européenne.
3.4 Langues et religions
Une mise au point savère ici nécessaire au sujet de la langue serbe. Au plan strictement linguistique, les Serbes, les Monténégrins, les Bosniaques (Serbes islamisés de Serbie), les Bosniaques de Bosnie-Herzégovine et les Croates parlent tous la même langue, le serbo-croate. Depuis le démantèlement de la Yougoslavie socialiste, le serbo-croate des Serbes est appelé le serbe, celui des Croates le croate, celui des Monténégrins le monténégrin, et celui des Bosniaques de Serbie et de Bosnie-Herzégovine, le bosniaque.
Au plan de lappartenance religieuse, des distinctions doivent être établies. Bien que les Serbes et les Musulmans (ou Bosniaques) parlent la même langue, ils constituent des «nations» différentes parce que les premiers sont de religion orthodoxe, les seconds pratiquent lislam sunnite. Même si les Bosniaques, les Albanais et les Turcs sont tous musulmans, ils constituent trois peuples distincts parlant des langues distinctes: serbe ou bosniaque, albanais, turc. La notion «yougoslave» de peuple repose sur la représentation religieuse qui prévaut sur celle de la langue. Cest comme si on considérerait des Américains ou des Canadiens catholiques, protestants, musulmans, etc., comme constituant des peuples distincts. On sait que tel nest pas le cas, contrairement à ce qui prévaut en ex-Yougoslavie et en Bosnie-Herzégovine.
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(1) Informations préliminaires |
(2) Données historiques |
(3) Communauté étatique de Serbie-et-Monténégro |
(4) L'État de Serbie |
(5) L'État du Monténégro |
(6) Bibliographie |
Province du Kosovo (Serbie) |
- | Province de la Voïvodine (Serbie) |