Tibet drapeau non officiel
Tibet (1912-1949)
Le Tibet historique

(Le Grand Tibet)

1. Le Tibet historique

Le Tibet d'aujourd'hui correspondant à la région autonome n'est pas le Tibet d'avant l'annexion du territoire par la Chine. En effet,  la superficie du Tibet actuel (Région autonome du Tibet) est de 1 221 600 km², mais le Tibet historique comptait 2,5 millions de kilomètres carrés.  Le redécoupage administratif imposé par la Chine sur le Tibet à partir de 1950 a diminué de moitié l'ancien territoire tibétain. Le Grand Tibet équivaut à près de 40 % de la superficie de la Chine dans ses frontières actuelles (9,6 millions km²). La carte de gauche illustre les anciennes frontières (en rouge) du Tibet, qui englobaient les actuelles provinces chinoises du Qinghai , du Sichuan et du Yunnan.

Le Tibet fut un État indépendant de facto entre l'effondrement de la dynastie Qing dirigée par les Mandchous en 1912 et son annexion par la République populaire de Chine en 1951.

2. Le Tibet indépendant (1912-1949)

Lorsque le gouvernement provisoire de la République de Chine remplaça la dynastie Qing en tant que gouvernement de la Chine, l'édit impérial d'abdication de l'empereur Qing accordait à la nouvelle république chinoise le droit légal d'hériter de tous les territoires de la dynastie Qing, y compris le Tibet.

Cependant, la république de Chine se révéla incapable d'affirmer de facto son autorité au Tibet. Le dalaï-lama de l'époque (Thupten Gyatso) déclara que les relations du Tibet avec la Chine avaient pris fin avec la chute de la dynastie Qing et proclama l'indépendance du Tibet. Avec sa proclamation d'indépendance et la conduite de ses propres affaires intérieures et extérieures au cours de cette période, le Tibet fut considéré comme un «État indépendant de facto», selon le droit international, bien que cette indépendance n'ait été formellement reconnue par aucun pays occidental, ni par la Chine elle-même. 

En 1931 et de nouveau en 1946, le gouvernement tibétain dépêcha des émissaires à l'Assemblée nationale chinoise pour discuter du statut du Tibet, sans aucun résultat. Après la mort du 13e dalaï-lama (Thupten Gyatso) en 1933, une mission de condoléances envoyée à Lhassa par le gouvernement nationaliste chinois dirigé par le Kuomintang afin d'entamer des négociations sur le statut du Tibet fut autorisée à ouvrir un bureau et à y rester, bien qu'aucun accord n'ait été conclu.

Cette période prit fin après que le gouvernement nationaliste de la république de Chine eût perdu la guerre civile contre le Parti communiste chinois. L'Armée populaire de libération entra au Tibet en 1950 et l'accord en 17 points fut imposé et signé, réaffirmant ainsi la souveraineté de la Chine sur le Tibet l'année suivante.

3. La disparition des provinces tibétaines

Depuis des siècles, le Tibet historique ou «Grand Tibet» comptait trois provinces:  l'U-Tsang, l'Amdo et le Kham. 

En 1965, les frontières du Tibet furent redéfinies par les autorités chinoises. Aujourd'hui, seule la province de l'U-Tsang, avec une petite partie du Kham, constitue la Région autonome du Tibet. L'ancienne province d'Amdo fait maintenant partie de la province chinoise du Qinghai, et le Kham a été divisé et incorporé aux provinces du Gansu, du Yunnan et du Sichuan.

Rappelons les faits: le Tibet fut «envahi» ou «libéré» (selon l'interprétation tibétaine ou chinoise) par les troupes de l'Armée populaire de libération en 1950. Après l'annexion du Grand Tibet, la province d'Amdo fut détachée du Tibet pour devenir aujourd'hui la province du Qinghai.

4. La sinisation du territoire tibétain

Le redécoupage administratif imposé par la Chine sur le Tibet a diminué de moitié l'ancien territoire tibétain, ce qui correspond à près de 40 % de la superficie de la Chine dans ses frontières actuelles (9,6 millions de km²).

Ce redécoupage correspond à la distinction plus ancienne entre le «Tibet extérieur» (la Région autonome actuelle) et le «Tibet intérieur» (les provinces orientales actuelles du Qinghai, Sichuan, Yunnan et Gansu).


Cette réduction de la superficie du Tibet permet de parler de minorisation des Tibétains par les Chinois han, puisque les Tibétains de ces quatre provinces ne forment plus aujourd'hui que 22,5 % (Qinghai), 33,1 % (Yunnan), 53,7 % (Sichuan) et 51,4 % (Gansu). La minorisation, très avancée dans le Qinghai et le Yunnan, va se poursuivre inexorablement. On constate, par exemple, que les Tibétains de la province du Qinghai ne constituent que 22 % de la population de l'ancienne province tibétaine de l'Amdo. Les Han sont majoritaires avec 54 %. Cependant, dans les «préfectures autonomes tibétaines» (Haibei, Huangnan, Hainan, Golog et Gyêgu), ils forment encore des majorités locales:

1. Le canton autonome tibétain de Tianzhu a été annexé par la Chine en 1957pour devenir une subdivision administrative de la province du Gansu; il est placé sous la juridiction de la ville-préfecture de Wuwei.
2. Le département autonome tibétain de Gannan (en chinois) ou de Kanlho (en tibétain) faisait partie de l'ancienne province tibétaine d'Amdo; elle fut réorganisée en tant que préfecture tibétaine autonome de la province chinoise du Gansu en 1958-1964.
3.  Le département autonome tibétain de Ngapa faisait partie de l'ancienne province d'Amdo; elle fut réorganisée comme une préfecture tibétaine autonome de la province chinoise du Sichuan avant 1950.
4.  Le département autonome tibétain de Ganze faisait partie de l'ancienne province tibétaine du Kham; elle fut occupée par les troupes de l'Armée populaire de libération avant que les communistes n'arrivent au pouvoir en 1949. Elle fut réorganisée comme une partie de l'ancienne province du Sikang en 1950-1954. En 1957, le Sikang fut incorporé dans la province du Sichuan en tant que préfecture autonome. 
5. Le canton autonome de Muli ou district autonome tibétain de Muli (32 % de Tibétains) a été annexé par la Chine en 1957 et intégré dans la province du Sichuan. Il est aujourd'hui une subdivision administrative de la province du Sichuan placé sous la juridiction de la préfecture autonome yi de Liangshan. 
6.  Le département autonome tibétain de Dêqên faisait partie de la province tibétaine de Kham; elle fut occupé par troupes de l'Armée populaire de libération avant 1949 et incorporée dans la province du Yunnan.
7. La province du Qinghai fut découpée à partir de la province tibétaine de l'Amdo en 1955. Cette région avait été revendiquée dès 1720 par l'empereur chinois K'ang Hsi; sous le régime du Kuomintang, le général Tchang Kaï-chek avait réclamé lui aussi le territoire, mais ce sont les communistes qui, après 1950, réussirent à faire le suivi de cette revendication chinoise. Cependant, les Tibétains ont toujours refusé de reconnaître les anciennes revendications territoriales.
8. La Région autonome du Tibet correspond à l'ancienne province tibétaine de l'U-Tsang; elle fut proclamée «région autonome» de la Chine en 1965. Les Chinois, lorsqu'ils parlent du Tibet, renvoient invariablement à la Région autonome du Tibet (RAT), laquelle correspond à environ la moitié de la superficie du Tibet historique. La superficie du Tibet actuel  (RAT) est de 1 221 600 km², mais le Tibet historique comptait 2,5 millions de kilomètres carrés. 

Ce redécoupage correspond à la distinction plus ancienne entre le «Tibet extérieur» (la région autonome actuelle) et le «Tibet intérieur» (les provinces orientales actuelles du Qinghai, Sichuan, Yunnan et Gansu). Cette réduction de la superficie du Tibet permet de parler de minorisation des Tibétains par les Chinois han, puisque les Tibétains de ces quatre provinces ne forment plus aujourd'hui que 22,5 % (Qinghai), 33,1 % (Yunnan), 53,7 % (Sichuan) et 51,4 % (Gansu). La minorisation, très avancée dans le Qinghai et le Yunnan, va se poursuivre inexorablement.

Lorsque l'actuel dalaï lama parle de minorisation du Tibet, il réfère à chaque fois du Grand Tibet; pour lui, le Tibet de la région autonome n'est qu'une partie du Tibet. Quant aux Chinois, le Tibet correspond invariablement à la Région autonome du Tibet (RAT); ils ont intérêt à faire oublier les différentes amputations qu'a subies le Grand Tibet depuis 1953. Si le Tibet retrouvait un jour son indépendance, ce ne serait certainement pas le Tibet historique, mais la seule région autonome. Mais ce n'est pas demain la veille!

 

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