[Lesotho]
Royaume du Lesotho

Lesotho

Kingdom of Lesotho

Capitale: Maseru
Population: 2,1 millions (est. 2004)
Langues officielles: sotho et anglais 
Groupe majoritaire:  sotho (96,7 %)
Groupes minoritaires: zoulou (2,3 %), xhosa (0,4 %), anglais, afrikaans, chinois, hindi, etc.
Langue coloniale:  anglais
Système politique: monarchie parlementaire
Articles constitutionnels (langue):  art. 3, 4, 6, 12 18, 21, 26 et 58 de la Constitution du 2 avril 1993
Lois linguistiques: aucune

1 Situation géographique

Le Lesotho, appelé officiellement royaume du Lesotho, est un pays d'Afrique australe, entièrement enclavé dans l'Afrique du Sud. C'est un petit pays de 30 355 km², l'équivalent de la Belgique (32 545 km²). Le Lesotho correspond à l'ancien Basutoland qui est devenu indépendant en 1966 dans le cadre du Commonwealth.

Maseru, la capitale, est la ville la plus importante, avec une population estimée à quelque 120 000 habitants. Les autres villes importantes sont Teyateyaneng, Mafeteng et Hlotse. Le Lesotho est divisé en 10 districts administratifs (Berea, Butha-Buthe, Leribe, Mafeteng, Maseru, Mohale's Hoek, Mokhotlong, Qacha's Nek, Quthing et Thaba-Tseka), subdivisés en wards (ou sections électorales), présidés par les chefs héréditaires et administrés par les coordinateurs de district.

Le Lesotho possède une géographie particulière dans la mesure où il bénéficie de frontières naturelles, sur plus de 900 km. En effet, ce petit pays, totalement enclavé en Afrique du Sud, est délimité du nord au sud-ouest par le fleuve Caledon, la chaîne de montagnes Drakensberg à l'est et les hautes terres du Sud, qui forment la frontière orientale du Lesotho (et partiellement celle de l'État libre d'Orange en Afrique du Sud); ce pays se situe en son point géographique le plus bas à 1400 mètres d'altitude (au croisement de la Caledon et de la rivière Orange), le point le plus haut étant le mont Thabana Ntlenyana à 3482 mètres au nord-est.

C'est le seul pays du monde a être situé aussi haut en altitude sur l'ensemble de son territoire. Cette configuration  constitue autant de barrières faisant du Lesotho une sorte de forteresse naturelle. À l'ouest, des terres vallonnées occupent environ un tiers du pays, entre 1525 et 1830 mètres d'altitude.

Les routes sont presque inexistantes dans le pays, les voyages se faisant surtout à cheval. La circulation nord-sud est particulièrement difficile au nord-est en raison de la chaîne du Drakensberg. L'Orange, fleuve qui traverse le pays, y prend sa source; on y trouve également le point culminant du pays, le Thabana Ntlenyana. Environ 80 % de la population active dépend de l'agriculture. Économiquement, le Lesotho reste très dépendant de son grand voisin, l'Afrique du Sud.

2 Données démolinguistiques

La population du Lesotho était estimée à 2,1 millions d'habitants en 2004. Ce sont les districts de Leribe (17,5 %) et de Maseru (19,0 %), qui sont les plus peuplés. On ne compte que trois ethnies autochtones au Lesotho: les Sothos du Sud (très majoritaires), les Zoulous et les Xhosa, auxquels s'ajoutent deux petites communautés d'Afrikaners (anciennement les Boers, ces descendants des colons néerlandais) et de Britanniques. On compterait aussi quelque 3000 Chinois et Indo-Pakistanais.

Ethnie Langue maternelle Affiliation linguistique Population
Sothos du Sud sotho du Sud famille bantoue 2 110 000
Zoulous zoulou famille bantoue     51 000
Xhosa xhosa famille bantoue    10 000
Afrikaners afrikaans  langue germanique      2 100
Britanniques anglais  langue germanique      2 100
Asiatiques hindi/ourdou
chinois
langue indo-iranienne
famille sino-tibétaine
     3 000
Total --- --- 2 178 200

Les Sothos du Lesotho sont des Basothos appartenant à l'ethnie des Sothos du Sud. On distingue les Sothos du Sud (Lesotho) des Sothos de l'Ouest (les Tswana du Swaziland) et des Sothos du Nord (ou (ou Sepedi habitant dans la province du Nord en Afrique du Sud).

Les trois langues autochtones du Lesotho appartiennent toutes à la famille bantoue, comme c'est le cas pour la plupart des langues indigènes d'Afrique du Sud. Le sotho constitue la langue massivement majoritaire parce qu'elle est parlée par 96,7 % des locuteurs du pays. Les langues minoritaires sont le zoulou, le xhosa, l'anglais, l'afrikaans, le chinois et l'hindi ou l'ourdou. L'anglais et l'afrikaans, deux langues germaniques, ont été apportés lors de la colonisation européenne, alors que le chinois (famille sino-tibétaine) et l'hindi (langue indo-iranienne) résulte de l'immigration causée par les politiques britanniques en matière de main-d'oeuvre.

L'anglais et le sotho (appelé également sésotho) sont les langues officielles du Lesotho. L'anglais a conservé son statut au moment de l'indépendance, mais les Lesothans ont estimé qu'il était inconcevable que leur langue nationale ne bénéficie pas de ce statut à côté de l'anglais.

2.1 Le sotho du Sud

La langue des Sothos du Lesotho est connue sous le nom de sotho du Sud ou sésotho. En Afrique du Sud, on l'appelle sotho du Nord ou pedi; ces deux variétés sont considérées, au point de vue juridique et politique, comme deux langues distinctes. Mais l'intercompréhension entre les Sothos du Nord et les Sothos du Sud, de même qu'avec les Tswanas d’Afrique du Sud et du Botswana, étant relativement aisée, on peut considérer que le sotho du Nord, le sotho du Sud et le tswana (ou setswana) constituent trois variantes d'une même langue. Il semble que ces distinctions de statut proviennent des autorités sud-africaines de l'époque de l’apartheid afin de fragmenter politiquement et idéologiquement le plus possible la population noire du pays. L’ensemble des Sotho-Tswanas représente quelque 12 millions de locuteurs, ce qui n'est pas rien.

Variété Pays Ethnologue
(1996)
Ethnologue
(total)
Sotho du Nord (pedi) Afrique du Sud 3 840 000     3 851 000
Sotho du Sud Lesotho
Afrique du Sud
1 493 000
2 704 000
    4 197 000
Tswana Botswana
Namibie
Zimbabwe
1 070 000
      6 050
    29 350
    4 000 000
Total   9 142 400   12 048 000

Peu importe le nom qu'on leur donne, ces variétés de sotho sont parlées en Afrique du Sud, au Lesotho, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe. De plus, le sotho du Nord, appelé pedi ou sotho du Transvaal, est fragmenté en de multiples dialectes: masemola, kgaga, koni, tswene, gananwa, pulana, phalaborwa, khutswe, lobedu, tlokwa, pai, dzwabo, kopa et matlala-moletshi. Quant au tswana, on distringue le tlharo, le tlhaping et le tawana. Pour sa part, le sotho du Sud parlé au Lesotho est souvent considéré comme le «sotho correct».

Toutes les variétés ont leur propre orthographe, car elles n'ont jamais été normalisées. Il existe deux formes principales de représentation orthographique pour le sotho, l'une pour le sotho du Sud au Lesotho et l'autre pour le sotho du Nord en Afrique du Sud. Voici quelques exemples qui montrent comment les deux orthographes diffèrent :

Sotho du Nord
(Afrique du Sud)

Sotho du Sud
(Lesotho)

Traduction

dumela lumela bonjour
tjhelete chelete argent (monnaie)
tsamaya tsamaea aller (v.)
nwa noa boisson
nkwe nkoe léopard
morutwa morutuoa élève/étudiant
kgotso khotso paix
wena uena tu/vous
O phela jwang? U phela joang? Comment allez-vous?

En 1945 Jacob M. Nhlapo, membre du Parti du Congrès national africain (African National Congress), avait suggéré une orthographe commune pour les trois variantes du sotho (sotho du Sud, sotho du Nord et twana), mais le projet n'a jamais abouti, le gouvernement sud-africain n'ayant jamais voulu coopérer. Récemment, des universitaires tels que Neville Alexandre et C. T. Msimang ont de nouveau soulevé la question de l'harmonisation de certaines langues africaines, dont le sotho, en vain.

2.2 Les langues minoritaires

Les langues autochtones telles que le zoulou et le xhosa sont des langues bantoues, comme le sotho. Ainsi, les Lesothans d'origine partagent des éléments culturels et historiques importants. Il n'en est pas ainsi de l'anglais et de l'afrikaans parlés par les minorités blanches, mais ces langues, surtout l'anglais, ont un prestige indéniable. Il est relativement rare qu'un Britannique connaisse le sotho, mais il est fréquent qu'un Sotho sache ou baraguine l'anglais.  

Enfin, 93 % des Lesothans sont des chrétiens (catholiques, évangéliques ou anglicans), les autres ayant conservé leurs croyances traditionnelles.

3 Données historiques

Les premiers habitants de cette région semblent avoir été les Bochimans. Les premiers groupes d'éleveurs basothos s'établirent sur ce territoire montagneux seulement au XVIIIe siècle, afin de s'échapper à l'expansion des Zoulous et à la progression des colons hollandais (Afrikaners). Au XIXe siècle, l'un des chefs sothos (de la tribu kwena: «crocodile») les plus remarquables de l'Afrique méridionale, Moshoeshoe Ier (vers 1786-1870), réussit à unifier les 23 ethnies de Sothos du Sud lors du Mfecane, une série de conflits nés de la rencontre des expansionnismes boers et zoulous. Moshoeshoe parvint à composer avec les missionnaires qui cherchaient à évangéliser le pays. Ce sont les missionnaires qui, en 1833, ont créé la forme écrite et l'orthographe du sotho, en particulier, les français Thomas Arbousset, Eugénie Casalis et Constant Gosselin, de la Société missionnaire évangélique de Paris (Paris Evangelical Missionary Society). 

Puis, plus tard, Moshoeshoe s'allia aux Britanniques pour lutter contre l'expansion des Boers près de ses terres (l'État libre d'Orange). Mais les défenseurs du pays se trouvaient trop peu nombreux et moins bien armés que les troupes adverses, le royaume se plaça alors sous la protection britannique en 1868. Devenu un protectorat au sein de l'Empire britannique, le royaume prit le nom de Basutoland.  Refusant de rendre les armes, les Sothos entamèrent en 1881 une guerre contre leurs protecteurs. Toutefois, un compromis fut trouvé la même année: les armes furent conservées, moyennant une taxe, et il fut assuré que les Blancs ne pourraient acquérir de terre dans le pays.  Précocement christianisée, les Sothos durent aux missions un degré d'instruction assez élevé.

3.1 Du protectorat britannique à l'indépendance

En 1871, les Britanniques placèrent le Basutoland sous le contrôle de la colonie du Cap, contre le gré des Sothos qui se soulevèrent. La Grande-Bretagne reprit le contrôle direct du territoire en 1884. Contre le vœu des chefs sothos, la Loi de l'union sud-africaine (South African Act of Union) de 1910 prévoyait l'intégration de la région à l'Afrique du Sud, mais le pays resta autonome et s'opposa à son annexion forcée.

La fondation du Parti du Congrès des Basothos (Basotho Congress Party: BCP) en 1952 marqua la naissance d'une vie politique moderne au Lesotho. Le BCP remporta les premières élections de 1960, mais fut battu en 1965 par le Parti national basotho (Basotho National Party: BNP), fondé en 1958. Son dirigeant, le chef Joseph Leabua Jonathan, fut nommé premier ministre. Le Basutoland devint indépendant sous le nom de royaume du Lesotho, le 4 octobre 1966.

3.2 Le Lesotho indépendant

Au moment de l'indépendance, le Lesotho devint une monarchie et le chef suprême des Sothos, Moshoeshoe II (1938-1996), accéda officiellement au trône. Les dirigeants du Lesotho durent faire preuve de pragmatisme à l'égard de l'Afrique du Sud, dont ils recevaient le soutien, tout en rejetant l'apartheid. Le sotho fut choisi comme langue co-officielle avec l'anglais, mais l'anglais a été utilisé comme langue principale au gouvernement, en éducation et dans les tribunaux durant plusieurs années après l'indépendance.

À la veille des élections de janvier 1970, Joseph Jonathan, craignant la défaite de son parti, annula le scrutin et déclara l'état d'urgence. Gouvernant par décret jusqu'en 1973, il fit arrêter les chefs du BCP, interdit les partis d'opposition et suspendit la Constitution et le Parlement. Après l'échec d'une révolte armée en 1974, les dirigeants du BCP durent s'exiler et formèrent un groupe armé, l'armée de libération du Lesotho (Lesotho Liberation Army). Jonathan accusa le gouvernement sud-africain d'héberger et d'encourager les rebelles. Les relations avec l'Afrique du Sud s'envenimèrent encore dans les années quatre-vingt, lorsque Jonathan refusa de chasser du Lesotho des membres exilés du Congrès national africain (African National Congress: ANC), un mouvement nationaliste noir en lutte contre le régime d'apartheid. Par deux fois, en 1982 et 1985, les forces sud-africaines organisèrent des raids sanglants au Lesotho, contre l'ANC.

En 1986, Jonathan fut renversé par un coup d'État fomenté par le général Lenkhanya. Les pouvoirs exécutif et législatif furent officiellement confiés au roi Moshoeshoe II, mais, en pratique, ils furent exercés par un Conseil militaire dirigé par le général de division Justin Lekhanya. À la suite d'une lutte d'influence avec le conseil, le roi Moshoeshoe II fut exilé en mars 1990. Son fils aîné, le prince Bereng Seeisa fut couronné sous le nom de Letsie III, en novembre de la même année. En avril 1990, Lekhanya fut destitué du Conseil militaire. Peu après, le Conseil annonça des élections pluripartites pour 1992. Les élections, qui n'avaient eu lieu qu'en mars 1993, donnèrent la victoire au BCP. Le chef du parti, Ntsu Mokhehle, devint premier ministre. En août 1993, dans un contexte de grave crise politique, Letsie III suspendit la Constitution et le Parlement, puis renvoya le gouvernement. Le mois suivant, après l'intervention du Botswana, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe, le roi rétablit le gouvernement de Ntsu Mokhehle, la Constitution et le Parlement pour abdiquer en faveur de son père. Le vieux Moshoeshoe II rentra au Lesotho au début de 1995 et fut restauré sur le trône le 25 janvier. La situation politique du pays parut dès lors stabilisée jusqu'au décès accidentel (un accident de la circulation) du souverain en janvier 1996.

Letsie III, revenu au pouvoir, dirigea une monarchie parlementaire; en 1997, il fut accusé par l'armée d'abriter des policiers recherchés par la justice. En juin 1998, la contestation par l'armée et la population du résultat des élections favorables au Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD), le parti au pouvoir, entraîna des désordres et des pillages. Des troupes d'Afrique du Sud et du Botswana furent appelées par le premier ministre Pakalitha Mosisili, sans l'assentiment du souverain qui s’éleva contre l'intervention sud-africaine. Très pointilleuse sur la nature de ses relations avec Pretoria, la population sotho accusa son puissant voisin de considérer le Lesotho comme sa «onzième province».

4 La politique linguistique

Le Lesotho est un État officiellement bilingue. En principe, l'État devrait se préoccuper de la promotion et de l'usage des deux langues. En vertu de l'article 3 de la Constitution du 2 avril 1993, les langues officielles du Lesotho sont le sotho (sésotho) et l'anglais:

Article 3
Official languages, National Seal, etc.

(1) The official languages of Lesotho shall be Sesotho and English and, accordingly, no instrument or transaction shall be invalid by reason only that it is expressed or conducted in one of those languages.

[...]
Article 3
Langues officielles, sceau national, etc.


(1) Les langues officielles du Lesotho sont le sotho et l'anglais et, en conséquence, aucune transaction ou document ne sera déclaré illégal pour l'unique raison qu'il est rédigé ou mené dans l'une de ces langues.

[...]

Dans les faits, le sotho du Sud est considéré comme la langue nationale et la première langue officielle, alors que l'anglais est la seconde langue officielle.

L'État interdit également la discrimination dont celle en matière linguistique. L'article 4 prévoit une disposition à cet égard:

Article 4
Fundamental human rights and freedoms


(1) Whereas every person in Lesotho is entitled, whatever his race, colour, sex, language, religion, political or other opinion, national or social origin, property, birth or other status to fundamental human rights and freedoms, that is to say, to each and all of the following - [...]
Article 4
Droits de l'homme et libertés fondamentales


(1) Attendu que quiconque au Lesotho a droit aux libertés fondamentales et aux droits de l'homme, indépendamment de sa race, sa couleur, son sexe, sa langue, sa religion, ses opinions politiques ou autres, son origine nationale ou sociale, ses titres de propriété, sa naissance ou tout autre statut, c'est-à-dire à chacun et ci-après - [...]

D'ailleurs, l'article 18 définit ce que signifie le mot «discriminatoire». Quant à l'article 26, il prévoit uns disposition en matière d'égalité et de justice:

Article 26
Equality and justice


(1) Lesotho shall adopt policies aimed at promoting a society based on equality and justice for all its citizens regardless of race, colour, sex, language, religion, political or other opinion, national or social origin, property, birth or other status.

(2) In particular, the State shall take appropriate measures in order to promote equality of opportunity for the disadvantaged groups in the society to enable them to participate fully in all spheres of public life.
Article 26
Égalité et justice


(1) Le Lesotho adoptera la politique visée promouvant une société basée sur l'égalité et la justice pour tous ses citoyens, indépendamment de sa race, sa couleur, son sexe, sa langue, sa religion, son opinion politique ou autre, son origine nationale ou sociale, ses titres de propriété, sa naissance ou de tout autre statut.

(2) De façon particulière, l'État prendra des mesures appropriées pour promouvoir l'égalité des chances à l'égard des groupes désavantagés dans la société pour leur permettre de participer entièrement à toutes les sphères de la vie publique.

4.1 Le bilinguisme de l'État

Le sotho et l'anglais étant les langues co-officielles, l'article 58 prévoit que la connaissance d'une des deux langues est une condition nécessaire pour être nommé au Sénat ou élue à l'Assemblée nationale:

Article 58
Qualifications for membership of Parliament

(1) Subject to the provisions of section 59 of this Constitution, a person shall be qualified to be nominated as a Senator by the King acting in accordance with the advice of the Council of State or designated by a Principal Chief as a Senator in his place if, and shall not be so qualified unless, at the date of his nomination or designation, he -

(a) is a citizen of Lesotho; and
(b) is able to speak and, unless incapacitated by blindness or other physical cause, to read and write either the Sesotho or English languages well enough to take an active part in the proceedings of the Senate.

2) Subject to the provisions of section 59 of this Constitution, a person shall be qualified to be elected as a member of the National Assembly if, and shall not be so qualified unless, at the date of his nomination for election, he -

(a) is a citizen of Lesotho; and
(b) is registered in some constituency as an elector in elections to the National Assembly and is not disqualified from voting in such elections; and
(c) is able to speak and, unless incapacitated by blindness or other physical cause, to read and write either the Sesotho or English language well enough to take an active part in the proceedings of the National Assembly.

Article 58
Qualifications pour devenir membre du Parlement

(1) Conformément aux dispositions de l'article 59 de la présente Constitution, toute personne pourra se qualifier pour être nommée sénateur par le roi agissant conformément à l'avis du Conseil d'État ou désigné par un chef principal comme sénateur à sa place, si et seulement, à la date de sa mise en nomination, elle :

(a) est un citoyen du Lesotho; et
(b) est capable de parler et, à moins d'être handicapée par la cécité ou une autre cause physique, peut lire et écrire dans les langues sotho ou anglaise, assez bien pour prendre un part active aux délibérations du Sénat.

(2) Conformément aux dispositions de l'article 59 de la présente Constitution, toute personne pourra se qualifier pour être élue membre de l'Assemblée nationale si, et seulement si, à la date de sa mise en nomination en vue de l'élection, elle: -

(a) est un citoyen du Lesotho; et
(b) figure au registre des électeurs d'une circonscription dans le cadre d'élections à l'Assemblée nationale et n'a pas été disqualifiée; et
(c) est capable de parler et, à moins d'être handicapée par la cécité ou une autre cause physique, peut lire et écrire dans les langues sotho ou anglaise, assez bien pour prendre un part active aux délibérations de l'Assemblée nationale.

Dans les faits, les membres du Sénat et de l'Assemblée nationale emploient les deux langues, mais dans les délibérations le sotho est plus utilisé. Les lois sont rédigées en sotho, puis traduite en anglais.

Dans les cours de justice, les deux langues sont admises. Certaines dispositions (art. 6, 12 et 21 prévoient que quiconque est arrêté ou détenu sera informé, aussitôt qu'il est raisonnable de le faire, dans une langue qu'il comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention:

Article 6
Right to personal liberty


[...]

(2) Any person who is arrested or detained shall be informed as soon as is reasonably practicable, in a language that he understands, of the reasons for his arrest or detention.
 

Article 12
Right to fair trial, etc.

[...]

(2) Every person who is charged with a criminal offence -

(a) shall be presumed to be innocent until he is proved or has pleaded guilty;
(b) shall be informed as soon as reasonably practicable, in language that he understands and in adequate detail, of the nature of the offence charged;

[...]

(f) shall be permitted to have without payment the assistance of an interpreter if he cannot understand the language used at the trial of the charge,

[...]

Article 21
Derogation from fundamental human rights and freedoms

[...]

(2) When a person is detained by virtue of any such law as is referred to in subsection (1) the following provisions shall apply, that is to say

(a) he shall, as soon as reasonably practicable after the commencement of his detention, be furnished with a statement in writing in a language that he understands specifying in detail the grounds upon which he is detained; [...]

Article 6
Droit à la liberté personnelle


[...]

(2) Quiconque est arrêté ou détenu sera informé, aussitôt qu'il est raisonnable de le faire, dans une langue qu'il comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention.

Article 12
Droit à un procès juste, etc.

[...]

(2) Quiconque est accusé d'un délit :

(a) sera présumé innocent à moins qu'il ne soit trouvé coupable ou ait plaidé coupable;
(b) sera informé, aussitôt qu'il sera raisonnable de le faire, dans une langue qu'il comprend et en détails suffisants, de la nature de l'infraction dont il est accusé;

[...]

(f) aura l'autorisation de recourir sans frais aux services d'un interprète s'il ne peut pas comprendre la langue employée lors du procès où il est accusé,

[...]

Article 21
Dérogation de droits de l'homme fondamentaux et libertés

[...]

(2) Lorsqu'une personne est détenue en vertu de la présente loi tel qu'il est mentionné dans le paragraphe (1), les dispositions suivantes s'appliqueront, c'est-à-dire :

(a) Aussitôt qu'il sera raisonnable de le faire après le début de sa détention, il lui sera fourni une déclaration écrite, dans une langue qu'elle comprend et en détails, des motifs pour lesquels elle est détenue; [...]

Ces dispositions laissent entendre, par exemple, qu'un Zoulou ou un Xhosa pourrait recourir aux services d'un interprète s'il ne comprend pas l'une des deux langues officielles.


Recto unilingue anglais d'un billet de banque de 20 maloti

Dans les services publics, les fonctionnaires répondent dans la langue du client, c'est-à-dire en sotho, rarement en anglais. Les autres langues ne sont pas prises en considération, les fonctionnaires n'étant tenus que de connaître le sotho et l'anglais. Pour un État bilingue, il est quand même curieux que les billets de banque soient en anglais au recto, et non pas dans les deux langues; au verso, on trouve MALOTI A MASHOME A MABELI, le premier mot étant le nom de la monnaie nationale (ici: 20 maloti).

4.2 L'éducation bilingue

L'éducation est obligatoire de 6 à 13 ans et gratuit au niveau primaire (pour un cycle de sept ans). Le taux d'alphabétisation est de 90,7 %, ce qui place le Lesotho au premier rang des pays d'Afrique en ce domaine. Si le taux de scolarisation dans le secondaire est de 73 %, il n'est que de 1,3 % au niveau universitaire. Contrairement à ce qu'on observe dans beaucoup d'autres pays africains, la participation des femmes dans l'enseignement primaire et secondaire est bien supérieure à celle des hommes.

Dans les écoles primaires, le sotho reste la principale langue d'enseignement jusqu'à l'âge de neuf ans (environ), soit la 5e année; durant les 6e et 7e années, l'anglais est introduit progressivement comme langue d'enseignement. Au secondaire, l'anglais devient la seule langue d'enseignement, tandis que le sotho reste une matière d'enseignement. À l'université, l'anglais demeure également la langue d'enseignement, mais le sotho peut être étudié comme matière.

4.3 Les médias

Le gouvernement sud-africain contrôle les médias officiels (une station d'émission, des actualités quotidiennes d'une durée d'une heure sur un canal local de télévision et deux journaux hebdomadaires) et s'assure qu'ils reflètent fidèlement les positions officielles. En 1970, le Lesotho ne disposait d'aucun quotidien. Les journaux disponibles étaient tous bilingues et paraissaient en sotho et en anglais. Il existe aujourd'hui moins d'une vingtaine de journaux hebdomadaires et des magazines. Les journaux hebdomadaires tels que Makatolle, MoAfrica et Mohlanka sont publiés en sotho, mais The Mirror est en anglais, alors que Mopheme-The Survivor est bilingue. Du côté des périodiques, Leselinyana, Leseli Ka Sepolesa, Litsoakotleng et Moeletsi oa Basotho paraissent en sotho; mais Justice and Peace, Shoeshoe et NGO Web News sont bilingues. Quelques autres sont en anglais.

Dans les médias électroniques, la radio nationale (Radio Lesotho) diffuse en sotho, mais également en anglais (bulletins d'informations). Il est est ainsi pour la télévision (National TV Station), sauf que plusieurs émissions produites à l'extérieur du pays sont diffusées uniquement en anglais. 

Le Lesotho a développé une certaine politique de bilinguisme qui consiste à promouvoir la langue nationale (le sotho) sans pour autant abandonner la langue coloniale (l'anglais). Cet aspect de la politique linguistique semble avoir relativement réussi, mais le sotho n'a pas encore trouvé la place qui lui revient, l'anglais ayant encore préséance, alors qu'il est la «seconde langue officielle».

Pour ce qui est des minorités nationales, la politique linguistique en est à ses balbutiements. Il est vrai que la langue nationale est parlée par 96 % de la population, mais les minorités zouloues sont néanmoins laissées à elles-mêmes. Par ailleurs, les petites minorités asiatiques telles que les Chinois et les Indo-Pakistanais, tous très actives dans la vie commerciale du pays, ont développé certaines rancoeurs en raison de la discrimination qu'ils disent subir. La problème n'est pas linguistique, car ces communautés ne demandent pas d'imposer l'usage de leur langue, mais d'ordre socio-économique. Bref, le Lesotho pratique une politique de bilinguisme institutionnel pour les langues officielles, mais la non-intervention en matière de langues non officielles.

Dernière révision: 11 septembre, 2004

Bibliographie

FEBRUARY, Vernon. The Afrikaners of South Africa, New York, Ed. Paul International, 1991.

GERVAIS-LAMBONY, Philippe. L’Afrique du sud et les États voisins, Paris, Arman Colin, coll. «U Géographie», 1998, 240 p.

GILL, Stephen. A short history of Lesotho, Morija (Lesotho), Morija Museum and Archives, 1993.

NHLAPO, J. M. Nguni and Sotho. A practical plan for the unification of the South African Bantu languages, Cape Town (Afrique du Sud), The African Bookman, 1945, 167 p.

Carte Afrique
Afrique


Accueil: aménagement linguistique
dans le monde