L'enseignement au Mali
La loi n. 62 74/AN/RM du 17 septembre 1962, stipule dans l'article premier: " L'enseignement est laïc, gratuit et obligatoire. Il comprend (...) l'enseignement dans les Cours du Soir et par correspondance ". La loi n. 99-046 du 28 décembre 1999, stipule dans l'article 42 : " L'éducation non formelle a pour but de mettre en œuvre toute forme appropriée d'éducation de jeunes non scolarisés ou déscolarisés et d'adultes en vue d'assurer leur promotion sociale, culturelle et économique ".
L'analphabétisme est un grand problème au Mali. Sous la colonisation, les Français avaient formé une éducation sélective et les enfants ont été formés seulement pour répondre aux besoins administratifs des Français. Par conséquent 90% de la population malienne était analphabète et à l'indépendance le taux de scolarisation était seulement de 9,6% En 1962 une Réforme de l'Enseignement prend place et de nouveaux objectifs pour améliorer l'éducation comme " l'éducation de masse et de qualité " ont été retenus. (Ag Muphtah 2002 : 44-45, 80).
Après la période du colonialisme, le Mali voulait renforcer la culture et l'identité africaines. Les "Cours du Soir" qui offraient l'alphabétisation en français ont commencé en 1961. La première réforme de l'éducation a été accomplie en 1962. Dans cette réforme, la durée de l'enseignement primaire a augmenté de six à neuf années et cette structure est toujours en usage. L'éducation préscolaire est organisée pour les enfants de 3 à 7 ans, mais en 1998-1999 le taux de préscolarisation ne s'élevait qu'à 2,6%. L'école obligatoire, l'enseignement fondamental, commence à l'âge de 7 ou 8 ans, et dure neuf ans. L'enseignement est divisé en deux cycles : après les premières six années l'élève obtient le C.E.P (Certificat d'Etudes Primaires) et à la fin des neuf ans le D.E.F (Diplôme d'Etudes Fondamentales). Le taux net de scolarisation varie selon les sources de 38,1% à 60,6%. Après le D.E.F il est possible de continuer les études dans l'enseignement secondaire ou dans l'enseignement normal (les études pédagogiques). Il y aussi une université au Mali. Les " medersas " ont été reconnues par l'Etat en 1985 et elles offrent aussi des programmes d'éducation formelle. L'instruction des medersas est en arabe et l'enseignement se base sur le Coran et les sciences islamiques. Le français et les langues nationales sont enseignés en tant que disciplines. (Ag Muphtah 2003 : 4447, 80, Leclerc )
Dans les années 70, le Mali a participé au Programme Expérimental Mondial d'Alphabétisation (P.E.M.A) de l'Unesco qui a décidé d'offrir des programmes d'alphabétisation des enfants dans les langues africaines. Les langues nationales sont enseignées dans les écoles expérimentales pour la première fois en 1979 (le bambara) et en 1982 (le tamasheq, le peul et le sonhrai). La conférence mondiale sur l'Education pour tous (EPS), organisée en 1990 en Thaïlande, a eu une grande influence sur la politique éducative du Mali et l'accès à l'alphabétisation est garanti désormais pour tous. Même après plusieurs réformes scolaires, le taux d'analphabétisme est toujours élevé. Le Mali n'a pas fourni de données statistiques en 1990. En 2002-2004 seulement 19% des adultes étaient alphabètes dont 26,7% d'hommes et 11,9% de femmes. Cela fait 5 184 000 d'analphabètes dont 56% sont des femmes. (Unesco 2005, Les données du Mali se basent sur les données nationales, Ag Muphtah 2003 : 50-80)

Cependant, les enseignants et les parents ne sont pas convaincus que l'alphabétisation dans l'une des langues maternelles soit un bon choix. Ag Muphtah (2003 : 52) explique que les parents s'inquiètent pour l'avenir de leurs enfants, et les enseignants eux-mêmes ont été alphabétisés en français et ne savent pas comment enseigner les langues nationales. De plus, les écoles ne suivent pas les mêmes lignes ; quelques écoles enseignent simultanément en français et en langue nationale, tandis que les autres commencent par le français et ajoutent l'alphabétisation en langue nationale plus tard. Il faut aussi prendre en compte que l'éducation informelle est très importante au Mali où toute la famille, les amis et les voisins participent à l'éducation de l'enfant. Peut-être que c'est la raison pour laquelle l'enseignement préscolaire n'est pas très populaire.
Il nous est impossible de connaître la politique éducative malienne aussi bien que la politique éducative sénégalaise, parce que les informations ne sont pas encore disponibles sur le site Internet du Ministère de l'Éducation du Mali . Nous y trouvons quand même les missions de l'éducation de base, de l'alphabétisation et des langues nationales :

Aux termes du Décret n° 07 - 387 /P-RM du 5 octobre 2008 fixant les attributions spécifiques des membres du Gouvernement, le Ministre de l'Education de Base, de l'Alphabétisation et des Langues Nationales élabore et met en œuvre la politique nationale dans les domaines de l'éducation de base, de l'alphabétisation et des langues nationales. A ce titre, il est chargé notamment des actions suivantes : la réalisation des objectifs de la politique d'éduction pour tous ; le développement de l'éducation non formelle et notamment de l'alphabétisation ; le développement et l'évaluation des connaissances dans l'éducation préscolaire et spéciale et dans l'enseignement fondamental ; la promotion et le développement de l'utilisation des langues nationales ; le suivi et le contrôle des établissements d'enseignement préscolaire, spécial et fondamental, publics et privés.
Le français est toujours la langue la plus utilisée dans l'enseignement malgré plusieurs tentatives d'alphabétisation dans les langues nationales. Dans les missions du Ministère de l'Education, " la promotion et le développement de l'utilisation des langues nationales " est toujours sur la liste. Vu que le nombre d'analphabètes est considérable, les projets de l'éducation pour tous et d'alphabétisation sont très importants. Aussi, si les langues nationales n'occupent pas de fonctions dans la société, les Maliens n'ont pas d'intérêts à les maîtriser. Selon Canut (1997 : 227) le statut des langues nationales est seulement une reconnaissance politique. Elle ajoute que
l'imaginaire linguistique est encore imprégné de cette influence linguistique occidentale devenu symbolique. Au Mali, à peine 10% de Maliens ont une compétence communicative en français (langue 2 au minimum), mais beaucoup la considèrent comme la langue la plus parlée et la plus utile : la divergence est nette entre les usages et les attitudes. (Canut 1997 : 227)
Cette idée peut naître chez les locuteurs qui parlent une langue qui n'occupe pas de fonctions officielles. Les locuteurs sous-estiment leur propre langue si elle ne peut pas être utilisée dans un contexte hors de leur village par exemple. C'est le français qui domine les médias, l'enseignement, l'administration etc. De ce point de vue, nous comprenons pourquoi les parents préfèrent l'alphabétisation des enfants en français.

4.3.6 Les médias au Mali
La radio, la télévision et les journaux sont les moyens les plus importants pour la diffusion de l'information au Mali. Nous ne prenons pas l'Internet en compte, parce que selon les statistiques de l'UN (UNdata 2005 ), seulement 60 000 Maliens sont des utilisateurs d'Internet. L'information transmise par l'Internet n'atteint qu'une petite minorité de Maliens.

L'Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) est responsable de la télévision et de la radio nationale. La radio du Mali existe depuis 1957 (sous le nom " Radio Soudan ") et la diffusion de la télévision depuis 1983. Ces objectifs sont :
-promouvoir l'information d'utilité publique civique et pluraliste. -Développer une politique de production el de diffusion des programmes Radio TV en rapport avec les objectifs de développement économique, social et culturel du pays (...).
La télévision et la radio ont donc aussi une mission civilisatrice dans le pays. L'ORTM précise que La Télévision Nationale a une couverture démographique de 96% et territoriale de 75% et qu'elle réalise et diffuse des programmes relatifs à l'information, la culture, l'éducation et le divertissement du public dans les 10 principales langues nationales du pays et en français, la langue officielle. L'ORTM a aussi les objectifs au plan socioculturel du pays :
- Lutte contre la pauvreté ;
- Amélioration du taux d'alphabétisation de l'ensemble des populations du pays ;
- Amélioration de la couverture sanitaire du pays ;
- Renforcement de l'enseignement scolaire ;
- Amélioration de l'enseignement des adultes
- Désenclavement des zones reculées et des régions du Nord (ORTM)
La Radio du Mali a aussi une couverture nationale et elle sert à la distribution d'informations. Les stations régionales diffusent des programmes adaptées à la région. La forte culture orale du Mali est transmise sous forme enregistrée et elle peut être partagée avec de nouvelles technologies par tous les Maliens. (ORTM)

La Maison de la Presse du Mali cite une cinquantaine de périodiques (qui comprend les revues hebdomadaires, mensuels et ceux de parution irrégulière). Les revues publiés en langues nationales sont : Kibaru et Jèkabaara en bambara, Kabaaru en peul, Xibaare en soninké. Cette information nous donne seulement un aperçu de ce que la situation pourrait être, car la dernière mise à jour remonte au 28/11/03. Il nous semble que la presse écrite est principalement en français, mais il existe quand même quelques revues en langues nationales.

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Le décret n° 93-107/P-RM du 16 avril 1993, fixe les attributions spécifiques des membres du gouvernement et, plus spécifiquement, en son article 12, il assignait au Ministère de l'éducation de base la responsabilité de promouvoir un système d'éducation pour tous, d'intégrer les langues nationales dans l'enseignement, de lutter contre l'analphabétisme, d'améliorer systématiquement les programmes d'enseignement et les méthodes pédagogiques, mais également d'adapter le système de l'éducation de base aux réalités économiques, sociales et culturelles du pays. Enfin, la responsabilité de ce Ministère se prolonge dans l'élaboration, la réalisation et la diffusion des moyens didactiques nécessaires au bon fonctionnement des établissements dont il a la charge, tout comme le développement des structures de recyclage et de formation continue.

La loi n° 085 du 26 décembre 2000 portant ratification de l'ordonnance n° 048/P-RM du 25 décembre 2000 portant création de la Direction nationale de l'éducation de base stipule que l'éducation préscolaire relève de la Division de l'éducation préscolaire et spéciale.

Par le décret n° 5r maîtres ont remplacé les Instituts pédagogiques d'enseignement général et l'Ecole normale secondaire. Le décret n° 00-306/P-RM du 4 juillet 2000 fixe les conditions de travail du personnel enseignant des collectivités territoriales.

Selon l'ordonnance de juin 2002 portant Code de protection de l'enfant, l'enfant handicapé a droit, en plus des droits reconnus à l'enfance, à la protection et aux soins médicaux ainsi qu'à un degré d'enseignement et de formation qui consolide son auto prise en charge et facilite sa participation à la vie sociale. (Article 16).

Le Code des collectivités territoriales consacre le transfert des compétences en matière d'éducation, de l'Etat vers les Assemblées régionales, les conseils de cercle et les communes, attribuant à ces dernières des responsabilités en matière d'éducation formelle et non formelle (décret n° 02-313/P-RM du 4 juin 2002, fixant les détails des compétences transférées de l'Etat aux collectivités territoriales en matière d'éducation). L'arrêté n° 04-0469 du 9 mars 2004 porte création et fonctionnement des Comités de gestion scolaire. Le décret n° 224/PRM-RM du 9 avril 2008 porte création de la Cellule d'appui à la décentralisation-déconcentration en éducation (CADDE).

Depuis 2010, l'enseignement fondamental est structuré en un cycle unique de neuf ans sur la base d'un décret adopté en Conseil des ministres le 7 avril 2010 modifiant le décret n° 57/PG-RM du 20 avril 1970 portant organisation de l'enseignement fondamental en deux cycles (première à sixième et septième à neuvième année).

La Constitution, adoptée par referendum du 12 janvier 1992 et promulguée par décret n° 92-073/P-CTSP du 25 février 1992, stipule que " L'éducation, l'instruction, la formation, le travail, le logement, les loisirs, la santé, et la protection sociale constituent des droits reconnus. " (Article 17). " Tout citoyen a droit à l'instruction. L'enseignement public est obligatoire, gratuit et laïc. L'enseignement privé est reconnu et s'exerce dans les conditions définies par la loi. " (Article 18).

En vertu du fait que " c'est bien la langue maternelle qui garantit le décollage intellectuel de l'enfant dès le début de sa scolarité " et en fonction des résultats des expérimentations d'introduction des langues nationales, il a été décidé l'utilisation concomitante de la langue officielle et des langues d'enseignement.

Au niveau de l'enseignement fondamental, l'articulation de la langue maternelle et du français se fera selon le schéma suivant, à savoir : en première année, langue maternelle en tant que médium d'enseignement ; en deuxième année, langue maternelle en tant que médium d'enseignement et langue seconde (français) en tant que matière d'enseignement ; de la troisième à la sixième années, langue maternelle (50 % du temps horaire) et français (50 % du temps horaire) en tant que médiums d'enseignement l'objectif ultime étant de parvenir à un bilinguisme fonctionnel au bout des six années ; à partir de la septième année, la langue maternelle sera enseignée comme matière.

En 2001 la pédagogie convergente touchait 75.000 élèves (dont 42,9 % de filles) évoluant dans 1.253 classes de 345 écoles. Au total 1.600 maîtres et 80 conseillers pédagogiques, 40 directeurs de CAP, neuf directeurs d'académie d'enseignement et 100 maîtres des IFM ont été formés à cette pédagogie. En plus des six langues déjà utilisées (bamanankan, fulfuldé, songoy, dogon, soninke et tamasheq), la rentrée scolaire 19981999 a vu l'introduction du bomu et du syenara. (Ministère de l'éducation, 2001).

Selon la loi portant orientation de l'éducation (1999), l'enseignement secondaire général et technique a pour mission de faire acquérir aux élèves des connaissances générales et techniques, théoriques et pratiques, des modes et des moyens de pensée constituant la base commune des diverses spécialités du savoir, en vue de leur permettre de poursuivre des études supérieures ou de s'insérer dans la vie active (article 37). L'enseignement secondaire général est dispensé dans les lycées. Il a une durée de trois ans sanctionnés par le baccalauréat.

En 2001, l'enseignement secondaire général comptait 55 lycées inégalement repartis à travers le pays, avec une forte concentration à Bamako. Parmi les établissements recensés, 34 appartenaient au secteur public. Au cours de l'année scolaire 1999-2000, l'ensemble des établissements d'enseignement. En 2009-2010 on comptait 294 lycées d'enseignement secondaire général dont 46 publics et 248 privés.