République populaire démocratique de Corée

Corée du Nord

Choson-minjujuui-inmin-Konghwaguk

 

Capitale: Pyongyang
Population:  22,5 millions (2001)
Langue officielle:  coréen
Groupe majoritaire: coréen (99 %) 
Groupes minoritaires: chinois, japonais
Système politique: État unitaire centralisé sous régime communiste
Articles constitutionnels (langue): art. 54 et 159 de la Constitution de 1998
Lois linguistiques: décrets et lois sur l'alphabet Hangul et lois scolaires

1 Situation géographique

La Corée du Nord est appelée officiellement République populaire démocratique de Corée (en coréen: Chosun Minjujuui Iinmin Konghwaguk ou simplement Cho-Sun, c'est-à-dire «Matin calme»). C'est un pays d’Asie orientale, situé au nord de la péninsule de Corée, bordé au nord par la Chine, au nord-est par la Russie, à l’est par la mer du Japon, au sud par la Corée du Sud et à l’ouest par la mer Jaune. La superficie du pays est de 120 538 km² , soit 40 % de l'Italie, contre 99 268 km² pour la Corée du Sud.

La capitale et ville principale de la Corée du Nord est Phyongyang (ou traditionnellement Pyongyang). Principale métropole industrielle du pays, Pyongyang compte 1,5 million d’habitants (estimation 1990). Les autres grandes villes principales sont Tchongjin (265 000 habitants), centre industriel et port au nord-est du pays ; Wonsan (215 000 habitants), port de la mer du Japon au sud du pays, et Kaesung (140 000 habitants), à proximité de la frontière sud-coréenne.

Sur le plan administratif, la Corée du Nord comprend neuf provinces: Hamgyong-Nord, Hamgyong-Sud, Yangkang, Chagang, Pyongan-Nord, Pyongan-Sud, Kangwon, Hwanghae-Nord, Hwanghae-Sud et trois villes au statut particulier : Pyongyang, Kaesung et Nampho (voir la carte administrative).

2 Données démolinguistiques

En 2003, la population de la Corée du Nord était estimée à 25,1 millions d'habitants. Les provinces de Hamgyeongnamdo, Pyeonganbukto, Pyeongannamdo et Pyeongyang sont les plus populeuses avec plus de trois millions d'habitants chacune.

Province Population 2003 Superficie
Chagangdo 1 505 300 16 968 km2
Hamgyongbukto
(Hamgyong-Nord)
2 608 200 17 570 km2
Hamgyeongnamdo
(Hamgyong-Sud)
3 316 600 18 970 km2
Hwanghaebukto
(Hwanghae-Nord)
1 834 800 8 007 km2
Hwanghaenamdo
(Hwanghae-Sud)
2 492 300 8 002 km2
Kaesung    431 000 1 255 km2
Kangwon 1 597 800 11 152 km2
Nampho    931 000     753 km2
Pyonganbukto
(Pyongan-Nord)
3 135 600 12 191 km2
Pyongannamdo
(Pyongan-Sud)
3 454 600 11 577 km2
Pyongyang 3 066 600 2 000 km2
Yangkang    817 800 14 317 km2
Corée du Nord 25 191 700  122 762 km2

À l'exemple de la Corée du Sud, c'est l'un des pays les plus homogènes du monde sur le plan ethnique et linguistique. En effet, selon les sources officielles, 99 % (probablement 90 % dans les faits) des habitants de la Corée du Nord sont des Coréens de souche; ils parlent le coréen. Les minorités sont essentiellement des Chinois, ainsi qu'une petite communauté japonaise. Bien que la Constitution soit censée garantir la liberté religieuse, les pratiques religieuses ne sont guère tolérées. De plus, il est très difficile de citer des statistiques, mais 68 % de la population serait «sans religion»; le reste pratiquerait des religions traditionnelles, dont le Tchondogyo (ou religion de la Voie céleste), une synthèse coréenne (présente également dans le Sud) de confucianisme, de bouddhisme et de christianisme. Environ 4 % des Nord-Coréens seraient adeptes du bouddhisme, du catholicisme et du protestantisme. Il n'en demeure pas moins qu'en Corée du Nord les activités religieuses autonomes sont presque inexistantes.

2.1 La langue coréenne

Outre la Corée du Sud (46 millions de locuteurs du coréen), la langue coréenne est parlée par environ deux millions de locuteurs en Chine, principalement dans les provinces bordant la Corée du Nord. On compte un demi-million de locuteurs du coréen au Japon et la Russie, et au moins 600 000 aux États-Unis. D'autres communautés vivent à Singapour, en Thaïlande, à l'île de Guam et au Paraguay. Le nombre total des locuteurs de cette langue serait de 78 millions de locuteurs.

La langue coréenne est une langue isolée, elle constitue une famille à elle seule, la famille coréenne.  Il existe plusieurs variétés dialectales, notamment celui de Séoul (le phyojunmal ou kangwondo) devenu langue officielle en Corée du Sud et celui de Pyongyang (le munhwaeo ou phyongandoeo) devenu langue officielle en Corée du Nord. On distingue aussi le tchungtcheongdo (tchungtcheongdo  du Nord et tchungtcheongdo du Sud), le kyongsangdo (kyongsangdo du Nord et kyongsangdo  du Sud), le chollado (chollado du Nord et chollado du Sud) et le dialecte de l'île Cheju (le cheju). Les différences entre ces variétés sont relativement minimes, mais néanmoins importants entre les variétés du Nord et celles du Sud, notamment entre le phyojunmal (Sud) et le munhwaeo (Nord).

Comme il est arrivé souvent au cours de l'histoire, la division politique (depuis 1948) entre le Nord et le Sud a favorisé la différenciation de la langue nationale des deux Corées. Dans le Sud, le vocabulaire emprunté et l'usage de mots chinois ne subit que de faibles restrictions, mais dans le Nord, la politique linguistique, plus volontariste, a eu pour effet d'«épurer» la langue et d'imposer une norme dite de «langue cultivée», qui privilégie les mots d'origine coréenne indigène plutôt que les mots sino-coréens ou anglais. Il existe donc un certain nombre de différences de vocabulaire entre le Nord et le Sud, car le lexique est influencé par la politique et les contacts extérieurs différents (p. ex., le russe au nord, l'anglais au sud). Comme les Coréens n'ont pratiquement pas de contact entre le Nord et le Sud, il peut arriver qu'ils éprouvent certaines difficultés mineures à se comprendre lorsqu'ils ont à communiquer entre eux. Dans les deux États, la langue coréenne constitue une puissant instrument d'identité nationale.

2.2 L'alphabet coréen

La langue coréenne s'écrit avec l'alphabet coréen, appelé Hangul. Il fut créé au XVe siècle par un groupe de savants sous le règne du roi Saejong le Grand (de 1418 à1450), le quatrième monarque de la dynastie Chosun (1392-1910). Auparavant, le coréen s'écrivait au moyen de caractères chinois. L'alphabet coréen utilisé aujourd'hui est considéré comme l'un des systèmes d'écriture les plus rationnels utilisés dans le monde. Il est basé sur une observation et une analyse minutieuse de la langue coréenne. Il compte 19 consonnes et 21 voyelles.

Alphabet Hangul (voyelles)

Korean vowels

Alphabet Hangul (consonnes)

Korean consonants

Le coréen possède une phonétique assez complexe. Il connaît des consonnes simples (k, t, p, ch, s, n, m, l, h), aspirées (kh, th, ph, tch) et redoublées (pp, kk, ss) et un grand nombre de voyelles, dont 10 orales et 11 diphtongues. En coréen, l'opposition sourde/sonore n'est pas pertinente. Voici un exemple d'écriture coréenne (à l'horizontale de gauche à droite). Il s'agit de l'article 1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme:

Sample of written Korean

Traduction:

1) Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.

2) Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

En principe, la langue écrite entre le Nord et le Sud est identique. Mais en Corée du Nord on n'utilise plus que l'alphabet Hangul, alors qu'en Corée du Sud les gens instruits et certains journaux ont encore recours simultanément aux idéogrammes chinois. L'écriture coréenne est appelée Hangul en Corée du Sud, mais Chosungul (en référence à la dynastie Choson) en Corée du Nord. Contrairement à la Corée du Sud, l'emploi des idéogrammes a totalement disparu en Corée du Nord en raison du rejet par le gouvernement de toute référence au passé. 

Entre le Nord et le Sud, la façon de prononcer les mots d'origine chinoise est devenue relativement importante (rapportés par Kin Ha-Su):

Signification française

Coréen du Nord

Coréen du Sud

«repentir» kaejun kaejôn
«balivernes» kaktam kaektam
«déformation» oegok waegok
«erreur» oyu oryu
«instigation» sach'ok saju

Il faut souligner aussi que la division idéologique entre les régimes politiques a entraîné des termes différents et des politiques linguistiques différentes, tant au nord qu'au sud. C'est d'ailleurs surtout dans le vocabulaire que résident les plus grandes différences entre le nord-coréen et le sud-coréen. La «purification» linguistique ne s'est pas faite à partir des mêmes sources: les mots sont plus souvent d'origine dialectale dans le Sud que dans le Nord. En voici quelques exemples (rapportés par Kin Ha-Su):

Signification française

Coréen du Nord

Coréen du Sud

«toilettes» wisaegshil hwajangshil
«observatoire» kisangsumunguk kwansangdae
«monologue» honjamal tokpaek
«rechercher» (informatique) chajabogi saegin
«impartialité» kkyôullim kongmyôn

Il existe aussi des injures propres à la société nord-coréenne telles que «salauds d'impérialistes japonais», «chacals d'impérialistes américains», etc.

3 Données historiques de la Corée du Nord (à partir de 1948)

La plus grande partie de l'histoire de la Corée du Sud est la même que celle de la Corée du Nord. En raison de cette histoire commune jusqu'à la partition des deux Corées en 1948, il a semblé préférable d'en faire une seule page: il suffit de cliquer ICI pour prendre connaissance de l'Histoire de la Corée, des origines jusqu'en 1948.

La Corée du Nord ne reconnut la Corée du Sud que comme une «province perdue» qu'elle tenta de réunifier par la force. En effet, Le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir été provoquées, franchirent le 38e parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la guerre de Corée, qui devait durer trois ans. Plus de 1,4 million de Coréens perdirent la vie au cours du conflit. La guerre causa d’énormes dégâts en Corée du Nord: on estime que 80 % du potentiel économique du pays aurait été détruit. Le parti fondé en 1946 par Kim il-Sung, le Parti populaire du travail de Corée (le PPTC, qui deviendra plus tard le Parti des travailleurs de Corée), fut défini avec comme mots d’ordre la  réunification, la collectivisation des terres et la nationalisation des industries. Dans les faits, la collectivisation fut achevée en 1958, alors que le PPTC put lancer de nombreux plans quinquennaux et contrôler la vie économique du pays. La politique des plans de développement permit la reconstruction d’un secteur industriel important, mais au prix d'une discipline «spartiate» de la part du PPTC et d'un encadrement rigoureux de toute la société nord-coréenne. Le pouvoir souvent contesté de Kim il-Sung, maréchal puis premier ministre, réussit à se maintenir en écartant les rivaux dangereux et en plaçant des membres de sa famille aux postes clés. Depuis sa fondation en 1945, la Coré du Nord a oscillé entre ses puissants voisins: d'une part, la Chine, d'autre part, l’Union soviétique. Toutefois, elle a toujours farouchement cherché à conserver son indépendance.

3.1 La purification linguistique

Au chapitre de la langue, le pouvoir entreprit une campagne de purification du coréen tout en calquant son système d'éducation sur celui de l'Union soviétique. Le système d'éducation, s'étalant sur onze ans, incluait un an d'éducation préscolaire et dix ans d'écoles primaire et secondaire. Le problème de l'analphabétisme paraissait tout à fait sérieux pour le jeune pays socialiste qu'était la Corée du Nord. En 1945, seulement 35 % d'enfants d'âge scolaire fréquentaient les écoles coréennes. Selon le gouvernement de l'époque, le quart des Nord-Coréens pouvait être considéré comme illettré. C'est pourquoi le gouvernement élabora sa politique de «purification totale» à l'égard des caractères chinois, dont l'objectif avoué était l'«éradication de l'analphabétisme». Or, l'extermination de l'analphabétisme passait par la suppression des caractères chinois, car il était beaucoup plus facile de faire apprendre l'alphabet Hangul dont la caractéristique était d'être phonétique, contrairement aux idéogrammes chinois. L'élimination des caractères chinois correspondait à l'idéologie communiste, puisque l'orthographe chinoise était perçue comme «la propriété de quelques privilégiés». On peut aussi affirmer que ce combat linguistique visait un but politique: celui de permettre au gouvernement d'étendre son pouvoir sur les citoyens. En 1947, les journaux ont commencé à publier sans avoir recours aux caractères chinois et en 1949 Kim il-Sung interdit l'usage des idéogrammes chinois, sauf pour des exceptions temporaires concernant les noms propres, la terminologie scientifique ou littéraires, exceptions qu'il fallait employer entre parenthèses.

C'est ainsi que la «mer du Japon» fut changée par «mer de l'Est». Pourtant, la dénomination mer du Japon existe depuis 1602; dans certaines cartes rarissimes datées de 1720, on trouve parfois «mer orientale» et en 1749 «mer de Corée», mais pour 97 % des cartes du monde il s'agit bel et bien de la «mer du Japon», sauf en Corée du Nord et en Corée du Sud qui, pour des raisons politiques, préfèrent encore «mer de l'Est». Néanmoins, c'est la dénomination mer du Japon qui est internationalement acceptée.

Puis, afin d'empêcher l'infiltration d'«influences étrangères» en Corée du Nord, le régime, qu'on pourrait qualifier de stalinien, pratiqua une politique d'isolationnisme (dite chutchae ou choutché: «la voie coréenne»). Cette idéologie consiste à affirmer la maîtrise de soi-même et l'indépendance par rapport aux influences extérieures; elle exalte un socialisme «à la coréenne», le «Grand Dirigeant» étant celui qui exprime le mieux cette «coréanité». Le chutchae correspond à une conception organique du pouvoir, tout individu s'apparentant à la cellule d'un grand corps dont le «Grand Dirigeant» est le «cerveau», alors que le Parti et les organismes de l'État en sont les «muscles». Ces principes idéologiques doivent être appliquées à la lettre, car la répression qui suit est impitoyable: tortures, exécutions publiques et incarcération des «ennemis» du peuple dans les quelque 200 camps du pays (200 000 prisonniers politiques ou 1 % de la population).

Le chutchae a son pendant linguistique. La variété coréenne en usage à Pyongyang, le munhwaeo (ou phyongandoeo), devint la langue officielle la «langue des ouvriers et des paysans» de la République démocratique populaire de Corée, en lieu et place de la variété standard de Séoul, le phyojunmal.  Ce fut la «révolution linguistique» de la Corée du Nord, qui se poursuivit au moins jusqu'en 1963. De nouvelles règles orthographiques furent édictées par l'Institut de recherches sur la langue, nouvellement fondé. Il en résultat un système légèrement différent (ordre et nom des lettres, orthographe de certains mots, etc.) par rapport au Sud, qui avait préservé encore un système vieux de 1933.  Tous les ouvrages de littérature, les manuels scolaires et les documents administratifs du gouvernement furent progressivement publiés en alphabet Hangul. Les Coréens du Nord qui s'opposèrent à la politique linguistique du gouvernement furent dénoncés et accusés publiquement comme «des restes de la classe d'exploiteurs renversés» et des «sectaires soumis à l'influence du flunkeyisme, du doctrinisme et du réactionnisme».

Comme en Corée du Sud, la langue était devenue une affaire d'État, car elle correspondait à une affirmation d'identité collective. En 1964, débuta une nouvelle politique linguistique dite maldadumgi undong (en anglais: «language regulation movement» ou en français «mouvement pour la normalisation linguistique»). Deux éléments furent privilégiés: les caractères chinois et le vocabulaire coréen. Les fondements de la politique linguistique de la Corée du Nord furent exposés par le futur président du pays, Kim il-Sung, lors d'un discours (14 mai 1966) intitulé «Pour donner vie correctement aux caractéristiques nationales de la langue coréenne»:

Pour développer notre langue, il faut préparer convenablement le terrain. Pyongyang est la capitale et le berceau de la révolution, le lieu où siège l'état-major de notre révolution. Nous devons conserver et développer les caractéristiques nationales de notre langue, principalement à Pyongyang, et en prenant pour modèle la langue de cette ville. De ce point de vue, le terme ''langue standard'' doit être remplacé par un autre. Il faut l'abandonner parce que ce mots risque de lisser croire, à tort, que le langue de Séoul nous sert de modèle. Il convient de changer l'appellation de la langue que nous avons développée à Pyongyang en édifiant le socialisme. Le terme ''langue cultivée'' laisse sans doute à désirer, mais il est bien meilleur que le précédent.

De cette façon, la République populaire démocratique de Corée proclamait sa légitimité dans la politique linguistique et son indépendance par rapport à la Corée du Sud qui verra dans la «langue cultivée» du Nord une «langue standard de type dialectal» créée artificiellement par Kim il-Sung.  Évidemment, les dirigeants de la Corée du Nord ne considèrent pas la «langue cultivée» comme le résultat d'une intervention autoritaire ou un instrument de propagande, mais comme le résultat historique d'une société qui se développe normalement.  En ce sens, la «langue cultivée» est une langue du peuple, laquelle représente la perception des Coréens du Nord sur leur histoire et leur culture. Ces fondements seront exposés plus explicitement en 1983, notamment par le linguiste patriote Ch'oc Chông-hu dans un ouvrage sur la linguistique coréenne (Chosôn-ôhak kaeron):

La période révolutionnaire armée contre les Japonais menée sous la direction du camarade Kim il-Sung, grand leader, occupe une place importante dans l'histoire du développement de la langue nationale de la Corée du Nord.

Cette période est celle où s'est ouverte une nouvelle voie de développement pour notre langue et notre écriture après la tentative d'annihilation de la langue coréenne par l'Empire japonais. C'est l'époque où se sont formées les racines historiques de la langue cultivée qui est la forme la pus parfaite de la langue de notre peuple. 

L'histoire du peuple coréen du Nord trouve ses racines dans la lutte révolutionnaire menée contre le Japon lors de la colonisation afin de se libérer de l'impérialisme et de la politique d'extermination du coréen menée par les Japonais. Cette conception des fondements historiques de la société coréenne soulève un certain malaise dans la mesure où elle évacue complètement le droit à la légitimité de la part des Coréens du Sud pour la même langue. À défaut de disposer à l'époque d'organismes linguistiques régulateurs en matière de langue, Ch'oc Chông-h affirme que ce sont les membres de l'armée populaire révolutionnaire qui ont trouvé la solution:

En particulier, les membres de l'armée populaire révolutionnaire de Crée faisaient tous leurs efforts pour utiliser les mots enfouis dans la conscience de notre peuple. Ils luttaient pour employer les mots et les tournures étroitement liés à la vie quotidienne du peuple dans les régions d,où ils venaient. [...] Qui plus est, les patriotes et les membres de l'armée populaire révolutionnaire allèrent chercher des noms propres de leur région d'origine pour renommer les noms des villes. [...] Notre fonds lexical s'est enrichi à l'époque de la lutte révolutionnaire anti-japonaise par la création d'innombrables termes d'économie et de politique exigés par la mise en pratique de la révolution. 

Ainsi, les soldats se seraient transformés en lexicographes! On peut douter que ce soit aussi des soldats qui ont mené à bien la politique de «purification linguistique» qui s'ensuivit. L'objectif principal de cette politique visait à supprimer les emprunts lexicaux étrangers, dont les mots japonais et chinois.

3.2 Le pouvoir absolu du «Grand Dirigeant» (Kim il-Sung)

Dans les affaires extérieures, le gouvernement nord-coréen choisit de ne pas prendre parti dans les conflits opposant les différents États communistes, en ne soutenant ni la Chine ni l’URSS. Il privilégia néanmoins la soviétisation de son économie par la croissance de l’industrie lourde et, en raison de la guerre, des industries militaires, ce qui entraîna une réduction des biens de consommation et du niveau de vie des Nord-Coréens. Au fil des années, le régime de Kim il-Sung devint de plus en plus autoritaire, ce qui eut pour effet de renforcer indirectement le régime politique de la Corée du Sud qui, lui aussi, adopta des mesures autoritaires. À la fin des années soixante, la guerre du Vietnam et l’essor des mouvements révolutionnaires en Asie réactivèrent les conflits entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et les États-Unis.

En 1972, le maréchal premier ministre, Kim il-Sung, devint président de la République. Le 4 juillet 1972, une déclaration conjointe de la Corée du Nord et de la Corée du Sud proclama que les deux pays continueront de dialoguer pour faire «avancer la réunification de la péninsule», mais les rencontres ne donnèrent aucun résultat, chacune des parties demeurant sur ses positions.

En matière de langue, la «purification linguistique» se poursuivit : beaucoup trop de mots avaient été empruntés au japonais durant l'occupation nippone. De nombreux mots japonais et chinois furent remplacés par des vocables «purs coréens». Lors d'un discours donné à l'occasion de la Conférence des linguistes nord-coréens, Kim il-Sung livra l'essentiel de la politique de purification linguistique:

- si l'emprunt est perçu comme coréen, il n'est pas nécessaire de le remplacer par un mot nouveau;
- si un mot chinois a un synonyme coréen, le remplacement est recommandé;
- si un mot chinois et son synonyme coréen ont des différences de sens, le remplacement doit être évité;
- si un mot chinois (ou d'une autre langue) n'est pas facilement compréhensible et n'a aucun équivalent coréen, un nouveau mot doit être inventé;
- tout mot indésirable doit être remplacé par un équivalent coréen.

La purification de mots sino-coréens dans la langue coréenne a été beaucoup plus couronnée de succès au nord qu'au sud parce que les gouvernements nord-coréens ont été ultra-nationalistes et ont exercé un contrôle beaucoup plus grand sur les questions linguistiques. Ainsi, contrairement au Sud, on précéda à un choix systématique parmi les dialectes régionaux afin de leur octroyer le statut de «langue cultivée».  L'effort dite de purification du Nord a connu un tel «succès» qu'il a entraîné un changement radical du vocabulaire nord-coréen, et ce, pour une période relativement courte d'une quarantaine d'années. La suppression des mots sino-coréens a occupé les linguistes nord-coréens qui ont souvent puisé dans les différents dialectes nationaux pour trouver des équivalents et ont même ressuscité des mots disparus de l'usage depuis des décennies, voire des siècles. La tâche fut parfois difficile pour les homonymes sino-coréens. Cette création du nouveau vocabulaire a été entreprise par une organisation officielle du gouvernement nord-coréen appelée le Comité de décision sur la langue nationale, dont les travaux ont été présentés en 1968 et en 1976. Ceux-ci ont donné lieu à une nomenclature de quelque 50 000 nouveaux termes, lesquels ont été approuvés officiellement. Cependant, les Nord-Coréens n'ont commencé à les employer que lorsqu'ils furent enseignés dans les écoles et diffusés dans les médias. Cela étant dit, ces actions volontaristes de la Corée du Nord eurent pour effet de rendre beaucoup de mots différents par rapport au coréen utilisé en Corée du Sud.

En ce qui a trait à l'écriture, le gouvernement avait, dès 1948, entrepris de modifier l'orthographe. La première approche fut de supprimer complètement les caractère chinois. Puis  Kim il-Sung se laissa convaincre de la nécessité de communiquer avec la Corée du Sud (qui utilise encore les idéogrammes) et qu'en cas de réunification la compréhension des caractères chinois était nécessaire. En 1968, les écoles recommencèrent à enseigner un petit nombre de caractères  — un jeu standard de 300 caractères  — en tant que «symboles orthographiques étrangers».

En 1977, dans ses Thèses sur l'éducation socialiste, le président Kim il-Sung décida que l'éducation politique et idéologique des jeunes devait être primordiale. Pour ce faire, l'éducation socialiste appropriée devait consister à éduquer les élèves comme des révolutionnaires, équipés d'une perspective révolutionnaire du monde et de qualités idéologiques et morales propres au communisme. Le chutchae constitua le thème central dans la politique éducative. Mais la politique du chutchae perdit de son élan puisque que la Corée du Nord continua de dépendre de l'aide massive de ses deux protecteurs communistes: l'URSS et la Chine.

Afin de préparer sa succession, Kim il-Sung nomma son fils Kim Jongil  à des postes importants au Bureau politique et au Comité central du parti lors du congrès du PPTC en 1980. En 1986, le maréchal le désigna officiellement comme son héritier politique. Le «Grand Dirigeant» écrivit un poème pour l'anniversaire de son fils, le «Cher Dirigeant» Kim Jongil, lui transmettant le pouvoir dynastique. Ce geste très coréen a été écrit... en chinois. Pendant ce temps, de nombreux membres de la famille de Kim-il-Sung occupèrent des postes importants, dont son épouse Kim Songae, qui était la présidente de la Ligue démocratique des femmes de Corée. Fermée depuis 1953, la frontière avec la Corée du Sud fut ouverte aux familles séparées.

En 1991, les deux Corée adhérèrent à l’Organisation des Nations unies, puis les deux pays signèrent des accords en matière d’armement nucléaire et de réconciliation. Mais la dislocation de l'URSS (1991) et la chute des régimes communistes ont contribué à isoler le régime de
Phyongyang sur le plan économique. Le 13 avril 1992, le titre de «Généralissime de la République» fut attribué au président nord-coréen.

3.3 La dictature de père en fils

La mort du «Grand Dirigeant» Kim il-Sung en juillet 1994, à la suite d'un infarctus, n’ébranla pas le régime. Son fils, «le dirigeant bien-aimé Kim Jong-il» devenu depuis le «Commandant suprême», lui succéda, même s’il dut attendre 1997 pour être nommé officiellement au poste de secrétaire général du Parti des travailleurs de Corée. Cette transmission dynastique du pouvoir peut paraître étonnante dans un pays communiste, mais elle semble conforme à certaines traditions de la péninsule coréenne, où les conglomérats industriels du Sud sont transmis de père en fils et où les Églises elles-mêmes sont dominées par des dynasties familiales.

Malgré la famine généralisée et la catastrophe économique, le régime a cru bon de dépenser 200 millions de dollars pour le mausolée de Kim il-Sung, à Kumsusan. Embaumé par des spécialistes russes, la dépouille du dirigeant fondateur de la Corée du Nord, pourrait bientôt servir à la science. En effet, des scientifiques nord-coréens ont mené, durant cinq ans, des recherches afin d'utiliser les gènes de Kim il-Sung pour élever en laboratoire ses organes et les faire revivre à l’intérieur de son corps, voire créer un embryon à introduire chez une mère porteuse. En 1998, Kim il-Sung fut nommé à titre posthume par l'Assemblée du peuple «Président éternel».

L’arrivée à la Maison-Blanche de George W. Bush en janvier 2001 marqua un raidissement de la politique américaine à l’égard de la Corée du Nord considérée comme un «État voyou» faisant partie de «l'axe du Mal», ce que Phyongyang perçut comme une véritable déclaration de guerre. Qualifié de «soleil du XXe siècle» et de «sauveur de l'humanité», le président Kim Jongil, infaillible et omniscient, s'est mis à composer des opéras et des chansons, et prodiguer ses recommandations dans les usines et diffuser l'idéologie du chutchae (ou djoutché) tout en faisant du cinéma. À sa naissance, un arc-en-ciel aurait illuminé le ciel et les astres auraient prédit qu'il deviendrait un grand général appelé à régner sur le monde. Il bénéficierait d'une sorte de «mandat du ciel» hérité de son père, Kim il-Sung. Au même moment, la Corée du Nord compte quelque 200 000 prisonniers politiques, soit un habitant sur 100.

Au cours des années 2000, le pays fut encore aux prises avec l'une des pires famines de son histoire en raison des inondations, des sécheresses successives, de l'abandon du pays par l'ex-Union soviétique et par le type d'administration pratiqué. Les autorités de Pyongyang ont déjà été accusées de détourner l'aide alimentaire à leur profit. Abandonné par les Soviétiques et soumis aux pressions constantes des États-Unis, la Corée du Nord n'a guère prospéré ces dernières décennies. Sa population vit dans une grande pauvreté, notamment en raison des sanctions imposées par les États-Unis et également à cause des ressources financières limités, dont 25 % sont consacrées aux dépenses militaires. On peut se demander si ces dépenses, sans doute fort excessives, auraient été nécessaires si les Soviétiques et les Américains n'avaient pas imposé la partition en 1945. La Corée du Nord est devenue un souffre-douleur utile pour les Américains, surtout que s'en prendre à ce pays paraît nettement moins risqué que de choisir la Chine!

Cela étant dit, le régime de la Coréen du Nord semble extrêmement vulnérable. La plupart des observateurs s'entendent pour dire que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne s'écroule.  Mais il dure... malgré la dictature de Kim Jong-il, surnommé le «Dirigeant bien-aimé». À l'exemple de son père, Kim Jong-il a développé autour de sa personne un véritable culte de la personnalité au moyen de monuments somptueux, de défilés grandioses, de gigantesques portraits, etc. Selon ses biographes officiels, Kim Jong-il aurait appris à marcher à l'âge de trois semaines; il aurait commencé à parler à l'âge de huit semaines; durant son éducation à l'Université Kim Il-Sung, il aurait aurait écrit au moins 1500 livres. Il serait aussi l'inventeur du hamburger. Kim Jong-il aurait réussi à tromper son peuple et l'a persuadé qu'il en était le sauveur, le protégeant contre la famine ainsi que contre les méchants Sud-Coréens et Américains. On retient de Kim Jong-il, décédé en décembre 1011, qu'il fut un président qui aura laissé son peuple crever de faim, tout en le berçant de mensonges. Son plus jeune fils, Kim Jong-un, lui succède à la tête de la Corée du Nord. La communauté chrétienne (env. 300 000 membres), qui vit dans la clandestinité, ne s'attend pas à une amélioration de sa condition, certainement pas à court terme. Entre 50 000 à 70 000 chrétiens sont enfermés dans les camps de travaux forcés parce qu’ils sont chrétiens.

4 La politique linguistique de la Corée du Nord

La Constitution de septembre 1998 ne donne que peu de détails sur la politique linguistique de la Corée du Nord. Comme le régime politique est l'un des plus autoritaires de la planète, il y a fort à parier que la politique linguistique va en subir les contrecoups. L'article 54 déclare que l'État sauvegardera la langue coréenne de toutes les tentatives visant à la détruire et la développera afin de correspondre aux besoins actuels:

Article 54

L'État sauvegardera notre langue de toutes les tentatives visant à la détruire et la développera afin de correspondre aux besoins actuels.

Autrement dit, le coréen n'est pas formellement reconnu dans la Constitution puisqu'il ne porte pas le statut expressément nommé de «langue officielle». Il bénéficie de ce statut dans les faits, non juridiquement. Cet article constitutionnel oblige le gouvernement à protéger la langue coréenne — la «langue cultivée» — et à faire en sorte qu'elle se développe en fonction des besoins modernes de communication.

4.1 Le dirigisme sur le code linguistique

Les dirigeants de la Corée du Nord ont toujours pratiqué une politique musclée sur leur «langue cultivée». D'où la création et le maintien des organismes terminologiques et les comités linguistiques qui poursuivent la politique de purification linguistique dans la chasse aux mots sino-coréens. Une telle volonté de dirigisme linguistique n'a jamais existé en Corée du Sud, puisque les mots sino-coréens sont toujours largement employés. En Corée du Nord, tous les emprunts étrangers semblent avoir fait l'objet d'une épuration, incluant l'anglais et le russe, ce qui fait dire à Park Namsuk, un linguiste sud-coréen, que le purisme de la Corée du Nord est «excessivement nationaliste ou même chauvin» dans ses revendications en étant convaincu que le coréen est «la seule langue dans le monde qui soit vraiment pure et belle».

Les bureaucrates du pays ont fini par développer un vocabulaire administratif propre, qui n'existe pas en Corée du Sud. Par exemple, des mots tels que «leader» (suryông), «révolution familiale» (kajông hôngmyônghwa), «clique réactionnaire» (pandong punja), «éducation de classe» (kyepûp kyoyang), «prolétariat» (musan kyegûp), etc., sont très fréquents et chargés de symbole. Mais il y en a d'autres: «acteur du peuple» (inmin paeu),«tâche créative» (ch'angjak kwaje),«front idéologique» (sasang sônjon),«combinat» (ryônhap k'ôp), «ligue des travailleurs» (chigôp tongmaeng), etc.  Ces mots, et bien d'autres, sont totalement inconnus en Corée du Sud, une société capitaliste où l'on trouve, par contre, des mots comme «majorité» (yôdang), «opposition» (yadang), «élections» (sôngô), «immobilier» (pudongsan), «marché des actions» (chunggwôn shijang), etc., eux aussi tout aussi inconnus dans le Nord. Ainsi, le régime politique exerce une influence indiscutable sur la formation des mots dans le coréen tant du Nord que du Sud.

4.1 La langue de l'État

Le coréen est la langue de l'État, tant dans les débats parlementaires, la rédaction et la promulgation des lois que dans les cours de justice et les services administratifs. Cependant, d'autres langues par la traduction sont admises dans certaines cours de justice pour les étrangers (art. 159 de la Constitution):

Article 159

1) Les poursuites judiciaires sont conduites en langue coréenne.
2) Des citoyens étrangers peuvent employer leur propre langue pendant la procédure judiciaire.

Il ne s'agit pas d'un droit, mais d'un moyen pour faciliter la procédure.

4.2 Les langues d'enseignement

Le système éducatif nord-coréen emploie exclusivement la langue nationale comme véhicule d'enseignement, et ce, à tous les échelons, du préscolaire à l'université. Des matières telles que la langue coréenne, les mathématiques, la culture physique, le dessin et la musique constituent les matières de base dans les écoles primaires nord-coréennes. Dans les écoles secondaires, outre la langue coréenne et les langues étrangères, d'autres sujets comme le «Grand Kim il-Sung», les activités révolutionnaires des deux Kim, la «morale communiste» et la «politique du Parti communiste» comptent pour environ 6 % des matières enseignées. Les manuels, tous en langue coréenne, incluent des titres comme Nous prions pour Notre Maître, Suivons M. Kim, Notre Père, L’amour de notre Frère et Kim Jongil (le fils de Kim il-Sung et successeur de son père). Les principes directeurs pour de l'éducation socialiste comprennent la conscience du prolétariat, l'établissement du chutchae («la voie coréenne») dans les écoles, la pratique révolutionnaire et l'enseignement des vertus communistes.  Bien que Kim-il Sung soit décédé, il est resté le dirigeant incontesté des Coréens du Nord et les directives qu'il a laissées sont toujours observées, et tous les citoyens doivent encore s'y soumettre. Les programmes d'études nord-coréennes ont été conçus pour incarner les directives du «Grand Dirigeant» Kim il-Sung.

Au Nord comme au Sud, les échanges économiques occupent un rôle très important. C'est pourquoi le gouvernement encourage activement l'étude des langues étrangères. La Corée du Nord dispose d'instituts de langues étrangères dans la capitale et dans chacune de ses provinces. L'Institut des langues étrangères de Phyongyang offre des cours de russe, d'allemand, de français, de japonais, d'espagnol, d'arabe et de chinois, mais l'anglais reste la langue la plus populaire (60 % des élèves). Pour les étudiants désireux de poursuivre l'étude de l'anglais en troisième cycle, il leur est offert le choix entre le département de littérature étrangère de l'Université Kim il-Sung, l'Université des études étrangères de Phyongyang et l'Université des relations internationales. De plus, le ministère des Forces armées populaires dispose d'une université affiliée pour l'enseignement de l'anglais. Toutefois, les imperfections qu'accuse la Corée du Nord dans le domaine de l'enseignement de l'anglais semblent si évidentes que Kim Jongil a lui-même demander aux Américains d'envoyer des professeurs d'anglais à Phyongyang.

4.3 Les médias

Les médias ne sont pas très développés en Corée du Nord, le régime exerçant un contrôle sévère sur les journaux et stations de radio-télévision, tous en coréen et sans caractères chinois. Avec une régularité maladive, les journaux (Chosun Sinbo, Sinboj, etc.) et les deux chaînes de télévision nationales relaient la propagande idolâtrique du régime. Les postes de radio sont réglés sur une seule longueur d'onde, afin d'empêcher l'écoute des stations étrangères. Dans certaines villes, les récepteurs sont intégrés au circuit électrique et les gens doivent se réveiller avec le début des émissions et se coucher lorsque s'arrête la propagande. Dans les campagnes, des haut-parleurs diffusent les slogans chers au régime: «Le socialisme est une science», «Longue vie au Cher Dirigeant Kim Jongil», «Suivons l'étoile Polaire de notre nation», etc. Isolés dans leur pays, voire dans leur ville, les Nord-Coréens ne voient rien du reste du monde; ils ne peuvent pas l'entendre non plus.

Comme en Corée du Sud, la politique linguistique de la Corée du Nord est toute orientée sur le code, non sur le statut de la langue. Il est vrai que les minorités linguistiques ne constituent qu'une infime partie de la population (entre 1 % et 9 %). La Corée du Nord, rappelons-le, est l'un des pays les plus homogènes qui soient au plan linguistique.  C'est pourquoi elle oriente ses interventions presque uniquement sur la langue coréenne par le moyen des organismes linguistiques et des prescriptions sur la qualité de la langue; dans ce pays, le coréen est considéré comme «la seule langue dans le monde qui soit vraiment pure et belle». Compte tenu de l'homogénéité linguistique de la population, on ne peut pas s'étonner d'une telle orientation, surtout lorsqu'on connaît quelque peu l'histoire de ce pays, notamment l'histoire de sa langue nationale. Au point de vue du statut, on peut dire que la politique est axée sur la promotion et la valorisation de la langue officielle, bien que cette reconnaissance ne soit pas inscrite ni dans la Constitution ni dans aucune loi, seules les pratiques faisant foi de son officialisation. 

Dernière mise à jour: 27 nov. 2021

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