La famille proto-austronésienne

 

L’île de Taiwan constituerait le berceau de la famille austronésienne. Il y a environ 6000 ans avant notre ère, des agriculteurs appartenant au groupe linguistique tai-kadai (auquel appartiennent encore le thaï et le lao d’aujourd’hui) auraient franchi le détroit de Taiwan. Ces agriculteurs savaient construire de remarquables embarcations capables de franchir les océans sur des centaines et des milliers de kilomètres et ils se sont répandus d’abord dans le Sud jusqu’aux Philippines et à Madagascar (vers 3000 avant notre ère), à Timor (2500 ans avant notre ère), à Sumatra et aux îles Mariannes via la Micronésie (1000 ans avant notre ère), en Polynésie via les îles Cook (200 ans avant notre ère), à Hawaï et à l’île de Pâques (entre l’an 300 et 400 de notre ère) et enfin en Nouvelle-Zélande (en l’an 800).

Ces premiers groupes humains originaires d’Asie du Sud et de l’île de Taiwan – lesquels ont ensuite immigré dans tout le Pacifique – étaient les ancêtres de ceux qui parlent aujourd’hui les langues austronésiennes, d’où le nom de Proto-Austronésiens qu’on leur donne. Selon le linguiste américain Paul Benedict, la famille tai-kadai et la famille austronésienne formeraient une macro-famille: l’austro-tai. Celle-ci dériverait d’un ancêtre commun aux deux familles, le proto-austro-tai, jadis parlé dans le sud de la Chine. Paul Benedict a reconstitué la prononciation de certains mots importants du lexique proto-austro-tai, par exemple, ceux désignant le champ, le jardin, la charrue, le riz, la canne à sucre, le bétail, le buffle d’eau, la hache et la pirogue.

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SOURCES:

BELLWOOD, Peter. «La dispersion des langues austronésiennes» dans Pour la science, dossier hors-série «Les langues du monde», octobre 1997, p. 110-115.

RUHLEN, Merrit. L’origine des langues (trad. P. Bancel), Paris, Éditions Belin, 1997, 287 p.

 

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