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Fédération de Russie

Fédération de Russie

2) Données démolinguistiques

1 La population par sujets de la Fédération

En 2001, la population de la Russie était estimée à 145,9 millions d'habitants (contre 147 millions en 1989), soit environ la moitié de la population de l’ex-URSS. Elle se place au sixième rang mondial après la Chine, l’Inde, les États-Unis, l’Indonésie et le Brésil.

1.1 La concentration de la population

On constate que la population de cet immense pays de 17 millions de kilomètres carrés est très inégalement répartie sur le territoire puisque plus des trois quarts des habitants sont concentrés dans ce que l’on appelle le «triangle fertile», c'est-à-dire l'axe Russie d’Europe et sud-ouest de la Sibérie.

Les plus fortes concentrations humaines se situent en Russie d’Europe (25 habitants au km²), principalement dans les grands centres urbains comme Moscou et Saint-Pétersbourg, ainsi que les oblasts de l'Ouest entourant Moscou. À l’opposé, plus du tiers du pays apparaît comme un «désert humain» avec moins d'un habitant au km², notamment dans le nord de la Russie d’Europe et dans de vastes portions de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russe, où les conditions climatiques semblent particulièrement difficiles. Autrement dit, la Russie compte 145 millions d'habitants, dont la majorité, soit 75 %, vivent à l'ouest de l' Oural dans la partie européenne; à l'opposé, les immensités sibériennes sont pratiquement désertes, sauf pour les zones situées le long de la voie ferrée du Transsibérien.
 

Sujets
de la Fédération russe
Population 2003 Superficie en km²
Adygeja (Adigué) 438 200 7 600 km2
Aga 77 600 19 000 km2
Alanija 689 200 8 000 km2
Altaj 2 565 400 169 100 km2
Amur 979 400 363 700 km2
Arhangelsk 1 329 400 410 700 km2
Astrahan 1 015 400 44 100 km2
Baškortostan 4 044 500 143 600 km2
Belgorod 1 488 00 27 100 km2
Brjansk 1 388 400 34 900 km2
Burjatija 1 003 300 351 300 km2
Čečenija 489 900 8 550 km2
Čeljabinsk 35 73 700 87 900 km2
Čita 1 133 900 412 500 km2
Čukotka 58 800 737 700 km2
Čuvašija 1 312 700 18 300 km2
Dagestan 2 184 400 50 300 km2
Evenkija 15 900 767 600 km2
Gorno-Altaj 204 800 92 600 km2
Habarovsk 1 466 50 752 600 km2
Hakasija 568 800 61 900 km2
Hanty-Mansija 1 295 400 523 100 km2
Ingustie 488 00 3 750 km2
Irkoust 2 518 700 745 500 km2
Ivanovo 1 167 00 23 900 km2
Jamalo-Nenets 489 600 750 300 km2
Jaroslavl 1 350 400 36 400 km2
Jevrej 189 100 36 000 km2
Kabardie-Balkarie 789 700 12 500 km2
Kaliningrad 920 900 15 100 km2
Kalmykija 307 900 76 100 km2
Kaluga 1 040 300 29 900 km2
Kamčatka 351 300 170 800 km2
Karačaj-Čerkessija 428 700 14 1000 km2
Karélie 736 300 172 400 km2
Kemerovo 2 882 000 95 500 km2
Kirov 1 515 800 120 800 km2
Komi 1 061 400 415 900 km2
Komi-Permjakija 148 800 32 900 km2
Korjakija 25 300 301 500 km2
Kostroma 767 400 60 100 km2
Krasnodar 5 117 600 76 000 km2
Krasnojarsk 2 814 900 710 000 km2
Kurgan 1 060 100 71 000 km2
Kursk 1 264 300 29 800 km2

Leningrad

1 637 700 85 900 km2
Lipeck 1 199 100 24 100 km2
Magadan 197 100 461 400 km2
Marij El 735 400 23 200 km2
Mordovija 888 000 26 200 km2
Moskovskaja Oblast 6 310 300 47 000 km2
Moskva 8 419 700 47 000 km2
Murmansk 870 200 144 900 km2
Nenets 46 700 176 700 km2
Nižnij Novgorod 3 494 200 74 800 km2
Novgorod 698 000 55 300 km2
Novosibirsk 2 671 700 178 200 km2
Omsk 2 064 300 139 700 km2
Orenburg 21 70 000 124 000 km2
Orjol 868 400 24 700 km2
Penza 1 466 400 43 200 km2
Perm 2 739 100 127 700 km2
Primorje 2 068 000 165 900 km2
Pskov 756 700 55 300 km2
Rjazan 1 213 200 39 600 km2
Rostov 4 237 100 100 800 km2
Saha 887 300 3 103 200 km2
Sahalin 556 000 87 100 km2
Samara 3 202 800 53 600 km2
Saint-Petersbourg 4 582 300 85 900 km2
Saratov 2 633 900 100 200 km2
Smolensk 1 080 300 49 800 km2
Stavropol 2 718 300 66 500 km2
Sverdlovsk 4 457 000 194 300 km2
Tajmyrija 38 500 862 100 km2
Tambov 1 199 400 34 300 km2
Tatarstan 3 682 800 68 000 km2
Tjumen 1 341 900 161 800 km2
Tomsk 1 032 400 316 900 km2
Tula 1 659 100 25 700 km2
Tver 1 535 100 84 100 km2
Tyva 306 600 170 500 km2
Udmurtija (Oudmourtie) 1 595 700 42 100 km2
Uljanovsk 1 423 300 37 300 km2
Ust-Orda 140 600 22 400 km2
Vladimir 1 547 800 29 000 km2
Volgograd 2 581 900 113 900 km2
Vologda 1 283 500 145 700 km2
Voronež 2 367 400 52 400 km2
Russie 141 364 200 17 031 900 km²

1.2 Le déclin démographique

Malgré une politique nataliste parmi les plus incitatives au monde, la Russie se vide progressivement de ses habitants. Le constat semble se perpétuer depuis une trentaine d'années, selon le démographe Laurent Chalard. La population russe voit diminuer sa population. En 1991, au moment de la chute de l'URSS, la Russie comptabilisait 148,2 millions d'habitants. En 2021, le nombre était tombé à 146,1 millions, selon l'agence de statistiques russe (Rosstat). Selon les prévisions des démographes, la population devrait continuer de baisser pour atteindre entre 130 et 140 millions d'individus d'ici 2050.

Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir en 2000, Vladimir Poutine a multiplié les efforts pour enrayer cette tendance en lançant une importante politique nataliste. Le gouvernement a non seulement modernisé des hôpitaux et amélioré l'offre de soins, mais il a mis en place des programmes d'aides financières aux parents, des systèmes d'allocations familiales, des primes aux familles nombreuses, etc., sans oublier une propagande active sur le terrain. Lorsqu'il prend la parole en public, Poutine n'hésite jamais à prôner régulièrement les valeurs familiales et à appeler la population à «faire des enfants». Dans son esprit, la puissance d'un pays est lié à la taille de sa population. C'est pourquoi la question démographique inquiète Vladimir Poutine.

D'ailleurs, cette baisse de la population constitue sûrement l'un des enjeux de la guerre en Ukraine. La Russie pourrait non seulement récupérer un territoire qui lui appartiendrait de droit, mais elle pourrait en même temps intégrer près de 44  millions d'habitants majoritairement slaves. Dans son dernier recensement, Moscou intégrait ainsi les 2,4 millions d'habitants du Donbass, territoire annexé depuis 2014.

Cependant, si la guerre en Ukraine durait très longtemps, cette ambition d'accroître sa population pourrait aussi aggraver la crise démographique, car la Russie devrait augmenter ses effectifs, notamment en envoyant des centaines de milliers de jeunes soldats qui risquent de ne jamais revenir. De plus, selon les démographes, la guerre devrait affecter les naissances, généralement une baisse de 5% par année. En cas de victoire, on peut s'attendre à un boom de naissances en Russie. Par contre, si l'armée russe s'enlise et entraîne une crise économique, l'effet serait inverse. Si l'on s'en tient à la question démographique, Poutine n'a pas d'autre issue que de gagner cette guerre.

2 Les groupes ethniques

La Russie est un vaste pays multiethnique, multilingue, multiculturel et multiconfessionnel, composé de plus de 176 nationalités et groupes ethniques. Voici un tableau représentant les principaux groupes ethniques habitant les républiques de l'ex-URSS, avec le pourcentage de la connaissance du russe (1989):

République

Groupes majoritaires

Connaissance du russe (%)

Connaissance d'une langue ethnique reconnue (%)

Arménie

Arméniens (93 %)
Azéris (3 %)
Russe (1,6 %)

45
19
--
--
7
--
Azerbaïdjan

Azéris (83 %)
Russes (6 %)
Arméniens (6 %)

32
--
69
--
15
7
Biélorussie

Biélorusse (78 %)
Russes (13 %)

80
--
--
27
Estonie

Estoniens (62 %)
Russes (30 %)

35
--
--
15
Géorgie

Géorgiens (70 %)
Arméniens (8 %)
Russes (6 %)
Azéris (6 %)

32
52
--
35
--
26
24
10
Kazakhstan

Kazakhs (40 %)
Russes (38 %)

64
--
--
9
Kirghizistan

Kirghiz (52 %)
Russes (22 %)
Ouzbeks (13 %)

37
--
39
--
12
4
Lettonie

Lettons (52 %)
Russes (34 %)

68
--
--
22
Lituanie

Lituaniens (80 %)
Russes (9 %)
Polonais (7 %)

38
--
67
--
38
21
Moldavie

Moldaves (65 %)
Ukrainiens (14 %)
Russes (13 %)

58
80
--
--
14
12
Tadjikistan

Tadjiks (62 %)
Ouzbeks (24 %)
Russes (8 %)

31
22
--
--
17
4
Turkménistan

Turkmènes (72 %)
Russes (10 %)
Ouzbeks (9 %)

28
--
29
--
2
16
Ukraine

Ukrainiens (73 %)
Russes (22 %)

72
--
--
34
Ouzbékistan

Ouzbeks (71 %)
Russes (8 %)

27
--
--
5
Source: Natsionalnii Sostav Naseleniia SSSR (1991)

2.1 Les Russes

On peut constater que les russophones sont présents dans toutes les anciennes républiques de l'URSS, et qu'ils constituent maintenant des minorités non négligeables, notamment en Estonie (30 %), au Kazakhstan (38 %), en Kirghizistan (22 %), en Lettonie (34 %) et en Ukraine (22 %). Dans ces anciennes républiques soviétiques, les Russes ne font plus la pluie et le beau temps — sauf en Biélorusse et une partie de la Moldavie (en Transnistrie) et de l'Ukraine (en Crimée) —, mais les faits démontrent qu'ils ont de la difficulté à s'intégrer au sein de ces nouvelles majorités nationales. Parallèlement, à la suite de l’éclatement de l’URSS, près de 25 millions de Russes se sont retrouvés avec un statut d’étrangers dans les nouveaux États indépendants (11 millions en Ukraine et 6 millions au Kazakhstan). Certains de ces États, en particulier les pays baltes, ont pris des mesures discriminatoires afin de les encourager à partir. Déjà 2,5 millions d’entre eux ont préféré regagner la Russie où, en général, ils ne sont en général pas les bienvenus.

- La population russophone de la Fédération

Dans l'actuelle fédération de Russie, les Russes, un peuple slave, représenteraient 81,6 % de la population (recensement de 1991: 120 millions de russophones sur une population de 145 millions d'habitants ). Parmi les locuteurs du russe, 88 % l'ont comme langue maternelle et 94 % de ce nombre sont d'origine ethnique russe. On compte 7,5 millions de personnes non russes, qui ont le russe comme langue maternelle, soit environ 26 % de la population non russe. 

En principe, les républiques et les okrougs autonomes sont des unités politiques à base ethnique (non russe). Si les Russes représentent entre 70 % à 98 % de la population des kraïs et des oblasts, ils ne forment plus que de 10 % à 60 % de celle des autres entités administratives (républiques, okrougs et autres territoires). Les Russes constituent en effet une part importante de la population de chacune des républiques: ils sont présents partout et constituent parfois une minorité, mais bien souvent la majorité. La carte ci-dessous témoigne de l'étendue du russe au sein de toute la fédération de Russie et un peu à l'extérieur (dans les anciennes républiques de l'URSS): 

Dans les anciennes républiques, les russophones représentent maintenant des minorités non négligeables, notamment en Estonie (29 %), au Kazakhstan (30 %), en Lettonie (34 %) et en Ukraine (21 %). On peut dire que ces nombreuses minorités russophones constituent un gage important pour l'avenir de la langue russe parlée à l'extérieur de la Russie. Ces minorités sont là pour rester et il est vraisemblable que, sauf exceptions, elles vont conserver leur langue maternelle.

- Le bilinguisme des citoyens

Au sein de la population russe, les bilingues sont peu nombreux, car 98 % des Russes vivant en Russie sont unilingues. À peine 0,6 % (soit 726 450 personnes) sont bilingues. Cette tendance est appelée à se maintenir, voire se renforcer. Lors d'un «mini-recensement» tenu en 1994 auprès d'un échantillon de 7,3 millions de personnes, à peine 15 personnes sur 1000 disaient parler couramment une autre langue.  

Si les russophones sont unilingues, les non-russophones se déclarent bilingues (langue nationale / russe) dans une proportion de 61 %, soit 16 millions de personnes. Il n'existe malheureusement pas de données plus récentes (1989) sur l'état du bilinguisme dans la fédération de Russie.

- L'alphabet russe

Comme dans toutes les langues slaves, le russe se distingue par son alphabet. Rappelons que l’héritage catholique a favorisé l’alphabet latin avec le croate le polonais, le tchèque, le slovaque, le slovène et le sorabe, alors que l’héritage du monde orthodoxe a favorisé l’alphabet cyrillique avec le russe, le biélorusse, l'ukrainien, le serbe (Serbie), le bulgare et le macédonien. Cependant, en Russie, on parle d'alphabet russe, l'appellation de cyrillique servant à désigner seulement la graphie du slavon utilisée en Russie jusqu'au début du XVIIIe siècle.

Alphabet cyrillique/russe

Алфавит : кириллица

alphab2.gif (9046 octets)

L'alphabet russe comprend 33 lettres, le bulgare et le serbe 30, l'ukrainien 33. L'alphabet russe moderne a également été adapté à plusieurs langues non slaves des pays de l'ex-URSS par l'adjonction de lettres, que ce soit pour certaines langues ouraliennes (votiak, mordve, ostiak, vogoul), altaïques (turkmène, azerbaïdjanais), iraniennes (ossète, kurde, tadjik), caucasiennes (abkhaz, avar, circassien).

2.2 Les nationalités

Du côté des minorités (appelées «nationalités»), les plus importantes sont les Tatars (3,8 %), peuple d’origine turco-mongole, les Ukrainiens (3 %), les Tchouvaches (1,2 %), les Bachkirs (0,9 %). Parmi les autres minorités, figurent les Biélorusses, les Allemands, les Juifs, les Bouriates, les Ingouches, les Kalmouks, les Tchouktches (nord-est de la Sibérie) ou encore les IakoutesOn peut visualiser une grande carte des nationalités en cliquant ICI.

Dans leur ensemble, toutes les minorités (non russophones) constituent environ 20 % de la population de la Fédération. Le tableau qui suit présente les principaux groupes ethnolinguistiques au sein des 21 républiques actuelles de la Fédération:

République

Population

Peuples

Langues officielles
Adygués

451 000

Adygués (22 %)
Russes (57,9 %)
Ukrainiens (3,1 %
Arméniens (2,4 %)

adyguéen et russe
Altaï 200 000

Altaïens (30,9 %)
Russes (60,3 %)
Kazakhs (5,3 %

altaïen et russe
Bachkortostan 4 millions

Bachkirs (25 %)
Russes (40 %)
Tatars (25 %)
Tchouvaches (3 %)

bachkir, russe et anglais
Bouriatie 1 million

Bouriates (23 %)
Russes (72 %)

bouriate, russe et anglais
Carélie 789 000

Caréliens (11 %)
Finnois (3 %)
Russes (71 %)
Biélorusses (11 %)
Ukrainiens (3 %)

russe, anglais et finnois
Daghestan 2 millions

Darguines (15 %)
Avars (26 %)
Lesghiens (11 %)
Koumiks (11 %)
Russes (11 %)
Lacks (5 %)
Tabassarans (4 %)
Azéris (4 %)

avar, azerbaïdjanais, darguine, lack, lesguien, nogaï, tabassaran, tats,  tchétchène et russe
Yakoutie-Sakha 1million

Iakoutes (39 %)
Russes (51 %)

yakoute et russe
Kabardie et Balkarie 790 000

Kabardes (46 %)
Balkars (9 %)
Russes (35 %)
Ukrainiens ( ? )

kabarde et russe
Kalmoukie 320 000

Kalmouks (40 %)
Russes (40 %)

kalmouk et russe
Karatchaï-Tcherkess 436 000

Karachaïs (31,2 %)
Tchekesses (9,7 %)
Russes (42,3 %)
Abazes (6,6 %)

karachaï et russe
Khakassie 584 000

Khakasses (11 %)
Russes (79,4 %)

khakasse et russe
Komis 1,2 million

Komis (25 %)
Russes (60 %)
Ukrainiens/Biélorusses (11 %)

komi et russe
Mari 766 000

Maris (45 %)
Russes (45 %)
Tchouvaches (1 %)
Tatars (7 %)

mari et russe
Mordovie 959 000

Mordves (35 %)
Russes (59 %)
Tatars (5 %)

mordve, russe et anglais
Oudmourtie 1,6 million

Oudmourtes (33 %)
Russes (58 %)
Tatars (7 %)

oudmourte et russe
Ossétie du Nord

659 000

Ossètes (65 %)
Russes (22 %)
Géorgiens (5 %)

ossète et russe
Tatarskan 3,7 millions

Tatars (42 %)
Russes (44 %)
Tchouvaches/Mordves et Oudmourtes (6 %)

tatar, russe et anglais
Tchétchénie/Ingouchie 1,1 million

Tchétchènes (53 %)
Ingouches (14 %)
Russes (30 %)

tchétchène et russe
Tchouvachie 1,3 million

Tchouvaches (70 %)
Russes (20 %)
Mordves (2 %)
Tatars (5 %)

tchouvache et russe
Touva 308 000

Touvas (50 %)
Russes (36 %)

touva et russe
Source: Le Monde diplomatique, Paris
http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/russieethniquemdv1997

En réalité, les langues officielles sont plus nombreuses dans la Fédération, bien qu'en général les républiques ne comptent que deux langues officielles, le cas du Daghestan étant quand même une exception (avec cinq langues officielles). Souvent, des langues particulières ont le statut de co-officialité dans une région ou un territoire plus restreint, comme les oblasts et les kraïs, ou les okrougs. Outre le russe, citons les langues suivantes: l'adyghéen, l'altaï, l'avar, l'azerbaïdjanais, le balkar, le bachkir, le bouryat, le carélien, le chukchi, le dargine, le dolgan, l'évenki, l'ingouche, le kabardine, le kalmik, le karachaï, le khakasse, lekhanty, le permiak, le zyrien, le koriak, le koumik, le lack, le lesguien, le mansi, le mari, le mordve, le moksha, le nenet, le nogaï, l'ossète, l'oudmourte, le tatar, le tat, le tchétchène, le tcherkesse (circassien), le tchouvache, le touvin, le vepse, le iakoute et le yiddish. 

Dans les districts autonomes ou okrugs (Bouriate d'Oust-Orda, Khanty-Mansi, Tchuktches, Evenks, Iamalo-Nenets, Bouriate d'Aguinskoe, Komi-Permiak, Koriaks, Nenets et Taimyr), il existe aussi d'autres langues officielles que le russe:

1  Nenets
2  Komi-Permiak
3  Bouriate Oust-Orda
4  Bouriate d'Aguinskoe
5  Iamalo-Nenets
6  Khanty-Mansi
7  Taimyr
8  Evenks
9  Tchuktches
10 Koriaks
1  nenets + russe
2  komi-permiak + russe
3  bouriat + russe
4  nenets + russe
5  nenets + russe
6  khanti + mansi + russe
7  dolgani + russe
8  évenk + russe
9  tchuktchi  + russe
10  koriak + russe

Parmi les 176 nationalités, l'actuelle fédération de Russie compte 65 peuples qualifiés de peuples autochtones numériquement peu importants; ceux-ci habitent un peut partout dans toute la Russie d'Asie, tant au nord qu'au sud. Voici la liste de ces principaux peuples (voir la carte détaillée):

Abaziens Aghouls Akhvakhs Aléoutiens Aloutors Andis
Archis Bagvalals Bezhtas Botlikhs Chamalals Tchouktchees
Tchoulyms Dolgans Enets Evens Evenkis Godoberis
Hinoukhs Hounzibs Itelmens Izhoriens Kaitags Karatas
Kereks Kets Khants Khvarshis Koriaks Koubachis
Mansis Nanais Negidals Nenets Nganasans Nivkhs
Orochs Oroks Routouls Sámis Selkoups Shors
Tats Tindis Tofas Tsakhours Tsez Oudégés
Oulchis Vepses Votiens Yougs Youkaghirs Youpiks

La Loi relative à l'autonomie culturelle nationale, entrée en vigueur le 17 juillet 1996, prévoit la création d'un système d'associations ou d'autonomies culturelles nationales dans trois paliers: fédéral, régional et local. Ce régime constitue une forme d'autodétermination et d'autogestion nationales et culturelles pour la préservation, par exemple, des modes de vie, des traditions, de la langue, de l'éducation et de la conscience collective des communautés ethniques. C'est à la même époque que fut adopté le cadre de la politique d'État de la Russie en matière de nationalités. Près de 126 autonomies culturelles nationales ont été créées depuis lors; parmi celles-ci, les autonomies ukrainiennes, polonaises et allemandes sont les plus étendues et possèdent les programmes de développement avancés. Le problème, c'est que ce plan d'action exige des ressources financières considérables pour sa mise en oeuvre et que celles-ci ne suivent pas.

3 Les langues dans la Fédération

Il n'est pas facile de compter les langues parlées en Russie. On estime qu'il y en a une bonne centaine. Ethnologue en arrive à 103 langues parlées dans ce pays: «The number of languages listed for Russia is 103. Of those, 100 are living languages and 3 are extinct.» Pour sa part, le gouvernement fédéral russe estime ce nombre à 79 langues. 

3.1 Les langues par famille linguistique

Dans la fédération de Russie, les familles linguistiques sont les suivantes: indo-européennes, ouraliennes, altaïques, caucasiennes et paléo-sibériennes. Voici une liste des langues parlées en Russie classées par famille de langues (au nombre de plus de 110):

1) Langues slaves: russe, ukrainien, biélorusse, bulgare, polonais, slovaque, tchèque.

2) Langues indo-iraniennes: kurde, ossète, tadjik, tat, tsigane.

3) Autres langues indo-européennes: allemand, arménien, grec, letton, lituanien. 

4) Langues ouraliennes

Langues finno-ougriennes: carélien, erzya, finnois, ingrian, khanti, komi-permiak, komi-zirian, mansi, mari, mordve, oudmourte, sami (lapon), vepse, votik (vote). 

Langues samoyèdes: enets, selkoup, nène, nenets, nganasan,

5) Langues altaïques

Langues turciques: altai, azerbaïdjanais, bachkir, dolgan, gagaouze, iakoute, karachaï-balkar, kazakh, khakas, koumik, kirghiz, nogaï, ouzbek, shor, tatar, tchouvache, tchoulim, tofalar, touva, turkmène.  

Langues mongoles: bouriat, kalmik.

Langues toungouzes: éven, évenki, nanai, negidal, oroch, orok, oudihe, oulch. 

6) Langues caucasiennes: abazien, abkhaze, adyguéen, aghoul, akhvakh, andi, archi, avar, bagvalal, bat, bezhta, botlikh, boudoukh, chamalal, darguine, dido, géorgien, ghodoberi, hinukh, hunzib, ingouche, kabarde, karata, khinaloug, khvarshi, kriz, lack, lesghien, routoul, tabassaran, tchétchène, tindi, tsakhour, oudi.

7) Langues paléo-sibériennes: aléoutien, aloutor, choukchi, itelmen, kerek, ket, koriak, nivkh, inuktitut, youkaghirle. 

3.2 La diversité linguistique

La différence entre le nombre de 103 langues ou davantage et celui de 79 — ou d'autres résultats — provient d'une façon différente de comptabiliser les langues. Par exemple, on peut distinguer deux groupes de «sujets» dans la composition ethnique de la fédération de Russie:

1) les nations établies ou vivant depuis longtemps sur le territoire russe, lesquelles peuvent, sous certaines conditions, être appelées «peuples autochtones», pour un total de 79 langues.

2) les groupes ethniques d’origine plus récente, dont les «ethnies mères» vivent à l’extérieur de la Fédération (notamment dans la CEI et dans les pays baltes, en Bulgarie, en Hongrie, en Allemagne, en Corée, en Pologne, en Finlande), ainsi que les groupes qui ne disposent d’aucune entité étatique (Assyriens, Karaïtes, Kurdes et Tsiganes). Un total d'environ 110 langues ou plus.

On peut visualiser une grande carte des nationalités en cliquant ICI. Les spécialistes et politiques russes discutent encore s’il conviendrait de classer parmi les minorités nationales les groupes nationaux qui représentent des peuples russes vivant dispersés ou regroupés hors de leurs entités territoriales nationales, et qui font partie intégrante de la fédération de Russie: Bachkirs, Mordves, Tatars et un certain nombre d’autres ethnies.

Certaines républiques sont réputées comme étant particulièrement multiethniques. Par exemple, la république du Bachkortostan, avec sa population de quatre millions d'habitants, paraît relativement complexe. Cette république compte une centaine de nationalités parmi sa population, mais les trois groupes numériquement les plus importants — les Bachkirs (25 %), les Tatars (25 % et les Russes (40 %) — atteignent les 90 % de la population. Le Daghestan est également l'une des républiques les plus multilingues de la Fédération en raison du nombre important de ses langues officielles (une demi-douzaine) et de la diversités de ses nationalités (plus d'une trentaine). Pour expliquer cette situation aux enfants, on leur raconte ne légende ancienne: «Dieu portait dans ses bras toutes les langues du monde pour les distribuer aux peuples. En enjambant la chaîne du Grand Caucase, il trébucha sur le mont Elbrouz, et toutes les langues se déversèrent dans le Daghestan.»

Il faut dire que la région qu'on appelle le «Grande Caucase» est constituée quelques dizaines de groupes ethniques et de langues caucasiennes comme le tchétchène et le tcherkesse, généralement sans intercompréhension entre elles, ainsi que des langues turques comme le koumik, le nogaï, le balkar, le karachaï, des langues indo-européennes comme l'arménien, l'ossète (rattaché aux langues iraniennes de l'Est parlées autrefois par les Scythes), le pachtou d'Afghanistan et les petites langues du Pamir (une chaîne de montagne du sud-ouest du Tadjikistan). Le Caucase du Nord est donc une sorte de «conservatoire de langues». 

Certaines des minorités de la fédération de Russie, jadis soumises de force par les Russes, ont résisté à la russification et réclament aujourd’hui davantage d’autonomie, voire l’indépendance de leur territoire. Deux républiques, la Tatarie et la Tchétchénie (Grand Caucase), ont ainsi refusé de ratifier le traité fédéral du 31 mars 1992 et ont autoproclamé leur indépendance. Le gouvernement russe, refusant toute forme de sécession et craignant une réaction en chaîne, a mené une répression brutale en Tchétchénie. Présentement, les groupes les plus vulnérables de la fédération de Russie sont surtout les Turcs meskhètes, les réfugiés ingouches, la communauté juive, les Roms/Tsiganes et, de façon générale, les peuples autochtones numériquement peu importants.

3.3 Les langues en danger

Avant de mentionner quelles sont les langues plus ou moins en danger d'extinction, il serait bon de dresser la liste des langues qui ne sont guère menacées. Selon l'UNESCO, ce sont des langues bénéficiant d'une reconnaissance et d'une transmission sûre aux nouvelles générations. Il s'agit avant tout du russe bien sûr, puis du tatar, du iakoute, du touvin, du tchétchène, de l'avar, de l'ossète et de quelques autres langues caucasiennes, soit un peu plus d'une vingtaine de langues au total:

Les langues «en bonne santé»

 Langue

Groupe de langues

Nombre des locuteurs

Groupe ethnique

 Russe

slave

120 000 000

120 000 000

 Tatar

altaïque

4 730 000

    5 522 000

 Iakoute 

altaïque

350 000

       380 000

 Touvin

altaïque

197 000

       206 000

 Tchétchène

caucasienne

733 000

       899 000

 Avar

caucasienne

500 000

       544 000

 Ossète

indo-iranienne

339 000

       402 000

 Kabarde

caucasienne

360 000

       386 000

 Darguine

caucasienne

322 000

       353 000

 Koumik

altaïque

241 000

       277 000

 Lesguien

caucasienne

200 000

       257 000

 Ingouche

caucasienne

195 000

       215 000

 Karachai

altaïque

141 000

       150 000

 Lack

caucasienne

90 000

       106 000

 Tabasaran

caucasienne

77 000

         94 000

 Balkar

altaïque

70 000

         78 000

 Tcherkesse

caucasienne

40 000

         51 000

 Abazien

caucasienne

30 000

         33 000

 Routoul

caucasienne

15 000

         20 000

 Aghoul

caucasienne

14 000

         18 000

 Tat

indo-iranienne

12 000

         19 000

 Tsakhour

caucasienne

  5 200

            6 600

Toutes les autres langues sont, selon l'UNESCO, «potentiellement en danger» en Russie, ce qui signifie environ 80 % des langues. La plupart des langues des peuples autochtones de Russie centrale et septentrionale et de Sibérie ne sont pas devenues des langues de cultures modernes, car la mise en place d'écoles pour ces minorités ethniques et l'enseignement dans les langues autochtones exige au préalable la production de matériel pédagogique et didactique dans ces langues, ce qui n'a pas été fait. Le problème, c'est que le soutien financier ne suit à peu près jamais, et que les politiques linguistiques sont souvent réduites à néant, sans compter le manque chronique de manuels dans ces langues; dans un grand nombre de cas, les manuels existants ont été produits au cours des années 1930. Les nouvelles lois linguistiques de la fédération de Russie n'ont pas fait leurs preuves, car un nombre considérable de locuteurs des langues nationales (républiques, oblasts et autres districts autonomes), notamment chez les jeunes, ne maîtrise pas la langue de leur nationalité. Par exemple, le recensement de 1989 dénombrait 22 500 personne de l'ethnie des Khants; or, seulement 67 % considéraient le khanti comme leur langue maternelle; le même recensement faisait état de 8500 Mansi, dont 37 % utilisant le mansi comme langue maternelle. Cette situation est quasi généralisée pour tous les peuples autochtones de Russie.

Parmi les langues dites «sérieusement en danger» (UNESCO), mentionnons le vepse (env. 6400 locuteurs), le sami (env. 800), le nenet (env. 2000), le nganasan (env. 1000), le mansi (env. 3000), le ket (env. 500), le nanai (env. 5800), le nivkh (env. 1000), l'aléoutien (env. 40). Les langues «en voie d'extinction» (UNESCO) sont les suivantes: le votik (env. 100), l'enets (env. 200), le selkoup (env. plus de 500), le mansi de l'Est (env. 500), le tofalar (env. 300), l'oulchi (env. 1100), l'oudégé (env. 500), l'oroch (env. 150), le negidal (env. 150), l'orok (env. 60), le youkadir (env. 100), le kerek (prob. 3), l'iltemen (env. 500), le nivkh (env. 500).

4 Le russe comme langue officielle de la Fédération

Ce n'est que dans la Russie post-soviétique, l'actuelle fédération de Russie, que le russe fut reconnu comme langue officielle. Seul l'article 68 de la Constitution du 12 décembre 1993 traite de la question linguistique:

Article 68

1) La langue officielle de la fédération de Russie sur l'ensemble du territoire est le russe.

2) Les républiques ont le droit d'établir leurs langues officielles. Dans les organismes du pouvoir de l'État et les organismes des collectivités locales, les établissements d'État de la république, elles sont utilisées parallèlement à la langue officielle.

3) La fédération de Russie garantit à tous ses peuples le droit au maintien de la langue maternelle, l'établissement de conditions permettant son étude et son développement.

Cela signifie que, partout dans la fédération de Russie, le russe conserve des droits dans chacune des républiques et qu'il sert de langue des communications inter-ethniques entre les entités étatiques ou administratives.

L'article 1er de la Loi sur la langue officielle de la fédération de Russie de 2004 reprend les dispositions de la Constitution avec plus de précisions quant à l'usage du russe comme langue officielle:

Article 1er

Le russe comme langue officielle de la fédération de Russie

1) En vertu de la Constitution de la fédération de Russie, la langue officielle de la fédération de Russie sur tout son territoire est le russe.

2) La situation du russe comme langue officielle de la fédération de Russie prévoit la nécessité de l'usage du russe dans les domaines définies par la présente loi fédérale, d'autres lois fédérales, la Loi de la fédération de Russie du 25 octobre 1991, no 1807-I, «sur les langues des peuples de la fédération de Russie» et d'autres actes juridiques réglementaires de la fédération de Russie, sa protection et son soutien, ainsi que la garantie du droit des citoyens de la fédération de Russie pour l'usage de la langue officielle de la fédération de Russie.

3) Les règles de confirmation des normes de la langue russe littéraire moderne, qui est utilisée à titre de langue officielle de la fédération de Russie, et les règles de l'orthographe et de la ponctuation russe sont définies par le gouvernement de la fédération de Russie.

4) La langue russe comme langue officielle de la fédération de Russie est la langue contribuant à la compréhension mutuelle, le renforcement des relations interethniques des peuples de la fédération de Russie dans l'État multinational commun.

5) La protection et le soutien du russe comme langue officielle de la fédération de Russie contribuent à l'amélioration et au mutuel enrichissement de la culture spirituelle des peuples de la fédération de Russie.

6) Dans l'utilisation du russe comme langue officielle de la fédération de Russie, l'emploi des expressions et mots du langage populaire et injurieux, ainsi que les mots étrangers avec des équivalents communs en russe, est interdit.

Si la Constitution et la législation de la fédération de Russie stipulent que la langue officielle de la Fédération est le russe sur l’ensemble du territoire, les républiques de la Fédération sont néanmoins autorisées, en plus du russe qui est la langue de toute la Fédération, à établir leur propre langue officielle utilisée par les organismes de l’État, les autorités locales et les organismes gouvernementaux de ces républiques. N'oublions pas que le russe est l'unique langue officielle de la plupart des 49 oblasts et des deux villes à statut fédéral, et que, de toute façon, c'est la langue co-officielles de toutes les autres constituantes de la Fédération: les kraïs, les okrougs, l'oblast autonome et les 21 républiques. 

Mais les citoyens ne possédant pas le russe en tant que langue officielle de la fédération de Russie sont assurées de la protection de leurs droits et intérêts légitimes sur le territoire de la fédération de Russie, et conformément aux cas prévus par les lois fédérales au droit de recourir aux services d'un interprète.

On peut consulter une version française de la Loi sur la langue officielle de la fédération de Russie en cliquant ICI, s.v.p.

5 Les langues officielles des nationalités

Le tableau qui suit présente les principaux groupes ethnolinguistiques au sein des 21 républiques actuelles de la Fédération:

République

Population

Peuples

Langues officielles
Adygués

451 000

Adygués (22 %)
Russes (57,9 %)
Ukrainiens (3,1 %
Arméniens (2,4 %)
adyguéen et russe
Altaï 200 000 Altaïens (30,9 %)
Russes (60,3 %)
Kazakhs (5,3 %
altaïen et russe
Bachkortostan 4 millions Bachkirs (25 %)
Russes (40 %)
Tatars (25 %)
Tchouvaches (3 %)
bachkir et russe
Bouriatie 1 million Bouriates (23 %)
Russes (72 %)
bouriate et russe
Carélie 789 000 Caréliens (11 %)
Finnois (3 %)
Russes (71 %)
Biélorusses (11 %)
Ukrainiens (3 %)
carélien et russe
Daghestan 2 millions Darguines (15 %)
Avars (26 %)
Lesghiens (11 %)
Koumycks (11 %)
Russes (11 %)
Lacks (5 %)
Tabassarans (4 %)
Azéris (4 %)
avar, azeréri, darguine, lack, lesguien, nogaï, tabassarane, tats,  tchétchène et russe
Iakoutie-Sakha 1million Iakoutes (39 %)
Russes (51 %)
yakoute et russe
Kabardie et Balkarie 790 000 Kabardes (46 %)
Balkars (9 %)
Russes (35 %)
Ukrainiens ( ? )
kabarde et russe
Kalmoukie 320 000 Kalmouks (40 %)
Russes (40 %)
kalmouk et russe
Karatchaï-Tcherkess 436 000 Karachaïs (31,2 %)
Tchekesses (9,7 %)
Russes (42,3 %)
Abazes (6,6 %)
karachaï et russe
Khakassie 584 000 Khakasses (11 %)
Russes (79,4 %)
khakasse et russe
Komis 1,2 million Komis (25 %)
Russes (60 %)
Ukrainiens/Biélorusses (11 %)
komi et russe
Mari 766 000 Maris (45 %)
Russes (45 %)
Tchouvaches (1 %)
Tatars (7 %)
mari et russe
Mordovie 959 000

Mordves (35 %)
Russes (59 %)
Tatars (5 %)

mordve et russe
Oudmourtie 1,6 million

Oudmourtes (33 %)
Russes (58 %)
Tatars (7 %)

oudmourte et russe
Ossétie du Nord

659 000

Ossètes (65 %)
Russes (22 %)
Géorgiens (5 %)

ossète et russe
Tatarskan 3,7 millions

Tatars (42 %)
Russes (44 %)
Tchouvaches/Mordves et Oudmourtes (6 %)

tatar et russe
Tchétchénie/Ingouchie 1,1 million

Tchétchènes (53 %)
Ingouches (14 %)
Russes (30 %)

tchétchène et russe
Tchouvachie 1,3 million

Tchouvaches (70 %)
Russes (20 %)
Mordves (2 %)
Tatars (5 %)

tchouvache et russe
Touva 308 000

Touvas (50 %)
Russes (36 %)

touva et russe
Source: Le Monde diplomatique, Paris, Philippe Rekacewicz janvier 1997

En réalité, les langues officielles sont plus nombreuses dans la Fédération, bien qu'en général les républiques ne comptent que deux langues officielles, le cas du Daghestan étant quand même une exception (avec une douzaine de langues officielles). Souvent, des langues particulières ont le statut de co-officialité dans une région ou un territoire restreint. Outre le russe, citons les langues suivantes: l'adyghéen, l'altaï, l'avar, l'azerbaïdjanais, le balkar, le bachkir, le bouryat, le carélien, le chukchi, le dargine, le dolgan, l'évenki, l'ingouche, le kabardine, le kalmyk, le karachaï, le khakasse, lekhanty, le permiak, le zyrian, le koryak, le koumyk, le lack, le lesguien, le mansi, le mari, le mordve, le moksha, le nenet, le nogaï, l'ossète, l'oudmourte, le tatar, le tats, le tchétchène, le tcherkesse, le tchouvache, le touvin, le veps, le yakout, le yiddish. 

En vue de promouvoir les garanties contenues dans la législation fédérale, certaines républiques ont élaboré et adopté différentes lois intégrant les normes qui portent dans une certaine mesure sur les questions de développement national et culturel. Pour développer le cadre de la politique d’État en matière de nationalités, les républiques, kraïs, oblasts et okrougs ou districts (soit au total 61 sujets de la fédération de Russie) ont développé et mis en œuvre des cadres régionaux de politique nationale qui tiennent compte des caractéristiques sociales, économiques, ethniques et démographiques de chacune des entités de la Fédération. Plusieurs républiques ont adopté des textes législatifs garantissant les droits des minorités nationales, des peuples autochtones et des petits groupes ethniques. Ainsi, ces cadres et programmes sont présentement développés et mis en œuvre dans les républiques de Bachkirie, de Bouriatie, de Carélie, des Komis, des Mari-El, de Mordovie, de Sakha (Iakoutie), du Tatarstan, d’Oudmourtie et en République tchouvache, dans le kraï de Stavropol, dans les oblasts de Kaliningrad, Kourgan, Orenbourg, Perm, Samara, Saratov, Tioumen et Tcheliabinsk, ainsi que dans un certain nombre d’autres sujets de la Fédération.

Cela dit, par un arrêt du 27 avril 1998, la Cour constitutionnelle de la fédération de Russie, en vérifiant la légalité des lois sur l'élection du président du Bachkortostan, a constaté qu'aucune disposition constitutionnelle fédérale n'obligeait les républiques à établir des langues officielles, ni n'entraînait la nécessité d'exigences spéciales relatives à la connaissance de ces langues pour être éligible, y compris lors de l'élection du chef de l'État. La réalisation des droits de vote des citoyens doit être assurée indépendamment de la connaissance de ces langues.

En ce qui a trait aux nationalités, l'article 19.2 de la Constitution de la fédération de Russie garantit à tous les citoyens l’égalité des droits et des libertés, ainsi que le droit de déterminer eux-mêmes leur appartenance nationale, d’employer leur langue maternelle, de choisir une langue de communication, d’enseignement, etc.:

Article 19

2) L'État garantit l'égalité des droits et des libertés de l'homme et du citoyen, indépendamment du sexe, de la race, de la nationalité, de la langue, de l'origine, de la situation patrimoniale et professionnelle, du lieu de résidence, de l'attitude à l'égard de la religion, des convictions, de l'appartenance à des associations, ainsi que d'autres considérations. Toute forme de limitation des droits du citoyen selon des critères d'appartenance sociale, raciale, nationale, de langue ou de religion est interdite.

Il en est ainsi dans la Loi fédérale de la fédération de Russie du 9 octobre 1992 sur les principes généraux de la législation russe en matière culturelle; cette loi garantit le droit des peuples et des entités ethniques à la préservation et au développement de leur identité culturelle, à la protection, la reconstruction et le maintien de leur environnement historique et culturel. Selon l'article 21 de cette loi, le droit à l’autonomie culturelle nationale est garanti à toutes les communautés ethniques vivant de manière regroupée en dehors de l’entité étatique dont elles ont la nationalité ou pour lesquelles il n’existe pas une telle entité:

Article 21

La fédération de Russie garantit à tous ses peuples, indépendamment de leur importance numérique, le maintien et le développement multilatéral de leur langue maternelle, la liberté de choix et d'utilisation de leur langue de communications.

Tout en affirmant que le russe est la langue officielle sur l'ensemble du territoire de la Fédération, la loi fédérale du 24 juillet 1998 donne la possibilité à chacune des républiques de choisir une autre langue officielle, ce qui revient à reconnaître au moins deux langues officielles dans chacune des entités. L'État fédéral s'engage aussi à soutenir au plan financier et juridique le développement de toutes les langues pratiquées sur le territoire russe et à garantir à tous les citoyens la réalisation de leurs droits fondamentaux, indépendamment de la connaissance qu'ils ont d'une langue donnée.

6 Les religions 

La Russie est également un État multiconfessionnel dont les peuples pratiquent plus de 50 religions diverses. Au total, la fédération de Russie compte plus de 55 millions d’orthodoxes, environ 15 millions de musulmans, plus de 2 millions de «vieux-croyants» et à peu près le même nombre de juifs, un million de bouddhistes et de protestants et plus d’un million de croyants d’autres confessions religieuses. L’Église orthodoxe russe est l’institution religieuse dominante dans la fédération de Russie, mais il existe aujourd’hui environ 7000 mosquées; en date du 1er janvier 1999, on recensait 3072 associations musulmanes enregistrées. Les régions traditionnellement dominées par le bouddhisme — dont les fidèles sont apparus en Russie au XVe siècle — sont la Bouriatie, la Kalmoukie, la Touva et les oblasts d’Irkoutsk et de Tchita. L’une des plus grandes organisations bouddhistes est le Sangha traditionnel de Russie (en Bouriatie). Au 1er janvier 1999, quelque 167 communautés religieuses de ce type étaient enregistrées et fonctionnaient. La Russie compte également 227 organisations enregistrées de l’Église catholique romaine, qui ont des paroisses dans presque toutes les régions du pays.

Dernière mise à jour: 19 févr. 2024

 

Russie

 


1) Structures géopolitiques de la Fédération
 


2)
Données démolinguistiques

 


3)
Histoire - l'Empire russe

 


4)
Histoire - l'Union soviétique
 

5) Histoire - Résurgence du suprématisme russe


6)
La politique linguistique
à l'égard du russe

 


7)
La politique linguistique
à l'égard des nationalités

 


8
) Bibliographie
 

9) Kaliningrad
 


10)
La Crimée (sous occupation)
 

 


 

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