L'Estaca

(En français: Le Pieu)

L'Estaca («le pieu», en catalan) est une chanson composée en 1968 par le chanteur catalan Lluís Llach. Composée au cours de la dictature du général Franco en Espagne, il s'agissait d'une chanson devenue le symbole du combat pour la liberté du peuple catalan aux prises avec l'oppression franquiste en Catalogne. 

L'Estaca (català)

L'avi Siset em parlava
De bon matí al portal,
Mentre el sol esperàvem
I els carros vèiem passar.
Siset, que no veus l'estaca
On estem tots lligats ?
Si no podem desfer-nos-en
Mai no podrem caminar !

(Refrain)
Si estirem tots, ella caurà
I molt de temps no pot durar :
Segur que tomba, tomba, tomba !
Ben corcada deu ser ja.
Si tu l'estires fort per aquí
I jo l'estiro fort per allà,
Segur que tomba, tomba, tomba
I ens podrem alliberar.

Però, Siset, fa molt temps ja :
Les mans se'm van escorxant,
I quan la força se me'n va
Ella és més ampla i més gran.
Ben cert sé que està podrida
Però és que, Siset, pesa tant
Que a cops la força m'oblida.
Torna'm a dir el teu cant É.

L'avi Siset ja no diu res,
Mal vent que se l'emportà,
Ell qui sap cap a quin indret
I jo a sota el portal.
I mentre passen els nous vailets
Estiro el coll per cantar
El darrer cant d'en Siset,
El darrer que em va ensenyar

Le Pieu (traduction)

Le grand-père Siset me parlait ainsi
De bon matin sous le portail
Pendant que nous attendions le soleil
Je regardais passer les charrettes.
Siset, ne vois-tu pas le pieu
Où nous sommes tous ligotés?
Si nous ne pouvons pas nous en défaire,
Jamais nous ne pourrons nous libérer!

(Refrain)
Si nous tirons tous, il tombera
Il ne peut pas durer longtemps:
C'est sûr qu'il tombera, tombera, tombera
Bien vermoulu, il doit l'être déjà.
Si tu le tires fort de ton côté
Et que je le tire fort du mien,

C'est sûr qu'il tombera, tombera, tombera

Et nous pourrons nous libérer
.

Mais, Siset, il y a longtemps déjà:
Mes mains à vif sont écorchées,
Et quand mes forces me quittent,
Il semble plus large et plus haut.
Bien sûr, je sais qu'il est pourri
Pourtant,
Siset, il pèse si lourd
Que parfois les forces me manquent.
Rechante-moi ta chanson.


Le grand-père Siset ne dit plus rien,
Un mauvais vent l'a emporté,
Lui seul sait vers quel lieu
Et moi je reste sous le portail.
Et tandis que passent les nouveaux valets
Je lève la tête pour chanter,
La dernière chanson de Siset,
La dernière
qu'il m'a apprise.

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