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VanuatuRepublic of Vanuatu
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La république de Vanuatu (terme qui, dans les langues du nord du pays, signifie «notre pays») forme un archipel de la Mélanésie dans le Pacifique-Sud (voir la carte de l'archipel). Cet archipel est composé d'une douzaine de grandes îles (Espiritu Santo, Malekula, Éfaté, Tanna, Erromango, etc.) et environ 80 petites îles ou îlots, qui dessinent sur la carte une sorte de «Y». Le Vanuatu est un un archipel montagneux dont la superficie atteint seulement 14 765 km² (deux fois moins que la Belgique), mais dont les eaux territoriales s'étendent sur une superficie de 450 000 km², soit un peu moins que l'Espagne (504 748 km²). L'archipel est entouré par d'autres États: les îles Salomon au nord, les îles Fidji et Tuvalu à l'est, la Nouvelle-Calédonie (France) au sud, la Nouvelle-Zélande au sud et, plus à l'ouest, l'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée (voir la carte du Pacifique). La capitale, Port-Vila, est située dans l'île d'Éfaté (ou Vaté). Le Vanuatu est divisé en six provinces.
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La population vanuataise était estimée à quelque 200 000 habitants en 1998. Les six îles les plus importantes, soit Espíritu Santo, Éfaté ou Vaté (1100 km²), Mallicolo ou Malekula (2053 km²), Tanna (1628 km²), Pentecôte et Maéwo, regroupent plus de 80 % de la population. Les deux seules villes sont Port-Vila, la capitale, sur l'île Shéfa (ou île Vaté), qui concentre 10 % de la population totale de l'archipel, et Luganville sur l'île d'Espiritu Santo. La capitale du Vanuatu (env. 40 000 hab.), Port-Vila, donne l'image d'une ville cosmopolite où se mêlent les cultures européennes, vietnamiennes, chinoises et mélanésiennes.
Les habitants du Vanuatu sont appelés officiellement des Ni-Vanuatu ou Vanuatais (en français). La presque totalité de la population est constituée de Mélanésiens (97,7 %), mais on y trouve aussi des Européens (britanniques et français: 1,1 %), des Asiatiques et différents peuples polynésiens originaires des autres îles du Pacifique. Les non-Mélanésiens habitent généralement les deux principaux centres urbains que sont Port-Vila (île de Éfaté) et Lugainville (île de Espíritu Santo).
Les habitants de ce petit pays de moins de 200 000 habitants parlent plus d’une centaine de langues diverses et des différences, parfois considérables, s'affirment d'une île à l'autre, mais aussi de village à village. La plus grande particularité du Vanuatu réside dans son impressionnante densité linguistique, l'une des plus fortes de la planète. En fait, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et le Vanuatu ont en commun le fait de posséder une multiplicité de langues, mélanésiennes pour les îles Salomon et le Vanuatu, mélanésiennes et papoues pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Par ailleurs, au point de vue de la religion, les fidèles des différentes Églises protestantes (58 %) sont plus nombreux que les catholiques (15,2 %) et que les adeptes des religions traditionnelles (7,5 %).
2.1 Les langues autochtones
Rappelons-le, on compte au Vanuatu de 106 à 120 langues, selon les critères retenus pour différencier les langues et les dialectes dispersés dans les 90 îles pour moins de 200 000 locuteurs. C'est la plus forte densité linguistique du monde, selon la linguiste Claire Moyse. Toutes les langues autochtones sont parlées par de très petites communautés linguistiques. D’ailleurs, on ne compte que 12 langues parlées par plus de 2000 locuteurs, le chiffre maximal de 3000 locuteurs par langue n'étant atteint que par trois d'entre elles. Sauf quelques exceptions, les langues parlées au Vanuatu appartiennent au groupe mélanésien de la famille austronésienne. La population est partagée entre 110 langues mélanésiennes, trois langues polynésiennes (wallisien, tahitien et tongien), ainsi qu’une langue sino-tibétaine (chinois hakka) et une langue de la famille austro-asiatique (le vietnamien) provenant de l’immigration. Plusieurs des langues mélanésiennes ne comptent plus que quelques locuteurs et certaines d’entre elles semblent inexorablement condamnées à disparaître.
2.2 Le bichlamar
Pour communiquer efficacement entre eux, les Vanuatais utilisent le bichlamar (appelé aussi pidgin bislama). Cette langue tire son origine du pidgin-english parlé dans toutes les mers du Pacifique-Sud au XIXe siècle. En réalité, le bichlamar est un pidgin dérivé de l’anglais et formé à partir de 1860. On estime qu'entre 80 % à 90 % du vocabulaire serait d’origine anglaise, 4 % d’origine mélanésienne, et 3 % seulement d’origine française. Au XIXe siècle, les marchands portugais recherchaient des pêcheurs néo-hébridais pour captuter des «biches de mer» (en français moderne: des holothuries) qu'on appelait alors en portugais bicho do mar («bête de mer»), d'où le nom bislama utilisé pour désigner la langue parlée entre les marchands et les pêcheurs (ou plongeurs). Il semble que le terme portugais bicho do mar ait été de loin préféré aux termes anglais sea-slug («limace de mer»), sea-cucumber («concombre de mer») ou holothurian («holothurie»). Les Français, pour leur part, ne connaissaient que les mots cocombre de mer et holothurie. Les holothuries, une fois séchées, servaient de condiments dans de nombreux mets chinois, surtout depuis l'expansion du commerce entre la Chine et les îles du Pacifique-Sud. C'est en 1885 que le premier Français à associer le bichlamar à une langue fut »H. Le Chatrier qui mentionnait que les langues communes dans l'archipel étaient l'anglais, le français et «le canaque appelé le bichelamar». D'autres mentionnaient plutôt «le patois bêche-de-mer» et en anglais le «beach-la-mar».
À l'origine, le bichlamar servait d’idiome de communication par excellence entre les nombreux groupes linguistiques du pays et des îles de la région environnante. Le bichlamar, aujourd'hui passé au stade du créole, s'est même transformé en symbole de la «mélanésianité locale» et concurrence directement les langues mélanésiennes de l’archipel. On assiste de plus en plus à la pidginisation des langues locales, lesquelles perdent progressivement des parties importantes de leur vocabulaire respectif au profit du bichlamar. Du fait que le bichlamar puise de plus en plus dans la langue anglaise pour trouver les mots qu'il lui manque, il sert à favoriser l'apprentissage et l'expansion de l'anglais. De cette façon, il s'éloigne de son objectif d'origine, celui de servir de langue véhiculaire entre les communautés vanuataises. C'est pourquoi on parle d'un certain déclin du bichlamar parce qu'il s'apparente de plus en plus à l'anglais.
Voici un petit texte (saint Luc 2, 6-7) tiré de la Bible, qui témoigne que le bichlamar, malgré ses similitudes avec l'anglais, demeure néanmoins une langue distincte:
«Tufala i stap yet long Betlehem, nao i kam kasem stret
taem blong Meri i bonem pikinini.
Nao hem i bonem fasbon pikinin blong hem we hem i boe. Hem i kavremapgud long kaliko, nao i putum hem i slip long wan bokis we oltaim ol man oli stap putum gras long hem, blong ol anamol oli kakae. Tufala i mekem olsem, from we long hotel, i no gat ples blong tufala i stap.» - Luk 2:6-7. |
"The two of them were in Bethlehem, now it came the exact
time for Mary she births child.
Now him he born firstborn of her that him he boy. She she coverup (him) good in cloth, now she put him he lay in one box where always all men they are putting grass in him, for all animals they eat (it). The two of them they made same, because at hotel, it no got place for the two of them to stay." - Luke 2:6-7 |
En français, le texte est le suivant; «Pendant qu'ils
étaient là, le temps où Marue devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils
premier-né. Elle l'emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y
avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie» (Luc 2,6-7).
3.2 Les langues
métropolitaines: français et anglais
Le français et l'anglais ont maintenu leur statut de langues co-officielles de l'État, mais seule une très faible minorité d'individus utilise le français ou l'anglais comme langue maternelle. Il s'agit essentiellement de Français ou de Britanniques qui sont demeurés au Vanuatu après l'indépendance (environ 1000 par communauté). Encore plus rares sont ceux qui peuvent prétendre être bilingues français-anglais. Aussi, peut-on dire que le bilinguisme français-anglais au Vanuatu n'est réservé qu'aux institutions.
Au plan strictement administratif, on peut rattacher approximativement 60 % de la population vanuataise à la communauté anglophone et environ 40 % à la communauté francophone, c’est-à-dire à l'Administration française ou à l’Administration anglaise. Du point de vue sociolinguistique, la situation n'est cependant pas aussi claire, du fait qu'avant 1965, on avait laissé le soin de l'éducation aux mains des communautés religieuses et que le nombre de pasteurs anglophones était beaucoup plus élevé que celui des prêtres français. Cette situation semble avoir produit un rapport de l'ordre de trois contre un en faveur de l'anglais quant à l'influence exercée et à l'enseignement dispensé pour cette période. C’est pourquoi, aujourd’hui, on estime que l'anglais est parlé «techniquement» par les deux tiers de la population et le français, en principe, par l’autre tiers. Historiquement, les francophones sont concentrés essentiellement dans les îles du Nord, d'Espiritu-Santo et de Mallicolo (voir la carte de l'archipel).
L'archipel de Vanuatu est habité par les Mélanésiens depuis plusieurs millénaires. En 1606, l'explorateur portugais Pedro de Queirós découvrit l'île d'Espiritu Santo. L'archipel fut redécouvert en 1768 par le célèbre navigateur français Louis-Antoine de Bougainville qui le nomma Grandes Cyclades du Sud. En 1773, le navigateur britannique James Cook lui donna le nom de New Hebrides (ou Nouvelles-Hébrides) en souvenir des îles Hebrides dans son Écosse natale. La plupart des îles conservèrent le nom donné à cette époque: Tanna, Erromango, Ambrym, etc.
Les premiers missionnaires presbytériens (britanniques) arrivèrent au Vanuatu en 1839, suivis en 1860 par les anglicans et, en 1887, par les catholiques français; ces communautés religieuses entrèrent aussitôt en rivalité. Des colons britanniques venus d'Australie et des colons français de la Nouvelle-Calédonie commencèrent à s'y établir dès 1854 au détriment des autochtones, ce qui provoqua des révoltes chez ces derniers suivies de sanglantes répressions de la part des Européens (Français et Britanniques). Les infections apportées par les navires — choléra, petite vérole, grippe, pneumonie, fièvre jaune, dysenterie — provoquèrent des épidémies dans la population, ce qui aurait fait passer leur nombre supposément de moins d'un million au début du XIXe siècle à quelque 650 000 en 1870 et, vingt ans plus tard, à 100 000, pour atteindre 41 000 habitants en 1935; les îles d'Anatom et d'Erromango ne conservèrent que 5 % de leur population d'origine.
En 1882, John Higginson, un spéculateur terrien français d'origine irlandaise, fonda la Compagnie calédonienne des Nouvelles-Hébrides (CCNH). Il acquit plus de 20 % des terres exploitées par les Britanniques et les chefs locaux. En 1894, rebaptisée Société française des Nouvelles-Hébrides (SFNH), la Compagnie possédait 55 % des terres cultivables du Vanuatu.
Tout au cours de cette période, les colons français se méfièrent des missionnaires presbytériens qui, pour leur part, les faisaient passer auprès de leurs convertis pour les «représentants du diable». Partagés entre les deux pouvoirs, les Mélanésiens choisissent l'un ou l'autre et se prononcent la plupart du temps en choisissant soit le système d'enseignement francophone soit le système anglophone. Les rivalités s'accentuèrent entre les Français et les Britanniques. Quant aux Mélanésiens, partagés entre les deux communautés, ils optèrent pour l'un ou pour l'autre camp; ils se prononçaient généralement en choisissant un système d'enseignement francophone (catholique) ou anglophone (protestant).
3.1 Le condominium franco-britannique
Pour éviter les risques d'affrontement entre les deux
communautés, la France et la Grande-Bretagne proclamèrent, en 1878, la
neutralité de l'archipel des Nouvelles-Hébrides, puis instituèrent en 1887 une
convention navale mixte. Ce fut la loi du 30 juillet 1901 qui officialisa le
statut du condominium sur les Nouvelles-Hébrides. D'une part, la Grande-Bretagne
s'appuyait sur le statut de ses colonies voisines (l'Australie, les îles
Fidji et les îles Salomon) pour exercer son autorité, d'autre part, la France
affirmait sa présence en raison de la Nouvelle-Calédonie. Par la Convention de Londres (1906), les deux
puissances décidèrent d'établir un régime de
condominium (appelé «condominium franco-britannique») qui fut précisé
par un protocole en 1914 (officiellement ratifié en 1923), au terme duquel
chaque pays avait autorité sur ses ressortissants, et tous deux, conjointement,
sur la population autochtone. Ces accords établissent une influence égale entre
les deux pouvoirs coloniaux, sans souveraineté exclusive.
À cette époque la population totale était d'environ 65 000 Mélanésiens, 2000 Français et 1000 Britanniques. Français et Britanniques disposaient de droits égaux, mais les autochtones n'avaient aucun État à eux et restaient subordonnés aux coloniaux. Chacune des deux grandes communautés bénéficiait de ses services propres; par exemple, il existait deux polices, deux services de santé, deux régimes éducatifs, deux systèmes judiciaires, deux systèmes pénitentiaires, deux monnaies, etc. Au moment de la création du condominium en 1906, la population totale était d'environ 2000 Français, 1000 Britanniques et 65 000 insulaires.
Ce fut l'époque où le bichlamar connut sa plus grande vitalité parce qu'il constituait une sorte de «lien fondateur» chez les différentes communautés. Il était surtout parlé par les autochtones illettrés et analphabètes, mais il s'est enrichi par des apports linguistiques locaux, surtout par la langue anglaise. N'oublions pas que tout l'archipel comptait une bonne centaine de langues, ce qui ne pouvait que causer des difficultés de communication. C'est purquoi les populations ont eu recours au pidgin-english. À cette époque, le pidgin-english était parlé et compris dans la plupart des îles mélanésiennes, que ce soit aux Nouvelles-Hébrides comme aux îles Fidji, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux îles Salomon ou en Nouvelle-Calédonie. Encore aujourd'hui, ce pidgin-english est parlé au Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les îles Salomon. Au Vanauatu, il s'est appelé «bichlamar».
Finalement, il en est résulté deux États dans le pays. Dans l'administration publique, la Résidence française ne fonctionnait qu'en français et la British Residency qu'en anglais, avec des droits de résidence et de commerce égaux pour les sujets français et britanniques. Pour l'enseignement, les Mélanésiens du Vanuatu ont dû «subir» deux systèmes séparés: l'un contrôlé par la France, l'autre par la Grande-Bretagne. Pour la plupart des habitants de l'archipel, la connaissance de «l'autre langue» est toujours demeurée sans intérêt. Le condominium, tout en évitant le partage géographique de l'archipel, laissait surtout une grande sphère d'autonomie et de liberté à la population mélanésienne qui put ainsi conserver sa culture propre. Néanmoins, la rivalité franco-britannique s'est perpétuée jusqu'à nos jours.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis établirent une grande base aéronavale sur l’île de Espiritu Santo. Dès lors, l'archipel devint une base alliée essentielle dans la lutte contre le Japon. Le pays connut alors une brève période de prospérité.
Au cours des années soixante, un mouvement autochtone — le Nagriamel — revendiqua les terres sur lesquelles voulaient s'étendre les colons européens déjà installés. Par la suite, les Nouvelles-Hébrides bénéficièrent d'institutions telles que le Conseil consultatif en 1957, qui mèneront à l'autonomie en 1975. Une pétition fut déposée aux Nations unies en 1971 par le leader du mouvement, Jimmy Stevens, revendiquant l'indépendance du pays. La même année, le pasteur Walter Lini (1942-1999) fonda le Parti national des Nouvelles-Hébrides, qui devint plus tard le Vanuaaku Pati, un mouvement essentiellement anglophone. Dès lors, le désaccord entre les anglophones (majoritaires) et les francophones (minoritaires) s'accrut, mais une trêve permit l'adoption d'un projet de Constitution en septembre 1979. En novembre de la même année, les élections furent remportées par le parti anglophone de Walter Lini, qui devint premier ministre. Les francophones des îles Espíritu Santo et Tanna tentèrent alors de faire sécession (sous la conduite de l'anglophone Jimmy Steevens). Un contingent franco-britannique intervint pour réduire cette tentative de sécession. Par la suite, l'attitude du gouvernement de Vanuatu resta toujours méfiante par rapport aux influences françaises; cette méfiance s'amplifia à la suite des conflits qui eurent lieu en Nouvelle-Calédonie.
3.2 L'indépendance
L'indépendance fut proclamée le 30 juillet 1980, les Nouvelles-Hébrides devenant officiellement la république de Vanuatu. Le pays fut aussitôt placé sous les feux de l'actualité internationale en raison de la grave crise politique qui résultait du désaccord entre la majorité anglophone et la minorité francophone. De nombreux francophones décidèrent de fuir en Nouvelle-Calédonie où ils pouvaient continuer de vivre en français. Au moment de l'indépendance, le pays ne comptait que 32 écoles privées en français (pour 126 classes) et 40 écoles publiques (pour 123 classes). Ce nombre d'écoles française était largement inférieurs à celui des écoles anglaises où il existait une certaine prise en charge des écoles par les parents d'élèves.
Aussitôt après l'indépendance, en septembre 1980, une révolte sécessionniste venant des francophones des îles Espíritu Santo et Tanna fut mâtée sans ménagement avec l'aide de l'armée de la Papouasie-Nouvelle-Guinée appuyée par la logistique de l'Australie. Ce malheureux épisode de l'histoire du pays fit apparaître les francophones comme des «traîtres» à l'égard de leur pays, tandis que l'image de la France fut grandement ternie parce qu'elle avait promis des armes. Par la suite, les relations entre le Vanuatu et la France demeurèrent très tendues. Le nouvel État, voulant marquer son indépendance, a même chassé deux ambassadeurs français. La grande majorité des ressortissants français quittèrent le Vanuatu, reçurent des compensations de la part du gouvernement français pour la perte de leurs terres, qui revinrent toutes aux Mélanésiens. Par la suite, toute la vie politique de Vanuatu resta marquée par l'opposition entre anglophones et francophones. La Vanuatu a adhéré à la Francophonie en décembre 1979 tout en demeurant membre du Commonwealth.
L'anglophone Georges Ati Sokomanu fut élu président de la République. En 1983, Vanuaaku Party (en anglais remporta les élections. En 1987, Walter Lini, le chef du Vanuaaku Party, remporta les élections. Étant donné que les fonctionnaires locaux étaient majoritairement de langue anglaise, la plupart des documents ne furent rédigés qu'en anglais. Même le mot «Vanuatu» devint un objet de controverse, car les francophones souhaitèrent en vain l'orthographe «Vanouatou».
En janvier 1989, l'ancien déchu et emprisonné; l'anglophone Karlomnana Timakata fut élu à son poste. En septembre 1991, Walter Lini dut se retirer pour être remplacé par un autre anglophone, mais en décembre le parti francophone remporta les élections et le francophone Maxime Carlot Korman devint premier ministre. En 1994, le francophone Jean-Marc Leyé fut élu président de la République. La victoire de l’UMP (Union des partis modérés) aux élections de 1995 vit pour la première fois l’arrivée à la tête du gouvernement du francophone Serge Vohor. En mars 1999, John Bani, un anglophone, fut élu à la tête de l'État. Depuis novembre 1999, un gouvernement de coalition de cinq partis a été mis en place, mais ce gouvernement semble fragile, les partis qui le composent ayant des intérêts divergents et le premier ministre n'est pas le chef du parti le plus important de la coalition.
Bref, durant une longue décennie, la classe politique a été anglophone avec le résultat que les francophones ont été relégués à l’arrière-plan. Ainsi, le recensement de 2003 révélait que le nombre d'enfants inscrits dans les écoles de langue française et dans celles des écoles de langue anglaise s'est considérablement modifié. Alors que les francophones et les anglophones se partageaient les écoles dans environ 50 %, l'égalité est disparue au profit des anglophones qui comptent 70 % des élèves, contre 28 % pour les écoles françaises. Dans ces conditions, la vie politique reste encore marquée par l'opposition entre les deux «communautés» linguistiques.
Dans le but de dénouer l'impasse, le gouvernement a présenté en 2005 un projet de loi créant le Conseil national des langues de Vanuatu (Vanuatu National Language Council). La même année, le gouvernement présentait aussi un projet de Politique linguistique nationale. Les projets sont encore à l'étude.
Depuis son accession à l’indépendance, on ne peut pas dire que le Vanuatu a établi une réelle politique linguistique en faveur des langues locales. Sous prétexte que le pays est relativement pauvre, les responsables politiques ont jusqu’ici mis l’accent sur les priorités économiques, les questions linguistiques étant laissées pour compte. Le Vanuatu n'a même jamais adopté de véritable législation en matière linguistique. Cependant, il existe quelques textes juridiques comptant des dispositions linguistiques, que ce soit dans la Constitution ou dans des lois ordinaires portant sur le mariage, l'éducation, les permis de conduire, les commissions d'enquête, les services publics, le code criminel, l'interprétation des lois, etc.
Selon l'article 3 de la Constitution, le Vanuatu est un État officiellement trilingue:
Article 3 National and official languages 1) The national language of the Republic of Vanuatu is Bislama. The official languages are Bislama, English and French. The principal languages of education are English and French. 2) The Republic of Vanuatu shall protect the different local languages which are part of the national heritage, and may declare one of them as a national language. |
Article 3 Langue nationale et langues officielles 1) La langue véhiculaire nationale de la République est le bichlamar. Les langues officielles sont l'anglais, le bichlamar, le français. Les langues principales d'éducation sont l'anglais et le français. 2) La République protège les différentes langues locales qui font partie de l'héritage national, et peut déclarer l'une d'elles langue nationale. |
Dans son projet de Politique linguistique nationale, présenté pour la première fois au public à la IIe Conférence sur la langue nationale tenue au campus Emalus de l'Université du Pacifique-Sud et financé par l'UNESCO, le gouvernement innove en explicitant par écrit le trilinguisme du pays. Cette politique est fondée sur des principes promulgués dans la Constitution nationale, mais également promouvoir le multilinguisme au rang d’actif national, promouvoir l’égalité des chances d’accès à toute langue officielle et promouvoir l’accès de tout citoyen aux chances d’apprendre les langues. De plus, les langues locales ou indigènes restent les langues maternelles de nombreux enfants; c'est pourquoi elles doivent être promues pour être parlées par des générations à venir. Le Vanuatu a l’obligation d’utiliser, d’écrire et de promouvoir et protéger les langues indigènes. Enfin, le projet de politique encourage l’apprentissage des langues «immigrantes», les langues autres que les deux langues principales de l’éducation ou le bichlamar, ou les langues indigènes.
4.1 Les langues de la législature
En principe, les trois langues officielles sont admises au Parlement et, dans l'interprétation d'un texte législtatif, toutes ses versions dans les langues officielles du Vanuatu font également foi (art.17 de la Loi sur l'interprétation):
Section 17 Authentic version (1) In construing an enactment, all
its versions in the official languages of Vanuatu shall be equally
authentic. |
Article 17 Version authentique (1) Dans l'interprétation d'un texte législtatif, toutes ses versions dans les langues officielles du Vanuatu font également foi. (2) Lorsqu'il existe une différence entre deux ou plusieurs versions d'un texte législatif, la préférence sera accordée dans l'interprétation du texte à la version qui, selon le sens le plus fidèle, assure le mieux la réalisation des objectifs selon l'intention et le sens du texte. (3) Dans le présent
article: |
Comme l'indique le par. 2, s'il existe une différence entre deux ou plusieurs versions d'un texte législatif, la préférence sera accordée dans l'interprétation du texte à la version qui, selon le sens le plus fidèle, assure le mieux la réalisation des objectifs selon l'intention et le sens du texte.
Dans les faits, l'anglais correspond à la «langue officielle écrite», c'est-à-dire celle des lois, des décrets, des règlements, des notes de service, des formulaires administratifs, etc. Autrement dit, tous les documents officiels (lois, règlements, formulaires, etc.) sont d'abord rédigés en anglais, puis traduits plus ou moins rapidement en français. On assiste ainsi à une véritable triglossie: les lois sont discutées en bichlamar, promulguées en anglais et traduites en français. De plus, les lois ne sont pas toutes traduites en français et les services de traduction simultanée prévus n'ont jamais été mis en oeuvre, faute d'argent. L'anglais est aussi prépondérant au plan de l'affichage et conserve l'exclusivité dans les médias tant écrits qu'électroniques. Bref, bien que placé sur un pied d'égalité avec l'anglais dans la Constitution, le français n'occupe qu'une place très restreinte: celle de «langue officielle traduite».
4.2 Les langues de la justice
Dans le domaine de la justice, l'anglais, le français et le bichlamar sont les trois langues officielles. Cependant, ces langues ne sont pas équivalentes dans la pratique. Le Code de procédure criminelle de 1981 donne une certaine idée du statut réel des langues. Tout accusé ou témoin a le droit d'obtenir les services d'un interprète s'il ne comprend pas la langue utilisée au tribunal. C'est le juge de décider de recourir aux services d'un interprète assermenté, dans la mesure où il ne connaît pas suffisamment la langue d'un accusé ou d'un témoin (par. 4):
Section 121 Interpretation of evidence to accused or his advocate (1) Whenever any evidence is given in a language not understood by the accused, and he is present in person, it shall be interpreted to him in open court in a language understood by him. (2) If he appears by advocate and the evidence is given in a language other than English or French and not understood by the advocate, it shall be interpreted to such advocate in English or French as the case may be. (3) When documents are put in for the purpose of formal proof it shall be in the discretion of the presiding judicial officer to interpret as much thereof as appears necessary. (4) When the presiding judicial officer is satisfied that he is sufficiently conversant with English, French or Bislama, he may, without the use of a sworn interpreter, undertake any interpretation required under this section or which may be necessary in any trial from one into any other of the said languages with which he is conversant. |
Article 121 Interprétation d'un témoignage de la part d'un accusé ou de son avocat (1) Chaque fois qu'un témoignage est donné dans une langue
qui n'est pas comprise par l'accusé et qu'il est physiquement présent, il
doit recevoir une traduction du tribunal dans une langue qu'il comprend. (3) Lorsque les documents sont déposés comme preuve formelle,
il relève de la discrétion du président du tribunal de les faire traduire
si cela lui paraît nécessaire. |
En fait, l'anglais règne en maître au plan des communications écrites, mais les procès se déroulent aussi souvent en français qu'en anglais ou en bichlamar, ce qui n'empêche pas les juges de toujours prononcer leurs sentences uniquement en anglais.
4.3 Les langues des services gouvernementaux
Dans les faits, la place du bichlamar équivaut au statut de «langue officielle parlée», que ce soit au conseil des ministres, dans les ministères, dans l'administration, sur la place publique, etc. Afin d'être compris des masses «anglophones» et «francophones», les ministres font leur discours en bichlamar. Néanmoins, privé d'une orthographe normalisée et codifiée, et exclu de l'école, le bichlamar joue un rôle subalterne et reste confiné à la communication orale.
Dans le domaine des services gouvernementaux, la Constitution prévoit (art. 64, par. 1) que ceux-ci doivent être assurés dans n'importe laquelle des langues officielles:
Article 64 Right of a citizen to services in own language 1) A citizen of Vanuatu may obtain, in the official language that he uses, the services which he may rightfully expect from the administration of the Republic of Vanuatu. [...] |
Article 64 Droit du citoyen aux services dans sa langue 1) Tout citoyen de Vanuatu peut obtenir, dans celle des langues officielles qu'il pratique, les services qu'il est en droit d'attendre de l'administration de la République. [...] |
Les services sont effectivement partout assurés en anglais et en bichlamar, puis en français. Dans la gestion interne de l'administration, la langue française demeure peu présente entre les fonctionnaires. Seuls les ministères de l'Éducation et des Finances garantissent des services en français. L'un des rares textes législatifs à traiter de la langue dans l'Administration est la Loi sur les services publics de 1981. L'article 18 énonce que toute déposition devant le Conseil disciplinaire de service public peut être présentée en français, en anglais et en bichlamar. L'article 6 de la Loi sur les commissions d'enquête de 1974 prévoit que les délibérations de la Commission sont effectuées en bichlamar, en anglais ou en français, avec au besoin interprètes qualifiés, et que le compte rendu des délibérations et le rapport des commissaires doivent être rédigés en bichlamar, en anglais et en français:
Section 6 Rules of procedure |
Article 6 Les règles de procédure (2) La délibérations de la Commission sont effectuées en bichlamar, en anglais ou en français, tel qu'il en sera décidé le ou les président, et là où ce sera réalisable des interprètes dûment qualifiés dans chaque langue concernée seront employés. Le compte rendu des délibérations et le rapport des commissaires doivent être rédigés en bichlamar, en anglais et en français. |
La Loi sur le mariage de 1971 précise qu'un avis écrit doit être affiché de façon visible dans un endroit à l'intérieur ou à l'extérieur des églises dans l'une des langues officielles et, si nécessaire, dans une langue comprise par les parties. Enfin, dans les Lois consolidées (chap. 9, art. 3), il est prévu que, pour obtenir un permis de consuire, il faut «une connaissance ordinaire de l'anglais, du français ou du bichlamar» («a knowledge of simple English, French or Bislama»).
4.4 Les langues des médias
Dans les médias, la situation présente un ensemble assez disparate. S'il existe des journaux quotidiens privés uniquement en anglais (Vanuatu Daily Post) ou en bichlamar (Tam Tam), la presse unilingue francophone est inexistante; toutefois, on compte quelques journaux en français sur une base hebdomadaire (Vanuatu hebdomadaire) et mensuelle, la durée de vie des titres étant très variable. Au Vanuatu, la presse est souvent trilingue (anglais, français et bichlamar): le Vanuatu Weekly et Port Vila Presse, mais il faut comprendre que les articles en français et en bichlamar sont en réalité des traductions de l'anglais.
Le Vanuatu ne possède qu'une seule corporation nationale qui offre les services de radio et de télévision: la Société de Radiodifusion et de Télévision du Vanuatu (SRTV). Elle opère, en trois langues, une station de télévision (Television Blong Vanuatu, TBV) et trois stations de radio. Toutefois, plus de 70 % des émissions radiophoniques de la SRTV sont en bichlamar. On peut aussi capter les ondes de BBC, ABC Radio, Radio-France et Radio-Nouméa (Nouvelle-Calédonie) sur les ondes de radio FM. Par ailleurs, la télévision n'occupe pas une grande place au Vanuatu. La minorité des Vanuatais (Ni-Vanuatu) qui possèdent un appareil écoute surtout les nouvelles quotidiennes offertes en français, anglais et bichlamar. Depuis quelques années, le bouquet français Canal+ transmis par satellite est accessible sur abonnement au Vanuatu.
L'anglais et le français sont les deux seules langues d'enseignement au Vanuatu, bine que des cours d'alphabétisation en langues mélanésiennes soient prévus au début du primaire. Le français a gardé ses positions privilégiées dans le système scolaire, du primaire à la fin du secondaire.
Selon l'article 6 de la Loi sur l’éducation (no 21) de 2001, les langues principales de l'éducation sont l’anglais et le français, et tous les élèves, pendant leur éducation primaire, doivent recevoir leur instruction ou en français ou en anglais:
Section 6 Language policy (1) In accordance with Article 3(1) of the Constitution, the principal languages of education are English and French. (2) All students during their primary education are to be taught in either French or English. (3) All students who proceed to secondary education are to continue in their first language of instruction (e.g. French) and are to begin the study of the other language of instruction (e.g. English). (4) However, nothing in subsection (3) is to prevent a student who has undertaken his or her primary education in one language of instruction from undertaking his or her secondary education in the other. (5) The Minister, acting on the advice of the Director-General, may by order determine that one or more specified subjects at a specified school or schools are to be taught to students in the local vernacular or Bislama. |
Article 6 Politique linguistique (1) Conformément à l'article 3.1 de la Constitution, les langues principales de l'éducation sont l'anglais et le français. (2) Tous les élèves pendant leur éducation primaire doivent recevoir leur instruction en français ou en anglais. (3) Tous les élèves qui passent à l'enseignement secondaire doivent poursuivre dans leur première langue d'enseignement (par exemple le français) et commencer l'étude de l'autre langue d'enseignement (par exemple l'anglais).
(4) Cependant, rien dans le paragraphe 3
ne doit empêcher un élève qui a entrepris son instruction primaire dans
une langue d'enseignement de poursuivre son instruction secondaire dans
l'autre. |
De plus, l'article 8 de la Loi sur l'éducation précise qu'aucun enfant ne peut se voir refusé son admission dans une école pour des raisons de sexe, de religion, de nationalité, de race, de langue ou de handicap physique.
Durant les premières années de l'indépendance, le secteur de l'éducation a été largement dominé par les élites anglophones. Toutefois, la nette amélioration des relations avec la France a fait que la langue française n'est plus ouvertement contestée. Non seulement, le gouvernement a nommé un ministre responsable de l'éducation francophone, mais il a adopté en 2001 la Loi sur l'éducation qui confirme le caractère bilingue de l'éducation en scindant le système scolaire en deux voies parallèles, l'un sous la direction administrative d'un ministre francophone, l'autre sous celle d'un ministre anglophone. Le choix de la «filière francophone» ou de la «filière anglophone» appartient aux familles. Il est fréquent qu'une famille ayant plusieurs enfants les place dans des différentes filières.
Pour les francophones, la promotion du bilinguisme constitue un élément essentiel pour inverser le processus en cours de marginalisation du français. L'enseignement de la seconde langue, conformément au paragraphe 3, intervient la première année du secondaire (collège); le français ou l'anglais devient alors langue seconde ou langue étrangère. Selon le paragraphe 5, le ministre peut, dès le primaire, introduire le bichlamar (la langue vernaculaire) en cas de difficultés en plus du français ou de l'anglais.
En ce qui a trait aux études supérieures, les étudiants anglophones ont accès à l'Université de Nouvelle-Zélande, alors que les francophones se dirigent vers l'Université du Pacifique-Sud en Nouvelle-Calédonie. Des bourses sont accordées, la plupart du temps par les ambassades d'Australie et de France, les principaux bailleurs de fonds du Vanuatu.
Pour l'instant, le français et l'anglais, seules langues d'enseignement, servent de critères à l'appartenance linguistique et au bilinguisme. La population vanuataise se divise donc en «francophones» et en «anglophones», selon que les individus ont été inscrits à l'école française ou à l'école anglaise. Au Vanuatu, est «anglophone» toute personne ayant été à l'école anglaise ou qui est membre d'une église protestante, ou encore, sympathisante du Vanuaaku Pati, le parti gouvernemental culturellement anglophile. Le qualificatif «francophone» s'applique aux individus ayant fréquenté l'école française, aux catholiques et aux opposants du Vanuaaku Pati.
Mais l’école vanuataise actuelle reflète encore, selon un rapport gouvernemental de septembre 1999, «l'éternel conflit qui subsiste politiquement entre les francophones et les anglophones et ses retombées sur l'Éducation nationale». En effet, il arrive parfois que des élèves d’une école doivent, au gré des changements de gouvernements, passer successivement, par exemple, du français à l'anglais puis de nouveau au français. Pour résoudre de tels conflits, certains tentent de proposer la création d'écoles bilingues qui pourraient servir ensuite de projet pilote pour le reste du pays.
Au Vanuatu, le bilinguisme institutionnel demeure presque symbolique: le français ne joue pas le rôle d'une véritable langue officielle, rôle tenu actuellement par l'anglais. Tout au plus, le français partage avec l'anglais le rôle d'une langue de relations internationales (J.-M. Charpentier):
C'est dans cette optique que les dirigeants le maintiennent comme langue enseignée, espérant ainsi profiter à la fois des aides accordées aux pays membres du Commonwealth et de celles distribuées par les organismes francophones. Au Vanuatu, le maintien ou le renoncement à la langue française est un choix d'ordre politique et culturel, le français n'étant pas une nécessité absolue pour l'État en question. |
Il suffit d'observer la participation soutenue du Vanuatu aux instances internationales francophones pour constater que le but des dirigeants politiques est manifestement de solliciter l'aide financière, principalement de la France et du Canada. La politique du bilinguisme institutionnel du Vanuatu ne vise pas à protéger les «francophones», mais à tirer profit de leur présence afin d'obtenir des ressources financières et culturelles des autres pays francophones, cela dans l'espoir d'un meilleur développement économique et technologique. Ce n'est pas pour rien que la république de Vanuatu est à la fois membre du Commonwealth et de la Francophonie.
Le Vanuatu pratique une politique de bilinguisme institutionnel un peu bancal. Dans la pratique, c'est l'équivalent du statut juridique différencié ou infériorisant qui prévaut, et ce, aux dépens du français et à l'avantage de l'anglais. Cette forme de bilinguisme aboutit nécessairement à une forme de discrimination linguistique. Le bilinguisme vanuatais découle des vicissitudes de l'histoire. Les rivalités commencées lors de la colonisation entre français et Britanniques se sont perpétuées et n'ont jamais cessé. Depuis l'indépendance, les «francophones» ont perdu beaucoup de pouvoir parce qu'ils sont minoritaires et également parce qu'ils n'ont à peu près jamais contrôlé le pouvoir politique. Depuis 1991, la classe politique dite francophone s’affirme davantage, mais les rivalités demeurent. Forcément, le bilinguisme en souffre.
Bibliographie
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