Le visage français
du Québec

Extrait de la lettre du 5 novembre 1982 de René Lévesque
à Eric Maldoff, président d'Alliance Québec (groupe de pression 
protégeant les droits des anglophones)


Il est important que le visage français du Québec soit d'abord français, ne serait-ce que pour ne pas ressusciter aux yeux des nouveaux venus l'ambiguïté qui prévalait autrefois quant au caractère de notre société, ambiguïté qui nous a valu des crises déchirantes.

À sa manière en effet, chaque affiche bilingue dit à l'immigrant: «Il y a deux langues ici, l'anglais et le français; on choisit celle qu'on veut.» Elle dit à l'anglophone: «Pas besoin d'apprendre le français, tout est traduit.» Ce n'est pas là le message que nous voulons faire passer. Il nous apparaît vital que tous prennent conscience du caractère français de notre société. Or, en dehors de l'affichage, ce caractère n'est pas toujours évident.

[...] Selon nous, une trop grande ouverture à l'usage de l'anglais à côté du français dans l'affichage conduirait rapidement, vu le contexte nord-américain, au bilinguisme généralisé dan ce domaine, du moins dans le centre de Montréal, c'est-à-dire là même où s'installent la plupart de nos nouveaux citoyens. C'est donc la prudence et non pas, comme on le prétend trop facilement, un quelconque esprit de vengeance, qui nous a amenés à adopter, pour l'affichage extérieur, la règle de l'usage exclusif du français.

 

Source: Michel PLOURDE, La politique linguistique du Québec, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1888, p. 61.
 

 
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