Îles Vierges américaines
Îles Vierges américaines

United States Virgin Islands

(Territoire non incorporé organisé des États-Unis)

Capitale: Charlotte-Amalie
Population:  122 600 (2004)
Langue officielle: anglais (de facto)
Groupe majoritaire: créole anglais des îles Vierges (56 %)
Groupes minoritaires:  espagnol (16 %), anglais (9 %), autres créoles (papiamento), créole français (9 %), etc.
Système politique:  territoire non incorporé aux États-Unis
Articles constitutionnels (langue): aucune disposition dans les «lois organiques»: Act of Congress, March 3, 1917; Organic Act of 1936; Revised Organic Act of 1954 (sauf l'art. 4)
Lois linguistiques: de nombreuses dispositions d'ordre linguistique dans le Virgin Islands Code Annotated ("Code annoté des îles Vierges"), dispositions linguistique dans les lois scolaires.

1 Situation générale

orientation map for British Virgin Islands Les îles Vierges appartiennent à deux ensembles politiques: on distingue, d'une part, les îles Vierges britanniques (153 km²), les British Virgin Islands, un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni, d'autre part, les îles Vierges américaines (344 km²), les U.S. Virgin Islands (ou USVI), une dépendance des États-Unis acquise en 1917 du Danemark. Les deux territoires constituent un archipel des Petites Antilles situé à l'est de Porto Rico (voir la carte). 

Dans les îles Vierges américaines, on ne compte que trois îles: Saint-Jean ("Saint John"), Saint-Thomas ("Saint Thomas") et Sainte-Croix ("Saint Croix"). La capitale locale, est Charlotte-Amalie, située sur la côte sud de l'île Saint-Thomas. L'île de Sainte-Croix est située beaucoup plus au sud de l'archipel que les deux autres îles (voir la carte détaillée).

Les insulaires des Vierges américaines sont citoyens américain, mais n'ont pas le droit de voter aux élections présidentielles. 

2 Données démolinguistiques

  Population
1990
Population
2004
Superficie
Sainte- Croix   50 100  60 100  212 km²
Saint- Thomas   48 200 57 800   83 km²
Saint- Jean     3 500  4 700

 52 km²

Total 101 800 122 600 344 km²

La population des îles Vierges américaines était de 122 600 habitants en 2004. Si Sainte-Croix (60 100 hab.) et Saint-Thomas (57 800 hab.) ont des populations similaires, Saint-Jean (St. John) ne compte que 4700 habitants.

La plupart des insulaires sont des Noirs; ils représentaient au recensement de 2000 une proportion de 78 % de la population totale. Les autres étaient des Blancs (14,4 %), des Mulâtres (3,5 %) ou des "Latinos" (14 %). On estime que 74 % des insulaires sont des Antillais (dont 45 % sont nés dans les îles Vierges), 13 % viennent des États-Unis, 5 % de Porto Rico et 8 % d'autres groupes.

Ce territoire non incorporé organisé des États-Unis compte plusieurs langues: le créole anglais des îles Vierges, l'espagnol, l'anglais, le créole haïtien, le créole saint-lucien, le créole dominicain, l'arabe, l'hindi, le portugais, etc.  En 2003, le gouvernement des îles Vierges américaines publiait un document officiel et présentait le portrait de la population de la façon suivante :

Since 1917, the U.S. Virgin Islands has been a Territory of the United States. The population of the islands represents a variety of cultures and languages. The official language is English; however, the majority of residents use a “Virgin Islands dialect" for daily conversational and social interaction. Throughout the years, there has been immigration from other West Indian islands adding to the richness of cultural diversity. Spanish is the native language of a large portion of the population, especially on St. Croix. St. Thomas has a large French community.

Additionally, in recent years, there has been a great deal of immigration into the Territory from Africa, India, Middle Eastern countries, South America and the Dominican Republic, to name a few.

The Virgin Islands is fortunate to be multicultural and multilingual. Each community has much to contribute and share with the whole. Therefore, the success in the life of each individual will ultimately contribute to the future of the Virgin Islands, which depends, to a large degree, on the outcome of educational experiences. Each student must have equal access to the educational process so that he/she can achieve to his/her greatest potential. Therefore, the V.I. Department of Education is presented with the challenge of providing quality education to all students in a multicultural, multilingual society.
________
State Office of Bilingual/ESL Education Program 2003.

[Depuis 1917, les îles Vierges américaines sont un territoire des États-Unis. La population des îles représente une variété de cultures et de langues. La langue officielle est l'anglais; toutefois, la majorité des résidents parlent un "dialecte des îles Vierges" pour les communications quotidiennes et sociales. Au fil des ans, il y eut un immigration en provenance d'autres îles antillaises, ce qui a ajouté à la richesse de la diversité culturelle. L'espagnol est le langue maternelle d'une grande partie de la population, en particulier sur Sainte-Croix. Saint-Thomas a une importante communauté francophone.

De plus, ces dernières années, il y a eu beaucoup d'immigrants originaires des territoire de l'Afrique, de l'Inde, des pays du Proche-Orient, de l'Amérique du Sud et de la République Dominicaine, pour n'en nommer que quelques-uns.

Les îles Vierges ont la chance d'être multiculturelles et multilingues. Chaque communauté a beaucoup à apporter et à partager avec l'ensemble de la population. Par conséquent, la réussite dans la vie de chaque individu contribuera en définitive à l'avenir des îles Vierges, qui dépend, dans une large mesure, des résultats des expériences en éducation. Chaque élève doit avoir un accès égal au système d'éducation afin qu'il puisse développer ses meilleures capacités. Par conséquent, le département de l'Éducation des îles Vierges est tout désigné pour relever le défi d'offrir une éducation de qualité à tous les élèves dans une société multiculturelle et multilingue.]
________
State Office of Bilingual, Programme d'éducation ESL 2003.

Or, depuis 2003, la population d'origine étrangère a encore augmenté, notamment en provenance du Proche-Orient avec l'arabe et l'hindi-ourdou.

Selon le recensement fédéral américain de 2000, 74,7 % des insulaires parleraient l'anglais, 16,8 % l'espagnol et 6,6 % le français.
 

Langue Population Pourcentage
English - Presumably includes English Creole 74 740 74,7 %
Spanish 16 788 16,8 %
French (and French Creole)   6 428   6,6 %
Other Indo-European language   1 043   1,0 %
Asian and Pacific Island languages     262   0,3 %

Cependant, il est difficile de se baser sur de telles statistiques officielles, parce qu'elles ne différencient pas l'anglais standard et le créole anglais, ni le français et le créole haïtien à base de français : lire la catégorie "French (and French Creole)" ou "English - Presumably includes English Creole"). Pour le gouvernement américain, l'anglais est confondu avec le créole anglais, que ce soit celui des îles Vierges, celui de Saint-Christophe-et-Niévès (Saint Kitts and Nevis), de la Jamaïque, etc., de même que le français est confondu avec le créole haïtien (Haïti), le créole de l'île Saint-Thomas (îles Vierges américaines) ou le créole saint-lucien (Sainte-Lucie). On sait que tous ces créoles sont différents, bien qu'ils soient compréhensibles entre eux si la base lexicale est la même (anglais ou français, mais pas les deux). Officiellement, il n'y aurait donc pas  de «créole anglais» aux îles Vierges américaines.

Pour sa part, l'organisme Joshua Project dresse la liste des langues suivantes:
 

Ethnie

Population

Pourcentage

Langue maternelle

Affiliation linguistique

Insulaire des îles Vierges

45 000

41,7 %

créole des îles Vierges

créole anglais

Insulaires anglophones des îles

24 000

22,2 %

anglais / créole anglais

groupe germanique

Américains (et Britanniques)

19 000

17,6 %

anglais

groupe germanique

Portoricains

15 000

13,9 %

espagnol

groupe roman

Indiens (Inde et Pakistan)

900

0,8 %

hindi

groupe indo-iranien

Haïtiens

800

0,7 %

créole haïtien

créole français

Créole brésiliens

200

0,1 %

papiamento

créole portugais

Autres

3000

2,7 %

-

-

Total

107 900

100 %

   

Ces résultats laissent croire que 41,7 % des insulaires parlent le créole anglais des îles Vierges (en anglais: Virgin Islands Creole English), alors que 22,2 % utiliseraient l'anglais ou un autre créole anglais (Anguilla, Antigua-et-Barbuda, Saint Kitts-Nevis, Trinité-et-Tobago, etc.).

Or, selon le State Office of Bilingual des îles Vierges (déjà cité plus haut): «La langue officielle est l'anglais; toutefois, la majorité des résidents parlent un "dialecte des îles Vierges" pour les communications quotidiennes et sociales.» C'est pourquoi on estime que les habitants parleraient le créole anglais des îles Vierges dans une proportion de 56 %, soit un peu plus de la moitié de la population totale. On compterait seulement 19 000 anglophones américains et 15 000 Portoricains. La catégorie «autres» devrait correspondre aux Sud-Américains, aux Indo-Pakistanais, aux Brésiliens lusophones, etc.

2.1 Le créole anglais des îles Vierges

Le créole anglais des îles Vierges (Virgin Islands Creole English) est la langue autochtone de ce territoire américain. Il est difficile à comprendre pour un unilingue anglophone, car il s'agit vraiment d'une autre langue en raison de la grammaire complètement différente et aussi parce qu'une grande partie du vocabulaire reste incompréhensible pour un anglophone. Bien qu'une grande partie du vocabulaire soit puisé dans l'anglais, il reste encore beaucoup de mots issus des langues amérindiennes, du créole néerlandais ("Negerhollands"), de l'espagnol, du français et d'un créole à base de français, du danois, etc. (voir une liste d'exemples en cliquant ICI, s.v.p.). Il faut ajouter les différences phonétiques, de sorte qu'un anglophone ne reconnaît guère les mots de sa langue dans un tel contexte.

De plus, ce créole anglais des îles est fragmenté en diverses variétés appelées "dialects" (dialectes), lesquels sont identifiés en fonction des îles. On distingue ainsi le dialecte de Saint-Thomas ("Thomian dialect"), le dialecte de Sainte-Croix ("Crucian dialect") et le dialecte de Saint-Jean ("St John dialect"). Ces variétés sont apparentées à des créoles parlés ailleurs, que ce soit dans les îles Vierges britanniques (dialecte tortolien ("Tortolian dialect"), à l'île Saint-Martin ("Saint Martin dialect"), à l'île Saba ("Saba dialect"), à l'île Saint-Eustatius ("Statia dialect" ou dialecte eustachois), etc. Tous ces créoles sont aisément compréhensibles entre eux.

Depuis longtemps, le créole anglais des îles Vierges était une langue strictement orale, mais depuis plusieurs années, certains auteurs locaux écrivent en «créole des îles». Par ailleurs, de plus en plus de jeunes écrivent aussi en «créole des îles» lorsqu'ils communiquent entre eux par l'Internet. Cependant, étant donné qu'il n'existe aucun système orthographique standard en «créole des îles», ceux qui l'utilisent doivent se baser sur l'orthographe anglaise. Autrement dit, chacun écrit sans règles orthographiques.

Dans les îles Vierges américaines, le créole est perçu comme un «dialecte», souvent désigné par le terme «patois», qui ne peut être appris de façon formelle à l'école; il s'acquiert uniquement de façon orale au cours de l'enfance et, bien qu'il soit apprécié pour sa valeur culturelle, il est considéré comme un obstacle au progrès économique, d'où l'expression "bad English" («mauvais anglais»). D'ailleurs, depuis la cession des îles aux États-Unis en 1917, des pressions ont toujours été exercées pour que les insulaires délaissent leur créole en s'américanisant. Même les efforts entrepris par les résidents non autochtones pour parler le créole sont généralement accueillis avec désapprobation.

2.2 L'espagnol

Depuis quelques décennies, l'espagnol est la seconde langue maternelle au point de vue du nombre des locuteurs, soit 16 % de la population. Les hispanophones sont des immigrants, surtout des Portoricains, mais beaucoup viennent aussi de la République Dominicaine et de Cuba, ainsi que de divers autres pays d'Amérique du Sud.  Les locuteurs de l'espagnol représentent 35 % de la population de la seule l'île Sainte-Croix, soit 21 000 locuteurs. Ce sont les hispanophones qui demandent que leurs enfants reçoivent un enseignement bilingue dans les premières années du primaire. 

2.3 L'anglais standard

L'anglais, en réalité l'anglo-américain standard, est la langue officielle des îles Vierges, c'est la langue de l'administration, de la justice et des écoles. Seulement 9 % de la population parle l'anglais comme langue maternelle. Ce sont surtout des Américains, des Britanniques, des Canadiens et certains Antillais originaires de pays anglophones. 

Évidemment, l'anglo-américain standard bénéficie d'un grand prestige, parce qu'il est associé à la mobilité sociale et qu'il est amplement utilisé dans les milieux professionnels et celui des affaires.

2.4 Les autres créoles

De nombreux immigrants parlent d'autres créoles que celui des îles Vierges. Mentionnons le créole haïtien parlé par les Haïtiens, le créole saint-lucien parlé par les Saint-Luciens et le créole dominicain parlé par les Dominicains de la Dominique, sans oublier les créoles parlés à Anguilla, Antigua-et-Barbuda, Saint-Christophe-et-Niévès, Trinité-et-Tobago, etc.

Dans l'île Saint-Thomas, il existe encore un créole français (9 % de la population locale), le "French dialect of St. Thomas", un souvenir des colons français (les «Frenchies») venus de l'île Saint-Barthélemy et peut-être des Saintes (Guadeloupe). On distingue deux communautés, l'une à Frenchtown (où l'on parle le «patois» français) dans le district de Charlotte-Amélie et celle de Northside (où l'on parle créole) dans le nord de l'île.

Les autres créolophones parlent le papiamento (0,2 %), un créole à base de portugais parlé dans les Antilles néerlandaises. Auparavant, il se parlait aussi un créole néerlandais appelé "Negerhollands" (négro-hollandais), mais le dernier locuteur de cette langue est décédé en 1987. Enfin, d'autres immigrants parlent l'arabe; ils sont originaires du Proche-Orient. 

Les insulaires sont des baptistes (42 %) des catholiques romains (34 %), des épiscopaliens (17 %) ou pratiquent d'autres religions (7 %), dont l'islam et l'hindouisme.

3 Données historiques

Les Amérindiens arawak ont habité les îles Vierges autour de 1500 avant notre ère, arrivant du bassin Orinoco en Amérique du Sud. Ils furent chassés par les Caribes, plus agressifs, qui étaient arrivés vers le milieu du XVe siècle.

Quelques décennies plus tard, Christophe Colomb, lors de son second voyage en 1493 dans le Nouveau Monde, a aperçu la région. Il aurait nommé les îles Las Vírgenes («les Vierges») en souvenir d’une légende attribuée à sainte Ursule et à ses compagnes: Santa Úrsula y las Once Mil Vírgenes. Il a aussi donné les noms de Gorda Virgen («la Grosse Vierge»), Anegada («l'île submergée») et Santa Cruz (Sainte-Croix). En fait, les îles ont conservé leur dénomination espagnole originale (Santa Cruz, San Tomas et San Juan), lesquels sont demeurées aujourd'hui avec des modifications à l'anglais (Saint Croix, Saint Thomas et Saint John).

Ce sont d'abord les Espagnols qui colonisèrent l'île de Gorda Virgen au début des années 1500; ils y exploitèrent des mines de cuivre.  Les colons apportèrent avec eux la maladie et l'esclavage. Tous les autochtones avaient disparu avant la fin du siècle, victimes des maladies, surtout la variole et la grippe. Attirés par les richesses minières que leur offraient d'autres îles des Grandes Antilles, les Espagnols abandonnèrent l'archipel, qui devint le refuge des pirates anglais, hollandais, français, espagnols et danois. Le nom de Las Virgenes («les Vierges») demeura pour désigner les îles, qui connurent néanmoins une histoire différente, selon qu'elles furent espagnoles, hollandaises, danoises, françaises, avant d'être britanniques ou américaines: Islas Vírgenes (esp.), Maagdeneilanden (néerl.), Jomfruøerne (dan.), îles Vierges (fr.), Virgin Islands (angl.).

3.1 La colonie danoise (1666-1917)

Toute la période des Antilles danoises est appelée en anglais la "Danish West Indies period" et en danois la "Dansk Vestindien periode". Après avoir été hollandaise en 1643, l'île Saint-Thomas (en danois: Sankt Thomas) devint anglaise, puis danoise en 1666. En 1691, les Danois baptisèrent le port de l'île Charlotte-Amalie, en l'honneur de Charlotte Amalie de Hesse-Cassel (1650-1714), épouse du roi Christian V de Danemark (1646-1699). Le port devint par la suite un très important marché d'esclaves. En 1797, quelque 25 500 esclaves travaillaient dans cette île danoise, alors que la population totale comptait environ 30 000 habitants. Les esclaves parlaient un créole à base hollandaise ou le papiamento (à base portugaise). L'île de Thomas se développa notamment parce que le Danemark est resté neutre durant les conflits européens, surtout entre la Grande-Bretagne et la France. Une classe prospère de marchands danois a laissé un legs qui demeure encore aujourd'hui sur l'île sous la forme de chantiers navals bien développés.

La petite île Saint-Jean (en danois: Sankt Jan) connut une histoire assez mouvementée. Après avoir été espagnole et hollandaise, elle devint une possession danoise en 1717. Un fort fut construit dans la baie de Corail et devint l'un des ports les plus sûrs des Caraïbes. L'île connut une violente rébellion d'esclaves en 1733. Les Danois furent tellement débordés qu'ils firent appel aux Français qui, débarqués de Martinique, réussirent à rétablir l'ordre et à remettre en état les plantations.

Plus au sud (à 70 km de Saint-Thomas), l'île Sainte-Croix (en danois: Sankt Croix) fut colonisée par les Hollandais vers 1625, et Saint-Thomas, un peu plus tard, en 1643. Très tôt, en 1645, les Hollandais furent expulsés de l'île de Sainte-Croix par les Anglais, lesquels furent chassés à leur tour par les Espagnols en 1650. L'année suivante, le gouverneur général de l'île de Saint-Christophe, le chevalier Philippe de Lonvilliers de Poincy (1583-1660), également commandeur de l'Ordre de Malte, envoya à Sainte-Croix une colonie de 160 Français venus de Saint-Barthélemy. La même année, le chevalier de Poincy vendit ses terres à l'Ordre de Malte, qui les rendit à la France avant d'être revendue en 1733 à la Compagnie danoise des Indes occidentales et de Guinée (1671-1755). Mais l'île Sainte-Croix resta française à partir de sa restitution par l'Ordre de Malte en 1651 jusqu'à sa revente en 1733 aux Danois. Ainsi, l'île de Sainte-Croix fut tout à tour hollandaise, espagnole, britannique, maltaise, française et danoise. Ainsi, à partir de 1733, la Couronne danoise avait réussi à réunir, sous une même administration, ce qui constituera plus tard les trois îles Vierges américaines: Saint-Thomas, Saint-Jean et Sainte-Croix. Les trois îles portaient alors comme nom Dansk Vestindien ou Antilles danoises (pas encore les «îles Vierges américaines»). La seule population stable avait été celle des Noirs. La langue officielle était le danois, mais les Noirs parlaient différents créoles à base hollandaise et française.

En 1800, les Britanniques occupèrent les îles Saint-Thomas et Saint-Jean, mais elles furent rendues à la Couronne danoise en 1802, puis réoccupées par les Britanniques entre 1807 et 1815, pour être restituées à nouveau aux Danois en 1824. Entre-temps, en 1816, les îles Vierges britanniques, ainsi que les îles de Saint-Christophe-et-Niévès (devenues St Kitts & Nevis) et Anguilla furent réunies sous une seule et même colonie. L'abolition de l'esclavage, en 1848, porta un coup fatal à l'économie sucrière de Saint-Thomas, qui était fondée sur le faible coût de la main-d'œuvre.

- La colonie danoise

En 1852, le Parlement danois adopta la Kolonistyre (ou Loi coloniale en français), qui faisait office de première constitution pour les Antilles danoises. Cette loi prévoyait l'établissement d'une Assemblée coloniale unifiée et d'un gouverneur représentant le roi du Danemark. Le gouverneur avait le pouvoir de dissoudre l'Assemblée coloniale dont le rôle était surtout consultatif; celle-ci pouvait seulement faire des recommandations qui pouvaient être acceptées ou rejetées par le gouverneur. De plus, le roi se réservait toujours l'autorité finale pour rejeter ou modifier toute loi adoptée dans la colonie.  Toutefois, le système s'est révélé inefficace pour les délégués des îles de Saint-Thomas (commerciale) et de Sainte-Croix (agricole) de telle sorte que l'Assemblée a cessé de se réunir à partir de 1856.

Le gouvernement remplaça la Loi coloniale de 1852 par une autre en 1863. La Loi coloniale de 1863 a modifié le système de gouvernement local en divisant les îles en deux municipalités: d'une part, les îles de Saint-Thomas et Saint-Jean, d'autre part, l'île de Sainte-Croix. Chacune des municipalités avait un conseil colonial et les deux pouvaient se réunir en Assemblée sur demande du gouverneur ou des conseils. Ceux-ci possédaient des pouvoirs légèrement plus grands que la défunte Assemblée coloniale de 1852, notamment sur les finances locales. Cela dit, les représentants des habitants n'ont jamais bénéficier de beaucoup d'autonomie, ce qui a toujours suscité un grand mécontentement chez les insulaires. Même si l'Administration et le gouvernement n'utilisaient que le danois, les insulaires parlaient le créole, l'anglais, le français, le néerlandais ou l'espagnol.

- L'intérêt des Américains

Dès 1867, les Américains se montrèrent intéressés à acquérir des îles dans les Antilles afin d'y installer une base navale. L'île Saint-Thomas leur parut intéressante en raison de son port protégée des tempêtes et de sa situation stratégique dans les Caraïbes. Des négociations secrètes furent entamées sous la direction du secrétaire d'État William H. Seward et du diplomate danois Valdemar Rudolph Raasløff. Le 24 octobre 1867, le Danemark avait accepté la vente de ses îles aux États-Unis pour 7,5 millions de dollars en or, à la condition que la population consente à la vente des îles; les insulaires ont voté à 98 % pour la vente aux États-Unis. Toutefois, les îles danoises furent aussitôt frappées par des ouragans, des séismes, des tsunamis et des incendies, avec comme conséquence que les États-Unis perdirent intérêt à acquérir les îles.

Après la guerre hispano-américaine de 1898, les États-Unis se montrèrent à nouveau intéressés aux Antilles danoises. Le secrétaire d'État John Hay reprit contact avec les autorités danoises et les négociations débutèrent le 29 janvier 1900; en 1902, les deux États se mirent d'accord pour la somme de cinq millions de dollars pour les trois îles danoises. Cette fois-ci, le traité ne prévoyait pas de référendum auprès de la population. C'est alors que les riches propriétaires danois s'opposèrent à la vente des îles, ce qui eut comme résultat de faire échouer la vente des territoires danois aux Américains. 

Après l'ouverture du canal de Panama en 1914, les États-Unis reprirent les négociations avec le Danemark parce que les îles danoises leur apparurent encore plus importantes au point de vue stratégique. Le 4 août 1916, les États-Unis et le Danemark fixèrent le prix de la vente à 25 millions de dollars, alors que le Danemark abandonnait ses revendications pour tenir un référendum auprès de la population antillaise. En retour, les États-Unis reconnaissait les revendications du Danemark pour le Groenland, ce qui écartait les prétentions norvégiennes. Pour les Américains, il était urgent d'acquérir les îles des Antilles danoises afin d'empêcher l'Allemagne de prendre pied dans l'hémisphère occidental. Les autorités danoises avaient gardé la possibilité de tenir un référendum au Danemark même: 283 000 Danois et Danoises ont voté pour la vente des îles, contre 158 000, qui s'y sont opposés. Comme la population des îles ne devait pas participé à la consultation, le dirigeant noir
David Hamilton Jackson (1884-1946) organisa un référendum «privé» : 4027 personne votèrent pour la vente et sept s'y opposèrent.

Le 4 août 1916, les États-Unis d'Amérique et le Royaume du Danemark signèrent à New York la Convention sur la cession des Antilles danoises. Cette convention (voir le texte) avait pour effet juridique de céder les îles danoises aux États-Unis, moyennant la somme de 25 millions de dollars versés au Danemark. La Convention de 1916 fut ratifiée par le Danemark le 22 décembre 1916 et ratifiée par le président des États-Unis, Woodrow Wilson, le 16 janvier 1917. Les États-Unis pouvaient dès lors contrôler le principal passage de la mer des Caraïbes commandant l'accès au canal de Panama. Le 3 mars 1917, le Congrès américain adoptait la loi ratifiant la convention. Voici l'article 1er de la Loi du Congrès du 3 mars 1917:

§ 1. Geographical application of Act; land and waters included in term “Virgin Islands”

That the provisions of this Act, and the name “the Virgin Islands” as used in this Act, shall apply to and include the territorial domain, lands and waters acquired by the United States through cession of the Danish West Indian Islands by the convention between the United States of America and His Majesty the King of Denmark entered into August 4, 1916, and ratified by the Senate on September 7, 1916 (39 Stat. L. 1706).
§ 1. Application géographique de la loi; terres et eaux comprises dans les mots «îles Vierges»

Que les dispositions de la présente loi et le nom «les îles Vierges» tel qu'utilisé dans la présente loi sont applicables et comprennent l'intégrité territoriale, soit les terres et eaux acquises par les États-Unis grâce à la cession des îles des Antilles danoises par la convention entre les États-Unis d'Amérique et Sa Majesté le roi du Danemark, qui a été signée le 4 août 1916 et ratifiée par le Sénat le 7 septembre 1916 (Stat. 39, L. 1706).

Selon le traité, le transfert devenait effectif après la remise officielle des 25 millions de dollars.

3.2 Un territoire américain (1917)

Le transfert officiel du Antilles danoises aux États-Unis eut lieu à 16 heures le 31 mars 1917, lors d'une cérémonie tenue dans ce qui étaient devenues “the Virgin Islands” : les îles Vierges (américaines). Les Américains conservèrent les noms d'origine des trois îles, mais ils les adaptèrent à l'anglais: Sankt Thomas > Saint Thomas, Sankt Jan > Saint John, Sankt Croix > Saont Croix. Certains toponymes conservèrent leur dénomination danoise: Charlotte Amalie, Christiansted, Frederiksted, etc

Les militaires et le Département d'État américain administrèrent le territoire jusqu'à l'adoption de la Loi organique de 1936. N'oublions pas que les Antilles danoises furent acquises dans un but à l'origine strictement militaire. Ce fut un officier de l'armée américaine qui servit de gouverneur ; aucune modification ne fut adoptée dans la structure administrative, sauf que l'anglais remplaçait dorénavant le danois comme langue officielle.

Les Américains construisirent de nouvelles routes, des hôpitaux et des efforts furent faits pour améliorer le système d'éducation des insulaires. Néanmoins, le «régime naval» qui régissait les îles entre 1917 et 1931 parut long et suscita beaucoup de mécontentement chez les insulaires qui demandaient une plus grande autonomie pour leur «pays». Le système produisit des chefs jugés «radicaux» par la marine américaine, tels que François Rothschild et D. Hamilton Jackson, qui se sont battus pour obtenir de plus grandes libertés civile et le remplacement de l'administration navale. Ce n'est qu'en 1927 que le gouvernement fédéral des États-Unis accorda la citoyenneté américaine aux insulaires des îles Vierges. Finalement, en 1931, le président des États-Unis, Herbert Hoover, autorisa le transfert des îles Vierges du département de la Marine au département des Affaires intérieures. Mais ce ne fut que par la Loi organique de 1936 que les îles Vierges bénéficièrent d'un véritable gouvernement civil. L'article 4 de la Loi organique prévoyait la possibilité d'une «Législature» locale pouvant promulguer des lois d'intérêt local:

§ 4. Transfer of property to government; application of tonnage duties, navigation laws, etc.; existing powers United States officers unaffected

(d) The legislature of the Virgin Islands shall have power to enact navigation, boat inspection, and safety laws of local application; but the President shall have power to make applicable to the Virgin Islands such of the navigation, vessel inspection, and coastwise laws of the United States as he may find and declare to be necessary in the public interest, and, to the extent that the laws so made applicable conflict with any laws of local application enacted by the legislature, such laws enacted by the legislature shall have no force and effect.

§ 4. Transferts de propriété au gouvernement; application des droits de tonnage, des lois de navigation, etc.; pouvoirs actuels des agents américains affectés

(d) La Législature des îles Vierges aura le pouvoir de promulguer des lois sur la navigation, l'inspection des bateaux et la sécurité d'application locale, mais le président aura le pouvoir de rendre applicables aux îles Vierges des lois sur la navigation, l'inspection des navires et le cabotage des États-Unis, comme il peut le considérer et le déclarer comme nécessaire dans l'intérêt public, et, dans la mesure où les lois ainsi applicables entrent en conflit avec les lois d'application locale adoptées par la Législature, les lois promulguées par la Législature n'auront pas force de loi.

Les deux conseils coloniaux sont devenus des conseils municipaux pouvant se combiner pour former une Assemblée législative dotée de pouvoirs législatifs. Avec les deux tiers des voix, l'Assemblée pouvait même passer outre au veto du gouverneur.  Cependant, le Congrès des États-Unis se réserve toujours le pouvoir d'annuler toute loi adoptée par le gouvernement des îles Vierges et le président des États-Unis a conservé la possibilité d'opposer son veto final dans le cas d'une législation ignorant celui du gouverneur.

En 1954, des modifications apportées à la Loi organique, ont encore changé le système législatif des îles. L'Assemblée, appelée dorénavant «Legislature of the Virgin Islands», devint monocamérale et les conseils municipaux furent abolis. Encore une fois, les lois locales ne doivent pas entrer en conflit avec les lois fédérales des États-Unis ni avec la Constitution américaine. L'article 4 de la Loi organique révisée de 1954 prévoit une clause linguistique dans le droit de vote. En effet, toute discrimination en matière de langue est interdite:

§ 4. Voting franchise; discrimination prohibited; authority to lower voting age

Vesting of franchise and qualification prohibitions

(a) The franchise shall be vested in residents of the Virgin Islands who are citizens of the United States, twenty-one years of age or over. Additional qualifications may be prescribed by the legislature: Provided, however, That no property, language, or income qualifications shall ever be imposed upon or required of any voter, nor shall any discrimination in qualification be made or based upon difference in race, color, sex, or religious belief.

§ 4. Droit de vote; discrimination interdite; pouvoir d'abaisser l'âge de voter

Acquisition du droit de vote et interdictions des qualifications

(a) Le droit de vote est accordé aux résidents des îles Vierges qui sont citoyens des États-Unis et âgés de vingt-un ans ou plus. Des qualifications supplémentaires peuvent être prescrites par la Législature: à la condition toutefois qu'aucune propriété, ni d'aptitudes linguistiques ou économiques ne soient jamais imposées ou exigées à un électeur, ni aucune discrimination quant à qualification ne soit faite ou fondée sur des différences de race, de couleur, de sexe ou de croyance religieuse.

La Législature locale est composée de 15 sénateurs (sept pour l'île de Saint-Thomas, sept pour l'île de Sainte-Croix et un pour l'île de Saint-John). Les relations politiques entre les îles Vierges et les États-Unis sont sous la juridiction du Bureau des Affaires insulaires relevant du département d'État de l'Intérieur. Évidemment, la défense demeure sous la responsabilité du gouvernement américain.

Depuis 1970, les îles Vierges américaines bénéficient d'un statut de «territoire non incorporé» aux États-Unis. Aujourd'hui, les îles Vierges américaines sont devenues un port d'escale de choix parmi les voyages de croisière et un lieu de destination populaire pour les touristes.

4 La politique linguistique mixte

Le gouvernement des îles Vierges américaines n'a pas de politique linguistique particulière, sauf en matière d'enseignement. La Loi organique de 1954 ne prévoit aucune proclamation pour une langue officielle. L'anglais est la langue officielle du territoire parce que c'est la langue officielle de facto des États-Unis.  Néanmoins, plusieurs articles du Virgin Islands Code Annotated ("Code annoté des îles Vierges") contiennent des dispositions linguistiques à l'égard de l'anglais et parfois de l'espagnol. De plus, le gouvernement des îles a élaboré une politique linguistique cohérente en matière d'enseignement bilingue.

4.1 L'anglais, langue de l'État

Le gouvernement local perpétue l'usage en vigueur depuis l'achat par les Américains de la colonie danoise en 1917. Depuis cette époque, l'anglais a remplacé le danois comme langue de l'État. Durant de nombreuses décennies, l'anglais fut la seule langue admise dans l'administration et l'éducation. Mais, depuis une vingtaine d'années, la donne a changé. Les îles Vierges ont ouvert leurs portes aux immigrants venant des pays hispanophones et du Proche-Orient. Le tout-anglais est apparu comme n'étant plus de mise. C'est pourquoi le gouvernement local a accepté des compromis, tant dans l'administration que dans les écoles, en faveur de l'espagnol. Cette langue n'est pas en réelle concurrence avec l'anglais, mais elle occupe désormais un rôle non négligeable.

Le paragraphe 42 du Code annoté des îles Vierges impose «l'usage commun et approuvé de la langue anglaise» à la Législature:

§ 42. Words and phrases

Words and phrases shall be read with their context and shall be construed according to the common and approved usage of the English language. Technical words and phrases, and such others as may have acquired a peculiar and appropriate meaning in the law, shall be construed and understood according to their peculiar and appropriate meaning.
§ 42. Mots et phrases

Les mots et les phrases doivent être lus avec leur contexte et doivent être interprétés en fonction de l'usage commun et approuvé de la langue anglaise. Les mots et expressions techniques, et autres similaires qui peuvent avoir acquis une signification particulière et appropriée dans la loi doivent être interprétés et compris selon leur signification particulière et appropriée.

Cependant, il arrive que certaines lois soient traduites en espagnol, notamment en éducation.

En matière de justice, le paragraphe 322 du Code annoté des îles Vierges impose obligatoirement l'anglais dans toute procédure écrite, ce qui laisse supposer que les interventions orales peuvent se faire dans une autre langue avec un service de traduction:

§ 322. Proceedings to be in English language

Every written proceeding in a court of justice of the Virgin Islands shall be in the English language and judicial proceedings shall be conducted, preserved and published in no other language.
§ 322. Procédure obligatoire en anglais

Toute procédure écrite dans une cour de justice des îles Vierges doit être en anglais et la procédure judiciaire ne doit être tenue, conservée et publiée dans aucune autre langue.

Lors d'un procès, la connaissance de l'anglais est une condition obligatoire pour participer à un jury (par. 471):

§ 471. Qualifications

Any citizen of the United States who has attained the age of 18 years and has resided within the Territory for six months or more is competent to serve as a juror unless:

(1) He has been convicted in a state, territorial or federal court of record of a crime punishable by imprisonment for more than one year and his civil rights have not been restored by pardon or amnesty.

(2) He is unable to read, write, speak and understand the English language.

(3) He is incapable by reason of mental or physical infirmities to render efficient jury service.

§ 471. Qualifications

Tout citoyen des États-Unis qui a atteint l'âge de 18 ans et a résidé dans le territoire pendant au moins six mois est apte à servir comme juré, sauf si:

(1) Il a été condamné dans un État, une cour territoriale ou fédérale et reconnu coupable d'un crime passible d'un emprisonnement de plus d'un an et que ses droits civils n'ont pas été restaurés par grâce ou amnistie.

(2) Il est incapable de lire, écrire, parler et comprendre la langue anglaise.

(3) Il est invalide en raison d'infirmités physiques ou mentales pour rendre un service de juré efficace.

Dans l'administration des élections, le par. 100 du Code annoté des îles Vierges prévoit en plus de l'anglais l'usage de l'espagnol pour ceux qui ne parlent pas couramment l'anglais. Le par. 451 autorise que les instructions sur chaque bulletin de vote officiel soient imprimées à la fois en anglais et en espagnol. Quant au par. 585, il prévoit une assistance aux électeurs souffrant d'une d'une invalidité physique ou d'une incapacité à lire l'anglais ou l'espagnol pour marquer leur bulletin de vote.

§ 100. Manner of registration (Elections)

(f) In carrying out the provisions of this section, the Chairman of each Board of Elections shall provide that the registration of the elector be conducted in the Spanish language for those applicants who are not fluent in the English language.

§ 451. Preparation of ballot

All primaries and elections in the Virgin Islands shall be conducted by ballot. The Supervisor of Elections shall, prior to each primary and election, prepare the format of the ballot as it shall appear on the electronic voting machine in the form prescribed by this chapter under the direction of the District Board. Instructions on each official ballot shall be printed in both the English language and the Spanish language.

§ 585. Assistance in voting

If a voter is unable by reason of physical disability or inability to read the English or Spanish language to mark his ballot or to mark same in an informed manner he may, if he declares to the judge of the election, under oath, that he is so disabled or unable to read, and the judge of the election is satisfied, from the contents of the voter's registration card or other convincing proof, as to the truth of such declaration, have the assistance of a person of his own selection to mark his ballot or to read the ballot for him. Such person so selected shall be sworn, may accompany the voter into the voting booth, and shall either mark the ballot as directed by the voter in the case of physical disability or read the ballot to the voter in the case of inability of the voter to read, and shall thereafter give no information regarding the same. Such person so selected may assist only one voter in any primary or general election.

§ 100. Modalité d'enregistrement (élections)

(f) Dans la mise en œuvre des dispositions du présent article, le président de chaque conseil d'élections doit prévoir que l'inscription de l'électeur soit faite en espagnol pour les candidats qui ne parlent pas couramment l'anglais.

§ 451. Préparation des bulletins de vote

Toutes les élections et toutes les primaires aux îles Vierges doivent être effectuées par bulletin de vote. Le superviseur des élections, avant une élection ou une primaire, préparer le format du bulletin de vote comme il doit apparaître sur la machine de vote électronique selon la forme prescrite par le présent chapitre, sous la direction du conseil de district. Les instructions sur chaque bulletin de vote officiel doivent être imprimées à la fois en anglais et en espagnol.

§ 585. Assistance au vote

Si, en raison d'une invalidité physique ou d'une incapacité à lire l'anglais ou l'espagnol pour marquer son bulletin de vote ou même apposer une simple marque de manière éclairée, un électeur est dans l'impossibilité de le faire, il peut, s'il déclare sous serment au juge d'élection qu'il est tellement handicapé ou incapable de lire, alors que le juge d'élection en est convaincu, à partir du contenu de la carte d'électeur ou d'autres preuves convaincantes de la véracité de déclaration, bénéficier de l'assistance d'une personne de son choix pour marquer son bulletin de vote ou lire le bulletin de vote pour lui. Cette personne ainsi sélectionnée est assermentée et peut accompagner l'électeur dans l'isoloir; elle ne doit marquer le bulletin de vote de l'électeur que dans le cas d'une incapacité physique ou d'une inaptitude à lire le bulletin de vote de la part de l'électeur; elle ne doit ensuite donner aucune autre information concernant les élections. Cette personne ainsi sélectionnée ne peut aider qu'un seul électeur à une élection générale ou une élection primaire.

Bien que l'anglais soit la langue de l'administration, le paragraphe 71 du Code annoté des îles Vierges énonce néanmoins que certains documents provenant du département du Logement, des Travaux publics, de la Santé, des Finances ainsi que du département de la Police des îles Vierges doivent être imprimés à la fois en anglais et en espagnol:

§ 71. Certain Government publications to be printed in Spanish

The Department of Housing, Public Works, Health, Finance and U.S. Virgin Islands Police Department (V.I.P.D.) shall cause to be printed in both English and Spanish application forms and instructional materials for services or benefits available to the general public, tax forms and returns, license application for any businesses, trade or profession required to be licensed by this code and administrative rules and regulations which pertain to services, benefits, licenses and/or certain permits and traffic signs offered or granted by such Department; Provided, however, That no forms or materials referred to in this section shall be printed in the Spanish language without the prior approval of the Governor or his designee.
§ 71. Publications du gouvernement devant être imprimés en espagnol

Le département du Logement, des Travaux publics, de la Santé, des Finances et le département de la Police des îles Vierges américaines (VIPD) doivent faire imprimer les formulaires de demande à la fois en anglais et en espagnol, ainsi que les documents d'instruction pour les services ou l'assistance auprès du public en général, pour les formulaires et déclarations d'impôt, les demandes de permis pour une entreprise, un métier ou une profession, qui doivent être autorisés par le présent code, les règles et règlements administratifs qui concernent les services, les l'assistance, les permis et/ou certains permis, et les panneaux de signalisation présentés ou attribués par le Département à la condition toutefois qu'aucun document ni fournitures visés au présent article ne soit imprimé en espagnol sans l'approbation préalable du gouverneur ou de son représentant.

Le paragraphe 882 du Code annoté des îles Vierges impose des frais supplémentaires pour obtenir des documents publics dans une autre langue que l'anglais:

§ 882. Fees for certified copies of public records

Except when a different amount is prescribed, the following fees shall be paid in advance for certified copies of public records:

(1) For making a certified copy, 75 cents for the first 300 words or part thereof, and 15 cents for each additional 100 words or part thereof.

(2) If the record is in a foreign language, $1.00 for the first 100 words or part thereof.

(3) For comparing for certification a copy furnished by the applicant, one-half the fee for making a copy.

§ 882. Frais pour les exemplaires certifiés des documents publics

Sauf quand un montant différent est prescrit, les droits suivants sont payés à l'avance pour des exemplaires certifiés conformes des documents publics:

(1) Pour obtenir un exemplaire certifié conforme, 75 cents pour les 300 premiers mots ou une partie de ceux-ci, et 15 cents pour chaque 100 mots ou une partie de ceux-ci.

(2) Si l'enregistrement est dans une langue étrangère, 1 $ pour les 100 premiers mots ou une partie de ceux-ci.

(3) Pour comparer la confirmation d'un exemplaire fournie par le requérant, la moitié de la redevance pour obtenir un exemplaire.

Les prêteurs sur gage doivent ternir un registre tenu en anglais (par. 231):

§ 231. Records

Every such pawnbroker shall keep a book in which, at the time of making a loan, shall be legibly written in the English language an account and description of the goods, articles or things pawned or pledged, the amount of money loaned thereon, the time of pledging them, the rate of interest to be paid on such loan and the name and residence of the pledgor.
§ 231. Registres

Tout prêteur sur gages doit tenir un livre dans lequel, au moment de l'octroi d'un prêt, il doit être lisiblement écrit en anglais le compte et la description des marchandises, des articles ou des objets mis en gage ou cédés, et le montant d'argent prêté à ce sujet, la durée de garantie, le taux d'intérêt à payer sur ce prêt et le nom et la résidence du prêteur.

Le par. 624 du Code annoté des îles Vierges précise que toute garantie doit être en anglais ou accompagnée d'une traduction anglaise si le document est dans une autre langue que l'anglais.

Selon la Loi sur les services de gestion de la dette uniforme des îles Vierges (Virgin Islands Uniform Debt-Management Services Act 2009), lorsqu'un fournisseur communique principalement avec une personne dans une autre langue que l'anglais, celui-ci doit produire une traduction dans l'autre langue quant aux révélations et documents exigés:

§ 421. Required language

Unless the Lieutenant Governor, by rule, provides otherwise, the disclosures and documents required by this chapter must be in English. If a provider communicates with an individual primarily in a language other than English, the provider must furnish a translation into the other language of the disclosures and documents required by this chapter.
§ 421. Langue exigée

À moins que le lieutenant-gouverneur, par règlement, n'en dispose autrement, les informations et documents exigés par le présent chapitre doivent être rédigés en anglais. Si un fournisseur communique principalement avec une personne dans une autre langue que l'anglais, celui-ci doit produire une traduction dans l'autre langue quant aux révélations et documents exigés par le présent chapitre.

Pour exercer certains métiers et certaines professions, il faut préalablement prouver sa connaissance de l'anglais pour obtenir un permis de pratique, comme c'est le cas, par exemple, pour la médecine vétérinaire (par. 176):

§ 176. Application for license; qualifications (Veterinary Medicine)

(a)  Applications for license shall be sent to the Board and shall be accompanied by satisfactory proof that the applicant—

(5) is a graduate of an American Veterinary Medicine Association accredited school of veterinary medicine, or in the alternative is a graduate of a college of veterinary medicine outside the United States and Canada who:

(a) furnishes proof of graduation from a school of veterinary medicine; and

(c) furnishes proof (by examination or otherwise as may be required by the Board) of comprehension and ability to communicate in the English language.

§ 176. Demande de permis; qualifications (médecine vétérinaire)

(a) Les demandes de permis doivent être envoyées au Bureau et être accompagnées d'une preuve satisfaisante que le requérant:

(5) est diplômé d'une école de médecine vétérinaire accréditée par l'Association américaine de médecine vétérinaire ou comme autre possibilité est diplômé d'un collège de médecine vétérinaire de l'extérieur des États-Unis et du Canada :

(a) qui procure la preuve de l'obtention du diplôme d'une école de médecine vétérinaire; et

(c) qui fournit la preuve (par examen ou autrement, comme il peut être exigé par le Bureau) de la compréhension et de la capacité de communiquer en anglais.

La loi oblige également les médecins diplômés d'une école étrangère de médecine à «démontrer leur maîtrise de la langue anglaise à la satisfaction du Bureau»:

TITLE TWENTY-SEVEN

Professions and Occupations

§ 6. Graduates of foreign medical schools

(a) Such applicants shall possess the degree of Doctor of Medicine, Bachelor of Medicine or a Board-approved equivalent based on satisfactory completion of educational programs acceptable to the Board.

(c) Such applicants must pass an examination acceptable to the Board that adequately assesses the applicants' basic medical knowledge.

(e) Such applicants shall have a demonstrated command of the English language satisfactory to the Board.

(g) All credentials, diplomas and other required documentation in a foreign language submitted to the Board by or on behalf of such applicants must be accompanied by notarized English translations acceptable to the Board.

Titre 27

Métiers et professions

§ 6. Diplômés des écoles étrangères de médecine

(a) Les requérants doivent posséder le diplôme de docteur en médecine, un baccalauréat en médecine ou l'équivalent approuvé par le Bureau sur la base de la réussite satisfaisante des programmes de formation acceptable pour le conseil.

(c) Les requérants doivent réussir un examen agréé par le Bureau qui évalue adéquatement les connaissances médicales de base des candidats.

(e) Les requérants doivent démontrer leur maîtrise de la langue anglaise à la satisfaction du Bureau.

(g) Toutes les attestations d'études, tous les diplômes et autres documents nécessaires rédigés dans une langue étrangère soumis au Bureau par ou au nom des requérants doivent être accompagnés d'une traduction anglaise notariée acceptable pour le Bureau.

De plus, les attestations d'études, les diplômes et autres documents nécessaires rédigés dans une langue étrangère soumis au Bureau par des requérants doivent être accompagnés d'une traduction anglaise notariée acceptable pour le Bureau.

4.2 La politique de bilinguisme scolaire

En 1997, les îles Vierges américaines comptaient quelque 40 écoles publiques, dont 24 écoles primaires et 10 écoles secondaires, avec un effectif total de 15 800 élèves, et ce, de la maternelle à la 12e année (secondaire). Rappelons que la majorité des enfants qui fréquentent les écoles publiques parlent le créole anglais des îles Vierges dans une proportion de près de 60 %, alors que la langue d'enseignement est généralement l'anglais standard. D'ailleurs, le système d'éducation des îles est calqué sur le modèle américain, y compris les manuels de classe. 

Le domaine de l'éducation relève du département de l'Éducation ("Virgin Islands Department of Education"), qui dessert le territoire en deux districts distincts: le district scolaire de Saint-Thomas/Saint-John et le district scolaire de Sainte-Croix. C'est la loi no 3208 de 1972 (Act No. 3208) qui régit l'enseignement dans les îles Vierges américaines, ainsi que certaines lois fédérales telles que la Equal Educational Opportunity Act 1974 ("Loi sur l'égalité des chances en éducation" de 1974), la Bilingual Education Act de 1994 ("Loi sur l'éducation bilingue") et surtout la No Child Left Behind Act (2001) appelée en français «Loi du "aucun enfant laissé pour compte"». Voici le paragraphe 41 de la loi 3208 en matière de langue:

 41. Courses of study

(a) The Virgin Islands Board of Education, upon the recommendation of the Commissioner of Education, shall prescribe the courses of study for all public schools which shall not be less than the minimum standards set by the acknowledged accrediting groups in the United States: provided, that the basic course of study for high schools shall be academic.

(b) English shall be the basic language of instruction in all public schools and it shall be the policy of the Virgin Islands Board of Education to ensure the mastery of English by all pupils; provided that bilingual instruction may be offered in those situations when such instruction is educationally advantageous to the pupils.
§ 41. Parcours scolaire

(a) Le Conseil de l'éducation des îles Vierges, sur la recommandation du commissaire à l'éducation, prescrit les programmes d'études pour toutes les écoles publiques, lesquelles ne doivent pas être inférieures aux normes minimales fixées par les groupes d'accréditation reconnus aux États-Unis: à la condition que le cours d'études de base pour les écoles secondaires soit de niveau universitaire.

(b) L'anglais est la langue d'enseignement de base dans toutes les écoles publiques et la politique du Conseil de l'éducation des îles Vierges est d'assurer la maîtrise de l'anglais pour tous les élèves, à la condition que l'enseignement bilingue puisse être offert dans les situations où cet enseignement est pédagogiquement avantageux pour les élèves.

Il est clair que l'anglais est la langue d'enseignement de base, mais qu'un enseignement bilingue est possible lorsque cet enseignement est pédagogiquement avantageux pour les élèves. Il s'agit des «élèves LEP», les "Limited English Proficient students", ceux qui ont une maîtrise limitée en anglais. Ce sont essentiellement des enfants hispanophones qui sont touchés par cet enseignement, car ils sont suffisamment nombreux pour bénéficier de classes bilingues.  En ce sens, le gouvernement se conforme à la Loi sur l'égalité des chances en éducation de 1974:

§ 1703.

Denial of equal educational opportunity prohibited

No State shall deny equal educational opportunity to an individual on account of his or her race, color, sex, or national origin, by -

(a) the deliberate segregation by an educational agency of students on the basis of race, color, or national origin among or within schools;

§ 1703.

Interdiction de nier les chances égales en éducation

Aucun État ne doit refuser l'égalité des chances en éducation pour quiconque en raison de sa race, de sa couleur, de son sexe ou de son origine nationale, au moyen :

(a) de la ségrégation délibérée par un organisme scolaire auprès des élèves sur la base de la race, de la couleur ou de l'origine nationale entre ou dans les écoles;

Le gouvernement local des îles Vierges américaines a élaboré une réelle politique d'éducation bilingue. Le paragraphe 41a de la loi 3208 des îles Vierges présente ainsi le programme d'éducation bilingue:
 

§ 41a. Bilingual Education Program

(a) The Department of Education is authorized and directed to establish and maintain a bilingual education program with special courses and classroom instruction, in English and Spanish, taught and administered by qualified educators and teachers who are fluent in the English and Spanish languages, in any public elementary or secondary school in the Virgin Islands in which (10) or more pupils are unable to speak, understand, read and/or write the English language well enough to carry on the normal class activities of the grade in which he is enrolled. Particular emphasis shall be placed upon the establishment of said bilingual education program in the lower elementary grades and in career and technical education courses.
§ 41a. Programme d'éducation bilingue

(a) Le département de l'Éducation est autorisé et mandaté pour établir et maintenir un programme d'enseignement bilingue avec des cours spéciaux et une formation en anglais et en espagnol en classe dispensée et administrée par des éducateurs qualifiés et des enseignants qui parlent couramment l'anglais et l'espagnol, dans toute école publique primaire ou secondaire des îles Vierges dans laquelle dix élèves ou plus sont incapables de parler, de comprendre, de lire et/ou d'écrire l'anglais assez bien pour exercer des activités de classe normale selon le niveau où ils sont inscrits. L'accent particulier doit être mis sur la mise en place dudit programme d'éducation bilingue dans les classes inférieures du primaire et les cours d'éducation professionnelle et technique.

Plus particulièrement, le "State Office of English Language Acquisition Bilingual/ESL Education Program" a publié en 2009 cette page sur sa mission, sa vision et ses objectifs en matière d'enseignement bilingue:
 

Mission

The Bilingual/English as a Second Language Education Program has been established to ensure that students of limited English proficiency are provided with proven research based language instruction programs that will assist them to master English and to meet the same rigorous standards for academic achievement as all children are expected to meet and, to the extent possible, develop native language skills.

Vision

To improve and expand programs for children of limited English proficiency of the Virgin Islands which will effect a major and significant change in the delivery of educational services and create an optimum learning environment empowering the children, parents and staff to reach their fullest potential.

Goals

The goals of the Bilingual/English as a Second Language Education Program in the Virgin Islands are as follows:

1. To enable each limited English proficient students to develop the English language skills of listening, speaking, reading, and writing necessary for learning and achieving in English-only classes at a level equivalent to his/her academically successful peers whose primary language is English;

2. To maintain the student’s native language, whenever possible, so that each students may become fully bilingual;

3. To support the cultural heritage of the child; and,

4. To ensure that all persons involved in the bilingual/ELA education effort will have an appreciation, respect, and understanding for diverse language/dialect and cultural communities.
 

Mission

Le bilinguisme ou l'anglais comme langue seconde dans le programme d'éducation a été créé pour s'assurer que les élèves dont les compétences en anglais sont limitées sont pourvus de recherches éprouvées basées sur des programmes d'enseignement linguistique qui les aideront à maîtriser l'anglais et répondre aux mêmes normes rigoureuses de réussite scolaire qu'on s'attend à voir chez tous les enfants et, dans la mesure du possible, de développer les compétences dans la langue maternelle. 

Vision

Pour améliorer et élargir les programmes destinés aux enfants dont les compétences en anglais sont limitée aux îles Vierges, ces programmes auront l'effet d'un changement majeur et significatif dans la prestation de services pédagogiques et créeront un environnement d'apprentissage optimal habilitant les enfants, les parents et le personnel à atteindre leur plein potentiel.

Objectifs

Les objectifs du bilinguisme ou de l'anglais comme programme d'éducation en langue seconde dans les îles Vierges sont les suivants:

1. Permettre à tout élève dont les compétences en anglais sont limitées de développer des compétences nécessaires en anglais pour écouter, parler, lire et écrire à des fins d'apprentissage et de réalisation dans des classes uniquement au tout-anglais à un niveau de réussite scolaire équivalent à celui de ses pairs dont la langue maternelle est l'anglais;

2. Préserver la langue maternelle de l'élève, chaque fois qu'il est possible, afin que chaque élève puisse devenir parfaitement bilingue;

3. Soutenir le patrimoine culturel de l'enfant; et

4. S'assurer que toutes les personnes impliquées dans l'effort pédagogique bilingue / ELA bénéficient d'une appréciation, du respect et de la compréhension à l'égard des communautés de langue ou de dialecte et de cultures diverses.

Dans cette perspective, si l'un des objectifs est de préserver la langue maternelle de l'élève «chaque fois qu'il est possible», le but ultime est de développer des compétences nécessaires pour écouter, parler, lire et écrire en anglais lorsqu'il se trouvera dans des classes unilingues anglaises. Pour le gouvernement, c'est une question d'égalité des chances. Le département de l'Éducation des îles Vierges a comme politique à ce qu'aucun enfant ne soit privé de conditions égales d'accès à l'éducation, y compris les enfants dont la maîtrise en anglais est limitée en raison de leur origine ethnique ou linguistique.

Les modèles d'enseignement bilingue utilisés par les enseignants des îles Vierges sont les suivants:

Programme d'éducation bilingue transitoire
Transitional Bilingual Education Program (TBE)
L'enseignement se déroule d'abord dans la langue maternelle de l'élève avec un cours intensif d’anglais seconde langue. Au fur et à mesure que l’élève fait des progrès en anglais, l'enseignement en anglais s’intensifie jusqu'à ce que l'élève puisse passer au tout-anglais.
Instruction protégée
Sheltered Instruction (SI)
Cette approche privilégie l'usage d'un anglais accessible aux élèves pour l'enseignement du contenu et de la grammaire, tandis que leur langue maternelle ne sert qu'à enseigner les notions les plus difficiles.
Éducation bilingue duale
Two-Way Bilingual Education Program
Les objectifs visés par ce modèle sont le bilinguisme pour tous les élèves (minoritaires et majoritaires) et le traitement équivalent des langues à l'école. Le but est d'aider les deux groupes d'étudiants afin qu'ils parviennent à réussir leurs études dans les deux langues.
Programme d'éducation bilingue de maintien
Maintenance Bilingual Education Program (MBE)
Il s'agit d'un enseignement en deux langues, qui consiste à préserver et développer la langue maternelle de l'élève tout en ajoutant la langue seconde (l'anglais).

Le département de l'Éducation des îles Vierges américaines gère ces programmes et forme le personnel nécessaire qui participe à ces programmes (paragraphe 41a de la loi 3208) :

 
§ 41a. Bilingual Education Program 

(b) The Government of the United States Virgin Islands accepts the provisions of the Act of Congress, approved January 2, 1968, cited as the “Bilingual Education Act” and any act or acts amendatory thereof or supplementary thereto. The Virgin Islands Department of Education shall be the sole agency of the administration of bilingual programs under this section and the Act of Congress referred to herein, and shall—

(1) plan for and take such necessary steps leading to the development of programs designed to meet the special educational needs of children of limited English-speaking ability in public schools having a high concentration of such children;

(2) recruit and train persons to participate in bilingual education programs or teachers, teacher-aides, or other ancillary education personnel such as counselors; and

(3) provide the necessary teaching materials and equipment for such bilingual education programs.

§ 41a. Programme d'éducation bilingue

(b) Le gouvernement des îles Vierges américaines accepte les dispositions de la loi que le Congrès a approuvé le 2 janvier 1968, citée comme la Loi sur l'éducation bilingue et de toute autre loi additionnelle ou modification de de celle-ci. Le département de l'Éducation des îles Vierges, qui est l'organisme unique de l'administration des programmes bilingues en vertu du présent article et de la la loi du Congrès mentionnée par la présente, doit:

(1) planifier et prendre les mesures nécessaires conduisant à l'élaboration de programmes conçus pour répondre aux besoins pédagogiques particuliers des enfants dont la maîtrise de l'anglais est limitée dans les écoles publiques ayant une concentration élevée de ces enfants;

(2) recruter et former du personnel pour participer à des programmes d'éducation bilingue ou des enseignants, des aides-enseignants et tout autre personnel auxiliaire en éducation tel que des conseillers; et

(3) fournir le matériel didactique et l'équipement nécessaires pour ces programmes d'éducation bilingue.

Alors que la grande majorité des élèves ne parlent pas l'anglais à leur arrivée à l'école, parce que leur langue maternelle est soit le créole des îles Vierges ou l'espagnol, voire l'arabe, l'enseignement bilingue n'est prévu que pour les enfants d'immigrants, non les enfants indigènes des îles Vierges. Pourtant, ce qui est bon pour un hispanophone devrait l'être aussi pour les créolophones.

Quant aux études supérieures, l'Université des îles Vierges (University of the Virgin Islands) ne dispense ses cours qu'en anglais, tant au baccalauréat qu'à la maîtrise. L'Université compte cinq facultés: Affaires ("Business"), Éducation ("Education"), Humanités et sciences sociales ("Humanities and Social Sciences"), Sciences infirmières ("Nursing"), Sciences et mathématiques ("Science and Mathematics"). L'établissement compte aussi deux campus: l'un sur l'île Sainte-Croix (plus de 1100 étudiants) et l'autre sur l'île Saint-Thomas (plus de 1500 étudiants). La quasi-totalité des étudiants, soit 94 %, sont originaires des îles Vierges américaines, les autres, surtout de Porto Rico et des îles Vierges britanniques.

En réalité, même si les insulaires des îles Vierges américaine sont régie aussi par des lois fédérales américaines, ils continuent de parler leur créole local, que ce soit dans les tribunaux ou dans l'Administration, qui s'accommodent fort bien de la langue parlée par ces locuteurs. Néanmoins, il n'existe aucun texte de loi traitant de la langue maternelle parlée par les insulaires, le créole des îles Vierges, sauf au paragraphe 408 du chapitre 22 du Code annoté des îles Vierges où l'on mentionne l'existence du Virgin Islands Cultural Heritage Institute ("Institut du patrimoine culturel des îles Vierges"). Selon la législation, l'Assemblée législative considère que la population des Îles Vierges possède une culture unique définie par ses coutumes, ses valeurs, ses traditions, ses arts, ses aptitudes, son langage et ses mœurs, qui ont été pratiqués depuis de nombreuses générations. L'alinéa (b) du paragraphe 408 désigne la langue locale comme le «local dialect “Ah come, yo ah come”» et le «Dutch Creole» (créole néerlandais):

Chapter 22.

Department of Planning and Natural Resources

§ 408. Virgin Islands Cultural Heritage Institute

(a) The Legislature of the Virgin Islands finds and declares that:

(1) The people of the Virgin Islands have a unique culture that is defined by their customs, values, traditions, arts, skills, speech, and mannerisms, which have been practiced for many generations.

(2) The Virgin Islands culture has been a source of strength and a sense of identity for its people.

(3) The diverse ethnicity of the Virgin Islands people, which includes Amerindian, African, European, and Caribbean/West Indian heritages, has contributed to their spiritual well-being and cultural richness.

[...]

(b) As used in this section, the following definitions apply:

(1) “Virgin Islands culture” means the traditional customs, folkways, belief systems, music, dances, stories, dress, food, sayings, language, art forms, occupations, crafts and other expressions of the spirit of the people of the Virgin Islands. The term includes, but is not limited to:

(g) language which refers to the local dialect “Ah come, yo ah come” and to the Dutch Creole;

Chapitre 22

Département de la Planification et des Ressources naturelles

§ 408. Institut du patrimoine culturel des îles Vierges

(a) L'Assemblée législative des îles Vierges considère et déclare :

(1) La population des Îles Vierges possède une culture unique définie par ses coutumes, ses valeurs, ses traditions, ses arts, ses aptitudes, son langage et ses mœurs, qui ont été pratiqués depuis de nombreuses générations.

(2) La culture îles Vierges a été une source de vigueur et un sentiment d'identité pour son peuple.

(3) La diversité ethnique de la population des îles Vierges, qui comprend le patrimoine amérindien, africain, européen et caribéen / antillais, a contribué à sa richesse et son bien-être spirituel et culturel.

[...]

(b) Aux fins du présent article, les définitions suivantes s'appliquent:

(1) «Culture des îles Vierges» désigne les coutumes traditionnelles, les traditions populaires, les systèmes de croyance, la musique, la danse, les contes, le vêtement, la nourriture, les dictons, la langue, les formes d'art, les métiers, l'artisanat et autres expressions de l'esprit des habitants des îles Vierge. Le terme inclut, mais n'est pas limité :

(g) à la la langue qui réfère au dialecte local "Ah come, yo ah come" et au créole néerlandais;

C'est évidemment peu pour promouvoir la langue locale parlée par la majorité de la population.

4.3 Les médias et les autres langues

Les médias écrits (The Virgin Islands Daily News, The St John Times, Island Melee) utilisent l'anglais comme véhicule de communication, mais les radios n'hésitent pas à recourir au créole local dans un grand nombre d'émissions. 

La stabilité économique des îles est assurée par le tourisme international. En effet, quelque deux millions de personnes visitent annuellement les îles Vierges américaines. La langue anglaise demeure donc omniprésente.

L'unilinguisme anglais est omniprésent dans le fonctionnement de l’État, notamment dans la langue écrite. Un certain pragmatisme est toléré dans les communications orales, que ce soit dans l’Administration ou les tribunaux, ainsi que dans les médias électroniques. Il n'existe aucune possibilité d'ouverture à l'égard du créole local parlé par plus de 50 % de la population. En somme, la politique linguistique des îles Vierges américaines se révèle peu coercitive et reste ce qu'elle a toujours été: la non-intervention. Cependant, en éducation, le gouvernement local privilégie une approche bilingue.

Dernière mise à jour: 04 janv. 2024
 

Bibliographie 

CHAUDENSON, Robert. Les créoles français, Paris Éditions Fernand Nathan, 1979, 173 p.

GAUTHIER, François, Jacques LECLERC et Jacques MAURAIS. Langues et constitutions, Montréal/Paris, Office de la langue française / Conseil international de la langue française, 1993, 131 p.

KNOX, John P. A Historical Account of St. Thomas, V.I., New York, Negro Universities Press, 1970. 

LEWISOHN, Florence. St. Croix under Seven Flags, Hollywood (Floride), The Dukane Press, 1970.


 
OLDENDORP, C.G.A. Historie der caribschen Inseln Sanct Thomas 1777, trans. Highfield & Barac, A Caribbean Mission, 1987.

 

Les îles Vierges britanniques
 

L'Amérique du Sud et les Antilles

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