Le Mouvement des Jeunes-Turcs

 

Les Jeunes-Turcs (en turc: Jöntürkler) ont été un mouvement révolutionnaire ottoman, formé de jeunes gens réclamant la restauration de la Constitution de 1876. Ce mouvement était formé surtout de Turcs, mais comprenait aussi des Grecs, des Arméniens, des Bulgares, des Kurdes, etc.) Le mouvement avait pour origine le déclin progressif de l'Empire ottoman tout au long du XIXe siècle et l'échec des réformes menées pour enrayer ce déclin. Il a également a provoqué la révolution de 1908 et dirigé la politique de l'Empire ottoman jusqu'à la défaite face aux Alliés, lors de la Première Guerre mondiale, en novembre 1918. Le mouvement Jeunes-Turcs s'est constitué en partie à l'intérieur de l'Empire (Istanbul et Salonique) et en partie à l'extérieur (Genève, Le Caire, Paris).

La révolution des Jeunes-Turcs s'est réalisée en deux temps. En juillet 1908, les nationalistes réussirent un putsch militaire à Salonique. Les jeunes officiers nationalistes reprochèrent au sultan sultan Abdülhamid II (sultan de 1876 à 1909) de ne pas savoir résisté aux pressions étrangères. La révolution prit de l'ampleur jusqu'à ce que le sultan remette en vigueur la Constitution de 1876. S'ouvrit alors une nouvelle ère, car l'Empire se dirigeait vers l'instauration d'un régime constitutionnel et libéral à l'occidentale et la réinsertion des chrétiens dans la communauté nationale.

Pendant ce temps, profitant de la désorganisation de l'Empire ottoman, l'Autriche-Hongrie annexa officiellement la Bosnie-Herzégovine, tandis que la Bulgarie proclamait son indépendance et la Crète, son rattachement à la Grèce. Le gouvernement ottoman fut accusé de brader l'Empire. En avril 1909, le sultan, croyant pouvoir s’appuyer sur l'agitation islamiste à Istanbul, mena une contre-révolution qui se traduisit notamment par la dissolution du Parlement. La tentative du sultan échoua, car les Jeunes-Turcs levèrent une armée en provenance de Macédoine avec à sa tête le général Mahmoud Chevket Pacha, qui entra dans Istanbul le 24 avril 1909; il déposa peu après le sultan Abdülhamid II auquel succéda Mehmet V (1909-1918), sans pouvoir réel. À partir de cette date, les sultans ottomans régnèrent sans toutefois gouverner.

Le mouvement Jeunes-Turcs dirigea le gouvernement ottoman de façon libérale, désireux d'instaurer un État réformé et multi-ethnique. Les libéraux proposaient une structure fédérale afin d’assurer le ralliement des minorités à la citoyenneté ottomane. Ils s'opposèrent aux unionistes partisans d’une structure unitaire de l’Empire, qui adoptèrent une position rigide face aux nationalités, puis se firent les défenseurs d’un panturquisme de plus en plus autoritaire. La défaite définitive des libéraux eut lieu en 1913, après l'assassinat, le 21 juin, de Mahmoud Chevket Pacha devenu grand vizir. 

Le pouvoir passa à un triumvirat constitué par Talaat Pacha, Djamal Pacha et Enver Pacha. Au fur et à mesure que les défaites extérieures s'accumulaient (indépendance de la Bulgarie, pertes de la Bosnie, de la Tripolitaine, de la Macédoine et de l'Albanie), les Jeunes-Turcs devinrent une clique ultranationaliste exigeant un État réservé exclusivement aux Turcs. 

En 1915-1916, le gouvernement ottoman des Jeunes-Turcs mit à exécution un vaste génocide contre les Arméniens, la minorité la plus nombreuse en Anatolie, à l'exception des Kurdes dont les Jeunes-Turcs pensaient qu’ils pouvaient être assimilés. Ce génocide dura jusqu’en 1923 avec comme résultat un million de morts.

La défaite face aux Alliés en 1918 et la demande d'armistice entraînèrent la démission d'Enver Pacha et marqua la fin du mouvement Jeunes-Turcs. Puis le gouvernement ottoman fut placé sous l'autorité des pouvoirs d'occupation alliés dirigés par les Britanniques. En août 1920, la Turquie fut contrainte de signer le traité de Sèvres qui consacrait le démembrement, puis le partage de l'Empire ottoman. Peu après, Talaat Pacha, le  ministre de l'Intérieur du gouvernement Jeunes-Turcs, fut assassiné à Berlin en 1921 par Soghomon Teilirian, un survivant arménien.

Par la suite, un nouveau mouvement nationaliste émergea en Anatolie sous la direction de Mustafa Kemal (Atatürk). Menant une guerre d'indépendance (1918-1923), Mustafa Kemal parvint à résister aux exigences des Alliés, expulsa les forces d'occupation grecques, britanniques, françaises et italiennes, et imposa un accord concrétisé par le traité de Lausanne (1923). Par ce nouveau traité qui rendait caduc le traité de Sèvres, les régions turques de la Thrace et de l'Anatolie orientales furent autorisées à former leur propre État. La république de Turquie fut proclamée et elle devait être dirigée de main de fer durant quinze ans par Mustafa Kemal Atatürk, (le «père des Turcs»). Dorénavant, la répression devait s'abattre sur les Kurdes, les anciens alliés des Turcs contre les Arméniens.

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