Vanuatu

Politique linguistique nationale du Vanuatu
Vanuatu National Language Policy

Le 15 novembre 2005, le projet de loi pour créer le Conseil national des langues de Vanuatu a été présenté dans sa première lecture au Parlement du Vanuatu. Le Conseil devient ainsi un organisme statutaire légalement constitué. Le même jour, le projet de la Politique linguistique nationale a été présenté pour la première fois au public à la 2e Conférence sur la langue nationale tenue au campus Emalus de l'Université du Pacifique-Sud et financé par l'UNESCO. Cette politique a été rédigée par le Conseil national des langues. La version française est une version officielle au même titre que celle en anglais.

CINQUIÈME VERSION

Politique linguistique nationale de Vanuatu

1. Introduction

La Politique linguistique nationale de Vanuatu est lancée par le Conseil national des langues de Vanuatu pour la poursuite de ses objectifs principaux pour promouvoir et sauvegarder la diversité linguistique et lancer la sensibilisation sur les questions linguistiques à Vanuatu.

Cette politique prévoit un ensemble de principes et d’objectifs qui satisfont les besoins des langues de Vanuatu et leurs locuteurs, en reconnaissant que cette satisfaction est indispensable pour l’avancement de toute personne et tout groupe et pour l’unité et l’intégrité de Vanuatu en tant que nation.

La politique vise à s’assurer que les gens sachent l’importance des langues et cultures – car elles forment leur identité -- et que la diversité culturelle et linguistique soit maintenue et promue à des niveaux appropriés pour assurer la pérennité de l’importante ressource linguistique de Vanuatu.

2. Définition

Dans cette politique, sous réserve du contexte, le terme «langue» désigne :

a) le bichlamar comme langue nationale;
b) le bichlamar, l’anglais et le français comme langues officielles;
c) l’anglais et le français comme principales langues d’éducation;
d) toutes les langues et tous les dialectes indigènes de Vanuatu;
e) les langues «immigrantes» (autres que le bichlamar, l’anglais et le français et les langues indigènes) qui sont parlées à Vanuatu, comme le mandarin, le japonais, etc.

3. Principes directeurs

Cette politique est fondée sur des principes promulgués dans la Constitution nationale et en particulier dans les dispositions suivantes :

Le préambule précise :

Nous, peuple de Vanuatu, ...
Profondément attachés à notre diversité ethnique, linguistique et culturelle,
Et conscients par ailleurs de notre destin commun,...

Article 3

Les langues nationales et officielles

1) La langue véhiculaire nationale de la République est le bichlamar. Les langues officielles sont l’anglais, le bichlamar et le français. Les langues principales d’éducation sont l’anglais et le français.

2) La République protège les différentes langues locales qui font partie de l’héritage national et peut déclarer l’une d’elles langue nationale. 

Article 7

Des devoirs fondamentaux

Toute personne a les devoirs fondamentaux suivants envers elle-même, ses descendants et autrui : ...

f) respecter les droits et libertés d’autrui et coopérer pleinement avec autrui dans l’intérêt de l’indépendance et de la solidarité...

4. Objectifs

Cette politique a les objectifs suivants :

Généralités

4.1. Promouvoir le multilinguisme au rang d’actif national.
4.2. Promouvoir l’égalité des chances d’accès à toute langue officielle.
4.3. Promouvoir l’accès de tout citoyen aux chances d’apprendre les langues.

Langues indigènes

4.4. Encourager l’usage des langues indigènes.
4.5. Encourager l’usage des langues indigènes à la maison aussi bien lorsque les parentes ont la même langue que lorsque ceux-ci parlent des langues différentes.
4.6. S’assurer que les langues indigènes sont proprement documentées.
4.7. Défendre l’usage et le développement des langues indigènes par l’administration et les ONG.
4.8. S’assurer que les langues indigènes servent dans l’éducation à des niveaux appropriés.

La Recherche

4.9. La recherche sur les langues indigènes est une entreprise collective et nécessite l’accord et l’approbation préalable des locuteurs des langues intéressées et le Conseil national des langues de Vanuatu.
4.10. Le Conseil national des langues de Vanuatu doit s’assurer que cette recherche profite aux locuteurs d’une lague et à la nation.

Le bichlamar

4.11. Le bichlamar doit être reconnu et promu langue nationale de Vanuatu.
4.12. Le bichlamar doit être normalisé pour répondre aux besoins évolutifs de la société.

L’anglais et le français comme principales langues d’éducation

4.13. L’État à la charge de s’assurer que les élèves et étudiants reçoivent une éducation aussi bien en anglais qu’en français et qu’ils en tirent le maximum d’avantages.

5. Déclarations de politique

5.1. La langue nationale : le bichlamar

Le bichlamar est la seule langue nationale et l’une des langues officielles de la République. C’est la langue la plus parlée de Vanuatu. C’est, de plus en plus, la première langue d’un nombre croissant de personnes. Il est de ce fait le lingua franca du pays. Il joue le rôle singulier d’unificateur dans le pays et s’intègre dans l’identité du pays. L’usage du bichlamar devrait être promu au niveau national pour s’assurer de la participation entière et efficace du nombre maximum de personnes dans la société vanuataise. 

5.1.1   Le bichlamar, lingua franca de Vanuatu, doit être promu et entretenu.
5.1.2   La version normalisée du bichlamar doit être promu et doté d’un lexique développé.
5.1.3   Le bichlamar doit jouir d’une place de choix dans l’enseignement national :

a) à titre de langue véhiculaire et moyen potentiel d’instruction dans un milieu préscolaire mixte et au début du primaire;
b) il doit être enseigné et étudié au niveau secondaire et supérieur.

5.1.4 Le bichlamar doit être enseigné comme moyen de communication en milieu du travail et dans les médias.
5.1.5 Le bichlamar doit être promu et développé pour servir dans la prestation des services publics, comme dans le domaine de la justice, la santé et la météorologie.
5.1.6 Il faut promouvoir la publication littéraire en bichlamar.
5.1.7 Toute personne désirant devenir citoyenne de Vanuatu doit pouvoir parler couramment et écrire normalement le bichlamar.

5.2. Les langues officielles : le bisclamar, l’anglais et le français

5.2.1. Ces langues doivent avoir le même statut dans tous les institutions publiques et le secteur privé.
5.2.2. Vanuatu est chargé de promouvoir toutes ses langues officielles par les médias et la littérature.
5.2.3. Les langues officielles doivent servir de langues d’enseignement du primaire à l’université.
5.2.4. L’anglais de Vanuatu est l’anglais normalisé de Grande-Bretagne.
5.2.5. Le français de Vanuatu est le français normalisé de France.
 

5.3. Les principales langues d’éducation : l’anglais et le français

5.3.1. L’anglais et le français devraient être enseignés comme matières de raccordement dans l’enseignement des langues vernaculaires.
5.3.2. Les principales langues d’éducation devraient être promues sur le même pied d’égalité dans toutes les classes du primaire à l’université.

5.4. Les langues locales ou indigènes

Avec plus de 100 langues indigènes différentes, le paysage linguistique de Vanuatu est très varié. Ces langues sont des expressions vivantes de l’identité sociale et culturelle de Vanuatu, exprimant les relations intimes des Vanuatais avec leurs terres et traditions. Il faut d’urgence protéger, et le cas échéant, dynamiser certaines de ces langues qui sont en extinction. Les langues indigènes dynamiques, celles qui restent les langues maternelles de nombreux enfants doivent être promues pour être parlées par des générations à venir. Le Vanuatu a l’obligation d’utiliser, d’écrire et de promouvoir et protéger nos langues indigènes. 

5.4.1. Il faut adopter le plus possible de langues indigènes dans l’enseignement de la maternelle au primaire tel que prévu dans le plan directeur de l’éducation.
5.4.2. Il faut étudier et écrire les langues indigènes à des fins de protection et d’enseignement.
5.4.3. Il faut promouvoir l’usage des langues indigènes dans l’enseignement pour adultes et enfants.
5.4.4. Il faut encourager l’usage des langues indigènes dans toute activité de la vie collective.
5.4.5. Il faut adopter le média dans la promotion des langues indigènes.
5.4.6. Il faut normaliser l’orthographe pour toutes les langues indigènes viables en vue de leur enseignement.
5.4.7. Il faut encourager le développement d’un ensemble de caractères uniformes pour l’écriture des langues indigènes.
5.4.8. Il faut promouvoir la publication littéraire en langues indigènes.
5.4.9. L’État doit soutenir les centres actuels d’études et de développement des langues indigènes à Vanuatu.
5.4.10. Les études menées sur une langue indigènes doivent être validées par le Conseil national des langues de Vanuatu et la collectivité intéressée.
 

5.5 Autres langues «immigrantes»

Selon l’article 7.f) de la Constitution (citée au paragraphe 3 ci-dessus), les Vanuatuans ont le devoir de respecter les droits des locuteurs des langues autres qu’indigènes ou le bichlamar, l’anglais et le français.

Cette politique promeut l’apprentissage des langues «immigrantes» (langues autres que les deux langues principales d’éducation ou le bichlamar, ou les langues indigènes) aux fins :

a) de maintenir la langue maternelle d’un locuteur d’une langue «immigrante»;
b) économiques, commerciales et diplomatiques;
c) d’apprentissage de langues étrangères pour les locuteurs des langues officielles ou des langues indigènes.

5.6. Le rôle du Conseil national des langues de Vanuatu

Le Conseil national des langues de Vanuatu se charge, en collaboration avec l’État et d’autres partie prenantes de promouvoir et protéger la diversité linguistique à Vanuatu. À ce titre, il a, entre autres choses, pour rôle :

1) de conseiller le ministre sur les questions linguistiques et la politique linguistique ;
2) de conseiller et aider le ministère de l’Éducation de mettre en oeuvre l’usage des langues vernaculaires dans l’enseignement ;
3) d’aider le bureau du Médiateur à établir des rapports annuels sur l’état de l’usage des langues et du respect du multilinguisme ;
4) de promouvoir la sensibilisation et renforcer l’usage du bichlamar standardisé ;
5) de dispenser des conseils au média sur l’usage du bichlamar ;
6) d’établir des priorités nationales et des lignes directives pour les travaux des recherches sur les langues ;
7) de coordonner le financement par des agences internationales des travaux sur les langues à Vanuatu ;
8) de promouvoir la publication littéraire en langues vernaculaires et en bichlamar ;
9) de gérer une base de données des langues et ressources linguistiques à Vanuatu ;
10) toute autre fonction que lui confère la loi.
 

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