Land Curaçao

État de Curaçao

 

Capitale: Willemstad
Population:
141 700 (2009)
Langues officielles: néerlandais, papiamento et anglais
Groupe majoritaire: papiamento (80,3 %)
Groupes minoritaires: néerlandais (8,6 %), anglais (3,6 %), espagnol (3,1 %), créoles divers, portugais, etc.
Système politique: État autonome au sein du Royaume des Pays-Bas
Langue coloniale: néerlandais
Articles constitutionnels (langue): sans objet
Lois linguistiques:
 
Loi sur l'enseignement primaire (1981) ; Loi sur les médias (1987) ; Décret sur les médias (1987) ;  Convention relative aux peuples indigènes et tribaux (1989) ; Loi du 4 juin 1992, relative aux règles générales du droit administratif (1992) ; Loi du 15 octobre 1995 sur l'enseignement professionnel (1995) ; Loi du 15 septembre 2005 sur l'orthographe.

1 Données géographiques

Curaçao (Kòrsou en papiamento) est la principale île des Territoires néerlandais d'outre-mer, située dans la mer des Antilles, près du Venezuela. Elle fait partie du groupe d'îles des petites Antilles appelée Îles Sous-le-Vent. L'île est d'une superficie de 444 km² (moins que la principauté d'Andorre) et sa capitale est Willemstad. Depuis octobre 2010, Curaçao est désigné comme l'État de Curaçao (en néerlandais: Land Curaçao; en papiamento: Pais Kòrsou; en anglais: Country of Curaçao).

L'État de Curaçao comprend aussi une petite île inhabitée (superficie: 1,7 km²) au sud-est et appelée «Petit Curaçao» ou "Klein Curaçao" en néerlandais ("Little Curaçao" en anglais).

2 Données démolinguistiques

En 2009, la population de l'île était officiellement de 141 766 habitants. Depuis 2008, les langues officielles sont, de facto, le néerlandais, le papiamento et l'anglais. La langue la plus parlée (84 %), et ce, dans toutes les couches de la société, est le papiamento, un créole à base d'espagnol, de néerlandais, de portugais, de français, d'anglais, de langues africaines et de langue arawak. Mais l'île demeure polyglotte, car outre le papiamento, sont également parlés le néerlandais, l'anglais et l'espagnol, sinon le portugais.

Selon le Bureau central de la statistique (2009), le papiamento est parlé par 80,3 % de la population comme langue maternelle; le néerlandais, par 8,6 %; l'anglais, par 3,6 %; l'espagnol, par 3,1 %; les autres langues, par 1,5 %. Quoi qu'il en soit, presque toute la population parle le papiamento, sinon comme langue maternelle, au moins comme langue seconde. Beaucoup de locuteurs peuvent parler le papiamento, le néerlandais, l'anglais et l'espagnol.

L'immigration récente en provenance des îles anglophones des Antilles, où la langue principale est l'anglais, et l'ascendant de l'anglais comme langue internationale, ont intensifié l'usage de l'anglais à Curaçao. La ville de Willemstad comptait 98 000 habitants en 2009. Historiquement, l'espagnol est une langue importante à Curaçao, comme à Bonaire et à Aruba, car l'enseignement a été longtemps dispensé dans cette langue, notamment tout au cours du XIXe siècle, bien que le néerlandais puisse demeurer la langue de l'administration.

3 Données historiques

L'histoire de l'île de Curaçao débute avec les Amérindiens arawaks. Ceux-ci ont immigré sur l'île en venant du continent sud-américain il y a environ 6000 ans. L'un des sous-groupes de la famille arawak à avoir habité l'île fut les Caiquetios, qui auraient donné leur nom à l'île.

3.1 L'arrivée des Espagnols

C’est à l’un des lieutenants de Christophe Colomb, Alonso de Ojeda, que l’on doit la «découverte» des Îles-sous-le-Vent (les îles ABC: Aruba, Bonaire et Curaçao). Ojeda aborda en premier lieu l’île de Curaçao en 1499, puis la même année les îles d’Aruba et de Bonaire. Il trouva les îles habitées par des Arawaks, les Caiquetos, une communauté amérindienne qui avait quitté depuis plusieurs siècles les côtes vénézuéliennes pour fuir les terribles guerriers caraïbes (les Kalihna et les Wayana) et éviter ainsi les guerres incessantes. Alonso de Ojeda réclama les îles au nom de l’Espagne, mais parce qu'il n’avait pas trouvé d’or elles avaient été déclarées «îles inutiles». Les Awaraks furent massivement transportés pour travailler sur l’île d’Hispaniola et servir d’esclaves; aujourd'hui, on ne trouve plus d’Arawak sur Curaçao.

L’origine du nom de Curaçao demeure encore problématique. Plusieurs hypothèses sont avancées. L’une d’elles voudrait que ce serait les Caiquetos qui auraient laissé leur nom, déformé en Curaçao par les Européens. Une seconde hypothèse laisserait croire que, ayant laissé dans l’île un certain nombre de marins atteints du scorbut, Alonso de Ojeda revint l’année suivante pour les retrouver en bonne santé, guéris apparemment par la consommation des fruits (et de la vitamine C) poussant en abondance sur l’île; il aurait nommé l'île Curaçao, d’après un vieux mot portugais (à la racine cure) signifiant «guérison». Une autre hypothèse laisse entendre que les Espagnols appelaient l'île Curazon, pour «coeur», qu’un cartographe portugais aurait compris comme étant Curacau et transcrit en Curaçao, conformément à l’orthographe portugaise. Quoi qu’il en soit, le nom de Curaçao ne parut sur les cartes portugaises qu’une vingtaine d’années après sa découverte. L’île de Curaçao (également Aruba et Bonaire) resta espagnole plus de 130 ans, soit jusqu’à l’arrivée des Hollandais.

3.2 La colonisation hollandaise

En réalité, les Portugais avaient abandonné les trois îles ABC en 1633. Les Hollandais se l’approprièrent dès 1634 et en firent l’un des pivots de leurs entreprises commerciales. C’est la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui fut chargée d’administrer l’île de Curaçao. La compagnie nomma l'explorateur hollandais Peter Stuyvesant comme gouverneur en 1642; en quelques années, celui-ci favorisa les plantations agricoles (arachides, maïs, fruits, etc.); d’autres découvrirent les possibilités qu’offrait l’île dans le séchage du sel à partir des étangs marins (les salines). Toutefois, Peter Stuyvesant traita les autochtones de façon impitoyable. Il capturait des Caiquetos pour les vendre comme esclaves dans les Antilles et suscitait des haines entre les diverses tribus pour mieux les écraser; de plus, même s’il apporta une certaine prospérité, son tempérament autoritaire et son intolérance religieuse à l’égard des communautés n'appartenant pas à l'Église réformée de Hollande lui valurent de devenir de plus en plus impopulaire.

Ayant acquis par la force, entre 1637 et 1641, des postes de traite en Afrique de l’Ouest (Ghana, Angola et São Tomé), les Hollandais organisèrent leur propre réseau de la traite négrière associant l'Afrique aux Amériques. Curaçao devint le plaque tournante hollandaise des activités esclavagistes aux Antilles. L’île était stratégiquement bien située et équipée d’un port de mer naturel; de plus, les Hollandais construisirent plusieurs grands forts pour assurer leur protection. Tous ces facteurs firent de Curaçao un endroit idéal pour pratiquer le commerce des esclaves. Au total, on estime que Curaçao reçut entre 1640 et 1863 au moins un demi-million d’esclaves noirs.

L’île de Curaço reçut au cours des décennies un certain nombre d’immigrants blancs. Aux Noirs, s’ajoutèrent des Hollandais, mais aussi des Anglais, des Sud-Américains, des Français et des Juifs. En effet, plus de 2000 juifs séfarades (ayant fui l’Inquisition espagnole pour les Pays-Bas) arrivèrent d’Amsterdam (entre 1659 et 1732) pour s’établir à Curaçao et y fonder des entreprises commerciales; ils érigèrent en 1732 la première synagogue (Emanuel Israel Mikve) à Willemstad. La population de l’île devint très cosmopolite, d’autant plus que les esclaves ont commencé à se déplacer d’une île à l’autre des Antilles, surtout après 1700.

C’est donc au milieu du XVIIe siècle que s’élabora à Curaçao le papiamento, le créole en usage encore aujourd’hui dans l’île et partout dans les Antilles néerlandaises, même dans les Îles-du-Vent (Saba, Saint-Martin et Saint-Eustache). Étant donné le commerce entre les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, les Français et les Anglais, le papiamento puisa dans toutes ces langues pour se former. Bien que la base principale soit le portugais, s’est greffée une grande quantité de termes espagnols, néerlandais, mais aussi anglais et français, sans oublier la syntaxe d’origine africaine.

Les conflits entre l'Europe et les territoires de l’Amérique au XVIIIe siècle firent de Curaçao un endroit de prédilection et de refuge pour les pirates, les rebelles américains, les négociants espagnols et hollandais de la région. Tout ce tumulte favorisa le brassage des populations un peu partout dans les Antilles, dont l’île de Curaçao. Les Hollandais durent se défendre pendant 80 ans pour repousser les Anglais et les Français.

D’ailleurs, en 1800, les Anglais prirent Curaçao et expulsèrent les Hollandais, mais s’en retirèrent en 1803 pour l'occuper encore en 1807, soit pendant quelques années, notamment lors des guerres napoléoniennes. En 1816, lors du traité de Paris, l’administration hollandaise fut réinstallée et la ville de Willemstad fut déclarée un port libre. L’économie de Curaçao périclita après l’abolition de l’esclavage en 1863.

Il fallut attendre en 1919-1920 pour que l’économie prospère à nouveau sur l’île, avec l’arrivée de l’or noir. Grâce à la découverte du pétrole en provenance du Venezuela, la Dutch-British Shell Oil Company décida de construire l’une des plus grandes raffineries du monde à Curaçao (et à Aruba). De nombreux immigrants vinrent travailler sur l’île; ils provenaient des Antilles néerlandaises, mais aussi des Antilles anglaises, des Antilles françaises, de l’Amérique du Sud et des États-Unis. Mentionnons particulièrement l’immigration des Saint-Martinois (hollandais et français) à Curaçao en raison du grand besoin de main-d'oeuvre dans les raffineries; les historiens signalent même que la population de l’île de Saint-Martin aurait baissé de 18 % entre 1920 et 1929. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés acceptèrent d’établir une base militaire américaine à Waterfort Arches, près de Willemstad. À partir de 1942, les États-Unis assumèrent l'entière responsabilité de la défense de Curaçao et des autres îles hollandaises, et ce, pour toute la durée de la guerre. L’île de Curaçao a donc toujours été influencée par la langue anglaise. Ces mouvements de population augmentèrent encore le multiculturalisme de Curaçao.

3.3 L'autonomie politique

Après la Seconde Guerre mondiale, les insulaires de Curaçao et des autres îles néerlandaises commencèrent à exiger davantage d’autonomie de la part des Pays-Bas. En 1954, les îles néerlandaises obtinrent une autonomie administrative considérable sous le nom de Antilles néerlandaises, puis de Fédération néerlandaise d’outre-mer. Willemstad devint la capitale politique des Antilles néerlandaises. Seule l’île d’Aruba obtint un statut particulier, tandis que les autres îles (Curaçao, Bonaire, Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten) constituèrent de jure les Antilles néerlandaises, bien que, dans les faits, Aruba en fasse partie. À la fin des années 1960, Curaçao fut le théâtre de nombreuses luttes raciales et de troubles sociaux. En 1982, la raffinerie Shell ferma ses portes, ce qui augmenta considérablement le nombre des chômeurs. Depuis, la réouverture partielle de la raffinerie en 1991 (louée à une entreprise vénézuélienne, la Coastal Oil Company), le gouvernement local a tout mis en œuvre pour favoriser l’industrie du tourisme. La plupart des insulaires parlant le papiamento, le néerlandais, l’anglais et l’espagnol, le multilinguisme étant devenu un atout économique de première importance.

Depuis le 1er juillet 2007, la Fédération des Antilles néerlandaises avait commencé sa dissolution, laquelle aurait dû être effective le 15 décembre 2008, mais en raison de divers délais le transfert des compétences vers Curaçao fut officialisé le 10 octobre 2010. Dès lors, les compétences de l’État fédéral autonome des Antilles néerlandaises furent transférés aux deux nouveaux territoires autonomes de Curaçao et de Sint Maarten; ceux-ci formant deux États autonomes au sein du royaume des Pays-Bas. Curaçao est devenu autonome «sous protectorat des Pays-Bas» avec la reine des Pays-Bas comme chef d'État, représentée par un gouverneur, mais l'État de Curaçao est administré par un premier ministre responsable d'un gouvernement.

4 La politique linguistique

La politique linguistique de l'État de Curaçao n'est pas élaborée dans des textes juridiques. Même la Constitution, la Staatsregeling van Curaçao, du 5 septembre 2010 ne contient aucune disposition concernant le statut des langues. 

4.1 Parlement et justice

Le Parlement local n'emploie que le néerlandais dans la rédaction et la promulgation des lois; les parlementaires ne font usage de cette langue qu'à l'écrit. Cependant, dans les débats parlementaires, le papiamento est courant; l'anglais, plus rare.

En principe, les tribunaux ne reconnaissent que le néerlandais, mais dans les communications orales le papiamento est couramment utilisé, bien que l'anglais soit autorisé. Cependant, dans les tribunaux de haute instance, ainsi que la Cour suprême des Pays-Bas, seul le néerlandais est admis.

4.2 Les langues de l’Administration

Dans les services administratifs, le système fonctionne à peu près de la même façon que dans les tribunaux. Bien que le néerlandais soit la langue officielle de l’Administration, le papiamento est concurremment employé avec la langue officielle à Curaçao. Dans l’Administration du royaume des Pays-Bas, le néerlandais reste la seule langue d’usage.

4.3 Le système d’éducation et l'enseignement des langues

Depuis l'introduction d'une loi sur l'enseignement public en 1992, l'enseignement primaire obligatoire, d'une durée de six ans, débute à l'âge de six ans; le programme du secondaire dure cinq ans. Dans les écoles de Curaçao, le papiamento et le néerlandais étaient utilisés, jusqu’à récemment, comme langues d’enseignement dans les deux premières années du primaire. Ensuite, seul le néerlandais était enseigné jusqu’à la fin du secondaire. L'instruction publique reste basée sur le système d'éducation néerlandais. Aujourd'hui, l'enseignement primaire peut être uniquement en néerlandais ou entièrement bilingue, c'est-à-dire en papiamento et en néerlandais. Étant donné que le papiamento est une langue dotée de peu de prestige, beaucoup de parents préfèrent que leurs enfants apprennent le néerlandais. Il en résulte que le papiamento est peu enseigné dans les écoles. L'espagnol et l'anglais sont enseignés comme langues secondes dans la dernière année de l'enseignement primaire, puis il se poursuit tout au long du secondaire. Des écoles privées, en néerlandais ou en anglais, existent également sur l'île. Seules les écoles maternelles n'enseignent qu'en papiamento.

Les résultats scolaires sont décevants dans l'ensemble, car le taux d'échec est élevé, ainsi que le taux d'abandon (jusqu'à 70 % avant la fin du secondaire). À Curaçao, les parents choisissent parfois de parler le néerlandais avec leurs enfants en espérant que cela améliorera leurs les résultats scolaires. Des débats politiques récents ont porté sur la question du papiamento comme seule langue d'enseignement. Les partisans pour l'instauration du papiamento en tant qu'unique langue d'enseignement font valoir que cet enseignement aiderait à préserver la langue et améliorer la qualité de l'enseignement primaire et secondaire. Il faut changer la langue principale de l'école, le néerlandais, pour le papiamento. Les partisans pour l'enseignement en néerlandais soutiennent que les élèves qui étudient en néerlandais seraient mieux préparés pour l'enseignement universitaire gratuit offert aux résidents de Curaçao aux Pays-Bas.

Le principal institut d'enseignement supérieur est l'Université de Curaçao, avec des inscription totalisant quelque 2100 étudiants. L'enseignement est dispensé en néerlandais et/ou en anglais.

Pour plusieurs, si l'État de Curaçao devait parvenir à la pleine indépendance, ses langues officielles devraient être le papiamento, l'anglais et l'espagnol. Pour certains, le néerlandais n'a plus sa place à Curaçao. C'est le point de vue de Helmin Wiels, le leader du Parti Pueblo Soberano (juillet 2010):

Dutch is a dead language the same as Greek or Latin. So in a way, Papiamentu is a symbol of Curaçao independence. The preservation of Papiamentu would allow us to absorb the influences of our South American brothers while keeping alive that which makes us unique. [Le néerlandais est une langue morte, de même que le grec ou le latin. D'une certaine manière, le papiamento est un symbole de l'indépendance de Curaçao. La préservation du papiamento nous permettrait d'absorber les influences de nos frères de l'Amérique du Sud, tout en gardant vivant ce qui nous rend uniques.]

Helmin Wiels vise ouvertement l'indépendance totale pour l'État de Curaçao. Il a aussi demandé la fermeture de la base américaine de l'île en affirmant que Curaçao devait rester en bons termes avec l'ensemble de ses voisins.

Par ailleurs, la Fundashon pa di Planifikashon Idioma ("Fondation pour l'aménagement linguistique") a déposé un rapport pour proposer du matériel pédagogique en papiamento, tandis que les autorités scolaires ont lancé un appel en ce sens, mais des désaccords entre partisans du papiamento et partisans du néerlandais, de même qu'entre catholiques (majoritaires) et protestants (minoritaires), n'ont pas permis d'en arriver à une entente.

4.4 Médias et vie économique

On sait que les îles néerlandaises attirent beaucoup de touristes venant de toutes les parties du monde, surtout à Aruba, Curaçao et Sint Maarten. On peut donc s’attendre à ce que les activités économiques se déroulent à la fois en néerlandais, en anglais, en papiamento (à l’oral), en espagnol.

Dans les médias, c’est le pragmatisme qui prime. En effet, concurremment aux journaux officiels publiés en néerlandais (Amigoe et Antilliaans Dagblad), on trouve des journaux en anglais (Amigoe) et en papiamento (La Prensa et Extra). Il existe plusieurs périodiques publiés en papiamento. 

Les stations de radiotélévision diffusent en néerlandais, mais aussi en papiamento, en anglais et en espagnol. La Radio Pays-Bas Internationale (Radio Nederland Wereld Omroep), une station publique indépendante des Pays-Bas, diffuse dans le monde entier, notamment à Curaçao, des programmes de radio et de télévision à l'intention des néerlandophones et étrangers intéressés par les Pays-Bas et la culture néerlandaise. Elle émet quotidiennement des programmes non seulement en en néerlandais, mais aussi en papiamento, en anglais, en espagnol. Les Curaçaoens bénéficient aussi d'une station de télévision locale, Teleocho (Télé-Curaçao) qui diffuse en papiamento. Ils peuvent capter aussi Télé-Aruba et Télé-Bonaire. De plus, les stations de radio et de télévision du Venezuela peuvent être clairement reçues à Curaçao, et de nombreux livres de littérature et des magazines en espagnol sont vendus sur l'île.

La politique de l'État de Curaçao est une politique de multilinguisme pragmatique. Le néerlandais demeure la première langue officielle, même s'il est peu utilisé en public par la population. C'est la langue des lois, de l'Administration et des médias publics. Le néerlandais est dispensé dans les écoles comme langue maternelle, alors qu'il est une langue seconde pour la quasi-totalité des insulaires. C'est donc dans le domaine scolaire que la politique linguistique est la plus faible. Dans la vie quotidienne, le papiamento demeure la grande langue véhiculaire que tous utilisent pour communiquer. L’histoire a fait en sorte que les insulaires ont inventé leur langue locale, le papiamento, alors que la colonisation a imposé le néerlandais, mais la proximité des États voisins et les nécessités du commerce international ont imposé l’anglais et l’espagnol. Plutôt que de devoir choisir l’une d’entre elles, les autorités de Curaçao ont préféré recourir à toutes ces langues. Il est possible que, à long terme, ce soit le néerlandais qui en paie le prix, car il ne fait pas le poids 

Dernière révision en date du 16 déc. 2015

Bibliographie

BURAC, Maurice. Les Petites Antilles — Étude géographique des disparités régionales de développement, Presses Universitaires de Bordeaux, Bordeaux, 1989, tomes I (585 p.) et tome III (363 p.).

CLEMENTIA, Jocelyne. «Language is More Than Language in the Development of Curaçao» in Education for All in the Caribbean: Assessment 2000, Kingston (Jamaïque), UNESCO, Office of the UNESCO Representative in the Caribbean, 1999.

HARTOG, Johan. Curaçao Short History, trad. du néerlandais Virginia Gildeon Oenes, De Wit Stores N.V., Aruba (Antilles néerlandaises), 1979, 80 p.

LECLERC, Jacques. Langue et société, Laval, Mondia Éditeur, coll. "Synthèse", 1992, 708 p.

MOREAU, Jean-Pierre. Les Petites Antilles de Christophe Colomb à Richelieu, Éditions Karthala, Paris, 1992, 320 p.

WIEL, Keisha Irma. «Perceptions ont he Socail Status of Papiamentu in Contrast to its Official Significance in Aruba and Curaçao», Orlando (Floride), mémoire de maîtrise présentée pour le diplôme de Master of Arts au Département d'anthropologie du College of Sciences de l'University of Central Florida Orlando, session d'été, 2010.

 

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