Histoire du français
Section 3

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La période féodale :

l'ancien français

(IXe - XIIIe siècle)


Les caractéristiques principales du régime féodal furent le morcellement et la fidélité. Afin de s'assurer la fidélité de ses vassaux, un suzerain (seigneur) accordait à chacun d'eux un fief (une terre) qui leur servait de moyen de subsistance; en retour, les vassaux s'engageaient à défendre leur seigneur en cas d'attaque extérieure. Quelles furent les conséquences politiques de ce système? Le morcellement du pays et la constitution de grands fiefs, eux-mêmes divisés en une multitude de petits fiefs; les guerres entre seigneurs étaient très fréquentes parce qu'elles permettaient aux vainqueurs d'agrandir leur fief. Chacun vivait par ailleurs relativement indépendant dans son fief, sans contact avec l'extérieur.

Dans un tel système, la monarchie demeurait à peu près sans pouvoir. Au cours du Xe siècle, les rois furent souvent obligés de mener une vie itinérante sur leur petit domaine morcelé et pauvre. Incapable de repousser les envahisseurs vikings (ces «hommes du Nord» Northmans venus de la Scandinavie), Charles III (le Simple) leur concéda en 911 une province entière, la Normandie, dont le suzerain réussira à être plus puissant que le roi de France: le duc de Normandie devint roi d'Angleterre en 1066, après avoir vaincu Henri Ier de France en 1054. Les Vikings de Normandie, comme cela avait été le cas avec les Francs, perdirent graduellement leur langue scandinave. Dans leur duché, désormais libérés de la nécessité de piller pour survivre, les Vikings devinrent sédentaires et fondèrent des familles avec les femmes du pays, des Normandes. Celles-ci parlaient le normand, une langue romane qu'elles ont apprise naturellement à leurs enfants. On estime que le langue des Vikings, encore vivante à Bayeux au milieu du Xe siècle, n'a pas survécu bien longtemps au-delà de cette date. 

1 La naissance du français

On situe la naissance du français vers le IXe siècle, alors qu'il faut attendre le Xe ou le XIe siècle pour l'italien, l'espagnol ou l'occitan.

Mais ce français naissant n'occupait encore au Xe siècle qu'une base territoriale extrêmement réduite et n'était parlé que dans les régions d'Orléans, de Paris et de Senlis (voir les zones en rouge sur la carte) par les couches supérieures de la population. Le peuple parlait, dans le Nord, diverses langues d'oïl: françois dans la région de l'Île-de-France, mais ailleurs picard, l'artois, le wallon, le normand ou l'anglo-normand, l'orléanais, le champenois, etc.). Il faut mentionner aussi le breton dans le Nord-Ouest. Les rois de France, pour leur part, parlaient encore le francique (une langue germanique) tout en utilisant le latin comme langue seconde pour l'écrit. 

À cette époque, les gens du peuple étaient tous unilingues et parlaient l'un ou l'autre des nombreux dialectes alors en usage en France et hors de France. Seuls les lettrés écrivaient en «latin d'Église» appelé généralement «latin des lettrés» et communiquaient entre eux par cette langue. 

Dans le Sud, la situation était toute différente dans la mesure où cette partie méridionale du royaume, qui correspondait à l'ancienne Gaule la plus profondément romanisée, avait été longtemps soumise à la domination wisigothe plutôt qu'aux Francs. Les langues d'oc, plus proches su latin, étaient donc florissantes (occitan, provençal, languedocien, gascon), surtout que l'influence linguistique wisigothe avait été quasiment nulle, sauf dans la toponymie. Dès le Xe siècle, le catalan se différencia de l'occitan par des traits particuliers. En même temps, le basque était parlé dans les hautes vallées des Pyrénées.

Quant aux langues franco-provençales du Centre-Est, elles correspondaient plus ou moins à des anciennes possessions des Burgondes, puis de l'empereur du Saint Empire romain germanique. Bref, à l'aube du Xe siècle, l'aire des grands changements distinguant les aires d'oïl, d'oc et franco-provençale sont terminées, mais non la fragmentation dialectale de chacune de ces aires, qui ne fait que commencer.

 


Hugues Capet (987-996)

En ma 987, Louis V, le roi carolingien de la Francie occidentale décéda subitement dans un accident de chasse en ne laissant aucun héritier. Le 1er juin, les grands seigneurs du royaume se réunissent à Senlis pour élire un successeur au trône de France. L'aristocratie franque élit Hugues Ier sacré quelques jours plus tard, le dimanche 3 juillet 987, dans la cathédrale de Noyon. Il fut surnommé aussitôt le «roi à chape» en raison de son titre d'abbé laïc qu'il détenait dans les nombreuses «chapes» ecclésiastiques  — la chape (la «capa» ou cape) étant le manteau à capuchon que portaient les abbés —, d'où le terme Capet.

Avant d'être couronné roi des Francs, Hugues Ier était un puissant seigneur respecté; il était comte de Paris, comte d'Orléans, duc des Francs et marquis de Neustrie (nord-ouest de la France sans la Bretagne), et possédait de nombreuses seigneuries laïques et abbayes (Saint-Martin-de-Tours, Marmoutier, Saint-Germain-des-Prés et Saint-Denis). Ses alliances familiales avaient favorisé son élection comme «roi des Francs» par l'aristocratie: il était frère d’Othon (duc de Bourgogne), beau-frère de Richard (duc de Normandie), et gendre de Guillaume III Tête d’Étoupe (duc d’Aquitaine), depuis son mariage en 970 avec la princesse Adélaïde, la fille de Guillaume III.

C'est avec l'avènement de Hugues Capet (en 987) que le premier roi de France (encore le «roi des Francs») en vint à parler comme langue maternelle la langue romane vernaculaire (plutôt que le germanique), ce qui sera appelé plus tard comme étant le françois (prononcé [franswè]). Dans le système féodal de l'époque, la France était dirigée par une vingtaine de seigneurs territoriaux, descendants de fonctionnaires ou de guerriers carolingiens, qui détenaient des pouvoirs considérables parfois supérieurs à ceux du roi, comme ce fut le cas, par exemple dans le Nord, avec les comtes de Flandre et les ducs de Normandie, à l'est avec les ducs de Bourgogne et, au sud, avec les ducs d'Aquitaine. En raison des invasions étrangères, ces seigneurs avaient obtenu du roi de vastes territoires en échange de leurs services. La légitimité de Hugues Capet état alors relativement fragile. Par exemple, lorsqu'il s'opposa à son vassal Adalbert de Périgord qui refusait de lever le siège de Tours, le roi lui lui demanda : «Qui t'as fait comte?» Et le vassal de lui répondre: «Qui t'as fait roi?»

Hugues Ier sera le fondateur de la dynastie des Capétiens et s'appuiera sur des règles d'hérédité, de primogéniture (priorité de naissance) et d'indivisibilité des terres domaniales. C'est donc Hugues Capet qui remplaça la monarchie élective en vigueur sous les derniers Carolingiens en une monarchie héréditaire. D'ailleurs, Hugues Capet avait fait élire et sacrer son fils aîné Robert quelques mois après sa propre élection, soit le 25 décembre 987. La dynastie des Capétiens réussit à renforcer ainsi l'autorité royale et entreprit la tâche d'agrandir ses domaines. Contrairement aux rois précédents qui transportaient leur capitale d'une ville à l'autre, les Capétiens se fixèrent à Paris. 

Ce n'est qu'en 1119 que le roi Louis VI le Gros (règne de 1108-1137), un lointain descendant de Hugues Capet, se proclama, dans une lettre au pape Calixte II, «roi de la France, non plus des Francs, et fils particulier de l’Église romaine». C'est le premier texte où il est fait référence au mot France. D'où le mot français (et francien). En réalité, c'est le mot françois (prononcé [franswè]) qui existait à l'époque, le mot francien ayant été créé en 1889 par le philologue Gaston Paris pour faire référence au «français de l'Île-de-France» du XIIIe siècle, par opposition au picard, au normand, au bourguignon, au poitevin, etc.

Dans les conditions féodales, les divergences qui existaient déjà entre les parlers locaux se développèrent et s'affermirent. Chaque village ou chaque ville eut son parler distinct: la langue évolua partout librement, sans contrainte. Ce que nous appelons l'ancien français correspondait à un certain nombre de variétés linguistiques essentiellement orales, hétérogènes géographiquement, non normalisées et non codifiées. Les dialectes se multipliaient et se divisaient en trois grands ensembles assez nettement individualisés, comme on les retrouve encore aujourd'hui (voir la carte de la France dialectale): les langues d'oïl au nord, les langues d'oc au sud, le franco-provençal en Franche-Comté, en Savoie, au Val-d'Aoste (Italie) et dans l'actuelle Suisse romande. 

2 Le français gagne du terrain

Voici un texte d'ancien français datant de 1040 (environ): La vie de saint Alexis. Dans ce texte, Alexis  renonce à sa femme, à sa famille et à la «vie dans le monde» pour vivre pauvre et chaste.  C'est l'un des premiers textes écrits en ancien français qui nous soit parvenu. Il s'agit ici d'un extrait d'un poème de 125 strophes. Ce n'est donc pas une transcription fidèle de la langue parlée du XIe siècle, mais il faut savoir que la graphie était relativement phonétique et qu'on prononçait toutes les lettres:

 

Ancien français

1.   bons fut li secles al tens ancïenur
2.   quer feit iert e justise et amur,
3.   si ert creance, dunt ore n'i at nul prut; 
4.   tut est müez, perdut ad sa colur: 
5.   ja mais n'iert tel cum fut as anceisurs. 
6.   al tens Nöé et al tens Abraham
7.   et al David, qui Deus par amat tant,
8.   bons fut li secles, ja mais n'ert si vailant;
9.   velz est e frailes, tut s'en vat remanant:
10. si'st ampairet, tut bien vait remanant
11. puis icel tens que Deus nus vint salver
12. nostra anceisur ourent cristïentet,
13. si fut un sire de Rome la citet:
14. rices hom fud, de grant nobilitet;
15. pur hoc vus di, d'un son filz voil parler.
16. Eufemïen -- si out annum li pedre --
17. cons fut de Rome, des melz ki dunc ieret;
18. sur tuz ses pers l'amat li emperere.
19. dunc prist muiler vailante et honurede,
20. des melz gentils de tuta la cuntretha
21. puis converserent ansemble longament, 
22. n'ourent amfant peiset lur en forment
23. e deu apelent andui parfitement:
24. e Reis celeste, par ton cumandement
25. amfant nus done ki seit a tun talent.

Français contemporain

1.   Le monde fut bon au temps passé, 
2.   Car il y avait foi et justice et amour,
3.   Et il y avait crédit ce dont maintenant il n'y a plus beaucoup;
4.   Tout a changé, a perdu sa couleur: 
5.   Jamais ce ne sera tel que c'était pour les ancêtres. 
6.   Au temps de Noé et au temps d'Abraham
7.   Et à celui de David, lesquels Dieu aima tant.
8.   Le monde fut bon, jamais il ne sera aussi vaillant;
9.   Il est vieux et fragile, tout va en déclinant:
10. tout est devenu pire, bien va en déclinant (?)
11. Depuis le temps où Dieu vint nous sauver
12. Nos ancêtres eurent le christianisme.
13. Il y avait un seigneur de Rome la cité:
14. Ce fut un homme puissant, de grande noblesse;
15. Pour ceci je vous en parle, je veux parler d'un de ses fils.
16. Eufemïen -- tel fut le nom du père --
17. Il fut comte de Rome, des meilleurs qui alors y étaient
18. L'empereur le préféra à tous ses pairs.
19. Il prit donc une femme de valeur et d'honneur,
20. Des meilleurs païens de toute la contrée.
21. Puis ils parlèrent ensemble longuement.
22. Qu'ils n'eurent pas d'enfant; cela leur causa beaucoup de peine.
23. Tous les deux ils en appellent à Dieu parfaitement
24. «Ô! Roi céleste, par ton commandement,
25. Donne-nous un enfant qui soit selon tes désirs.»

On pourrait comparer ce texte daté de 1040 avec celui de la Cantilène de sainte Eulalie rédigé en 878. Ce dernier poème, plus ancien, se veut une transposition romane des hymnes d'église en latin. Il fut composé à l'abbaye de Saint-Amand, près de Valenciennes, peu après 878, date à laquelle on a découvert les reliques de sainte Eulalie. Évidemment, la Cantilène de sainte Eulalie fait «moins français» et «plus latin» que La vie de saint Alexis

Bien que le français ne soit pas alors une langue officielle imposée, il était utilisé comme langue véhiculaire dans les couches supérieures de la population et dans l'armée royale qui, lors des croisades, le porta en Italie, en Espagne, à Chypre, en Syrie et à Jérusalem. La propagation du français se trouva favorisée par la grande mobilité des Français: les guerres continuelles obligeaient des transferts soudains de domicile, qui correspondaient à un véritable nomadisme pour les soldats, les travailleurs manuels, les serfs émancipés, sans oublier les malfaiteurs et le gueux que la misère générale multipliait. De leur côté, les écrivains cessèrent progressivement d'écrire en champenois, en picard ou en normand. Au cours du XIIe siècle, on commença à utiliser le français à l'écrit, particulièrement dans l'administration royale, qui l'employait parallèlement au latin. Mais c'est au XIIIe siècle qu'apparurent des oeuvres littéraires en français. À la fin de ce siècle, le français s'écrivait en Italie (en 1298, Marco Polo rédigea ses récits de voyages en français), en Angleterre (depuis la conquête de Guillaume le Conquérant), en Allemagne et aux Pays-Bas. Évidemment, le peuple ne connaissait rien de cette langue, même en Île-de-France (région de Paris) où les dialectes locaux continuaient de subsister.
Lorsque Louis IX (dit «saint Louis») accéda au trône (1226-1270), l 'unification linguistique était en partie gagnée et la prépondérance du françois définitivement assurée sur les autres langues parlées.

Après plusieurs victoires militaires royales, ce françois remplaça progressivement les autres langues d'oïl (orléanais, champenois, angevin, bourbonnais, gallo, picard, etc.) et s'infiltra dans les principales villes du Sud. À la fin de son règne, Louis IX était devenu le plus puissant monarque de toute l'Europe, ce qui assura un prestige certain à sa langue, que l'on appelait encore le françois.

Comme on le constate, au fur et à mesure que s'affermissait l'autorité royale et la centralisation du pouvoir, la langue du roi de France gagnait du terrain, particulièrement sur les autres langues d'oïl. Mais, pour quelques siècles encore, le latin gardera ses prérogatives à l'écrit et dans les écoles.

3 L'état de l'ancien français

Le XIIIe siècle représenta une époque d'âge d'or pour la France, ce qui a eu pour effet de transformer considérablement la langue. Celle-ci s'enrichit surtout aux points de vue phonétique et lexical, alors qu'elle se simplifiait sur le plan morpho-syntaxique. Au plan phonétique, le français du XIIIe siècle constituait un système extrêmement complexe, notamment en ce qui concerne les voyelles; on en dénombrait 33: soit 9 orales, 5 nasales, 11 diphtongues orales, 5 diphtongues nasales, 3 triphtongues. Du côté des consonnes, l'ancien français vit apparaître trois affriquées: [ts] comme dans cent prononcé tsent, [dz] comme dans jambe prononcé djambe, [tch] comme dans cheval prononcé tcheval.

Il est difficile de se faire une idée de ce qu'était, au XIIIe siècle, la prononciation de l'ancien français. En guise d'exemple, prenons ce vers tiré de la Chanson de Roland:

des peaux de chievres blanches
[des peaux de chèvres blanches]

À cette époque, l'écriture était phonétique: toutes les lettres se prononçaient Par rapport à la prononciation actuelle [dépo t'chèvr' blanch], on disait donc alors, en prononçant les lettres: dé-ss péawss de tchièvress blan-ntchess. Ce qui donne 26 articulations contre 13 aujourd'hui, où l'on ne prononce plus les -s du pluriel. C'est donc une langue qui paraîtrait rude à plus d'une oreille contemporaine, sans compter la «truculence verbale» courante à l'époque. À cet égard, on aura intérêt à lire le petit extrait du Roman de Renart (fin du XIIIe siècle) reproduit ici:

Fin XIIIe siècle 

Dame Hermeline ot la parole  
Respond li comme dame fole  
jalouse fu & enflamee 
q'ses sires lavoit amee  
& dist : ne fuce puterie
& mauvestie & lecherie  
Grant deshonor & grant putage  
Felstes vos & grant outrage  
q'ant vos soufrites monbaron  
Q'vos bati vostre ort crepon. 

Traduction contemporaine

Dame Hermeline prit la parole,
Elle lui répond en femme folle; 
elle était jalouse et enflammée  
parce que son mari Hersant l'avait possédée. 
Et elle dit : ne fut-ce conduite de putain  
et mauvaiseté et dévergondage? 
Un grand déshonneur et une grande putinerie, 
voilà ce que vous avez fait avec grand outrage 
quand vous avez laissé mon mari 
vous frotter votre sale croupion.

Au plan morpho-syntaxique, l'ancien français conservait encore sa déclinaison à deux cas (déclinaisons) et l'ordre des mots demeurait assez libre dans la phrase, généralement simple et brève. Néanmoins, cette langue restait encore assez près du latin d'origine. En fait foi cette phrase, extraite de la Quête du Graal de 1230, correspondant certainement à du latin francisé: «Sache que molt t'a Notre Sire montré grand débonnaireté quand il en la compagnie de si haute pucelle et si sainte t'a amené.» Pour ce qui est de l'orthographe, elle n'était point encore fixée, mais elle restait très calquée sur les graphies latines. 

Dans le vocabulaire, l'ancien français comptait encore une soixantaine de mots gaulois, un fonds important de mots romans populaires, quelques centaines de mots occitans, un millier de mots germaniques et quelques dizaines de mots d'origine arabe. La masse du vocabulaire était encore puisée dans le latin, avec des adaptations phonétiques. 

4 Les langues parlées en France

Dans la France de cette époque, les locuteurs du pays parlaient un grand nombre de langues. Généralement, ils ignoraient le latin d'Église, à moins d'être instruits, ce qui était rarissime. Ils ignoraient également le «français du roy», sauf dans la région de l'Île-de-France, d'où allait émerger une sorte de français populaire parlé par les classes ouvrières.

Pour résumer rapidement la situation linguistique, on peut dire que les Français parlaient, selon les régions:

- diverses variétés de langues d'oïl: picard, gallo, poitevin, saintongeais, normand, morvandiau, champenois, etc.

- diverses variétés des langues d'oc (gascon, languedocien, provençal, auvergnat-limousin, alpin-dauphinois, etc.) ainsi que le catalan;

- diverses variétés du franco-provençal;

- des langues germaniques: francique, flamand, alsacien, etc.

- le breton ou le basque.

Bref, à cette époque, le français n'était qu'une langue minoritaire parlée dans la région de l'Île-de-France (comme langue maternelle) et en province par une bonne partie de l'aristocratie (comme langue seconde).

5 La dominance culturelle du latin

Pendant la période féodale, le prestige de l'Église catholique en Europe était immense. Le pape agit comme un véritable arbitre supranational à qui devaient obéissance les rois et l'empereur du Saint Empire romain germanique.

Non seulement le latin était la langue du culte, donc de tout le clergé et des abbayes, mais il demeurait l'unique langue de l'enseignement, de la justice et des chancelleries royales (sauf en France et en Angleterre, où l'on employait le français pour les communications entre les deux royaumes); c'était aussi la langue des sciences et de la philosophie. Les gens instruits devaient nécessairement se servir du latin comme langue seconde: c’était la langue véhiculaire internationale dans tout le monde catholique. Hors d'Europe, le turc, l'arabe, le chinois et le mongol jouaient un rôle analogue.

De plus, le français n'était pas encore une langue de culture et ne pouvait rivaliser ni avec le latin ni même avec l'arabe, dont la civilisation était alors très en avance sur celle des Occidentaux. On comprendra pourquoi le latin de l'Église se perpétua: il n'avait pas de rival. Et la Renaissance était encore loin. 

Dernière mise à jour: 16 juil. 2007

Histoire de la langue française

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Section 3: vous êtes ici
Section 4: Moyen français
Section 5: Renaissance

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Section 7:   Siècle des Lumières
Section 8:   Révolution française
Section 9:   Français contemporain
Section 10: Bibliographie

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