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Niué Republic of Niue |
En français: prononcer [ni-ou-é]
Capitale:
Alofi |
L'île de Niue (qu'on écrira dorénavant
ici Nioué pour tenir compte de la prononciation en ni-ou-é)
est un État libre (autonome)
associé avec la Nouvelle-Zélande. Elle est située dans le sud de l'océan Pacifique, à l'est
de Tonga, mais à l'ouest des îles Cook (voir la
carte du Pacifique au no 4). C'est une île de corail couvrant une superficie
de 258 km². C'est donc l'un des plus petits États au monde avec
Saint-Kitts-et-Nevis (261 km²), les îles
Marshall (181 km²) et le
Liechtenstein (160 km²). La capitale est Alofi, le village le plus important
de l'île (plus de 800 habitants) et le meilleur port.2 Données démolinguistiquesLa population était estimée à 2050 en juillet 2004, puis 1190 en 2014, mais elle était de 5200 en 1966. La grande majorité des habitants (1800 personnes) sont des Niuéens parlant le niuéen (91,7 %), une langue polynésienne unique appartenant à la famille austronésienne. Mais la plupart des Niuéens d'origine ont quitté leur île, car au moins 20 000 Niuéens vivent en Nouvelle-Zélande. Tous les citoyens de Niue sont des citoyens néo-zélandais. L'île compte deux minorités linguistiques: les anglophones et les sinophones. Les anglophones sont des Néo-Zélandais (150 personnes) appelés Anglo-Néo-Zélandais. Les Chinois (seulement une vingtaine de locuteurs) parlent le mandarin. L'une des particularité de Niué est d'accorder de grands avantages aux compagnies étrangères qui veulent incorporer leur nom avec des caractères chinois ou l'alphabet cyrillique ou en toute autre forme d'écriture, avec au moins une traduction anglaise. |
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Au point de vue religieux, les Niuéens sont protestants dans une proportion de 75 %, puis adeptes des saints des derniers jours (10 %), catholiques, témoins de Jéhovah ou adventistes du septième jour (total de 15 %).
3 Bref historiqueLa plupart des habitants de l'île Niué descendent de colons polynésiens venus par canoë de Tonga, des Samoa et des Fiji, il y a environ 1000 ans. Ces Polynésiens ont développé leur propre langue et leur culture. La langue niuéenne tire ses origines du samoan, du tonguien et du pukapukan, une langue parlée aux îles Cook (alors appelé Pukapuka). L'île de Niué ne fut découverte par les Occidentaux qu'en 1774: ce fut l'explorateur britannique James Cook qui l'appela «île du Prince Frederick», mais en raison de l'hostilité avec laquelle il y avait été reçu, il la baptisa Savage Island (l'île des Sauvages). Le capitaine Cook est reparti, mais il avait tracé le nom de l'île sur ses cartes. Les premiers missionnaires britanniques de la London Missionary Society arrivèrent après l'expédition de Cook, mais le christianisme ne fut définitivement implanté qu'en 1846. L'île fut alors administrée par la London Missionary Society jusqu'en 1900 où elle devint officiellement un protectorat britannique en même temps que les îles Cook. |
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Évidemment, les Anglais n'ont jamais demandé aux insulaires ce qu'ils pensaient de se faire gouverner par des étrangers! Ils se sont retrouvés devant le fait accompli. Après plusieurs magouilles politiques, les îles Cook furent officiellement annexées le 7 octobre 1900 par la Nouvelle-Zélande. L’année suivante, l’île Niué subit le même sort, bien que traditionnellement les îles Cook et l’île Niué avaient toujours été associées aux Samoa et à Tonga.
En 1974, la Nouvelle-Zélande accorda l'autonomie politique à l'île Niué «en libre association avec la Nouvelle-Zélande». Ce statut d'«État libre associé à la Nouvelle-Zélande» permettait aux Niuéens de conserver leur citoyenneté néo-zélandaise tout en maintenant l'autonomie dans leur propre pays. Néanmoins, l'île Niué dépend tellement totalement des subventions de la Nouvelle Zélande (six millions de dollars US annuellement pour 2000 habitants) et, jusqu'à maintenant, personne n'a pu trouver de solution pour une réelle indépendance. Depuis 1990, la Nouvelle-Zélande envisage de déplacer toute la population en raison du manque de ressources et des risques imminents que l'océan submerge l'île en raison de l'augmentation du niveau de la mer. Le pays est dirigé par un Cabinet composé d’un premier ministre et de trois ministres; le pays dispose d'une Assemblée législative démocratiquement élue et comptant 20 membres. Le seul parti politique organisé fut le Niue People's Action Party (NPAP: le Parti niuéen de l'action populaire), qui allait dominer la vie politique de l'île depuis sa formation en 1987 jusqu'à aujourd'hui. Le premier ministre de l'île Niue, Robert Rex, qui n'était pas membre du parti officiel est resté en fonction pendant dix ans. En janvier 2004, l’île fut dévastée par le cyclone Heta.
La politique linguistique de Niué en est une de bilinguisme institutionnel. Mais ce statut des langues n'est pas clairement défini dans la Constitution de 1974. C'est à partir des règles fixées pour l'usage des langues pour l'Assemblée niuéenne qu'on peut présumer quelles sont les langues officielles. Dans ce cas-ci, il s'agit formellement du niuéen et de l'anglais.
4.1 Les langues de l'État
Les langues de l'Assemblée législative de Niué sont le niuéen et l'anglais. L'article 4 traite de la Constitution de 1974 en version niuéenne et en version anglaise:
Article 4 Constitution of Niue (l) The Constitution set out in its Niuean language version in the First Schedule to this Act and in its English language version in the Second Schedule to this Act shall be the Constitution of Niue (in this Act called the Constitution), and shall be the supreme law of Niue. |
Article 4 Constitution de Niue (l) La Constitution présentée dans sa version en langue niuéenne dans la première partie de cette loi et dans sa version en langue anglaise dans la seconde partie est la Constitution de Niué (dans la présente loi appelée Constitution) et constitue la loi fondamentale de Niué. |
L'article 23 énonce les conditions d'utilisation des deux langues à l'Assemblée niuéenne:
Article 23 Languages (1) The Speaker or any member of the Niue Assembly may speak in the Assembly either in the Niuean language or in the English language: Provided that the Clerk of the Niue Assembly shall, at the request of the Speaker or of any member made through the Speaker, arrange for the remarks of the Speaker or of any member to be translated into the English language or the Niuean language, as the case may be. (2) Every Bill introduced into the Niue Assembly and every Act shall be in the Niuean language and also in the English language: Provided that the Assembly may, by resolution, determine that any Bill or Act shall be in the Niuean language or the English language only. (3) The records of proceedings in the Niue Assembly or in Committees thereof shall be in the Niuean language, and such of those records as are specified in the Standing Orders of the Assembly or as the Assembly may by resolution determine shall also be in the English language. (4) The Niuean version and the English version of this Constitution and, subject to subclause (5) of this Article, the Niuean version and the English version of any record of proceedings in the Niue Assembly or any Committee thereof and of any enactment shall be equally authentic: Provided that if in any case there is any apparent discrepancy between any provision of the Niuean version and of the English version of this Constitution or of any such record or of any enactment, then, in construing that provision, regard shall be had to all the circumstances that tend to establish the true intent and meaning of that provision. (5) In the case of any record of proceedings in the Niue Assembly or any Committee thereof the Assembly may by resolution determine, and in the case of any enactment it may be expressly provided, that where there is any conflict between the Niuean version and the English version of any such record or of any such enactment, one version only, being either the Niuean version or the English version, shall prevail. |
Article 23 Langues (1) Le président de l'Assemblée ou tout membre de l'Assemblée de Niué peut s'exprimer à l'Assemblée en niuéen ou en anglais: À la condition que le greffier de l'Assemblée de Niué, à la demande du président de l'Assemblée ou de tout membre autorisé par le président, prenne des dispositions pour que les propos du président ou de tout autre membre soient traduits, selon le cas, en anglais ou en niuéen. (2) Tout projet de loi présenté à l'Assemblée de Niué et toute loi sera rédigée en niuéen ainsi qu'en anglais : À la condition que l'Assemblée, par une résolution, puisse décider que tout projet de loi ou toute loi soit en niuéen ou en anglais seulement. (3) Les procès-verbaux des débats de l'Assemblée niuéenne ou de l'un de ses comités sont en nuéen et, lorsqu'il en est précisé dans les registre des ordonnances permanentes de l'Assemblée, celle-ci peut, par une résolution, déterminer aussi lesquels de ces documents sont en anglais. (4) La version niuéenne et la version anglaise de cette constitution et, conformément au paragraphe 5 du présent article, la version niuéenne et la version anglaise de tout compte rendu des débats de l'Assemblée niuéenne ou d'un de ses comités et toute promulgation en ces versions sont d'égale valeur : À la condition que si, en cas non-conformité apparente entre une disposition de la version niuéenne et la version anglaise de la présente constitution, de tout compte rendu ou de toute promulgation dans l'interprétation d'une telle disposition, l'attention sera considérée en fonction des circonstances qui ont tendance à établir la véritable intention et la véritable signification de ladite disposition. (5) Dans le cas d'un compte rendu des procès-verbaux de l'Assemblée niuéenne ou d'un de ses comités, l'Assemblée peut, par résolution, déterminer dans quel cas une publication peut être expressément fournie en une version seulement et laquelle prévaudra lorsqu'il y a conflit entre la version niuéenne et la version anglaise d'un compte rendu ou d'une promulgation. |
Dans les faits, la plupart des lois du Parlement sont rédigées en anglais, puis traduites en niuéen. Plusieurs lois ne sont promulguées qu'en anglais, surtout quand elles ne concernent généralement pas la population locale. Par exemple, les lois touchant les société étrangères incorporées à Niué ne sont adoptées qu'en anglais. Le Parlement niuéen reste tributaire de la loi adoptée par la Nouvelle-Zélande en 1966:
Niue Act 1966 (adopted by New Zealand) Section 48 |
Loi sur Niué de 1966 (adopté par la Nouvelle-Zélande) Article 48 |
Rappelons qu'à Niué les sociétés étrangères sont exemptées d'impôt et de taxe. En vertu de l'International Business Companies’Act (Loi sur les sociétés commerciales internationales) de 1994, toutes les activités non interdites par la loi sont autorisées, mais les sociétés étrangères fournissant des services concernant les banques, les assurances et les services fiduciaires sont soumis à un permis particulier. La loi interdit aux sociétés étrangères d'effectuer des transactions avec les résidants de Niue et de se livrer à du commerce immobilier. Les seules restrictions concernent les raisons sociales: il est interdit d'avoir une dénomination identique à une autre déjà existante ou même vaguement similaire. Les dénominations peuvent être en alphabet cyrillique, en caractères chinois ou en alphabet latin, mais accompagnées d'une traduction anglaise certifiée. Le nom d'une société doit contenir les mot suivants : Compagny, Limited, Limitada, Corporation, Incorporated, Société anonyme, Sociedad Anonima, Aktiengesellschaft, Société par actions ou les abréviations Ltd., Corp., Inc., GmbH, SA et N.V. Par contre, les mots Assurance, Bank, Building Society, Chamber of Commerce, Chartered, Cooperative, Imperial, Insurance, Municipal, Royal, Trust Company et Trustee Company, ainsi que tout autre mot ayant une signification similaire ou impliquant la famille royale d'Angleterre ou le gouvernement niuéen ne peuvent être employés dans la raison sociale d'une société étrangère.
Pour sa part, l'Administration locale fonctionne en niuéen et en anglais, mais à l'oral presque exclusivement dans la langue nationale avec les populations autochtones. Les tribunaux utilisent massivement le niuéen avec les Niuéens, sauf à l'écrit où l'anglais reprend ses prérogatives. La cour utilise toujours l'anglais avec les étrangers.
À propos de la langue, le gouvernement a créé une commission pour la sauvegarde la la langue niuéenne. Il s'agit de la Niue Language Commission («Commission de la langue niuéenne») instituée pour maintenir et veiller à la promotion de la langue nationale. On pense à une législation éventuelle à ce sujet, qui permettrait de donner des assises juridiques à la Commission de la langue niuéenne. Par ailleurs, le gouvernement songe à une étude portant sur l'usage de l'Internet et des services de courriel chez les employés de la fonction publique. Éventuellement, il serait envisageable d'instaurer une politique linguistique sur ces services.
4.2 Les langues de l'éducation
L'éducation à Niué est gratuite pour les enfants du primaire et du secondaire, c'est-à-dire entre 5 et 14 ans. L'instruction est bilingue: elle se donne exclusivement en niuéen au premier cycle du primaire, puis l'anglais est progressivement introduit par la suite. Lorsque les enfants accèdent au secondaire, ils doivent fréquenter l'école à Alofi, puisqu'il n'existe pas d'établissement du genre hors de la capitale. En 2002, on comptait moins de 500 élèves (les deux secteurs confondus) pour une quarantaine d'enseignants. L'objectif final est de s'assurer que tous les élèves sachent lire et écrire en anglais et en nauruan.
En réalité, l'enseignement de l'anglais demeure plus important et cet enseignement est presque exclusif au secondaire. Les études postsecondaires se font en anglais en Nouvelle-Zélande ou à l'Université du Pacifique-Sud (University of the South Pacific) aux îles Fidji. Quant aux enseignants, ils sont formés en anglais en Nouvelle-Zélande dans des établissements spécialisés. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que les jeunes en viennent à délaisser leur langue maternelle pour utiliser de plus en plus l'anglais.
De plus, un nouveau comité a été formé pour veiller au développement du Programme d'études de langue niuéenne, qui est devait commencer à l'école secondaire Niué pour l'année 2004. Le Comité a comme membres le ministre de l'Éducation, des employés du Département de l'éducation, de la Commission de la langue niuéenne, des écoles primaires et secondaires ainsi qu'un membre de l'Église et de l'ancien commissaire consulaire commercial de Niue (Niue Consular & Trade Commissioner). Enfin, le Départment dea langyues de l'Université du Pacifique-Sud a mis au point un dictionnaire du niéen; il s'agit d'un dictionnaire monolingue de la langue niuéenne entièrement financé le ministère de l'Éducation avec l'aide de l'UNESCO.
4.3 Les langues des médias
On compte trois journaux à Niué. Ils sont tous en anglais: Niue Business News, Niue News et Talanet News. L'hebdomadaire The Niue Star est publié en anglais et en niuéen.
Par contre, la radio BCN (Broadcasting Corporation of Niue) diffuse ses émissions en niuéen et en anglais. La station privée Radio Sunshine (ZKN) ne diffuse qu'en niuéen. Pour ce qui est de Radio NZ International, produite en Nouvelle-Zélande et diffusée par satellite, diffuse à la fois en anglais et dans les langues vernaculaires de Niue (niuéen), des Samoa occidentales (samoan) et des îles Cooks (maori), sans oublier l'Australie (anglais). La BBC World Service et la Voice of America, toutes deux de langue anglaise,peuvent être captées. Quant à la télévision, Niue Television produit certaines émissions en niuéen, mais la plupart des programmes sont produits à l'extérieur de l'île et sont donc diffusés en anglais.
La petite île de Niué abrite un peuple unique au monde, mais son avenir semble incertain. Depuis l'introduction des vols directs vers Auckland en Nouvelle-Zélande, il s'est produit un exode massif vers ce pays. Rappelons qu'au moins 20 000 Niuéens vivent actuellement en Nouvelle-Zélande, contre quelque 2000 sur l'île même. On sait aussi que la Nouvelle-Zélande envisage sérieusement de déplacer toute la population de l'île. Ce serait, bien sûr, la fin des Niuéens comme entité culturelle, même si le gouvernement néo-zélandais sauvait ainsi la vie des insulaires. La politique linguistique de Niué en est une de bilinguisme. D'une part, il serait difficile de faire autrement, le niuéen étant une très petite langue et l'anglais, une bien grande, d'autre part, le gouvernement semble avoir trouvé une formule viable et équilibrée, qui permet d'accéder à la modernisation par l'anglais tout en sauvegardant la culture et le langue niuéenne. Mais cet équilibre est fragile et maintenu surtout grâce à l'insularité d'une population en net déclin démographique.
Bibliographie
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