Royaume du Lesotho

Lesotho

Kingdom of Lesotho (angl.)
Muso oa Lesotho (sotho)

Capitale: Maseru
Population: 2,1 millions (est. 2017)
Langues officielles: sotho et anglais 
Groupe majoritaire:  sotho (80,6 %)
Groupes minoritaires: zoulou (15 %), swati (2,3 %), xhosa (1,0 %), chinois, anglais, afrikaans, hindi, etc.
Langue coloniale:  anglais
Système politique: monarchie parlementaire
Articles constitutionnels (langue):  art. 3, 4, 6, 12 18, 21, 26 et 58 de la Constitution du 2 avril 1993
Lois linguistiques: Loi sur la citoyenneté du Lesotho (1967); Loi sur les assurances (1976); Loi sur les voies de circulation (1981); Loi sur les douanes et l'accise (1982); Ordonnance sur le Code du travail (1992); Loi visant à prévoir la Loi relative à la taxe sur la valeur ajoutée (2001); Guide de style pour les jugements écrits à la Haute Cour du Lesotho (2010); Loi sur l'éducation (2010); Loi sur les compagnies (2011).

1 Situation géographique

Le Lesotho, appelé officiellement royaume du Lesotho, est un pays d'Afrique australe, entièrement enclavé dans l'Afrique du Sud. C'est un petit pays de 30 355 km², l'équivalent de la Belgique (32 545 km²). Le Lesotho correspond à l'ancien Basutoland qui est devenu indépendant en 1966 dans le cadre du Commonwealth.

Maseru, la capitale, est la ville la plus importante, avec une population estimée à quelque 120 000 habitants. Les autres villes importantes sont Teyateyaneng, Mafeteng et Hlotse. Le Lesotho est divisé en 10 districts administratifs (Berea, Butha-Buthe, Leribe, Mafeteng, Maseru, Mohale's Hoek, Mokhotlong, Qacha's Nek, Quthing et Thaba-Tseka), subdivisés en wards (ou sections électorales), présidés par des chefs héréditaires et administrés par des coordinateurs de district.

Le drapeau du Lesotho, adopté le 4 octobre 2006, présente trois bandes tricolores horizontales (le bleu, le blanc et le vert) représentant les éléments de la devise nationale qui célèbre la pluie, la paix et la prospérité. Au centre, est représenté en noir un chapeau conique symbolisant l'unité de la nation basotho. Ce traditionnel chapeau est aussi connu sous le nom de «mokorotlo», le symbole national du Lesotho. La forme du chapeau, généralement tissé avec de la paille à la main, est inspirée par la forme conique du mont Qiloane. C'est une montagne du Thaba Bosiu qui a été la forteresse historique des Basothos; ceux-ci s'y réfugièrent avec le roi Moshoeshoe Ier au XIXe siècle, pour échapper à la guerre d'extermination menée par les Zoulous dans l'État libre de l'Afrique du Sud.
Le Lesotho possède une géographie particulière dans la mesure où il bénéficie de frontières naturelles, sur plus de 900 km. En effet, ce petit pays, totalement enclavé en Afrique du Sud, est délimité du nord au sud-ouest par le fleuve Caledon, la chaîne de montagnes Drakensberg à l'est et les hautes terres du Sud, qui forment la frontière orientale du Lesotho (et partiellement celle de l'État libre d'Orange en Afrique du Sud); ce pays se situe en son point géographique le plus bas à 1400 mètres d'altitude (au croisement de la Caledon et de la rivière Orange), le point le plus haut étant le mont Thabana Ntlenyana à 3482 mètres au nord-est.

C'est le seul pays du monde a être situé aussi haut en altitude sur l'ensemble de son territoire. Cette configuration  constitue autant de barrières faisant du Lesotho une sorte de forteresse naturelle. À l'ouest, des terres vallonnées occupent environ un tiers du pays, entre 1525 et 1830 mètres d'altitude. Toute cette configuration explique en partie l'indépendance politique dont bénéficie le Lesotho, alors qu'il aurait dû, en toute logique, faire partie de l'Afrique du Sud.

Les routes sont presque inexistantes dans le pays, les voyages se faisant surtout à cheval. La circulation nord-sud est particulièrement difficile au nord-est en raison de la chaîne du Drakensberg. L'Orange, le fleuve qui traverse le pays, y prend sa source; on y trouve également le point culminant du pays, le Thabana Ntlenyana. Environ 80 % de la population active dépend de l'agriculture. Au plan économique, le Lesotho reste très dépendant de son grand voisin, l'Afrique du Sud.

2 Données démolinguistiques

La population du Lesotho était estimée à 2,1 millions d'habitants en 2004 et elle semble être demeurée assez stable en 2017. Ce sont les districts de Leribe (17,5 %) et de Maseru (19,0 %), qui sont les plus peuplés. On ne compte que quatre ethnies autochtones au Lesotho: les Sotho du Sud (très majoritaires), les Zoulous, les Swati et les Xhosa, auxquels s'ajoutent deux petites communautés d'Afrikaners (anciennement les Boers, ces descendants des colons néerlandais) et de Britanniques. On compterait aussi quelque 5000 Chinois et 2000 Indo-Pakistanais.

Ethnie Population Pourcentage Langue Affiliation linguistique Religion
Sotho du Sud 1 730 000 79,1 % sotho du Sud langue bantoue chrétienne
Zoulou   328 000 15,0 % zoulou langue bantoue chrétienne
Phuthi     52 000 2,3 % swati langue bantoue chrétienne
Sotho-Taung     33 000 1,5 % sotho du Sud langue bantoue chrétienne
Xhosa     24 000 1,0 % xhosa langue bantoue chrétienne
Chinois      5 200 0,2 % chinois mandarin famille sino-tibétaine religion ethnique
Anglo-Sud-africain      2 600 0,1 % anglais langue germanique chrétienne
Afrikaner      2 400 0,1 % afrikaans langue germanique chrétienne
Indiens     2 200 0,1 % hindi langue indo-iranienne hindouisme
Métis     1 100 0,0 % anglais langue germanique chrétienne
Autres    4 000 0,1 %

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Total 2017 2 184 500        

Les Sotho du Lesotho sont des Basotho appartenant à l'ethnie des Sotho du Sud.

On distingue les Sotho du Sud (Lesotho) des Sotho de l'Ouest (les Tswana du Swaziland) et des Sotho du Nord (ou (ou Sepedi habitant dans la province du Nord en Afrique du Sud). Autrement dit, il y a différents types de Basotho:

1) les Basotho parlant le sotho du Sud au Lesotho:
2) les Tswana parlant le sotho de l'Ouest au Botswana;
3) les Sotho parlant le sotho du Nord et habitant les provinces au nord de l'Afrique du Sud (Gauteng, Limpopo et Mpumalanga).

Les quatre langues autochtones du Lesotho appartiennent toutes à la famille bantoue, comme c'est le cas pour la plupart des langues indigènes d'Afrique du Sud. Le sotho constitue la langue massivement majoritaire parce qu'elle est parlée par 81,6 % des locuteurs du pays. Les langues minoritaires sont le zoulou, le xhosa, le swati, l'anglais, l'afrikaans, le chinois et l'hindi ou l'ourdou. L'anglais et l'afrikaans, deux langues germaniques, ont été apportés lors de la colonisation européenne, alors que le chinois (famille sino-tibétaine) et l'hindi (langue indo-iranienne) résulte de l'immigration causée par les politiques britanniques en matière de main-d'œuvre.

L'anglais et le sotho (appelé également sésotho) sont les langues officielles du Lesotho. L'anglais a conservé son statut au moment de l'indépendance, mais les Lesothans ont estimé qu'il était inconcevable que leur langue nationale ne bénéficie pas de ce statut à côté de l'anglais.

2.1 Le sotho du Sud

La langue des Sotho du Lesotho est connue sous le nom de sotho du Sud ou sésotho. En Afrique du Sud, on l'appelle sotho du Nord ou pedi; ces deux variétés sont considérées, au point de vue juridique et politique, comme deux langues distinctes. Mais l'intercompréhension entre les Sotho du Nord et les Sotho du Sud, de même qu'avec les Tswanas d’Afrique du Sud et du Botswana, étant relativement aisée, on peut considérer que le sotho du Nord, le sotho du Sud et le tswana (ou setswana) constituent trois variantes d'une même langue.

Il semble que ces distinctions de statut proviennent des autorités sud-africaines de l'époque de l’apartheid afin de fragmenter politiquement et idéologiquement le plus possible la population noire du pays.

L’ensemble des Sotho-Tswana représente quelque 12 millions de locuteurs, ce qui est assez important.

Variété Pays Ethnologue
(1996)
Ethnologue
(total)
Sotho du Nord Afrique du Sud
& Botswana
3 840 000     3 851 000
Sotho du Sud Lesotho
Afrique du Sud
1 493 000
2 704 000
    4 197 000
Tswana 
(sotho de l'Ouest)
Botswana
Namibie
Zimbabwe
1 070 000
      6 050
    29 350
    4 000 000
Total   9 142 400   12 048 000

Peu importe le nom qu'on leur donne, ces variétés de sotho sont parlées en Afrique du Sud, au Lesotho, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe. De plus, le sotho du Nord, appelé pedi ou sotho du Transvaal, est fragmenté en de multiples dialectes: masemola, kgaga, koni, tswene, gananwa, pulana, phalaborwa, khutswe, lobedu, tlokwa, pai, dzwabo, kopa et matlala-moletshi. Quant au tswana, on distingue le tlharo, le tlhaping et le tsawana. Pour sa part, le sotho du Sud parlé au Lesotho est souvent considéré comme le «sotho correct».

Toutes les variétés ont leur propre orthographe, car elles n'ont jamais été normalisées. Il existe deux formes principales de représentation orthographique pour le sotho, l'une pour le sotho du Sud au Lesotho et l'autre pour le sotho du Nord en Afrique du Sud. Voici quelques exemples qui montrent comment les deux orthographes diffèrent :

Sotho du Nord
(Afrique du Sud)
Sotho du Sud
(Lesotho)
Traduction
dumela lumela bonjour
tjhelete chelete argent (monnaie)
tsamaya tsamaea aller (verbe)
nwa noa boisson
nkwe nkoe léopard
morutwa morutuoa élève/étudiant
kgotso khotso paix
wena uena tu/vous
O phela jwang? U phela joang? Comment allez-vous?

En 1945 Jacob M. Nhlapo, membre du Parti du Congrès national africain (African National Congress), avait suggéré une orthographe commune pour les trois variantes du sotho (sotho du Sud, sotho du Nord et twana), mais le projet n'a jamais abouti, le gouvernement sud-africain n'ayant jamais voulu coopérer. Récemment, des universitaires tels Neville Alexandre et C. T. Msimang ont de nouveau soulevé la question de l'harmonisation de certaines langues africaines, dont le sotho, en vain.

2.2 Les langues minoritaires

Les langues autochtones telles que le zoulou, le swati et le xhosa sont des langues bantoues, comme le sotho. Ainsi, les Lésothans d'origine partagent des éléments culturels et historiques importants. Il n'en est pas ainsi de l'anglais et de l'afrikaans parlés par les minorités blanches, mais ces langues, surtout l'anglais, ont un prestige indéniable. Il est relativement rare qu'un Britannique connaisse le sotho, mais il est fréquent qu'un Sotho sache ou baragouine l'anglais.  

Enfin, 93 % des Lésothans sont des chrétiens (catholiques, évangéliques ou anglicans), les autres ayant conservé leurs croyances traditionnelles; il existe une petite communauté d'hindouistes.

3 Données historiques

Depuis des milliers d'années, les Bochimans habitent l'Afrique du Sud et, par conséquent, le Lesotho totalement enclavé dans ce pays. Ces chasseurs-cueilleurs ont écu de façon plus ou moins isolée jusqu'au XVIIe siècle, alors que des groupes d'éleveurs sothos virent s'établir sur ce territoire montagneux afin de s'échapper à l'expansion des Zoulous et à la progression des colons hollandais (Afrikaners).

Au XIXe siècle, l'un des chefs sothos (de la tribu kwena: «crocodile») les plus remarquables de l'Afrique méridionale, Moshoeshoe (prononcer [mo-shwe-shwe]), réussit à unifier les 23 ethnies de Sotho du Sud lors du Mfecane, une série de conflits nés de la rencontre des expansionnismes boers et zoulous. Le roi Moshoeshoe parvint à composer avec les missionnaires qui cherchaient à évangéliser le pays. Ce sont les missionnaires qui, en 1833, ont créé la forme écrite et l'orthographe du sotho, en particulier, les Français Thomas Arbousset, Eugénie Casalis et Constant Gosselin, de la Société missionnaire évangélique de Paris (Paris Evangelical Missionary Society). Ce sont les premiers qui ont écrit la langue sotho et rédigé la Bible en sotho; ils ont ainsi contribué à la création de cette langue.

En 1843, le «père de la nation», Moshoeshoe Ier, s'allia aux Britanniques pour lutter contre l'expansion des Boers près de ses terres (l'État libre d'Orange). Devenu un protectorat au sein de l'Empire britannique, le royaume prit le nom de Basutoland lors des traités de 1843: Treaties Entered Into by Governors of the Colony of the Cape of Good Hope and Other British Authorities with Native Chieftains : And Others Beyond the Border of the Colony Between the Years 1803 and 1854, ("Traités conclus par les gouverneurs de la colonie du Cap de Bonne-Espérance et autres autorités britanniques avec les chefs indigènes : et au-delà des frontières de la colonie entre les années 1803 et 1854"). Les frontières du Basutoland furent fixées en 1869.

Après la mort de Moshoeshoe en 1870, le territoire du Basutoland fut placé sous le contrôle de la colonie du Cap-de-Bonne-Espérance, contre l'assentiment des Sotho qui se soulevèrent. Les Sotho refusèrent de rendre les armes et commencèrent en 1881 une guerre contre leurs «protecteurs». Toutefois, un compromis fut trouvé la même année: les armes furent conservées, moyennant une taxe, et il fut assuré que les Blancs ne pourraient acquérir de terre dans le pays. La Grande-Bretagne reprit rapidement le contrôle direct du territoire en 1884. Les frontières furent à nouveau modifiées en 1899, ce qui réduisit le territoire au nord-ouest.

3.1 Du protectorat britannique à l'indépendance

À l'encontre des exigences des chefs sotho, la Loi de l'union sud-africaine (South African Act of Union) de 1910 prévoyait l'intégration du Basutoland à l'Union sud-africaine. Mais les Sotho refusèrent cette intégration, c'est-à-dire cette annexion forcées, ce qui permit au Basutoland de conserver son autonomie. Vers 1920 apparurent les premières formes organisées de revendication politique, et ce, tant à l'égard du pouvoir colonial que du système traditionnel des chefs jugés trop dociles. Toutefois, il faudra attendre les années 1950 et la création de trois partis politiques, le Basutoland African Congress (futur BCP) par Ntsu Mokhehle en 1952, le Marema-Tlou Party par S.S. Matete en 1957 (parti monarchiste) et le BNP en 1959 par Leabua Jonathan, pour que s’engage graduellement un long et difficile processus de négociations pour l'indépendance.

La fondation du Parti du Congrès des Basothos (Basotho Congress Party: BCP) en 1952 marqua la naissance d'une vie politique moderne au Lesotho. Le BCP remporta les premières élections de 1960, mais fut battu en 1965 par le Parti national basotho (Basotho National Party: BNP), fondé en 1958. Son dirigeant, le chef Joseph Leabua Jonathan, fut nommé premier ministre. Le Basutoland devint indépendant sous le nom de royaume du Lesotho, le 4 octobre 1966.

3.2 Le Lesotho indépendant

Le Lesotho devint officiellement une monarchie au moment de l'indépendance avec comme chef suprême des Sotho, le roi Moshoeshoe II (1938-1996). Le sotho fut choisi comme langue co-officielle avec l'anglais, mais l'anglais fut toujours utilisé comme langue principale par le gouvernement, le système d'éducation et dans les tribunaux durant plusieurs années après l'indépendance. Les dirigeants du Lesotho durent faire preuve de pragmatisme à l'égard de l'Afrique du Sud, dont ils recevaient le soutien, tout en rejetant l'apartheid.

Au moment des élections prévues pour janvier 1970, le premier ministre Joseph Jonathan annula le scrutin et déclara l'état d'urgence, puis dirigea le pays par décret jusqu'en 1973. De plus, il suspendit la Constitution et le Parlement, interdit les partis d'opposition et fit arrêter leurs chefs. Il gouverna en dictateur jusqu'à ce qu'il soit renversé par un coup d'état en 1986 fomenté par le général de division Lenkhanya. Les pouvoirs exécutif et législatif furent officiellement confiés au roi Moshoeshoe II, mais, dans les faits, ils furent exercés par un conseil militaire dirigé par le général Justin Lekhanya. Finalement, l'armée déposa le roi Moshoeshoe II qui dut s'exiler en mars 1990.

En novembre de la même année, son fils aîné lui succéda sous le nom de Letsie III. La libéralisation de l'Afrique du Sud permit un essor du processus de démocratisation qui aboutit à la tenue d'élections pluralistes en avril 1993, à la suite desquelles Ntsu Mokhehle devint premier ministre. Après une grave crise politique, Letsie III suspendit la Constitution et le Parlement, puis démit de ses fonctions le gouvernement. Grâce à l'intervention du Botswana, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe, le roi Letsie III rétablit le gouvernement de Ntsu Mokhehle et la Constitution, ainsi que le Parlement, pour abdiquer en faveur de son père, le vieux Moshoeshoe II. Celui-ci rentra au Lesotho au début de 1995 et retrouva son trône le 25 janvier. Après le décès de son père en janvier 1996, Letsie III revint au pouvoir et dirigea une monarchie parlementaire; le roi assure des fonctions essentiellement honorifiques, car la Constitution de 1993 dispose que le roi ne peut s'immiscer dans les affaires politiques du royaume.

Le Lesotho demeure fortement dépendant de l’Afrique du Sud à qui il vend la plus grande partie de ses produits agricoles, seuls ressources du pays avec l’hydro-électricité. Très pointilleuse sur la nature de ses relations avec Pretoria, la population sothophone craint toujours que son puissant voisin considère le Lesotho comme sa «onzième province», alors que le chômage touche 45 % de la population active et que la plupart des Lesothans travaillent chez le voisin sud-africain.

4 La politique linguistique

Le Lesotho est un État officiellement bilingue (sésotho-anglais). En principe, l'État devrait se préoccuper de la promotion et de l'usage des deux langues. En vertu de l'article 3 de la Constitution du 2 avril 1993 (modifiée en 2003), les langues officielles du Lesotho sont le sotho (ou sésotho) et l'anglais:

Article 3

Langues officielles, sceau national, etc.

1) Les langues officielles du Lesotho sont le sotho et l'anglais et, en conséquence, aucune transaction ou document ne sera déclaré illégal pour l'unique raison qu'il est rédigé ou mené dans l'une de ces langues.

Dans les faits, le sotho du Sud est considéré comme la langue nationale et la première langue officielle, alors que l'anglais est la seconde langue officielle.

L'État interdit également la discrimination dont celle en matière linguistique. L'article 4 de la Constitution prévoit une disposition à cet égard:

Article 4

Droits de l'homme et libertés fondamentales

1) Attendu que quiconque au Lesotho a droit aux libertés fondamentales et aux droits de l'homme, indépendamment de sa race, sa couleur, son sexe, sa langue, sa religion, ses opinions politiques ou autres, son origine nationale ou sociale, ses titres de propriété, sa naissance ou tout autre statut, c'est-à-dire à chacun et ci-après - [...]

D'ailleurs, l'article 18 définit ce que signifie le mot «discriminatoire», à savoir un traitement différent à l'égard de différentes personnes attribuables entièrement ou principalement à leurs caractéristiques respectives en fonction de la race, de la couleur, du sexe, de la langue, de la religion, de l'opinion politique ou autre, de l'origine nationale ou sociale, des titre de propriété, de la naissance ou de tout autre statut par lequel les personnes concernées sont soumises à des handicaps ou à des restrictions auxquelles les autres ne sont pas soumises ou ces mêmes personnes bénéficient de privilèges ou d'avantages qui ne sont pas accordés aux autres. Quant à l'article 26 de la Constitution, il prévoit une disposition en matière d'égalité et de justice:

Article 26

Égalité et justice

1)
Le Lesotho doit adopter des politiques visant à promouvoir une société fondée sur l'égalité et la justice pour tous ses citoyens, indépendamment de sa race, de sa couleur, de son sexe, de sa langue, de sa religion, de son opinion politique ou autre, de son origine nationale ou sociale, de ses titres de propriété, de sa naissance ou de tout autre statut.

2) De façon particulière, l'État prendra des mesures appropriées pour promouvoir l'égalité des chances à l'égard des groupes désavantagés dans la société pour leur permettre de participer entièrement à toutes les sphères de la vie publique.

4.1 Le bilinguisme de l'État

Le sotho et l'anglais étant les langues co-officielles, l'article 58 de la Constitution prévoit que la connaissance de l'une des deux langues est une condition nécessaire pour être nommé au Sénat ou élu à l'Assemblée nationale:

Article 58

Qualifications pour devenir membre du Parlement

1) Conformément aux dispositions de l'article 59 de la présente Constitution, toute personne pourra se qualifier pour être nommée sénateur par le roi en agissant conformément à l'avis du Conseil d'État ou désigné par un chef principal comme sénateur à sa place, si et seulement, à la date de sa mise en nomination, cette personne :

(a) est un citoyen du Lesotho; et
(b) est capable de parler et, à moins d'être handicapée par la cécité ou une autre cause physique,
peut lire et écrire dans les langues sotho ou anglaise, assez bien pour prendre un part active aux délibérations du Sénat.

2) Conformément aux dispositions de l'article 59 de la présente Constitution, toute personne pourra se qualifier pour être élue membre de l'Assemblée nationale si, et seulement si, à la date de sa mise en nomination en vue de l'élection, cette personne: 

(a) est un citoyen du Lesotho; et
(b) figure au registre des électeurs d'une circonscription dans le cadre d'élections à l'Assemblée nationale et n'a pas été disqualifiée; et
(c)
est capable de parler et, à moins d'être handicapée par la cécité ou une autre cause physique, de lire et écrire dans les langues sotho ou anglaise, assez bien pour prendre un part active aux délibérations de l'Assemblée nationale.

Dans les faits, les membres du Sénat et de l'Assemblée nationale emploient les deux langues, mais dans les délibérations le sotho est davantage utilisé. Les lois sont rédigées en sotho, puis traduite en anglais.

- Les tribunaux

Dans les cours de justice, les deux langues officielles sont admises. Certaines dispositions (art. 6, 12 et 21 de la Constitution) prévoient que quiconque est arrêté ou détenu sera informé, aussitôt qu'il est raisonnable de le faire, dans une langue qu'il comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention:

Article 6

Droit à la liberté personnelle

2) Quiconque est arrêté ou détenu sera informé, aussitôt qu'il est raisonnable de le faire,
dans une langue qu'il comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention.

Article 12

Droit à un procès juste, etc.

2) Quiconque est accusé d'un délit :

(a) sera présumé innocent à moins qu'il ne soit trouvé coupable ou ait plaidé coupable;
(b) sera informé, aussitôt qu'il sera raisonnable de le faire,
dans une langue qu'il comprend et en détails suffisants, de la nature de l'infraction dont il est accusé;
(f) aura l'autorisation de recourir sans frais
aux services d'un interprète s'il ne peut pas comprendre la langue employée lors du procès où il est accusé,

Article 21

Dérogation de droits de l'homme fondamentaux et libertés

2) Lorsqu'une personne est détenue en vertu de la présente loi tel qu'il est mentionné dans le paragraphe 1, les dispositions suivantes s'appliqueront, c'est-à-dire:

(a) aussitôt qu'il sera raisonnable de le faire après le début de sa détention, il lui sera fourni une déclaration écrite, dans une langue qu'elle comprend et en détails, des motifs pour lesquels elle est détenue;

Ces dispositions laissent entendre, par exemple, qu'un Zoulou ou un Xhosa pourrait recourir aux services d'un interprète, s'il ne comprend pas l'une des deux langues officielles. Mais le juge ne peut être tenu de parler d'autres langues que le sotho et l'anglais.

L'article 2.10 du Guide de style pour les jugements écrits à la Haute Cour du Lesotho (2010) énonce une prescription inhabituelle, car il impose à l'oral l'anglais britannique en lieu et place de l'anglais américain: 

Article 2.10

La langue

L'anglais britannique doit être utilisé en tout temps et l'anglais américain doit être découragé.

Des phrases latines peuvent être utilisées lorsqu'il est nécessaire de le faire.

Aucune autre loi ne semble régir l'emploi des langues dans l'administration de la justice, ni le Code civil ("Civil Code"), ni le Code pénal ("Criminal Code"), ni la Loi sur la procédure pénale ("Criminal Procedure Act"), etc.

- Les services publics

Dans les services publics, les fonctionnaires répondent dans la langue du citoyen sothophone et rarement en anglais. Ainsi, les services publics sont offerts dans les deux langues officielles à la population et en général presque exclusivement en sotho dans les communications orales.

Pour un État bilingue, il est quand même curieux que les billets de banque soient en uniquement anglais au recto ("Central Bank of Lesotho"), et non pas dans les deux langues; et uniquement en sotho au verso où l'on y trouve les mots Maloti a Mashome a Mabeli. "Maloti" est le nom de la monnaie; "Mashome" signifie «dix»; "Mabeli" signifie «deux», ce qui veut dire 2 X 10 = «vingt maloti». Le coté recto présente les trois rois du pays, de gauche à droite): Moshoeshoe II (25 janvier 1995-15 janvier 1996), le roi régnant actuel Letsie III (depuis le 7 février 1996) et à droite le premier roi, Moshoeshoe Ier (1818-mars 1870).

Les citoyens qui ne comprennent pas le sotho peuvent avoir recours à l'anglais, car les autres langues, telles le xhosa, le zoulou et le swati, ne sont pas prises en considération, les fonctionnaires n'étant tenus de connaître que le sotho et l'anglais.

La quasi-totalité des affiches publiques et commerciales sont uniquement en anglais, l'emploi du sotho étant vraiment peu fréquent. Vu sous cet angle, le Lesotho est un pays résolument anglais.

L'article 7 de la Loi sur la citoyenneté du Lesotho (1967) impose comme l'une des conditions pour obtenir la citoyenneté du Lesotho «une connaissance adéquate de la langue sotho ou de la langue anglaise», ce qui correspond aux critère d'un État bilingue:

Article 7

Demande de naturalisation de certaines personnes en tant que citoyens du Lesotho

1) Toute demande peut être faite au Ministre, selon le formulaire prévu dans la quatrième annexe pour un certificat de naturalisation en tant que citoyen du Lesotho par une personne:

(a) à qui les dispositions des articles 4 et 5 ne s'appliquent pas; et
(b) qui a atteint l'âge de vingt et un ans; et
(c
) qui ne souffre pas d'incapacité mentale; et
(d
) qui légalement séjourne au Lesotho et y a légalement séjourné pendant une période de cinq ans à compter du 4 octobre 1966 ou après ou après la date antérieure que le ministre peut ordonner (et le ministre est par la présente habilité à le faire); et
(e)
qui possède une connaissance adéquate de la langue sotho ou de la langue anglaise; et

Dans la Loi sur les compagnies (2011), l'article 116 exige l'emploi du sésotho (sotho) ou de l'anglais dans la rédaction des prospectus ou brochures:

Article 116

Contenu

1) Tout prospectus doit être rédigé en anglais ou en sésotho, et inclure:

(a) la date d'incorporation de la société et l'adresse de son siège social;
(b) le nombre d'actions, le cas échéant, détenues par les dirigeants de la société et les dispositions relatives à la rémunération des administrateurs et des dirigeants;
(c) les noms et adresses des actionnaires ainsi que le nombre d'actions détenues par chacun d'eux;

En vertu de l'article 83 de la Loi sur les voies de circulation (1981), la vente d'un véhicule aux enchères publiques peut se faire après qu'un préavis a été donné dans au moins un journal en anglais ou en sésotho en circulation au Lesotho:

Article 83

3) Si,

(a) un propriétaire est retracé et ne parvient pas à récupérer le véhicule concerné en payant les frais visés au paragraphe 2 dans les 14 jours suivant la demande de le faire, ou
(b) après un délai de trois mois à compter de la date de retrait visée au paragraphe 2, le propriétaire ne peut pas être retracé;

le commissaire à la circulation peut proposer la vente de ces véhicules et tout ce qui y est contenu aux enchères publiques, après que 14 jours de préavis a été donné dans au moins un journal en anglais ou en sésotho en circulation au Lesotho et chaque fois que possible, l'autorité qui a enregistré ce véhicule doit être informé de ces ventes.

D'après la Loi sur les douanes et l'accise (1982), quiconque exerce une activité commerciale au Lesotho doit conserver à l'intérieur du Lesotho, dans l'une des langues officielles, les livres, les comptes et les documents relatifs à ses opérations,

Article 102

Les comptes commerciaux, les documents, etc., disponibles pour inspection

1) a) Quiconque exerce une activité commerciale au Lesotho doit conserver à l'intérieur du Lesotho, dans l'une des langues officielles, les livres, les comptes et les documents relatifs à ses opérations, tel que le Ministre peut le prescrire dans les règlements et les livres; les comptes et les documents doivent être conservés de la manière et selon la procédure et ils doivent être conservés pendant la durée exigée par le Ministre.

Dans la Loi visant à prévoir la Loi relative à la taxe sur la valeur ajoutée (2001), il est également préciser que les comptes et enregistrements de la taxe sur la valeur ajoutée doivent être en sésotho ou en anglais: 
 

Article 48

Comptes et enregistrements

1) Toute personne responsable de la taxe sur la valeur ajoutée en vertu de la présente loi doit conserver au Lesotho dans les langues sésotho ou anglaise:

(a) les factures de la taxe de valeur ajoutée originale, les billets de crédit et les notes de débit reçues par la personne;(b) une copie de toutes les factures de la taxe sur la valeur ajoutée, les billets de crédit et les notes de débit émis par la personne;
(c) les documents douaniers relatifs aux importations et aux exportations par la personne; et
(d) les autres comptes et registres prescrits par le commissaire.

2) Tout vendeur doit conserver des livres de compte à jour au Lesotho dans les langues sésotho ou anglaise afin :

(a) d'enregistrer correctement et expliquer les transactions conclues par le vendeur;
(b) de permettre, à tout moment, de déterminer la situation financière du vendeur avec une précision raisonnable;
(c) de permettre aux comptes du vendeur d'être facilement et correctement vérifiés; et
(d) de permettre aux administrateurs d'un fournisseur d'une société de veiller à ce qu'un bilan, un compte de profits et pertes ou un état des revenus et dépenses soit conforme aux exigences applicables en vertu de toutes les lois en vigueur au Lesotho.

L'article 28 de la Loi sur les assurances (1976) interdit à un courtier d'assurance d'utiliser d'autres mots que "insurance", "assurance" et "underwriter" («assureur») dans une autre langue que l'anglais, même pas en sotho:

Article 28

Restriction sur l'usage du mot "assurance"

1) Nul autre qu'un assureur ou un courtier d'assurance ne doit utiliser les mots «insurance» ou «assurance» ou leurs équivalents dans une autre langue dans le cadre de son nom d'entreprise.

4) Nul autre qu'un assureur ne doit utiliser le mot «
underwriter» ou son équivalent dans une autre langue dans le cadre de son appellation commerciale.

L'Ordonnance sur le Code du travail (1992) oblige un employeur à indiquer «dans des langues comprises par les employés» les moyens d'évacuation en cas d'incendie:

Article 6

Dispositions de sécurité en cas d’incendie

1) Tout bâtiment doit être muni de moyens d’évacuation en cas d’incendie pour les employés tel qu'il peut être raisonnablement demandé dans les circonstances de chaque cas.

7) Chaque fenêtre, chaque porte ou toute autre sortie offrant des moyens d’évacuation en cas d’incendie ou y donnant accès, à l'exception des portes de sortie en usage normal, doit être indiquée de façon distincte et visible par un avis imprimé en lettres rouges avec une taille adéquate dans des langues comprises par les employés.

Article 10

Résumés du Code

1) Le Ministre peut exiger des résumés du Code du travail ou une partie de celui-ci pour être imprimés dans les langues anglaise et sésotho, et être mis à la disposition des employeurs, des travailleurs et de leurs représentants respectifs.

En même temps, le Ministre peut exiger des résumés du Code du travail ou une partie de celui-ci pour être imprimés dans les langues anglaise et sésotho, et être mis à la disposition des employeurs, des travailleurs et de leurs représentants respectifs.

4.2 L'éducation bilingue

Le Lesotho a adopté une structure d'éducation traditionnelle comprenant l'école primaire ("primary school") divisée en primaire inférieur ("lower primary", années 1 à 4) et en primaire supérieur ("upper primary", années 5 à 7) et l'école secondaire divisée en deux cycles, soit le secondaire inférieur ("lower secondary", années 8 à 10) et le secondaire supérieur ("upper secondary", années 11 et 12). L'école secondaire est aussi appelée "junior secondary" et "senior secondary". La Loi sur l'éducation (2010) présente ainsi les niveaux d'enseignement:

Article 7

E
nregistrement

1) L'école doit être enregistrée conformément à la présente loi et nul ne doit exploiter une école à moins qu'elle ne soit enregistrée.

2) Lorsqu'une école offre aux élèves des cours facultatifs autres que ceux habituellement enregistrés auprès de cette école, en plus d'autres disciplines, cet enseignement est considéré comme étant une école distincte et doit également être enregistrée en tant que telles.

3) Le ministre doit inscrire les écoles selon les catégories suivantes:

(a) un enseignement préscolaire, qui offre jusqu'à quatre ans d'enseignement à la petite enfance;
(b) ou une école qui offre une instruction préscolaire et primaire;
(c) une école primaire, qui offre jusqu'à sept ans d'études primaires;
(d) école de base, qui offre un enseignement primaire et secondaire;
(e) une école secondaire, qui offre trois années d'études post-primaires;
(f) une école, qui offre jusqu'à cinq ans d'études post-primaires;
(g) un collège junior, qui offre jusqu'à sept ans d'études post-secondaires; ou (h) un centre d'apprentissage pour l'éducation de base non scolarisée.

- L'enseignement primaire

En 2010, le gouvernement du Lesotho a promulgué la Loi sur l'éducation (2010), qui prévoyait une instruction gratuite (art. 4) pour tous ses citoyens. Après les jardins d'enfants (facultatifs), les élèves sont inscrits à six ans dans les écoles primaires qui durent sept ans:

Article 4

1) Le Ministre peut prendre des mesures adéquates :

(a) pour prévoir un enseignement primaire gratuit à tous les élèves dès l'âge de six ans, sauf en ce qui concerne les écoles privées;

(b) pour prévoir un enseignement gratuit à tous les autres niveaux d'apprentissage;

(c) pour rendre les services éducatifs offerts par le Ministère disponible à une distance raisonnable d'une habitation; et

(d) pour décentraliser les services pédagogiques en consultation avec le Ministre responsable de l'administration locale.

L'instruction est obligatoire de 6 à 13 ans et elle est gratuite au niveau primaire. Au Lesotho, l'enseignement primaire gratuit a été introduit en 2000 comme une stratégie majeure visant à atteindre les objectifs de «l'éducation pour tous». Cela a entraîné une augmentation rapide du taux net de scolarisation. De fait, le taux d'alphabétisation est de 90,7 %, ce qui place le Lesotho au premier rang des pays d'Afrique à ce chapitre. Dans les écoles primaires, le sotho reste la principale langue d'enseignement jusqu'à l'âge de neuf ans (environ), soit la 5e année; durant les 6e et 7e années, l'anglais est introduit progressivement comme langue d'enseignement. Le programme-cadre de 2009 se résumait ainsi la politique linguistique en éducation :

The framework recognizes the pluralism of the Basotho nation and the existence of other languages besides the two official languages of Sésotho and English. In that regard, the framework boldly asserts that mother tongue will be used as a medium of instruction up to class 3 (resources permitting), while English will be taught at this and other levels. (MOET, 2009 : vii). Le programme cadre reconnaît le pluralisme de la nation basotho et l'existence d'autres langues en plus des deux langues officielles du sésotho et de l'anglais. À cet égard, le programme-cadre affirme fortement que la langue maternelle doit être utilisée comme moyen d'enseignement jusqu'à la classe 3 (si les ressources le permettent), tandis que l'anglais doit être enseigné à cet égard et à d'autres niveaux. (MOET, 2009: vii).

Bref, bien qu’il puisse exister d’autres langues en plus des deux langues officielles comme langue maternelle, le sésotho doit être utilisée comme une langue d’instruction jusqu’à la troisième année, alors que l'anglais doit être introduit à partir de ce niveau de façon progressive jusqu’aux autres niveaux plus avancés où il devient l'unique langue d’instruction.

- L'enseignement secondaire

Les 256 écoles secondaires sont sous la responsabilité à plus de 90 % des communautés religieuses d'hommes et de femmes, ou à des membres des églises chrétiennes. Contrairement à ce qu'on observe dans beaucoup d'autres pays africains, la participation des femmes dans l'enseignement primaire et secondaire est bien supérieure à celle des hommes. Il y a davantage de filles que de garçons dans le système d'éducation au Lesotho et, même si les élèves des deux sexes bénéficient des mêmes conditions, les filles représentent près de 58 % des élèves inscrits au secondaire. Traditionnellement, plus de filles que de garçons fréquentent l'école, car les jeunes garçons dans les zones rurales sont souvent recrutés dans l'élevage de bovins par leur famille. Par contre, moins de 50 % des élèves du primaire fréquentent traditionnellement l'école secondaire. Dans les faits, de nombreux élèves continuent d'accéder au marché du travail après la fin de leur 8 e année; seule une petite élite réussit à se qualifier pour l'université en réussissant sa 10e année.

Si le taux de scolarisation dans le secondaire est de 73 %, il n'est que de 1,3 % au niveau universitaire. Au secondaire, l'anglais devient la seule langue d'enseignement, tandis que le sotho reste une matière d'enseignement. Il y a quelques écoles rattachées à l’Église catholique, qui proposent un enseignement en français.

- La formation professionnelle

Les étudiants ayant une orientation plus pratique peuvent passer à un cours d'enseignement technique et professionnel pendant trois ans après avoir terminé leur 8e année. Ces études les préparent à une formation technique complémentaire au niveau tertiaire.  L'anglais est la seule langue d'enseignement, mais le sotho peut être une matière d'enseignement.

- L'enseignement supérieur

Les trois principaux établissements d'enseignement supérieur au Lesotho sont le Collège agricole du Lesotho (Lesotho Agricultural College), l'Université nationale du Lesotho (National University of Lesotho) et l'École internationale de l'Université (National University of Lesotho International School). Le campus universitaire de l'Université nationale a été créé en 1975n non loin de la capitale, Maseru. Ses facultés comprennent l'agriculture, les sciences de l'éducation, la santé, le droit, les sciences sociales, la science et la technologie et les sciences humaines. À l'université, l'anglais demeure également la langue d'enseignement, mais le sotho peut être étudié comme matière.

- L'enseignement du français, langue étrangère

Étant donné que le français est déjà enseigné dans plusieurs écoles du pays et qu’il est l'une des langues officielles du Southern African Development Community (SADC), le ministère de l’Éducation a décidé d’introduire cette langue au niveau secondaire dans des écoles lesothanes. Voici ce qu'on peut lire dans le programme-cadre:

The re-introduction of French in post primary schools in Lesotho must be seen in the broad context of the country’s vision; specifically Vision 2020, which among others expresses the commitment to the raising of standards of the lives of people. The teaching of French therefore, aims at providing Basotho children with the knowledge and skills of participating meaningfully in global and regional initiatives for development. Furthermore, it is intended to improve the career prospects of Basotho children in international organisations where the knowledge of a second language other than English is required (MOET, 2009: 4). La réintroduction du français dans les écoles primaires au Lesotho doit être vue dans le contexte général de la vision du pays; de façon spécifique, Vision 2020 qui, entre autres, exprime l'engagement de relever les normes de la vie des citoyens. L'enseignement du français vise donc à offrir aux enfants du Basotho les connaissances et les compétences nécessaires pour participer de manière significative aux initiatives mondiales et régionales de développement. En outre, cet enseignement vise à améliorer les perspectives de carrière des enfants du Basotho dans les organisations internationales où la connaissance d'une langue seconde autre que l'anglais est requise (MOET, 2009: 4).

Le gouvernement du Lesotho a obtenu la collaboration de l’Ambassade de France à Pretoria (Afrique du Sud), ainsi que la collaboration des représentants de l’Université du Cap (UCT) et de l’Alliance Française de Maseru. Il a ensuite décidé d’introduire la langue française au niveau secondaire dans les écoles locales. Seize écoles secondaires ont été choisies pour la réintroduction du français langue étrangère dans le pays, dans le cadre d’un projet pilote mis en place par le ministère de l’Éducation et de la Formation du Lesotho. Finalement, le français a été introduit dans les programmes officiels en 2010.

En 2012, un total de 4500 élèves, répartis sur les trois années du premier cycle du secondaire, ont bénéficié de cours de français donnés par une vingtaine de professeurs. En 2013, ce sont 5000 élèves qui ont appris le français, enseigné par 28 professeurs en poste dans les établissements-pilote. Le taux de réussite en 2013 s'établissait à 78 % (contre 72 % en 2012). Évidemment, les intervenants en éducation préconisent l'introduction de la langue française dans d'autres établissements qui ne font pas partie des écoles de façon à assurer la promotion et l'apprentissage de français au Lesotho, ainsi qu'à l'augmentation de la population qui apprend le français en Afrique australe.

4.3 Les médias

Le gouvernement sud-africain contrôle les médias officiels (une station d'émission, des actualités quotidiennes d'une durée d'une heure sur un canal local de télévision et deux journaux hebdomadaires) et s'assure qu'ils reflètent fidèlement les positions officielles. En 1970, le Lesotho ne disposait d'aucun quotidien. Les journaux disponibles étaient tous bilingues et paraissaient en sotho et en anglais. Il existe aujourd'hui moins d'une vingtaine de journaux hebdomadaires et des magazines. Les journaux hebdomadaires tels que Makatolle, MoAfrica et Mohlanka sont publiés en sotho, mais The Mirror est en anglais, alors que Mopheme-The Survivor est bilingue. Du côté des périodiques, Leselinyana, Leseli Ka Sepolesa, Litsoakotleng et Moeletsi oa Basotho paraissent en sotho; mais Justice and Peace, Shoeshoe et NGO Web News sont bilingues. Quelques autres sont en anglais.

Dans les médias électroniques, la radio nationale (Radio Lesotho) diffuse en sotho, mais également en anglais (bulletins d'informations). Il est est ainsi pour la télévision (National TV Station), sauf que plusieurs émissions produites à l'extérieur du pays sont diffusées uniquement en anglais. 

Le Lesotho a développé une certaine politique de bilinguisme qui consiste à promouvoir la langue nationale (le sotho) sans pour autant abandonner la langue coloniale (l'anglais). Cet aspect de la politique linguistique semble avoir relativement réussi, mais le sotho n'a pas encore trouvé la place qui lui revient, l'anglais ayant encore préséance, alors qu'il est la «seconde langue officielle».

Pour ce qui est des minorités nationales, la politique linguistique en est à ses balbutiements. Il est vrai que la langue nationale est parlée par 96 % de la population, mais les minorités zouloues sont néanmoins laissées à elles-mêmes. Par ailleurs, les petites minorités asiatiques telles que les Chinois et les Indo-Pakistanais, tous très actives dans la vie commerciale du pays, ont développé certaines rancœurs en raison de la discrimination qu'ils disent subir. Le problème n'est pas linguistique, car ces communautés ne demandent pas d'imposer l'usage de leur langue, mais d'ordre socio-économique. Bref, le Lesotho pratique une politique de bilinguisme institutionnel pour les langues officielles, mais la non-intervention en matière de langues non officielles. Enfin, le Lesotho est l'un des rares pays de l'Afrique australe à imposer le français comme langue étrangère dans ses écoles.

Dernière révision: 19 décembre, 2023

Bibliographie

FEBRUARY, Vernon. The Afrikaners of South Africa, New York, Ed. Paul International, 1991.

GERVAIS-LAMBONY, Philippe. L’Afrique du sud et les États voisins, Paris, Arman Colin, coll. «U Géographie», 1998, 240 p.

GILL, Stephen. A short history of Lesotho, Morija (Lesotho), Morija Museum and Archives, 1993.

NHLAPO, J. M. Nguni and Sotho. A practical plan for the unification of the South African Bantu languages, Cape Town (Afrique du Sud), The African Bookman, 1945, 167 p.

 

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