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Émirats arabes unisAl Imarat al ´ Arabiyah al Muttahidah |
Capitale: Abou Dhabi Population: 10,8 millions (2024) Langue officielle: arabe classique Groupe majoritaire: aucun Groupes minoritaires: hindi (2,9 millions), arabe émirien (26,8 %), arabe égyptien (11,9 %), télougou (10,6 %), pachtoune du Nord (4,4 %), baloutche du Sud (4,1 %), arabe saoudien (4,0 %), tamoul (3,6 %), malayalam (3,4 %), iranien (3,3 %), arabe omanais (3,2 %), philippin (3,2%), etc. Système politique: fédération de sept émirats (Abou Dhabi, Ajman, Charjah, Doubaï, Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn). Articles constitutionnels (langue): art. 6 et 7 de la Constitution du 2 décembre 1971 Loi linguistique: Charte de la langue arabe (2012). Lois à portée linguistique: Loi fédérale sur la nationalité et les passeports (1972-1975); Loi fédérale sur la protection des consommateurs (2020); Décret-loi fédéral sur les sociétés commerciales (2021); Décret-loi fédéral portant promulgation du code de procédure civile (2022); Décret-loi fédéral portant loi sur les transactions commerciales (2022); Résolution du Cabinet sur les statuts exécutifs de la loi fédérale n° 15 de 2020 sur la protection des consommateurs (2023); Résolution du Cabinet n° 18 sur le règlement d'application du décret-loi fédéral n° 22 de 2022 sur la réglementation de la profession de traducteur (2024). |
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Les Émirats arabes unis forment une
fédération de sept
émirats située sur la côte orientale de la péninsule Arabique; ces émirats
sont Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ajman, Oumm al Qaïwaïn, Fujaïrah et Ras
el Khaïmah (voir la carte). Le territoire des Émirats est délimité au nord par le Qatar et
le golfe Persique, à l'est par le golfe d'Oman et l'État du même nom, au
sud et à l'ouest par l'Arabie saoudite.
La superficie des Émirats arabes unis est de 83 600 km² (ou l'équivalant de l'Autriche; France: 547 030 km²). Les sept émirats sont Abou Dhabi (ou Abu Dhabi), Ajman, Sharjah (Charjah), Dubaï (Doubaî), Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn (Um al Kwain). Les Émirats arabes unis font partie de la Ligue arabe et de la Francophonie. |
Dans certains milieux journalistiques, on utilise parfois la forme abrégée «les émirats» (avec une minuscule initiale); dans ce cas, la dénomination sert à désigner l'ensemble de chacun des États de la péninsule Arabique: les les émirats des Émirats arabes unis, mais aussi le Koweït, le Qatar, Bahreïn et le sultanat d'Oman. Lorsqu'on écrit les Émirats avec une majuscule initiale, c'est généralement pour désigner dans un contexte clair les Émirats arabes unis (en anglais: United Arab Emirates).
Quant au gentilé désignant les habitants du pays, c'est «Émirien/Émirienne», la forme francophone proposée par l'Arrêté français du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales, mais on trouve fréquemment aussi la forme d'inspiration anglo-saxonne "Émirati/Émiratie". Dans le cadre de cet article, on trouvera de préférence la forme française «Émirien/Émirienne».
1.1 Une fédération
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Les émirats se répartissent inégalement
selon les États suivants : Abou Dhabi, avec 67
600 km², est cinq fois plus étendu que les six autres émirats réunis.
Dubaï, le deuxième émirat en taille, ne compte que 3840 km², tandis que le
plus petit, Ajman, ne s'étend que sur 250 km². De plus, les émirats de
Sharjah (3), d'Ajman (4), de Ras el Khaïmah (6) et de Fujaïrah (7) sont territorialement
fragmentés.
La ville d'Abou Dhabi, capitale des émirats avec 1,8 million d'habitants, abrite le gouvernement fédéral et met en œuvre la politique extérieure, la défense et l'enseignement des sept émirats de la Fédération. Les ÉAU sont la seule fédération du monde arabe. Chaque émirat est gouverné par un émir — mot d'origine arabe (أمير = 'amir) signifiant «celui qui donne des ordres», «commandant» ou «chef» — dont le pouvoir est héréditaire et quasi absolu. Les sept émirs forment le Conseil suprême, qui constitue la plus haute instance du gouvernement fédéral. Le Conseil procède à l'élection d'un président et d'un vice-président parmi ses membres. Les Émirats arabes unis constituent l'une des zones les plus riches du monde, possédant le plus haut revenu par habitant (gonflé par celui des ultra-riches). Leur économie repose tout entière sur l'exploitation des hydrocarbures. |
Voici comment se résume les composantes de la fédération :
1 | Abou Dhabi | C'est le plus grand émirat des Émirats arabes unis, occupant 84 % du territoire national. Il compte 200 îles et un littoral de 700 km de long. Sa superficie totale est de 67 340 km², et la ville d'Abou Dhabi est la capitale fédérale des Émirats arabes unis. |
2 | Dubaï | C'est le deuxième plus grand émirat, avec une superficie de 4114 km², soit environ 5 % de la superficie des Émirats arabes unis, hors îles. Les quartiers les plus anciens de Dubaï couvrent une superficie de 1500 mètres carrés. Dubaï est surnommée la «Perle du Golfe» et le «Joyau du monde» en raison de son patrimoine et de son histoire. |
3 | Sharjah (ou Charjah) | C'est le troisième plus grand émirat des Émirats arabes unis, avec une superficie de 2590 km². Il occupe 3,3 % de la superficie totale des Émirats, sans compter les îles. Il est réputé pour ses paysages pittoresques et ses panoramas sur l'eau. |
4 | Ajman | C'est le plus petit des sept émirats, couvrant 259 km², soit environ 0,3 % du territoire continental des Émirats arabes unis. Ajman possède quelques plages de sable, mais se distingue principalement par la chaîne de montagnes escarpée du Hajjar. Bien que moderne et dotée de services et d'équipements modernes, la ville d'Ajman conserve un cachet traditionnel. |
5 | Oumm al Qaïwaïn | C'est le deuxième plus petit émirat des Émirats arabes unis et le moins peuplé. Il couvre une superficie d'environ 720 km², soit 1% du territoire des Émirats. Oumm Al Quaïwaïn est situé entre le Sharjah au sud-ouest et le Ras Al Khaimah au nord-est. La ville d'Oumm Al Qaïwaïn est construite sur une étroite péninsule appelée Khor Al Bidiyah. |
6 | Ras el Khaïmah | Réputé pour son port prospère et ses perles les plus blanches et les plus rondes du monde, il est le quatrième plus grand émirat et couvre une superficie de 1684 km², soit 3,16% de la superficie totale des Émirats arabes unis. Situé à l'extrême nord du pays, il partage ses frontières avec les émirats dOumm Al Quwain, de Fujaïrah et de Sharjah. Il possède également une frontière internationale avec le sultanat d'Oman. |
7 | Fujaïrah | Fujaïrah est le seul émirat entièrement situé sur la côte est des Émirats arabes unis, dans le golfe d'Oman. Ses côtes s'étendent le long du golfe d'Oman sur environ 70 km, de la ville de Fujaïrah au sud à celle de Dibba à l'extrême nord. La superficie totale de cet émirat est de 1450 km². |
Chaque émirat, dirigé par une famille royale différente, a la responsabilité de gérer ses propres politiques intérieures, ce qui lui confère une grande latitude sur les questions locales. Les émirats, toutes des monarchies héréditaires, gèrent leurs propres ressources, notamment les revenus pétroliers appartenant principalement à Abou Dhabi, et développent leurs économies de manière autonome, comme Dubaï avec son secteur économique et touristique.
Historiquement, les sept émirats actuels constituaient un ensemble de petits villages de pêcheurs le long des zones côtières et d'établissements agricoles dans les oasis et les territoires fertiles de l'Est; les habitants commerçaient par l'intermédiaire de tribus nomades à travers le désert et les montagnes, ainsi qu'avec le reste de la péninsule Arabique; ces villages étaient protégés par des forts locaux. Depuis la création de la fédération des Émirats arabes unis en 1971, les sept émirats ont connu des développements similaires, quoique à des rythmes et des directions légèrement différents, caractérisés par une urbanisation rapide, des investissements internationaux et une importante importation de main-d'œuvre étrangère. Malgré leurs différences, ces sept émirats partagent une histoire, une langue et une religion communes. Unis par le progrès et le développement du Moyen-Orient, ils sont réputés pour leurs infrastructures modernes, leur niveau de vie élevé et leur économie florissante, alimentée par les exportations de pétrole et de gaz.
1.2 L'organisation politique
Le système fédéral comprend le Conseil suprême, le Conseil des ministres, une instance parlementaire appelée «Conseil national fédéral», et un corps judiciaire indépendant chapeauté par la Cour suprême fédérale et fondé sur la Charia, bien qu'il intègre aussi des concepts européens.
Le Conseil suprême est constitué des sept émirs de la fédération et il est le plus haut organisme de l'État; il élit pour cinq ans le président et le vice-président, et a le pouvoir législatif et exécutif. C'est lui qui ratifie les lois et les décret fédéraux; il planifie également la politique étrangère. Les dirigeants d'Abou Dhabi et de Dubaï disposent d'un droit de veto, leur donnant un poids considérable au sein du Conseil suprême.
Le Conseil des ministres est l'entité qui met en œuvre les décisions et l'exécutif du gouvernement fédéral; c'est le Conseil suprême des émirs qui désigne les membres du Conseil des ministres.
Le Conseil national fédéral (en arabe : المجلس الوطني الإتحادي ; en alphabet latin: "al-Majlis al-Watani al-Ittihadi") est composé de 40 sièges renouvelés tous les quatre ans, dont 20 nommés par les émirs de chaque émirat. Il s'agit d'une instance parlementaire strictement consultative, où les lois et les décrets fédéraux sont soumis après avoir été approuvés par le Conseil des ministres. Les membres du Conseil national fédéral ne sont pas directement élus par le peuple, mais par un corps électoral de citoyens sélectionnés, qui élargit sa composition à chaque élection. Les Émirats arabes unis ne connaissent ni les partis politiques ni le suffrage universel.
Selon les articles 120 et 121 de la Constitution émirienne, les domaines de responsabilité assignés aux autorités fédérales étaient les affaires étrangères, la sécurité et la défense, les questions de nationalité et d'émigration, l'éducation, la santé publique, la monnaie, les services postaux et téléphoniques ainsi que tous les autres services de communication. Abou Dhabi fut désignée comme capitale de l'État fédéral.
Le système politique des Émirats repose sur un collège électoral désigné par les émirs pour élire une partie du Conseil national fédéral, ce qui réduit considérablement toute participation de la population. Ce pays est considéré comme un régime autoritaire de type monarchie fédérale héréditaire semi-constitutionnelle, où le pouvoir est concentré entre les mains des sept émirs qui ont intérêt à conserver jalousement leurs pouvoirs.
La population de la fédération était estimée en 2024 à 10,8 millions d'habitants. Cependant, au moment où ces lignes sont écrites en août 2015, sur la base des données du Worldometer de l’ONU, la population des Émirats arabes unis était 11,3 millions d'habitants. Les habitants sont concentrés dans les villes côtières des émirats du Nord et dans les oasis de l'émirat d'Abou Dhabi à l'intérieur des terres; cet émirat, sauf dans le Nord, est presque inhabité. Le tableau ci-dessous présente une répartition approximative de la population par émirat, entre les années 2015 et 2024:
1 Abou Dhabi | 2 Dubaï | 3 Sharjah | 4 Ajman | 5 al-Qaïwain | 6 Ras al-Khaïmah | 7 Fujaïrah |
4,1 millions | 3,6 millions | 640 000 | 573 900 | 57 800 | 190 000 | 310 000 |
2.1 Les groupes ethniques
Les Émirats arabes unis rassemblent une population très hétéroclite en raison du grand nombre d'immigrants étrangers, certains très fortunés venus pour affaires, d'autres fort pauvres, venus pour travailler, à un point tel que les populations d'origine — les Arabes émiriens, les Arabes bédouins et les Arabes shihhi — ont été minorisées par les communautés principalement indo-pakistanaises et indo-iraniennes : ces autochtones ne représentent plus aujourd'hui que 13% ou 14% de la population totale. On retrouve ces caractéristiques démographiques dans la plupart des paradis fiscaux.
Ethnie | Langue maternelle | Population | Pourcentage | Filiation linguistique | Religion principale |
Indien | hindi | 2 910 000 | 26,8 % | langue indo-iranienne | hindouisme |
Arabe émirien | arabe émirien | 1 300 000 | 11,9 % | langue sémitique | islam |
Arabe égyptien | arabe égyptien | 1 157 000 | 10,6 % | langue sémitique | islam |
Télougou | télougou | 485 000 | 4,4 % | langue dravidienne | hindouisme |
Pachtoune du Nord | pachtoune du Nord | 453 000 | 4,1 % | langue indo-iranienne | islam |
Baloutche du Sud | baloutche du Sud | 453 000 | 4,1 % | langue indo-iranienne | islam |
Arabe saoudien | arabe saoudien | 442 000 | 4,0 % | langue sémitique | islam |
Tamoul | tamoul | 400 000 | 3,6 % | langue dravidienne | hindouisme |
Malayali | malayalam | 374 000 | 3,4 % | langue dravidienne | islam |
Iranien | farsi (iranien) | 362 000 | 3,3 % | langue indo-iranienne | islam |
Arabe omanais | arabe omanais | 348 000 | 3,2 % | langue sémitique | islam |
Philippin | philippin (tagalog) | 348 000 | 3,2 % | langue austronésienne | christianisme |
Ourdou | ourdou | 239 000 | 2,2 % | langue indo-iranienne | islam |
Arabe bédouin | arabe du Golfe | 221 000 | 2,0 % | langue sémitique | islam |
Panjabi | pendjabi oriental | 214 000 | 1,9 % | langue indo-iranienne | islam |
Pachtoune du Sud | pachtoune du Sud | 167 000 | 1,5 % | langue indo-iranienne | islam |
Cinghalais | cinghalais | 130 000 | 1,1 % | langue indo-iranienne | hindouisme |
Arabe palestinien | arabe palestinien | 116 000 | 1,0 % | langue sémitique | islam |
Hazara | hazara | 115 000 | 1,0 % | langue indo-iranienne | islam |
Népalais | népali | 114 000 | 1,0 % | langue indo-iranienne | bouddhisme |
Sindhi | sindhi | 109 000 | 1,0 % | langue indo-iranienne | islam |
Bengali | bengali | 87 000 | 0,8 % | langue indo-iranienne | islam |
Arabe soudanais | arabe soudanais | 85 000 | 0,7 % | langue sémitique | islam |
Arabe yéménite | arabe yéménite | 65 000 | 0,5 % | langue sémitique | islam |
Rohingya | rohongya | 58 000 | 0,5 % | langue indo-iranienne | islam |
Autres | - | 94 000 | 0,8 % | - | - |
Total 2024 | - | 10 846 000 | 100 % | - | - |
À peine plus de 60 % des habitants sont maintenant des Arabes de toutes origines, contre 20,0 % d'Indo-Pakistanais, 13,2 % d'Indo-Iraniens, 0,8 % d'Occidentaux (incluant les Européens, les Américains et les Canadiens) et 4,7 % d'Africains, de Philippins, de Malais, de Japonais, de Turcs et de Chinois.
Arabes (61,3 %) |
Indo-Pakistanais (20,0 %) |
Indo-Iraniens (13,2 %) |
Européens (0, 8 %) |
Autres (4,7 %) |
Arabes émiriens Arabes bédouins Arabes shihhi Arabes saoudiens Arabes omanais Arabes égyptiens Arabes jordaniens Arabes palestiniens Arabes libanais Arabes syriens Arabes soudanais Arabes yéménites Tsiganes nawari Arabes irakiens |
Malayali Télougous Bengladeshis Pandjabi Cinghalais Sindhi Ourdous Tamouls Népalais |
Baloutches
Pachtounes Iraniens |
Américains
Canadiens Allemands Hollandais Italiens Français Norvégien Suédois Grecs Polonais Serbes Croates |
Philippins Somalis Noirs d'Afrique Malais Japonais Turcs Chinois |
2.2 La population étrangère
Outre les populations originaires des Émirats, les travailleurs arabophones proviennent de l'Arabie Saoudite, d'Oman, d'Égypte, de Jordanie, de Palestine, du Liban, de Syrie, du Soudan, du Yémen et de l'Irak. Les Indo-Pakistanais constituent le second groupe en importance (20,0 %) avec les Malayali (malayalam) et les Télougous du sud de l'Inde, puis les Bengladeshis (Bangladesh), les Panjabis (Inde), les Cinghalais (Sri Lanka), les Sindhi (Pakistan) et les Ourdous (Pakistan). Le troisième groupe, celui des Indo-Iraniens, est flou parce qu'il regroupe des ethnies provenant aussi bien du Pakistan que de l'Afghanistan et de l'Iran, mais leur point commun est qu'ils sont des Iraniens de culture, non des Indiens. Le quatrième groupe concerne les Occidentaux (Européens, Américains, Canadiens, Français, etc.): ce sont des travailleurs hyper-spécialisés dans l'industrie pétrochimique. Les Nord-Américains (incluant les Canadiens anglophones et francophones) sont présents en affaires depuis des décennies, d'abord dans le domaine du pétrole et du gaz, puis leurs activités se sont élargies pour englober les domaines du génie, de l'architecture, de l'éducation, des soins médicaux ainsi qu'une vaste gamme de services commerciaux. Quant aux Français, ce sont des miliaires ou des intervenants dans les institutions culturelles ou universitaires.
- Les travailleurs immigrants
Les travailleurs migrants aux Émirats arabes unis sont décrits comme des travailleurs étrangers qui ont déménagé aux Émirats arabes unis pour y travailler. En raison de la proximité des Émirats arabes unis avec l’Asie du Sud et de l’amélioration de l’économie et des possibilités d’emploi, la plupart des travailleurs migrants étrangers viennent de l'Inde, du Bangladesh, du Pakistan, de l'Égypte, des Philippines, du Sri Lanka, du Népal. Le pays abrite aussi d'autres travailleurs asiatiques, africains, etc.
Près de 200 nationalités, résidentes et de passage, cohabitent aux Émirats arabes unis, représentant plus de 150 ethnies. Les étrangers sont attirés par le haut niveau des salaires offerts dans les Émirats. Les travailleurs migrants non nationaux représentent 90 % de la main-d’œuvre dans le pays.
Les Émiriens bénéficient d’une préférence de recrutement dans le cadre du programme d’émiratisation, qui oblige les entreprises à limiter le nombre de travailleurs migrants dans l’entreprise. Cela a pour but de stabiliser le marché du travail et de protéger les droits de ce groupe en tant que minorité dans leur pays. Les avantages et les droits qui en découlent sont importants pour obtenir la citoyenneté soit par naissance dans le pays, soit par naturalisation, ce qui exige certaines conditions, comme vivre dans le pays et en connaître la langue et l'histoire.
- Les droits de la personne
Les migrants, pour la plupart d’origine sud-asiatique, qui constituent la majorité de la main-d’œuvre, auraient été victimes de diverses violations des droits de la personne. Les travailleurs arrivent parfois endettés auprès des agents de recrutement de leur pays d’origine et, à leur arrivée, ils sont contraints de signer un nouveau contrat en anglais ou en arabe, un document qui les paie moins que ce qui avait été convenu initialement, bien que cela soit illégal en vertu de la législation des Émirats arabes unis.
Le Centre démocratique pour la transparence (Democracy Center for Transparency) a publié un rapport en avril 2021 qui souligne la discrimination à laquelle sont confrontés les travailleurs étrangers et les expatriés vivant aux Émirats arabes unis. La conclusion a été tirée non seulement sur la base des conditions auxquelles sont confrontés les travailleurs étrangers, mais aussi sur la contradiction entre le traitement des expatriés et celui des ressortissants émiratis.
2.3 Les langues
La langue officielle des Émirats est l'arabe classique, qui sert aussi de langue véhiculaire entre tous les arabophones.
- L'arabe émirien local
Les arabophones de souche qui vivent dans les Émirats parlent l'arabe émirien dans une proportion de moins de 12% de la population. De plus, cette langue est géographiquement fragmentée en trois principales variantes: l'arabe émirien urbain, l'arabe des Bédouins et l'arabe émirien des régions montagneuses des Émirats. Aux Émirats arabes unis, l'expression «arabe des Bédouins» fait référence à la culture et au mode de vie des Bédouins, historiquement un peuple nomade du désert spécialisé dans l'élevage et le commerce, dont l'influence culturelle persiste dans la région malgré la sédentarisation croissante. Leur arabe est façonné par les conditions arides de leur environnement et de leurs traditions ancestrales.
Ces variétés d'arabe sont considérées comme faisant partie de l'arabe du Golfe qui englobe d'autres variétés d'arabe parlées principalement à Oman (arabe omanais), à Bahreïn (arabe bahreïnien, au Koweït (arabe koweïtien), au Qatar (arabe qatarien), etc., qui sont toutes mutuellement compréhensibles. Quoi qu'il en soit, ces variétés d'arabe sont des langues parlées transmises de génération en génération depuis de nombreux siècles, la langue écrite étant l'arabe coranique pour la religion ou l'arabe standard moderne pour les autres écrits. De ce fait, les Émiriens ne voient pas leurs variétés locales représentées dans la presse écrite, ni d'ailleurs dans le système d'éducation.
Dans ces conditions, la plupart des jeunes Émiriens semblent plus à l'aise avec l'anglais qu'avec leur langue maternelle, notamment à Abou Dhabi et à Dubaï (voir la carte). De plus, le prestige associé à l'anglais en éducation et pour l'obtention d'un emploi renforce le dominance de cette langue.
Il faut aussi tenir compte de certains facteurs qui interagissent contre l'arabe. Les chercheurs et les universitaires résument les raisons pour lesquelles l'arabe émirien est affecté par les éléments suivants:
- l'anglais et dans une moindre mesure l'arabe standard sont normalement employés pour communiquer avec les travailleurs étrangers;
- la jeune génération se refuse à utiliser le vocabulaire original de leur arabe;
- il y a beaucoup de mariages avec des femmes étrangères;
- il existe une distance culturelle et intellectuelle très grande entre les jeunes et les grands-parents, y compris avec les premiers parents parlant l'émirien d’origine;
- de nombreux termes de l'arabe émirien ne sont plus employés dans la vie d’aujourd’hui;
- l'arabe émirien est constamment en position de faiblesse.
Pour le moment, on ne voit pas comment même l'arabe standard pourrait remplacer l'anglais, les conditions actuelles n'étant certainement pas réunies pour en arriver à cette éventualité.
- Les variétés d'arabe
Bien que l’arabe soit parlé par des millions de personnes du monde entier, la langue arabe comprend trois grandes catégories : l'arabe familier local (tel l'arabe émirien ou l'arabe marocain), l’arabe coranique (ou arabe classique) et l'arabe standard moderne. Voir l'article sur la Langue arabe et ses variétés.
- L'anglais comme langue véhiculaire
Tous les autres groupes ethniques utilisent plutôt l'anglais comme langue véhiculaire. Aucune langue maternelle particulière n'est majoritaire dans les émirats, même pas une variété d'arabe quelconque, mais l'ensemble des arabophones constituent une sorte de majorité linguistique, culturelle et religieuse. Plus de 60 % de la population parle l'une des nombreuses variétés d'arabe: arabe émirien, arabe bédouin, arabe saoudien, arabe omanais, arabe égyptien, arabe jordanien, arabe palestinien, arabe libanais, arabe syrien, arabe soudanais, arabe yéménite, etc. Toutes les variétés d'arabe appartiennent au groupe sémite de la famille afro-asiatique.
Il y a aussi les communautés issues de l'Inde, du Pakistan, de l'Iran et de l'Afghanistan. De l'Inde, on trouve les langues dravidiennes, dont le malayalam (3,4 %) et le télougou (4,4 %), puis les langues indo-iraniennes comme le panjabi, le bengali, le cinghalais, le sindhi et l'ourdou. L'hindi et l'ourdou ne forment en réalité qu’une seule et même langue, mais l’hindi s’écrit avec l’alphabet dévanâgari et l’ourdou avec l’alphabet arabo-persan. Ce sont des raisons religieuses et politiques qui ont favorisé cette répartition: les Pakistanais sont musulmans et voulaient se distinguer des Indiens à majorité hindoue. Les différences entre les deux langues ne sont pas seulement d'ordre graphique (alphabet devanagari pour l’hindi et alphabet arabo-persan pour l’ourdou), mais aussi d'ordre culturel. Elles reflètent des divergences religieuses et politiques, dans la mesure où l'ourdou est associé à l'islam et l’hindi à l'hindouisme. On trouve aussi des communautés provenant de l'Iran (le farsi, le baloutchi) et de l'Afghanistan (le pachtou, le dari et le baloutchi).
On compte aussi des langues austronésiennes (philippin et malais), germaniques (anglais, néerlandais, allemand, norvégien, suédois), romanes (français, italien), slaves (polonais, serbe, croate), jusqu'à des langues altaïques (turc), sino-tibétaines (chinois), japonaises (japonais) et bantoues (swahili). Aucune des langues non arabes n'a une chance quelconque de s'imposer, sauf l'anglais comme langue véhiculaire. Bien que l’arabe soit la langue officielle du pays, l'anglais est couramment employé comme langue seconde dans son rôle de véhicule commun dans un pays aussi multilingue.
2.4 Les religions
Les observateurs locaux estiment qu’environ 55 % de la population étrangère est musulmane, 25 % hindoue, 10 % chrétienne, 5 % bouddhiste et 5 % adepte d’autres religions, dont la plupart vivent à Dubaï et à Abou Dhabi, y compris les bahaïs et les sikhs. La Constitution garantit la liberté de religion conformément aux coutumes établies et le gouvernement respecte généralement ce droit d’exercice, mais il subsiste des restrictions liées à l'obligation de conformer la législation à la Charia, car l’islam est la religion officielle de l’État.
Ces estimations diffèrent des chiffres du recensement parce que le recensement ne compte pas les visiteurs et les travailleurs qui viennent dans le pays temporairement, et que les bahaïs et les druzes sont comptés comme musulmans. Il y a des missionnaires étrangers dans le pays, mais le prosélytisme leur est interdit; en revanche, ils peuvent effectuer un travail humanitaire, comme leurs prédécesseurs des siècles passés.
D'après les fouilles archéologiques, l'histoire de la région remonterait vers 8000 avant notre ère. Des traces d'occupation ont été attestées aux environs d'Abou Dhabi, de Ras al-Khaïmah et dans le désert près de Al Ain. Cette région était un carrefour commercial important entre la Mésopotamie, l'Iran, le Dilmun (aujourd'hui le Bahreïn ) et l'Inde. Plus tard, par le «Périple de la mer Érythrée» il y eut des contacts avec les Égyptiens, les Grecs, les Romains et les Byzantins, avec diffusion des religions zoroastrienne, chrétienne (nestorienne) et juive dans le pays.
3.1 L'ère islamique
L’arrivée d’émissaires de Mahomet en 632 annonça la conversion de la région à l’islam. Après la mort de Mahomet, l’une des principales batailles de la guerre de Ridda eut lieu à Dibba, sur la côte est des Émirats actuels. Puis la défaite des non-musulmans dans cette bataille entraîna le triomphe de l’islam dans la péninsule Arabique. Dès lors, la population fut convertie à l'islam, puis elle s'arabisa. Par la suite, son histoire se confond à celle de l'Empire arabo-musulman, notamment avec les califats d'Omeyyades de Damas et des Abbasside de Bagdad.
Grands explorateurs, les Arabes de la région sillonnèrent l'océan Indien et commercèrent jusqu'au Vietnam et en Chine. Toutefois, entre les XIIIe et XVIIe siècles, la région fut convoitée par les Perses, les Ottomans et les Portugais, ces derniers occupant le détroit d'Ormuz au XVIe siècle. Portugais et Arabes se firent des guerres sanglantes, mais les Arabes réussirent à mettre les Portugais en déroute. La région fut rapidement gouvernée par des cheikhs qui s'affrontèrent pour conserver le monopole sur la pêche des perles et la piraterie. Les al Qawasim, une riche famille du Ras al-Khaïmah, réussit à s'affirmer davantage et prit le contrôle de la région. Ils disposaient d'une puissante flotte d'une soixantaine de grands vaisseaux qui pouvait détrousser tous les navires étrangers.
3.2 Le régime britannique
Au début du XIXe siècle, des tribus locales alliées aux Al Qassimi attaquèrent les navires de la Compagnie des Indes orientales, ce qui provoqua en 1819 l'intervention britannique dans la région afin de protéger leur fameuse «route des Indes». Afin de s'amadouer les Britanniques, les cheikhs des émirats locaux formèrent une alliance avec la Grande-Bretagne. En échange, les Britanniques acquéraient un certain pouvoir dans des domaines tels que l'immigration, les armes ou les permis d'alcool.
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Après la défaite des al Qawasim en 1820, les Britanniques signèrent une série
d'accords et de traités avec les cheikhs d'une dizaine d'émirats de la côte du
Golfe, celui de 1853 garantissant l'arrêt de la piraterie contre les navires
britanniques, d'où le nom des États de la Trêve (en anglais : Trucial States)
donné aux actuels émirats et à quatre autres (Dibba, Hamriyah, Kalba et Hira).
Les Britanniques prirent soin de renforcer les liens qui les liaient aux États
de la Trêve, afin de freiner les convoitises d’autres grandes puissances
européennes. En 1892, un nouveau traité érigea les États de la Trêve en protectorat et les fit entrer dans l'Empire colonial britannique. Il les engageait à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec des pays autres que le Royaume-Uni sans le consentement de ce dernier. En retour, le Royaume-Uni garantissait la protection des États de la Trêve contre toute attaque maritime ou terrestre. |
Les guerres étant terminées, les populations côtières reprirent leur pêche traditionnelle des perles fines; cette industrie resta florissante jusqu'en 1930. Ce ne fut qu'au début du XXe siècle que quelques écoles arabes furent fondées par des marchands de perles à Dubaï, à Abou Dhabi et à Sharjah. Les écoles furent pourvues en personnel par des enseignants étrangers qui apprirent aux enfants la lecture, l'écriture et des études islamiques, le tout en arabe coranique.
Les émirats entrèrent véritablement dans l'histoire des relations internationales lorsque la question des frontières avec leur voisin du nord, l'Arabie Saoudite, alors sous protection américaine, fut posée en 1933. La délimitation des frontières posait le problème de la répartition des immenses réserves pétrolières progressivement mises à jour. Les crises économiques des années 1930 forcèrent certaines écoles arabes à fermer, mais quelques-unes ont fini par rouvrir au début des années 1950.
Le premier gisement de pétrole dans les émirats fut découvert en 1953 à Abou Dhabi. Les cheikhs de la région subirent, d'une part, les pressions des Britanniques les invitant à leur accorder des concessions et durent faire face, d'autre part, aux mutations d'une économie traditionnelle essentiellement fondée sur la culture perlière, entrée en crise au cours des années 1930 du fait de l'invention par le Japon des perles de culture. Le gouvernement britannique construisit des écoles anglaises à Abou Dhabi, à Ras al-Khaïmah et à Khawr Fakkan, et même une école d'agriculture à Ras al-Khaïmah en 1955, puis une école technique à Sharjah en 1958.
L'exploitation des concessions pétrolières débuta après la Seconde Guerre mondiale. En 1950, un conseil des émirats fut créé sous les Britanniques qui cédèrent le pays en 1968. Durant le régime britannique, l'anglais s'est installé dans l'administration publique, mais n'atteignit jamais les populations locales.
3.2 La fédération des Émirats arabes
Les émirats tentèrent d'établir une fédération avec le Qatar et Bahreïn, mais elle échoua. Le gouvernement britannique mit fin au protectorat le 1er décembre 1971, conduisant à l'indépendance des sept émirats. Pour combler le vide laissé par les Britanniques, les cheikhs d'Abou Dhabi, d'Ajman, de Dubaï, de Fujaïrah, de Sharjah et d'Umm al-Quwain s'unirent pour former le 2 décembre les Émirats arabes unis; l'émirat de Ras al-Khaimah les rejoignit le 11 février 1972.
L'article 7 de la Constitution (encore en vigueur) prévoyait que l'arabe était la langue officielle de la Fédération, mais l'anglais demeura toujours présent dans la vie économique et les médias. L'article 17 de la Constitution énonce que l'éducation est fondamentale pour le progrès de la société et doit être obligatoire et gratuite au niveau primaire et aux autres niveaux (secondaire et universitaire. De plus, les uniformes, les livres, l'équipement et le transport furent déclarés également gratuits. Quelques enfants ont fréquenté les écoles religieuses appelées madrassa où ils ont été instruits en arabe classique dans la lecture du Coran.
- La richesse des hydrocarbures
Les Émirats exploitèrent les hydrocarbures dont les revenus augmentèrent jusqu'à la moitié des années 1980. Les Émirats arabes unis devinrent l'un des pays les plus riches du monde, mais aussi l'un des plus convoités. Le pays resta à la merci des conflits frontaliers, notamment avec l'Iran qui, en 1992, annexa trois îles, situées dans le détroit d'Ormuz, jusqu'ici co-administrées avec l'émirat de Sharjah et, dans une moindre mesure, avec l'Arabie Saoudite. En 1981, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) réunit l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, soit 44 % des réserves mondiales de pétrole. Il prônait la défense commune et l'intégration économique de ces pays en une zone de libre-échange. L'arrivée de nombreux travailleurs étrangers et de plusieurs entreprises d'importance internationale ont eu pour effet de minoriser la population d'origine, les Arabes émiriens (ou émiratis), l'anglais devenant une langue véhiculaire incontournable, ce qui en même temps réduisait le rôle non seulement de l'arabe émirien, mais également de l'arabe standard.
Évidemment, l'importance des pays du Golfe s'explique principalement par leurs énormes ressources énergétiques : ils détiennent 53 % des réserves pétrolières connues du monde et génèrent plus du tiers de la production quotidienne mondiale. L'Arabie Saoudite se classe au premier rang avec des réserves de 261 milliards de barils, suivie par les Émirats arabes unis (98 milliards) et le Koweït (96,5 milliards). L'exploitation du pétrole exigea aussi de faire appel à des travailleurs étrangers. Bien que la plupart d'entre eux proviennent des pays arabophones, d'autres viennent des pays tels que l'Inde, le Pakistan, le Népal, l'Iran, etc.
Par exemple, le développement de Dubaï est unique par rapport à d'autres villes importantes dans le monde; la ville a connu une progression remarquable d'une colonie de pêcheurs effacés sur le golfe Persique à une ville cosmopolite dominante au XXIe siècle. Le développement des Émirats s'est poursuivi pendant près de deux siècles, commençant avec seulement 1500 habitants en 1833, et atteignant 10 000 en 1900. En 2018, la population était de 3,1 millions d'habitants pour être de 11 millions en 2025.
- Les conséquences linguistiques
Si la prolifération de l'anglais aux Émirats arabes unis est attribuée à des facteurs tels que le besoin d'une langue de communication commune au sein d'une population expatriée diversifiée du pays, des facteurs économiques (dont la mondialisation et la modernisation), les aspirations du pays à la compétitivité régionale et mondiale, et le prestige de la langue anglaise constituent des éléments qui ont joué un rôle majeur dans l'accélération de la diffusion de l'anglais.
Les ressortissants étrangers constituent désormais la grande majorité de la population des Émirats arabes unis, dépassant en nombre les Émiriens de souche et influençant profondément le tissu culturel et linguistique du pays. Cette arrivée de millions de travailleurs étrangers aux Émirats arabes unis — près de huit millions — a créé un environnement multilingue complexe où l'anglais constitue de facto la langue véhiculaire dominante, favorisant l'hybridation linguistique et/ou le mélange des langues, mais menaçant aussi potentiellement la vitalité de la langue arabe et des langues vernaculaires locales uniques, dont l'arabe émirien. Cette évolution démographique a entraîné la marginalisation de l'arabe, aujourd'hui souvent considéré comme une langue minoritaire, voire une langue seconde, et a incité à intensifier les efforts de préservation culturelle et linguistique afin de protéger les langues locales menacées.
L'anglais est devenu la langue principale des affaires, de l'éducation et de la communication quotidienne, notamment dans les centres urbains multiculturels comme Dubaï et Abou Dhabi, alors que cette langue n'est la langue maternelle que pour moins de 1% de la population. Le rôle omniprésente de l'anglais et l'afflux constant de langues diverses ont conduit à la relégation progressive de l'arabe au statut de langue minoritaire, notamment parmi les populations instruites et dans le système d'éducation.
Les interactions entre anglophones expatriés possédant leurs propres variantes de l'anglais (par exemple, l'anglo-indien, l'anglo-philippin, etc.) et arabophones divers créent un paysage linguistique caractérisé par l'alternance linguistique (appelé «codique») et l'incorporation de nombreux mots d'emprunts. Quelques études ont tenté de décrire les caractéristiques de l'anglais parlé, par exemple, à Dubaï; elles attribuent les caractéristiques de l'anglais à Dubaï, très influencé par l'anglais du Golfe, à des emprunts lexicaux substantiels dans des domaines tels que la religion: eid « fête religieuse », Alhamdulillah « Louange à Dieu », Inshallah « Si Dieu le veut », Mashallah « Ce que Dieu souhaite »). Il faut ajouter aussi la nourriture (biriyani :« riz aromatisé »), les caractéristiques géographiques (jabal : « montagne ») et les vêtements (dishdasha : « longue robe pour hommes », abaya : « manteau noir pour femmes »), et des caractéristiques grammaticales distinctives provenant en grande partie de l'anglo-indien.
Les panneaux officiels et les communications publiques utilisent généralement l’arabe et l’anglais, reflétant ainsi la réalité nm pas multilingue, mais bilingue du pays. Bien que l'arabe joue un rôle majeur dans la vie quotidienne de la majorité des Émiriens, l'anglais prédomine souvent dans divers domaines et contribue à l'accroissement du bilinguisme du pays, même si l'arabe et l'anglais cohabitent en relative harmonie.
La prévalence croissante de l’anglais et des langues étrangères a suscité des débats sur la préservation de l’identité émirienne, craignant qu’elle ne soit érodée par un environnement linguistique mondialisé. Pour contrer la perte potentielle de la langue arabe, le gouvernement a pris des initiatives axées à la fois sur la promotion d’un multilinguisme équilibré et sur la revitalisation de l'arabe. Compte tenu de l'usage de l'anglais dans de nombreux domaines hors du foyer, conjugué à son prestige international, une telle incertitude quant à l'avenir de l'arabe apparaît justifiée.
Les autorités fédérales émiriennes ont même adopté en 2012 la Charte de la langue arabe dans le but de protéger la langue arabe et de renforcer sa présence dans tous les domaines du pays. Elle comprend des dispositions visant à promouvoir son usage dans les lois, l'éducation, les médias et les activités économiques. Cette charte, bien qu'elle serve de référence principale pour les politiques concernant la langue arabe, a donné jusqu'ici peu de résultats concrets, la langue anglaise poursuivant sa montée progressive comme langue dominante.
- La Francophonie
En 2010, les Émirats arabes unis ont participé pour la première fois au Sommet de la Francophonie à Montreux en Suisse avec le statut d'observateur. En 2018, lors du Sommet qui eut lieu à Erevan en Arménie, les Émirats sont devenus membre associé. Au Sommet de Villers-Cotterêts/Paris en 2024, le représentant des Émirats arabes unis a fait cette déclaration:
Aux Émirats arabes unis, nous croyons que la langue française
renforce la diversité culturelle, car elle porte en elle les valeurs
de tolérance et de pluralisme culturel. Elle sert sans aucun doute
la culture du dialogue. La langue française représente également une
part importante du patrimoine humain, car elle est ouverte aux
différences culturelles entre toutes les sociétés, ce qui fait de la
langue française l'une des sources qui arrosent la terre de la
culture et des valeurs de paix entre les peuples. [...] La langue et la culture sont des éléments essentiels pour bâtir des relations durables avec d'autres pays. Dans ce contexte, les Émirats arabes unis soutiennent de nombreuses initiatives visant à promouvoir l'enseignement du français dans le pays, et nous encourageons également les échanges culturels entre les institutions éducatives et culturelles émiraties et francophones. |
Depuis l'invasion de l'Irak par les Américains en 2003, les Émirats arabes unis tentent de contrecarrer l'influence américaine dans la région en développant leurs liens avec la France. La participation à la Francophonie est une occasion de renforcer la position du pays sur la scène internationale et d'échanger des idées et des visions avec de nombreux États membres de l'organisation. La communauté francophone dans le pays est estimée à plus de 300 000 personnes; près de 50 écoles émiriennes ont réintroduit le français dans leurs programmes. Aujourd’hui, 10 000 élèves apprennent le français dans les écoles publiques du pays, notamment dans l'émirat de Sharjah qui dispose d'une école internationale où le français est à l'honneur. Les Émirats arabes unis accueillent le plus grand nombre de filiales d'entreprises françaises dans le Golfe, renforçant ainsi les liens économiques, culturels et judiciaires, ce qui justifie l'introduction de TV5 dans l'offre télévisée.
Pour les autorités émiriennes, la Francophonie est devenue un rôle important dans la lutte contre les effets négatifs de la mondialisation du fait qu’elle encourage le respect et l’enrichissement de la diversité culturelle et qu’il ne doit pas y avoir de langue unique qui domine le monde. En ce sens, on peut affirmer que ce pays, qui n'a jamais été une colonie française, est considéré comme très francophile. Cela n'a pas empêché certains membres de la délégation émirienne de ne s'adresser qu'en anglais lors du Sommet de la Francophonie en 2024, tellement habitués à ne communiquer qu'en anglais, y compris dans leur pays.
De plus, bien que l'arabe soit la langue officielles et que l'anglais accapare des plans entiers de la réalité socio-économique émirienne, quatre autre langues sont employées à différents niveaux: le français, le chinois, l'hindi et le russe.
Les Émirats arabes unis ont élaboré une politique linguistique d'arabisation depuis l'accession à l'indépendance, mais aussi accompagnée d'une politique de bilinguisme. L'article 6 de la Constitution du 2 décembre 1971 proclame que l'Union fait partie de la grande nation arabe à laquelle elle est liée par la religion, la langue, l'histoire et un destin commun:
Article 6 La Fédération fait partie de la grande patrie arabe à laquelle elle est unie par des liens religieux, linguistiques, historiques et un destin commun. Le peuple de la Fédération forme un seul peuple et fait partie de la nation arabe. |
L'article 7 déclare que l'arabe est la langue officielle:
Article 7 L’islam est la religion officielle de la Fédération, la loi islamique est la principale source de la législation et la langue officielle de la Fédération est l’arabe. |
De plus, l'article 1er de
la Charte
de la langue arabe (2012) reprend cette même disposition sur le
caractère officiel de l'arabe:
Article 1er L’arabe est la langue officielle de l’État, conformément à l’article 7 de la Constitution des Émirats arabes unis. |
Il reste à vérifier s'il s'agit d'une réalité ou d'un symbole.
Pour mieux comprendre dans quelle mesure l’arabe est en situation de dominance ou non, il semble essentiel de comprendre les différentes manières dont les changements linguistiques ont évolué depuis plusieurs décennies dans ce pays. La concurrence de l'anglais, volontairement acceptée par les autorités, constitue la principale cause qui réduit le rôle de l'arabe standard. Comme dans d'autres pays, la langue arabe a été minée par les politiques linguistiques adoptées en rendant l'anglais sur un pied d'égalité avec l'arabe dans le monde de l'éducation, celui de l'économie et celui des médias. Dans l'éducation supérieure, les établissements financés par l'État concurrencent directement l'arabe en rendant l'anglais obligatoire. De telles politiques ont permis de garantir un rôle de second plan de l'arabe par rapport à l’anglais.
4.1 La langue de la législation
Aux Émirats arabes unis, c'est le Conseil des ministres qui présente les lois au Conseil national fédéral, mais ce n'est pas lui qui les adopte. Après leur passage au Conseil national fédéral, un organisme consultatif, c'est le Conseil suprême fédéral, composé des dirigeants des sept émirats, qui ratifie et adopte les lois fédérales. Le processus inclut la soumission des projets de loi par le Conseil des ministres au Conseil national fédéral pour discussion et modification, puis leur présentation au président pour ratification finale par le Conseil suprême fédéral.
Il y a plusieurs conditions requises pour être membre du Conseil — être citoyen des Émirats, avoir plus de 25 ans, être de bonne conduite, ne pas avoir été condamné pour un crime —, mais l'une d'elles est d'avoir une connaissance suffisante de la lecture et de l'écriture de la langue arabe. Cependant, les lois sont rédigées en arabe standard moderne, bien qu'elles soient discutées en arabe émirien, voire en anglais. Néanmoins, l'anglais est également utilisé en traduction non officielle dans certaines lois et dans le site officiel du gouvernement.
4.2 Les langues de la justice
Le système judiciaire des Émirats arabes unis est un système fédéral composé de juridictions de première instance, d'appel et de cassation, sous la supervision de la Cour suprême fédérale. Ce système intègre des aspects du droit civil et de la Charia (droit islamique), cette dernière étant appliquée notamment aux affaires de statut personnel. Des émirats comme le Ras el-Khaïmah et Dubaï ont des systèmes judiciaires indépendants, mais d'autres fonctionnent selon la structure fédérale. Cela dit, il vaut mieux ne pas avoir de contentieux avec des citoyens des Émirats (les «locaux»), car la justice du pays risque de ne pas se montrer totalement impartiale.
La Charte de la langue arabe (2012) n'a pas de disposition particulière sur les tribunaux. Toutefois, le Décret-loi fédéral portant promulgation du code de procédure civile (2022) énonce clairement que «la langue des tribunaux est l'arabe» et que, dans le cas où un individu ne connaît pas l'arabe, on recourt à un interprète.
Article 5 1) La langue des tribunaux est l’arabe, et le tribunal entend les déclarations des plaideurs, des témoins ou d’autres personnes qui ne connaissent pas la langue arabe par l’intermédiaire d’un interprète après avoir prêté serment, conformément à la loi. |
Tel qu'il est écrit dans la loi, on ne fait pas de différence entre l'arabe standard employé par la Cour et l'arabe vernaculaire (émirien, saoudien, omanais, égyptien, etc.) qui pourrait être parlé par un justiciable ou un témoin. Quoi qu'il en soit, les tribunaux embauchent des interprètes dans le cas des langues suivantes: l'anglais, le français, l'hindi, le chinois et le russe, y compris la langue des signes. Dans les tribunaux, l'arabe classique est la langue officielle, mais les accusés, les témoins et les avocats peuvent s'exprimer en arabe émirien ou en anglais dans toutes les cours fédérales.
En ce qui concerne l'anglais, des exceptions sont prévues dans le décret-loi, alors que la procédure et le jugement de la Cour peut être en anglais:
Article 5 2) À l’exception d'une disposition contenue dans une autre loi, le président du Conseil fédéral de la magistrature ou le chef de l’autorité judiciaire locale, selon le cas, peut décider dans certaines des chambres désignées pour l’examen de litiges relatifs à des sujets spécialisés, ou dans un cas particulier ou d'autres que la langue du procès, de la procédure, des jugements et des décisions soit rédigée en anglais; ou que l’audition des parties, des témoins ou des avocats ainsi que la présentation des règlements, des mémoires, des requêtes et des documents dans ces chambres se fasse en anglais, et que le tribunal entende les déclarations des justiciables ou des parties. Les déclarations des opposants, des témoins ou d'autres personnes qui ne connaissent pas la langue anglaise sont faites par un interprète après avoir prêté serment conformément à la loi, dans les cas et conformément aux contrôles et conditions dans lesquels la décision est rendue. |
L'article 8 du
Décret-loi fédéral
va aussi loin en admettant qu'on puisse transmettre à la Cour des
documents en anglais:
Article 8 3) Si la langue officielle de la nationalité du défendeur n’est pas l’arabe, le requérant est tenu de joindre à la déclaration une traduction certifiée conforme en anglais, à moins qu’il n’y ait un accord préalable entre les parties pour joindre la traduction dans une autre langue. |
L'anglais est l'une des langues autorisées devant les tribunaux des Émirats arabes unis, à côté de l'arabe, langue officielle. Cet emploi est spécifiquement autorisé dans certains cas, généralement devant les tribunaux étrangers, afin de faciliter la procédure pour les investisseurs étrangers et les non-arabophones. En fait, on peut affirmer que les tribunaux fédéraux sont pragmatiquement bilingues, bien que l'arabe soit l'unique langue officielle. D'ailleurs, le Ministère public prend en principe les dispositions nécessaires pour assurer la traduction dans toutes les langues en vidéoconférence moyennant un tarif de traduction 100 dirhams par heure. Seules les affaires concernant le droit du travail et le droit pénal sont exonérées de frais.
La Résolution du Cabinet n° 18 sur le règlement d'application du décret-loi fédéral n° 22 de 2022 sur la réglementation de la profession de traducteur (2024) prévoit une procédure pur les interprètes et les traducteurs. D'abord, il existe un registre établi au Ministère pour enregistrer les traducteurs et les agences de traduction dans les langues pour lesquelles ils sont agréés (art. 3). De plus, l'article 7 instaure un contrôle pour l'embauche de traducteurs et de maisons de traduction non enregistrées dans la liste:
Article 7 Contrôles pour l'embauche de traducteurs et de maisons de traduction non enregistrées dans la liste L'autorité judiciaire compétente peut demander l'assistance d'un traducteur ou d'un cabinet de traduction non inscrit sur la liste, conformément aux contrôles suivants :
|
La réglementation prévoit à l'article 8 que tout traducteur s'engage à mettre à jour ses qualifications et à tenir compte de l'évolution de la langue qu'il est autorisé à traduire. Pour ce faire, il doit suivre des cours spécialisés dans le domaine de la traduction et dans la langue vers laquelle il est autorisé à traduire, ainsi que des programmes de formation préparés par le Ministère pendant la période de son inscription sur la liste, à raison d'au moins un cours par an.
4.3 Les langues des services publics
Dans les faits, les Émirats arabes unis pratiquent une politique linguistique à trois volets: l'une pour l'arabe écrit, une autre pour l'arabe oral et une troisième pour l'anglais. L'arabe écrit concerne la variété de l'arabe standard moderne, qui est employé par l'État et les médias écrit. L'arabe oral est celui de l'émirien local employé pour le gouvernement, l'administration, l'armée, la police, etc. L'anglais est la langue véhiculaire utilisée par l'État pour communiquer avec les ressortissants arabophones étrangers et les non-arabophones. À la rigueur, certaines administrations vont recourir à des écrits en d'autres langues (français, en hindi, en télougou, etc.)
C'est la population d'origine des Émirats qui contrôle les affaires du gouvernement, du Conseil national fédéral, de la police, etc. C'est pourquoi l'arabe émirien, essentiellement oral, est utilisé partout. La plupart des fonctionnaires parlent donc cet arabe parlé, mais aussi l'arabe standard écrit lorsque les circonstances l'exigent, et souvent l'anglais dans plusieurs administrations fédérales. Dans les municipalités, c'est l'arabe émirien d'abord, puis l'arabe standard et l'anglais ensuite, ce qui n'exclut pas les services des interprètes. Les services gouvernementaux centralisés sont donc offerts en arabe émirien avec les locaux, en arabe standard avec les autres arabophones et en anglais (avec les étrangers occidentaux et asiatiques).
- Les langues du gouvernement
Les premiers articles de la Charte de la langue arabe (2012) énonce bien que «l'arabe est la langue du gouvernement», celui des communications officielles ainsi que « la langue principale des services fournis par les agences gouvernementales»:
Article 2 L’arabe est la langue du gouvernement. Par conséquent, toutes les lettres et correspondances,
lois et décisions, tous les
documents, accords et
règlements officiels émanant du gouvernement des Émirats arabes unis
doivent être rédigés en arabe. L’arabe est la langue des
communications officielles au
sein des agences gouvernementales, entre chacune d'elles et entre les autres parties
concernées. L’arabe est la langue principale des services fournis par les agences gouvernementales, ces services étant accessibles s'il est nécessaire dans d’autres langues aux non-arabophones. |
Dans la pratique, l'arabe désigné dans la charte est l'arabe émirien à l'oral et l'arabe standard moderne à l'écrit.
La Loi fédérale sur la nationalité et les passeports (1972-1975) stipule que la nationalité peut être accordée à certaines catégories d'Arabes (notamment omanais, qatari ou bahreïen), mais l'une des conditions est de parler couramment la langue arabe:
Article 5 Catégories admissibles à l'octroi de la nationalité L'article 5 a été modifié par l'article 1 de la loi fédérale n° 10/1975 du 15 novembre 1975 et est désormais libellé comme suit : La nationalité peut être accordée aux catégories suivantes :
Article 6
Article 7 |
Encore une fois, le texte ne précise pas si l'arabe local parlé en Égypte, en Syrie ou en Jordanie est suffisant, mais il semble que l'arabe omanis, l'arabe qatari et l'arabe bahreïnien soient acceptés.
- L'arabe pour les services aux citoyens émiriens
Non seulement le gouvernement veut encourager les
activités, les initiatives et les événements culturels et
artistiques à promouvoir la langue
arabe (art. 10), mais il ordonne aux entités concernées des secteurs
économique et commercial d'employer correctement l'arabe, sans
exclure une autre langue. Il suffit de lire les articles ci-dessous
de la Charte
de la langue arabe :
Article 11 Le gouvernement ordonne aux
entités concernées des secteurs économique et commercial
d'employer
correctement l'arabe pour fournir toutes les informations relatives
aux produits de consommation en circulation aux Émirats arabes unis,
d'abord en arabe, ensuite dans d'autres langues. Les institutions audiovisuelles doivent présenter leurs émissions en arabe standard autant que possible, en mettant l'accent sur la production d'émissions pour enfants en arabe standard, afin de promouvoir le bon usage de la langue arabe. |
C'est dans ce genre de pratique qu'on décèle une politique de bilinguisme parce que les «autres langues» se réduisent à l'anglais.
- La protection du consommateur
Quant à la Loi fédérale sur la protection des consommateurs (2020), elle impose l'arabe dans les factures envoyées aux consommateurs, y compris les modes d'emploi, les contrats, la publicité et d'autres informations, sans exclure une autre langue (bilinguisme autorisé):
Article 8 Prix des biens et services 1) Lorsqu'un fournisseur propose un produit à la vente, il est tenu d'afficher clairement le prix. 2) Lorsque la publicité annonce les prix des biens et services fournis par le fournisseur, elle ne doit pas être trompeuse. 3) Le fournisseur est tenu de fournir au consommateur une facture datée indiquant sa raison sociale, son adresse, le type de produit, le prix et la quantité, ou le type de service, le prix, les détails et toute autre information spécifiée par le règlement d'application de la présente loi. 4) La facture doit être rédigée en arabe et le fournisseur peut ajouter une autre langue de son choix. Article 25 Commerce électronique 1) Les fournisseurs enregistrés opérant dans le secteur du commerce électronique du pays sont tenus de fournir aux consommateurs et aux autorités compétentes du pays leurs noms, leur statut juridique, leurs adresses et les autorités de délivrance des permis, ainsi que des informations complètes en arabe sur le produit ou le service fourni, ses spécifications, les conditions du contrat, les conditions de paiement et la garantie, conformément aux règlements d'application de la présente loi. Article 26 Emploi de la langue arabe dans les déclarations, les publicités et les contrats Les données relatives aux consommateurs, les publicités et les contrats doivent être rédigés en arabe et d’autres langues peuvent être employées en plus de l’arabe. |
Il en est ainsi dans la
Résolution du Cabinet sur les statuts exécutifs de la loi fédérale n° 15 de
2020 sur la protection des consommateurs (2023)
Article 16
Mécanisme de
fourniture de pièces de rechange et de services d’entretien
|
Il faut toujours comprendre que l'anglais est autorisé avec l'arabe.
- Les sociétés commerciales
Les Émirats arabes unis abritent d'innombrables entreprises étrangères parce qu'elles peuvent bénéficier d'un environnement économique enviable, notamment grâce aux zones franches qui offrent 100% de propriété, l'absence de taxes sur les sociétés et le rapatriement intégral des bénéfices. Nombreuses sont les entreprises d’envergure internationale qui cherchent à s’implanter aux Émirats arabes unis, notamment dans le secteur agroalimentaire, le commerce de détail, les technologie émergentes, etc.
L'article 14 du
Décret-loi fédéral sur les sociétés commerciales (2021)
impose l'arabe dans l'acte constitutif d'une société, sans exclure une
langue étrangère:
Article 14 Rédaction du contrat [de société] 1) L’acte constitutif de la société et toute modification à celui-ci doivent être rédigés en arabe et notariés par l’autorité compétente, sinon le contrat ou l’avenant sera invalidée; si le contrat est rédigé dans une langue étrangère en plus de l’arabe, la version arabe sera approuvée et applicable dans le pays, et l’authentification se fera par l’autorité compétente pour assister en personne ou par signature électronique tel qu'il sera décidé par l’autorité compétente à cet égard; hormis une exception, l'acte notarial doit être devant le notaire public dans les cas où une décision est émise de l’autorité compétente à cet égard. |
Le Décret-loi fédéral portant loi sur les transactions commerciales (2022) recourt aux mêmes exigences, même si dans l'article 21 il ne s'agit que d'un expert procédant à une vente aux enchères publiques:
Article 121 1) L'expert procédant à une vente aux enchères publiques doit tenir un registre spécial, rédigé ou présenté en arabe, dans lequel sont consignés les biens proposés à la vente, leur estimation initiale et les noms des parties qui demandent la vente. l'expert doit apposer sur les biens proposés à la vente des étiquettes portant les numéros d'enregistrement et consigne le résultat de chaque vente dans le registre. Article 678 1) Si le tribunal prononce une condamnation pour l'une des infractions visées aux articles 674 à 676 de la présente loi, il peut ordonner la publication d'un résumé du jugement aux frais du contrevenant dans deux quotidiens à grand tirage publiés dans le pays, l'un en arabe et l'autre en anglais, ou dans deux médias électroniques désignés par décision du ministre de la Justice, l'un en arabe et l'autre en anglais. La publication doit, dans tous les cas, inclure le nom, le lieu de résidence, la profession et la peine infligée au contrevenant. |
On peut constater que les autorités des Émirats arabes unis tentent d'imposer l'usage de l'arabe dans différents domaines, mais ce faisant, elles autorisent en même temps l'emploi d'autres langues, en l'occurrence l'anglais. Dans ce pays, l'ancienne langue coloniale conserve la part du lion dans la plupart des domaines de la vie sociale. Il s'agit d'un phénomène de «superposition linguistique» qui consiste à ce qu’une langue étrangère soit amenée à assurer l’exercice de certaines fonctions considérées comme supérieures, telles que les fonctions judiciaires, administratives, économiques, scientifiques, techniques, etc. Dans ce cas, l'anglais a été imposé par une petite élite scolarisée à toute une population fragmentée linguistiquement. Par conséquent, la langue imposée est considérée par les citoyens des Émirats comme une langue de prestige et comme principal facteur de promotion sociale aux dépens de la langue du pays.
En dehors des documents judiciaires, toutes les communications gouvernementales sont accessibles en anglais. Même si tous les documents doivent être préparés, traduits et présentés en arabe, la plupart des banques, des entreprises, des hôpitaux et des universités, tant dans le secteur privé que public, ont recours à l'anglais, y compris à l'oral comme à l'écrit. De plus, le gouvernement fédéral a autorisé des cours et des examens pour obtenir un permis de conduire en ourdou, en hindi, en malayalam, en tamoul et en bengali, en plus de l’arabe et de l’anglais.
- L'affichage public et commercial
L'affichage public est systématiquement bilingue, l'arabe étant toujours au-dessus de l'anglais, généralement à taille égale. Les panneaux de signalisation sont tous bilingues pour indiquer les directions. La législation ne mentionne jamais que l'anglais est obligatoire, mais qu'il est autorisé à côté de l'arabe; la réalité, c'est qu'il est moralement obligatoire, l'État étant pragmatiquement bilingue. L'objectif de la législation émirienne est de favoriser un équilibre entre l'anglais et l'arabe, cet équilibre étant l'égalité entre les langues dans le but de favoriser une ouverture sur le monde. Quant aux entreprises privées, elles peuvent employer les langues qu'elles désirent, c'est-à-dire l'anglais surtout dans les raisons sociales, même le français, mais encore plus rarement l'arabe seulement. L'emblème des émirats du pays représente toujours un faucon, symbolisant la force et le courage; selon le cas, il peut tenir dans ses serres un parchemin rouge sur lequel est inscrit le nom de la fédération, le tout en arabe et en anglais.
Peu importe les objectifs avoués, le fait d'accorder autant d'importance à l'anglais n'est pas sans conséquence pour l'arabe qui doit concurrencer une langue beaucoup plus forte. Les hôtels, les centres commerciaux et la plupart des lieux liés à l'industrie utilisent l'anglais pour le personnel et les informations destinées aux résidants non arabophones, ainsi qu'aux touristes. Le pays s'anglicise à un rythme tel que l'apprentissage de l'arabe s'en trouve restreint parce qu'il semble moins utile que l'incontournable anglais. De toute façon, l'arabe préconisé, c'est-à-dire l'arabe standard moderne, n'est pas la langue maternelle des citoyens, ni l'anglais d'ailleurs. Dans de telles conditions, il est difficile de croire à la préservation de l'arabe, car c'est l'anglais qui sert de langue véhiculaire pour la population multiculturelle du pays. Or, il aurait été possible que ce soit l'arabe avec un peu de volonté politique, mais les dirigeants en ont décidé autrement. Dans un pays comme les Émirats arabes unis, c'est toujours une petite élite politique qui décide pour la population.
- Le Centre de la langue arabe
Le Centre de la langue arabe d'Abou Dhabi fut créé fin 2020 par décret royal et a commencé ses activités en janvier 2021, sous la responsabilité du ministère de la Culture et du Tourisme d'Abou Dhabi. Sa création s'inscrit dans le cadre d'une initiative plus vaste visant à promouvoir et à enrichir la langue arabe, avec pour mission de favoriser la reconnaissance internationale, de soutenir la créativité et la recherche, et d'encourager la création de contenus numériques en arabe. Néanmoins, le Centre a une dénomination bilingue: en arabe (markaz 'abuzaby lilughat alearabia) et en anglais (Abu Dhabi Arabic Language Centre).
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Le Centre de langue arabe d'Abou Dhabi se préoccupe de promouvoir l’avancement de la langue arabe dans tous les aspects de la vie : universitaire, culturelle et publique, de fournir un soutien aux chercheurs, aux professionnels et aux activistes dans divers domaines des études arabes et du Moyen-Orient, de promouvoir l’intérêt pour l’apprentissage de l’arabe parmi les locuteurs natifs et non natifs, de diriger les efforts de recherche et de développement linguistique, de soutenir activement la recherche, le transfert de connaissances, la créativité, la paternité, la traduction et l’édition. |
Le Centre s’efforce d’atteindre ces objectifs par le biais de programmes spécialisés et de partenariats avec de grandes institutions culturelles, académiques et techniques du monde entier, notamment l’Institut du Monde Arabe (France), l’Université de Leipzig en Allemagne et la Brill Academic Publishing (Pays-Bas).
Dans les conditions dans lesquelles se trouve un organisme comme le Centre de la langue arabe, il s'agit davantage d'un symbole destiné à montrer que l'État sert à promouvoir l'arabe, alors que dans la réalité l'État favorise le bilinguisme arabo-anglais aux dépens de l'arabe national.
4.4 L'éducation
L'éducation a constitué une priorité pour le gouvernement des Émirats arabes unis. Chaque village dispose d'une école primaire et les plus grandes villes ont des écoles secondaires. L'éducation est gratuite pour tous les citoyens émiriens (pas les étrangers) à tous les niveaux, incluant l'université. Les uniformes scolaires, les manuels, l'équipement et le transport sont aussi fournis gratuitement. Les garçons et les filles ont un accès égal à l'éducation, mais ils doivent fréquenter des écoles séparées. La plupart des enseignants proviennent des autres pays arabes. Le taux d'analphabétisme était à 77 % en 1980, mais à seulement 76 % en 2000 et pratiquement disparu en 2025. Il existe aussi un grand réseau d'écoles privées. Presque 40 % des élèves dans les Émirats sont inscrit dans les écoles privées.
- La promotion de la langue arabe
Les articles 5, 6 et 7 de la Charte de la langue arabe obligent les établissements scolaires d''enseigner l'arabe:
Article 5 L’arabe est un élément fondamental
de l’éducation aux Émirats
arabes unis. Le ministère de l’Éducation et toutes les autorités
compétentes du pays doivent déployer tous les efforts possibles pour
élaborer les méthodes et les compétences
d’apprentissage de l’arabe et
renforcer les compétences des enseignants de l’arabe dans les écoles
publiques et privées du pays,
conformément aux normes arabes internationales les plus strictes. Le
gouvernement demande également aux autorités compétentes de veiller
à ce que les écoles privées
privilégient l’arabe afin de permettre aux élèves émiratis et
arabophones de maîtriser les outils de leur langue. Le gouvernement encourage
l’enseignement de l’arabe aux non-arabophones, que ce soit au niveau
scolaire en actualisant les programmes d’enseignement de la langue
arabe et en développant des méthodes d’enseignement adaptées à tous
les niveaux, ou en encourageant
la création de centres
d’apprentissage de la langue arabe pour adultes dans les universités
du pays et dans les établissements privés d’apprentissage de la langue
arabe, afin de créer des passerelles entre les cultures et les
civilisations. Le gouvernement demande aux établissements d’enseignement supérieur de considérer l’arabe comme une exigence fondamentale pour les études dans les universités publiques du pays, en mettant l’accent sur la modernisation des méthodes d’enseignement de l’arabe afin de développer les aptitudes linguistiques des diplômés et de contribuer au développement durable du pays. |
Les autres articles concernant l'arabe ne servent qu'à la promotion de cette langue:
Article 8 Les établissements d’enseignement
supérieur et les centres de recherche scientifique des Émirats
arabes unis doivent contribuer
à l'épanouissement de la langue arabe en l’enrichissant d’une terminologie scientifique et technique. Ils
font en sorte également d'encourager les études et la recherche
linguistiques arabes afin que la langue
arabe retrouve son rôle historique dans le domaine de la créativité et de l’innovation. Le gouvernement doit soutenir et
encourager la production de contenus arabes et la traduction
d’œuvres scientifiques et littéraires internationales en arabe afin
de parvenir à une renaissance culturelle durable. Le gouvernement encourage les activités, les initiatives et les événements culturels et artistiques qui contribuent à la promotion de la langue arabe. |
- La promotion de l'anglais
Les cours au primaire et au secondaire sont donnés dans la langue officielle, l'arabe, et dans la première langue étrangère du pays, l'anglais. Un secteur privé coexiste avec ce dispositif public. En fait, l'enseignement d'une langue étrangère à l'école primaire peut varier selon l'école, mais l'anglais est une langue étrangère commune enseignée dès le plus jeune âge, souvent en maternelle ou en première année, parallèlement à l'enseignement de la langue arabe obligatoire. Certaines écoles proposent d'autres langues comme le chinois, le français, l'hindi ou le russe, mais le niveau scolaire de départ dépend du programme de chaque établissement. Les langues secondes les plus enseignées sont l'anglais, le français, l'espagnol.
L'enseignement secondaire est obligatoire pour les Émiriens jusqu'à l'obtention du diplôme, et le pays affiche un taux de réussite de près de 97 %. Les écoles publiques commencent l'enseignement secondaire en 9e année. Les écoles secondaires enseignent la plupart des mêmes matières qu'à l'école primaire, mais peuvent ajouter ou supprimer certains cours, comme la musique. Les élèves des écoles publiques peuvent choisir de s'inscrire dans une filière technique ou de poursuivre une formation générale. Parmi les spécialisations professionnelles proposées dans ces écoles techniques figurent l'informatique, le tourisme, les sciences de la santé et la finance.
Dans les grandes villes comme Dubaï et Abou Dhabi, les écoles publiques ont observé une augmentation extraordinaire de la présence de l'anglais, forçant les parents, qui souhaitent un enseignement exclusivement en arabe pour leurs enfants, à rechercher des écoles privées payantes en arabe. En fait, les enfants et les jeunes étudiants émiriens sont entourés d’anglophones non seulement dans les jardins d’enfants (maternelles) et les écoles privées, mais aussi à la maison, par l’intermédiaire des gardiennes (nounous), de tuteurs privés d’anglais et des nombreuses chaînes de télévision anglaises à leur disposition à la maison.
Pour couronner le tout, étant donné que la plupart des enseignants de les écoles primaires et secondaires qui parlent arabe ne sont pas elles-mêmes émiraties, les étudiants sont habitués à avoir des modèles étrangers dans des domaines académiques qui sont enseignés en arabe, limitant ainsi leur exposition à leur propre diversité dans l'éducation formelle. environnements internationaux. Le résultat est que les Émiriens accordent peu de valeur à leur langue employée à des fins d'alphabétisation, ce qui les conduit à se limiter soit à l'arabe standard soit à l'anglais.
Pour enseigner une langue étrangère, comme l'anglais, il faut généralement un permis, une certification TEFL et une vérification des antécédents des élèves et des étudiants. Les anglophones originaires de pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Australie et d'autres pays sont souvent privilégiés. Pour les écoles publiques et internationales, une permis d'enseignement officiel délivrée par le pays d'origine est souvent exigée.
- Les établissements privés
Les enfants des étrangers ne fréquentent pas les mêmes écoles que pour enfants émiriens aux Émirats arabes unis. Les enfants émiriens fréquentent généralement les écoles publiques gratuites qui respectent le programme national des Émirats arabes unis avec l'arabe comme langue principale, tandis que la plupart des enfants étrangers (expatriés) fréquentent des écoles privées payantes qui proposent des programmes scolaires différents, bien que certains expatriés puissent fréquenter les écoles publiques sous des conditions et des frais spécifiques.
Les établissements privés pratiquent différents systèmes : certains utilisent des programmes scolaires britanniques, américains, français ou indiens, tandis que d'autres proposent le programme du Baccalauréat international.
Dans les écoles privées, les langues d'enseignement peuvent être l'arabe, l'anglais, le français, l'allemand, l'hindi, l'ourdou, le malayalam, le farsi, etc. Les Américains ont fondé des écoles où ils offrent un enseignement en anglais pour les enfants anglophones des Émirats; les Français en ont également. Bien que le gouvernement offre des aides financières et que les établissements scolaires puissent proposer des réductions ou des bourses, les coûts élevés des études sont une réalité pour la plupart des parents expatriés.
- Les établissements supérieurs
Depuis 1977, les Émirats arabes unis ont fondé une université nationale (l'Université des Émirats arabes) qui a été modelée d'après le système américain. Les établissements privés sont également nombreux et comprennent l'université de Sharjah, l'université de Wollogong à Dubaï, l'université américaine de Sharjah, l'université américaine de Dubaï, l'Institute of Management Technology à Dubaï et l'université des Sciences et des Technologies d'Al Ain. De nombreuses universités étrangères ont construit un campus aux ÉAU, comme Paris IV, dont un campus (Sorbonne-Abou Dhabi) se trouve à Abou Dhabi.
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En outre, l'institut BITS, Pilani s'est établi en 2000 à Dubaï. L'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est également en train d'implémenter un campus à Ras el Khaïmah. Les deux langues d'enseignement sont en principe l'arabe et l'anglais, mais c'est l'anglais qui est vraiment obligatoire, car les autorités du pays ont placé l'anglais au premier plan de l'éducation, la considérant comme la seule langue capable de contribuer à la réalisation de sa vision de développement économique et de compétitivité. |
- Les problèmes liés à l'anglais
L'une des principales préoccupations liées à l'essor de l'anglais dans les établissements public est le recrutement systématique de professeurs de langue maternelle. Souvent, les enseignants sont recrutés sans expérience ni diplôme d'enseignement, mais uniquement parce qu'ils maîtrisent l'anglais, sans être eux-mêmes anglophones. Cette inquiétude est principalement due aux origines culturelles de ces enseignants, qui connaissent très mal les valeurs et les croyances des Émiriens.
Ainsi, l'obligation imposée par le gouvernement aux établissements publics d'enseignement supérieur d'utiliser l'anglais comme langue d'enseignement a suscité des réactions à la fois positives et négatives. Comme de nombreux jeunes Émiriens scolarisés dans le public ne maîtrisent pas encore l'anglais afin de répondre aux exigences des examens à la fin du secondaire, ils se voient interdire l'accès à l'université tant que leurs résultats ne se sont pas améliorés. C'est un obstacle pour beaucoup de jeunes qui décident alors d'abandonner leurs études.
Dans ces situations, le rôle de l'anglais agit comme un modèle prohibitif de l'enseignement supérieur aux Émirats arabes unis. D'ailleurs, les résultats des étudiants émiriens aux tests standardisés locaux et internationaux demeurent en général faibles, et ce, en dépit des efforts constants mis sur l'anglais dans tous les domaines des programmes scolaires. Compte tenu de la quantité d'enseignement de l'anglais que ces étudiants reçoivent, ils devraient avoir un niveau décent de compétence en anglais, mais les résultats démontrent le contraire.
Aux Émirats arabes unis, certains spécialistes de la linguistique mettent en garde contre l'empiètement continu de l'anglais. Or, la langue n'est pas un véhicule neutre libre de tout lien culturel, elle est toujours liée à ses associations culturelles et politiques; par le fait même, le passé colonial est toujours présent. L'importance de l'anglais est telle dans la vie des arabophones que les jeunes sont convaincus que l'anglais est de loin supérieur à l'arabe. D'une part, l'anglais est perçu comme la langue des affaires, de l'ingénierie, de la modernité et la porte d'entrée aux universités, d'autre part, l'arabe vernaculaire est relégué à la langue de la maison, des traditions et des communications orales; l'arabe classique, celui de la religion et des prières.
4.5 Les langues des médias
La Constitution des Émirats arabes unis garantit en
principe la liberté de la presse, mais le contenu éditorial et politique des
journaux demeure très contrôlé, surtout pour la presse arabophone, car la presse
anglophone jouit de plus de liberté. Les organismes de presse écrite,
officiellement des sociétés privées, sont en réalité subventionnés par les
autorités. Une législation de 1988 exige l'enregistrement de toutes les
publications et dresse la liste des sujets autorisés. Les journalistes
pratiquent l'autocensure dès qu'il s'agit de politique intérieure, des familles
régnantes dans l'Émirat, de religion ou des relations avec les pays voisins
(surtout l'Arabie Saoudite). Pour sa part, la presse étrangère est censurée
avant sa distribution.
Les Émirats arabes unis disposent d'une grande variété de médias tant écrits
qu'électroniques. Parmi les journaux en arabe, mentionnons les quotidiens Al
Bayan, Al Ittihad, l'Al Khaleej, puis l'Al Shindagah,
l'Al Fajr, l'Al-Wahda, etc. D'autres journaux sont en anglais:
Gulf News (quotidien), Emirates Today (quotidien), Khaleej Times,
Abu Dhabi News, Emirates News, etc.
Les stations de radio sont très nombreuses. La plupart diffusent en arabe classique et/ou en arabe du Golfe. Quelques-unes diffusent en anglais, dont FM 92, UAE Radio Dhabi et Voice of the UAE. La station Umm al Qiwan Radio diffuse en plusieurs langues, notamment en arabe, en ourdou, en hindi, en anglais et en français. Pour sa part, Hum FM diffuse en hindi-ourdou.
En ce qui a trait à la télévision, on trouve des émissions en arabe classique, en anglais, en français, en hindi-ourdou, en cinghalais. Le tableau qui suit présente une résumé de la situation pour les chaînes de télévision nationales.
Désignation des chaînes nationales | Statut | Type de programmation | Langue de diffusion |
UAE-Channel 4 Ajman TV | privé | généraliste | arabe |
EDTV Emirates Dubai TV | privé | information, sport, divertissement | arabe et anglais |
UAE-TV Sharjah | privé | généraliste | arabe, ourdou, hindi, anglais et français |
UAE TV- Abu Dhabi | public | généraliste | arabe (Channel 1), anglais et français (Channel 2) |
UAE TV- Dubaï | public | généraliste | arabe, anglais et français |
UMM AL-KhaÏmah Broadcasting | privé | généraliste | arabe, cinghalais et ourdou |
La politique linguistique des Émirats arabes unis est fort complexe, car il n'existe pas de majorité linguistique, ni d'ailleurs de minorité reconnue, sauf pour la religion. À première vue, il s'agit officiellement d'une politique d'unilinguisme arabe qui ignore apparemment les arabes vernaculaires parlés par près des deux tiers de la population. La promotion de l'arabe est la variété de l'arabe standard moderne que personne ne parle, mais qu'on apprend à l'école et qu'on écrit, et qu'on écoute dans les médias électroniques. Jamais l'arabe émirien parlé par la population d'origine n'est évoqué quelque part, alors que cette langue est employée oralement dans tous les fonctionnaires du gouvernement. Les textes juridiques officiels font la promotion de l'arabe officiel, sans préciser qu'il s'agit de de l'arabe standard moderne.
En même temps, tous ces documents assurent une place égale à la langue anglaise, qui n'est pas officielle, à côté de l'arabe qui l'est. Dans les faits, le rôle des deux langues n'est pas égalitaire. Bien que l'arabe reste l'unique langue officielle de jure, l'anglais l'est également de facto et il est indispensable pour vivre, travailler et interagir dans le paysage cosmopolite et international des Émirats arabes unis. En éducation et dans les emplois, c'est l'anglais qui est nécessaire, pas l'arabe qui est relégué aux relations familiales et interpersonnelles. Quant aux communautés non arabophones, elles sont dans l'obligation d'avoir recours à l'anglais devenu dans tout le pays la langue véhiculaire par excellence.
Les autorités ont adopté des lois pour enrayer la prédominance de l'anglais. C'est peine perdue dans la mesure où l'État continue d'accepter la concurrence de l'anglais, car l'arabe s'est révélé jusqu'ici incapable de tenir tête à cette langue beaucoup plus puissante. Les Émirats arabes unis sont pragmatiquement un pays parlant des langues arabes vernaculaires ou locales et qui pratiquent un bilinguisme anglo-arabe, dont les deux composantes ne sont pas des langues maternelles. Les Émirats sont un pays bilingue à prédominance anglaise tout en tenant d'assurer la pérennité à deux langues qui ne sont aucunement la langue maternelle de la population! Ce sera toujours la faiblesse des pays arabophones devant gérer quatre langues en concurrence: l'arabe vernaculaire, l'arabe standard moderne, l'arabe coranique et une langue étrangère (généralement le français ou l'anglais).
Alors que les Émirats arabes unis continuent de croître et de s'établir comme l'un des pays les plus attrayants au monde pour vivre, avec un impôt sur le revenu nul, un taux de criminalité très bas, une économie stable et un niveau de vie élevé, ils sont devenus une destination de choix pour les investisseurs, les hommes d'affaires et les expatriés à la recherche d'un style de vie luxueux et moderne. Dans ces conditions, la seule politique qui a des chances de réussir, c'est celle d'assurer aisément la prédominance de l'anglais. Au final, c'est la richesse du pays qui causera la perte de la langue vernaculaire émirienne.
Bibliographie
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