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Palestine La politique linguistiques |
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Les éléments fondamentaux 1.1 L'arabisation 1.2 La complexe législation palestinienne 2. L'administration publique 2.1 L'usage de l'arabe 2.2 Les indications toponymiques 2.3 Le paysage visuel 3
La justice palestinienne |
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L'éducation 4.1 Un système scolaire en miettes 4.2 L'enseignement des langues étrangères 4.3 Les études supérieures 4.4 Les faiblesses de l'enseignement 5. Les médias
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La politique linguistique n'est pas très élaborée pour l'Autorité de la Palestine et le Hamas. Néanmoins, il existe une réelle politique linguistique axée à la fois sur l'arabe et l'anglais. Jusqu'à présent, aucun projet de texte constitutionnel n'a abouti. Pour la préparation de la Constitution, en coopération avec des organismes civils, politiques et universitaires, un comité avait rédigé, vers la fin de décembre 2000, un premier projet de Constitution pour l'État de la Palestine. Il fut publié en février 2001. Un second, puis un troisième projet furent préparés et largement distribués pour permettre à un plus grand nombre de personnes de l'étudier.
1.1 L'arabisation
Ce troisième projet a été soumis Comité central palestinien, le 9 mars 2003. C'est ce texte qui pourrait donner une idée du statut de l'arabe en Palestine. L'article 5 proclamait que l'arabe est la langue officielle palestinienne. Cependant, une version modifiée de 2005 présente deux articles sur la langue, les articles 4 et 12:
Loi fondamentale de 2003 modifiée en 2005 Article 1 La Palestine, son peuple et son objectif La Palestine fait partie de la
Grande Patrie arabe, et le peuple arabe palestinien fait partie de
la nation arabe. L'unité arabe est un objectif que le peuple
palestinien s'efforce d'atteindre. La source du pouvoir Le peuple est la source du pouvoir et l'exerce par l'intermédiaire des autorités législative, exécutive et judiciaire, conformément au principe de séparation des pouvoirs, tel qu'il est énoncé dans la présente Loi fondamentale. Article 3 La capitale Jérusalem est la capitale de
la Palestine. 1) L'islam est la religion officielle de la Palestine, et toutes les autres religions révélées par Dieu doivent être respectées et vénérées. 2) Les principes de la Charia islamique constituent la principale source de la législation. 3)
L'arabe est la langue officielle. Le système de gouvernement Le système de gouvernement en Palestine est un système démocratique et parlementaire fondé sur le pluralisme politique et partisan. Le président de l'Autorité nationale est élu directement par le peuple, et le gouvernement est responsable devant le président et le Conseil législatif palestinien. Article 12 Les droits des personnes arrêtées ou détenues Toute personne arrêtée ou détenue doit être informée des motifs de son arrestation ou de sa détention. Elle doit être informée sans délai, dans une langue qu'elle comprend, des accusations portées contre elle. Elle doit pouvoir contacter un avocat et être jugée sans délai. |
Comme d'habitude, on ne précise pas de quel arabe il s'agit, mais c'est nécessairement l'arabe standard moderne, une forme d'arabe apprise à l'école, mais que pratiquement personne parle. Voir l'article sur les catégories d'arabe. Selon la Loi fondamentale, le système politique vise à être un État de droit, démocratique et fondé sur le pluralisme politique et partisan. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres!
1.2 La complexe législation palestinienne
La législation palestinienne est un droit appliqué en Palestine, lequel est influencé par les lois islamiques, ottomanes, françaises et britanniques, ainsi que par le droit jordanien et israélien. La Loi fondamentale palestinienne sert de constitution provisoire; elle garantit les droits de la personne et les libertés fondamentales, mais son application et son développement sont complexes, notamment en raison de l'occupation et de la division politique des territoires en deux entités, Gaza et la Cisjordanie. Le système juridique inclut également des juridictions ordinaires et religieuses, dont le Code pénal basé sur celui de la Jordanie, avec un droit de la famille spécifique aux confessions religieuses.
En fait, les lois qui ont été appliquées proviennent de nombreuses juridictions au cours de l’histoire : le droit coutumier, la loi ottomane, le droit britannique, le droit jordanien, le droit égyptien, sans oublier les lois israéliennes et enfin la Loi fondamentale de l’Autorité nationale palestinienne. Au lieu de chaque nouvelle loi qui abrogerait la précédente, presque toutes les anciennes lois sont en vigueur dans les territoires palestiniens, y compris les lois du Mandat britannique, les lois jordaniennes qui régissaient la Cisjordanie avant 1967 et les lois égyptiennes qui régissaient la bande de Gaza avant 1967, ainsi que les ordonnances militaires israéliens. Étant donné que la Palestine n'est pas un État de plein droit, certaines lois ottomanes, qui reflètent la législation islamique, incorporent également des éléments du droit européen, en particulier le droit français. Bref, c’est une situation assez déroutante.
Dans le cadre de cet article, il faudra se restreindre aux textes émis par le Conseil législatif palestinien (le Conseil législatif de l’État de Palestine), parfois signés par Yasser Arafat. Le Conseil législatif palestinien sert de Parlement; il est donc chargé de promulguer les lois et de superviser le pouvoir exécutif. Le Conseil législatif est composé de 132 membres élus par des élections libres parmi les Palestiniens de Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) et de la bande de Gaza. En principe, les lois sont discutées en arabe palestinien et en anglais, mais l'arabe étant la langue officielle de l'État de la Palestine, les lois officielles doivent être promulguées et adoptées dans cette langue, c'est-à-dire en arabe standard moderne.
Les structures administratives de la Palestine semblent relativement complexes et fonctionnent selon le modèle anglo-saxon. Elles sont constituées de l'Autorité nationale palestinienne composée de trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Le gouvernement, divisé en ministères et en services publics, tels que le Conseil général du personnel et le ministère des Collectivités locales, qui réglemente les collectivités locales, est également au cœur de ces structures. La division administrative comprend les gouvernorats de Cisjordanie et de la bande de Gaza, tandis que les structures administratives militaires israéliennes contrôlent certaines zones de Cisjordanie. Sous la tutelle du ministère des Collectivités locales, les autorités locales comprennent des unités dans les villes et les villages qui fournissent des services aux citoyens.
2.1 L'usage de l'arabe
L'Autorité palestinienne emploie en principe l'arabe moderne pour tout ce qui concerne l'administration écrite, mais l'arabe palestinien pour les communications orales. La Loi n° 4 portant promulgation de la Loi sur la fonction publique (1998) exige que toute personne nommée à un poste de la fonction publique soit palestinienne ou arabe, de sorte qu'elle pourra s'exprimer en langue arabe:
Article 24 Toute personne nommée à un poste doit être :
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La Loi palestinienne n° 7 du travail (2000) impose l'arabe dans les contrats et les conventions collectives
Article 28 Réglementation du contrat de travail, ses conditions et sa preuve Le contrat de travail
doit être rédigé en arabe
et préciser les conditions générales d'emploi, notamment le salaire,
le type de travail, le lieu et la durée. Il doit être signé par les
deux parties et une copie doit être remise au travailleur. Ce
dernier peut prouver ses droits par tout moyen de preuve légal. Définition d'une convention collective de travail Une convention collective de travail est un accord écrit en arabe conclu par les deux parties à une négociation collective, qui comprend des dispositions relatives à l'amélioration des conditions de travail et à l'augmentation de l'efficacité de la production. |
Cependant, l'anglais est couramment employé, presque autant que l'arabe, surtout dans les relations internationales. Rappelons que, pendant le Mandat britannique, l'anglais avait été la principale langue du gouvernement, ce qui a laissé des traces. L'administration cisjordanienne emploie également l'hébreu dans ses relations avec l'État d'Israël, mais dans ses communications avec les citoyens, l'arabe palestinien est la pratique générale à l'oral.
2.2 Les indications toponymiques
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Il n'existe pas de loi régissant la toponymie en Palestine, alors que les noms de lieux sont sujets à une lutte d'identité et d'histoire entre les récits palestinien et hébreu. De son côté, Israël cherche à «hébraïser» les noms arabes et à effacer l'identité palestinienne en recourant à des noms hébreux d'origine biblique, tandis que l'Autorité palestinienne et les citoyens palestiniens se préoccupent de préserver les noms arabes originaux comme preuve de leur présence historique et culturelle. Or, l'hébraïsation des toponymes est considérée comme un crime culturel et une violation flagrante du droit international, qui exige la conservation et la protection des biens culturels et de l'identité des peuples. Les Palestiniens défendent leur droit à nommer leurs terres et leurs symboles culturels et historiques par des campagnes de résistance et de sensibilisation. et les panneaux de signalisation sont à la fois en arabe (classique) et en anglais. Beaucoup de commerçants affichent également dans ces deux langues. |
2.3 Le paysage visuel
Le paysage visuel en Cisjordanie se présente avec peu d'affiches, du moins dans les zones sous juridiction de l'Autorité palestinienne. Les enseignes du gouvernement sont en arabe et en anglais, parfois uniquement en arabe. Il en est ainsi des municipalités. Les panneaux de la circulation routière sont généralement en hébreux, en arabe et en anglais. Les entreprises privées affichent des enseignes bilingues (arabe-anglais) ou uniquement en arabe.
Le système judiciaire palestinien apparaît assez complexe dans la mesure où il mêle les tribunaux nation aux, les tribunaux coutumiers, les tribunaux civils et ceux de la Charia. De plus, la Cour pénale internationale a aussi été saisie de certaines causes concernant les territoires palestiniens depuis 2015.
3.1 La langue des tribunaux
Selon l'article 4 de la Loi n° 5 sur la formation des tribunaux ordinaires (2001), la langue des tribunaux est l'arabe.
Article 4 La langue des tribunaux est l'arabe. Le tribunal doit entendre les déclarations des parties ou des témoins qui ne maîtrisent pas l'arabe par l'intermédiaire d'un interprète, après que la partie a prêté serment. |
Il en est ainsi dans la Loi n° 1 sur le pouvoir judiciaire (2002), ce qui implique que les juges doivent connaître l'arabe:
Article 4 Langue des tribunaux La langue des tribunaux est
l'arabe. Le tribunal doit
entendre les plaidoiries des parties ou des témoins qui ne le
maîtrisent pas, par l'intermédiaire d'un interprète, après leur
prestation de serment. Conditions de nomination des
juges
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Le plus récent Décret-loi n° 39 sur la formation des tribunaux ordinaires (2020) im pose également l'arabe et les services d'un interprète au besoin:
Article 2 1) La langue des tribunaux est l'arabe. 2) Le tribunal doit entendre les déclarations des parties ou des témoins qui ne parlent pas l'arabe par l'intermédiaire d'un interprète après la prestation de serment. |
3.2 Les autres langues
Enfin, l'article 22 de la Loi n° 3 sur l'arbitrage (2000) autorise une autre langue avec l'accord de toutes les parties:
Article 22 L'arabe comme langue d'arbitrage 1) L'arbitrage doit se dérouler en arabe, sauf par un accord contraire des parties. En cas de pluralité de langues entre les parties au litige, le tribunal arbitral peut déterminer la ou les langues qu'il adoptera. 2) Le tribunal arbitral peut exiger d'une partie qu'elle soumette des documents écrits traduits dans la ou les langues qu'il reconnaît. 3) Le tribunal arbitral peut faire appel à un traducteur agréé lorsque les parties au litige s'expriment en plusieurs langues. |
En matière de justice, l'arabe standard moderne, l'arabe palestinien et l'anglais sont les langues généralement employées à l'oral. Dans les faits, il est possible d'utiliser d'autres langues, comme l'hébreu, le français, l'italien, etc., en ayant recours à un interprète. Rappelons que le système judiciaire palestinien résulte d'un mélange des anciennes lois ottomanes, britanniques, égyptiennes, jordaniennes et israéliennes, avec quelques ajouts de l'Autorité palestinienne. Dans les faits, il est peu performant et n'assure que difficilement la sécurité juridique des personnes civiles et morales. La communauté internationale a souvent proposé des réformes au système judiciaire palestinien afin d'assurer son indépendance face aux politiciens et de respecter l’État de droit.
De plus, le système judiciaire palestinien n'a jamais convaincu la majorité de la population d'avoir recours à ses services. Le droit tribal, c'est-à-dire la loi coutumière, demeure encore omniprésent en Palestine. Lorsqu'il faut régler des problèmes tels que le viol, le meurtre, le vol, le désaccord sur les propriétés, etc., les Palestiniens ont tendance à faire appel à la loi coutumière (en arabe 'urf : «qui est connu») plutôt qu'aux tribunaux. S'exerçant en dehors de tout tribunal civil ou religieux et faisant appel aux «comités de conciliation» (lijân al-islâh), la loi coutumière est basée sur un ensemble de traditions orales et faites de coutumes tribales, ainsi que de préceptes religieux dont les racines sont parfois antérieures à l'islam lui-même. Bref, le système judiciaire palestinien aurait grand besoin d'être entièrement revu.
Le système scolaire en Cisjordanie, sous l'administration palestinienne, est structuré en enseignement primaire, intermédiaire et secondaire, mais il est fortement impacté par les conflits et restrictions de mouvement, qui ont entraîné la fermeture d'écoles et l'augmentation des absentéismes scolaires et des pertes d'apprentissage, selon l'UNICEF.
4.1 Un système scolaire en miettes
Le système d'éducation est complètement détruit à Gaza avec 45 000 enfants du primaire qui ne trouvent plus d'écoles, bien qu'on trouve des moyens de fortune pour instruire les enfants entre deux obus, alors qu'en Cisjordanie les écoles subsistent avec un taux de scolarisation relativement peu élevé. En effet, seuls 49 % des enfants terminent le primaire et 48 %, le secondaire. Soulignons aussi que l'éducation palestinienne a souffert de multiples arrêts dans la mesure où l'armée israélienne a imposé des fermetures de territoires qui ont empêché et empêchent encore les élèves et les professeurs de se rendre à leur école pour de longues périodes.
Violence, fermetures d’écoles et manque de financement menacent l’avenir des enfants palestiniens. Le gouvernement israélien se permet des «bombardements aléatoires» dans lesquels des chars, des avions et des hélicoptères sont utilisés, ce qui occasionne des fermetures d'écoles, sinon des entrées par la force dans les écoles de la part des soldats israéliens. Chaque jour depuis octobre 2023, entre 8% et 20% des écoles de Cisjordanie ont été fermées. Même lorsque les écoles ne ferment pas, la peur de la violence, les restrictions de circulation et les problèmes de santé mentale ont conduit de nombreux élèves à manquer l’école, ce qui aggrave les difficultés d’apprentissage. Dans un pays continuellement en guerre, le système d'éducation ne peut qu'être déficient.
La Loi palestinienne n° 1 sur l'éducation (2013) privilégie bien sûr l'enseignement de l'arabe standard moderne.
Article 5 Le système éducatif vise à atteindre les objectifs suivants :
Article 16 Selon les objectifs stipulés à l'article 5 de la présente loi, l'éducation de base vise à permettre à l'élève:
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4.2 L'enseignement des langues étrangères
L'enseignement des langues étrangères est important en Palestine, c'est une ouverture sur le monde. Évidemment, l’anglais est la première langue étrangère pour des raisons historiques, mais le français est devenu la deuxième langue étrangère depuis 1995, avec l’installation de l'Autorité palestinienne, et le retour de centaines de Palestiniens francophones dans la bande de Gaza. Cependant, depuis la guerre avec le Hamas, l'éducation est inexistante dans la bande de Gaza.
Au cours du Mandat britannique, il y a eu une prolifération d'écoles primaires, secondaires et professionnelles, dirigées par des communautés religieuses occidentales. Ces écoles dispensaient leur enseignement en anglais et en hébreu, mais aussi en français, en italien, en allemand et en espagnol. Cette tradition est demeurée en Cisjordanie. Beaucoup d'écoles privées et certaines universités palestiniennes tentent de promouvoir un certain multilinguisme. Beaucoup d'étudiants apprennent, en plus de l'anglais, certaines langues européennes comme le français, l'allemand, l'espagnol et l'italien, surtout lorsqu'ils se destinent à des carrières telles que la gestion des hôtels ou des restaurants ainsi que dans le tourisme. Cela dit, l'anglais est aujourd'hui la première langue étrangère enseignée aux Palestiniens: elle est apprise en public, dans les écoles privées, dans les universités et les centres éducatifs partout en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. C'est que la connaissance de l'anglais est perçue comme une marque de prestige social et un indice d'une appartenance sociale supérieure.
L'objectif général du programme de langue anglaise palestinienne est la communication globale en mettant l'accent sur l'apprentissage de la culture associée à la langue anglaise. Ses buts généraux contiennent trois objectifs :
1) développer la compréhension et l'appréciation interculturelles;
2) favoriser la compréhension et développer la sensibilité culturelle à la culture de la langue cible et à d'autres milieux culturels;
3) développer le respect des autres chez les élèves, c'est-à-dire avoir le sens de la valeur des autres, en particulier ceux issus de milieux sociaux, culturels et familiaux différents du leur, et en les encourageant à rejeter les stéréotypes sexuels, raciaux et ethniques. Il y a une seule exception: le respect ne concerne pas les Juifs.
L'enseignement de l'anglais est obligatoire dans toutes les écoles palestiniennes. Ainsi, dans la bande de Gaza, l'anglais est demeuré jusqu'à récemment la seule langue étrangère enseignée dans les écoles. En Cisjordanie, il est possible d'enseigner aussi l'hébreu et d'autres langues. Outre le latin et le grec ancien, certains monastères enseignement des langues comme l'arménien, l'assyrien, le copte et l'abyssinien.
Il n'en demeure pas moins que beaucoup de Palestiniens ont
appris l'hébreu, car c'est la principale des affaires et du commerce entre
les Israéliens et les Palestiniens. Ceux qui désirent travailler dans des
hôtels et des restaurants, dans l'industrie de la construction où les
marchés publics ont appris l'hébreu. De nombreux ouvriers palestiniens ont
trouvé du travail en Israël et ont acquis une certaine connaissance de
l'hébreu parlé, mais généralement aucune de l'hébreu écrit. De façon
générale, lorsque les Palestiniens apprennent l'hébreu, ils l'apprennent de
façon informelle, c'est-à-dire lors de contacts directs avec les Juifs
israéliens, que ce soit dans les travaux manuels, les transactions
commerciales ou dans les... prisons. Bref, l'hébreu n'est que peu enseigné
dans les écoles.
En plus des écoles privées et des universités, il existe des monastères qui
peuvent dispenser un enseignement dans d'autres langues.
4.3 Les études supérieures
Dans l'enseignement supérieur, le Décret-loi n° 6 sur l'enseignement supérieur (2018) insiste sur l'arabe comme langue d'enseignement, mais l'anglais
Article 4 Objectifs de l'enseignement supérieur L'enseignement supérieur vise à atteindre les objectifs suivants :
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Dans les universités, par exemple l'Université polytechnique de Hébron et l'Université nationale An-Najah de Naplouse, les cours sont donnés à la fois en arabe classique et en anglais. Il est donc impossible de poursuivre des études universitaires en Palestine sans connaître ces deux langues.
Grâce à l'arabe standard, connue sous le nom d'al-Fuṣḥā (signifiant «arabe éloquent»), les relations avec les pays arabes de la région peuvent être maintenues, tandis que l'hébreu et l'anglais peuvent servir de moyen de communication avec Israël, qui demeure partie intégrante de la réalité géopolitique palestinienne. La connaissance d'autres langues étrangères serait nécessaire pour entretenir des contacts avec d'autres régions du monde. Pour des raisons historiques, la Palestine a toujours été en contact avec de nombreux pays du monde, probablement plus que la plupart des autres pays arabophones. Il reste à voir comment sera résolue, d'une part, la bataille actuelle entre l’arabisation et le fondamentalisme musulman, d’autres parts, l’occidentalisation et la désécularisation, mais quelle que soit l’issue la Palestine ne peut guère se permettre de se détourner du reste du monde.
4.4 Les faiblesses de l'enseignement
Cependant, la situation de la langue anglaise en Palestine est entourée de plusieurs problèmes et la qualité de l'enseignement en anglais s'en ressent. L’un des problèmes de l’enseignement de l’anglais est qu’il souffre d’un manque de matériel et de ressources pédagogiques. De plus, les étudiants sont confrontés au manque d’accès à la technologie et à l’instabilité de l’Internet, lesquels constituent d’autres facteurs ayant un impact négatif sur l’enseignement et l’apprentissage de l’anglais dans les écoles publiques palestiniennes. Par ailleurs, surtout à Gaza, les étudiants ont très peu de possibilités de pratiquer réellement la langue. Il s'agit d'un autre obstacle à l’apprentissage et à l’enseignement de l’anglais, car celui-ci se fait dans un vide culturel qui donne l’impression que ce n'est pas pertinent ni nécessaire.
En conclusion, tous ces problèmes ont un impact sur la qualité de l’enseignement de l’anglais en Palestine. Par conséquent, les étudiants obtiennent leur diplôme d’études secondaires avec de faibles compétences en anglais.
- La scolarité
En dépit d'une pauvreté endémique, les Palestiniens affichaient jusqu'à récemment un taux d'alphabétisation relativement élevé, soit 94,6% des personnes de 15 ans et plus, sachant lire et écrire. Avec sa population jeune croissante et ses taux élevés de fréquentation scolaire, la Cisjordanie et Gaza disposent d’une offre abondante de main-d’œuvre instruite et qualifiée. Selon le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS), la population totale de la Cisjordanie et de Gaza en décembre 2022 était d'environ 5,35 millions, dont 3 millions en Cisjordanie et 2,3 millions à Gaza. En 2025, le système d'éducation à Gaza est en lambeaux, celui en Cisjordanie, sur respirateur artificiel
- Les manuels de classe
Il existe un certain nombre de rumeurs plus ou moins fondées au sujet de la qualité des manuels scolaires en Palestine. Beaucoup de Juifs estiment que, depuis que l'Autorité palestinienne est responsable de l'éducation (1994), les enfants apprendraient dans leurs manuels à considérer Israël comme «l'ennemi diabolique colonialiste qui a volé leurs terres». On dit que les professeurs «n'enseignent pas l'acceptation de l'existence d'Israël au niveau national» et qu'ils «n'incitent pas à la tolérance envers les Juifs au niveau personnel».
Or, une journaliste américaine, Deborah Sontag du New York Times, a visité une école palestinienne à Ramallah, le 7 septembre 2000. Elle a affirmé n'avoir pas trouvé d'évidences de ces lavages de cerveau ou d'incitations anti-juives dans les nouveaux manuels publiés en arabe classique par l'Autorité palestinienne. Une équipe de chercheurs de l'Institut Harry S. Truman pour le progrès de la paix (de l'Université hébraïque de Jérusalem), conduite par la Dre Ruth Firer, a démontré que les nouveaux livres contiennent «moins de stéréotypes négatifs des Juifs et d'Israël que les livres d'origine jordanienne ou égyptienne». Il est vrai que les manuels scolaires palestiniens visent à créer une forte identité palestinienne, arabe et musulmane, chez les élèves, mais ils ne feraient référence, ni en bien ni en mal, à l'histoire judaïque.
De fait, l'Autorité palestinienne a publié deux séries de manuels scolaires. La première série de 1994 («Éducation nationale») était destinée à remplacer les manuels égyptiens et jordaniens utilisés jusqu'alors; elle ne contenait ni racisme ni d'incitation au racisme, et ne mentionnait pas d'autres territoires palestiniens que ceux des «territoires occupés» par Israël en 1967. Les manuels apparaissaient fort discrets au sujet de la plupart des problèmes politiques. La seconde série de manuels présente un programme d'études complet pour tout le primaire. Ces nouveaux manuels, tout en brisant certains silences dans les anciens manuels, continuent de traiter les points sensibles de la région avec une grande circonspection. Un Israélien, Akiva Eldar, écrivait dans le journal Haaretz du 2 janvier 2001 : «Les Palestiniens sont blâmés, alors qu'ils devraient en fait être félicités.»
Bref, les nouveaux manuels semblent exempts de racisme et d'antisémitisme. Loin d'encourager les enfants à la violence, ces mêmes manuels demandent aux enfants de faire des sacrifices pour leur religion et leur pays (comme on le fait en Israël et aux États-Unis). De plus, tous les textes font de l'islam «la religion officielle de l'État». Il ne faut pas oublier que, en Palestine, les réalités politiques étant confuses et complexes, les éducateurs peuvent avoir d'énormes difficultés à expliquer la situation aux enfants. Si les programmes scolaires palestiniens ne constituent pas un «programme de guerre», il ne correspond pas non plus à un «programme de paix».
Dans l'ensemble, les médias palestiniens sont relativement bilingues. Dans la presse écrite, les principaux journaux nationaux sont en arabe: Al Ayyam (Ramallah), Al Hayat Al Jadedah (Jérusalem) , Al Manar (Jérusalem), Al Quds (Jérusalem) et Fasl Al Maqal (Ramallah). D'autres sont en anglais tels que le Jerusalem Times et le Bethlehem News. Certains journaux étrangers, publiés en anglais, sont disponibles dans les territoires: le Palestine Times et le Washington Post Gaza Strip West Bank. La plupart des journaux locaux de Gaza (Amlalommah) et dans certaines villes israéliennes sont en arabe.
Dans les médias électroniques officiels, l'arabe classique, l'arabe palestinien et l'anglais sont largement employés. Les Palestiniens peuvent capter quotidiennement les émissions radiophoniques et télévisées diffusées en arabe par Israël. Les stations de télévision et de radio du Hamas, toutes deux basées à Gaza, proposent une gamme d'émissions comprenant des informations, des drames et même des divertissements pour enfants. Toutefois, son contenu pour enfants comporte des personnages animés qui meurent aux mains de l'armée israélienne ou à cause de la politique israélienne.
L'Autorité palestinienne, comme le Hamas à Gaza, ne peut avoir une politique linguistique très élaborée en raison de sa situation particulière: la Palestine ne constitue pas encore un État et elle ne possède pas tous les pouvoirs et privilèges d'un État souverain. Néanmoins, l'Autorité de la Palestine a orienté tant bien que mal sa politique vers l'arabisation tout en restant tributaire de l'anglais depuis la fin du Mandat britannique. C'est donc une politique encore en voie d'élaboration et, en ce sens, elle ressemble un peu à celle de plusieurs autres États arabes qui commencent cependant à rattraper le temps perdu en essayant de promouvoir la langue arabe avec plus ou moins de succès, car elles doivent encore assumer la concurrence de la langue coloniale, l'anglais en général, mais aussi le français.
D'une part, cette politique promeut une langue officielle qui n'est parlée par personne (l'arabe littéral), d'autre part, elle ne favorise que fort peu la langue des Palestiniens, l'arabe palestinien. La Palestine, en Cisjordanie comme à Gaza, est restée attachée à la langue coloniale, l'anglais. Cette politique linguistique ne laisse aucune place aux communautés minoritaires habitant le territoire. Il faut avouer que les circonstances actuelles ne sont guère favorables au maintien ou à la reconnaissance des droits linguistiques à l'égard des Juifs ou à tout autre groupe minoritaire. On oublie aussi que la Palestine favorise la concurrence de l'anglais, une langue plus forte que l'arabe, ce qui ne peut que défavoriser l'arabe local.
Si la Palestine devenait un État de droit, si elle vivait en paix à côté de son puissant voisin, il est certain que la politique linguistique changerait. Pour ce faire, il faudrait au préalable avoir réglé la question des colonies de peuplement juives et solutionner les conflits entre l'Autorité palestinienne et le Hamas. Parce que si les Palestiniens demeurent ainsi divisés, ils ne sont pas au bout de leurs peines! En attendant, l'Autorité palestinienne ne peut que se contenter d'une politique sectorielle limitée, pour l'essentiel, à l'éducation. Même dans ce secteur, des améliorations demeurent possibles, mais il faudrait que le futur État palestinien s'ouvre davantage sur d'autres langues que l'anglais qui risque de neutraliser toute tentative de promouvoir l'arabe.
Compte tenu de sa situation géographique et de l'imbrication des Israéliens et des Palestiniens, la Palestine aurait intérêt à faire de la place à l'hébreu et à d'autres langues occidentales (que l'anglais). Dans un monde idéal, on peut espérer qu'un jour des accords de réciprocité entre l'État juif et l'État palestinien puissent favoriser tant l'arabe que l'hébreu dans les deux pays. Pour le moment, c'est encore une vue de l'esprit totalement virtuelle! Quant à Gaza, c'est la liquéfaction d'un semblant d'État conduit par des dirigeants extrémistes incapables de s'adapter à la réalité géopolitique; ils ne peuvent accepter que des êtres «maudits par Allah» puissent habiter en «terre musulmane»! Sauf que la terre musulmane a déjà été une terre «juive» avant les conquêtes arabes. Répétons-le, Arabes et Israéliens ont tous deux de bonnes raisons de revendiquer le même territoire qu'ils refusent de partager. Les deux peuples ne disparaîtront pas à coup de roquettes ou de prières, mais ils veulent un État ethnocentrique et religieux, ce qui suppose l'exclusion réciproque. Le désastre que sont devenus Gaza et les autres territoires palestiniens démontre, comme dans d'autres cas, que les religions peuvent aussi apporter plus de mal que de bien.
L'État palestinien n'est pas pour demain, car bien que certains présidents américains aient favorisé dans le passé la création d'un État palestinien, ils se sont heurtés à l'intransigeance du gouvernement israélien, surtout celui de Netanyahou inféodé aux juifs ultra-orthodoxes. Et les Israéliens ne semblent pas vouloir se faire dicter leur conduite par un président américain qui leur fournit les armes pour se défendre (ou se venger). De leur côté, les Palestiniens n'ont rien à attendre de la part d'un président américain prisonnier d'un électorat juif qui pourrait le faire tomber. De plus, l'Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas à Gaza sont à couteaux tirés comme des rivaux en guerre!
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(1) Données factuelles |
(2) Données historiques |
(3) La politique linguistique |
(4) Bibliographie |