L'Autorité palestinienne
Palestine

Données factuelles

 

Capitale: Jéricho / Gaza (provisoire)
Population: 5,4 millions (est. 2023)
Langue officielle: arabe (de facto)
Groupe majoritaire: arabe palestinien (81,5 %)
Groupes minoritaires:  hébreu (16,1 %), arabe égyptien (0,9 %), arabe levantin de l'Est (0,5 %), arabe syrien ou levantin du Nord (0,3 %), néo-araméen de l'Ouest, italien, français, allemand, adyghéen, grec, tsigane domari, arménien, assyrien, arabe levantin du Sud, etc.
Système politique:  Territoire autonome sous occupation israélienne
(en attente d'être souverain)
Articles constitutionnels (langue): art. 4 et 12 de la Loi fondamentale de 2003-2005
Lois linguistiques: 
Loi n° 4 portant promulgation de la Loi sur la fonction publique (1998); Loi n° 3 sur l'arbitrage (2000); Loi palestinienne n° 7 du travail (2000); Loi n° 5 sur la formation des tribunaux ordinaires (2001); Loi n° 1 sur le pouvoir judiciaire (2002); Loi palestinienne n° 1 sur l'éducation (2013); Décret-loi n° 6 sur l'enseignement supérieur (2018); Décret-loi n° 39 sur la formation des tribunaux ordinaires (2020).

1 Situation générale
1.1 La Palestine actuelle
1.2 La Cisjordanie enclavée
1.3 La bande de Gaza

2 Données démolinguistiques
2.1 L'arabe et les langues sémitiques
2.2 L'arabe palestinien
2.3 Les réfugiés palestiniens
2.4 Les autres communautés linguistiques

1 Situation générale

Dans le monde francophone, le terme «Palestine» est employé depuis plusieurs siècles pour désigner le territoire situé géographiquement entre la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain, y compris la bande de Gaza. Son nom provient des Philistins: un peuple indo-européen arrivé par la mer (les inscriptions égyptiennes parlent de « peuples de la mer ») en provenance d'Europe, alors soumise à la famine en raison de grandes éruptions volcaniques. Au contact des autres peuples de la Palestine historique qui parlaient des langues sémitesles Philistins ont adopté une langue cananéenne. Toutes ces langues (araméen, ammonite, cananéen, moabite, édomite, etc.) avaient plus de similitudes avec l'hébreu qu'avec l'arabe moderne. Étant polythéistes, les Philistins furent ennemis des Israélites monothéistes. Des exégètes comme le théologien Albrecht Alt (1883-1956) supposent que les Hébreux étaient, à l'origine, des Égyptiens adeptes du dieu unique Aton, persécutés par le clergé polythéïste, et qui se seraient pacifiquement infiltrés en Palestine, adoptant eux aussi une langue sémitique.

Dans l'Antiquité, à l'âge du fer, la Palestine historique avait une superficie beaucoup plus grande que celle d'aujourd'hui, car elle englobait non seulement la Palestine actuelle, mais également une grande partie de la Jordanie et de la Syrie contemporaines. Elle englobait donc la côte orientale de la Méditerranée (Samarie et Judée), sans la bande de Gaza occupée par les Philistins.

La Palestine comprenait aussi de petits royaumes sémites à l'est du Jourdain: Aram-Damas, Ammon, Moab, Édom, soit une portion du territoire de la péninsule Arabique. À l'ouest du Jourdain, on trouvait le royaume d'Israël, le royaume de Judée, ainsi que les États philistins

La plupart des peuples de la Palestine historique parlaient des langues sémites, y compris les Philistins, quoique d'origine indo-européenne au départ, qui ont changé de langue pour adopter une une langue cananéenne. Toutes ces langues (araméen, ammonite, cananéen, moabite, édomite, etc.) avaient de similitudes davantage avec l'hébreu qu'avec l'arabe.

1.1 La Palestine actuelle

Aujourd'hui, la Palestine compte une portion de territoire près de la Méditerranée, la bande de Gaza (360 km²), et une autre partie, la Cisjordanie (5800 km²), appelée en anglais West Bank, sans oublier le fait qu'il existe de nombreux villages palestiniens en Israël même. La superficie de la Palestine actuelle est de 6160 km² Israël: 20 770  km²; Liban: km²; Jordanie: 92 300 km²; Égypte: 1 001 450 km².

Juridiquement, la Palestine n'existe pas comme État, indépendant ou non, car son statut n'est pas définitif. La Cisjordanie et la bande de Gaza, qui forment aujourd'hui la Palestine, font partie des «territoires occupés» par Israël. Deux partis politiques représentent les Palestiniens: le Fatah et le Hamas. En principe, c'est l'Autorité palestinienne qui représente les habitants arabes comme gouvernement du «pays».

Cette «Palestine» fragmentée a été créée en 1993 par les accords d'Oslo, afin de négocier avec Israël un accord final sur le conflit opposant Israël et la Palestine. Elle a un président et une assemblée élue au suffrage universel, une police et des représentants dans plusieurs pays. La capitale provisoire est Jéricho. L'Autorité palestinienne revendique Jérusalem-Est (Al-Qods) comme capitale d'un futur État palestinien.

Rappelons que l'Autorité palestinienne n'exerce actuellement que des pouvoirs limités dans une portion de la Cisjordanie (car il y a des enclaves de colonies juives) et que c'est le Hamas qui gère la bande de Gaza depuis 2007 depuis sa victoire aux élections législatives de 2006 et l'éviction de l'Autorité palestinienne à la suite d'une brève guerre civile.

1.2 La Cisjordanie enclavée

Les Territoires palestiniens, tous occupés par Israël (sauf Gaza), se composent de deux zones séparées géographiquement par plus de 50 km de territoires israélien:
 

1) la Cisjordanie, dont les 5800 km² (équivalant au sixième de la Suisse) sont enfermés entre Israël et la Jordanie, et qui comprend Jérusalem-Est  (72 km²); la Cisjordanie est bordée à l’est par la rive occidentale du Jourdain, à l’ouest par la «ligne verte», la frontière israélo-jordanienne avant l’invasion israélienne; la Cisjordanie un territoire aride qui n’offre pratiquement aucune ressource naturelle; dans ce territoire, vivent plus 2,5 millions de Palestiniens encerclés par les colonies juives;

2) la bande de Gaza (360 km²) fait frontière avec l'Égypte et s'étire sur quelque 55 km le long de la mer Méditerranée; cette région, aujourd'hui détruite à plus de 80%, est composée d'un territoire de dunes de sable, où s’entassent environ deux millions de Palestiniens.

En Cisjordanie, les villes où l'Autorité palestinienne est responsable des affaires civiles et de la sécurité sont : Jénine, Tulkarem, Qalqiliya, Naplouse, Bethléem, Jéricho, Ramallah et Hébron.

Cependant, depuis la création d'Israël en 1948, la bande de Gaza et la Cisjordanie ont toujours été occupées par les Forces armées d'Israël. Celle-ci a évacué Gaza en août 2005, ainsi que les 21 colonies juives. La carte de gauche illustre ce qu'était la Cisjordanie en 2020 tant que territoire, en principe sous le contrôle de l'Autorité palestinienne. En fait, la discontinuité territoriale caractérise l’État palestinien «en gestation», divisé en différentes zones: les colonies juives de peuplement (en rouge), les zones sous contrôle de l'Autorité palestinienne (en vert) et les zones sous contrôle de l'armée israélienne (en rose et en mauve). Mais la Palestine est dirigée par deux factions rivales: l'Autorité palestinienne contrôle en principe la Cisjordanie; le Hamas, la bande de Gaza.

Les colonies juives semblent particulièrement en expansion dans Jérusalem-Est. La population totale des colons juifs est désormais de 436 000, dont 190 000 à Jérusalem et 246 000 en Cisjordanie. Comme on le constate, les Forces armées israéliennes se sont réservé des zones et des couloirs pour «protéger» les colonies de peuplement juives. Il devient alors difficile pour l'Autorité palestinienne d'exercer un contrôle efficace sur ses ressortissants. Depuis septembre 1993, l’État d'Israël a intensifié ses travaux d’infrastructure afin de consolider sa mainmise en Cisjordanie, aujourd'hui truffée de routes de contournement qui permettent, sans traverser les principales enclaves palestiniennes, de relier entre elles la plupart des colonies juives. Fait à noter: les colons juifs sont armés jusqu'aux dents!

1.3 La bande de Gaza

Limitée au nord et à l'est par le territoire israélien, à l'ouest par la Méditerranée et au sud par l'Égypte, la bande de Gaza est un territoire exigu de 362 km² long de 41 km et large de 6 à 12 km. S'y entassent (ou s'y entassaient) deux millions de Palestiniens, soit l'une des plus fortes densités de population au monde. Avec les frappes israéliennes depuis un an, la situation est aujourd'hui très différente.

En droit international, il s'agit d'un «territoire occupé». Par conséquent, cette enclave palestinienne, constituée de réfugiés ou de descendants de réfugiés qui ont déjà été ethniquement nettoyés et expulsés de leurs foyers et de leurs terres, abrite une population pauvre et surpeuplée, soumise par Israël à un sévère blocus.

La carte ci-contre illustre le découpage administratif de la bande de Gaza avant la guerre de novembre 2023. Or, plus de 100 000 bâtiments ont été détruits par les frappes d'Israël, c'est-à-dire près de 80% des bâtiments, ce qui aura pour effet de rendre ce petit territoire pratiquement invivable. Les commerces, les pharmacies, les hôpitaux, les marchés publics visés, les cimetières, les établissements d'enseignement, y compris les universités et les collèges universitaires, ainsi que les centres d’accueil, les bureaux de l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), les infrastructures, tout a été visé et détruit. L’ampleur de la catastrophe atteint des niveaux sans précédent. On peut se demander qui paiera pour la reconstruction de Gaza?

Selon un rapporteur de l'ONU, cette destruction massive constituerait un crime de guerre, car elle rend le territoire «inhabitable». L’ensemble de la population a été déplacé, souvent plusieurs fois. Ce genre de campagne militaire a généralement comme objectif d'encourager la population touchée à se soulever contre ses dirigeants, mais cela n'a jamais fonctionné avec les Palestiniens. 

- Les occupations étrangères

Le territoire actuel de la bande de Gaza est depuis longtemps occupé par des puissances étrangères. Après l'Empire romain et l'Empire byzantin, ce fut en 1517 la domination de l'Empire ottoman. En 1832, les Ottomans firent entrer Gaza sous administration égyptienne au sein de leur empire, jusqu'à la Première Guerre mondiale, alors que la Grande-Bretagne occupa la région après le 7 novembre 1917. L'Égypte occupa Gaza en 1948 et l'annexa en 1949. Au début de la guerre des Six Jours (juin 1967), Israël s'empara de la bande de Gaza pour la coloniser et l'occuper militairement pendant trente-huit ans. Après la seconde Intifada, Israël mit fin à la colonisation de la bande de Gaza et en septembre 2005, les troupes et les colons israéliens quittèrent le territoire.

- L'élection du Hamas

Le drapeau palestinien fut hissé de nouveau dans la bande de Gaza, mais l'espace aérien et maritime ainsi que la quasi-totalité des frontières demeurèrent sous contrôle israélien. Lors des élections parlementaires palestiniennes de 2006, le Fatah, qui dominait la politique palestinienne depuis sa création dans les années 1950, subit la défaite aux mains du Hamas, ce qui reflétait certainement des années d'insatisfaction à l'égard du Fatah, critiqué pour son inefficacité et sa corruption. Le terme de "Hamas" un acronyme partiel de l'arabe harakat al-muqâwama al-'islâmiya, ce qui signifie littéralement «Mouvement de résistance islamique». Il s'agit donc d'un gouvernement islamiste et nationaliste palestinien, qui est constitué d'une branche politique et d'une branche armée appelée les «brigades Izz al-Din al-Qassam». Cependant, c'est la branche armée qui a pris le contrôle de la bande de Gaza.

Au lieu de gérer la bande de Gaza «en bon gouvernement», le Hamas s'est armé pour combattre Israël avec l'aide notamment de l'Iran, l'objectif ultime étant l'instauration d'un État palestinien dans toute la région, ce qui supposait la disparition de l'État d'Israël. Malgré la suppression des colonies juives, les Palestiniens de Gaza, appelés "Gazaouis", restent soumis au contrôle effectif de l’armée israélienne qui a conservé la possibilité de pénétrer à volonté dans la bande de Gaza. Celle-ci est peut-être «libérée» à l’intérieur, mais elle est assiégée de l’extérieur. De fait, le retrait israélien a simplement transformé la bande de Gaza en une immense prison à ciel ouvert.

Aujourd'hui, les infrastructures de Gaza sont un désastre, avec l'eau potable et l'électricité rarissimes et l'insécurité alimentaire généralisée. Les services sociaux gouvernementaux sont devenus pratiquement inexistants. Cette privation est alimentée, en partie, par un blocus long et partiel du territoire maintenu par Israël et l’Égypte, mais aussi par la mauvaise administration du Hamas trop occupée à acheter des armes, à creuser des tunnels et à combattre les Israéliens. Cependant, le chef du Hamas vit confortablement au Qatar à l'abri des bombes; il est devenu millionnaire, comme d'autres dirigeants du mouvement militariste, en prélevant une taxe de 20% sur tous les biens entrant à Gaza. Les Gazaouis ne sont certainement pas au bout de leurs peines avec «un aussi bon gouvernement», car ils sont pris en souricière.

Le Hamas est en fait «le pire ennemi des Palestiniens» au lieu d'être leur libérateur, car il sert de courroie de transmission pour une dictature théocratique islamiste, l'Iran. Sans représentation démocratique, les Palestiniens demeurent les prisonniers de leur propre gouvernement. Et ils n'ont guère     le choix! Comme le régime iranien, le Hamas semble le porteur d'une idéologie islamiste antidémocratique, ultrareligieuse et violente, antisémite, prônant la soumission des femmes et des minorités.  

- La Charte du Hamas

Le 18 août 1988, le Hamas a publié la Charte afin de présenter l’idéologie islamiste de son organisme palestinien. Elle comprend 36 articles répartis en cinq chapitres. En 2017, elle fut remplacée par une nouvelle charte: un texte de «principes généraux et politiques». Malgré son caractère solennel, elle n’a jamais constitué par le Hamas comme juridiquement dotée d’un statut de référence contraignante.

Article 14

Le projet sioniste est un projet raciste, agressif, colonial et expansionniste basé sur la saisie des propriétés d'autrui; il est hostile au peuple palestinien et à son aspiration à la liberté, à la libération, au retour et à l'autodétermination. L’entité israélienne est le jouet du projet sioniste et sa base d’agression.

Article 15

Le projet sioniste ne cible pas uniquement le peuple palestinien; c'est l'ennemi de l'Oumma arabe et islamique, qui représente une grave menace pour sa sécurité et ses intérêts. Il est également hostile aux aspirations de l'Oumma à l'unité, à la renaissance et à la libération et a été la principale source de ses troubles. Le projet sioniste constitue également un danger pour la sécurité et la paix internationales ainsi que pour l’humanité, ses intérêts et sa stabilité.

Article 16

Le Hamas affirme que son conflit concerne le projet sioniste et non les juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne mène pas une lutte contre les Juifs parce qu’ils sont juifs, mais mène une lutte contre les sionistes qui occupent la Palestine. Pourtant, ce sont les sionistes qui identifient constamment le judaïsme et les juifs avec leur propre projet colonial et leur entité illégale.

Article 18

Sont considérés comme nuls et non avenus : la Déclaration Balfour, le Document du Mandat britannique, la Résolution de partage de la Palestine de l'ONU, ainsi que toutes les résolutions et mesures qui en découlent ou qui leur sont similaires. La création d’«Israël» est totalement illégale et contrevient aux droits inaliénables du peuple palestinien et va à l’encontre de sa volonté et de celle de l'Oumma; c’est également une violation des droits de l’homme garantis par les conventions internationales, au premier rang desquelles le droit à l’autodétermination.

Article 21

Le Hamas affirme que les Accords d'Oslo et leurs suppléments contreviennent aux règles régissant le droit international dans la mesure où ils génèrent des engagements qui violent les droits inaliénables du peuple palestinien. Le Mouvement rejette donc ces accords et tout ce qui en découle, comme les obligations préjudiciables aux intérêts de notre peuple, notamment la coordination sécuritaire (collaboration).

L'ensemble du texte de la Charte peut sembler belliqueux et très ethnocentrique (l'oumma correspond à la «nation islamique»), mais il traduit l'affirmation idéologique et politique du Hamas, c'est-à-dire la création d'un État islamique sur les territoires de l'ancienne Palestine mandataire, la mise en place d'activités visant à prêcher la foi en Allah, la lutte contre les «impérialismes sioniste et occidental», l'anéantissement de l'État d'Israël, le refus de toute négociation et un antisémitisme clairement affiché. Pourtant, les Palestiniens arabophones sont aussi des Sémites!

N'oublions pas que chaque fois que le processus de paix a été sur les rails, le Hamas a cherché à le faire dérailler. Et les massacres d’octobre 2023 l'a fait reculer «de plusieurs années».

- Le statut de Gaza

Le statut de la bande de Gaza demeure aujourd'hui indéfini et volatile. Israël, qui était la puissance occupante jusqu'en 2005, ne revendiquait aucune souveraineté sur Gaza. L'Égypte non plus et, quant à l'Autorité palestinienne, elle n'a jamais déclaré un État palestinien et ne contrôle en aucun cas le territoire gazaoui. Et le Hamas ne s’est pas non plus déclaré «entité souveraine», ce qui ne l'empêche pas d'imposer son hégémonie sur le territoire en concurrence avec Israël.

En juillet 2004, la Cour internationale de justice de La Haye affirmait que les «territoires occupés par Israël» sont soumis à sa juridiction territoriale «en tant que puissance occupante». Le nouveau statut des Palestiniens à l'ONU se situe entre celui d’«observateur» et celui de «membre», mais sans droit de vote. La délégation palestinienne siège dans la salle de l’Assemblée générale «immédiatement après les États non membres» (comme le Saint-Siège et la Suisse) et «avant les autres observateurs» auprès de qui ils se trouvaient jusqu’ici (comme la Croix-Rouge internationale). Nous savons aujourd'hui qu'Israël veut reprendre le contrôle de Gaza.

- Le financement

Que ce soit en Cisjordanie ou à Gaza, les gouvernements respectifs ne peuvent pas prélever beaucoup d'impôts à une population appauvrie par les guerres et les privations. Le salaire quotidien moyen en Cisjordanie était, avant l'invasion israélienne de 2023, de 37 $US, et l'équivalent était de 15 $US à Gaza, contre 79 $US en Israël. Le secteur public reste le plus grand employeur palestinien, fournissait environ 22 % de tous les emplois. 

L’Iran apporterait annuellement 100 millions de dollars US de soutien financier et militaire; les responsables du Hamas félicitaient d'ailleurs l’Iran d'envoyer de l’argent, du matériel et une expertise militaire, ainsi que des milliers de roquettes à longue portée pour frapper Israël. De son côté, le Qatar aurait contribué plus de 150 millions de dollars au Hamas en 2019, puis 100 millions en 2020 et 360 millions en 2021. En finançant désormais le Hamas à hauteur de 120 millions de dollars par an, le Qatar affirme soutenir le gouvernement de Gaza, non les terroristes. Le Qatar soutient aussi que l’argent a été utilisé aux fins prévues, c'est-à-dire pour les civils palestiniens. La Turquie, la Malaisie, l’Algérie et le Koweït apportent également un soutien financier, militaire, diplomatique et politique au Hamas.

En Cisjordanie, c'est différent. Généralement, l’Autorité palestinienne enregistre un déficit annuel de plus de 526 millions de dollars. Les donateurs internationaux sont l'Union européenne (52%), les membres de la Ligue arabe à 24% et la Banque mondiale à 18%, pour cent; ils fournissent environ 250 millions de dollars en appui budgétaire direct et plus de 100 millions pour le financement du développement, laissant à l’Autorité palestinienne un déficit de financement de moins de 200 millions de dollars. L'Autorité palestinienne comblé son déficit de financement en contractant des emprunts bancaires. Le public palestinien considère le favoritisme ("wasta") et le népotisme comme les formes de corruption les plus courantes, selon un sondage réalisé en septembre 2022 par la Coalition pour l'intégrité et la responsabilité (AMAN), la section palestinienne de Transparency International.

2 Données démolinguistiques

La population de la Palestine était estimée en 2005 à 3,7 millions d'habitants, dont 2,5 millions en Cisjordanie et 1,2 million à Gaza. En 2017, la population des territoires palestiniens était de 4,9 millions d'habitants, dont 3 millions en Cisjordanie (y compris à Jérusalem-Est) et 1,9 million dans la bande de Gaza). Le taux de fécondité en Palestine en 2011-2013 était de 4,1 enfants par femme et la croissance démographique annuelle, de 2,8 %. En 2023, la Palestine comptait 5,4 millions de personnes, tandis que le taux de fécondité était de 3,4 enfants par femme. Le tableau ci-dessous montre la répartition en 2023 de la population palestinienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza:

Territoire Population (estimation 2023 Densité de la population Superficie
Cisjordanie 3 256 906   576 5655 km²
Bande de Gaza 2 226 544 6 100 365 km²
Total 5 483 450 911 6020 km²

2.1 L'arabe et les langues sémitiques

La première mention du mot «arabe» remonte au IXe siècle avant notre ère dans un texte gravé sur une stèle en cunéiforme. Le texte raconte que Salmanazar III, roi d’Assyrie de 858 à 824, remporta une victoire contre plusieurs rois dont "Gindibou l’Arabe", qui venait du nord de la péninsule Arabique. Pendant plusieurs siècles, le mot «Arabe» ne fut employé que dans des textes provenant de peuples étrangers au monde arabe tels les Assyriens, les Israélites, les Grecs, etc. Ce n’est qu’à partir de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle de notre ère que des habitants de l’Arabie se déclarèrent eux-mêmes «Arabes».

- Le mot «arabe»

Le terme «arabe» viendrait de "abar" signifiant «se déplacer» ou «voyager». Dans le Coran, le mot désigne les nomades d’Arabie qui vivaient de l’élevage de chèvres, de moutons ou de dromadaires, appelés aussi «Bédouins». Par la suite, le mot «arabe» finit par désigner tous les locuteurs qui parlaient la langue arabe issue de l'Arabie, laquelle s'est ensuite fragmentée en de très nombreuses variétés locales.

La quasi-totalité de la population palestinienne actuelle est de langue arabe et de religion musulmane. Les Palestiniens parlent l'arabe palestinien comme langue maternelle. L'arabe est une langue appartenant à la famille chamito-sémitique, appelée aussi famille afro-asiatique, comme l'hébreu. Autrement dit, l'arabe et l'hébreu ont des origines communes et font partie de la branche sémitique, tels l'araméen, l'assyrien, le chaldéen ou l'amharique (en Éthiopie). L’existence des langues sémitiques remonte à plus de quatre millénaires, avec l’akkadien et l’ougaritique. L'hébreu et l'arabe proviennent du même groupe linguistique et, en tant que tels, ils partagent de nombreuses caractéristiques communes:

- la prédominance de racines trilittères (composées de trois consonnes);
- l'usage fréquent de consonnes laryngales et gutturales;
- un grand nombre de mots communs;
- un alphabet consonantique (les voyelles ne s'écrivent pas): le lecteur doit connaître la langue pour en rétablir toutes les voyelles;
- elles s'écrivent et se lisent de droite à gauche:
- des règles grammaticales communes.

On peut consulter une structure arborescente illustrant la plupart des langues chamito-sémitiques ou afro-asiatiques en cliquant ici s.v.p.

- Le mot «antisémite»

Puisque le mot «sémite» regroupe des langues parlées par des peuples aussi divers que les Phéniciens, les Cananéens, les Israélites (puis les Hébreux), les Arabes, les Éthiopiens, etc., il devrait s'appliquer à tous ces peuples. Donc, une personne antisémite dirigerait son mépris, par exemple, contre les Juifs et les Arabes, voire les Éthiopiens, puisque ce sont des peuples sémites.

Or, les termes «antisémite» et «antisémitisme» ne désignent que ceux qui manifestent leur hostilité envers les Juifs! Il y a ici une extension de sens qui semble inexplicable. En fait, ce sens restrictif appliqué au Juifs vient de l'Allemagne de la fin du XIXe siècle, ce qui démontre ainsi une méconnaissance profonde de la réalité scientifique en visant exclusivement les Juifs. Il n'en demeure pas moins que le mot «antisémitisme» semble inapproprié parce qu'il vise en principe toutes les populations de langue sémitique dont les Arabes.

Il convient d'ajouter une précision sur le mot «juif» écrit avec une minuscule initiale et «Juif» écrit avec une majuscule. Lorsque le mot désigne les adeptes du judaïsme, il s'écrit avec une minuscule (p.ex., les musulmans, les chrétiens et les juifs); lorsqu'il fait référence au peuple, il prend la majuscule (p.ex., les Arabes et les Juifs). Lorsque ces termes qualifient un nom, ils prennent toujours la minuscule: le peuple juif, l'alphabet arabe.

2.2 L'arabe palestinien

Si tous les Palestiniens parlent l'arabe véhiculaire, c'est-à-dire l'arabe palestinien, ils n'écrivent qu'en arabe standard moderne, voire en arabe classique. Lire à ce sujet l'article sur la langue arabe et ses variétés. L'arabe parlé par les Palestiniens est également appelé arabe levantin, arabe levantin du Sud (par opposition au levantin du Nord de la Syrie et du Liban) ou encore arabe jordanien. Autrement dit, l'arabe palestinien et l'arabe jordanien sont similaires, bien que certaines légères différences soient sensibles, notamment entre l'arabe local parlé à Amman (Jordanie) et l'arabe local de Jéricho (Cisjordanie). Il existe d'autres arabophones en Palestine: l'arabe égyptien, l'arabe levantin de l'Est, l'arabe syrien.

N'oublions pas que la quasi-totalité des Palestiniens de la bande de Gaza vit dans des territoires occupés et dévastés. Dans ces conditions, les Palestiniens voient se dégrader progressivement les infrastructures dont ils dépendent, notamment avec un système de santé et un système d'éducation déficients. La Cisjordanie est «cantonisée» (comme en Bosnie-Herzégovine) par les colonies juives, ce qui limite et complique les transports des biens et des personnes aux prises avec d'innombrables contrôles militaires israéliens.

L’accès aux administrations, aux hôpitaux et aux établissements d'enseignement est devenu aléatoire, encore davantage avec la construction du «Mur», appelé par les Arabes «mur d'Annexion», «mur d'Apartheid» ou «mur de la Honte». Des Palestiniens, notamment les médias de l'Autorité palestinienne, le désignent en arabe par «mur de Séparation raciale» ("jidar al-fasl al-'unsuri"). En Israël, c'est avant tout une «barrière antiterroriste»!

Avant octobre 2023, tous ceux qui travaillaient dans les colonies ou en Israël pouvaient perdre leur emploi d'un jour à l'autre. En raison du fort taux de chômage (40% en Cisjordanie, mais 50% à Gaza), un travailleur devait nourrir plus de six personnes, alors que plus de la moitié de la population vivait avec moins de deux dollars US par jour. Les Palestiniens vivent aujourd'hui à l'heure de la «tiers-mondisation» et de la paupérisation dans des frontières constamment bouclées, que ce soit en direction d’Israël ou des pays arabes voisins. Non seulement plus de 50% de la surface des terres est confisquée par Israël, mais les Israéliens ont réquisitionné 90% de l'eau pour leurs besoins. Dans la bande de Gaza, c'est la catastrophe depuis la guerre d'octobre 2023 entre le Hamas et Israël.

La population palestinienne a souvent été caractérisée par une fertilité exceptionnellement élevée, avec 5,8 enfants par femme en Cisjordanie et 7,8 dans la bande de Gaza, contre 4,9 en Jordanie, 4,3 en Égypte et 2,3 au Liban. Ainsi, la population de la Cisjordanie et de Gaza a presque triplé en trente ans. À cela s'ajoutaient une faible mortalité et une espérance de vie relativement longue, soit 73 ans pour les femmes et 69 ans pour les hommes. C'est pourquoi Israël voulait tant peupler les colonies juives. Ariel Sharon, du temps qu'il était premier ministre, avait déclaré après une rencontre avec le président américain Georges W. Bush : «Nous avons obtenu que les grands blocs de population juive de Cisjordanie restent en place» (comprendre «même en cas de retrait de l'armée»). Le taux de fécondité a beaucoup baissé en Palestine, il est aujourd'hui de 3,9 dans la bande de Gaza et de 3,8 en Cisjordanie.

2.3 Les réfugiés palestiniens

La diaspora palestinienne compte environ six millions d'individus. Plus de cinq millions d'entre eux ont le statut de réfugiés, à la suite de l'exode palestinien de 1948. Plus de trois millions vivent en Jordanie et 500 000 dans le continent américain, tandis que le reste est réparti dans le monde arabe. Seuls 3,7 millions vivent dans les «territoires palestiniens» (bande de Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est).

Pays d'intervention (2014)

Nombre de camps

Nombre de réfugiés

Nombre total de réfugiés dans les camps

Jordanie

10 2 070 973

2 154 486

Liban

12 447 328

483 375

Syrie

9 517 255

569 645

Cisjordanie

19 754 411

914 192

Bande de Gaza

8 1 240 082

1 307 014

Total

58 5 030 049

5 428 712

Source : UNWRA (Agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient)

Il conviendrait également de compter de nombreux réfugiés palestiniens en Irak (env. 75 000), en Égypte (plus de 40 000), en Arabie Saoudite (274 000), au Koweït (35 000), d'autres États arabes (112 000) et d'autres pays (220 000), sans oublier les aux États-Unis (175 000).

En somme, la population palestinienne totale s'élève à environ huit millions, mais seuls 5,4 millions se trouvent en Cisjordanie et Gaza. Le reste du peuple palestinien habite des camps de réfugiés dans les pays arabes voisins ou constitue une diaspora. Autrement dit, sur une population palestinienne mondiale estimée en 2014 à plus de huit millions (y compris les Arabes d’Israël), 4,2 millions étaient classés par l’ONU dans la catégorie des réfugiés.

2.4 Les autres communautés linguistiques

Après les Arabes, ce sont les Juifs qui sont les plus nombreux en Palestine, mais la quasi-totalité de ces derniers réside en Cisjordanie, pas à Gaza: ils sont au nombre d'au moins 400 000 sur 3,2 millions d'habitants. Les Juifs installés en Palestine parlent surtout l'hébreu, bien que de nombreux colons juifs parlent en plus l'une ou l'autre des langues occidentales (telles que l'anglais, le français, le russe, etc.). On trouve aussi quelques petites minorités telles que les Araméens, les Roms/Tsiganes, les Arméniens, les Assyriens, les Samaritains, etc.

La troisième langue parlée en Cisjordanie est l’anglais, mais c'est la deuxième à Gaza. C’est une langue largement comprise dans ce territoire et elle est devenue plus courante au fil du temps. Aujourd'hui, l'anglais continue de se développer en Cisjordanie, car il existe des aides pédagogiques pour aider les gens à apprendre et à comprendre la langue.

2.5 Les religions

Les trois religions dominantes en Cisjordanie sont l’islam, le judaïsme et le christianisme. Les musulmans constituent le groupe religieux prédominant dans la région, représentant environ les trois quarts de la population. La plupart des musulmans appartiennent à la confession sunnite. Les 25% restants de la population de Cisjordanie sont juifs ou chrétiens. Le peuple juif représente 17% et vit généralement dans des colonies subventionnées par le gouvernement israélien; ces chrétiens comptent pour 8%. Il existe de nombreuses «villes saintes» pour chaque religion en Cisjordanie, lesquelles contribuent aux conflits religieux. À Gaza, 99 % sont musulmans, les autres, chrétiens (0,7 %) et juifs (0,3 %).

Dernière révision: 09 septembre, 2025
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(1)
Données factuelles

 

(2)
Données historiques
 

(3)
La politique linguistique

 

(4)
Bibliographie

 

 

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L'Asie