[Flag of Honduras]
République du Honduras

Honduras

República de Honduras

Capitale: Tegucigalpa
Population: 6,5 millions (2000)
Langue officielle: espagnol
Groupe majoritaire: espagnol (91 %)
Groupes minoritaires:  environ 10 langues amérindiennes, une langue particulière (garifuna) et un créole (à base d’anglais)
Système politique: république unitaire
Articles constitutionnels (langue): art. 6 et 176 de la Constitution de 1994
Lois linguistiques:
 arrêté exécutif 0719-EP du 3 août 1994 ;
Programme national d'éducation pour les ethnies autochtones et afro-antillaises du Honduras (2006); Loi spéciale pour le développement intégral des peuples autochtones et afro-honduriens du Honduras (2007).

1 Situation géographique

Amérique centrale La république du Honduras (República de Honduras) est un petit pays d’Amérique centrale bordé par la mer des Caraïbes au nord et à l’est, le Nicaragua au sud, l’océan Pacifique et le Salvador au sud-ouest, et le Guatemala à l’ouest. Sa superficie est de 112 492 km², soit près de 20 fois plus petit que le Mexique, mais trois fois plus grand qu’un pays comme la Belgique.

La capitale est Tegucigalpa (pop.: 800 000 habitants), dont le nom amérindien signifie «colline d’argent» du fait que la ville s’est développée (sans aucune planification) sur le site d’une ancienne mine d’argent. Le Honduras est divisé en 18 départements (voir la carte détaillée du Honduras) dont Atlantida, Choluteca, Comayagua, Copán, Cortés, El Paraiso, Francisco Morazan, Intibuca, La Paz, Lempira, Ocotepeque, Santa Barbara, Valle, Yoro, Colón, Gracias a Dios, Olancho et Islas de la Bhaia. Le département des Islas de la Bahía (les «îles de la Baie») est situé au nord, dans la mer des Antilles et compte trois îles: Roatan, Utila et Guanaja (voir la carte détaillée du Honduras).

2 Données démolinguistiques

La population du Honduras était estimée à 6,5 millions d’habitants en 2000. Près de 90 % des Honduriens sont métissés, c’est-à-dire d’origine à la fois espagnole et indienne; le reste des habitants est de race noire ou blanche. Les Métis (90 %), en espagnol Mestinos, sont appelés Ladinos; les Noirs (2 %), les Black Karibs ou plus souvent les Garífunas. Les autochtones, appelés indifféremment Indiens ou Indigènes mais rarement Amérindiens, constituent 7 % de la population, les Blancs ne représentant que 1 %. Or, les Garifunas sont le résultat du métissage entre Amérindiens arawaks et esclaves noirs de l'île de Saint-Vincent

2.1 L'espagnol

La majorité des Honduriens parlent l’espagnol dans une proportion de 91 %, soit tous les Ladinos et les Blancs. L’espagnol parlé au Honduras est similaire à celui qui est parlé dans les autres pays d’Amérique centrale, sauf pour quelques mots et expressions populaires, qui varient d’une région à l’autre; les locuteurs hispanophones utilisent aussi de nombreux mots anglais, la culture nord-américaine influençant le Honduras depuis plus d’une centaine d’années.

2.2 L'anglais et le Creole English

Quelque 13 000 Honduriens (0,2 %) vivent dans les îles de la Baie (Islas de la Bahía) et sur la côte nord: ils parlent le créole anglais des Caraïbes occidentales (le «Bay Islands Creole English»), un legs des Britanniques qui s’y installèrent au XVIIe siècle. Ils sont perçus comme des anglophones, ce qu'ils ne sont pas, car leur langue demeure inintelligible pour un anglophone.

De plus, quelque 9000 Honduriens parlent l’anglais comme langue maternelle, mais ils ne représentent que 0,15 % de la population.

2.3 Les Garifunas

Le Honduras compte quelque 98 000 Garífunas (voir l'historique), composée de descendants des 5000 déportés de l'île Saint-Vincent par les Anglais et occupant quelque 44 villages de la côte nord-est du Honduras; ils ont su préserver à travers les siècles une langue et une culture spécifiques. Les Black Karibs sont également considérés au Honduras comme des anglophones. Or, leur langue garífuna est à base d'arawak, puis de yorouba, de français, d'espagnol et d'anglais. On lire la documentation consacré au peuple garifuna en cliquant ICI.  

2.4 Les langues amérindiennes

Les langues amérindiennes (ou indigènes) sont parlées presque uniquement dans les extrémités isolées du Honduras. Ce sont les Lenca, les Xicaque, les Chorti, les Carib, etc. Ils parlent des langues amérindiennes dont la plupart sont en voie d’extinction.

Mentionnons le lenca (environ 100 000 locuteurs), une langue non classée apparentée à aucun groupe linguistique et parlée dans les départements (au sud-ouest) de La Paz, d’Intibucá, de Lempira, de Comayagua, de Santa Bárbara et de Francisco Morozan. Signalons aussi le miskito (mosquito) parlé par environ 29 000 locuteurs dans le département de Gracias a Dios, affilié à la famille misumalpa. Appartient à cette même famille le sumo tawahka (moins de 1000 loc.).

De plus, le pech (env. 1000 loc.) appartient à la famille chibcha, le ch'orti' à la famille maya. Il reste moins d’une dizaines de petites langues, toutes en voie d’extinction et parlées chacune par moins de 1000 locuteurs.

3 Données historiques

La région qui correspond au Honduras actuel faisait partie du territoire de la civilisation maya durant le Ier millénaire de notre ère; ce territoire habité par les Mayas occupait quelque 400 000 km² (voir la carte maya); il correspondait à la partie sud du Mexique (Yucatan), ainsi que le Guatemala, le Belize et la partie est du Honduras et du Salvador. Les Mayas étaient éparpillés dans des cités-États (Tikal, Palenque, Uxmal, Copán, etc.) dominées par de gigantesques pyramides. Au Honduras, le site maya de Copán, à la frontière guatémaltèque, témoigne encore de la splendeur de la civilisation maya qui a fleuri durant le premier millénaire.

Ce qu’on appelle l’empire maya n’a jamais vraiment existé: chacune des cités-États formait un royaume en soi, qui se faisaient souvent la guerre. Les moeurs, les coutumes sociales, les rites religieux et les langues se ressemblaient, mais ne formaient aucune unité. Cet éparpillement à la fois géographique et social a favorisé la fragmentation linguistique, alors que les langues proviennent toutes d’une même souche. Ces langues ont tellement évolué différemment que leurs locuteurs aujourd’hui (environ deux millions) ne peuvent plus se comprendre s’ils parlent leur langue particulière. Les Mayas avaient développé une écriture complexe, à la fois idéographique (symboles exprimant une idée) et phonétique (symboles représentant des sons), avec des variantes régionales qui compliquent le décryptage (encore mal résolu).

Après l’an 900, ce fut la période de déclin: les Mayas abandonnèrent la forêt pour fonder, sous la domination des Aztèques (Toltèques) venus du Nord, une nouvelle civilisation qui s’implanta essentiellement sur la presqu’île du Yucatan au Mexique (Chichen Itza et Uxmal).

3.1 La période coloniale

Le Honduras s’est d’abord appelé Higüeras, du nom d’une plante indigène. Christophe Colomb le nomma Honduras, ce qui signifie «eaux profondes» (en espagnol, hondo signifie «profond»), parce que la baie où il accosta, au nord du pays, était très profonde. Le mot Honduras reflète donc le relief accidenté et montagneux du pays, avec ses profondes vallées et ses chaînes de montagnes volcaniques; le tiers du territoire est couvert de forêts.

En 1523, au cours d’une expédition punitive contre des soldats rebelles, le conquistador Hernán Cortés commença la conquête du territoire maya, mais c’est son lieutenant, Pedro de Alvarado, surnommé Tonatiuh par les autochtones, pénétra dans la pays maya; celui-ci vainquit facilement les Mayas qui, déjà divisés entre eux et considérablement affaiblis, étaient rassemblés sur les hauts plateaux de la côte ouest.

En 1537, une révolte indienne menée par Lempira, chef des Lencas, mit en péril la conquête des Espagnols; non seulement Lempira aurait refusé de se soumettre aux conquistadors emmenés par le capitaine Alonso de Cáceres, mais il se serait opposé aux Espagnols, les armes à la main. Victime d’une trahison, il aurait été fait prisonnier et exécuté en 1538. Ensuite, Lempira devint un véritable héros national, dont le nom fut donné plus tard (en 1931) à la monnaie hondurienne (le lempira).

En 1540, les Espagnols firent de Comayagua la capitale de leur colonie. D’autres communautés espagnoles s’installèrent dans les vallées du Honduras où elles demeurèrent très isolées. En 1542, les Espagnols créèrent la Audiencia y Capitanía General de Guatemala (Audience et Capitainerie générale du Guatemala) qui dépendait de la vice-royauté du Mexique et comprenait sept provinces: le Soconusco, le Chiapa, le Verapaz, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica. Étant devenu le siège de l’Audience et Capitainerie générale du Guatemala en 1554, le Guatemala gouverna toute l’Amérique centrale, à l’exception de Panama. Le Honduras n’était qu’une province de la Capitainerie générale du Guatemala, mais demeurait sous administration espagnole. Les populations indiennes, qui vivaient de l’agriculture, restèrent isolées, tandis qu’une riche aristocratie terrienne espagnole se constituait. Durant toute la période coloniale, les Espagnols imposèrent à la population la langue espagnole et la religion catholique. L’identité maya fut complètement niée. Aujourd’hui, églises et cathédrales coloniales, mines abandonnées, châteaux et forteresses témoignent des temps difficiles de guerre et de la colonisation espagnole.

Pendant que se poursuivait la colonisation espagnole, des pirates et des flibustiers anglais vinrent s’installer dans le nord, près de la frontière du Belize (alors le Honduras britannique) et dans les îles de la Baie (Islas de la Bahia). Et c’est à l’île d’Utila que serait mort et enterré Henry Morgan, l’un des plus illustres et redoutés pirate de l’histoire de la flibuste. Ces régions firent partie du protectorat britannique formé dans ce qui était alors le Honduras britannique. Par la suite, les Britanniques firent venir quelques milliers d’esclaves de la Jamaïque, qui s’installèrent définitivement dans la région. 

En 1697, quelque 2000 Garífunas ayant survécu aux guerres coloniales furent déportés par les Anglais sur l'île de Roatan, au large des côtes honduriennes. Les Anglais ne quitteront définitivement le Honduras qu’en 1859, mais ils y ont laissé leur marque dans la langue anglaise ou créole à base d’anglais, que parlent les habitants de ces régions du Nord. La plupart des Garifunas honduriens vivent sur la côte nord, et les départements de Cortés et de Gracias a Dios.

2.2 Les tentatives d’Union

Entre 1821 à 1823, la région du Honduras (Audience et Capitainerie générale du Guatemala) fut intégrée à l’empire mexicain d’Iturbide, avant d’être incorporée, le 1er juillet 1823 une république fédérative indépendante portant le nom de Provincias Unidas del centro America (Provinces-Unies d'Amérique centrale) et comprenant les États du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua, du Salvador et de Costa Rica. Les dissensions entre deux factions politiques — les libéraux et les conservateurs — apparurent peu après et chacune voulut prendre le contrôle du gouvernement récemment formé. 

Des guerres éclatèrent entre les États de la fédération et les factions rivales. Puis le pays se disloqua en 1839 pour former cinq nouveaux États indépendants: le Honduras, Guatemala, le Salvador, le Nicaragua et le Costa Rica.

Cependant, entre 1842 et 1844, le Honduras se rattacha brièvement à une confédération regroupant le Salvador et le Nicaragua, mais ce fut encore un échec. La sécession du Salvador amputa le pays d'une partie de son territoire et il faudra attendre jusqu’en 1992 pour que les problèmes frontaliers soient définitivement résolus.

3.3 Une période difficile et d'instabilité politique

Dès son indépendance (1844), le Honduras fut fréquemment dirigé par des dictatures conservatrices. Les élections furent souvent des simulacres, les révoltes armées, fréquentes. Puis, après la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe, l’État hondurien fut dominé par des dictateurs libéraux tels que Marcos A. Soto en 1876, qui commença à mettre l’accent sur le développement économique du pays et sur le besoin d’augmenter les exportations. La capitale Comayagua (conservatrice) fut transférée vers Tegucigalpa (libérale). Ce faisant, les dirigeants durent attirer les investissements étrangers et leur mainmise sur le pays. Au début du XXe siècle, le Honduras devint une «république bananière» soumise aux constantes interventions des États-Unis qui défendaient des entreprises comme la United Fruit Company. Dès 1910, ces riches compagnies américaines avaient fini par acquérir 80 % de la surface cultivable du pays. C’est à cette époque qu’est apparue l’expression «république de bananes» qu’on appliqua de façon caricaturale au Honduras, parce que le pays a pratiquement appartenu à la United Fruit durant un siècle. Un diction populaire s’est formé: «Une mule coûte plus cher qu’un député.» Les Américains étaient réputés pour exiger de gros prix aux pauvres Honduriens.

Bien que ces compagnies fruitières contribuèrent peu au développement général du pays, elles développèrent un produit hégémonique d’exportation majeure, développèrent les zones portuaires des Caraïbes et firent de San Pedro Sula une zone de population importante. Pendant cette période, les missions catholiques ont commencé en 1919 à assurer une éducation aux Indigènes en les alphabétisant dans leur langue et leur apprendre des rudiments d’espagnol. Beaucoup de ces premières tentatives, les quelles se sont révélées infructueuses, sont dues aux efforts de l’Église catholique.

Une guerre civile éclata en 1924 lorsque Rafael López se proclama dictateur. Ce fut un prétexte pour que les Marines arrivent à Tegucigalpa et protéger les intérêts américains. En 1931, le Honduras, qui avait toujours conservé comme monnaie nationale le peso, opta pour un changement radical: le lempira, du nom d’un chef indien qui s’était opposé aux colonisateurs espagnols en 1537. C’était une façon pour le Honduras de se démarquer définitivement de l’emprise espagnole pour tomber sous la tutelle américaine. En 1933, avec l’appui de la United Fruit Company, le «caudillo» Tiburcio Carías Andino parvint au pouvoir et exerça une dictature énergique jusqu’en 1948, à coups de réélections frauduleuses et de répressions sanglantes. Il fut remplacé par Juan Manuel Gálvez qui entreprit de moderniser le pays, mais sa politique engendra, en 1954, la plus grande grève générale de travailleurs agricoles de l’histoire centraméricaine. Cette grève marqua le déclin de l’influence de la United Fruit au Honduras. Pendant ce temps, la langue anglaise pénétra dans la langue des travailleurs agricoles aux prises avec des compagnies qui ignoraient tout de la langue espagnole et des langues autochtones.

En 1954, un régime démocratique fut mis en place et le libéral Ramón Villeda Morales accéda à la présidence de la République. Il fit adhérer le pays au Marché commun centre-américain (MCCA) et lança des programmes en faveur d’une réforme agraire et de l’éducation. Il y eut quelques tentatives au cours de cette décennie dans le but d’instruire les peuples autochtones (amérindiens). Certains autochtones plus âgés affirment que des maîtres de langue espagnole sont venus avec les missionnaires catholiques leur parler en espagnol, alors qu’ils ne comprenaient pas cette langue. Bien que beaucoup d’enfants aient alors commencé à apprendre l'espagnol et recevoir une instruction plus formelle, de nombreux parents sont restés illettrés. Des autochtones n’hésitent pas à déclarer qu’il s’agissait de la part du gouvernement hondurien une simple tentative de les acculturer en essayant de faire leur faire perdre culture et faire voir leur langue comme désuète en raison des programmes non adaptés parce qu’ils étaient calqués sur le modèle européen.

Villeda Morales fut renversé en 1963 par le colonel Oswaldo López Arellano, qui gouverna en dictateur jusqu’en 1975, à l’exception d’une brève éclipse en 1972. Sous son régime, l’économie déjà fragile du Honduras sombra un peu plus, surtout après la coûteuse guerre contre le Salvador, en 1969. La raison du conflit? La présence illégale, au Honduras, de 300 000 travailleurs salvadoriens. En 1975, les forces armées aidèrent le colonel Juan Alberto Melgar Castro à prendre le pouvoir, mais trois ans plus tard, il fut évincé à son tout par le colonel Policarpo Paz García. 

Ce fut encore une époque de grande instabilité politique, marquée par le renforcement de la présence militaire américaine. Les États-Unis firent du Honduras une plate-forme de lutte contre le régime sandiniste nicaraguayen et la guérilla salvadorienne. En 1985, le libéral José Simón Azcona Hoyo fut élu président, puis remplacé en 1989 par le conservateur Rafael Leonardo Callejas. Par la suite, les politiciens honduriens durent faire face à des grèves générales, la persistance des inégalités sociales, des frictions régionales et des conflits avec le Nicaragua à propos des eaux territoriales, sans oublier l’emprise des militaires sur la vie. 

On peut dire que le Honduras fut un «pays agité». Au cours des 150 dernières années, celui-ci a connu 160 changements de gouvernement, 24 guerres et 260 révoltes armées. En juillet 1996, la Convention 169 de l’OIT — la Convention relative aux peuples indigènes et tribaux — avait été ratifiée par le Honduras, ainsi que par la Bolivie, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Mexique, le Paraguay, le Pérou, etc.

4 Les dispositions constitutionnelles

Le Honduras a été dirigé selon la Constitution de 1965 jusqu’en décembre 1972, date à laquelle elle a été en grande partie suspendue à la suite d’un coup d’État. Une nouvelle constitution a été promulguée en janvier 1982, puis légèrement modifié en 1994. Deux articles concernent la langue. L’article 6 traite de la langue d’enseignement:

Articulo 6

El idioma oficial de Honduras es el español. El Estado protegerá su pureza e incrementará su enseñanza.

Article 6

La langue officielle du Honduras est l'espagnol. L'État en protège la pureté et en répand l'enseignement.

Quant à l’article 173, il précise que l’État doit protéger les cultures indigènes comme étant l’expression du folklore national, de la même façon qu’on doit préserver l’art populaire et l’artisanat:

Articulo 173

El Estado preservará y estimulará las culturas nativas, así como las genuinas expresiones del folclore nacional, el arte popular y las artesanías.

Article 176

L’État préserve et encourage les cultures indigènes, ainsi que les expressions authentiques du folklore national, de l’art populaire et de l’artisanat.

En vertu de ces dispositions constitutionnelles, l’État hondurien ne s’engage qu’envers la langue espagnole dont il doit protéger la pureté et en étendre l’enseignement. Pour ce qui est des autres langues, il n’en est pas fait mention, sauf le fait que l’État doit protéger les cultures indigènes de la même façon qu’il doit préserver l’art populaire et l’artisanat. Heureusement que le ridicule ne tue point!

5 La politique linguistique

La politique linguistique du Honduras est relativement simple. Elle consiste à assurer la prééminence de l’espagnol partout comme langue de l’État et à favoriser l’éducation bilingue chez les autochtones amérindiens et, jusqu’à un certain point, chez les locuteurs anglophones, les Black Karibs.

5.1 La langue de l’État

Au Honduras, l’État fonctionne comme si toute la population ne parlait que l’espagnol. Non seulement le Parlement n’utilise que cette langue, mais également les tribunaux et les services gouvernementaux. Au mieux, l’anglais est toléré dans le nord-est du Honduras où certains services à l'oral peuvent être autorisés dans cette langue. Pour le reste, c’est le règne incontesté de la langue officielle, l'espagnol.

5.2 La question de l’éducation

L’école est gratuite et obligatoire pour les enfants de 7 à 14 ans. L’espagnol reste la seule langue d’enseignement dans la plupart des écoles honduriennes, sauf dans les îles de la Baie où l’enseignement se donne parfois en anglais. Dans les grandes villes, certaines écoles dispensent un enseignement bilingues, soit en espagnol et en anglais. Dans les villes, les garçons et les filles fréquentent le plus souvent des écoles séparées et portent un uniforme.

- Les problèmes

Au plan national, les statistiques officielles révèlent que le taux d’alphabétisation s’élève à 72,6 % pour les hommes et à 72,7 % pour les femmes (1995). Le gouvernement s’était engagé à élever le taux d’alphabétisation, à environ 83,7 % pour 2001. En fait, près de la moitié des enfants honduriens fréquentent l’école primaire, car 51,3 % ne terminent pas leurs études; et seulement 7,6 % des jeunes accèdent au secondaire et poursuivent leurs études. Si très peu d’enfants continuent leur instruction après la 2e ou la 3e année du primaire, c'est surtout  pour des raisons économiques, les familles ayant besoin de leurs enfants pour travailler et réduire ainsi leur pauvreté. Dans les régions rurales, les niveaux plus avancés que le primaire ne sont pas toujours offerts et un grand nombre d’élèves ne continuent pas leurs études pour la simple raison que l’école la plus proche est encore trop éloignée. De plus, le système éducatif hondurien est mal au point: les écoles, les enseignants et les manuels sont en nombre nettement insuffisant. On peut compter jusqu’à 50 élèves par classe, ce qui ne permet pas aux enseignants de s’occuper de chacun des élèves, et certains d’entre eux n’apprennent jamais ni à lire ni à écrire. Dans plusieurs régions éloignées, même ceux qui ont appris à lire dans leur jeunesse ont fini par tout oublier une fois rendus à l’âge adulte, car ils n’ont rien eu pour entretenir leur savoir. 

- L'éducation supérieure

La principale université au Honduras est l’Université nationale autonome du Honduras. C’est une institution publique, fondée en 1847 à Tegucigalpa. Elle a des campus à San Pedro Sula et La Ceiba. Le pays compte aussi trois universités privées: l’Université José Cecilio del Valle, l’Université de technologie d’Amérique centrale à Tegucigalpa et l’Université de San Pedro Sula. Les cours sont généralement dispensés en espagnol, mais l’anglais peut servir de langue d’enseignement pour les professeurs invités. Environ, de 3 % à 4 % des Honduriens accèdent aux études universitaires, surtout chez les Ladinos.

- Les langues étrangères

Dans l’enseignement des langues étrangères, l’anglais prend évidemment presque toute la place dans les écoles secondaires du pays. Cependant, depuis quelques années, le gouvernement a introduit un projet de «Réintroduction du français» dans les écoles secondaires. Le français est enseigné dans toutes les universités du Honduras. D’après certains universitaires honduriens, le français serait une langue «en pleine expansion».

- Les minorités linguistiques et l'éducation bilingue

Le système éducatif est légèrement différent en ce qui concerne les minorités linguistiques, c’est-à-dire les Garífunas et les Amérindiens. En principe, les enfants de ces communautés reçoivent un enseignement bilingue (quand ils fréquentent l’école): ils sont alphabétisés dans leur langue pour passer progressivement à l’espagnol. Cependant, c’est une minorité d’élèves qui reçoivent ce type d’enseignement, notamment chez les Amérindiens. De façon générale, les disparités régionales font en sorte que dans les régions éloignées les taux de scolarisation sont très bas, ainsi que les abandons au primaire; beaucoup de parents accordent peu d’attention aux études de leurs enfants qu’ils jugent plus nécessaire de travailler.

L'arrêté exécutif (Acuerdo Presidencial) no 0719-EP du 3 août 1994, ratifié en vertu du décret no 93-97, a officialisé la politique de bilinguisme et d'interculturalité du Honduras.  Cet important arrêté présidentiel de 1994 jetait les bases juridiques pour l'institutionnalisation du programme d'enseignement bilingue interculturel à l'intention des membres de huit groupes ethniques du pays : les Misquitos, les Garífunas, les Pech, les Lencas, les Tolupanes, les Chortis et les Créoles (ou «Insulaires»). Il s'agit du Programme national d’éducation pour les ethnies autochtones du Honduras (PRONEEAH). Voici quelques extraits pertinents de l'arrêté présidentiel du 3 août 1994:

Traduction française

- L'État hondurien reconnaît le caractère multiculturel et multilingue de la société hondurienne et assume cette diversité comme une ressource pour le développement interne, en particulier pour le développement intégral des communautés nationales.

- La diversité historique socioculturelle et linguistique de la nation hondurienne est l'un des principes fondamentaux pour l'éducation et la culture nationales, ses objectifs, ses politiques, ses stratégies, ses programmes, ses projets, ses actions et ses services qui doivent répondre de manière spécifique à l'éducation destinée aux ethnies autochtones.

- L'enseignement bilingue interculturel doit favoriser la sauvegarde, la promotion et le développement des langues et cultures indigènes; en même temps, il doit permettre aux étudiants indigènes de maîtriser adéquatement la langue officielle, ainsi que les éléments stratégiques de la culture nationale et universelle, dans la mesure où ceux-ci contribuent au développement intégral de ces ethnies et de toute la société.

- L'enseignement bilingue interculturel doit promouvoir un bilinguisme de maintien pour sauvegarder et développer les langues vernaculaires.

- Pour les ethnies qui possèdent une langue sur le point de s'éteindre ou qui ont définitivement perdu leur langue maternelle et sont maintenant unilingues espagnols, l'éducation partira de la culture ancestrale, sans préjudice de faciliter l'accès et la maîtrise de la culture nationale et universelle.

-
Pour la pédagogie de l'enseignement bilingue interculturel et compte tenu de la priorité de l'État en faveur d'une population dont la langue dominante est la langue vernaculaire, la politique de l'éducation en est une de bilinguisme dans les langues maternelles vernaculaires comme moyen principal de communication pédagogique, de sauvegarde et de développement de ces mêmes langues. .

- Institutionnaliser l'enseignement bilingue interculturel par la création d'un Programme national d'éducation pour les ethnies autochtones du Honduras (PRONEEAH) dans sa pédagogie bilingue et interculturelle, qui est sous la juridiction du Secrétariat à l'instruction publique.

- Le PRONEEAH a comme mission la planification, l'organisation, le développement, la supervision et l'évaluation des ressources éducatives qui faciliteront et pourvoiront l'éducation de moyens techniques pour les populations indigènes et afro-antillaises du pays.

Version originale espagnole

- El Estado hondureño reconoce el carácter pluricultural y plurilingüístico de la sociedad hondureña y asume dicha diversidad como recurso para el desarrollo interno, en particular para el desarrollo integral de las comunidades nacionales.

- La diversidad historica sociocultural y lingüistica de la nación hondureña es uno de las principios fundamentales para la educación y la cultura nacional, sus objectivos, politicos, estrategias, programas, proyectos, acciones y servicios se adecuarán de manera específica, para la educación destinada a las etnias autóctonas.

- La Educación Bilingüe Intercultural propiciará el rescate, potenciación y desarrollo de las lenguas y culturas indígenas; al mismo tiempo, permitirá a los estudiantes indígenas, el adecuado manejo de la lengua oficial, así como el de los elementos estratégicos de la cultura nacional y universal, en tanto estos contribuyen al desarrollo integral de dichas etnias y de toda la sociedad.

- La Educación Bilingüe Intercultural promoverá un bilingüismo de mantenimiento para rescatar y desarrollar las lenguas vernáculas.

-  Para la etnias que poseen una lengua a punto de extinguirse o que han perdido definitivamente su lengua vernácula y ahora son monolingües en español, la educación partirá de la cultura ancestral, sin desmedro de facilitar e acceso y manejo de la cultura nacional y universal.

-  Para la modalidad de la Educación Bilingüe Intercultural y en vista de la prioridad estatal a favor de una población cuya lengua dominante es la lengua vernácula, la política de educación será de bilingüismo en lenguas vernáculas maternas, como medio principal de comunicación pedagógica y de rescate y desarrollo de estas mismas lenguas.

- Institucionalizar la Educación Bilingüe Intercultural mediante la creación de Programa Nacional Educación  para las Etnias Autoctonas de Honduras (PRONEEAH) en sus modalidades Bilingüe e Intercultural, que dependerá de la Secretariá de Educación  Publica.

- El PRONEEAH, tendrá a cargo la planificacion, organizacion, desarrollo, supervision y evaluacion de los recursos educativos que facilitera y tecnifiquen la educacion de las poblaciones indígenas y afroantillanas del país.

En 1997, le Congrès national a institutionnalisé l'enseignement bilingue interculturel au moyen du décret 93-97 du 22 juin 1997 (Decreto 93-97, se institucionaliza la educación bilingüe intercultural). De 1994 à 1997, le Programme national d’éducation pour les ethnies autochtones du Honduras (PRONEEAH) a bien fonctionné, mais il a été paralysé par la suite pour toutes sortes de raisons.

Dans les faits, les Garífunas et les créolophones reçoivent un enseignement bilingue (anglais-espagnol) pour passer progressivement de l’anglais à l’espagnol. Or, la langue maternelle de ces enfants est souvent le garifuna, sinon le créole, non l’anglais. De plus, les enfants manquent de manuels appropriés et, lorsqu’ils en ont, ils sont aux prises avec des problèmes d’alphabets. En effet, selon que les manuels ont été rédigés par des anglophones ou des hispanophones, les mots ne sont pas écrits de la même manière, avec les difficultés qu’on imagine pour ces enfants. Ce problème est loin d’être banal, car il est devenu le principal obstacle dans les programmes d'éducation: aucun manuel ne peut être approuvé par le ministère de l'Éducation nationale, avant qu'un alphabet unique ne soit décidé. Dans le cas des Garifunas, 68,4% d'entre eux ont une scolarité de base, c'est-à-dire qu'ils ont reçu une éducation primaire. Seulement 17,7 % ont bénéficié d'un enseignement secondaire et uniquement 3,7 % ont fréquenté une université. Plus de dix pour cent des Garifunas sont analphabètes.

Pour ce qui est des communautés amérindiennes, l’enseignement bilingue est encore peu répandu, car il n’existe que quelques écoles qui réussissent à dispenser un tel enseignement. Depuis 1995, des spécialistes ont construit des alphabets et travaillent à rédiger des grammaires. Des enseignants ont même été formés grâce à l’aide extérieure. Il ne faut pas oublier que la plupart des langues amérindiennes du Honduras ne sont parlées que par moins de 1000 locuteurs — les exceptions étant le lenca et le miskito — et que seuls les enfants vont à l’école. De plus, comme les programmes ne sont pas officialisé par l’État, il arrive que les enseignants ne reçoivent pas de salaire...  En dépit des efforts effectués en éducation, le Honduras n'a pas su régler tous les problèmes concernant la formation des enseignants bilingues, la rédaction de dictionnaires et de grammaires, etc., notamment pour les populations amérindiennes. Au Honduras, les citoyens autochtones représentent 7 % de la population, mais leur taux d'alphabétisation varie entre 0 % et 28 %, ce qui paraît nettement en dessous de la moyenne nationale. Or, l'analphabétisme entraîne la honte de la langue maternelle, ce qui entraîne généralement le rejet de sa langue. Par ailleurs, les langues autochtones n’étant pas normalisées, nombreux sont les locuteurs qui trouvent difficile de les écrire. 

Comme si ce n'était pas assez, le Honduras, l’un des pays les plus pauvres de l’Amérique latine, est aux prises avec des langues en voie de disparition. Les langues autochtones disparaissent parce que les parents, en particulier les mères, pratiquent de moins en moins leur langue maternelle avec les enfants. Depuis 1995, l'UNESCO et le CIPSH (Conseil international de la philosophie et des sciences humaines) ont publié des études sur la sujet. Un «Red Book», un «Livre rouge» des langues en danger d’extinction a été élaboré. Les langues amérindiennes du Honduras seront toutes disparues dans quelques décennies.

5.3 La vie économique

Il faudrait avoir de forts bons yeux pour voir d’autres langues que l’espagnol et, dans une moindre mesure, l’anglais dans le paysage hondurien, car pour ce qui est des langues minoritaires elles sont inexistantes. Évidemment, toute l’activité économique se déroule en espagnol, parfois en anglais dans les entreprises communiquant avec les États-Unis.

De même, les médias n’existent qu’en espagnol. Les journaux, tels que La Prensa, Tiempo, La Tribuna, Tegucigalpa, Tiempos del Mundo, etc., ne sont publiés que dans cette langue. Néanmoins, certains journaux, notamment le Honduras This Week et The Roatan Weekly sont publiés en anglais. Les autres langues du pays n’existent pas!

6 Les traités internationaux

Le Honduras a signé quelques traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, mais seule la Convention relative aux peuples indigènes et tribaux (en espagnol: Convención sobre pueblos indígenas y tribales) de l’Organisation internationale du travail (OIT) mérite d’être soulignée.

Le gouvernement du Honduras a signé la Convention relative aux peuples indigènes de l’OIT; le Parlement l’a ratifiée le 28 mars 1995. Ce document d’une grande importante implique 14 États, dont en Amérique centrale le Honduras, le Guatemala, la Bolivie, le Costa Rica et l’Équateur.

La Convention reconnaît aux peuples indigènes le droit de jouir pleinement des libertés fondamentales, sans entrave ni discrimination (art. 3). Les dispositions de cette convention doivent être appliquées sans discrimination aux femmes et aux hommes de ces peuples. Les gouvernements des États signataires doivent mettre en place des moyens par lesquels les peuples autochtones pourront, à égalité avec le reste de citoyens de leur pays, participer librement et à tous les niveaux à la prise de décisions dans les institutions électives et les organismes administratifs et autres qui sont responsables des politiques et des programmes qui les concernent (art. 6). L’article 7 reconnaît aux populations concernées le droit de contrôler leur développement économique, social et culturel propre. Les États doivent aussi tenir compte des coutumes et du droit coutumier de ces populations (art. 8). L’article 20 de la Convention oblige les gouvernements à «prendre des mesures spéciales pour assurer aux travailleurs appartenant à ces peuples une protection efficace en ce qui concerne le recrutement et les conditions d'emploi». Les gouvernements doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter toute discrimination entre les travailleurs appartenant aux peuples intéressés.

La partie VI de la Convention est consacrée à l’éducation, donc indirectement à la langue. L’article 26 est très clair sur la possibilité des autochtones d’acquérir leur instruction à tous les niveaux:

Article 26

Des mesures doivent être prises pour assurer aux membres des peuples intéressés la possibilité d'acquérir une éducation à tous les niveaux au moins sur un pied d'égalité avec le reste de la communauté nationale.

Le paragraphe 3 de l’article 27 reconnaît «le droit de ces peuples de créer leurs propres institutions et moyens d'éducation» et que des ressources appropriées leur soient fournies à cette fin. C’est l’article 28 qui semble le plus important en cette matière:

Article 27

1) Lorsque cela est réalisable, un enseignement doit être donné aux enfants des peuples intéressés pour leur apprendre à lire et à écrire dans leur propre langue indigène ou dans la langue qui est le plus communément utilisée par le groupe auquel ils appartiennent. Lorsque cela n'est pas réalisable, les autorités compétentes doivent entreprendre des consultations avec ces peuples en vue de l'adoption de mesures permettant d'atteindre cet objectif.

2) Des mesures adéquates doivent être prises pour assurer que ces peuples aient la possibilité d'atteindre la maîtrise de la langue nationale ou de l'une des langues officielles du pays.

3) Des dispositions doivent être prises pour sauvegarder les langues indigènes des peuples intéressés et en promouvoir le développement et la pratique.

Les États appuieront l'élaboration de programmes scolaires correspondant à la réalité des peuples autochtones et mobiliseront les ressources techniques et financières nécessaires à leur bonne application. Quant à l’article 31, il précise que «mesures de caractère éducatif doivent être prises dans tous les secteurs de la communauté nationale, et particulièrement dans ceux qui sont le plus directement en contact avec les peuples intéressés, afin d'éliminer les préjugés qu'ils pourraient nourrir à l'égard de ces peuples». Dans ces perspectives, il est précisé que «des efforts doivent être faits pour assurer que les livres d'histoire et autres matériels pédagogiques fournissent une description équitable, exacte et documentée des sociétés et cultures des peuples intéressés».

Comme il se doit, les États signataires de la Convention reconnaîtront et établiront des mécanismes pour assurer l'exercice de tous les droits des peuples autochtones, en particulier en ce qui concerne l'éducation, la langue et la culture. On peut lire le texte complet de la Convention en cliquant ICI.

Dans le cas du Honduras, on pourrait dire que la Convention n’est pas vraiment appliquée, dans la mesure où les résultats se font attendre. Il faudrait procéder à «une régionalisation administrative» systématique des services de l’éducation, de la santé, de la culture des peuples indigènes et leur participation à la gestion éducative et culturelle au plan local. Les affaires autochtones pourraient également être réglées selon le droit coutumier et il en serait tenu compte dans le Code pénal qui devrait être modifié. Il faudrait former les juges à la connaissance de ce droit et promouvoir une aide juridique gratuite. On est loin du compte au Honduras.

Certes, le Honduras est l'un des pays les plus pauvres de l'Amérique centrale (avec le Guatemala), mais cette situation n’explique pas tout et surtout n’excuse pas tous les abus ou les omissions en matière de droits humains. De fait, les communautés indigènes doivent encore multiplié les manifestations pour défendre leurs revendications, notamment en matière de droit à la terre, à la justice et l'accès à de meilleurs services, dont ceux de l’éducation et de la santé. Malgré la signature de quelques accords avec les autorités honduriennes, la plupart de problèmes sont demeurés sans solutions. Les défenseurs des droits humains continuent au Honduras d'être menacés et agressés, voire d'être emprisonnés. Des dirigeants indigènes restent encore la cible de menaces de mort, de harcèlements et d'autres manœuvres d'intimidation. Des enfants continuent d’être victimes de violations de leurs droits fondamentaux. Du côté de la police nationale, elle utilise parfois une force excessive à l’égard des manifestants contre le régime. Bref, la situation des citoyens les plus pauvres de la société hondurienne semble demeurée quasi inchangée depuis des décennies. Alors, pour les droits linguistiques au Honduras, tout est à faire. Quand on parle de politique linguistique au Honduras, il ne faudrait pas trop se faire d’illusions. Plus justement, il s’agit d’une non-intervention, un choix délibéré des autorités de façon à propager l’usage de la langue officielle aux dépens des langues amérindiennes, presque toutes en voie d’extinction. Cette politique a forcément réussi au Honduras. Quand on sait que pour éviter la disparition des langues amérindiennes au Honduras comme ailleurs, il faudrait élargir leurs fonctions sociales et les intégrer à des rôles publics et institutionnels non traditionnels, il y a loin de la coupe aux lèvres.

 Dernière mise à jour: 21 déc. 2023


 

Bibliographie

ENCYCLOPÉDIE MICROSOFT ENCARTA, 2004, art. «Honduras», pour la partie historique.

GAUTHIER, François, Jacques LECLERC et Jacques MAURAIS. Langues et constitutions, Montréal/Paris, Office de la langue française / Conseil international de la langue française, 1993, 131 p.

LECLERC, Jacques. La guerre des langues dans l'affichage, Montréal, VLB Éditeur & Jacques Leclerc, 1989, 420 p.

MUÑIZ-ARGÜELLES, Luis. «Les politiques linguistiques des pays latino-américains», Colloque international La diversité culturelle et les politiques linguistiques dans le monde, Québec, Commission des états généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec, 24 et 25 mars 2001.

YACOUB, Joseph. «Les minorités en Amérique latine et aux Caraïbes» dans Les minorités dans le monde, Paris, Desclée de Brouwer, 1998, p. 781-805. 

 

 
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