Territoire de l'île de Norfolk

Île Norfolk

Territoire autonome australien

Capitale: Kingston
Population:  2302 hab. (est. 2011)
Langues officielles: anglais (de facto) et norfuk (de jure) 
Groupe majoritaire: anglais (env. 66 %)
Groupes minoritaires: norfolkais appelé norfuk ou pitcairnais (33,3, %)
Système politique: territoire australien autonome
Articles constitutionnels (langue):  aucune disposition linguistique dans la Norfolk Island Act of 1979
Lois linguistiques: Loi sur la langue de l'île Norfolk (2004).

1 Situation géographique

L'île Norfolk, qui compte une superficie de 34 km² (8 km de long et 5 km de large), bénéficie d'une autonomie gouvernementale tout en faisant partie de l'Australie. Cette île est située à plus de 1400 km l'est de l'Australie, entre la Nouvelle-Calédonie au nord et la Nouvelle-Zélande au sud.

Les représentants élus de Norfolk s'occupent des affaires internes, alors que la défense et les relations extérieures restent sous la responsabilité de l'Australie. La capitale de l'île est Kingston.

2 Données démolinguistiques

Au point de vue ethnique, on distingue les Anglo-Australiens qui forment 37,6 % de la population, les Néo-Zélandais (16,3 %), les Britanniques (9,2 %), les Norfolkais (33,3 %). Il existe une petite population mixte atteignant 3,3%, soit quelques dizaines d'individus. Il n'y a donc pas de groupe majoritaire sur l'île. Les Norfolkais autochtones sont soit des Polynésiens, soit des descendants des révoltés du Bounty et originaires de Île Pitcairn, mais le nombre d'immigrants en provenance de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des îles Fidji cesse d'augmenter.

La langue parlée par la majorité de la population est l'anglais (66 %). Mais les descendants des immigrants de Pitcairn peuvent encore parler, comme langue seconde, le pitcairnais appelé norfuk ou plus récemment norf’k. C'est une langue mixte formé de l'anglais et du tahitienne du XVIIIe siècle, introduite à l’origine par des colons parlant le pitcairn de l'île Pitcairn. Avec l’anglais, c’est la langue co-officielle de l’île Norfolk.

Quelque 37 % des insulaires sont de confession anglicane, 14 % appartiennent à l'Église unie d'Australie, 12 % sont catholiques, 3 % adventistes du Septième Jour, etc.

3 Données historiques

On croit que l'île fut habitée par des Polynésiens vers l'an 1000 de notre ère. En 1522, le Portugais Cristovao de Mendonca fut probablement le premier Européen à apercevoir l'île Norfolk. Le 10 octobre 1774, le capitaine James Cook découvrait Norfolk qui fut aussitôt revendiquée par la Grande-Bretagne. Celle-ci souhaitait exploiter les arbres à feuilles persistantes qui y poussaient pour la fabrication de mâts destinés à sa marine. Cependant, le bois n’apportant pas satisfaction, la Grande-Bretagne décida de faire de l'île une colonie pénitentiaire. Cette paisible île australienne fut une colonie pénitentiaire abritant les pires criminels condamnés à l'exil. Aujourd'hui, les vestiges archéologiques de la colonie pénitentiaire sont classés au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO et sont estimés pour leur importance historique. D'ailleurs, divers sites, magnifiques malgré leur étrangeté, peuvent être visités, comme une prison, une aciérie un cimetière, une scierie et la maison du sel.

C'est en 1789 que naquit le premier bébé qu'on appela Norfolk, nom qui est resté pour désigner l'île. En 1792, le population de Norfolk était estimée à 1115 personnes.  Puis, en février 1814, la colonie insulaire fut abandonnée, les prisonniers et les colons, tous déplacés à Van Diemen's Land (en Tasmanie). En 1844, l'île fut annexée par la Tasmanie et devint une dépendance des Nouvelles Galles du Sud (Australie).

En 1856, l'île Norfolk fut recolonisée par les habitants de l'île Pitcairn, descendants des mutins du Bounty et de leurs compagnons tahitiens. Au total, 194 habitants de Pitcairn, dont 40 hommes, 47 femmes, 54 garçons et 53 filles, s'installèrent sur Norfolk. En 1858 et en 1863, plusieurs Pitcairnais quittèrent Norfolk pour retourner à Pitcairn. L'administration de île de Norfolk fut transférée au Commonwealth d’Australie en 1913. En 1979, la Norfolk Island Act permit aux Norfolkais d'avoir une Assemblée législative monocamérale afin d'assumer la responsabilité des affaires intérieures, l'Australie conservant l'exclusivité des affaires extérieures et de la défense. De nos jours, le statut de «paradis fiscal» de l'île fait d'elle un refuge pour les touristes fortunés. C'est en 2004 que l'Assemblée législative de Norfolk adopta la Loi sur la langue de l'île Norfolk.

4 La politique linguistique

Il n'existe guère de politique linguistique à Norfolk à l'égard de l'anglais. On ne lit aucune disposition d'ordre linguistique dans la Constitution norfolkaise (la Norfolk Island Act of 1979). Cependant, la Loi sur la langue de l'île Norfolk reconnaît au peuple de l'île Norfolk de parler et de l’écrire librement:

Article 3

Définitions

Dans la présente loi, «langue de l’île Norfolk» ou «norf’k» désigne la langue connue sous le nom de «norf’k» parlée par les descendants des premiers colons de l’île Norfolk, lesquels étaient des descendants des colons de l’île Pitcairn.

Article4

Reconnaissance de Norf’k

Par la présente promulgation, le gouvernement et le peuple de l’île Norfolk reconnaissent et soutiennent la langue de l’île Norfolk (Norf’k) et le droit du peuple de l’île Norfolk de parler et de l’écrire librement, et sans ingérence ni préjudice de la part d'un gouvernement ou d’autres instances.

La loi ne précise pas qu'il s'agit d'une langue co-officielle, mais la langue norf'k en a tous les attributs:

Article 5

Emploi du Norf’k

1) La langue de l’île Norfolk peut être employée dans toutes les formes de communication entre les individus de l’île Norfolk (mais pas nécessairement), et lorsqu’elle est employée dans les communications officielles, elle doit toujours être accompagnée d’une traduction exacte en anglais.

2) Le norf’k peut être employé comme langue d’apprentissage et d’enseignement dans les écoles de l’île Norfolk, mais aucun enfant ne peut être contraint de l’apprendre ou de s'y instruire.

4.1 La législation et les tribunaux

L'anglais demeure l'unique langue employée à la législature, dans les tribunaux et l'administration.

La langue norfuk est en grande partie une langue parlée plutôt qu’écrite, et elle n'a pas encore été complètement standardisée. Cependant, un certain nombre de tentatives ont été faites pour élaborer une orthographe pour la langue. Les premières tentatives ont soit tenté d’imposer l’orthographe anglaise sur les mots norfuk, soit utilisé des signes diacritiques pour représenter des sons distincts de la langue.

4.2 L'éducation

En matière scolaire, la Norfolk Island Central School a décidé d'inscrire dans un programme un cours spécifique sur le norfuk intitulé le Norfolk Studies Program. L'objectif était d'enseigner aux jeunes générations les anciennes techniques de tissage et de faire revivre cette tradition. Mais les difficultés à sa mise en œuvre ont vite fait de rendre ce cours inopérant. Aucun spécialiste n'a été nommé au sein de la fonction publique pour aider à traiter les problèmes relevant du secteur de l'éducation. En matière de langue, rien n'a été tenté pour adopter une forme de transcription écrite du norfuk. En fait, il n'existe aucune forme de protection pour tenter de sauvegarder le norfuk, hormis une loi sans coercition.

4.3 Les médias

La presse est entièrement en anglais. Il existe un hebdomadaire en anglais publiant toutes les nouvelles locales ainsi que les communiqués officiels, le calendrier des manifestations culturelles et des articles sur la région d'intérêt local.  Les émissions radiophoniques sont diffusées à 95 % en anglais et à 5 % en norfuk. La NVIS est une chaîne de télévision purement locale: elle s'intéresse à l'histoire et à l'identité culturelles de l'île et diffuse des programmes à contenu culturel océanien, mais uniquement en anglais.

Beaucoup considèrent que le patrimoine linguistique des autochtones est bien mal en point. Contrairement aux insulaires de l'île de Pitcairn, qui ont toujours vécu en communauté isolée, ceux de l'île de Norfolk ont connu de nombreux changements. En effet, les Norfolkais doivent faire face à une industrie touristique en plein essor ainsi qu'à une immigration anglophone de plus en plus forte, alors que les jeunes générations se marient généralement en dehors de leur communauté ; les mariages mixtes ont pour effet de précipiter l'assimilation. Il existe bien une La loi sur le patrimoine culturel meuble (Moveable Culture Heritage Act), qui protège les biens tels que les objets ou documents archéologiques, historiques, littéraires, artistiques ou scientifiques, mais le patrimoine des Norfolkais recouvrant leur langue, leurs connaissances, leurs techniques artisanales et leurs croyances n'est pas reconnu et ne bénéficie d'aucune protection dans la Loi sur la langue de l'île Norfolk, qui n'impose aucune contrainte.

Dernière mise à jour: 30 déc. 2023


Bibliographie

Australian Language and Literacy Council. Speaking of Business: the Needs of Business and Industry for Language Skills, Canberra, NBEET, 1994.

GOVERNMENT OF THE ISLANDS OF PITCAIRN. A Guide to Pitcairn, Auckland, Government of the Islands of Pitcairn, Henderson, Ducie and Oeno, 5e édition, 1990.

KERR, Butch. The Saga of HMS Bounty and Pitcairn Island, [http://www.lareau.org/sagaintro.htm].
 

Australie


 Le Pacifique

Accueil: aménagement linguistique dans le monde