Au cours de son histoire passée, la Colombie-Britannique n'a pas connu 
de conflits linguistiques. L'anglais fut considéré comme la langue officielle, sans qu'il n'ait 
été nécessaire de légiférer à ce sujet. Les francophones furent oubliés, de même 
que les nombreux immigrants asiatiques et les autochtones. Il n'existait pas 
d'obligation constitutionnelle d'offrir des services judiciaires en français en 
Colombie-Britannique. Il n'y a pas eu non plus de législation reconnaissant le 
droit à l'usage de la langue française dans les tribunaux. D'ailleurs, une 
disposition générale des Règles de procédure de cette province 
prescrivait que tous les documents devaient être rédigés en anglais. Cette 
disposition ne s'appliquerait pas aux cours de juridiction criminelle 
puisqu'elle contrevenait aux dispositions du 
 Code criminel canadien, 
mais les dispositions relatives au Code criminel ne sont entrées en 
vigueur qu'en 1990. Durant plus d'un siècle, la minorité francophone a dû 
fréquenter les écoles anglaises pour assurer son instruction. L'enseignement en 
français a été offert pour la première fois en Colombie-Britannique à la fin des 
années 1960, sous la forme de programmes bilingues. Quant aux autochtones, ils 
furent complètement ignorés.  
3.4 Les résistances au français
Après la promulgation de la 
Loi 
constitutionnelle de 1982 qui inscrivait dans la Constitution canadienne 
le bilinguisme anglais-français dans les institutions fédérales et, par la 
Charte canadienne des droits et libertés, obligeait les provinces à assurer une 
instruction dans la langue des minorités de langue officielle, la 
Colombie-Britannique accorda une première école publique aux francophones en 
1983. 
    L’article 23 de la Charte reconnaît 
officiellement le droit des parents appartenant à la minorité linguistique de 
langue officielle de faire instruire leurs enfants, aux niveaux primaire et 
secondaire, dans leur langue. Toutefois, ce même texte demeurait relativement 
évasif sur les modalités de l’application de ces prescriptions, ce qui laissait 
à chacune des provinces une certaine latitude. Un tel ce 
flou juridique allait susciter des conflits quant à l'interprétation à donner au 
contenu de l'article 23. Dans presque toutes les provinces, il fallut de longues 
batailles judiciaires pour que les tribunaux en viennent à fixer 
l'interprétation réelle à donner au texte constitutionnel de 1982. En 
Colombie-Britannique, le gouvernement adopta en 1989 la School Act (Loi 
scolaire) reconnaissant aux parents le droits d'envoyer leurs enfants dans 
des écoles françaises. Mais il y avait loin de la coupe aux lèvres, car plus 
rien n'avança par la suite. 
Devant l’inaction provinciale dans la mise en 
application effective des droits scolaires, l'Association des parents 
francophones de la Colombie-Britannique se mobilisa et déposa une action en 
justice. Après plusieurs promesses suivies de nombreuses rétractations, le 
gouvernement finit par adopter, en novembre 1995, un règlement (Francophone 
Education Regulation) dont les dispositions se révélèrent très restrictives 
à l'égard de l'accès aux écoles en français. Les négociations qui s'ensuivirent 
avec la province échouèrent de telle sorte que l'affaire s'est finalement portée 
devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique. Le verdict de la Cour suprême 
de la Colombie-Britannique fut rendu le 21 août 1996. Le juge David Vickers a 
alors déclaré: «Le gouvernement de la Colombie-Britannique a échoué à répondre, 
conformément à la Constitution fédérale, au devoir de garantir une éducation en 
langue française.» Le tribunal accorda au gouvernement provincial jusqu’à la fin 
de la session législative pour promulguer une loi protégeant les droits à 
l’éducation en langue française. 
À cette occasion, Jim Abbott, député de la 
circonscription Kootenay-Est au Parlement fédéral et membre du Parti réformiste, 
hostile au bilinguisme et au biculturalisme au Canada, déclara que l’argent du 
gouvernement de la province dépensé dans l’éducation en langue française devrait 
plutôt être utilisé pour l’enseignement de l’anglais comme langue seconde. Il 
reprochait au tribunal d'avoir commis une «insigne erreur» et d'avoir accordé à 
la minorité francophone un contrôle considérable sur l’instruction en français; il 
invitait même le gouvernement à résister au jugement de la Cour. 
Il fallut attendre en 1996 pour que 
l'Assemblée législative de la province adopte un projet de loi modifiant la  
	 Loi scolaire de 1989 pour celle de 1996 (voir 
le texte de 1996). Dans cette loi, la province reconnaît de façon 
permanente le droit à recevoir une instruction en français. En donnant gain de cause à la 
communauté francophone de la Colombie-Britannique, le juge Vickers a ouvert la 
voie à l’établissement d’un système scolaire francophone complètement autonome 
par rapport au système scolaire anglais. Jusqu'en 1999, la gestion de 
l’éducation en français était toujours restée à la discrétion des conseils 
scolaires anglophones. Le Conseil scolaire francophone obtint ainsi la juridiction du 
programme francophone dans toute la province. 
Néanmoins, il n'est pas facile d'être 
francophone dans l'Ouest. En 2010, 
le Conseil scolaire francophone (CSF) de la Colombie-Britannique et la
Fédération des parents francophones de cette province 
ont intenté une action judiciaire pour obliger le gouvernement provincial à 
reconnaître ses devoirs constitutionnels et à lui donner les moyens de remplir 
ses obligations. Les deux associations estimaient que «dans plusieurs régions de 
la province les espaces pour offrir l’éducation en français sont inadéquats et 
la situation est alarmante». Cette situation empêcherait le CSF de desservir 
toute la population scolaire et d’offrir des services éducatifs de la plus haute 
qualité et équivalant à ceux offerts aux anglophones. Cette situation aurait 
pour résultat une assimilation galopante des jeunes francophones en 
Colombie-Britannique. Selon le CSF, le gouvernement provincial doit donner aux 
francophones les moyens de gérer la forte croissance dans leurs écoles et 
d’offrir à leurs enfants des écoles sécuritaires et adéquates. 
En juillet 2013 (Conseil scolaire 
francophone de la Colombie-Britannique c. Colombie-Britannique, 2013 CSC 
42), la Cour suprême du Canada a statué que la loi britannique de 1731, qui a 
été abrogée en Angleterre, demeurait malgré tout en vigueur en 
Colombie-Britannique et qu'en conséquence les juges britanno-colombiens 
ne sont pas tenus d'accepter en preuve des documents dans une autre langue que 
l'anglais. Aux termes de l’article 2 de la 
Law 
and Equity Act de 1996, «les lois civiles et criminelles de l’Angleterre 
en vigueur le 19 novembre 1858 s’appliquent en Colombie-Britannique, à condition 
de ne pas être rendues inapplicables par la situation dans cette province» 
(traduction). De plus, à cette époque, la province était gouvernée en langue 
anglaise. Étant donné que les immigrants, attirés par la ruée vers l’or dans le 
canyon du Fraser, venaient en grande partie des États-Unis, l’anglais était la 
langue commune des colons. La loi de 1731 n’a pas été modifiée en ce qui 
concerne le déroulement des instances civiles en Colombie-Britannique. Au final, 
la législature de la Colombie-Britannique ne l’a pas ni abrogée ni modifiée. De toute façon, l’article 22-3 de la
Loi sur 
les règlements de la cour (2009) prescrit l’emploi de l’anglais pour toute 
pièce jointe à un affidavit qui est déposé au tribunal.
Pour sa part, la Fédération des francophones de la 
	Colombie-Britannique croit qu'un jugement en faveur de l'usage du français 
	aurait pu faire jurisprudence dans la province, mais aussi en Alberta, en 
	Nouvelle-Écosse, en Saskatchewan et à Terre-Neuve. L'organisme estime que la 
	Cour suprême a raté l'occasion de «pérenniser l'utilisation du français dans 
	les cours provinciales» et juge qu'il faut une politique gouvernementale sur 
	les services en français en Colombie-Britannique. Une consolation, les perdants dans cette cause, le Conseil scolaire 
francophone (CSF) et la Fédération des parents, ont obtenu le remboursement de 
leurs frais judiciaires, car ils ont soulevé une question nouvelle, qui avait 
une portée générale fondée sur la Charte canadienne des droits et libertés.
4
L'absence de statut du français
Au gouvernement provincial de la Colombie-Britannique,
le français ne possède aucun statut officiel, pas plus que
l'anglais d'ailleurs. En effet, la province n'a jamais légiféré
en matière de langue et aucune loi n'a été effectivement
adoptée, sauf que des dispositions ponctuelles d'ordre linguistique peuvent 
avoir été adoptées dans certaines lois. Cependant, même si l'anglais n'est pas reconnu juridiquement
comme langue officielle, il a acquis, comme dans la plupart des provinces
anglaises, ce statut dans les faits. 
4.1 Les services fédéraux
Ce n'est donc que sur le plan des structures
relevant du gouvernement fédéral que la langue française
jouit d'un statut dans la province. La Colombie-Britannique n'est pas soumise
aux dispositions de l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867
pour ce qui touche le Parlement provincial et les tribunaux. D'ailleurs,
en 1986, la Cour d'appel de la province a même statué sur
cette question en ce qui concerne la Loi constitutionnelle de 1982;
selon la Cour, les articles 16 à 22 de la Charte canadienne (relatifs
à la langue des débats et de la rédaction des lois)
ne s'appliquent pas à cette province, ce qui signifie que l'on ne
peut exiger d'utiliser le français dans les débats du Parlement
et dans la rédaction des lois. Cependant, un député
francophone peut employer le français s'il y tient, mais aucun service
de traduction simultanée ne lui sera fourni. En Colombie-Britannique, certains bureaux fédéraux doivent 
fournir des services en français. Les centres de Service Canada offrent des 
services en français et en anglais dans les villes suivantes: 
Abbotsford, Chilliwack, Kamloops, Kelowna, Nanaimo, Penticton, Prince George, 
Vancouver et Victoria. Partout ailleurs, ces services ne sont dispensés qu'en 
anglais.4.2 L'enseignement en français
La Colombie-Britannique est néanmoins
liée à  l'article 23 de la Charte des droits et libertés
 
de 1982, qui accorde le droit à l'enseignement en français
partout au Canada  
    «là où le nombre le justifie». La 
Loi sur les langues 
officielles (1988) du gouvernement canadien protège
également les francophones, qui peuvent bénéficier
en principe de services bilingues quand ils font affaire avec des organismes
du gouvernement fédéral. Dans la réalité, les
services fédéraux bilingues ne sont pas offerts sur demande
pour la simple raison que la demande pour ces services est à peu
près nulle, les francophones ayant pris l'habitude de toujours communiquer
en anglais. 
4.3 Les 
services provinciaux
En ce qui a trait aux services provinciaux
en français, ils demeurent symboliques. 
La province n’a, pour sa part, 
aucune obligation de donner des services en français. Seul le Bureau des 
affaires francophones du gouvernement de la Colombie-Britannique peut offrir des 
informations concernant la santé, le développement économique, la justice et les 
services sociaux. Même les représentants
de l'Inter-Cultural Association of Greater Victoria estiment que le gouvernement
de la province fait peu pour les francophones: «Je ne connais personne
qui parle français au sein de ce gouvernement. Si un Québécois
s'adresse à l'assurance-maladie ou quelque autre service, on l'envoie
à notre association.» De plus, la Fédération des francophones de 
la Colombie-Britannique donne un certain nombre de renseignements en ce qui 
concerne le gouvernement provincial, mais ce n'est pas elle qui offre les 
services. Quoi qu'il en soit, la documentation n'est offerte
qu'en anglais; il n'y a même pas de procédure prévue
pour les services de traduction, qui sont à peine existants. 
Une
enquête CROP (1983) révélait que moins de 3 % des francophones
ont ou obtenir des services en français dans cette province; aucun
changement n'est survenu depuis. Par exemple, l'Insurance 
Corporation of British Columbia (ICBC), 
l'équivalent de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), 
émet
 ses documents uniquement en anglais, mais 
donne néanmoins des renseignement en 
"Simplified 
Chinese", en "Traditional Chinese" et en "Pujabi", 
rien du tout en français. Lorsqu'un francophone obtient son permis de conduire, 
par exemple de «classe 7» pour débutant,  il se fait dire en français qu'il 
recevra un exemplaire du Tuning up for drivers. De toute façon, il n'existe aucun soutien pour inciter 
les francophones à demander des services en français. Ils se feront répondre: «Don't 
rock the boat» (ne faites pas de vagues). Pour les 
soins de santé, la situation est identique. Mais le 
BC HealthGuide Handbook (Guide-Santé de la 
C.-B.) est publié en anglais, en français, en chinois et en panjabi; il est 
disponible sur Internet, sauf celui en français.
Il n'y a pas plus d'espace francophone sur le plan du travail. Les seules 
possibilités de travailler en partie en français en Colombi
e-Britannique 
demeurent les suivantes: moins de 200 postes dits bilingues dans la fonction 
publique fédérale, une cinquantaine de postes à Radio-Canada, et quelques autres 
emplois bilingues dans deux Caisses populaires, quatre librairies et à 
l'hebdomadaire régional Le Soleil de Colombie, qui tire à 3600 exemplaires.
La grande majorité de ces postes sont occupés par des anglophones
bilingues.
4.4 Les Jeux olympiques d'hiver de 2010
La ville de Vancouver 
fut l'hôte des Jeux olympiques d'hiver 
en 2010. Or, l'absence du français en Colombie-Britannique, plus spécialement à 
Vancouver, est généralisée, Jeux olympiques ou pas. Au centre d'information 
touristique de Vancouver, il est possible de trouver des dépliants bilingues: 
anglais et mandarin.  À l'aéroport international de Vancouver, il n'y a 
jamais d'appel en français, même pas pour les vols vers Montréal. Bref, 
transformer Vancouver en une ville bilingue pendant quelques semaines semblait 
défier toute logique politique et démographique, et ce, dans un pays 
officiellement bilingue et pour un seul événement, les Jeux olympiques, dont la 
langue officielle est le français.
Pourtant, le gouvernement fédéral a réagi en 
dégageant sept millions de dollars pour la traduction et l'affichage en français 
sur les lieux de compétition des Jeux et dans les événements culturels connexes. C'est que, pour le gouvernement fédéral, les 
Jeux olympiques de Vancouver 
devenaient aussi une sorte de test pour la qualité du bilinguisme au Canada. Le 
commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, a commandé une enquête pour 
s'assurer que le français avait sa juste place aux Jeux olympiques d'hiver de 
2010 à Vancouver. Pour sa part, la Fédération canadienne des contribuables est 
d'avis que cette dépense était un «gaspillage de fonds publics». Quant au ministre 
du Patrimoine canadien, James Moore, il s'est dit «déçu» de la faible 
représentation de la langue française lors d'une entrevue sur la chaîne 
canadienne-anglaise CBC Television, diffusée le 14 février 2010: «Je pense que 
les cérémonies d'ouverture étaient géniales, mais il aurait dû y avoir davantage 
de français, un point c'est tout.» Quant au commissaire aux langues officielles, 
il a déclaré : «Il y a des moments que je sens que le français à Vancouver est 
un peu comme la neige: tout le monde à Vancouver souhaite la voir, mais elle est 
parfois difficile à trouver.»
Un an après les Jeux olympiques de Vancouver, l'ancien président 
du COVAN, le comité organisateur des Jeux de Vancouver, 
John Furlong, rejetait toute responsabilité concernant la très faible présence 
de la langue française lors des Jeux olympiques. M. Furlong accusa aussi de tous 
les maux le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, ainsi que le 
premier ministre du Québec, Jean Charest et 
les journalistes du Québec, sans oublier le Bloc québécois, le parti 
indépendantiste à Ottawa.
En fait, John Furlong n'a jamais voulu reconnaître qu'il avait échoué à 
organiser des Jeux olympiques qui respectaient le droit des francophones 
canadiens de s'exprimer et de vivre dans leur langue.
4.5 La décision de la Cour suprême en faveur du Conseil 
scolaire francophone 
Le 12 juin 2010, la Cour suprême du Canada rejetait les efforts 
soutenus du ministère de l’Éducation de la province pour priver les francophones 
des ressources nécessaires pour assurer une instruction en français de qualité, 
et simplement répondre à la demande. Ce jugement fera sans doute jurisprudence, 
car il statue clairement qu’un petit nombre d'élèves ne leur justifie pas un 
traitement inégal. La cour établit une hiérarchie des droits selon laquelle il 
n’y a pas beaucoup de motifs valables pour refuser les services scolaires aux 
minorités francophones et encore moins des raisons comptables. En 2020, le 
Conseil scolaire francophone comptait 6200 élèves et 43 écoles.
Depuis des années, le gouvernement de la Colombie-Britannique a toujours refusé 
presque toutes les demandes pour construire de nouvelles écoles ou pour les 
agrandir. Ces demandes se sont répétées au moins 15 fois pour la construction ou 
l’agrandissement d’écoles. Par conséquent, le Conseil scolaire a dû dépenser des 
sommes folles en transport scolaire afin de réunir les enfants dans les autres 
écoles. La décision de la Cour suprême témoigne des exemples d’inégalités de 
traitement tels les trajets en autobus deux fois plus longs, des écoles sans 
bibliothèque ou sans gymnase, ou encore avec des gymnases trop petits pour 
certains sports, et d’autres mal chauffés où les enfants font de l’exercice avec 
leurs manteaux d'hiver, ainsi que des programmes scolaires offerts ailleurs, 
mais inexistants dans leurs écoles. Ce faisant, la province a violé leur droit à 
l’instruction dans la langue de la minorité garanti par l’article 23 de la 
Charte. Devant le manque de collaboration du ministère de l’Éducation, le 
Conseil scolaire et les parents francophones ont entamé une poursuite en 2010. 
L’affaire a pris rapidement des proportions gigantesques, car le gouvernement 
contestait toutes les demandes et montait toutes les barricades possibles. 
Finalement, la Cour a donné raisons aux francophones et a ajouté 
une pénalité de 7,1 millions de dollars que l’État doit verser en raison des 
agissements de ses fonctionnaires. Plus précisément, elle a ordonné à la 
province de payer six millions parce qu’elle n’a pas financé le transport par 
autobus scolaires et 1,1 million parce qu’elle n’a pas donné assez d’argent au 
Conseil scolaire pour les écoles en milieu rural. C'est la première fois qu'un 
tribunal statue que le nier des droits fondamentaux a des conséquences 
financières pour les gouvernements. Avec sa décision partagée (sept juges contre 
deux), le plus haut tribunal du pays a mis fin à une saga judiciaire qui a duré 
plus de dix ans. La Cour suprême a ainsi confirmé le droit à une éducation 
équivalente, de la même qualité que celle offerte à la majorité linguistique, et 
non pas juste une éducation «proportionnellement équivalente». Bref, les 
communautés francophones de la Colombie-Britannique ont le droit d’obtenir des 
écoles francophones, notamment à Victoria, à Vancouver et à Whistler. De plus, 
cette décision de la Cour suprême crée une jurisprudence dont pourront se servir 
les autres parents francophones du Canada pour exiger une éducation de qualité 
en français pour leurs enfants.
5
Les droits effectifs des Franco-Colombiens
Les francophones de la province 
n'ont jamais eu quelque droit linguistique que ce soit, sauf depuis l'adoption 
des dispositions linguistiques de la Constitution canadienne de 1982.
5.1 La Législature et les tribunaux
Le français n'est utilisé
au Parlement que comme privilège, non comme un droit.  Dans les cours de justice de juridiction civile, il est possible tout au plus d'exiger
la présence d'un interprète. Les dispositions relatives au
Code criminel canadien ne sont entrées en vigueur qu'en 1990. En
janvier 1996, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique
a publié un rapport critiquant le système de justice pénale
de la Colombie-Britannique. L'étude (L'accès à
la justice en français en Colombie-Britannique: les obstacles institutionnels
et systématiques) concluait que les services en français
n'étaient pas facilement accessibles et que des mesures s'imposaient
dans trois secteurs: sensibilisation du système de justice pénale
aux droits de la minorité linguistique, promotion des droits de
la minorité linguistique et présence de personnel francophone
au sein du système.
Dans le but de permettre un accès égal au système de justice en 
Colombie-Britannique, il est possible d'avoir son procès et l'enquête 
préliminaire en français en matière criminelle, tel qu'il est prescrit par le
Code criminel du Canada (article 530). 
Pour ce faire, le justiciable doit faire sa demande au juge juge devant lequel 
il comparaît. La demande peut également être faite par un avocat. Si la demande 
est acceptée, le personnel de la cour, le procureur de la Couronne, le juge et 
les membres du jury pouvant s'exprimer en français doivent être disponibles lors 
du procès. Mais il s'agit alors d'un «procès bilingue» devant un juge et un 
jury, normalement tenu dans la municipalité de New Westminster. Le justiciable, 
l'avocat et les témoins ont le droit aux services d'un interprète lors de la 
procédure. Les documents écrits préparés pour l'enquête préliminaire ou le 
procès pourront être rédigés en français ou anglais.
Dans la
  Loi sur les jurés 
(1996), un francophone unilingue ou un Amérindien qui ne comprendrait pas 
l'anglais ne peut servir de juré dans un procès:
 
	
		
			| 
			Article 4 
			[traduction] Inaptitude 
			provenant de difficultés linguistiques
 Une personne est inapte à servir de juré lors d'une instruction 
			lorsque la langue dans laquelle cette instruction se déroulera ne 
			peut être comprise, parlée ou lue par cette personne.
 
 Article 5
 Interprètes et 
			dispositifs d'interprétation
 L'article 4 ne s'applique pas à une personne qui :
 
				(a) serait 
				incapable, sans une aide quelconque, de voir ou d'entendre de 
				façon appropriée aux fins de servir de juré, et
 (b) recevra en qualité de juré l'aide d'une personne ou d'un 
				dispositif que la cour estime suffisant pour permettre au juré 
				de servir en tant que tel.
 | 
	
	En juillet 2013, la Cour suprême du Canada a statué que la 
	loi britannique de 1731 prévoyant que l'anglais était la langue des 
	«instances» judiciaires et la langue d'usage dans les documents déposés 
	en preuve, au civil, dans la province et que cette loi était encore en 
	vigueur. Ainsi, la
	
	
  	
	
	Loi sur l'équité
	et
	la législation 
	est valide en Colombie-Britannique:
	
		
			
				| Article 
				2 
				 
			[traduction] 
 Application de
				la loi anglaise
				en 
				Colombie-Britannique
 
 Sous réserve 
				de l'article 3, les 
				lois civiles et criminelles de l’Angleterre en vigueur le 19 
				novembre 1858 s’appliquent en Colombie-Britannique, à la 
				condition de ne pas être rendues inapplicables par la situation 
				dans cette province, 
				mais
				ces lois
				peuvent 
				être amenées à être changées et modifiées 
				par
				toute législation
				ayant 
				force de loi
				en 
				Colombie-Britannique
				ou dans toute
				ancienne colonie
				comprise dans
				ses limites 
				géographiques.
 | 
		
	 
	De plus, selon la Cour, même si on concluait que la loi de 1731 ne 
	s’appliquait pas en Colombie-Britannique, l’article 22-3 de la
	Loi 
	sur les règlements de la cour de 2009 prescrit l’emploi de l’anglais 
	pour toute pièce jointe à un affidavit (déclaration sous serment) qui est 
	déposé au tribunal. 
	
		
			
				| Article 1er  
			[traduction] 
				2) Documents 
				 À moins que la 
				nature du document le rende inapplicable, tous les documents 
				préparés pour être utilisés au tribunal doivent être en langue 
				anglaise, lisiblement imprimés, dactylographiés, rédigés ou 
				reproduit sur du papier blanc durable de 8½ pouces par 11 
				pouces, ou sur du papier recyclé blanc cassé.   | 
		
	 
	Sur la question de la Charte, la Cour a statué qu'«il n'est pas 
	contraire aux valeurs de la Charte que la législature de la 
	Colombie-Britannique décide que les instances judiciaires se déroulent 
	uniquement en langue anglaise».
	 
5.2 Les services publics provinciaux
Au plan des 
services gouvernementaux, les
communications dans la langue de la minorité sont inexistants, si
lon fait exception de certains bureaux du ministère de lÉducation
de la province. Quant aux services en français provenant du fédéral,
il sont plus que déficients, surtout depuis la privatisation de
plusieurs services aux mains dentreprises peu soucieuses de la langue
de la minorité. La province n’a, pour sa part, aucune obligation de 
donner des services en français. Cependant, le Bureau des affaires francophones 
du gouvernement de la Colombie-Britannique travaille en partenariat avec la 
communauté pour améliorer et promouvoir la vitalité de la communauté 
franco-colombienne et offrir des services de en français dans les domaines-clés 
comme la santé, le développement économique, la justice et les services sociaux. 
Dans les faits, le gouvernement de la Colombie-Britannique offre plus 
souvent des brochures en mandarin, en pendjabi
et en filipino qu'en français! 
 
D'ailleurs, la  
  Loi sur le 
multilinguisme (1996) est significative à cet 
égard. Les objectifs de cette loi témoignent que le français fait partie du 
patrimoine au même titre que les autres langues immigrantes: 
 
	
		
			| Article 2
			
			 
			[traduction] 
 Objectifs de la loi
 
 Les objectifs de la présente loi sont les suivants :
 
				(a) reconnaître que la 
				diversité de la Colombie-Britannique en matière de race, de 
				patrimoine culturel, de religion, d'ethnicité, d'origine et de 
				lieu de naissance est une caractéristique fondamentale de la 
				société britanno-colombienne, qui enrichit la vie de tous les 
				Britanno-Colombiens; (b) favoriser le respect du 
				patrimoine multiculturel de la Colombie-Britannique; (c) favoriser l'harmonie 
				raciale, la compréhension et le respect interculturels et le 
				développement d'une collectivité unie et en paix avec elle-même; (d) favoriser en 
				Colombie-Britannique la création d'une société où il n'existe 
				aucun obstacle à la participation pleine et entière de tous les 
				Britanno-Colombiens à la vie économique, sociale, culturelle et 
				politique de la province. | 
	
	La politique du gouvernement est de reconnaître et favoriser 
	la compréhension de la réalité que le multiculturalisme reflète la diversité 
	raciale et culturelle de la Colombie-Britannique, ce qui signifie favoriser 
	la compréhension et le respect entre les cultures, les attitudes et les 
	perceptions qui engendrent l'harmonie entre les Britanno-Colombiens de toute 
	race, religion, origine ethnique, ascendance, héritage culturel et lieu de 
	naissance.
 
5.3 L'éducation
En fait, les seuls droits réels
accordés aux francophones se limitent à l'éducation.
L'enseignement du français est permis au primaire; au secondaire,
il est très difficile, sinon impossible, de réunir des élèves
en nombre suffisant pour donner en français. Depuis 1979, le gouvernement
provincial permet l'enseignement du français de la maternelle à
la septième année. En vertu de 
 l'article 23 de la Charte des droits et
libertés, tous les
districts scolaires sont tenus
d'offrir un enseignement en français là où se trouvent
10 enfants francophones ou plus.  
 En 1986, on comptait moins de 500 élèves
dans les classes françaises réparties en trois écoles.
Cet enseignement n'est offert qu'aux seuls francophones ayant leur citoyenneté
canadienne, mais il est ouvert aux anglophones qui veulent apprendre le
français. Les cours destinés aux francophones connaissent
un succès phénoménal auprès des anglophones:
il y a 40 fois plus d'élèves anglophones inscrits que de
francophones. En 1989, on comptait 21 000 enfants de la Colombie-Britannique
inscrits en immersion française dont 2000 francophones. En 1992,
il n'existait encore aucune conseil scolaire francophone, mais le gouvernement
provincial a manifesté son intention de remédier à
ce problème dans un avenir rapproché. Le quotidien The
Province a demandé à ses lecteurs si le gouvernement
devait accorder le contrôle des écoles françaises à
des francophones; selon ce sondage non scientifique, 75 % ont alors répondu
NON. 
Heureusement, un rapport du ministère
de l'Éducation (1992) proposait une nouvelle loi scolaire et la
création de trois conseils scolaires pour 1994: un à Vancouver,
un autre à Nanaïmo et un troisième à Prince George.
Toutefois, à l'automne 1994, le gouvernement de la Colombie-Britannique
refusa de permettre aux francophones d'exercer le droit de gestion de leurs
écoles conféré par la Charte canadienne des droits
et libertés, forçant ainsi les parents francophones à
se porter devant les tribunaux pour obtenir gain de cause. En 1996, la
Cour suprême de la Colombie-Britannique a assermenté les premiers
conseillers du Conseil scolaire francophone (CSF), formé en juillet
1995 en vertu d'un règlement d'exécution de la loi scolaire.  
Mais, le 14 août de la même année, la cour a invalidé
le règlement qui établissait le Conseil scolaire francophone.
Dans son jugement, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a déclaré
que le gouvernement provincial avait dérogé à l'article
23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Il a donné
au gouvernement un délai pour légiférer en vue de
l'établissement d'une structure de gestion scolaire conforme aux
exigences établies. Le gouvernement avait prétendu détenir
la compétence voulue pour adopter le Règlement sur l'éducation francophone (Francophone Education Regulation)
et avait invoqué l'article 5 de la loi intitulée School
Act, qui prévoit dans son paragraphe introductif que chaque
élève a le droit de recevoir une éducation en langue
anglaise.  Voici l'article 5 (le seul) de la 
Loi scolaire de 1996 concernant 
la langue d'enseignement :
 
  
  
    
      | Article
        5 (traduction) 
		Langue d'enseignement 1) Chaque élève a droit de recevoir un programme éducatif
        dispensé en langue anglaise. 2) Les élèves dont les parents ont le droit,
        selon l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, de faire
        instruire leurs enfants dans une autre langue que l'anglais ont droit de recevoir cette instruction.    3) Soumis à l'approbation du ministre, un conseil
        scolaire peut permettre à un programme éducatif d'être fourni dans
        une autre langue que celle prévue aux paragraphes 1 et 2.    4) Le lieutenant-gouverneur en
        conseil peut prévoir des règlements: 
        (a) en respectant les dispositions
        sur les programmes éducatifs en d'autres langues que l'anglais, (b) en donnant effet à l'article 23 de la 
		 
		Charte canadienne des droits et libertés, et (c) en déterminant la façon par laquelle
        le pouvoir, le devoir ou la fonction d'un conseil scolaire peut être exécuté ou exercé
        selon cette loi en ce qui concerne les élèves mentionnés dans le
        paragraphe 2.    5) Pour les buts visés au
        paragraphe 4, le lieutenant-gouverneur en conseil peut prévoir des règlements différents
        en fonction des diverses circonstances. | 
  
  
 
En 1996, le ministère de lÉducation
publiait la circulaire no 96-12 relative au programme dimmersion
en français. Le gouvernement provincial estime que le programme
d'immersion en français favorise le développement social
et intellectuel des élèves et leur fournit un atout sur le
plan de l'avancement professionnel. Lobjectif est de donner à
des élèves non francophones l'occasion de devenir bilingues,
c'est-à-dire de pouvoir communiquer efficacement en français
et en anglais. Pour former des élèves bilingues, l'enseignement
du programme d'études de base doit être dispensé entièrement
en français durant les premières années de la scolarité.
Une fois que les élèves possèdent de solides connaissances
en français, le programme English Language Arts est introduit
et, au fil des années, l'enseignement en anglais est accru. Les
élèves continuent de recevoir un enseignement en français
pour certaines matières de sorte qu'au terme de leur 12e année,
ils possèdent des compétences linguistiques dans les deux
langues. Un beau programme pour les petits anglophones!