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Province de
Québec |
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(1) Informations préliminaires |

Capitale: Québec
Population: 7,8 millions (recensement 2011)
Langue officielle: français (de jure)
Groupe majoritaire: français (78,0 %)
Groupes minoritaires: anglais (7,6 %), langues immigrantes (11,3
%), autochtones (1 %)
Système politique: province de la fédération
canadienne depuis 1867
Articles constitutionnels (langue): art. 133 de la Constitution
canadienne de 1867; art. 14, 16-23, 55, 57 de la Constitution canadienne
de 1982
Lois linguistiques:
Convention de la Baie- James et du
Nord québécois (1975); Charte de la langue française
(1977); Loi concernant un jugement rendu par la Cour suprême
du Canada le 13 décembre 1979 sur la langue de la législation
et de la justice au Québec (1979);
Loi sur les Cris et les Naskapis du
Québec (1984);
Loi sur la santé
et les services sociaux (1986); Loi modifiant la Charte de la
langue française ou loi 178 (1988);
Loi modifiant la Charte de la
langue française ou loi 86 (1993); Loi modifiant la Charte de la
langue française ou loi 40 (1997);
Loi modifiant la
Charte de la langue française ou loi 171 (2000);
Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et
des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec (2000);
Loi modifiant la
Charte de la langue française ou loi 104 (2002);
Loi sur le Centre de la francophonie des Amériques
(2006) ;
Entente
Canada-Québec pour les services en langue anglaise (2007);
Projet de loi 103 modifiant la Charte de
la langue français et d'autres dispositions législatives (2010);
Loi
faisant suite aux décisions judiciaires en matière de langue d’enseignement
(2010);
Loi sur la langue officielle et commune du
Québec, le français (2022).
Règlements d'application:
Règlement
précisant la portée de l'expression «de
façon nettement prédominante»;
Règlement sur l'affichage de
l'Administration ;
Règlement sur la langue du commerce et des affaires
;
Règlement sur la délivrance d'attestations de connaissance de la langue
officielle en vue de l'admission aux ordres professionnels et sur certains
équivalents à ces attestations
;
Règlement sur la
langue d'enseignement des
enfants qui résident ou ont résidé dans une réserve indienne
; Décret concernant
l'application de l'article 86.1 de la Charte de la
langue française aux
anglophones du Nouveau-Brunswick ;
Règlement autorisant les
ordres professionnels à déroger à l'application de l'article 35 de la
Charte de la langue française ;
Règlement concernant la
demande de recevoir l'enseignement en anglais ;
Règlement sur l'exemption de l'application du premier
alinéa de l'article 72 de la Charte de la langue française qui peut
être accordée aux enfants présentant des difficultés graves
d'apprentissage
;
Règlement sur l'exemption de l'application du premier
alinéa de l'article 72 de la Charte de la langue française qui peut
être accordée aux enfants séjournant au Québec de façon temporaire.
Lois diverses à portée linguistique:
Code municipal du Québec (1916);
Loi
d'interprétation (1964);
Code de procédure civile du Québec (1965);
Loi
sur l'assurance maladie (1974);
Charte des droits et libertés de la personne (1975);
Loi sur les
jurés (1976) ;
Loi sur la consultation populaire (1978);
Loi sur les valeurs mobilières
(1983);
Loi sur le cinéma (1983);
Loi sur la protection du consommateur (1987);
Loi sur la santé et la sécurité du travail (1988);
Code civil
du Québec (1991);
Loi sur l'immigration au Québec (1991, abrogée);
Loi sur le ministère des Relations avec les citoyens et de l’immigration
(1996);
Charte de la Ville de Montréal (2000);
Loi de police
(2000);
Loi
sur le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de
l’Inclusion
(2005);
Loi sur les sociétés par actions (2011);
Loi sur l'immigration au Québec (2016).
Lois particulières destinées aux autochtones:
Loi sur les services de santé et les services sociaux pour
les autochtones cris (1971);
Convention de la Baie-James et du Nord québécois
(1976);
Loi sur les villages cris et le village naskapi (1978);
Loi sur les villages nordiques et l'Administration régionale
Kativik (1978);
Loi sur l'instruction
publique pour les autochtones cris, inuits et naskapis (1979);
Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec
(1984, ABROGÉE);
Règlement sur la langue d'enseignement des enfants qui résident ou ont
résidé dans une réserve indienne (1997);
Loi sur les autochtones cris, inuits et naskapis (2006).
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1
Situation géographique
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Le Québec est une province
de l’est du Canada, limitée au nord par le détroit d’Hudson et la baie d’Ungava, à l’est par le Labrador, le détroit de Belle-Isle et le golfe du Saint-Laurent, au sud par le Nouveau-Brunswick, le Maine, le New Hampshire, le Vermont, l’État de New York et l’Ontario et à l’ouest par l’Ontario, la baie James et la baie d’Hudson. La rivière des Outaouais forme une partie de la frontière avec
l’Ontario (voir une carte
agrandie). Le Québec s’étend sur 1930 km du nord au sud et sur 1610 km environ d’est en ouest. Avec 15,5
% de la superficie totale du Canada, c’est la plus vaste des provinces canadiennes
(1,6 million km ²).
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Le Québec tire son nom du terme algonquin kebek signifiant «rétrécissement du fleuve», en référence à la partie du fleuve Saint-Laurent qui borde la ville actuelle de Québec, capitale de la province.
Le terme est commun à l'algonquin, au cri et au micmac, et il a la même
signification dans les trois langues. On trouve l'orthographe Quebeck en
1601, puis Kébec en 1609 et Québec en 1613 (par
Samuel de Champlain), cette dernière étant passée
à l'usage. Ainsi, l'appellation «Québec» sert à désigner autant la province
que la capitale provinciale, seul le contexte permettant de distinguer l'une
ou l'autre: le Québec (province) compte deux grandes villes, Montréal et
Québec.
Depuis la cession de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne
en 1763, le Québec a vu ses frontières être modifiées neuf fois en moins de 170
ans, soit de 1764 à 1927, l'équivalent d'une fois aux dix-huit ans. Ainsi, chaque génération a vu la frontière se réduire ou s'agrandir,
selon les circonstances du moment. Il est
possible de consulter une série de cartes illustrant l'évolution des frontières
du Québec en cliquant ICI,
s.v.p.
Le Québec est actuellement divisé en 17
régions administratives (voir
la carte):
No |
Région administrative |
Population
(2006) |
Superficie
(km²) |
Densité
(hab./km²) |
Plus grande ville
régionale |
01 |
Bas-Saint-Laurent |
201 692 |
22 185 |
9,1 |
Rimouski |
02 |
Saguenay–Lac-Saint-Jean |
274 095 |
95 893 |
2,9 |
Saguenay (anc. Chicoutimi) |
03 |
Capitale-Nationale (avant : Québec) |
671 468 |
18 639 |
36,0 |
Québec |
04 |
Mauricie |
260 461 |
35 452 |
7,3 |
Trois-Rivières |
05 |
Estrie (avant : Cantons-de-l'Est) |
302 161 |
10 195 |
29,6 |
Sherbrooke |
06 |
Montréal |
1 873 971 |
498 |
3 761,6 |
Montréal |
07 |
Outaouais |
347 214 |
30 504 |
11,4 |
Gatineau (anc. Hull) |
08 |
Abitibi-Témiscamingue |
144 835 |
57 340 |
2,5 |
Rouyn-Noranda |
09 |
Côte-Nord |
95 948 |
236 700 |
0,4 |
Sept-Îles |
10 |
Nord-du-Québec (avant : Nouveau-Québec) |
40 637 |
718 229 |
0,1 |
Chibougamau |
11 |
Gaspésie–et-Îles-de-la-Madeleine |
95 872 |
20 272 |
4,7 |
Gaspé (ville) |
12 |
Chaudière-Appalaches |
399 563 |
15 216 |
26,4 |
Lévis |
13 |
Laval |
376 845 |
246 |
1 532,0 |
Laval |
14 |
Lanaudière |
434 872 |
12 313 |
35,3 |
Terrebonne |
15 |
Laurentides |
518 621 |
20 560 |
25,2 |
Saint-Jérôme |
16 |
Montérégie |
1 386 963 |
11 111 |
124,8 |
Longueuil |
17 |
Centre-du-Québec |
228 099 |
6 921 |
33,0 |
Drummondville |
Ces régions correspondent
à de simples divisions administratives créées en mars 1966 et
auparavant désignées par le terme de «district». Ces régions ont été
réorganisées en décembre 1987. Le Québec compte officiellement 17
régions administratives. Depuis 1966, certaines régions
administratives ont changé de nom. Ainsi, la région des Cantons-de-l'Est (1966-1981) est devenue la région administrative de
l'Estrie, mais les deux appellations sont restées courantes
tout en ne recouvrant pas la même
réalité géographique, la première désignant la région
touristique, la seconde la région administrative. Le Nouveau-Québec (1966-1987) est devenu la région
administrative Nord-du-Québec. La région de Québec est devenue,
le 15 décembre 1999, la région administrative de la
Capitale-Nationale.
On peut constater que les régions les plus
densément peuplées, Montréal avec 3761 hab./km², et Laval avec 1532
hab./km², sont les deux plus
régions les plus «petites» en terme de superficie. Ces régions sont suivies de
loin par la Montérégie avec 124 hab./km², puis la Capitale-Nationale
avec 36 hab./km² et Lanaudière avec 35 hab./km².
Par ailleurs, le Québec ne compte
que peu de grandes villes, car seulement dix municipalités comptent
plus de 100 000 habitants:
Les autres grandes villes,
comptant 50 000 habitants et plus, sont les suivantes:
Saint-Jean-sur-Richelieu avec 89 600 (Montérégie);
Repentigny avec 78 800
Lanaudière ; Brossard avec 76 400 (Montérégie);
Drummondville avec 68 400 (Centre-du-Québec);
Saint-Jérôme avec 65 200 (Laurentides);
Granby avec 59 400 (Montérégie);
Saint-Hyacinthe avec 52 500 (Montérégie);
Shawinigan avec 52 000 (Mauricie);
Blainville avec 51 160 (Laurentides).
2
Situation linguistique particulière
Parmi les dix provinces canadiennes, le Québec se distingue
du fait qu'il est le seul État de toute l'Amérique
du Nord dont la langue officielle, le français, est aussi celle de la majorité
de la population. Alors que les groupes majoritaires ne se préoccupent généralement pas de leur
survie, les francophones du Québec sont hantés par un profond sentiment d'insécurité
linguistique, ce qui démontre qu'ils constituent une minorité au sein du Canada,
sinon en Amérique du Nord. Ce
sentiment d'insécurité a été le déclencheur de tous les élans de fièvre nationaliste.
La défense de la langue française constitue en effet la trame de fond du nationalisme
québécois. En ce sens, le Québec apparaît comme une «société distincte»
en Amérique du Nord.
Depuis la Conquête anglaise de 1763, l'insécurité
linguistique a été causée par la dominance socio-économique
de l'anglais, puis, à partir des années 1960, par la dénatalité
chez les francophones, l'attraction exercée par l'anglais chez les
immigrants et leur choix quasi exclusif de l'école anglaise, l'anglicisation
marquée du monde du travail, etc. La concomitance de tous ces facteurs
aurait dû, de toute évidence, incité les gouvernements
à intervenir pour protéger le caractère français
du Québec. Toutefois, comme nous le verrons, cette intervention
a pris beaucoup de temps à se manifester et à se concrétiser.
Rappelons aussi que le français du Québec s'est toujours
exporté à l'extérieur de la province, en Ontario, puis au Manitoba, en Alberta
et en Colombie-Britannique. Il s’est aussi retrouvé au XIXe siècle dans le nord
des États-Unis, particulièrement en Nouvelle-Angleterre, au Missouri et au
Michigan. Les Québécois vont régulièrement grossir le nombre des minorités
francophones des autres provinces canadiennes.
Avant d'aborder directement la question de la politique linguistique
du Québec, il paraît nécessaire de rappeler que le
Québec nest pas un État souverain et quil demeure juridiquement une
province canadienne «comme les autres» (il y en a dix!). Comme il constitue
la seule province francophone de tout le Canada et quil est soumis aux
mêmes dispositions de la Constitution canadienne dispositions quil
na pas nécessairement choisies , sa politique linguistique
pro-française risque
de soulever des controverses parmi la population majoritaire anglo-canadienne.
Le Québec forme une «société distincte», mais cette
différence contrarie la majorité anglaise du pays. En ce
sens, il y aurait lieu de comparer la politique linguistique du Québec,
non pas à celle de la France un État souverain avec laquelle
le Québec na rien de commun sauf la langue, mais plutôt à
celle dÉtats non souverains tels que la
Catalogne (Espagne), le
Pays basque (Espagne), la province de
Bolzano (Italie), le canton du
Tessin
(Suisse), la province du
Sind (Pakistan), l'État du
Tamil Nadu (Inde), etc., qui se distinguent aussi par la langue dans leur
pays respectif.


Histoire
du français au Québec