Région de Murcie

Murcie

(Región de Murcia)

Capitale:  Murcie (Murcia)
Population: 1,4 million (2008)
Langue officielle: castillan   
Groupe majoritaire: castillan (plus de 90 %) 
Groupes minoritaires: murcien, valencien du Carche, portugais, arabe marocain, roumain, basque, etc.
Système politique: l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne  
Articles constitutionnels (langue): art. 3 de la Constitution espagnole de 1978; aucune disposition dans le Statut d'autonomie de 1982 (art. 8 à la rigueur).
Lois à portée linguistique: Loi n° 4 sur le patrimoine culturel de la Communauté autonome de la Région de Murcie (2007); Décret n° 286 instaurant le programme d'études de l'enseignement primaire dans la Communauté autonome de la Région de Murcie (2007); Décret n° 291 instaurant le programme d'études de l'enseignement secondaire obligatoire dans la Communauté autonome de la Région de Murcie (2007).

1 Situation géographique

La «Région de Murcie» (en espagnol: Región de Murcia) est une Communauté autonome de l'Espagne, située dans le sud-est de l'Espagne. Le territoire, d'une superficie de 11 314 km² (trois fois moindre que la Catalogne ou la Belgique), soit 2,2 % de la superficie totale du pays, est limité au nord par la Castille-La-Manche, à l’est par la Communauté valencienne et la Méditerranée, au sud par la mer Méditerranée et à l’ouest par l’Andalousie (et la Castille-La-Manche).

La Murcie est composée d’une seule province (Murcie). Elle a pour capitale la ville de Murcie (Murcia), qui compte 409 810 habitants (563 272 pour l'agglomération).

Le drapeau officiel de la Murcie  est composé de quatre châteaux (symbolisant les royaumes de Grenade, d'Aragon, de Castille et la Méditerranée) à crénelures d'or dans l'angle supérieur gauche, répartis deux par deux, et de sept couronnes royales (allusion aux sept "privilèges" accordés par la monarchie au Royaume de Murcie) dans l'angle inférieur droit, le tout sur fond rouge ou cramoisi parce que c'était la couleur de Carthagène, celle de l'ancien Royaume de Murcie.

2 Données démolinguistiques

En 2008, la Murcie avait une population de 1,4 million d'habitants. Il n'existe pas de statistiques officielles sur les langues parlées en Murcie. Il faut donc recourir à des approximations. On peut estimer qu'environ 90 % des Murciens parlent l'espagnol (castillan) comme langue maternelle, car plus de 12,5 % de la population est immigrante, mais le tiers de celle-ci parle déjà l'espagnol comme langue première. Il est possible aussi que le quart des Murciens puissent encore parler la langue murcienne.

2.1 Les langues

Si l'on fait exception des langues immigrantes (portugais, arabe marocain, roumain, etc.), on compte trois langues principales en Murcie: le castillan, parlé par l'immense majorité, le murcien et le valencien du Carche.

Le castillan est la langue officielle et la langue commune à tout le territoire murcien. Son emploi, traditionnellement circonscrit aux activités bureaucratiques et scolaires, a été accru au XXe siècle à la suite des politiques d'uniformisation linguistique (médias, enseignement, administration, etc.), jusqu'au point d'être devenu aujourd'hui la langue de la vie quotidienne de la quasi-totalité des Murciens. On parle aussi du castillan de la Région de Murcie qu'on désigne par l'expression "Español hablado en Murcia", c'est-à-dire l'espagnol parlé en Murcie ou l'espagnol murcien. Il s'agit du castillan régional parlé par une partie des Murciens.

- Le murcien

Le murcien, appelé murciano à la fois en castillan et en murcien, est une langue romane parlée dans la Région de Murcie ainsi que dans les provinces limitrophes d'Albacete (Castille-La-Manche), d'Alicante (Communauté valencienne ) et d'Almería (Andalousie). Néanmoins, l'épicentre linguistique du murcien demeure en Murcie. On peut dire que le murcien est la langue propre et traditionnelle de la région; il est répandu sur tout le territoire de la Cuenca del Segura (bassin du Segura). L'origine de cette particularité linguistique provient du Moyen Âge, lorsque les langues romanes de la Murcie sont entrées en contact avec les langues des différents peuples qui sont venus habiter la région, notamment les Arabes, les Aragonais et les Catalans. À la suite de cette coexistence, des influences de la langue arabe et des langues mozarabes ont pénétré dans les structures syntaxiques, lexicales et phonétiques dans celles des nouveaux arrivants, soit le catalan, l'aragonais et le castillan.

Il n'existe pas d'unanimité sur la répartition territoriales des variétés dialectales murciennes. Les études qui lui donnent sa plus grande extension incluent toute la région de Murcie, le sud de la province d'Albacete (Castille-La Manche), les municipalités orientales des provinces d'Almeria, de Grenade et de Jaén (Andalousie) ainsi que la province d'Alicante (Communauté valencienne), la comarque de la Vega Baja del Segura et les localités de Villena, Monforte del Cid et d'Aspe.

La distribution des variétés murciennes, toutes assez proches de l'andalou, présentent une grande diversité locale et régionale, mais l'intercompréhension demeure relativement aisée. Selon le linguiste José Muñoz Garrigós, de l'Université de Murcie, il convient de distinguer sept variétés :

(1) l'Altiplano murciano (plateau murcien): variété du Nord-Est près de la province d'Alicante, incluant Yecla, Almansa, Villena et Elda.   

(2) la Vega Alta: variété du Nord-Est, avec Jumilla, Tobarra et Hellin.

(3) la zone nord-occidentale murcienne: Caravaca de la Cruz, Yeste, Santiago de la Espada, Puebla de Don Fabrique.

(4) la Huerta de Murcia : avec Cieza, Archena, Mula et Murcia; le terme panocho est souvent appliqué aux caractéristiques langagières utilisées dans cette zone.

(5) la Vega Baja del Segura : variété du Sud-Est dans la Communauté valencienne (Monforte, Aspe, Orihuela et Torrevieja).

(6) le Campo de Cartagena : variété du Sud dans la région de Carthagène (Cartagena et Mazarrón).

(7) la comarque de Guadalentín: au sud-ouest, Totana, Lorca, Huercal-óvera, Velez Rubio et Huescar.

C'est la variété de la Huerta de Murcia (no 4), qui sert de norme.

Cependant, le panocho (de panocha, «épi de maïs») et le murcien (murciano) ne sont pas synonymes. Le panocho est une variété rurale du murcien, celle de la plaine de Murcie (Huerta de Murcia), alors que le murcien — le terme générique — est la langue parlée dans toute la région et dans ses zones limitrophes des provinces d'Alicante, d'Albacete, de Jaén, de Grenade et d'Almeria. Le murcien parlé dans la Huerta de Murcia est aussi désigné par le mot huertano.

On estime à environ le quart des Murciens qui seraient capables de s'exprimer en murcien (et en castillan), mais ces statistiques n'ont rien de scientifique. Non seulement personne n'est unilingue murcien, mais seules les personnes plus âgées de 45 ans et plus savent encore le parler couramment, et ce, à la condition de vivre dans des zones rurales. Dans toutes les grandes villes, le murcien est pratiquement disparu. C'est pourquoi le murcien est considéré comme une langue «en danger d'extinction», car elle n'est guère transmise chez les jeunes générations (16 ans et moins). Tout au cours du XXe siècle, le murcien fut constamment ridiculisé et méprisé par la bourgeoisie et la haute bourgeoisie locale.

Le murcien conserve à la fois une grande unité malgré sa grande diversité linguistique. Il était à l'origine une langue romane andalouse influencée d'abord par l'arabe, puis par l'aragonais, le catalan et le castillan (ancien et moderne). En somme, c'est un cas unique en Espagne! Sa structure et ses caractéristiques ne résultent pas d'une quelconque déformation du castillan, le murcien est le résultat de l'histoire, notamment la coexistence de plusieurs langues. Ce n'est donc pas ce que croit le philologue Según Justo García Soriano, qui affirme que le murcien est «une variété de la langue castillane constituant le langage particulier de la région murcienne» ("una variedad del idioma castellano que constituye el lenguaje peculiar de la región murciana"). Le murcien n'est pas historiquement un dialecte du castillan, comme peuvent l'être les variétés espagnoles de Porto Rico, du Mexique, de l'Équateur, du Chili, de l'Argentine, etc., mais un dialecte du latin avec un substrat arabe. 

Rappelons-le, le murcien est une langue andalouse (issue du latin) fortement influencée par la langue mozarabe, puis plus tard par l'aragonais, le catalan et enfin le castillan, notamment dans ses formes archaïques. Autrement dit, le murcien est davantage une variété de l'andalou qu'une variété du castillan, pas plus qu'il ne serait une variété du catalan ou de l'aragonais. Plusieurs linguistes espagnols affirment qu'il s'agit d'un «parler de transition» ("habla de tránsito"), car le murcien résulte du mélange de nombreuses langues: l'andalou, l'arabe, l'aragonais, le catalan et le castillan. C'est pourquoi le murcien compte un grand nombre d'archaïsmes, d'arabismes, de catalanismes et d'aragonismes. 

Le murcien doit à la langue arabe de très nombreux mots («arabismes»), dont en voici quelques exemples seulement:

ababol, abercoque, alcacil, aletría, arciprés, asina, cabolo, caliche, cauz, caparra, compaña, corrental, falluto, juntamento, Migalo, morciguillo, pagamenta, pancha, perifolla, quijero, truje, verrugo, vide, visibilo.

Les Aragonais ont également laissé un important héritage (quelques exemples d'«aragonismes»):

bonico, alatonero, acaloro, ancharia, bardomera, bizuejo, calentor, calorina, capaza, cepo, dica, esfilusar, fresquilla, jetazo, guisque, juguesca, mojete, pebre, pinatar, pirindola, robín, robinarse, zarangollo (de l'aragonais "zaranga") et zorruno.

Mais ce sont les Catalans qui ont apporté la contribution la plus importante dans la formation de l'actuel murcien, car près de la moitié des mots du lexique murcien est d'origine catalane (quelques exemples de «catalanismes»):

acorar, adivinalla, aponarse, atobarse, bambo, bocha, buba, bufar, cabernera, cachirulo, calar, cangrena, carota, cordeta, cucarse, charrar, charrán, chicho, embolicar, endormiscarse, ensobinarse, enza, escarcullar, esclafar, escupiñajo, espolsar, flamará, fosca, gargoleta, llanda, llueca, meco, mentres, minchar, molla, palera, pésol, picaza, picola, polsaguera, revolica, rondalla, rustir et valúa.

Dans de nombreux cas, une castillanisation du lexique catalan s'est produite (ex. : solatge > solaje; fang > fangue); il y a eu aussi des influences catalanes au point de vue phonétique. Par exemple, on dit en murcien llengua (comme en catalan) murciana, mais lengua murciana en castillan. Il s'agit là de l'une des caractéristiques les plus importantes du catalan, c'est-à-dire l’emploi de la consonne palatale initiale notée [ll] dans le système graphique: la lluna (la lune), la llengua (la langue), la lliço (la leçon), la llet (le lait), un llibre (un livre), Lleida (Lérida), etc. Quant aux archaïsmes castillans, ils sont aussi relativement nombreux: priesa, aína, fuiste(s), semos, haiga, contino, truje, vide, vido, naide, cuasi, cutio, dispierto, fuera parte, encomedio, etc.

Voici un exemple de texte en version murcienne et castillane (accompagnée d'une traduction française):

Traduction française Version murcienne Version castillane
Les linguistes ont classé le murcien sous la dénomination de «parler de transition» ou ont considéré celui-ci comme un recueil de voix dans lequel on trouve des caractéristiques dialectales voisines.

Les influences catalano-valenciennes, aragonaises et andalouses sont manifestes dans le substrat de base du castillano-murcien parlé dans la Région de Murcie et dans les zones limitrophes. Mais cette catégorisation du caractère transitoire qui est donné à la langue murcienne ne peut pas être considérée comme une conclusion définitive, ni comme une réalité linguistique dont l'existence serait limitée exclusivement au cadre des langues romanes environnantes, puisque, d'une part, elle est la manifestation de l'existence d'un lexique d'éléments linguistiques précédents à la domination romaine, d'autre part, de la présence d'une forte influence arabe, particulièrement par son aspect phonétique, ce qui lui accorde une véritable individualité avec une structure différente et une capacité idiomatique lui permettant d'intégrer d'autres systèmes dialectaux, mais dans lesquels au préalable ont déjà opérés des facteurs extralinguistiques manifestement autochtones.

Los llingüistas han venío amoteando ar murciano como “plática e tránsito”, u equilicuá, considerándola como un arrejunte e foces en las que s’esfisan las caraiterísticas dialeutales fecinas.

Los influgios catalano-valencianos, aragoneses y’andaluces son clarianos n’er sustrato básico der murciano­castillano que se platica en la Rigión e Murcia y roales pegaícos. Pero este encajone e transitorieá que se da a la llengua murciana no se pué intrepetar como una conclusión ditreminante, ni como una rialiá llingüística cuya esistencia estuviá lemitá solicamente a l’ambito e las llenguas románicas d’alreor, poique po una parte percanzamos l’esistencia d’un parablero con componentes llingüísticos d’enantes la dominación romana y po otro, d’un juerte influgio alarbe, prencipalmente en lo tocante a la fonética, lo que le da una endividoaliá mu propia con una estrurtura iferencial y’una capaciá indiomática que le premite integrar otros sistemas dialeutales, pero en los que ya enantes han artuao fartores estrallingüísticos clarianamente autórtonos.

Los lingüistas han venido catalogando al murciano bajo la denominación de 'habla de tránsito', o sea considerándola como compendio de voces en las que se aprecian los rasgos dialectales vecinos.

Las influencias catalanovalencianas, aragonesas y andaluzas son manifiestas en el substrato básico del murciano-castellano que se habla en la Región de Murcia y zonas colindantes. Pero esta catalogación de transitoriedad que se da a la llengua murciana no puede considerarse como una conclusión determinante, ni como una realidad lingüística cuya existencia estuviera limitada exclusivamente en el ámbito de las lenguas románicas del entorno ya que por una parte es manifiesta la existencia de un léxico de componentes lingüísticos anteriores a la dominación romana y por otra, de una fuerte influencia árabe especialmente en su vertiente fonética, lo que le otorga una individualidad genuina con una estructura diferencial y una capacidad idiomática que le permite integrar otros sistemas dialectales, pero en los que de antemano ya han operado factores extralingüísticos manifiestamente autóctonos.

Ce texte est extrait d'un document intitulé «En Defensa de la Lengua Murciana» (castillan) / «En Difensa la Llengua Murciana» (murcien) et présenté au parlement de Murcie par les linguistes Antonio Sánchez Verdú et Francisco Martínez Torres, afin de d'inclure le murcien dans un éventuel nouveau statut d'autonomie.

Par ailleurs, les pourfendeurs du murcien sont nombreux, y compris en Murcie. Ils n'acceptent pas que le murcien soit une «langue», encore moins une langue distincte du castillan. Voici quelques exemples de ces «anathèmes» linguistiques ("blasfemias lingüísticas"):

"Lo mejor para Murcia y los murcianos es dejar de hacer el ridículo pretendiendo poseer una lengua propia. Quien siga escribiendo y utilizando neologismos inventados el mes anterior... Que no involucre el nombre de Murcia." Santiago Delgrado. «Le mieux pour la Murcie et les Murciens, c'est de cesser de se rendre ridicule en prétendant posséder une langue propre, qui continue de s'écrire en utilisant des néologismes inventés le mois précédent... ce qui n'implique pas le nom de Murcie.» Santiago Delgrado.
"Entender por murciano las variedades escritas que algunos quieren imponer a los demás, so capa de autenticidad, es otro error, ante este flagrante dirigismo, sentimos la obligación de proclamar que no hay, ni puede haber, lengua murciana porque desde la Edad Media, se adoptó como idioma general el castellano." Muñoz Cortés. «Comprendre par murcien les variétés écrites que certains veulent imposer aux autres, sous le couvert d'authenticité, une autre erreur; devant ce dirigisme flagrant, sentons l'obligation de proclamer qu'il n'existe pas, ni ne peut y avoir de langue murcienne parce que, depuis le Moyen Âge, le castillan a été adopté comme langue générale.» Muñoz Cortés.
"La pretendida llengua murciana es un bodrio aderezado sin ninguna base lingüística defendible. [...] La caricatura que constituye la llamada llengua tiene su origen en estereotipos sociolingüísticos engendrados por los panochistas del pasado siglo. Desafortunadamente esa farsa se ve continuada por los bienintencionados ignorantes del presente y nos ofende a los que amamos a Murcia." Juan Antonio Sempere. «La prétendue langue murcienne est une belle saleté sans aucune base linguistique défendable. [...] La caricature que constitue cette prétendue langue a son origine dans des stéréotypes sociolinguistiques engendrés par les panochistes du siècle passé. Malheureuse(pero ajenoment, cette farce se perpétue par les bien-intentionnés ignorants du présent et elle nous offense, nous qui aimons la Murcie.» Juan Antonio Sempere.

C'est pourquoi le murcien est une langue dévalorisée au plan social, une langue déclassée perçue comme rurale et inférieure, qui ne bénéficie d'aucun statut juridique, le panocho étant encore plus rabaissé socialement. Même le mot «murciano» ou «dialecto murciano» n'apparaît dans aucun texte de loi de la Communauté autonome de la Région de Murcie. Malgré les revendications des Murciens dits «particularistes» et de certains universitaires, le gouvernement semble faire la sourde oreille; il n'envisage même pas que le murcien puisse faire partie du «patrimoine historique» de la Murcie. En fait, seule une décision politique pourrait faire en sorte que le murcien soit considéré comme une «langue» au même titre que le catalan, le basque ou le galicien. Mais les autorités murciennes n'en sont pas là. Au contraire!

Selon une étude réalisée par Mme Laura Sánchez López, professeure à l'Université de Murcie, les locuteurs du murcien évaluent massivement de façon négative leur «parler» ("habla") et l'opposent à la langue castillane perçue, pour sa part, comme une «langue de prestige» ("lengua de prestigio"). Les plus jeunes (16-30 ans) sont plus négatifs que les 30-45 ans, alors que les plus âgés (plus de 45 ans) sont plus positifs. Malgré cette perception peu encourageante, les locuteurs du murcien manifestent également une attitude de loyauté et d'estime à l'égard de leur variété murcienne avec laquelle ils s'identifient. Bref, ces locuteurs ont développé un sentiment contradictoire : d'une part, ils ont conscience d'utiliser un patrimoine culturel héréditaire mais présumé «incorrect» ("pero incorrecto") et une langue standard — le castillan — étrangère à la communauté ("pero ajeno"). Le sociolinguiste Andrés Boluda (1998) croit que cette attitude négative est le résultat de l'influence des médias, notamment la télévision, et l'école. Or, au lieu de transmettre des stéréotypes et des préjugés, l'école aurait dû avoir comme tâche fondamentale de développer des attitudes positives envers la diversité des variétés linguistiques et en formant des locuteurs aptes à adapter leur discours à la situation sociale dans laquelle ils se trouvent. Au contraire, depuis des décennies, l'école a tout fait pour liquider le murcien dans l'esprit des enfants et des jeunes, avec l'accord des autorités locales.

- Le valencien

En principe, le valencien est la variété de catalan parlé par les locuteurs catalanophones de la Communauté valencienne. Le valencien et le catalan constituent une seule et même langue, mais le gouvernement valencien a toujours insisté pour nommer «valencien» le catalan parlé par les membres de la Communauté valencienne. Quant au valencien parlé en Murcie — appelé «valenciano del Carche» ou Carxe en catalan —, il s'agit d'une population de quelque 2000 locuteurs potentiels (probablement autour de 700) répartis dans un petit territoire de 300 km², situé dans les municipalités de Abanilla, Jumilla, Yecla et Pinoso, ainsi que dans plusieurs villages et hameaux (p. ex., Raspay, La Alberquilla, Cañada de la Leña et Torre del Rico).

Ce territoire de montagnes forme une petite enclave catalane qui ne bénéficie ni de reconnaissance ni de protection officielle. Ces valencianophones sont installés dans cette région depuis le  XVIIIe siècle, à la suite d'un mouvement migratoire des habitants de la vallée du Vinalopó. Actuellement, c'est l'une des rarissimes régions catalanes sans reconnaissance officielle, avec la Franja Oriental de Aragón (en Aragon), une petite bande limitrophe avec la Catalogne.

- Les langues immigrantes

En Murcie, les langues des immigrants sont surtout le portugais, l'arabe marocain, le roumain ou le moldave, le basque, etc. Afin d'aider à l'intégration des immigrants, le gouvernement a prévu un programme spécial: le Pan para la Integración Social de las Personas Inmigrantes en la Región de Murcia («Programme pour l'intégration sociale des immigrants dans la Région de Murcie).

2 Données historiques

La région est riche en vestiges archéologiques de différentes civilisations. Parmi les plus anciens témoignages de présence humaine dans la région de Murcie, de précieuses peintures rupestres ont été retrouvées à Moratalla, Cieza et à Yecla. À l’âge du bronze, la civilisation d’El Argar a donné naissance à des foyers de peuplement dans des zones protégées ainsi qu'en altitude. De nombreux sites, tels celui d’El Cigarralejo à Mula, de Los Molinicos à Moratalla ou celui de Cabezo del Tío Pío à Archena, témoignent que la région pratiquait le commerce avec les Phéniciens et les Grecs.

2.1 La présence romaine

En 223 avant notre ère, le Carthaginois Hasdrubal fonda Quart Hadasat, la future Cartago Nova et l'actuelle Carthagène.

La région fut ensuite conquise par les Romains en -210 grâce à Scipion. La région fera partie de la province de Carthagenensis. La présence de l'Empire romain en Espagne dura plus de six cents ans. Les Romains n'ont pas seulement transmis une administration territoriale, mais ils ont aussi laissé un ensemble de coutumes sociales et culturelles, dont la langue latine qui deviendra, selon les régions, le castillan, l'aragonais, le catalan, l'andalou, etc.

Le processus de romanisation de la Région de Murcie était déjà terminé au IVe siècle de notre ère. Tous les habitants parlaient une langue romane, nécessairement différente des régions voisines, la fragmentation latine étant entamée depuis quelques siècles. 

2.2 La domination arabe

Après plus d'un siècle sans présence étrangère, les Wisigoths, un peuple germanique, s'installèrent dans la région au VIe siècle; ils laissèrent leur marque dans la langue andalouse par un certain nombre d'apports lexicaux d'origine wisigothique (germanique). Mais le royaume wisigoth fut menacé au début du VIIIe siècle par l'invasion arabe. Ces conquérants installés d'abord au sud de la Péninsule n'étaient pas au début des Arabes, mais des Berbères islamisés venus du Maroc; au moment de la Conquête, les Arabes furent très peu nombreux comparativement aux Espagnols et aux Berbères, car les troupes maures étaient constituées de guerriers berbères, alors que seuls les chefs et les officiers étaient arabes. Mais l'afflux des arabophones allait commencer au XIe siècle.

Le califat de Cordoue (viiie - xe siècle), fondé en 756, connut son apogée sous Abd al-Rahmān III (912-961). À partir du XIe siècle, l'Espagne, plus particulièrement le Sud, vit déferler une arrivée massive d'Arabes, notamment avec la dynastie des Almoravides, puis des Almohades qui régnèrent sur Al-Ándalus à partir de cette époque. Tout le sud de l'Espagne devint en Europe le centre de la civilisation musulmane et arabe, avec Grenade, Cordoue, Séville et Jaén, qui furent de brillants foyers de la culture islamique. Dès lors, le sud de l'Espagne, incluant la Murcie, connut une forte arabisation, certainement avec l'immigration et l'influence du Coran, le livre sacré de la nouvelle religion, qui devait être lu en arabe.

La présence de l'Empire arabo-musulman entraîna la rupture d'une certaine uniformité linguistique et culturelle de la péninsule Ibérique. En effet, l'occupation favorisa la dispersion et le repli des chrétiens vers le nord et le morcellement accéléré du roman d'origine, qui se fragmenta en castillan, en andalou, en catalan, en navarrais, en aragonais, en asturo-léonais, etc. Les zones les plus arabisées ont été l'Andalousie, la Murcie et le centre de l'Espagne jusqu'à la vallée de l'Èbre au nord-est, qui ont constitué la région appelée Al-Ándalus par les conquérants.

La coexistence dans entre les nouveaux habitants arabo-musulmans et la population ibéro-romane provoqua d'importants échanges linguistiques. En devenant la langue officielle et la langue de la culture, l'arabe imprégna, entre autres, la langue de la population andalouse et murcienne. La ville de Murcie a été fondée sous le nom de Mursiya durant l'année de 825 par l'émir d'Al-Andalus Abderramán II. Les Arabes introduisirent un système d'irrigation à grande échelle, sur lequel repose toujours l'actuelle agriculture murcienne. Ils donnèrent à la région le nom de «pays de Todmir», lequel comprenait aussi les villes de Orihuela, Lorca, Mula et Chinchilla. Ce royaume qui, dès le début, a été l'un des seuls à jouir d'une autonomie en Al-Andalus (Andalousie), a pu conserver son parler roman dialectal. C'était une langue très influencée par l'arabe, qui s'est transformée en «mozarabe murcien» et, jusqu'au XIIIe siècle, en «aljamía de l'est de l'Andalousie». Le mot Ajam était utilisé pour désigner ceux que les Arabes considéraient comme des «étrangers», voire des rivaux. Les Mozarabes étaient de «faux Arabes» pour les Arabes, et des «traîtres» pour les Castillans; alors que les Arabes les considéraient comme des chrétiens, les Castillans voyaient en eux des Arabes, bien qu'ils fussent chrétiens. Durant l'occupation arabe, le sud de la Péninsule connut au moins cinq langues principales, l'arabe, le castillan, le mozarabe, l'andalou et le latin.

La langue arabe était avant tout employée par l'administration du calife, ainsi que par les colons et soldats en provenance de l'Afrique et de l'Arabie. Mais l'arabe devint progressivement ce qu'on appellerait aujourd'hui «la langue des affaires» en Espagne: Arabes, Mozarabes, chrétiens et juifs finirent par adopter l'arabe comme langue écrite et véhiculaire.

Le latin demeurait la langue de l'Église catholique, encore toute puissante en Espagne; c'était un symbole distinctif en terre d'islam ibérique. C'était la langue de la liturgie, de l'enseignement à l'usage du clergé, de la copie des manuscrits, des inscriptions funéraires, etc.

Par ailleurs, beaucoup d'Espagnols (fonctionnaires, serviteurs, soldats, commerçants, artisans, etc.), gravitant autour des autorités arabes ou du califat, furent arabisés, mais non islamisés. Ce sont les Mozarabes. Ces chrétiens (habillés comme des Arabes) parlaient une langue romane appelée aljamía ou mozarabe, et écrite en alphabet arabe. Dans tout le Sud, on parlait des langues mozarabes parce qu'il y en avait plusieurs variétés. Ces Mozarabes étaient considérés par les Arabes comme une communauté repliée sur elle-même, imperméable à toute influence de l'islam, mais en réalité ils étaient plus «réceptifs» aux autres cultures que les Castillans.

Pendant cinq siècles, le mozarabe murcien fut maintenu dans la région, ce qui a contribué à incorporer la tradition linguistique indigène du royaume aux nouveaux conquérants. Au XIe siècle, le royaume de Murcie devint indépendant après l'effondrement du califat de Cordoue. Le sud de l'Espagne fut morcelé en de nombreuses taifas, c'est-à-dire des petits royaumes autour d'un centre urbain, une médina, régissant les zones voisines dominées par les Maures. La taïfa maure de Murcie incluait Albacete et une partie de la région d'Almería. En 1086, après la bataille de Sagrajas, la dynastie almoravide reprit le contrôle des taïfas et réunifia l'Espagne musulmane.

2.3 La protection de la Castille

Pour se défendre des incursions des Almoravides et des Almohades, le royaume de Murcie demanda la protection de la Castille pour laquelle il représentait l'accès à la Méditerranée. En 1243, Ferdinand III de Castille obtint la soumission du roi maure de Murcie; les musulmans furent alors expulsés des villes. La Murcie devint une dépendance de la Castille.

En 1264, eut lieu le premier soulèvement de Murcie contre la Castille, mais la région sera reconquise par Jacques Ier d'Aragon (Jaime I "el Conquistador") pour son gendre Alphonse X (1265-1266). En 1296, la Murcie passa à la Couronne d'Aragon, puis, par le traité de Torrellas en 1304, revint à la Castille en tant que capitale du royaume de Murcie.

2.4 La diversité des peuples

Mais ce sont les Aragonais qui, les premiers, sont venus prêcher le christianisme dans les terres murciennes; le texte plus ancien qui soit connu dans une langue romane dans cette région date du mois d'août 1244 et il était rédigé en aragonais. Évidemment, les Aragonais ont apporté avec eux leur langue et ont laissé un important héritage linguistique.

Cependant, la moitié des représentants de la Couronne d'Aragon étaient des Catalans. C'est pourquoi près de la moitié des mots du lexique murcien est d'origine catalane, tant l'influence catalane sur cette région fut importante, notamment dans des villes comme Murcie, Lorca et Carthagène (Cartagena). En 1330, Ramón Muntaner pouvait écrire dans sa Chronique que "en cibtat de Murç y seu regne parlaban del plus bell catalanesch del mon" («en la ville de Murcie et dans son royaume on parle le plus beau catalan au monde»).

Puis de nombreux Castillans sont venus repeupler le Royaume de Murcie, en se dispersant en plusieurs endroits et en fusionnant le castillan et le mozarabe murcien, formant ainsi la base linguistique d'un nouvelle langue régionale. Dès lors, son incorporation politique à la Castille fut totale.

Cette superposition continuelle de différents peuples, avec des caractéristiques linguistiques particulières, cette coexistence durant plusieurs siècles et ces échanges culturels permanents dans les frontières ont fait naître la langue murcienne. Ses caractéristiques propres sont le fruit de la fusion et du métissage. Il s'agit d'abord du substrat mozarabe, puis de la grammaire et du lexique castillan et andalou, d'un grand nombre de mots aragonais et de près de la moitié des mots en provenance du catalan, notamment avec une grand nombre d'éléments phonétiques.

Jusqu'au XVIIe siècle, il y eut au sein de la population murcienne une minorité musulmane, nommée mudéjar. Disposant d'un statut particulier, les mudéjars formèrent des îlots de l'islam jusqu'à ce que, confrontés à l'alternative de la conversion ou de l'exil (cf. l'édit d'expulsion de 1609), ils disparurent d'Espagne. Les mudéjars parlaient le castillan, mais utilisaient l'arabe pour la religion, une langue qu'il lisaient et écrivaient. 

2.5 La concurrence du castillan

Le royaume de Murcie resta juridiquement un vassal du royaume d'Espagne jusqu'aux réformes prévues par la constitution libérale de 1812. Pour sa part, la langue murcienne réussit à se maintenir à côté du castillan tout au long du XIXe siècle. Durant ces années, de nombreuses tentatives eurent lieu afin de revaloriser et promouvoir la langue populaire murcienne, notamment au moyen de la littérature. À cette naissante production littéraire de fin du XIXe siècle, il s'ensuivit une période d'approfondissement dans l'étude linguistique du murcien. Au cours du premier tiers du XXe siècle, des dictionnaires et des études philologiques furent publiés, par exemple, le Vocabulario Murciano («Vocabulaire murcien») d'Alberto Sevilla en 1919, le Vocabulario del Dialecto Murciano («Vocabulaire du dialecte murcien») de Justo García Soriano en 1932. En littérature, il convient de souligner l'œuvre de Miguel Hernández (1910-1942). Comme nous le constatons, comme ailleurs en Espagne, le murcien a également connu un processus de récupération et de promotion comparable aux autres langues péninsulaires.

Après la disparition progressive de l'analphabétisme, de l'augmentation de la scolarisation obligatoire et du poids croissant des médias, le murcien a perdu progressivement de son importance. En 1936, la guerre civile espagnole éclata et l'armée de Francisco Franco, soutenue par des troupes italiennes, s'empara de Malaga (Andalousie), le 8 février 1937.  Des navires allemands bombardèrent Almería (Andalousie) le 31 mai 1937 pour soutenir Franco qui finit pas prendre le pouvoir.

Durant tout le régime franquiste, les diverses langues parlées par les Espagnols autres que le castillan (catalan, basque, aragonais, andalou, murcien, etc.) furent pourchassées et interdites dans la vie publique, et ce, jusqu'à la mort de Franco en 1975. Durant des décennies, soit depuis au moins les années vingt, les journaux ont fait des campagnes «de bon parler» (''cruzada del bien hablar'') afin de valoriser le castillan aux dépens du murcien, et de toute autre langue que le castillan. Cette dévalorisation du murcien a profondément marqué la population locale pendant des générations.

Pendant les années soixante-dix, apparurent dans toute la Péninsule une multitude de groupes culturels et politiques destinés à la récupération et la promotion des langues nationales. Ce fut le cas en Catalogne, en Galice, dans les Asturies et en Aragon. En Murcie, l'étude et les revendications linguistiques au moyen d'associations culturelles se sont également produites, bien que quelques années plus tard, avec la création en 1988 de L'Ajuntaera pa la Plática, el Esturrie y'el Escarculle la Llengua Murciana («Association pour l'utilisation, la diffusion et le développement de la langue murcienne»), qui est destinée à promotion linguistique du murcien par la recherche philologique et la création littéraire.

La promulgation de la Constitution espagnole de 1978 et la création des 17 Communautés autonomes constituèrent le point de départ pour une nouvelle ère d'organisation politique. C'est ainsi que la Murcie devint une Communauté autonome. Au point de vue linguistique, la castillanisation était terminé, car le Statut d'autonomie de 1982 (Loi organique 4/1982 du 9 juin du Statut d'autonomie de Murcie) ne prévoyait aucune disposition pour quelque langue que ce soit, y compris pour le castillan. Cependant, dans d'autres communautés autonomes, la Catalogne, le Pays valencien, les îles Baléares, le Pays basque, la Navarre et la Galice, des langues co-officielles apparurent et entreprirent leur «normalisation». Ce ne fut guère le cas du murcien, qui continua d'être dévalorisé par les autorités locales.

3 La politique linguistique

La Région de Murcie pratique une politique tout à fait caractéristique de non-intervention. Il n'existe aucune disposition linguistique ni dans le Statut d'autonomie de 1982, ni dans aucune autre loi, sauf pour quelques lois scolaires portant sur la langue d'enseignement, le castillan, ou sur l'enseignement des langues étrangères.

3.1 Le Statut d'autonomie (1982)

Voici le seul article du Statut d'autonomie dans lequel on s'attendrait à lire une éventuelle disposition linguistique:

Ley Orgánica 4/1982, de 9 de junio, Estatuto de Autonomía de Murcia

Artículo 8

La Comunidad Autónoma prestará especial atención al derecho consuetudinario de la Región, con particular referencia a los tribunales consuetudinarios y tradicionales en materia de aguas, y protegerá y fomentará las peculiaridades culturales, así como el acervo de costumbres y tradiciones populares de la misma, respetando en todo caso las variantes locales y comarcales.

Loi organique 4/1982 du 9 juin du Statut d'autonomie de Murcie

Article 8

La Communauté autonome accorde une attention particulière au droit coutumier de la Région, notamment aux tribunaux coutumiers et traditionnels en matière des eaux, et protège et soutient les particularités culturelles, ainsi que le patrimoine de ses coutumes et traditions populaires en respectant dans tous les cas les variantes locales et régionales.

Or, cet article 8 porte exclusivement sur le patrimoine murcien, en excluant délibérément la langue murcienne : le texte mentionne le droit coutumier en matière des eaux, les particularités culturelles, les coutumes et traditions populaires, en respectant dans tous les cas «les variantes locales et régionales». Comme texte ambigu, il est difficile de faire mieux. La langue pourrait constituer l'un des aspects de ces «particularités», «coutumes» et «traditions populaires», mais ce n'est guère explicite. Cette imprécision semble trop manifeste pour qu'elle n'aie pas été voulue au moment de l'élaboration du Statut d'autonomie (vers 1981). Les réactions «antiparticularistes» des castillanophones étaient alors exacerbées. Il n'était sûrement pas question de prévoir des mesures de protection ou de reconnaissance au sujet d'une quelconque langue non officielle, encore moins un «dialecte» ou un «parler». 

On aurait pu s'attendre aussi à ce que le Statut d'autonomie traite non seulement du murcien, mais aussi du catalan-valencien propre à la Région de Murcie dans la zone de Carche/Carxe, territoire comprenant les municipalités d'Abanilla, de Jumilla et de Yecla, dont les habitants parlent le catalan-valencien. Et, évidemment, il n'y a aucune référence, même vaguement, dans le Statut d'autonomie au fait que le patrimoine linguistique murcien ou d'origine murcienne est partagé avec des zones géographiques des provinces limitrophes ou situées près de la Murcie (provinces d'Albacete, d'Alicante/Alacant, d'Almeria, de Grenade et de Jaén). 

Quant à l'article 10 du Statut d'autonomie, il énonce les domaines de compétence exclusive relevant de la Communauté autonome de Murcie, dont l'artisanat, les musées, le patrimoine culturel, historique, archéologique, etc.

Artículo 10.

1)
Corresponde a la Comunidad Autónoma de Murcia la competencia exclusiva en las siguientes materias:

12. Artesanía.

13. Museos, archivos, bibliotecas, hemerotecas, conservatorios de música y danza, centros dramáticos, de bellas artes y demás centros de depósito cultural o colecciones de análoga naturaleza, de interés para la Región, que no sean de titularidad estatal.

14. Patrimonio cultural, histórico, arqueológico, monumental, artístico, paisajístico y científico de interés para la Región.

15. Fomento de la cultura y de la investigación científica y técnica en coordinación con el Estado, especialmente en materias de interés para la Región de Murcia.

Artículo 12.

1)
Corresponde a la Región de Murcia, en los términos que establezcan las Leyes y las normas reglamentarias que en desarrollo de su legislación dicte el Estado, la función ejecutiva en las siguientes materias:

5. Gestión de museos, archivos y bibliotecas de titularidad estatal, que no se reserve el Estado. Los términos de la gestión serán fijados mediante convenios.

Article 10.

1)
La Communauté autonome de Murcie dispose des compétences exclusives dans les domaines suivantes :

12. L'artisanat.

13. Les musées, archives, bibliothèques, hémérothèques (périodiques), conservatoires de musique et de danse, centres dramatiques, beaux arts et autres centres de documentation culturelle ou de collections de nature similaire, d'intérêt pour la Région, qui ne sont pas de propriété publique.

14. Le patrimoine culturel, historique, archéologique, monumental, artistique, paysager et scientifique d'intérêt pour la Région.

15. La promotion de la culture et de la recherche scientifique et technique, en coordination avec l'État, spécialement dans des domaines d'intérêt pour la Région de Murcie.

Article 12.

1)
Il relève de la Région de Murcie la fonction exécutive dans les domaines suivants, selon les conditions prévues par les lois et les règlements, dans l'élaboration de sa législation que lui dicte l'État:

5. La gestion des musées, archives et bibliothèques de propriété publique, que ne se réserve pas l'État. Les conditions de la gestion doivent être prévus au moyen d'ententes.

Bref, dans l'éventualité où une quelconque disposition s'appliquerait au murcien, ce serait dans le cadre du folklore ou de la muséologie, un cadre presque parfait pour une langue morte et momifiée!

3.2 Des propositions de réforme

En raison de cette situation juridique jugée déplorable, les défenseurs du patrimoine murcien ont abordé la question de la protection et de la reconnaissance effective du patrimoine linguistique murcien sur la base de la réglementation constitutionnelle et des dispositions du Statut d'autonomie, ainsi que sur la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. M. Ángel Custodio Navarro Sánchez, avocat et professeur d'université aux Baléares (Eivissa), est l'un de ceux-là. Il considère que le patrimoine linguistique murcien est une richesse qui a un urgent besoin de protection par la voie juridique, politique et constitutionnelle. En 2003, la plupart des associations pour la défense du murcien se sont regroupées et ont présenté devant la Comisión de Peticiones y Defensa del Ciudadano (Commission des pétitions et de défense du citoyen) de l'Assemblée régionale de Murcie une proposition pour que, dans la prochaine réforme du Statut d'autonomie, il soit ajouté à l'actuel article 8 des paragraphes supplémentaires. Ces associations étaient les suivantes :

- l'Ajuntaera pa la Plática, el Esturrie y'el Escarculle la Llengua Murciana ("Association pour le parler, la diffusion et le développement de la langue murcienne");
- la Federación de Peñas Huertanas de Murcia ("Fédération des cercles de maraîchers de Murcie»);
- la Asociación de Amigos del Museo de la Huerta de Murcia ("Association des amis du Musée de la Huerta de Murcie");
- la Federación de Asociaciones de Vecinos, Consumidores y Usuarios de la Región de Murcia ("Fédération des associations des citoyens, consommateurs et usagers de la Région de Murcie");
- le Colectivo XXI ("Collectif XXI").

La protection et la reconnaissance spécifique juridique particulière, qui sont préconisée en faveur du «patrimoine linguistique murcien», visent à ajouter deux nouveaux paragraphes à l'actuel article 8 du Statut d'autonomie, dont le libellé serait le suivant:
 

"2. El murciano, como conjunto de las hablas y modalidades lingüísticas de la Región de Murcia, en toda su riqueza y variedad -como patrimonio cultural, histórico e idiomático común a los territorios de la Cuenca del Segura- será objeto de especial respeto y protección. A tal efecto, se adoptarán por la Comunidad Autónoma medidas legislativas y administrativas apropiadas y se fomentará la creación de entidades que atiendan a dichos fines y a su conservación, con respeto, en todo caso, a las variantes locales y comarcales".

"3. En igual sentido, el habla valenciana -propia de determinados lugares de los municipios de Abanilla, Jumilla y Yecla- será objeto de especial respeto y protección. A tal efecto, se adoptarán por la Comunidad Autónoma las medidas legislativas y administrativas necesarias, se fomentará su recuperación y se protegerán los derechos de sus hablantes, todo ello dentro de la unidad del sistema lingüístico del que forma parte este habla".

«2. Le murcien, comme l'ensemble des parlers et modalités linguistiques de la Région de Murcie, dans toute sa richesse et ses variétés comme patrimoine culturel, historique et linguistique commun aux territoires de la Cuenca del Segura fait l'objet d'une protection et d'un respect particuliers. À cet effet, la Communauté autonome adoptera des mesures législatives et administratives appropriées, et favorisera la création d'organismes répondant à ces objectifs et favorisant la conservation, dans le respect dans tous les cas des variantes locales et régionales».

«3. De même, le parler valencien propre à certains endroits des municipalités d'Abanilla, de Jumilla et d'Yecla fera l'objet d'une protection et d'un respect particuliers. À cet effet, la Communauté autonome adoptera des mesures législatives et administratives nécessaires, favorisera la récupération et protégera les droits des locuteurs de cette langue, et ce, dans le cadre de l'unité du système linguistique dont fait partie ce parler".

En outre, pour une reconnaissance du patrimoine linguistique et culturel murcien (ou d'origine murcienne) coexistant dans les provinces limitrophes ou situées près de la Région (Albacete, Alicante/Alacant, Almeria, Grenade et Jaén), dans plusieurs secteurs, y compris celle de Los Vélez, il faudrait inclure dans le Statut d'autonomie de la Murcie la disposition additionnelle suivante:
 

"La Comunidad Autónoma, por ser la Cultura murciana patrimonio de otros territorios y Comunidades, además de los vínculos y correspondencia que mantengan las instituciones culturales de la Cuenca del Segura, podrá solicitar del Gobierno de la Nación y de las Cortes Generales los convenios de cooperación y de relación que se consideren oportunos con el fin de salvaguardar el patrimonio cultural común, estableciendo a tal fin los acuerdos correspondientes con las instituciones de los Municipios, Comarcas y Provincias concernidos y con los organismos correspondientes de las Comunidades Autónomas de Andalucía, Castilla-La Mancha y la Comunidad Valenciana, todo ello de conformidad con la Constitución y las Leyes". «La Communauté autonome, pour détenir la culture murcienne du patrimoine des autres territoires et communautés, outre les liens et la correspondance que maintiennent les institutions culturelles de la Cuenca del Segura, peut demander au gouvernement national et aux Cortès Generales des ententes de coopération et de relations jugées appropriées afin de sauvegarder le patrimoine culturel commun, en créant à cet effet des ententes avec les institutions des municipalités, comarques et provinces concernées et avec les organismes concernés des communautés autonomes d'Andalousie, de la Castille-La Manche et de la Communauté valencienne, et ce, conformément à la Constitution et aux lois».

En plus de ces initiatives, il faut souligner la requête auprès du président de la Communauté autonome de la Région de Murcie, ainsi qu'au président de l'Assemblée régionale de Murcie et aux porte-parole des différents partis politiques présents à la Chambre murcienne, d'inclure dans le Statut d'autonomie la protection de la langue murcienne, déclarée comme «bien d'intérêt culturel» ("Bien de Interés Cultural"), et de prendre toutes les mesures nécessaires pour sa protection, sa promotion et sa diffusion. Plusieurs années ont passé. Rien! Le dossier est demeuré en suspens.

3.3 Le patrimoine culturel

Pourtant, en 2007, le gouvernement murcien a adopté une nouvelle loi sur le patrimoine, la dernière datait de 1990. Il s'agit de la Ley 4/2007, de 16 de marzo, de Patrimonio Cultural de la Comunidad Autónoma de la Región de Murcia (Loi 4/2007 du 16 mars sur le patrimoine culturel de la Communauté autonome de la Région de Murcie). On aurait pu s'attendre à une quelconque disposition sur le patrimoine linguistique murcien, mais il n'en est rien, comme on peut le constater en lisant le texte de la loi.

L'article 1er de la loi énonce que le patrimoine culturel de la Région de Murcie est constitué par les biens meubles, immeubles et immatériels, qui méritent une protection particulière en raison de leur valeur historique, artistique, archéologique, paléontologique, ethnographique, documentaire ou bibliographique, technique ou industrielle, scientifique ou de toute autre nature culturelle. Le mot «linguistique» ne fait pas partie de la nomenclature, mais la langue pourrait éventuellement être incluse dans l'expression «de toute autre nature culturelle». Le même article mentionne que les «biens immatériels» correspondent aux «institutions, activités, pratiques, usages, représentations, coutumes, connaissances, techniques et autres manifestations» constituant des formes significatives d'expression de la culture de la Région de Murcie. Là encore, c'est le mutisme complet en ce qui a trait à la question linguistique. Dans le texte de la loi, l'expression la plus importante est "bienes de interés cultural", les «biens d'intérêt culturel». Manifestement, la langue n'en fait pas partie.

C'est pourquoi les militants du murcien demandent que la langue murcienne soit considérée comme "bienes de interés cultural". Mais il ne semble pas que ce soit dans les intentions du gouvernement d'inclure par la loi la langue dans la liste de ces biens culturels. Quoi qu'il en soit, ce n'est certainement pas avec une loi sur le patrimoine qu'une langue peut être protégée et conservée. Il faut au moins, comme en Catalogne (ou en Navarre, au Pays basque, aux Baléares, en Galice, etc.), que la langue locale soit valorisée et utilisée par l'Administration publique, les écoles et les médias. Or, le murcien n'en est pas là.

Par ailleurs, la loi 4/1990 du 11 avril sur les mesures de promotion du patrimoine historique (Ley 4/1990, de 11 de abril, de Medidas de Fomento del Patrimonio Histórico) ne mentionne pas davantage la langue, ni même le castillan, comme objet du patrimoine historique. Tout au plus, la loi parle de «œuvres publiées» ("obras publicas") et de «créations artistiques» ("creaciones artisticas"), ce qui suppose l'emploi exclusif de la langue castillane. Il est improbable que le législateur ait prévu faire allusion au murcien, alors qu'en 1990 le revendications linguistiques demeuraient encore relativement faibles.  

3.4 La langue officielle de la Murcie

La Région de Murcie est un territoire unilingue castillan, sans qu'il ne soit nécessaire de proclamer de langue officielle. C'est pourquoi seul l'article 3 (trois paragraphes) de la Constitution espagnole s'applique dans la Communauté autonome murcienne, car le castillan est la langue espagnole officielle de l'État, donc de celle de ses États constitutifs :

Article 3

1) Le castillan est la langue espagnole officielle de l'État. Tous les Espagnols ont le devoir de le connaître et le droit de l'utiliser.

2) Les autres langues espagnoles seront également officielles dans les Communautés autonomes respectives en accord avec leurs Statuts. 

3) La richesse des diverses modalités linguistiques de l'Espagne est un patrimoine culturel qui doit être l'objet d'une protection et d'un respect particuliers.

De toute façon, il n'existe aucune loi particulière adoptée par le Parlement murcien proclamant le castillan comme langue officielle. Le castillan est par conséquent la «langue officielle par défaut». Ce fait témoigne aussi de l'absence de «problèmes» ou d'intérêt en matière linguistique.

Rappelons que, si tous les Espagnols ont le devoir de connaître le castillan, cette obligation ne s'applique pas au catalan, au basque et au galicien, encore moins aux autres langues comme l'asturien, l'aragonais ou le murcien. L'utilisation de toute langue minoritaire en Espagne ne constitue pas une obligation, mais simplement un droit, à la condition que le Statut d'autonomie prévoie une autre langue co-officielle, ce qui n'est pas le cas pour la Murcie.

Ainsi, la Constitution prévoit un État espagnol unilingue composé de territoires officiellement unilingues (les castillanophones) et de territoires officiellement bilingues (pour les Catalan, les Basques et les Galiciens). Comme la Constitution espagnole est muette sur le galicien, le léonais, l'asturien ou le murcien, et que le Statut d'autonomie (1982) n'en fait pas davantage mention, seul le castillan bénéficie du statut d'officialité.

C'est pourquoi le castillan est la seule langue admise au Parlement de Murcie, au gouvernement, dans l'Administration, les tribunaux, les médias, etc., bref dans toute la vie publique. Les langues minoritaires ne sont utlisées que dans le cadre informel de la famille, des amis ou des loisirs.

3.5 L'éducation

La langue d'enseignement est la seule qui soit digne d'un intérêt «législatif» de la part du gouvernement murcien, car elle ne concerne que la langue officielle, le castillan, sauf pour les programmes d'enseignement des langues étrangères.

- Le castillan

La Région de Murcie respecte les dispositions de la Loi organique 2/2006 du 3 mai sur l'éducation (Ley Orgánica 2/2006, de 3 de mayo, de Educación), une loi de l'État espagnol. Dans l'enseignement primaire, c'est l'article 17 qui s'applique, mais pour la langue castillane :

Artículo 17.

Objetivos de la educación primaria.

La educación primaria contribuirá a desarrollar en los niños y niñas las capacidades que les permitan:

e. Conocer y utilizar de manera apropiada la lengua castellana y, si la hubiere, la lengua cooficial de la Comunidad Autónoma y desarrollar hábitos de lectura.

f. Adquirir en, al menos, una lengua extranjera la competencia comunicativa básica que les permita expresar y comprender mensajes sencillos y desenvolverse en situaciones cotidianas.

Article 17

Objectifs de l'éducation primaire

L'éducation primaire doit contribue à développer chez les files et les garçons des habiletés qui leur permettent :

e. De connaître et d'utiliser de manière appropriée la langue castillane et, s'il y a lieu, la langue co-officielle de la Communauté autonome et de développer des habitudes de lecture.

f. D'acquérir dans au moins une langue étrangère les compétences de base en communication, qui leur permettent d'exprimer et de comprendre des messages simples et de fonctionner dans des situations quotidiennes.

Quant à l'enseignement secondaire, c'est l'article 23 de la même loi:

Artículo 23.

Objetivos.

La educación secundaria obligatoria contribuirá a desarrollar en los alumnos y las alumnas las capacidades que les permitan:

h. Comprender y expresar con corrección, oralmente y por escrito, en la lengua castellana y, si la hubiere, en la lengua cooficial de la Comunidad Autónoma, textos y mensajes complejos, e iniciarse en e conocimiento, la lectura y el estudio de la literatura.

i. Comprender y expresarse en una o más lenguas extranjeras de manera apropiada.

Article 23

Objectifs

L'éducation secondaire obligatoire doit contribuer à développer chez les élèves les habiletés qui leur permettent :

h. De comprendre et d'exprimer correctement, à l'oral et à l'écrit, dans la langue castillane et, s'il y a lieu, dans la langue co-officielle de la Communauté autonome, des textes et des messages complexes, et débuter leurs connaissances par la lecture et l'étude de la littérature.

i. De comprendre et de s'exprimer dans une ou plusieurs langues étrangères de manière appropriée.

Étant donné que la Communauté autonome de la Région de Murcie n'a pas de «langue co-officielle», la seule langue d'enseignement demeure le castillan. C'est conforme au programme établi par le ministère compétent en matière d'éducation, tel que le prévoit le décret n° 286/2007 du 7 septembre instaurant le programme d'études de l'enseignement primaire dans la Communauté autonome de la Région de Murcie :

Decreto no 286/2007 de 7 de septiembre, por el que se establece el currículo de la educación primaria en la Comunidad Autónoma de la Región de Murcia.

Artículo 6.

Áreas de conocimiento.

1) De acuerdo con lo que establece el artículo 18 de la Ley Orgánica 2/2006, de 3 de mayo, de Educación, las áreas que se cursarán en todos los ciclos de esta etapa serán las siguientes:

a) Conocimiento del medio natural, social y cultural b) Educación artística
c) Educación física
d) Lengua castellana y literatura
e) Lengua extranjera
f) Matemáticas

2) La enseñanza de la Religión se impartirá en todos los cursos de la etapa y se ajustará a lo establecido en la disposición adicional segunda del presente Decreto.

3) En el quinto curso, además de las áreas incluidas en el apartado 1, se impartirá la Educación para la ciudadanía y los derechos humanos, en la que se prestará especial atención a la igualdad entre hombres y mujeres.

4) Los centros docentes podrán impartir, también, en el tercer ciclo, una segunda lengua extranjera, de acuerdo con lo que disponga la Consejería competente en materia de Educación.

5) Las áreas de Lengua y literatura y Matemáticas, dado su carácter instrumental para la adquisición de otros conocimientos, recibirán una especial consideración.

6) La comprensión lectora, la expresión oral y escrita, la comunicación audiovisual, así como las tecnologías de la información y la comunicación se trabajarán en todas las áreas, sin perjuicio de su tratamiento específico en alguna de ellas.

7) Asimismo, de acuerdo con el Proyecto Educativo del centro, se potenciará la educación en valores, con especial referencia a la educación en la convivencia escolar, familiar y social.

8) Los aspectos básicos de la cultura, la historia y el patrimonio artístico y el entorno natural de la Región de Murcia, deben ser tratados con especial atención a lo largo del currículo de esta etapa educativa.

9) La organización de los contenidos en áreas se entenderá sin perjuicio del carácter global de la etapa.

Décret no 286/2007 du 7 septembre instaurant le programme d'études de l'enseignement primaire dans la Communauté autonome de la Région de Murcie

Article 6

Domaine des connaissances

1) Conformément à ce que prévoit l'article 18 de la loi organique no 2/2006 du 3 mai sur l'éducation, les matières qui sont suivies dans tous les cycles de cette étape sont les suivantes :

a) Connaissance du milieu naturel, social et culturel;
b) Éducation artistique;
c) Éducation physique;
d) Langue et littérature castillanes;
e) Langue étrangère;
f) Mathématiques.

2) L'enseignement de la religion est dispensé dans toutes les années de l'étape et il est adapté à qui est prévu dans la seconde disposition additionnelle du présent décret.

3) Dans la cinquième année, outre les matières incluses au paragraphe 1, est dispensée l'éducation à la citoyenneté et aux droits humains, qui accorde une attention particulière à l'égalité entre les hommes et les femmes.

4) Les établissements d'enseignement peuvent dispenser aussi, au troisième cycle, une seconde langue étrangère, conformément aux dispositions du ministère compétent en matière d'éducation.

5) Les matières de langue et littérature, et des mathématiques,  recevront une attention particulière en raison de leur caractère instrumental pour l'acquisition d'autres connaissances.

6) La compréhension de la lecture, de l'expression orale et écrite, de la communication audiovisuelle, ainsi que les technologies de l'information et la communication, sont enseignées dans toutes les matières, sans préjudice de leur traitement spécifique sur chacune d'elles.

7) De plus, en accord avec le Projet éducatif de l'établissement, l'enseignement des valeurs sera renforcé, en particulier l'éducation à la coexistence scolaire, familiale et sociale.

8) Les aspects de base de la culture, de l'histoire et du patrimoine artistique et de l'environnement naturel de la Région de Murcie doivent être traités avec une attention particulière tout au long du programme d'études de cette étape éducative.

9) L'organisation des contenus dans les matières est comprise sans préjudice du caractère global de l'étape.

Évidemment, le castillan enseigné doit correspondre à la «norme cultivée de la langue espagnole» ("norma culta de la lengua española").

Pour l'enseignement secondaire, le décret n° 291/2007 régit le programme d'études. Seule la langue castillane est enseignée (art. 4 et 5) en plus des langues étrangères.

Decreto 291/2007, de 14 de septiembre, por el que se establece el currículo de la Educación Secundaria Obligatoria en la Comunidad Autónoma de la Región de Murcia.

Artículo 4.

Objetivos de la etapa.

La Educación Secundaria Obligatoria contribuirá a desarrollar en el alumnado las capacidades que le permitan:

h) Comprender y expresar con corrección textos y mensajes complejos, oralmente y por escrito, en la lengua castellana, valorando sus posibilidades comunicativas desde su condición de lengua común de todos los españoles y de idioma internacional, e iniciarse en el conocimiento, la lectura y el estudio de la literatura.

i) Comprender y expresarse en una o más lenguas extranjeras de manera apropiada.

j) Conocer y valorar el patrimonio artístico, cultural y natural de la Región de Murcia y de España, así como los aspectos fundamentales de la cultura, la geografía y la historia de España y del mundo.

k) Conocer la diversidad de culturas y sociedades a fin de poder valorarlas críticamente y desarrollar actitudes de respeto por la cultura propia y por la de los demás.

Artículo 6.

Organización de los tres primeros cursos.

1) De acuerdo con el artículo 4 del Real Decreto 1631/2006, de 29 de diciembre, las materias de los tres primeros cursos de la Educación Secundaria Obligatoria serán las siguientes:

Ciencias de la naturaleza.
Ciencias sociales, geografía e historia.
Educación física.
Educación para la ciudadanía y los derechos humanos. Educación plástica y visual.
Lengua castellana y literatura.
Lengua extranjera.
Matemáticas.
Música.
Tecnologías.

2) En cada uno de los tres primeros cursos de la etapa, todos los alumnos cursarán las siguientes materias:

Ciencias de la naturaleza.
Ciencias sociales, geografía e historia.
Educación física.
Lengua castellana y literatura.
Lengua extranjera.
Matemáticas.

5) La Consejería competente en materia de Educación ordenará la oferta de las materias optativas a lo largo de los tres primeros cursos de la etapa, establecerá las condiciones para su elección por parte de los alumnos y, en su caso, las orientaciones curriculares de las mismas. En todo caso, dicha oferta deberá incluir una Segunda lengua extranjera y Cultura clásica, cuyos currículos figuran en el anexo I de este Decreto. En los dos primeros cursos, la Segunda lengua extranjera se incluirá entre las materias a las que se refiere el apartado 1 de este artículo, en las condiciones que establezca la Consejería competente en materia de Educación, de conformidad con el artículo 4.6 del Real Decreto 1631/2006, de 29 de diciembre.

Artículo 7.

Organización del cuarto curso.

1) De acuerdo con el artículo 5 del Real Decreto 1631/2006, de 29 de diciembre, en el curso cuarto todos los alumnos cursarán las materias de:

Ciencias sociales, geografía e historia.
Educación ético-cívica.
Educación física.
Lengua castellana y literatura.
Matemáticas.
Primera lengua extranjera.

2) En las condiciones que establezca la Consejería competente en materia de Educación, la materia de Matemáticas de cuarto curso, se organizará en dos opciones, de las que el alumno cursará una: la opción A tendrá carácter terminal y la opción B carácter propedéutico. Los respectivos currículos se incluyen en el anexo de este Decreto.

3) Además de las materias indicadas en el apartado 1 del presente artículo, en el cuarto curso todos los alumnos cursarán tres materias de entre las siguientes:

Biología y geología.
Educación plástica y visual.
Física y química. Informática.
Latín.
Música.
Segunda lengua extranjera.
Tecnología.

Décret 291/2007 du 14 septembre instaurant le programme d'études de l'enseignement secondaire obligatoire dans la Communauté autonome de la Région de Murcie

Article 4

Objectifs de l'étape

L'enseignement secondaire obligatoire contribue à développer chez l'élève les aptitudes qui lui permettent :

h) De comprendre et d'exprimer correctement des textes et des messages complexes, à l'oral ou à l'écrit, dans la langue castillane, en évaluant ses possibilités de communication depuis sa condition de langue commune de tous les Espagnols et de langue internationale, et entamer ses connaissances par la lecture et l'étude de la littérature.

i) De comprendre et de s'exprimer dans une ou plusieurs langues étrangères de manière appropriée.

j) De connaître et d'évaluer le patrimoine artistique, culturel et naturel de la Région de Murcie et de l'Espagne, ainsi que les aspects fondamentaux de la culture, de la géographie et de l'histoire de l'Espagne et du monde.

k) De connaître la diversité des cultures et des sociétés afin de pouvoir les évaluer de façon critique et développer des attitudes de respect de la culture propre et de celle des autres.

Article 6

Organisation des trois premières années

1) Conformément à l'article 4 du décret royal 1631/2006 du 29 décembre, les matières des trois premières années de l'enseignement secondaire obligatoire sont les suivantes :

Sciences de la nature;
Sciences sociales, géographie et histoire;
Éducation physique;
Éducation à la citoyenneté et aux droits humains;
Éducation plastique et visuelle;
Langue et littérature castillanes;
Langue étrangère;
Mathématiques;
Musique;
Technologies.

2) Dans chacune des trois premières années de l'étape, tous les élèves doivent suivre les matières suivantes :

Sciences de la nature;
Sciences sociales, géographie et histoire;
Éducation physique;
Langue et littérature castillanes;
Langue étrangère;
Mathématiques.

5) Le ministère compétent en matière d'éducation impose l'offre des matières facultatives tout au long des trois premières années de l'étape, prescrit les conditions de choix par les élèves et, le cas échéant, les orientations de ces programmes. Dans tous les cas, cette offre doit inclure une seconde langue étrangère et une culture classique, dont les plans d'études figurent en annexe I du présent décret. Dans les deux premières années, la seconde langue étrangère est incluse entre les matières visées au paragraphe 1 du présent article, selon les conditions prévues par le ministère compétent en matière d'éducation, conformément à l'article 4.6 du décret royal 1631/2006 du 29 décembre.

Article 7

Organisation de la quatrième année

1) Conformément avec l'article 5 du décret royal 1631/2006 du 29 décembre, dans la quatrième année, tous les élèves suivent les matières suivantes:

Sciences sociales, géographie et histoire;
Éducation moral et civique;
Éducation physique;
Langue et littérature castillanes;
Mathématiques;
Première langue étrangère.

2) Selon les conditions fixées par le ministère compétent en matière d'éducation, la matière des mathématiques de quatrième année est dispensée en deux options, dont l'une est choisie par l'élève : l'option A possède un caractère terminal et l'option B un caractère de propédeutique. Les plans d'études respectifs sont inclus dans l'annexe du présent décret.

3) Outre les matières indiquées au paragraphe 1 du présent article, dans le quatrième cours, tous les élèves suivent trois matières parmi les suivantes:

Biologie et géologie;
Éducation plastique et visuelle;
Physique et chimique;
Informatique;
Latin;
Musique;
Seconde langue étrangère;
Technologie.

Il est intéressant de relever le paragraphe portant sur le patrimoine (art. 4.j) :

j) Conocer y valorar el patrimonio artístico, cultural y natural de la Región de Murcia y de España, así como los aspectos fundamentales de la cultura, la geografía y la historia de España y del mundo. j) De connaître et d'évaluer le patrimoine artistique, culturel et naturel de la Région de Murcie et de l'Espagne, ainsi que les aspects fondamentaux de la culture, de la géographie et de l'histoire de l'Espagne et du monde.

Le patrimoine culturel et historique dont il est question ne concerne pas le murcien, mais l'espagnol et l'Espagne, notamment l'ancienne Espagne impériale.

Mais le décret n° 291/2007 contient une annexe digne de mention et intitulée «Langue et littérature castillanes». L'article 10 de cette annexe porte sur les variétés murciennes sans les nommer, ni même utiliser le mot «murciano».

ANEXO

LENGUA CASTELLANA Y LITERATURA

Objetivos

La enseñanza de la Lengua castellana y la literatura en esta etapa tendrá como objetivo el desarrollo de las siguientes capacidades:

10. Identificar los principales rasgos caracterizadores del español en la Región de Murcia, su formación histórica y las hablas de sus diferentes comarcas, y diferenciar el registro dialectal y popular de los usos vulgares e incorrectos.

ANNEXE

LANGUE ET LITTÉRATURE CASTILLANES

Objectifs

L'enseignement de la langue et de la littérature castillanes dans cette étape aura pour but le développement des aptitudes suivantes:

10. Identifier les principaux traits caractéristiques de l'espagnol dans la Région de Murcie, sa formation historique et les parlers de ses différentes comarques, et différencier le registre dialectal et populaire des usages vulgaires et incorrects.

On constater ici avec quelle dextérité le texte peut mentionner «le registre dialectal et populaire des usages vulgaires et incorrects», sans même désigner le murcien. Manifestement, le terme «murciano» est un mot tabou. Il faut comprendre que les «parlers de ses différentes comarques» ("las hablas de sus diferentes comarcas") sont des «traits caractéristiques de l'espagnol» dialectal !

L'enseignement du latin demeure un objet d'apprentissage dans les écoles secondaires murciennes:

Objetivos

La enseñanza del Latín en la etapa de Educación Secundaria Obligatoria tendrá como objetivos que el alumnado desarrolle las capacidades siguientes:

1. Conocer las raíces y evolución de la lengua como un instrumento que se adapta a las necesidades de los hablantes.

2. Valorar la diversidad lingüística como una muestra de la riqueza cultural de los pueblos.

3. Explicar las semejanzas que entroncan las distintas lenguas con un origen común y comparar los elementos y estructuras de las lenguas derivadas, lo cual resultará especialmente valioso para el aprendizaje de lenguas.

4. Conocer los procedimientos de formación del léxico latino -en concreto, la derivación y la composición- para entender mejor los procedimientos de formación de palabras en las lenguas actuales.

5. Identificar la etimología y conocer el significado de las palabras del léxico común de la lengua española y, en especial, del vocabulario culto que forma gran parte de la terminología científica y técnica actual.

6. Comprender de manera correcta el significado de los latinismos y expresiones latinas que se han incorporado directamente a la lengua hablada y a la científica, en especial a la del derecho.

7. Desarrollar las capacidades intelectuales del alumno mediante el análisis de los elementos de la lengua latina que, por su carácter flexivo, es prototipo de una lengua de análisis.

8. Propiciar la reflexión y el análisis de la lengua española, así como de las que se estudien como lenguas extranjeras -especialmente las de origen románico, como el francés, pero también del inglés y su enorme cantidad de vocabulario latino-, en cuyas estructuras lingüísticas reparará el alumno con más facilidad desde el análisis del latín.

Objectifs

L'enseignement du latin dans l'étape de l'enseignement secondaire obligatoire a comme objectifs que l'élève développe les aptitudes suivantes:

1. Connaître les racines et l'évolution de la langue comme instrument s'adaptant aux nécessités des locuteurs.

2. Évaluer la diversité linguistique comme échantillon de la richesse culturelle des peuples.

3. Expliquer les similitudes qui rattachent les différentes langues à une origine commune et comparer les éléments et les structures des langues dérivées, ce qui s'avérera particulièrement utile pour l'apprentissage des langues.

4. Connaître les procédures de formation du lexique latin - concrètement la dérivation et la composition - pour comprendre mieux les procédures de formation de mots dans les langues actuelles.

5. Identifier l'étymologie et connaître la signification des mots du lexique commun de la langue espagnole et particulièrement du vocabulaire cultivé qui forme une grande partie de la terminologie scientifique et technique actuelle.

6. Comprendre de manière correcte la signification les latinismes et les expressions latines qui se sont directement incorporées à la langue parlée et scientifique, spécialement à celle du droit.

7. Développer les capacités intellectuelles de l'élève par l'analyse des éléments de la langue latine qui, par son caractère de flexion est un prototype d'une langue analytique.

8. Favoriser la réflexion et l'analyse de la langue espagnole, ainsi que celles qui sont étudiées comme langues étrangères - spécialement celles d'origine romane, comme le français, mais aussi l'anglais et son énorme quantité de vocabulaire latin -, dont les structures linguistiques préparera l'élève plus facilement à partir de l'analyse du latin.

Pour le reste, l'enseignement concerne les langues étrangères, notamment l'anglais, puis le français. Il convient d'ajouter également l'espagnol destiné aux étrangers.

La politique de la Communauté autonome de la Région de Murcie en est une de non-intervention, ce qui n'est pas très fréquent en Espagne. Le castillan est considéré comme la langue officielle par défaut, c'est-à-dire de facto, sans qu'il ne soit nécessaire de le proclamer dans un texte de loi. Il paraît donc inutile de protéger le castillan, puisqu'il est parlé par toute la population, si l'on fait exception des immigrants arrivés plus récemment. Quant à la langue murcienne, la «langue propre» de la région, elle demeure simplement ignorée, sans jamais même être nommée ni désignée. C'est tout au plus un «dialecte de l'espagnol» (ce qui est faux: c'est un dialecte du latin), dont la protection est nulle et non avenue.

Pourtant, ni le murcien ni le valencien du Carche ne sauraient constituer une menace pour la toute-puissante langue castillane. Mais la tradition en Espagne est de n'accorder des droits qu'aux langues co-officielles (galicien, catalan et basque) reconnues par la Constitution espagnole et les statuts d'autonomie. Ce qui apparaît valable pour le galicien en Galice et le basque au Pays basque, par exemple, ne l'est manifestement pas avec le murcien en Murcie. En ce sens, la politique linguistique de la Murcie est l'une des plus jacobines et l'une des moins généreuses de toute l'Espagne, car les autorités locales ne manifestent même pas l'ombre d'une intention de sauvegarder cette langue comme faisant partie du «patrimoine linguistique» espagnol ni comme «bien d'intérêt culturel». 

Dernière mise à jour: 17 févr. 2024   
   

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