Communauté valencienne
Communauté valencienne
(Comunitat Valenciana)

Pays valencien - País Valencià

(Espagne)

Capitale:  Valence 
Population: 5,0 millions (2021)
Langue officielle: castillan et valencien (catalan) 
Groupe majoritaire: castillan (60 %) 
Groupes minoritaires: valencien (40 %) 
Système politique: l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne 
Articles constitutionnels (langue): art. 3 de la Constitution espagnole de 1978, art. 7 du Statut d'autonomie (1982) et art. 7, 12, 16, 29, 33, 46 et 89 du Statut d'autonomie de 2006
Lois linguistiques: Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983); Arrêté du ministère de l'Éducation et des Sciences, sur l'usage des langues officielles dans la toponymie, dans la signalisation des voies de communication et dans l'étiquetage des services publics dans le cadre territorial de la Communauté valencienne (1993);  Loi sur la création de l'Académie valencienne de la langue (1998); Décret n° 62 du gouvernement valencien réglementant l'accréditation des connaissances linguistiques pour l’accès et la disponibilité des postes dans la fonction publique d'enseignement non universitaire au sein de la Communauté valencienne (2002); Décret n° 61 du Conseil réglementant les usages institutionnels et administratifs des langues officielles dans l'administration de la Généralité (2017)
; Loi n° 4 réglementant et promouvant le multilinguisme dans le système d'enseignement valencien (2018);
Lois à portée linguistique:
Loi n° 7 sur la création de l’entité publique la Radiotélévision valencienne (RTVV) ainsi que sur la réglementation des services de radiodiffusion et de télévision de la Généralité valencienne (1984);
Décret n° 145 sur la signalisation des routes et des services publics dans le cadre territorial de la Communauté valencienne (1986); Décret 178/1988 du 15 novembre du Conseil de la Généralité valencienne établissant la composition et les fonctions de la Commission interministérielle pour l'application de l'usage du valencien, conformément à la loi 4/1983 du 23 novembre sur l'usage et l'enseignement du valencien (1988);  Décret n° 77 du Gouvernement valencien réglementant les formulaires de réclamations des consommateurs et des utilisateurs de la Communauté valencienne (1994); Décret n° 6 du gouvernement valencien réglementant le Journal officiel de la Généralité valencienne (1997); Décret n° 33 du 9 mars du gouvernement valencien approuvant le Règlement sur la sélection, le pourvoi des postes et des carrières du personnel administratif prévu dans le cadre d'application de la Loi sur la fonction publique de Valence; Loi sur le livre (2002);  Loi n° 7 sur la publicité institutionnelle (2003); Loi n° 1 de la Généralité sur les droits et l'information aux patients de la Communauté valencienne  (2003); Décret n° 37 du Conseil établissant les contenus pédagogiques du premier cycle d'éducation de la petite enfance (2008); Loi n° 7 sur la communication audiovisuelle générale (2010); Loi n° 1 de la Généralité sur le statut des consommateurs et des usagers de la Communauté valencienne (2011); Loi n° 10 de la Communauté valencienne sur la santé et les professionnels du domaine social (2014); Loi n° 6 sur le service public de radiodiffusion et de télévision de la région autonome, propriété de la Généralité (2016); Décret n° 69 du Conseil réglementant les critères et la procédure de changement de nom des municipalités et autres entités locales de la Communauté valencienne (2017); Loi n° 12 sur la publicité institutionnelle d'intérêt citoyen et la conception collective des infrastructures publiques (2018); Décret législatif n° 1 du Conseil approuvant le texte consolidé de la Loi sur le statut des consommateurs et des utilisateurs de la Communauté valencienne (2019); Ordonnance n° 3 du Conseil de l'Éducation, de la Culture et des Sports déterminant la compétence linguistique nécessaire pour l'accès et l'exercice de la fonction d'enseignant dans le système scolaire valencien (2020); Loi n° 4 sur la fonction publique valencienne (2021).

1 Situation générale

La Communauté valencienne constitue l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne. C'est une région de 23 305 km² (4,6 % de la superficie du pays) située au sud de la Catalogne, sur la côte est de l’Espagne, face aux îles Baléares.

La Communauté valencienne compte trois provinces administratives: Alacant/Alicante, Castelló/Castellón et Valenciá/Valencia (voir la carte détaillée). Les provinces constituent la plus ancienne division administrative en vigueur dans la Communauté valencienne. De plus, ce territoire est traditionnellement divisé en plusieurs «comarques» (32 ou 34 selon les recensements). Cependant, aucun document juridique ne précise ce que sont les «comarques» (qu'on pourrait appeler «régions» en français), quelles sont leurs frontières, lesquelles sont dans les faits couramment employées à des fins de décentralisation administrative afin d'offrir différents services mieux adaptés tels que l'éducation, la santé ou l'agriculture.

Il existe aussi des municipalités ("municipios"): elles constituent la base territoriale de la Communauté valencienne. Sur un total de 542, on compte 135 municipalités dans la province de Castelló, 266 dans la province de Valenciá et 141 dans celle d'Alicant. Ce sont des entités dotées de la pleine personnalité juridique; elles disposent donc d'une autonomie totale dans la gestion de leurs intérêts et de leur administration.

On utilise deux appellations différentes pour désigner cette communauté autonome : Communauté valencienne (val.: Comunitat Valenciana; esp.: Comunidad Valenciana) ou Pays valencien (val.: Pais València; esp.: País Valencià). De façon générale, l'expression «Communauté valencienne», une terminologie administrative, désigne une réalité politique, l'Espagne étant divisée en 17 Communautés autonomes, alors que le «Pays valencien», une terminologie traditionnelle, renvoie à une réalité historique, l'ancien royaume de Valence. En fait, les Espagnols ont tendance à privilégier nettement Comunidad Valenciana, mais les nationalistes valenciens vont généralement préférer Pais València, parce que l'expression est liée au particularisme valencien. C'est pourquoi on dit le plus souvent Comunidad Valenciana en castillan, mais Pais València en valencien. Bref, les deux expressions ne recouvrent pas vraiment la même réalité, l'une est politique, l'autre historique et teintée de nationalisme. Pour un étranger, les deux appellations n'ont aucune connotation tendancieuse: c'est pareil.

Le drapeau valencien, appelé la Reial Senyera, reprend les couleurs du royaume d'Aragon, comme en Catalogne et aux îles Baléares, soit les quatre barres rouges sur fond or, mais avec une différence notable avec la présence d'une bande bleue surmontée d'une couronne.

2 Données démolinguistiques

La population valencienne était traditionnellement concentrée dans les villes et les zones agricoles sur les rives des fleuves les plus importants (Júcar, Turia, Segura, Vinalopó), ainsi que dans les villes côtières importantes bénéficiant de ports. Les villes les plus importantes étaient plus anciennement Sagonte (Sagunt en valencien) et Dénia durant une grande partie de leur histoire, puis suivirent Valence, Alicant, Xàtiva (Játiva en castillan), Villena, Oriola (Orihuela), Elx (Elche), Gandía et Vila-réal (Villarreal) et, plus récemment, Alzira (Alcira) et Castelló de la Plana (Castellón de la Plana).

De cette distribution traditionnelle, causée par les caractéristiques orographiques du territoire valencien et la possibilité d'une agriculture irriguée, il s'ensuit que, même aujourd'hui, la densité de population est plus élevée dans les zones du centre et du sud, et plus faible dans les zones du nord et à l'intérieur. La démographie a également été affectée par la grande activité industrielle ou les produits dérivés de l'agriculture, au cours du XXe siècle dans des villes non côtières comme Alcoi (Alcoy), Ontinyent (Onteniente), Elda-Petrel, Villena et Vall d'Uixó (Vall de Uxo).

Au cours des dernières années, la concentration des grandes capitales et de leurs villes dans les zones métropolitaines, principalement les deux plus grandes, la zone métropolitaine de Valence et d'Alicant-Elx, a augmenté, notamment dans les villes côtières (voir la carte de gauche). Ainsi, des villes traditionnellement petites (comme Benidorm et Torrevella ou Torrevieja en castillan) ont subi une augmentation démographique considérable (encore plus remarquable pendant les saisons chaudes de l'année), le tout essentiellement dû aux migrations saisonnières générées par le tourisme. On pourrait donc affirmer aujourd'hui que la démographie valencienne est clairement et principalement urbaine, avec une grande influence de la migration due au tourisme et à la migration saisonnière des résidences secondaires, et avec une tendance évidente à se déplacer vers les villes côtières.

La population de la Communauté autonome valencienne était de 3,7 millions d'habitants en 2005, mais de 5,0 millions en 2021. C'est la quatrième communauté autonome d'Espagne en termes de population; elle représente 10,6% de la population nationale. Les Valenciens sont inégalement répartis sur le territoire, car ils sont concentrés dans la bande littorale (voir la carte ci-dessus).
 

Il existe une "comarque" particulière de 100,4 km² (l'équivalent de la ville de Paris) du nom de Rincón de Ademuz (Ademús, en valencien) située dans la zone à prédominance linguistique castillane de la province de Valencia. Sa particularité est d'être une enclave entourée au nord par l'Aragon et au sud par la Castille-La Manche. Le territoire est largement rural et peu peuplé, avec sept municipalités et villages, dont seule sa capitale, Ademuz, compte 1000 habitants (2018).

Le nom d'Ademuz provient du nom d'une forteresse arabe Al-Dāmūs, qui fut conquise par les troupes de Pierre II d'Aragon en 1210, avec l'aide des  Hospitaliers et des Templiers. Par la suite, Ademuz fut incorporée au royaume de Valence par Jacques Ier d'Aragon, qui la plaça sous le contrôle direct de la Couronne aragonaise. La région fut repeuplée essentiellement par des Aragonais, mais également par des Navarrais. Cependant, au fil du temps, la population changea de langue et adopta le castillan qui évolua avec des mots d'origine aragonaise et valencienne. Les locuteurs de cette variété de castillan affirment parler le "castellano churro" ou la "lengua churra". Le "churro" est également utilisé dans les régions rurales de la province de Valencia.  

2.1 Les langues co-officielles

Les langues officielles de cette région sont le valencien (appellation locale du catalan) et le castillan. La terminologie officielle pour désigner le catalan dans cette communauté autonome, c'est en valencien le valencià et en castillan le valenciano. Au Pays valencien, le castillan est la langue majoritaire dans une proportion d'au moins 60%, et le valencien (catalan) reste la langue minoritaire dans une proportion de 40%, bien que, localement, il puisse y avoir des proportions du genre 90-10% ou 80-20% ou l'inverse. Rappelons que toute la partie nord de cette région de l’Espagne fait partie de l’aire linguistique du catalan, une langue romane

Cependant, en raison de l'immigration récente, il existe des minorités parlant l'anglais, le portugais, le roumain, l'arabe, le français, l'allemand, etc., dans une proportion atteignant les 14,8% de la population, contre une moyenne de 10,7% dans l'ensemble de l'Espagne. Par province, Alicant est la province espagnole avec le pourcentage le plus élevé d'étrangers (20,6% de la population totale), suivie par Castelló (15,4%) et Valence (10,1%).

- Les territoires à prédominance linguistique

Dans les faits, la proportion des castillanophones est sûrement moindre que 60%, celle des valencianophones, également moindre que les 40% en raison de la présence des immigrants. Quoi qu'il en soit, selon une enquête réalisée en 2005 par le Service de recherche et d'études sociologiques de la Communauté autonome de Valence, près de 94% de la population comprendrait le valencien, et environ 78% affirment savoir le parler et le lire. De plus, 50% des Valenciens sondés disent savoir l'écrire.

La prédominance valencienne est concentrée sur le littoral et les régions (comarques) limitrophes, couvrant 75% du territoire et 87% de la population et de la résidence. Dans cette zone, 36,4% de la population a déclaré préférer employer le valencien à la maison, selon une enquête en 2005, contre 54,5% qui préféraient utiliser le castillan.

Dans certains endroits, l'emploi du valencien à la maison est prédominant dans les zones de faible concentration urbaine de la région, alors que le castillan prédomine dans les grandes concentrations urbaines. Le castillan (l'espagnol) parlé dans cette région est à peu près un standard avec quelques caractéristiques phonétiques et lexicales appartenant ou influencées par la langue valencienne.

La prédominance castillane est essentiellement concentrée dans une bande extérieure au littoral et dans une enclave à l'extrémité méridionale, qui comprend 25% du territoire avec 13% de la population.

Lorsqu'on compare les cartes linguistiques de 1986 et de 2001 (voir les cartes ci-contre), on peut constater la régression du valencien en seulement quinze ans et, en contrepartie, la progression du castillan. En effet, plusieurs régions (comarques) en vert pâle (de 50% à 74% de valencianophones) sont passées au jaune pâle (de 25% à 49% de valencianophones). On peut donc présumer que, vingt ans plus tard, la prédominance castillanophone s'est accentuée dans le Pays valencien.

- La connaissance de la langue valencienne

Selon les données d'une enquête effectuée en 2015 portant sur les connaissances et l'usage social du valencien réalisée par la Généralité valencienne dans l'ensemble de la Communauté valencienne, 68,8% de la population affirme le comprendre («parfaitement» ou «assez bien»), 48,5% sachant le parler et 26,4% sachant l'écrire, selon la même enquête, avec une intense diversité entre les deux zones de prédominance linguistique et les différentes régions du territoire de la Communauté autonome.

Connaissance du valencien
Prédominance linguistique Comprend Peut parler Sait lire Peut écrire
Valencien 77,6 % 56,4 % 57,2 % 38,3 %
Castillan 37,3 % 14,7 % 24,0 % 11,4 %
L'ensemble complet 72,4 % 50,9 % 52,9 % 34,7 %
Source : Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports, 2015
En ce qui concerne l'emploi du valencien à la maison, selon les données de la même étude, environ le tiers de la population résidant dans la zone de langue valencienne prédominante, emploie toujours la langue valencienne ou davantage que la langue castillane. Les pourcentages les plus élevés (près de 60%) sont effectifs dans les régions (comarques) d'Alcoy-Gandía, de Marina Alta, de Safor et le reste des comtés valenciens de la province de Valence.
Usage du valencien à la maison
Usage Castillan Valencien
Pour les visites 45,6 % 23,5 %
En général 7,7 % 5,5 %
Plus que l'autre langue 2,8 % 2,0 %
Indistinctement 9,3 %
D'autres langues 3,2 %
Ne s'applique pas 0,4 %
Source : Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports, 2015

 2.2 Les variétés valenciennes

La variété catalane parlée au Pays valencien est fragmentée en deux sous-groupes appartenant au groupe du catalan occidental: le valencien du Nord et le valencien proprement dit. Les dialectes du valencien du Nord comprennent le dialecte de Tortosa ou tortosine (prov. de Tarragona), le dialecte de Matarraña  (prov. de Teruel) en Aragon et le valencien de Maestrazgo (prov. de Castelló).

Quant au valencien proprement dit, il comprend le valencien de la Plana (prov. de Castellón), le valencien central ou apitxat, le valencien méridional, le valencien alicantin et le majorquin de Tarbena et de la vallée de la Gallinera. Ces variantes sont appelées en Espagne des «modalités linguistiques»; en français, on parlerait davantage de «particularités» linguistiques.

Malgré ses ressemblances évidentes avec le catalan de la Catalogne, le valencien diffère par un léger accent, certaines variantes phonétiques, morphologiques et lexicales. Par exemple, le mot «oiseau» se dit ocell en catalan, mais pardal en valencien, le mot «sortie» sortida en catalan, mais eixida en valencien. Il existe même un dictionnaire de valencien à part entière, qui n'est pas le même que le dictionnaire catalan. À la rigueur, avec beaucoup de mauvaise volonté, Valenciens et Catalans pourraient ne se comprendre que partiellement à l'oral, mais ce serait exceptionnel à l'écrit, les deux variétés étant quasiment semblables, sauf pour certains cas mineurs. 

Il ne faudrait pas croire qu'on parle le catalan dans sa variété valencienne sur toute l'étendue du territoire de la Communauté valencienne. Les catalanophones ou valencianophones sont surtout concentrés sur la côte est, les castillanophones, dans l'Ouest.
 

Catalan méridional (valencien septentrional)

- dialecte de Tortosa ou tortosine (prov. de Tarragona)
- dialecte de Matarraña  (prov. de Teruel) 
- valencien de Maestrazgo (prov. de Castellón)

 

Valencien

- valencien de la Plana (prov. de Castellón)
- valencien central ou apitxat
- valencien méridional
- valencien alicantin
- majorquin de Tarbena et de la vallée de la Gallinera

On peut accéder à deux cartes linguistiques du Pays valencien en cliquant ICI, s.v.p. En réalité, ces différences dialectales proviennent des variétés du catalan introduites par les colons de la principauté de Catalogne dans le royaume de Valence nouvellement constitué, après la reconquête des territoires musulmans par Jacques Ier d'Aragon (1213-1276) au XIIIe siècle. Depuis le Statut d'autonomie de 2006, le terme de «valencien» est officiellement reconnu pour faire référence à la langue appelée «catalan» dans le reste de l'aire linguistique (art. 6.1): «La langue particulière de la Communauté valencienne est le valencien» ("La lengua propia de la Comunitat Valenciana es el valenciano").

2.3 La norme orthographique du valencien

Par ailleurs, le gouvernement valencien préconise une norme du valencien orthographique officiel. Celle-ci est basée sur ce qu'on appelle en valencien les Normes de Castelló («Règles de Castello»), c'est-à-dire les Normes Ortogràfiques de Castelló («Règles orthographiques de Castello») ou encore les Normes de 32 («Règles de 1932») parce qu'elles ont été signées en 1932 par les plus importantes institutions culturelles du Pays valencien, notamment Lo Rat Penat («la chauve-souris», l’emblème de Valence apparaissant sur le blason de la Ville), une société consacrée à la promotion, la défense, l'enseignement et la diffusion de la langue et de la culture valenciennes, et la Real Academia de Cultura Valenciana (Académie royale de la culture valencienne).

Le nom de Castelló désigne la ville de Castelló de la Plana, la capitale de la province de Castellón (en castillan). Ces fameuses Normes de Castelló constituent la première «règlementation» linguistique acceptée par des intellectuels valenciens qui reprenaient les normes établies par le grammairien catalan Pompeu Fabra i Poch en 1918, lequel avait écrit une grammaire catalan en espagnol. Il s'agissait d'une première tentative prônant l'unité de la langue catalane. À l'époque, on pouvait parler d'une sorte de compromis, du fait que ces normes paraissaient conformes à l'esprit des règles «fabriennes», tout en respectant certains principes du valencien. Il faut comprendre que ces Normes ne constituaient qu'une sorte de «guide» exposant les grands principes de l'orthographe valencienne. Voici comment Pompeu Fabra i Poch expliquait son attitude:

Nosaltres, els catalans, no desitjaríem altra cosa sinó que emprenguéssiu una obra de forta depuració del vostre idioma, encara que no us preocupéssiu gens d’acostar-vos al nostre català; que tractéssiu de descastellanitzar el valencià i, enriquint-lo, procurar acostar-lo al valencià dels vostres grans escriptors medievals., [Nous, les Catalans, ne souhaitons rien sinon que vous entrepreniez un travail de forte épuration de votre langue, et que vous ne vous occupiez point de vous rapprocher de notre catalan ; que vous tâchiez de décastillaniser le valencien et, en l'enrichissant, tenter de le rapprocher de vos grands écrivains médiévaux.]

En fait, le valencien paraissait beaucoup plus castillanisé que le catalan de Catalogne. C'est pourquoi le valencien diffère aujourd'hui du catalan sans en faire une langue différente. Mais surtout la question linguistique dégénéra en conflits internes entre Valenciens nationalistes et Valenciens pro-castillan. Après 1932, les règles «fabriennes» furent respectées durant une quarantaine d'années par les écrivains valenciens. Puis, au cours des années 1970, le monde culturel et politique s'est mis à contester cette norme, bien que la plus grande partie de la production écrite en valencien ait continué d'être rédigée en conformité avec ces premières règles plus ou moins développées.

2.4 Le conflit linguistique valencien

La question linguistique est devenue très politisée au Pays valencien. Certains croient que le valencien est un «dialecte du catalan», alors que d'autres pensent plutôt que le valencien est une langue indépendante créée durant la dictature de Franco. Évidemment, le valencien n'est pas un dialecte du catalan, mais un dialecte du latin, comme c'est le cas pour le catalan, le castillan ou tout autre idiome (aragonais, andalou, murcien, etc.) parlé en Espagne et issu de cette langue mère, le latin.
 

Pour un linguiste, le valencien et le catalan constituent la même langue, mais avec des différences de part et d'autre. C'est ainsi que le valencien et le catalan présentent tous deux des variantes phonétiques, prosodiques ou lexicales, mais ce n'est pas uniquement le cas du valencien. C'est donc avant tout une question de perception et une question identitaire. Quant au prétendu rôle de Franco dans la création du valencien, ce n'est pas sorcier : Franco voulait faire disparaître le catalan au profit du castillan. Il ne voulait surtout pas en inventer un autre et en avoir deux sur les bras. En 1939, Franco affirmait: "La unidad nacional la queremos absoluta, con una sola lengua, el castellano y una sola personalidad, la española." En français, cela signifie: «L'unité nationale, nous la voulons absolue, avec une seule langue, le castillan, et une seule personnalité, l'espagnole.» En conséquence de cette politique, de nombreuses mesures ont été entreprises pour abroger le statut de la Catalogne et du Pays valencien afin  de faire disparaître les bannières ou autres symboles catalans, y compris les livres et les écoles.

Certains intellectuels valenciens ont développé une sorte d'anti-catalanisme, car ils croyaient perdre une partie de leur identité valencienne face à la Catalogne. Les nationalistes valenciens ont soutenu, contre l'avis de la plupart des linguistes et des philologues, que le catalan et le valencien étaient deux langues différentes. Par exemple, le linguiste et philologue Josep Maria Guinot i Galan (1907-2005) déclarait dans En Torn a la Llengua valenciana :
 

Le valencien et le catalan [...] ont tellement de différences morphologiques, syntaxiques et surtout phonétiques, en dehors d’un riche vocabulaire propre et différencié, qu’honnêtement ils ne peuvent pas être considérés par les linguistes comme la même langue [...]; le valencien et catalan sont deux langues distinctes [...] et il est aussi absurde de vouloir unifier le valencien et le catalan qu’il le serait de vouloir unifier le castillan et le français.

Ce genre de conflit idéologique, par ailleurs non linguistique, se situe dans le même argumentaire que pour le serbe et le croate ou serbo-croate, entre les tenants d'une langue similaire et ceux d'une langue différente. 

- Le blavérisme

Le mouvement à l'origine de la controverse linguistique au Pays valencien fut le «blavérisme», terme valencien ("blaverisme") faisant référence à la frange de couleur bleue (blau) dans le drapeau officiel de la Communauté valencienne (voir tout au haut de cette page). Le mouvement blavériste commença dans la capitale, Valence. La disparition du franquisme et l'apparition de la démocratie avaient déstabilisé une population en général peu instruite et soucieuse de ses frêles acquis. Le manque de culture politique et la crise économique des années 1970 favorisèrent les mouvements réactionnaires, dont les blavéristes qui firent de la langue leur cheval de bataille. À la fin du régime franquiste, le valencien était associé au monde rural, au folklore et au peuple, alors que le castillan était relié à l'urbanité, au modernisme et au pouvoir; le valencien était perçu comme un résidu du passé en voie de disparition.

Dans cette période de revendications autonomistes de l'après-franquisme, il se produisit un éveil de la conscience identitaire, culturelle et sociale parmi les couches populaires valenciennes, le tout en réaction aux mouvements castillanisants des classes moyennes. Les blavéristes se lancèrent dans la polémique en se servant de la langue comme d'un étendard pour favoriser leurs objectifs politiques, notamment accaparer le pouvoir local.

Parmi les caractéristiques du discours blavériste, on retrouve des éléments tels que le populisme, le régionalisme, le conservatisme et surtout l'anti-catalanisme, ce qui favoriserait le sécessionnisme linguistique du valencien vis-à-vis du catalan.

- L'anti-catalanisme

La controverse prit une forme conflictuelle, qu'on appela le «conflit linguistique valencien» (Conflicte lingüístic valencià / conflicto lingüístico valenciano), une expression servant à désigner le conflit existant à l'origine entre le castillan dominant et le valencien, langue parlée dotée de peu prestige social. Mais le conflit linguistique prit une autre tournure, résolument anti-catalane ou plutôt anti-Catalogne. Comme il devenait inutile de s'opposer aux pro-castillans, largement majoritaires au sein des classes moyennes, les blavéristes opposèrent le catalan du Pays valencien au catalan de la Catalogne. Plus précisément, ce fut une guerre contre les Catalans eux-mêmes, préconisée d'abord par les Valenciens partisans d'une langue distincte. Puis, ces derniers s'opposèrent aux Valenciens qui prônaient l’unité linguistique de la langue catalane. Il y eut donc une guerre déclarée entre les anti-valencianistes et les anti-catalanistes. 

Pour les anti-catalanistes valenciens, les Catalans étaient considérés comme des envahisseurs prêts à une nouvelle «Reconquête» du Pays valencien et à supprimer toute «valencianité». On parla même de catalanofascisme («fascisme catalan»). Des slogans tels que Tots contra Catalunya (valencien) ou Todos contra Cataluña (castillan) firent leur apparition et des pro-catalanistes subirent des exactions. Des librairies catalanes furent incendiées, des manifestations eurent lieu afin de faire fermer le canal catalan TV3, considéré par certains anti-catalanistes comme «étranger» et «incompréhensible».

De leur côté, les divers gouvernements qui se sont succédé dans la Communauté valencienne ont développé une politique ambigüe à ce sujet. Pour des motifs identitaires, les gouvernements valenciens ont défendu l'emploi du terme «valencien» pour désigner la langue catalane. De chaque côté, les protagonistes tentèrent d'impliquer la population dans leur guerre linguistique. En fait, la question linguistique portait essentiellement sur le nom de la langue, sa nature et ses règles. Autrement dit, le valencien n'était pas considéré comme du catalan, ce devait être une langue différente avec sa phonétique, sa grammaire et son vocabulaire. Le catalan, contrairement au valencien, n'engloberait pas la «valencianité». Finalement, au lieu de viser une unification, la langue divisa profondément la population locale. Les blavéristes, ces tenants du valencien à tout crin, seraient sans doute associés aujourd'hui à des partisans de l'extrême droite, mais à l'époque ils étaient perçus comme des nationalistes défendant l'identité valencienne.

- Une attitude de repliement

Pendant que la Catalogne et les îles Baléares ont recours au mot «catalan» dans leur législation, la Communauté valencienne préfère employer le terme «valencien». Ainsi, dans la Loi sur l'usage et l’enseignement du valencien de 1983, laquelle constitue le document juridique central de toute la politique linguistique valencienne, il est impossible de trouver une référence quelconque à la «langue catalane» ou au «catalan». On trouve plutôt des expressions telles que llengua valenciana («langue valencienne»), llengua de la Comunitat Autònoma («langue de la Communauté autonome»), lengua pròpia de la Comunitat Valenciana («langue propre de la Communauté valencienne»), llengua històrica i pròpia del nostre poble («langue historique propre de notre peuple»), nostra llengua («notre langue»), llengua habitual («langue habituelle»), llengua oficial usada («langue officielle employée»), llengua utilitzada («langue employée») ou simplement valencià («valencien») ou simplement la llengua («la langue»). Toute la législation linguistique valencienne s'est élaborée à avec ce type de vocabulaire.

Cela dit, la défense d’une «langue valencienne» distincte du catalan a eu pour effet d'isoler les Valenciens du monde catalan et de la culture catalane. De nombreux observateurs ont parlé de «xénophobie» pour décrire le chauvinisme qui a gagné nombre de Valenciens au cours des années 1970, ce qui eut pour résultat de réduire au minimum les relations catalano-valenciennes. Dans les faits, il en est résulté de nombreuses difficultés dans le processus de récupération du valencien, alors que la normalisation n'a connu qu'un demi-succès, pour ne pas parler de demi-échec. Qui plus est, la langue catalane de Valence fut victime d’une politique linguistique isolationniste, appelée souvent «sécessionniste», sinon une politique de repliement sur soi.

- L'avis de l'Académie valencienne de la langue
 

Quant à l'Académie valencienne de la langue (Acadèmia Valenciana de la Llengua), elle a décidé en décembre 2003 que le terme «valencien» devait continuer à être employé dans le Pays valencien, tout en préconisant de ne pas l'employer dans la seule intention de créer des polémiques inutiles ou de se livrer à des manipulations de nature culturelle, sociale ou politique contribuant à diviser les Valenciens et à rendre plus difficile la promotion du valencien.

Voici ce texte de la déclaration adoptée par l'Assemblée plénière de l'Académie valencienne de la langue (AVL) portant sur le nom et l'identité valencienne fondés sur les principes suivants»:
 

1. La denominació de valencià és tradicional, històrica, legal, estatutària i, per tant, la més adequada al marc institucional.

2. Esta denominació no és incompatible ni ha d’entrar en contradicció amb altres denominacions també tradicionals, històriques i legals, que rep la llengua pròpia dels valencians.

3. El nom de la llengua i la seua naturalesa no han de ser objecte de polèmiques inútils ni de cap classe d’instrumentalització cultural, social ni política, ja que això només contribuïx a fomentar la desunió entre els parlants, a dificultar la promoció del seu ús i a obstaculitzar la seua normalitat plena.

4. La diversitat onomàstica del valencià no pot servir de base a iniciatives que projecten una imatge fragmentada del sistema lingüístic que els valencians compartim amb altres territoris. Les iniciatives que adopten els poders públics per a difondre el valencià fora del nostre àmbit lingüístic tenen tot el reconeixement de l’AVL. En tot cas, estes han de garantir la difusió de la nostra peculiaritat idiomàtica i s’han d’ajustar a criteris conceptuals i onomàstics de caràcter integrador.

1. La dénomination de valencien est traditionnelle, historique, juridique, statuaire et, par conséquent, la plus adéquate au cadre institutionnel.

2. Cette dénomination n'est pas incompatible ni ne doit entrer en contradiction avec d'autres dénominations aussi traditionnelles, historiques et juridiques que reçoit la langue particulière des Valenciens.

3. Le nom de la langue et sa nature ne doivent pas faire l'objet de polémiques inutiles ni d'aucune manipulation de nature culturelle, sociale ou politique, déjà que cela a contribué à susciter la désunion entre les locuteurs de cette langue, à rendre difficile la promotion de son usage et à entraver sa pleine normalisation.

4. La diversité onomastique du valencien ne peut pas servir de base à des initiatives qui projettent une image fragmentée du système linguistique que nous, les Valenciens, partageons avec d'autres territoires. Les initiatives qu'adoptent les pouvoirs publics pour diffuser le valencien hors de notre aire linguistique ont toute la reconnaissance de l'AVL. Dans tous les cas, ces initiatives doivent garantir la diffusion de notre particularité idiomatique et s'ajuster à des critères conceptuels et onomastiques à caractère d'intégration.

Pour l'AVL, le fait qu'une langue soit parlée dans des structures politiques ou administratives différentes ne constitue pas une caractéristique exclusive du valencien, car c'est la situation la plus normale dans la plupart des langues du monde. Ainsi, le portugais est parlé au Portugal et au Brésil; l'anglais est la langue de la Grande-Bretagne, de l'Irlande, des États-Unis d'Amérique et de l'Australie; le castillan (ou espagnol) est parlé non seulement en Espagne, mais aussi dans la plupart des pays hispano-américains (Argentine, Mexique, etc.). Toutefois, les caractéristiques lexicales et grammaticales propres au valencien, qui sont différentes des autres parlers du système catalan — l'Académie parle de «nostre sistema lingüístic», pas de la «langue catalane» —, coexistent avec d'autres caractéristiques partagées majoritairement par tous ces locuteurs. En raison de ses particularités propres, le valencien mériterait d'être préservé. Bref, une attitude encore bien ambigüe de la part de l'Académie valencienne de la langue!

- Valencianité et catalanité

Quant aux romanistes et autres scientifiques internationaux, qu'ils soient espagnols, français, britanniques ou allemands, ils ont tous défini le «valencien» — et le «majorquin», le catalan de l'île Majorque — comme des «variantes du catalan». En somme, défendre la «catalanité» du valencien pourrait être une façon de diriger le Pays valencien vers la Catalogne, tant au plan linguistique que culturel, sinon économique, et de l'insérer dans un espace plus vaste, celui des «Pays catalans», ce qui inclut, outre la Catalogne, les îles Baléares, la principauté d'Andorre et la «Catalogne du Nord» (département français des Pyrénées-Orientales). Au contraire, le fait de préconiser une langue catalano-valencienne distincte équivaut à affirmer un particularisme identitaire opposé à toute insertion dans les «Pays catalans» et perpétuer le repliement linguistique et culturel.
 

Or, il paraîtrait néanmoins possible que l'intégration de la Communauté valencienne parmi les «Pays catalans» puisse se réaliser tout en assurant le respect d'une identité valencienne. D'ailleurs, le grand écrivain Joan Fuster i Ortells (1922-1992), bien qu'il fût un nationaliste valencien (cf. Nosaltres, els valencians paru en 1962: «Nous, les Valenciens»), croyait que, pour revaloriser la culture valencienne, il fallait plutôt resserrer les liens avec les autres territoires catalanophones en créant une communauté culturelle, puis politique avec l'ensemble des «Pays catalans» (els països catalans). Fuster a poursuivi cette démarche notamment dans Raimon (1964), Combustible per a falles ("Combustible pour fautes", 1967) et Ara o mai ("Maintenant ou jamais", 1981). Plusieurs de ses études et articles érudits, historiques, biographiques ont été rassemblés dans les volumes I et III des Obres completes ("Œuvres complètes") en 1968.1960. Les thèses de Joan Fuster ont donné lieu à un mouvement appelé "fustérianisme" qui connut un certain succès auprès d'une grande partie des intellectuels et universitaires des années 1960 en raison de ses composantes clairement anti-franquistes et dénonciatrices. 

Toutefois, les opposants aux thèses de Fuster furent nombreux: ils considéraient celles-ci comme «impérialistes» dans la mesure où l'idéologie du nationalisme pan-catalan était perçue comme une tentative d'imposer la domination catalane au Pays valencien. C'est pourquoi la question linguistique demeure explosive dans la Communauté valencienne, ce qui n'augure rien de bon pour la promotion de la «langue propre», qu'on l'appelle le «valencien» ou le «catalan».

Pourtant, les différences entre les deux variantes ne sont pas plus importantes qu'entre l'anglais britannique et l'anglais américain, entre le français européen et le franco-québécois ou le franco-canadien, entre le portugais européen et le portugais brésilien ou angolais, encore moins entre le serbe (écrit en cyrillique) et le croate (écrit en alphabet latin). N'importe quel système de traduction automatisé va traiter un écrit valencien comme un écrit catalan et le traduira en conséquence. En pratique, l'existence de variantes locales n'empêche nullement l'unicité du catalan, de l'anglais, du français, du portugais ou du serbo-croate. Le reste est une question idéologique et politique, pas du tout d'ordre linguistique.

2.5 L'immigration

L'immigration est importante au Pays valencien, car 14,8% de la population provient d'une nationalité étrangère contre une moyenne de 10,7 % dans l'ensemble de l'Espagne. La Communauté valencienne est, après les îles Baléares, la deuxième région du pays avec le pourcentage le plus élevé d'immigrants. Par province, Alicant est la province espagnole avec le pourcentage le plus élevé d'étrangers (20,6% de la population totale), suivie par la province de Castelló (15,4%), puis par la province de Valence (10,1%).

Les principaux pays d'origine des immigrants sont les suivants (2017): la Roumanie (2,14% de la population), le Maroc (1,49%), le Royaume-Uni (1,48%), l'Algérie (0,87%), la Bulgarie (0,54%), la Chine (0,46%), l'Italie (0,42%), la Colombie (0,42%) et la Russie (0,39%). Les autres pays rassemblent 249 231 personnes (5,02%) pour un total de 636 595 immigrants, soit 12,8% de la population espagnole.

La province d'Alicant abrite un grand nombre des résidents nord-européens, principalement des Britanniques, suivis des Allemands, des Néerlandais, des Belges et des Scandinaves. Dans plusieurs villes de cette zone, on compte un plus grand nom d'étrangers enregistrés que d'Espagnols castillanophones. Dans la province de Castelló, on trouve l'une des communautés roumaines parmi les plus importants d'Espagne.

3 Données historiques

Les peuples autochtones de la Communauté valencienne, qui se distinguèrent des derniers colonisateurs sémitiques, grecs et romains, étaient les Ibères qui s'installèrent sur toute la façade méditerranéenne entre le sud de la France et l'est de l'Andalousie. Contrairement à d'autres parties de l'Espagne, il n'y eut pas de présence celtique. Les Ibères étaient divisés en divers peuples, dont les Contestanos, les Edétanos et les Ilercavones. Bien que leurs différences et leurs similitudes soient mal connues, nous savons que ces trois peuples ibériques utilisaient l'écriture ibérique du Nord-Est. Ces peuples entretenaient également des relations commerciales maritimes avec les Phéniciens, les Grecs et les Carthaginois, dont ils connurent successivement la domination, notamment de la part des Grecs et des Carthaginois, jusqu'à ce que, dès le IIe siècle, les Romains en firent une colonie militaire.

3.1 L'Empire romain

Les guerres entre les Carthaginois et les Romains mirent fin à la civilisation ibère, des guerres qui se sont terminées en 215 de notre ère dans la soumission de la ville de Sagunto au nord et de toute la côte valencienne à l'autorité militaire de Rome. Sous la domination romaine, les Ibères s'intégrèrent progressivement à la nouvelle organisation politique, économique et sociale, et acquirent le latin comme langue maternelle.

L'Hispanie citérieure ("Hispania Citerior") couvrait la côte méditerranéenne des Pyrénées à Carthagène. L'administration de cette province de l'Empire romain était installée à Tarragone. Avec l'extension des conquêtes romaines vers l'intérieur des terres, cette province devient la Tarraconaise, qui couvrait le territoire allant de la Méditerranée à la Galice et au nord du Portugal actuel. La paix romaine d'Octave Auguste (a régné de janvier 27 avant notre ère à 19 août de notre ère) organisa l'Hispanie citérieure en trois territoires : L'Ilercavonia au nord, l'Edetania au centre et la Contestania entre le Júcar et la rivière Segura. Les premières villes à atteindre un statut juridique important sont Valentia (Valencer), Illici Augusta (Elche), Sagonte, Bisgargis, Edeta (Llíria), Lucentum (Alicant), Saetabis Augusta (Xàtiva) et Dianium (Dénia).

Les trois siècles suivants accentuèrent la romanisation du territoire. Un autre phénomène qui commença à se faire sentir à Tarragone fut l'émergence des premières communautés chrétiennes au IIIe siècle, puis des événements importants marquèrent l'histoire de l'Espagne, lesquels conduisirent à la désintégration de l'Empire romain culminant au Ve siècle avec les invasions germaniques. Dans toutes les parties de l'ancien Empire romain, les peuples germaniques (Wisigoths, Suèves, Francs, Ostrogoths, etc.) édifièrent leurs royaumes, alors que le latin populaire se transformait selon les régions pendant que les peuples autochtones développaient graduellement leurs langues particulières.

Ainsi sont apparues les nombreuses langues indo-européennes originaires du latin, les langues romanes. En Hispania, ce seront le castillan, l'asturien, le léonais, l'aragonais, l'andalou, l'estrémadurien, le murcien, le portugais, le galicien, le mirandais, le catalan, l'aranais, ainsi que le canarien, le judéo-espagnol et l'açorien.

3.2 L'époque des Wisigoths et des Byzantins

Les Wisigoths entrèrent en Hispania en 414 et fondèrent un royaume en 415 avec Barcelone comme capitale. Les Wisigoths gagnèrent progressivement la plus grande partie de la péninsule Ibérique (voir la carte ci-contre) et choisirent alors Tolède en 507 comme capitale.

Le règne des Wisigoths dura un peu plus d’un siècle, soit jusqu'à l'arrivée des «Maures», les populations berbères musulmanes d'Afrique du Nord, en Hispania. Comme les Wisigoths n'avaient jamais été très nombreux, ils avaient fini pas adopter la langue des vaincus. Malgré tout, le wisigoth a laissé un certain nombre de mots dans la langue castillane, comme dans les autres langues de l'Hispania, dont le catalan ou le valencien. On sait que le wisigoth était parlé encore jusque dans la seconde moitié du VIe siècle et qu'il a pu survivre dans certaines régions jusqu'au milieu du VIIe siècle. Non seulement les Wisigoths ont dû encaisser de nombreuses défaites militaires, mais ils ont adopté le latin romanisé comme langue maternelle, puis le christianisme en plus d'être dans un environnement très minoritaire au sein d'une population très romanisée. À la fin du VIIe siècle, le wisigoth était une langue morte, comme le latin. Comme on peut le constater sur la carte ci-contre, l'Empire wisigoth n'a pas atteint entièrement le Pays valencien actuel, car le Sud fut gouverné par l'Empire byzantin (en jaune).

L’Espagne byzantine, appelée aussi "Hispania" ou plus souvent simplement "Spania" fut une province de l'Empire romain d'Orient au sud de la péninsule Ibérique, qui a existé approximativement entre 552 et 624. Peu réglementée par le pouvoir central, l'Espagne byzantine était réduite à une mince bande côtière au début avant de disparaître vers 624, à l'exception des îles Baléares détenues par les Byzantins, souvent théoriquement, jusqu'au début du Xe siècle.

Le passage des Byzantins et des Wisigoths a duré du début du VIe siècle au début du VIIIe siècle, une période pendant laquelle la majeure partie du territoire fut soumise au royaume wisigoth de Tolède, toujours impliqué dans des conflits dynastiques et politiques, tandis que les régions méridionales demeuraient sous la domination de l'Empire byzantin intégré à la province de Spania.

3.3 L'occupation musulmane

En avril 711, un contingent militaire d'environ 12 000 soldats, pratiquement tous berbères, commandés par le gouverneur arabe de Tanger, Tariq ibn Ziyad, débarqua à Gibraltar pour commencer l'invasion des royaumes chrétiens de l'Hispania ("invasión musulmana").

L'invasion arabe poursuivait en principe un objectif religieux: celui de répandre la religion de l'islam en Europe, mais le pillage faisait aussi partie de la conquête en tant que «récompense» normale pour les soldats. Pour cette raison, l'antagonisme hispano-roman et arabo-musulman devint une lutte entre deux civilisations, le monde chrétien, d'une part, le monde musulman, d'autre part, les uns et les autres s'accusant d'être des «infidèles».

La péninsule Ibérique sous la domination arabo-musulmane connut un apogée culturel à l'époque du califat de Cordoue grâce à un savant équilibre entre la puissance politique et militaire, la richesse, ainsi que l'éclat de la civilisation arabo-musulmane. Tout le Pays valencien demeura sous la tutelle de l'Empire arabo-musulman.

Après l'invasion de la péninsule, l'arabe fut adopté comme langue administrative dans les régions conquises. Presque toute la péninsule connut une forte arabisation, en raison d'abord de l'immigration, puis aussi à cause de l'influence du Coran, le livre sacré de la nouvelle religion, qui devait être lu en arabe. L'occupation musulmane favorisa la dispersion et le repli des chrétiens vers le nord, mais aussi le morcellement du roman qui se fragmenta en castillan, en andalou, en catalan (valencien), en navarrais, en aragonais, en asturo-léonais, en galaïco-portugais, etc.

La région de Valence connut un sort particulier en 779 lorsque les habitants chrétiens de la ville de Valence se révoltèrent avec comme résultat que la ville fut détruite par Abderramán Ier (756-788), l'émir de Cordoue surnommé «le conquérant». À partir de ce moment, l'Espagne vit arriver davantage de nouveaux colons arabes et berbères, tandis que la conversion croissante des chrétiens à l'islam permit un plus grand contrôle du territoire par l'émirat de Cordoue. Les zones les plus arabisées furent l'Andalousie (l'Al-Andalus) et le centre de l'Espagne jusqu'à la vallée de l'Èbre au nord-est, qui ont constitué l'Al-Ándalus (l'Espagne arabe).

3.4 La reconquête chrétienne et le royaume de Valence (1238-1707)

La reconquête chrétienne, appelée la Reconquista, commença en 1212, alors que, sous le règne d'Alphonse VIII de Castille (1155-1214), une grande armée de coalition d'Aragonais, de Castillans, de Léonais, de Navarrais, de Portugais et de Français se rassembla à Tolède, au sud de Madrid. De là, les troupes chrétiennes avancèrent jusqu'au royaume musulman de Grenade (l'Andalousie actuelle) en accumulant d’importantes victoires.

En 1238, la ville de Valence fut conquise par Jacques Ier d'Aragon, dit «le Conquérant» (roi d'Aragon, de Majorque et de Valence, comte de Barcelone et d'Urgel, seigneur de Montpellier, ainsi que d'autres fiefs d'Occitanie), avec l'aide des forces espagnoles, françaises, allemandes et italiennes. Par sa victoire, Jacques Ier d'Aragon arracha Valence gouvernée par les Maures et l’incorpora à son propre royaume, lequel comprenait ainsi le royaume d'Aragon, la principauté de Catalogne, le royaume de Valence et le royaume de Majorque (les îles Baléares). Jacques Ier d'Aragon mit rapidement en place un nouveau système d'urbanisation où les mosquées et autres constructions mauresques furent remplacées par des églises et une architecture chrétienne, tout en implantant une redistribution des terres entre les nobles chrétiens.

Le royaume de Valence se trouvait composé d'une majorité mudéjare, musulmane et mozarabe. Les mudéjars (nom donné aux musulmans d'Espagne devenus sujets des royaumes chrétiens après le XIe siècle, pendant la période de tolérance) parlaient le castillan parce qu'ils avaient perdu leur langue maternelle, mais les «authentiques» Arabes musulmans et les mozarabes (chrétiens arabisés) s'exprimaient en arabe andalou (ou arabo-andalou), une variété locale d'arabe oral parlé dans presque toute la péninsule Ibérique par les populations arabisées.

Avec la conquête, le royaume de Valence vit arriver des chrétiens du royaume d'Aragon, du royaume de Navarre et de la principauté de Catalogne, mais également d'autres pays européens. Dans une moindre mesure, des colons d'autres origines étaient également présents, dont la plupart étaient d'origine castillane.

Toutes ces communautés, avec les juifs, donnèrent lieu à une société multiconfessionnelle et multiculturelle, mais seuls les chrétiens conservaient tous leurs droits par rapport aux autres communautés juives ou musulmanes.

Cependant, le nouveau royaume chrétien de Valence fut secoué par un grave bouleversement en 1247 lorsque les musulmans se révoltèrent, bien qu'ils fussent facilement maîtrisés et expulsés l'année suivante. C'est à partir de ce moment que commença le repeuplement massif du nouveau royaume de Valence.

Dans les faits, l'intérieur du royaume de Valence fut progressivement repeuplé par des sujets du royaume d'Aragon, dont les locuteurs s'exprimaient dans une variété particulière de la langue aragonaise, une langue ibéro-romane. La langue de ces nouveaux arrivants se rapprochait du vieux castillan, dont est issue la langue espagnole moderne. Les anciennes populations mozarabes vivaient également dans l'arrière-pays en parlant leur arabe andalou. Comme dans les autres territoires arabophones, les Mozarabes (appelés aussi les "Andalous") pratiquaient une situation diglossique: ils s'exprimaient dans leur arabe local dans les situations familières et l'arabe classique dans un registre élevé et à l'écrit. Toutefois, les zones côtières furent majoritairement repeuplées par des locuteurs de la langue catalane venus de la principauté de la Catalogne, une autre langue ibéro-romane.

Dans cette situation post-Reconquête, la langue de ces colons aragonais et catalans remplaça progressivement les langues précédentes, notamment le mozarabe ou l'arabe andalou, l'arabe classique écrit, pour devenir le valencien moderne, généralement considéré comme une variante du catalan.

Cela dit, la notion d'une «langue valencienne» n'apparut que dans la seconde moitié du XIVe siècle pour se consolider progressivement au fur et à mesure des événements de différentes natures (politiques, sociaux, économiques). Jacques Ier avait introduit des colons catalanophones et aragonophones dans le royaume de Valence, mais les aragonophones sont devenus rapidement des catalanophones, ce qui eut pour effet de modifier légèrement la langue catalane parlée dans le royaume de Valence.
 

Au point de vue juridico-politique, Jacques Ier d'Aragon institua en 1261 les "Fueros de Valencia" (en français, les «fors de Valence»), c'est-à-dire des chartes royales promulguées pour constituer juridiquement le nouveau royaume de Valence. Le roi voulut ainsi fonder ce royaume sous sa couronne, mais avec une identité politique propre, ses propres institutions, sa propre culture et ses traditions, sa monnaie, sa langue, son administration et ses droits de douane. L’origine des "fors" dans la péninsule Ibérique réside dans les coutumes ("els costums"), c'est-à-dire une série de règles de la vie commune en vigueur dans la ville de Valence et de diverses autres villes, lesquelles furent fixées après la reconquête par Jacques Ier en adaptant les normes aragonaises et les coutumes catalanes au nouveau royaume peuplé de chrétiens, de musulmans et de juifs.

Les "fors" de Valence devaient se maintenir en vigueur durant quatre siècles.

Grâce à leur grande autonomie politique au sein du royaume d'Aragon, les Catalans firent passer sous leur autorité non seulement le royaume de Valence (1238), mais aussi les îles Baléares (en 1229-1230) dont les habitants adoptèrent la langue, la Sicile (1282) et, plus tard, la Sardaigne (1321). Les Catalans s’affirmèrent alors comme la première puissance de la Méditerranée occidentale tout en étant assujettis à la Couronne d'Aragon, à l'instar du royaume de Valence et du royaume de Majorque (aujourd'hui les îles Baléares).

De son côté, la Couronne de Castille conservait sous sa juridiction la Galice, le Léon, la principauté des Asturies, la seigneurie de Biscaye, le royaume de Tolède, le royaume de Séville, le royaume de Cordoue et le royaume de Jaén. Avant la conquête chrétienne du royaume de Murcie en 1296, celui-ci demeurait un État arabe indépendant, comme c'était le cas pour le royaume de Grenade au sud, qui fut gouverné par la dynastie arabe nasride jusqu'en 1492. Seuls le royaume de Navarre et le royaume du Portugal, des États chrétiens, demeuraient indépendants des deux couronnes de Castille et d'Aragon.

Les rois de la Couronne de Castille allaient posséder au XVIe siècle les titres de roi de Castille, León, Navarre, Grenade, Tolède, Galice, Murcie, Jaén, Cordoue, Séville, Algarve, Algésiras et Gibraltar et des îles Canaries, et des Indes et Terre ferme de l'Océan et Seigneurs de Biscaye et Molina. Les héritiers portaient le titre de «prince des Asturies».

Au début du XIVe siècle, la Couronne d'Aragon entra en conflit avec la Couronne de Castille au sujet d'un différend territorial au moment de la conquête du royaume de Murcie (entre 1296 et 1301) par Jacques II d'Aragon. Les deux couronnes demandèrent à des arbitres de se prononcer sur une répartition équitable de la Murcie. Le 8 août 1304, à Torrellas, une petite ville de l'actuelle province de Saragosse (aujourd'hui en Aragon), sur l'ancienne frontière entre les couronnes de Castille et d'Aragon, les juges rendirent leur «sentence arbitrale» qui devait mettre un terme au conflit.

Jacques II d'Aragon et Ferdinand IV de Castille signèrent l'accord fixant de nouvelles frontières entre les deux couronnes: la majeure partie du royaume de Murcie, conquis antérieurement par Jacques II, fut remise à la Castille, mais certaines villes murciennes (Oriola, Elx/Elche, Caudete, Crevillent, Novelda, Elda et Alicat) furent attribuées au royaume de Valence, donc à la Couronne d'Aragon. La principale modification par rapport à la Sentence arbitrale de Torrellas fut la remise de la ville de Carthagène à la Castille.

Ce traité de 1304 fut modifié l'année suivante par le traité d'Elche (en catalan: "tractat d'Elx"). La partition du royaume de Murcie signifiait que la partie septentrionale reviendrait au roi d'Aragon, qui tenta de l'intégrer immédiatement au reste de ses possessions, en même temps alors que la partie méridionale du royaume, sauf que la ville de Carthagène et la ville de Murcie passèrent définitivement aux mains des Castillans.

La première référence dans un document juridique sur l’usage du terme «valencien» pour désigner la langue se trouve dans un dossier se référant à un processus judiciaire qui a eu lieu à Minorque entre les années 1343 et 1346, où il est indiqué que la mère de l’accusé, appelée Sibila, parlait le valencianesch, étant d’Orihuela.

3.5 L'union de la Castille et de l'Aragon (1469)

Avec l'union dynastique de la couronne de Castille et de la couronne d'Aragon en 1469 sous le règne de l'empereur Charles Ier, le royaume de Valence réussit à maintenir son autonomie, mais ne put empêcher la pression politique d'une plus grande centralisation en faveur de l'hégémonie de la couronne de Castille. C'est à cette époque que l'appellation de «valencien» pour désigner le catalan dans le royaume de Valence devint courante. Même le mot «catalan» tomba en désuétude.

Les armées de Ferdinand d'Aragon et d’Isabelle de Castille envahirent le royaume de Grenade en 1487. Deux mois après la prise de Grenade, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille signèrent le décret d’expulsion des Juifs de la péninsule. Plus de 200 000 Juifs d'Espagne et du Portugal quittèrent le territoire pour aller trouver refuge en Afrique du Nord, où le sultan Bajazet II les accueillit à bras ouverts.

Après les Juifs, ce fut le tour des musulmans restés dans la péninsule. Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille organisèrent l'Inquisition espagnole afin de pourchasser les musulmans non convertis à la religion catholique. Ceux qui refusèrent ouvertement de professer la religion des souverains furent expulsés du pays comme les juifs, une décennie plus tôt. De nombreux musulmans préférèrent rester sur place et continuèrent de pratiquer leur foi en secret; ces «faux» convertis, appelés Moriscos («les petits Maures») ou «Morisques». Ceux-ci représentaient 20% de la population dans le royaume d'Aragon, mais près de 40% dans la région valencienne. Beaucoup de ces morisques avaient conservé leur identité arabe et leur langue, tout en étant devenus apparemment chrétiens; certains pratiquaient la religion musulmane en secret.

Philippe II d'Espagne (1527-1598) décida d'appliquer la Réforme catholique dans ses États et de combattre «l'hérésie», que ce soit contre les calvinistes des Pays-Bas ou contre les morisques de Grenade et de Valence. Le roi interdit l'usage de leur langue et de leur culture, les noms arabes, les ornements musulmans, etc. Ces interdictions provoquèrent la révolte des morisques, suivie d'une dure répression. Le soulèvement morisque prit fin à l'issue d'une déportation massive dans des conditions déplorables ordonnée par Philippe III (1578-1621) vers le nord de l'Espagne en septembre 1609. La région de Valence perdit ainsi une grande partie de ses habitants. 

Il faut comprendre qu'à cette époque l'unité d'un pays résidait avant tout dans la religion, non dans la langue. C'est pourquoi les "Rois Catholiques" n'imposèrent pas le castillan, et ce, d'autant plus que les autres langues (hormis l'arabe) étaient des langues «chrétiennes». L'expression connue alors était "Hablar cristiano", c'est-à-dire «parler chrétien», ce qui signifiait «parler clairement», pas en arabe ou en charabia ("algarabía").

Le royaume de Valence connut alors une importante réduction démographique, et ce, jusqu'à un tiers de la population à la suite des différentes expulsions de juifs et de musulman, ce qui fit entrer l'économie valencienne dans une grave crise due, principalement, au manque de main-d'œuvre à bon marché et à la fuite des capitaux et des actifs accumulés par les juifs séfarades.

Auparavant, le roi du Portugal, Henri Ier, mourait en 1580 sans héritier. L’Espagne de Philippe II profita de la crise de succession pour attaquer le pays. Ayant gagné la bataille à Alcántara, le 25 août, le roi espagnol fut couronné en tant que Philippe Ier du Portugal; il régnait désormais sur la moitié du monde, grâce aux colonies portugaises du Brésil, de l’Afrique et des Indes. En 1640, le royaume du Portugal se soulevait et se séparait de l'Espagne qui ne reconnut l'indépendance du pays qu'après une longue guerre et en échange de la cession de l'enclave de Ceuta (1668), située en Afrique occidentale du Nord, un port du détroit de Gibraltar à la frontière marocaine.

Le XVIIe siècle fut une époque difficile pour l'ensemble de l'Espagne, ce qui n'épargna pas le royaume de Valence. Avec l’expulsion en 1609 des "morisques" ("Moriscos"), la population musulmane convertie au christianisme, le royaume se vit perdre un grand nombre d’artisans et de paysans prospères. Après l'expulsion des morisques, un nouveau repeuplement suivit, surtout avec des Castillans qui s'établirent dans les régions de l'intérieur.  Néanmoins, le valencien a toujours été la langue prédominante et administrative du Pays valencien. La crise démographique s’aggrava par la corruption politique et les différends économiques qui ruinèrent la ville de Valence.

La centralisation castillane atteignit son point culminant avec la guerre de Succession d'Espagne (1701-1714). Après la bataille d'Almansa en 1707, le nouveau roi Bourbon, Philippe V (1683-1746), abolit le royaume de Valence par les décrets de Nueva Planta (en castillan: decretos de Nueva Planta; en catalan: decrets de Nova Planta).

Ces décrets de Philippe V prescrivaient un modèle juridique, politique et administratif commun à toutes les provinces d'Espagne, y compris dans les régions catalanophones (Catalogne, Pays valencien et Baléares). Le roi décréta aussi l'abolition du Parlement catalan (la Généralité), de son gouvernement et des conseils municipaux. De ce fait, le royaume de Valence se trouvait entièrement intégré dans le nouveau royaume d'Espagne. Dès lors, le Pays valencien perdit son autonomie, tandis que la langue catalane (à l’exemple de la Catalogne et des Baléares) subit la domination du castillan qui fut instauré comme langue unique de l'administration. Après les décrets de Nueva Planta, le catalan et le valencien cessèrent d’être une langue officielle dans tous les territoires du domaine linguistique en interdisant son emploi dans les tribunaux de justice et l’administration publique.

Dans les faits, le long déclin de la langue catalane était amorcé. Par la suite, la castillanisation gagna du terrain partout en Espagne, y compris  le Pays valencien. Les catalanophones appelèrent cette période la "Decadència", la «décadence», une période dans laquelle la langue catalane/valencienne entra dans un processus de régression qui durera jusqu'au XIXe siècle. Pendant trois siècles, les catalanophones se rebellèrent à de nombreuses reprises pour défendre leurs droits face au pouvoir castillan de plus en plus expansionniste; ils cherchèrent vainement à échapper à l'emprise militaire de l'Empire espagnol.

3.6 Le Pays valencien

En 1812, la Catalogne fut annexée à l'Empire français par Napoléon Ier, ce qui favorisa son aspiration à l'autonomie, laquelle s'exprima dans un mouvement catalaniste. Au cours du XIXe siècle, le catalan connut une certaine renaissance, appelée la "Renaixença". Si cette dernière fut assez forte en Catalogne et aux îles Baléares, elle apparut relativement faible au Pays valencien et en Aragon, et inexistante en France et en Italie (Sardaigne). Dans le Pays valencien, la "Renaixença" se caractérisa par la réduction de la langue valencienne à la sphère poétique et patriotique, alors qu'en Catalogne le mouvement débouchait sur le catalanisme ouvertement politique.

En 1822, les territoires historiques de la péninsule Ibérique furent démantelés lorsque l'État espagnol les réorganisa en «provinces», c'est-à-dire des divisions strictement administratives et rationnelles inspirées des départements français. Quant au Pays valencien, il fut divisé en 1833 en trois provinces : Alicant(Alicante, Castelló/Castellón et València/Valencià.

À la fin du siècle, de nouvelles idéologies firent leur entrée sur le territoire valencien. Le début du XXe siècle vit apparaître le «valencianisme» (en valencien: valencianisme ou  nacionalisme valència), une idéologie prônant la défense et la promotion de l'identité valencienne, de ses traditions, de sa culture et de sa langue. Le 14 novembre 1918, le journal La Correspondencia de Valencia publia la "Déclaration valencienne" ("Declaració valencianista"). En voici quelques extraits (cinq propositions sur huit):

Declaració Valencianista (1918)

Les bases que la “Unió„ i la “Joventut„ valencianistes defensen, prescindint de les idees que 'n altres ordens pogueren professar els seus components, son estes:

1.ª El Pòble valenciá, integrat per els habitants de les tres provincies actuals, constituix una fòrta personalitat social caracterizada per la possessió d' una llengua pròpia, per la seua modalitat racial, per la comunitat de història i de condicions economiques.

2.ª Esta personalitat, per el fet de la seua existencia i per la voluntat dels seus components, te dret a constituir un Estat amb el poder de donar-se ell mateix la seua forma i constitució. Esta es la fonamental reivindicació valencianista.

3.ª Reconeixem la compatibilitat del Estat Valenciá i la seua convivencia amb les demés regions i nacionalitats ibériques dins d' una Federació Espanyola ó Ibérica, establint clarament la distinció de atribucions del Estat Valenciá i el Federal, i una consegüent divisió de la Hisenda per a cobrir les respectives atencions. Les funcions pròpies del Estat Valenciá deurán ser exercides amb plena soberanía, sense cap intromissió extranya.

4.ª Sense prejutjar definitivament la divisió de estes funcions acceptém per el moment, la formulada en la Assamblea de Parlamentaris de Octubre de 1917.

5.ª Existint en Valencia, segons els territoris, dualitat de llengües valenciana y castellana, demaném la cooficialitat per a els dos idiomes.

Déclaration valencienne (1918)

Les bases que défendent l'Union et la Jeunesse valenciennes au mépris des idées que pourraient professer leurs composantes dans d'autres ordres sont les suivantes :

1. Le Peuple valencien, composé des habitants des trois provinces actuelles, constitue une forte personnalité sociale caractérisée par la possession de sa propre langue, par sa particularité raciale, par la communauté d'histoire et des conditions économiques.

2. Cette personnalité, par le fait de son existence et par la volonté de ses composantes, a le droit de constituer un État avec le pouvoir de se donner sa propre forme et sa propre constitution. C'est la revendication valencienne fondamentale.

3. Nous reconnaissons la compatibilité de l'État valencien et sa coexistence avec les autres régions et nationalités ibériques au sein d'une fédération espagnole ou ibérique, établissant clairement la distinction entre les pouvoirs de l'État valencien et de l'État fédéral, et une division conséquente du Trésor pour couvrir les services respectifs. Les fonctions de l'État valencien doivent être exercées en pleine souveraineté, sans aucune ingérence étrangère.

4. Sans préjuger définitivement de la répartition de ces fonctions, nous acceptons, pour le moment, celles formulées à l'Assemblée des parlementaires en octobre 1917.

5. Existant à Valence, selon les territoires, la dualité des langues, le valencien et le castillan, nous demandons la co-officialité pour les deux langues.

Compte tenu du contexte historique et du caractère du document, ladite Déclaration apparaît clairement fédérale. Elle parle d'un «État valencien» ("Estat valencià") au sein d'une «Fédération espagnole ou ibérique» ("Federació Espanyola" o Ibèrica”). Et pour désigner le territoire, elle emploie simplement le terme "València", sans slogan, ni «Pays» ("País"), ni «Royaume» ("Regne"), ni «Nation» ("Nació"), ni «Communauté» (""Comunidad"). De plus, la Déclaration exige la co-officialité des langues castillane et valencienne. Cependant, faute d'unité idéologique parmi la population, les revendications valencianistes ou nationalistes connurent des degrés très variables d'approbation au sein de l'État espagnol.

À la suite de l'effondrement de la monarchie, la Seconde République espagnole (1931) fut proclamée, tandis que le roi Alphonse XIII abandonnait Madrid et partait en exil sans avoir abdiqué. Le mouvement valencianiste se développa et différents projets de statuts d'autonomie furent élaborés pour la région, mais le déclenchement et le déroulement de la guerre civile entre 1936 et 1939 mirent un terme au processus engagé. Toutefois, au cours de la guerre, le Pays valencien demeura loyal à la République et Valence devint la capitale de l'Espagne après la chute de Madrid. Les provinces de Valencia et de Castelló firent partie des derniers territoires contrôlés par la République.

3.7 La période franquiste

Le général Franco conquit le Pays basque en octobre 1937, puis l'Aragon et la Catalogne, alors que tombait Barcelone le 26 janvier 1939, puis finalement Madrid le 28 mars. Le reste de l'Espagne fut conquis un mois plus tard, tandis que les derniers combats avaient lieu à Alicant au Pays valencien. Dès le 1er avril 1939, Franco pouvait annoncer que «la guerre est finie».

La guerre civile et la victoire du général Franco mirent fin à l’autonomie accordée à tous les catalanophones. L'une des priorités de Franco fut d'abroger les statuts d'autonomie de la Catalogne et du Pays valencien. Les catalanophones et les valencianophones allaient alors connaître l'une des périodes les plus tragiques de leur histoire. En effet, Francisco Franco étouffa toute velléité d’opposition et interdit brutalement l’emploi public du catalan dans toute l’Espagne, cette interdiction devant se maintenir jusqu’en 1975, l’année de sa mort.

Contrairement aux régimes précédents qui avaient tenté d'en finir plus ou moins pacifiquement avec la pluralité linguistique en Espagne, Franco eut recours à des moyens différents et plus «efficaces» pour faire appliquer sa politique linguistique, notamment les techniques de communication et la coercition dans les écoles.

La politique du franquisme était basée sur l'administration provinciale. C'est ainsi que différentes initiatives furent tentées afin de séparer le sud du Pays valencien pour l'unir à région de Murcie ou de former de nouvelles régions, ce qui avait pour effet de morceler le Pays valencien.

Un décret adopté le 28 juillet 1940, le Décret portant création de l'usage exclusif de l'espagnol dans les services publics (Decreto estableciendo el uso exclusivo del español en los servicios públicos), illustre parfaitement la répression linguistique exercée par le régime de Franco. Voici les deux premiers articles du décret (traduction):

Article 1er (traduction)

À partir du 1er août prochain, tous les fonctionnaires intermédiaires des sociétés provinciales et municipales dans cette province, quelle que soit leur catégorie, qui s'exprimeront à l'intérieur comme à l'extérieur des bâtiments officiels dans autre langue que celle officielle de l'État seront «ipso facto» destitués, sans qu'aucun appel ne soit recevable.

Article 2

S'il y a des manquements commis par des fonctionnaires rémunérés, titulaires d'un poste ou responsables d'unités administratives ou d'organismes qui sont en instance d'être réintégrés, ces manquements permettront de clore le dossier dans l'état où il se trouve, et entraîneront la destitution immédiate du contrevenant, sans aucun recours.

En 1945, une ordonnance ministérielle instaurait l'emploi obligatoire du castillan dans toutes les écoles: Nueva ley de educación primaria que sólo permite enseñar en castellano («Nouvelle loi sur l'éducation primaire autorisant un enseignement en castillan seulement»). Même dans les prisons, il fut interdit de parler une autre langue que l'espagnol (castillan). Évidemment, le valencien  fut prohibé dans les raisons sociales, les marques de commerce et les cinémas. Il fut proscrit durant quarante longues années dans tous les domaines de la vie publique. Aucun livre en catalan ou en valencien ne fut imprimé, sinon dans la clandestinité; la langue catalane ou valencienne ne fut plus enseignée et les Catalans/Valenciens furent souvent discriminés pour des motifs linguistiques dans leur propre pays. Il fallait, pour le régime franquiste, réduire à néant l'identité catalane en s'attaquant à la langue et aux diverses expressions de la culture. Durant de longues décennies, le catalan ne put être employé qu’à l'intérieur du foyer familial. Les années qui suivirent se caractérisèrent par une stratégie globale de résistance culturelle.

3.8 L'Espagne démocratique

Franco mourut le 20 novembre 1975. La voie de la démocratisation fut ainsi ouverte pour le prince Juan Carlos de Bourbon, qui devenait roi d'Espagne. En peu de temps, il écarta les franquistes conservateurs de la scène politique et entreprit de transformer le pays en une démocratie moderne.

La nouvelle Constitution de 1978 permit non seulement le rétablissement de la Généralité de la Catalogne et du Pays valencien, mais également la création de 17 communautés autonomes, dont certaines ont pu conserver le catalan ou sa variante valencienne comme langue co-officielle: la Catalogne, le Pays valencien et les îles Baléares, alors que la Galice et le Pays basque ont maintenu comme langue co-officielle le galicien ou le basque. En 1978, le Pays valencien fut constitué en Communauté autonome au sein de l’Espagne.

Après un vif conflit identitaire connu sous le nom de «bataille de Valence», qui vit l’émergence d'un courant idéologique anti-catalaniste local, le blavérisme, celui-ci prit officiellement effet en 1982 avec l'adoption d'un statut d'autonomie qui officialisait la nouvelle appellation de Communauté valencienne ("Comunitat Valenciana") pour la région.  L'année suivante, la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien établissait la co-officialité du valencien et prévoyait les modalités d'enseignement de la langue ainsi que différentes mesures de protection dont elle devait bénéficier. En 2006, une réforme du Statut d'autonomie affirma la reconnaissance de la Communauté valencienne comme nationalité historique au sein de l'Espagne.

4 Le statut juridique des langues officielles

Le cadre juridique de la Communauté valencienne repose à la fois sur la Constitution espagnole (1978), le Statut d'autonomie (2006) et la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983) ou Llei d'éus i ensenyament del valencià. L'objectif est de rendre le valencien (catalan) aussi normal et aussi officiel que l'est le castillan dans le reste de l'Espagne. Le castillan et le valencien (variété catalane de Valence appelé officiellement ainsi par la Généralité) sont les deux langues officielles de la Communauté valencienne. Voici comment était libellé le seul article (aujourd'hui abrogé) du Statut d'autonomie (Estatut d'autonomia del País Valencià) de 1982 portant sur la langue:

Article 7 [catalan]

1) Els dos idiomes oficials de la Comunitat Autònoma són el valencià i el castellà. Tots tenen dret a conéixer-los i a usar-los.

2) La Generalitat Valenciana garantirà l'ús normal i oficial de les dos llengües, i adoptarà les mesures necessàries per a assegurar-ne el coneixement.

3) Ningú podrà ser discriminat per raó de la seua llengua.

4) S'atorgarà protecció i respecte especials a la recuperació del valencià.

5) La llei establirà els criteris d'aplicació de la llengua pròpia en l'Administració i l'ensenyança.

6) Es delimitaran per llei els territoris en els quals predomine l'ús d'una llengua i de l'altra, així com els que puguen ser exceptuats de l'ensenyança i de l'ús de la llengua pròpia de la comunitat.

Article 7 (abrogé)

1) Les deux langues officielles de la Communauté autonome sont le valencien et le castillan. 

2) Tous ont le droit de les connaître et de les utiliser.

3) Nul ne pourra être victime de discrimination à cause de sa langue.

4) Respect et protection spéciale seront accordés en vue de la récupération du valencien. 

5) La loi établira les critères réglementant l'usage de la langue propre [à la Communauté valencienne] dans l'Administration et l'enseignement.

6) Seront déterminés par voie législative les territoires où prédomine l'usage de l'une et l'autre langue de même que ceux où il pourra y avoir exemption de l'enseignement et de l'utilisation de la langue propre à la Communauté.

Mais le Statut d'autonomie de 2006 (Estatuto de Autonomía de la Comunidad Valenciana 2006) est beaucoup plus élaboré en matière de langue. L'ancien article 7 de 1982 a été modifié comme suit:

Article 6 [en vigueur]

1)
La langue particulière de la Communauté valencienne est le valencien.

2)
La langue valencienne est la langue officielle de la Communauté valencienne, tout comme le castillan, qui est la langue officielle de l'État. Chacun a le droit de les connaître et de les employer, et de recevoir son enseignement dans la langue valencienne.

3)
La Généralité
garantit l'usage normal et officiel des deux langues, et adopte les mesures nécessaires pour assurer leur connaissance.

4)
Nul ne peut être discriminé en raison de sa langue.

5)
Une protection et un respect particuliers sont accordés
à la valorisation du valencien. 

6) La loi établit les critères d'application de la langue dans l'administration et l'enseignement.

7) Sont délimités par loi les territoires où prédomine l'usage d'une autre langue, ainsi que les individus qui peuvent être exemptés de l'enseignement et de l'usage de la langue propre à la Communauté valencienne.

8)
L'Académie de la langue valencienne est l'institution de réglementation de la langue valencienne.

La loi 4/1983 du 23 novembre, appelée Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien, établit les critères réglementant l'usage de la «langue propre» (particulière) de la Communauté valencienne dans l'administration et l'enseignement. L’article 1er de la loi reprend les grands principes définis dans le Statut d’autonomie de 1982:

Article 1er

1) La présente loi a pour objectif général d'appliquer et de développer les dispositions de l'article 7 du Statut d'autonomie qui réglemente l'usage normal et officiel du valencien dans toutes les sphères de la vie en commun, ainsi que son enseignement.

2) Sur cette base, les buts et les objectifs spécifiques de la présente loi sont les suivants:

a) Que le droit de tous les citoyens de connaître et de faire usage du valencien constitue un fait.

b) Protéger la récupération du valencien et garantir son usage normal et officiel.

c) Réglementer les critères d'application du valencien dans l'administration, dans les moyens de communication sociale et dans l'enseignement.

d) Délimiter les territoires sur lesquels prédomine l'usage du valencien et du castillan.

e) Garantir, selon des principes de progression et de volontariat, la connaissance et l'usage du valencien sur tout le territoire de la Communauté.

Dans les lignes qui suivent, le terme valencien sera dorénavant employé pour désigner la variété catalane de la Communauté valencienne.

5 Une question de vocabulaire

Du point de vue du vocabulaire employé dans la Communauté valencienne, précisons que les termes Consell / Conselleria / Conselleries (fr. «conseil» / «conseillerie» / «conseilleries») et conseller / consellera (fr. «conseiller») servent à désigner les ministères et les ministres de la Generalitat. On peut, en français, employer l'expression «ministre-conseiller» (ou «ministre-conseillère») pour rendre compte adéquatement du terme valencien conseller / consellera. De plus, les expressions Conseller Primer (fr. «premier conseiller») et vicepresident (fr. «vice-président») ou vicepresident primer («premier vice-président») servent d'équivalent à «premier ministre».

En Espagne, les termes ministerio (fr. «ministère») et ministro / ministra (fr. «ministre») désignent les ministères et les ministres du gouvernement central, et non ceux des Communautés autonomes. Le premier ministre du gouvernement espagnol est désigné par l'expression Primer ministro (fr. «premier ministre»).  

Du point de vue des institutions, signalons que la Generalitat Valenciana (en valencien; Generalidad Valenciana en castillan; Généralité valencienne en français) est formée par l'ensemble des institutions gouvernementales de la Communauté autonome valencienne. La Généralité comprend les institutions suivantes:

- les Cortès valenciennes (ou simplement les Corts, en valencien);
- la présidence de la Généralité valencienne;
- le gouvernement (Consil en valencien; Consell en castillan).

Le nom statutaire et officiel de cet organisme est appelé simplement la Généralité ("Generalitat"). De son côté, le Parlement de la Communauté valencienne, les «Corts Valencianes», est l'organisme législatif principal de la Généralité. Rappelons qu'en France la «Généralité» désignait sous l'Ancien Régime monarchique le gouvernement central par opposition aux gouvernements régionaux, ceux des anciennes provinces. Dans le cadre de l'administration royale, les généralités servaient surtout à contrôler la collecte des impôts destinés à l'État. La dernière généralité disparut en France après 1784. En Espagne, parmi les 17 communautés autonomes, la Catalogne ("Generalitat de Catalunya") et le Pays valencien ("Generalitat Valenciana") ont conservé cette appellation pour désigner leur gouvernement.

6 La législation et la justice

En vertu de la Constitution espagnole (1978), le Parlement de la Communauté valencienne doit être officiellement bilingue, de même que la rédaction et la promulgation des lois. L'article 8 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien de 1983 précise ainsi les langues utilisées par le Parlement valencien:

Article 8

Les lois adoptées par le Parlement valencien seront rédigées et publiées dans les deux langues.

Pour sa part, le Règlement du Parlement valencien de 1983 déclare dans son article 1er que les langues officielles du Parlement sont le valencien et le castillan, et que les députés peuvent indistinctement faire usage des deux langues et que les publications officielles du parlement doivent être bilingues:
 

Article 1er

1)
Conformément à l'article 7 du Statut d'autonomie, les langues officielles du Parlement sont le valencien et le castillan.

2) Les députés peuvent indistinctement faire usage des deux langues.

3) Les publications officielles du parlement doivent être bilingues.

Selon l'article 4 du Décret n° 6 du gouvernement valencien réglementant le Journal officiel de la Généralité valencienne (1997), le Journal officiel de la Généralité valencienne (DOGV) doit être publié dans les deux langues officielles de la Communauté valencienne, les deux langues ayant le statut officiel et authentique:
 

Article 4

1)  Le DOGV est publié dans les deux langues officielles de la Communauté valencienne, les deux textes étant considérés comme officiels et authentiques. Les erreurs seront corrigées selon la procédure prévue à l'article 16.

Selon une étude effectuée pour la période de 2015 à 2019, la langue des députés valenciens se répartissait comme suit: 42,7% n'employaient que le castillan, alors que 27,4% ne s'exprimaient qu'en valencien; mais 14,5% utilisaient d'abord le castillan, puis le valencien, mais 13,7% faisaient l'inverse, soit le valencien suivi du castillan. Bref, dans les débats parlementaires, le castillan demeure vraiment la langue la plus favorisée; le valencien, quant à lui, semble sous-utilisé, car plusieurs députés même valencianophones préfèrent encore s’exprimer en castillan.

Dans la domaine de la justice, l'article 12 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien prévoit que «tous les citoyens ont le droit de pouvoir s'adresser à l'administration de la justice dans la langue officielle qu'ils estimeront bon d'utiliser».

Article 12

1) Conformément à ce qui est prévu dans la présente loi, tous les citoyens ont le droit de pouvoir s'adresser à l'Administration judiciaire dans la langue officielle qu'ils estimeront bonne à utiliser, sans qu'on puisse leur requérir de traduction, et sans que de cela puisse entraîner de retard ou report dans les démarches de leurs demandes.

2) Tous les actes, documents et écrits réalisés ou rédigés en valencien devant les tribunaux et ceux que les cours de justice réaliseront dans cette langue ont pleine validité et efficacité.

De plus, le libre choix de la langue implique, d'une part, qu'on ne puisse recourir à la traduction, d'autre part, qu'il n'occasionne aucun retard ou report dans les démarches judiciaires. Toutefois, malgré les initiatives prises par la "Direcció General de Política Lingüística", l’emploi du valencien dans les cours de justice reste rarissime. Des interprètes sont quelquefois disponibles, sans qu'aucune mesure n'ait été prise pour garantir la compétence linguistique des employés des tribunaux. 

L'article 231 de la Loi organique espagnole sur le pouvoir judiciaire (LOPJ) énonce que, dans tous les actes judiciaires, les juges, les procureurs, les greffiers et les autres fonctionnaires de l’administration judiciaire doivent obligatoirement utiliser le castillan, langue officielle de l’État. Ce même article prévoit également que les juges, les magistrats, les procureurs et les autres fonctionnaires des tribunaux peuvent aussi utiliser les langues co-officielles particulières des communautés autonomes. En réalité, les tribunaux espagnols devraient normalement disposer d’un nombre suffisant de juges maîtrisant la langue régionale co-officielle afin de garantir que la procédure puisse être menée de façon adéquate dans cette langue, mais ce n'est guère le cas. 

Il faut dire aussi que, conformément à la législation espagnole en vigueur, lorsque toutes les parties comprennent le catalan ou le valencien et en arrivent à un accord unanime, les avocats peuvent utiliser uniquement le catalan ou le valencien. Étant donné que cet accord unanime est extrêmement rare dans la Communauté valencienne, l'avocat de la défense et le procureur ont l'obligation de recourir au castillan. De plus, les juges nommés par Madrid ne connaissent pas toujours le valencien, ce serait même exceptionnel qu'ils le connaissent. De plus, l'administration centrale espagnole ne les incite pas trop à apprendre cette langue. 

7 L'administration valencienne

Compte tenu de l'obligation de la co-officialité des langues imposée par la Constitution espagnole, le bilinguisme doit être une pratique courante dans les organismes de la Communauté valencienne.

7.1 Le bilinguisme administratif

Plusieurs articles de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien de 1983 traitent de l'usage officiel du valencien et du castillan dans l’administration qui relève de la juridiction de la Généralité valencienne:

Article 7

1) Le valencien, en tant que langue propre à la Communauté valencienne, l'est aussi de la Généralité et de son administration publique, de l'administration locale et de toutes les corporations et institutions publiques qui puissent dépendre de celles-là.

2) Le valencien et le castillan sont des langues officielles dans la Communauté valencienne et, en tant que telles, elles seront utilisées par l'administration conformément à ce qui est réglementé par la loi.

Article 9

1) Toutes les interventions administratives réalisées en valencien seront valables dans les limites territoriales de la Communauté valencienne.

2) Les documents rédigés en valencien, dans lesquels l'activité administrative sera réalisée, ainsi que les imprimés et formulaires employés par les administrations, auront efficacité juridique.

Article 10

Sur le territoire de la Communauté valencienne, tous les citoyens ont le droit de s'adresser et de communiquer en valencien avec la Généralité, les entités locales et autres organismes à caractère public.

Article 11

1) Dans toute intervention administrative entamée à l'initiative d'une des parties ou d'autres parties intéressées qui en manifestent le désir, l'administration devra leur communiquer tout ce qui les concerne dans la langue officielle de leur choix, quelle que soit la langue officielle dans laquelle a commencé la communication.

2) De même, quelle que soit la langue officielle employée, dans toute procédure commencée d'office, les communications et autres interventions seront faites dans la langue demandée par les personnes concernées.


Afin de promouvoir le catalan dans la région, la Généralité valencienne a créé en 1989 la Direcció General de Política Lingüística. De façon générale, les résultats obtenus depuis 1983 paraissaient encore modestes. D’une part, le gouvernement de la Généralité n’utilisait alors que fort peu le valencien; d’autre part, l’emploi du valencien dans l’administration variait considérablement d’une municipalité à l'autre, possiblement de la valencianisation presque totale à l’absence presque totale, tout dépendant des territoires à prédominance castillanophone ou valencianophone.

En 1988, le Conseil de la Généralité créait une commission particulière par le Décret 178/1988 du 15 novembre du Conseil de la Généralité valencienne établissant la composition et les fonctions de la Commission interministérielle pour l'application de l'usage du valencien, conformément à la loi 4/1983 du 23 novembre sur l'usage et l'enseignement du valencien  (1988) :

Article 2

La Commission interministérielle pour l'application de l'usage du valencien détient les fonctions suivantes :

1. Proposer des mesures de coordination pour l'action générale de la Généralité valencienne visant à normaliser l'usage officiel du valencien.

2. Promouvoir l'usage du valencien dans l'administration publique de la Généralité valencienne.

3. Promouvoir l'usage du valencien dans les autres administrations publiques à travers l'établissement des accords appropriés.

4. Surveiller l'application de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien dans le domaine de l'usage officiel et proposer les mesures appropriées pour sa pleine application.

5. Toute autre fonction liée à l'usage officiel du valencien.

Cette commission, composée de représentants de la présidence et des ministères de la Généralité, était expressément créée par faire respecter les prescriptions linguistiques prévues dans le Statut d'autonomie et dans la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983), concernant l'obligation de la Généralité de garantir le fonctionnement normal d'employer les deux langues officielles, ce qui impliquait l'adoption des mesures nécessaires pour assurer leur maîtrise.

La Commission interministérielle pour l'application de la loi a convenu que la langue d'usage dans les communications internes entre les organismes et les unités administratives des différents ministères, ainsi que dans les communications externes avec d'autres institutions dans la langue de leur propre sphère, doit être le valencien. Autrement dit, le valencien devenait prioritaire.

D'ailleurs, plusieurs années plus tard, en 2017, le Décret n° 61 du Conseil réglementant les usages institutionnels et administratifs des langues officielles dans l'administration de la Généralité énonce que le valencien doit être sa principale langue d'usage normal et général dans l'administration de la Généralité:

Article 4

Emploi général du valencien

1)
Le valencien est la langue de l'administration de la Généralité et, à ce titre, doit être sa principale langue d'usage normal et général, sans que cette déclaration puisse comprendre une limitation par rapport à l'autre langue officielle.

2) Les références faites à l'usage du valencien dans le présent décret s'entendent dans le sens indiqué au paragraphe précédent.

Article 11

Matériel de bureautique

1)
L'équipement de bureautique, tant le matériel que le logiciel, destiné à être employé par l'administration de la Généralité doit être adapté, dans la mesure du possible, pour qu'il fonctionne en valencien.

2)
Le logiciel développé directement par l'administration de la Généralité ou développé pour le compte d'un tiers sera créé en valencien, sans préjudice du fait que, ultérieurement, les programmes pourront être adaptés au castillan ou à d'autres langues.

Une telle prise de position en faveur du valencien devait heurter la communauté castillanophone.

7.2 Les municipalités et la prédominance linguistique

La «prédominance linguistique» (predomini lingüístic en valencien; predominio lingüístico en castillan) est un terme juridique utilisé dans la Communauté valencienne pour attester de l'existence sur le territoire d'une communauté autonome dans une zone dans laquelle le valencien est la langue traditionnelle historique de sa population et d'une autre zone dans laquelle c'est le castillan. On trouvera la liste de toutes les municipalités à prédominance valencienne et à prédominance castillane dans les articles 35 et 36 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983).

Le castillan de la Communauté valencienne est la langue traditionnelle des municipalités des régions de l'intérieur et du Sud-Ouest (avec quelques îlots linguistiques sur le territoire linguistique valencien de la Communauté valencienne) et, sous sa forme standard et statutaire (castillan), il est officiel dans la Communauté valencienne avec le valencien. Cette forme d'espagnol, langue historique et usuelle de ces régions valenciennes, présente une série de caractéristiques communes ou partagées avec certaines municipalités dans les régions frontalières d'Aragon, de Castille-La Manche et de la Murcie. Parmi les plus grandes municipalités hispanophones figurent Chiva, Buñol, Elda, Cheste, Utiel, Requena, Segorbe, Orihuela, Almoradí, Villena et Aspe.

- Deux zones distinctes
 

D'après l'article 7 du Statut d'autonomie de 2006, sur la base de cette réalité s'établissent deux zones distinctes de prédominance linguistique avec un traitement juridique différent en ce qui concerne la réglementation de l'usage officiel du valencien et/ou du castillan.
 
Article 7

2) Les normes et les dispositions de la Généralité et celles qui intègrent le Droit foral valencien auront une efficacité territoriale, sauf dans les cas où légalement le statut personnel et d'autres normes d'extraterritorialité sont applicables.

Dans les municipalités à prédominance valencienne (voir la carte ci-contre), les notifications et les communications doivent être rédigées en valencien tout en étant également disponibles en castillan à la demande de la personne intéressée.

Dans les municipalités à prédominance castillane (voir la carte ci-contre), les notifications et les communications doivent être rédigées à la fois en valencien et en castillan.

Rappelons que la liste de toutes les municipalités à prédominance valencienne et à prédominance castillane se trouve aux articles 35 et 36 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983).

Les articles 7 et 12 du même décret n° 61 précisent que cette priorité est applicable surtout dans les municipalités à prédominance linguistique valencienne :

Article 7

Municipalités à prédominance linguistique valencienne et espagnole

1)
Les références faites dans le présent décret aux territoires à prédominance linguistique valencienne doivent correspondre aux municipalités visées à l'article 35 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien.

2)
Les références faites dans le présent décret aux
territoires où prédomine la langue castillane doivent correspondre aux municipalités visées à l'article 36 de la
Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien.

Article 12

Notifications dans les procédures administratives

1)
Dans les procédures administratives, les notifications et les communications envoyées par l'administration de la Généralité aux personnes physiques et morales résidant sur les territoires de langue valencienne prédominante doivent être rédigées en valencien. Elles seront également rédigées en castillan à la demande de la personne intéressée.

2) Dans le cas des territoires où la langue castillane est prédominante,
les notifications et les communications seront rédigées en valencien et en castillan.

3) Lorsqu'elles doivent prendre effet en dehors du territoire de la Communauté valencienne, les notifications et les communications doivent être rédigées en valencien et en castillan, sauf dans le cas de communautés autonomes appartenant au même domaine linguistique que le valencien et, dans ce cas, elles ne seront rédigées dans cette langue. Elles seront également rédigées en castillan à la demande de la personne intéressée.

L'Arrêté du ministère de l'Éducation et des Sciences, sur l'usage des langues officielles dans la toponymie, dans la signalisation des voies de communication et dans l'étiquetage des services publics dans le cadre territorial de la Communauté valencienne (1993) décrit ainsi la réglementation à ce sujet:

Article 1er

1)  Le critère général concernant l'usage des langues officielles dans la Communauté valencienne dans la signalisation des routes et des services publics doit tenir compte de la prédominance linguistique prévue dans le Titre V de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien.

2) Dans les cas où, par mandat obligation juridique, l'affichage est exigé dans les deux langues, la priorité sera accordée à l'une ou l'autre langue selon la prédominance linguistique du territoire où est situé le panneau.

Article 2

1) Les toponymes et la désignation générique qui les accompagne doivent être employés, quelle que soit la langue utilisée dans le reste des éléments informatifs, dans la langue de prédominance linguistique de la zone à laquelle appartient le toponyme.

2) Quant à l'appellation des éléments qui s'étendent à travers les deux zones de prédominance linguistique et qui ont des noms dans les deux langues, ils seront employés en valencien sur le territoire de prédominance linguistique valencienne et en castillan sur le territoire de prédominance linguistique castillane.

Article 3

Dans la signalisation des noms des municipalités, l'appellation officielle déterminée par le Conseil sera employée conformément à la procédure établie dans la législation actuelle de l'administration locale et le décret n° 58/1992.

- La toponymie

Les toponymes doivent donc correspondre à leur prédominance linguistique prévue aux articles 35 et 36 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983). L'article 5 du même arrêté précise aussi quelle doit être la langue de l'affichage à l'intérieur des édifices administratifs:

Article 4

1) L'étiquetage du nom des organismes administratifs de la Généralité valencienne et des institutions publiques qui en dépendent sera en valencien.

2) L'étiquetage informatif et des dépendances dans les centres et services de l'administration autonome sera en valencien. Dans les territoires où la langue castillane prédomine, la signalisation peut également être en castillan.

Article 5

La signalisation intérieure des dépendances administratives des entités locales sera au moins en valencien dans les territoires à prédominance linguistique valencienne et au moins en castillan dans les territoires à prédominance linguistique castillane.

- Les enseignes intérieures et extérieures

L'article 9 du Décret n° 61 du Conseil réglementant les usages institutionnels et administratifs des langues officielles dans l'administration de la Généralité (2017) énonce que la prédominance linguistique s'applique au enseignes intérieures et extérieures:

Article 9

Étiquetage informatif

1)
Dans les territoires où la langue valencienne prédomine, les enseignes intérieures et extérieures, quel que soit leur support, dans les bureaux et les autres installations de l'administration de la Généralité doivent être rédigées en valencien.

2)
Dans les territoires où la langue castillane prédomine, la signalisation susmentionnée doit être présentée
en castillan et, de plus, elle pourra être rédigée en valencien.

- Les changements d'appellation

L'objectif du Décret n° 69 du Conseil réglementant les critères et la procédure de changement de nom des municipalités et autres entités locales de la Communauté valencienne (2017) est de réglementer la procédure de changement d'appellation des municipalités et des autres entités locales de la Communauté valencienne, ainsi que de fixer les critères pour effectuer les changements mentionnés.  L'article 4 du décret n° 69 du Conseil précise quels sont les critères pour changer le nom des municipalités:

Article 4

Critères pour changer le nom des municipalités

1) La forme officielle des municipalités peut être en valencien ou en castillan, selon la zone de prédominance linguistique où elles se trouvent, ou dans les deux langues.

2) Dans le cas de l'approbation du nom officiel double dans les deux langues ou des noms officiels bilingues, les deux noms apparaîtront séparés par une barre oblique, selon l'ordre suivant :

a) Dans le cas des municipalités dont les territoires sont majoritairement valenciens, le nom est présenté d'abord sous la forme valencienne, suivi de la barre oblique et du nom en castillan.

b) Dans le cas des municipalités dont les territoires sont majoritairement castillanophones, le nom en castillan est présenté en premier, suivi de la barre et du nom en valencien.

Le trait d'union ne peut être employé pour séparer les deux éléments dans le cas des appellations bilingues. Cet élément graphique sera réservé uniquement aux cas où deux municipalités se rejoignent pour en former une autre. Le choix de l'une des deux appellations officielles agréées s'effectuera en fonction du contexte linguistique utilisé. Par conséquent, les municipalités qui ont une appellation officielle bilingue utiliseront la forme valencienne dans des contextes oraux ou écrits en valencien, et la forme castillane dans des contextes oraux ou écrits en castillan, sans préjudice de l'obligation imposée par l'article 15.3 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien aux municipalités qui ont opté pour une appellation bilingue.

Quant à l'article 5 du même décret, il précise les critères sur les appellations des entités locales mineures:

Article 5

Critères sur les appellations des entités locales mineures et des groupements de municipalités

1)
Les noms des entités locales mineures seront en valencien ou en castillan, selon la zone de prédominance linguistique où elles se trouvent.

2) Le nom officiel des associations de municipalités sera en valencien ou en castillan, selon la zone de prédominance linguistique des populations qui les constituent.

Le nom officiel des associations de municipalités sera
en valencien et en castillan si les populations qui constituent ces entités locales couvrent des territoires à prédominance linguistique valencienne et castillane.

Lorsque la dénomination de la communauté intègre celle des municipalités qui la constituent, l'appellation officielle de celles-ci doit être respectée.

Bref, en vertu de l'article 36 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien, le bilinguisme ne s'applique pas aux municipalités déclarées «à prédominance linguistique castillane» ni à celles (art. 35) déclarées «à prédominance linguistique valencienne», mais si le bilinguisme n'est pas obligatoire, la langue à prédominance linguistique du territoire valencianophone ou castillanophone doit être au moins employée.

Au début de l'année 2022, plus de 200 municipalités du Pays valencien avaient adapté leur nom de lieu en valencien. Si l'adaptation dans certains cas est totale, dans d'autres la double dénomination a été maintenue en valencien et en castillan.

7.3 La maîtrise du valencien chez les fonctionnaires

Depuis 1999, la maîtrise du valencien est une obligation pour les fonctionnaires de l'administration valencienne. L'article 16 du Décret n° 33 du 9 mars du gouvernement valencien approuvant le Règlement sur la sélection, le pourvoi des postes et des carrières du personnel administratif prévu dans le cadre d'application de la Loi sur la fonction publique de Valence (1999) est précis à ce sujet:

Article 16

Connaissance du valencien

1)
L'accréditation des connaissances du valencien pour les candidats qui ont réussi les tests de sélection, dont dispose le paragraphe 4 de l'article 9 en vigueur du texte refondu de la Loi sur la Fonction publique valencienne, peut être effectuée par la présentation de l'un des documents suivants :

a) Le diplôme de baccalauréat ou l'équivalent obtenu dans la Communauté autonome de Valence, avec réussite de la discipline de valencien.

b) Le diplôme de l'École officielle des langues correspondant à la troisième année de connaissances du valencien.

c) Le certificat de niveau moyen du Conseil de qualification de connaissance du valencien.

2) Ceux qui ne peuvent se faire accréditer ces connaissances sont engagés à le faire dans un délai de deux ans ou de réussir les cours que l'Administration autonome organise à cette fin.

3) Les dispositions prévues aux paragraphes précédents ne suppriment pas l'exigence, comme condition requise dans les relations de postes, des connaissances égales ou supérieures du valencien pour l'occupation de certains postes.

- Une obligation, sauf pour l'examen de candidature

Les articles 7, 65 et 99 de la Loi n° 4 de la Généralité sur la fonction publique valencienne (2021) exigent la maîtrise des deux langues officielles tout en acceptant le libre choix de la langue d'examen :

Article 7

Le Conseil

Le Conseil a les compétences suivantes en matière de fonction publique :

1. définir la politique générale du personnel, établir les lignes directrices sur la répartition des compétences internes, la rémunération, la carrière, la mobilité et la langue propre, la collaboration avec d'autres administrations publiques et l'approbation des normes et des critères généraux d'évaluation;

2. approuver les projets de loi et les décrets en matière de personnel, de fonction publique et de système de rémunération, et délibérer sur les mesures qu'il élabore en la matière et auxquelles il est soumis par la présidence de la Généralité, et conseille le ministère compétent en matière de fonction publique ou autres ministères.

Article 65

Systèmes de sélection

1) Les régimes de sélection applicables au choix des fonctionnaires de carrière et des emplois fixes seront ceux de l'opposition, du concours ou du concours-opposition.

7) Le personnel candidat aura le droit de choisir librement l'une des deux langues officielles de la Communauté valencienne dans laquelle il souhaite effectuer les examens de sélection, ce qui implique à son tour le droit de recevoir les déclarations des exercices dans la même langue, sauf dans le cas des examens qui doivent être effectués en valencien ou dans une autre langue, car une connaissance particulière de celui-ci est nécessaire.

Article 99

Obligations

Dans l'exercice des fonctions qui leur sont confiées, les agents publics doivent respecter les obligations suivantes :

5. Connaître les langues officielles de la Communauté valencienne selon les conditions prévues par règlement et garantir aux citoyens l'exercice du droit de les employer dans les relations avec l'administration régionale.

Généralement, le valencien demeure plus fréquent que le castillan dans les territoires à prédominance valencianophone, mais dans les régions castillanophones le valencien est parfois encore mal accepté.

- L'arrêt du Tribunal supérieur

Le 26 février 2020, le Tribunal supérieur de la justice de Valence ("Tribunal Superior de Justícia de la Comunitat Valenciana: TSJCV") a dans les faits annulé l'article 26 du décret n° 61/2017, lequel donnait la priorité à l'usage du valencien par rapport au castillan; ce décret considère que, lorsqu'un document officiel est envoyé en Catalogne ou aux Baléares, il n'a pas besoin d'être traduit parce qu'il s'agit de la même langue (valencien et catalan), c'est-à-dire que le catalan appartient «au même domaine linguistique» que le valencien. Voici l'article 26 du Décret n° 61 du Conseil réglementant les usages institutionnels et administratifs des langues officielles dans l'administration de la Généralité (2017)

Article 26

Relations avec les autres administrations publiques

Les communications de l'administration de la Généralité avec les administrations publiques dans les autres cas que ceux prévus dans les articles précédents seront rédigées en valencien et en castillan, à moins qu'elles correspondent à des communautés autonomes appartenant au même domaine linguistique que le valencien et, dans ce cas, elles seront écrites dans cette langue.

L'arrêt du TSJCV a également annulé les articles qui accordaient une place prépondérante au valencien par rapport au castillan dans les avis, l'étiquetage des bâtiments et la communication entre les fonctionnaires et avec les citoyens. Le décret demeure ainsi sans effet pratique jusqu'à ce qu'intervienne la Cour suprême ("Tribunal Supremo").

7.4 La publicité institutionnelle

Dans la Communauté valencienne, l'article 7 de la Loi n° 7 sur la publicité institutionnelle (2003) énonce que la publicité institutionnelle provenant des entités publiques doit être dans les deux langues officielles:

Article 9

Langue


Les institutions, les administrations et toute autre entité publique incluse dans la présente loi
doivent employer indistinctement, dans les messages de la publicité institutionnelle,
les deux langues officielles de la Communauté valencienne.

Il en est ainsi à l'article 18 du Décret n° 61 du Conseil réglementant les usages institutionnels et administratifs des langues officielles dans l'administration de la Généralité (2017):

Article 18

Publications et publicité institutionnelle

1)
Les brochures, affiches et avis à caractère informatif ou divulgateur, sur tout support et, en général, toutes les publications de l'administration de la Généralité, doivent être rédigés ou émis au moins en valencien.

2)
Les publications périodiques de l'administration de la Généralité
doivent employer le valencien comme langue d'usage normal. Dans tous les cas, les éléments fixes qui les composent doivent toujours apparaître dans cette langue.

3)
La publicité institutionnelle présentée par l'administration de la Généralité dans les médias écrits, radiophoniques ou télévisuels
doit être rédigée ou diffusée au moins en valencien.

4)
La publicité de toute nature attachée à la promotion externe ou qui, en raison de son objectif, l'exige sera faite dans la langue appropriée à cet effet.

5)
La publication au Journal officiel de la Généralité valencienne sera régie par un règlement particulier.

L'article 8 de la Loi n° 12 sur la publicité institutionnelle d'intérêt citoyen et la conception collective des infrastructures publiques (2018) reprend les mêmes exigences en ce qui concerne les zones à prédominance castillane ou valencienne:

Article 8

Langue

1) Les textes de la publicité institutionnelle doivent employer de préférence le valencien, conformément aux principes de la réglementation sur l'usage et l'enseignement du valencien et du statut d'autonomie de la Communauté valencienne, sauf dans les zones où la langue castillane prédomine, dans lesquelles cela se fera de préférence en castillan.

2) La publicité institutionnelle peut être réalisée dans d'autres langues non officielles lorsque l'exige son objet.

En principe, l'arrêt du Tribunal supérieur de la justice de Valence (TSJCV) a annulé ce genre de disposition accordant une place prépondérante au valencien par rapport au castillan dans les avis, l'étiquetage des bâtiments et la communication entre les fonctionnaires et avec les citoyens.

7.5 Les communications avec les citoyens

Le même tribunal (TSJCV) a annulé cet article 16 du Décret n° 61 du Conseil réglementant les usages institutionnels et administratifs des langues officielles dans l'administration de la Généralité (2017):

Article 16 [annulé]

Service au citoyen

1) Le personnel de l'administration de la Généralité qui s'occupe directement des citoyens doit commencer la communication en valencien, sans préjudice du droit d'être servi dans l'une des langues officielles.

2) Les services réglementés dans le présent article comprennent ceux en présentiel ainsi que les services téléphoniques ou télématiques.

La Cour considère comme illégal cet article qui impose au personnel de l'administration de la Généralité responsable des citoyens l'obligation de commencer la communication avec les particuliers en valencien. Selon la Cour, étant donné que les deux langues officielles sont le moyen normal de communication, le fait d'imposer de manière générale et en toutes circonstances et sans justification connue l'emploi de l'une d'elles contrevient au Statut d'autonomie et à la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983). La Cour considère inconstitutionnel que l'usage préférentiel d'une langue soit imposé au détriment de l'autre langue officielle.

- La langue des patients

La Loi n° 1 de la Généralité sur les droits et l'information aux patients de la Communauté valencienne  (2003) a pour objet de reconnaître et de garantir les droits et les obligations des patients en matière de santé dans le cadre territorial de la Communauté valencienne. L'article 3 déclare que tous les patients ont droit de recevoir les informations de santé dans la langue officielle de la Communauté autonome, qui sera intelligible pour le patient:

Article 2

Champ d'application

La présente loi s'appliquera à tous les types d'actions de santé offerts dans la Communauté valencienne, tant dans les centres publics que privés.

Article 3

Principes généraux

Tous les patients ont droit :

7. de recevoir les informations de santé de la manière la plus appropriée pour leur compréhension et en particulier dans la langue officielle de la Communauté autonome et de veiller à ce qu'elles soient intelligibles pour les patients. Nonobstant les dispositions du présent paragraphe et, dans la mesure permise par la planification sanitaire, les centres et services de santé doivent mettre en œuvre les moyens nécessaires pour répondre aux besoins linguistiques des usagers étrangers.

En matière de santé, l'article 50 de la Loi n° 10 de la Communauté valencienne sur la santé et les professionnels du domaine social (2014) énonce que les patients ont le droit de recevoir des informations sur leur santé dans les langues officielles de la Communauté valencienne, mais également dans une langue étrangère «dans la mesure où la planification sanitaire le permet»:

Article 50

Droit à un service personnalisé

1) Le droit des patients et des utilisateurs de recevoir des informations sur la santé dans les langues officielles de la Communauté valencienne, sous la forme la plus adaptée à leur compréhension, est reconnu. Dans la mesure où la planification sanitaire le permet, les centres et les services de santé du système de santé valencien doivent mettre en œuvre les moyens nécessaires pour répondre aux besoins linguistiques des patients et usagers étrangers.

En juillet 2017, le Syndicat des médecins de la Communauté valencienne ("Sindicato Médico de la Comunitat Valenciana") exigeait que la connaissance du valencien soit «un mérite» (en castillan: un mérito) en matière de santé et non une «exigence exclusive» (en castillan: requisito excluyente), afin qu'elle soit encouragée librement ("desde la libertad"). Il faut dire que la plupart du personnel médical, que ce soit des médecins ou des infirmiers, ont reçu leur formation en castillan et que leur connaissance du vocabulaire peut être plus limitée en valencien.

- La Plateforme pour la langue

De son côté, l'organisme non gouvernemental "Platform per la Llengua" a souligné à plusieurs reprises (en 2022) que les cas les plus graves en matière de santé concernent les patients qui ont été contraints de s'exprimer en castillan lorsqu'ils devaient recourir à des professionnels de la santé. La plateforme, créée en 1993 à Barcelone, a comme but de défendre et de promouvoir la langue catalane dans tous les territoires où elle est parlée : Espagne , France, Andorre et Italie. Dans la Communauté valencienne, la "Plataforma per la Llengua País Valencià" rappelle qu'en plus de recevoir des plaintes pour discrimination linguistique dans le système de santé valencien elle doit dénoncer aussi l'absence de valencien sur le Web, ainsi que dans les répondeurs et les programmes informatiques à usage interne. Des agents de la Direction générale de l'assistance sanitaire exigeraient qu'on leur parle en castillan au téléphone avant de répondre aux citoyens. Des médecins castillanophones, opposé à suivre des cours pour apprendre le valencien, ont même refusé de rendre des soins médicaux à des patients en valencien qu'ils considèrent comme des «intransigeants».

La Plataforma per la Llengua appelle le ministère de la Santé à agir pour mettre fin à ces discriminations linguistiques par les professionnels de la santé, qu'ils soient fonctionnaires ou non, et demande à la Généralité valencienne d'appliquer le protocole d'usage du valencien dans le domaine de santé pour assurer le respect des droits linguistiques des citoyens. L'organisme pro-catalan considère que les situations signalées sont contraires aux articles 7-8-9-10-11 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983).

7.6 Les droits des consommateurs

La législation valencienne prévoit des droits linguistiques à l'intention des consommateurs. L'article 3 du Décret n° 77 du Gouvernement valencien réglementant les formulaires de réclamations des consommateurs et des utilisateurs de la Communauté valencienne (1994) ne prévoyait que le bilinguisme sur les formulaires ou les panneaux d'affichage:
 

Article 1er

Toutes les personnes physiques ou morales qui possèdent des établissements ou des centres qui vendent des biens ou qui fournissent des services dans la Communauté valencienne, y compris les fournisseurs de services à domicile et de spectacles publics et d'activités récréatives, doivent mettre à la disposition des consommateurs et des utilisateurs des formulaires de plainte, conformément au modèle établi dans l'annexe.

Article 3

1)
Toutes les personnes physiques ou morales propriétaires des établissements ou des centres visés au présent décret sont tenues d'afficher au public, de manière bien visible, le panneau suivant : «Cet établissement met à la disposition de ceux qui en font la demande des formulaires de réclamation.»

2) Ce panneau doit être placé à un endroit où il sera visible et lisible. La taille de la police de la légende doit être d'au moins un centimètre et
doit être écrite dans les deux langues officielles de la Communauté valencienne.

Mais l'article 8 de la Loi n° 1 de la Généralité sur le statut des consommateurs et des usagers de la Communauté valencienne (2011) accordait au consommateurs le droit d'employer l'une des deux langues officielles:

Article 8 [abrogé]

Droits linguistiques

1)
Les consommateurs ont le droit d'employer l'une des langues officielles de la Communauté valencienne.

2) La Généralité doit encourager l'usage du valencien dans les relations commerciales et professionnelles avec les consommateurs. À cette fin, elle adoptera des mesures pour que les conditions générales des contrats et les offres commerciales soient
également fournies en valencien, en particulier celles liées aux services de base.

Cet article 8 de 2011 a été abrogé par un autre article 8 inscrit dans le Décret législatif n° 1 du Conseil approuvant le texte consolidé de la Loi sur le statut des consommateurs et des utilisateurs de la Communauté valencienne (2019). Dans ce texte, les deux langues officielles constituent un droit pour le consommateur, tandis que le valencien est particulièrement encouragé:  

Article 8

Droits linguistiques

1)
Les consommateurs et les utilisateurs ont
le droit d'employer l'une des langues officielles de la Communauté valencienne.

2) La Généralité
encouragera l'usage du valencien dans les relations commerciales et professionnelles avec les consommateurs et les usagers. À cette fin, elle adoptera des mesures pour que les conditions générales des contrats et des offres commerciales soient également présentées en valencien
, en particulier celles liées aux services de base.

Bien que la loi soit très claire à ce sujet, il n'est pas toujours aisé pour un consommateur de se faire servir en valencien par certaines entreprises. D'ailleurs, la Plataforma per la Llengua demande régulièrement au Bureau des droits linguistiques et à la Direction générale du commerce et de la consommation d'intervenir dans des cas de discrimination parce qu'une personne a exigé d'employer le valencien. Par exemple, on rapporte qu'un commerce a refusé de répondre à un consommateur qui s'exprimait en valencien et, de plus, ne lui a pas permis de remplir le formulaire de plainte lorsqu'il l'a demandé. La discrimination ne s'est pas arrêtée là, car l'employé a rétorqué: «Nous sommes en Espagne et nous parlons espagnol» ("Estamos en España y hablamos español"). D'autres peuvent répliquer de la façon suivante: «C'est l'Espagne ici et on parle dans la langue nationale» ("Es España aquí y hablamos en el idioma nacional"). Ce genre d'attitude est courante au Pays valencien de la part des castillanophones, notamment dans les bars et restaurants.

De plus, la Loi sur le livre (2002) incite à favoriser la création et l'édition en langue valencienne:

Article 1er

Objet de la loi.

La présente loi vise à définir un cadre juridique pour promouvoir la création, l'édition, la distribution, la vente et la diffusion du livre, la promotion de la lecture et la réglementation du dépôt légal sous la juridiction de la Communauté valencienne, ainsi que d’appliquer au secteur du livre les dispositions juridiques de promotion spéciale et de respect de la récupération et de la dignité littéraire du valencien.

Afin de promouvoir l'usage du valencien, la Généralité, par l'intermédiaire du ministère compétent en la matière, doit favoriser les auteurs écrivant dans cette langue. Afin de promouvoir l'usage du valencien, la Généralité, par l'intermédiaire du ministère compétent en la matière, doit encourager la production éditoriale dans cette langue. À cet effet, elle doit prévoir une politique d'aide qui sera annuelle et réglementée par arrêté du ministère chargé de la culture.

8 La question de l'affichage

La question de l'affichage en valencien a sûrement préoccupé les dirigeants politiques, car l'espagnol prenait toute la place dans la région valencienne.

8.1 Les dénominations officielles

Ainsi, l'article 15 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien énonce que c'est le Conseil de la Généralité (le «ministère» de la Généralité) qui est le seul responsable des noms officiels des municipalités, des territoires, des agglomérations, des accidents géographiques, des voies de communication interurbaine et des toponymes de la Communauté valencienne:

Article 15

1) Conformément aux dispositions juridiques prévues, il revient au Conseil de la Généralité valencienne de fixer les noms officiels des municipalités, territoires, agglomérations, accidents géographiques, voies de communication interurbaines et toponymes de la Communauté valencienne. Le nom des voies urbaines sera fixé par la mairie concernée.

2) Conformément aux dispositions du paragraphe précédent, les appellations adoptées par le Conseil seront considérées légales. Le texte des panonceaux publics sera composé suivant la réglementation appropriée, sous réserve du respect dû aux normes internationales souscrites par l'État en cette matière.

3) Les municipalités qui possèdent une dénomination dans les deux langues de la Communauté feront figurer leur nom dans ces deux langues.

4) En accord avec le premier paragraphe et dans la mesure où le nom officiel le permette, les dénominations adoptées par le Conseil seront composées dans les deux langues officielles.

Par ailleurs, l'article 1er du Décret n° 145 sur la signalisation des routes et des services publics dans le cadre territorial de la Communauté valencienne (1986) impose l'usage du valencien et du castillan dans la signalisation des autoroutes, routes, chemins, gares ferroviaires et gares d'autobus, des foires commerciales, des centres de refuge et de sport, des dépendances et des services d'intérêt public sous la juridiction de la Généralité de Valence, sous réserve des exemptions possibles:

Article 1er

1)
La signalisation des autoroutes, des routes, des routes, des gares ferroviaires et routières, des ports commerciaux, des bâtiments de refuge et de sport, des dépendances et des services d’intérêt public qui dépendent de la Généralité valencienne, des entités locales qui résident dans la Communauté valencienne et des services qu’elles gèrent par concession, doit être étiquetée en valencien, en plus de l’étiquetage en castillan, le cas échéant.

2)
La signalisation des entités locales et des services qu’elles gèrent par concession, sur les territoires à prédominance linguistique castillane indiqués à l’article 36 de la
Loi n° 4/1983 du 23 novembre sur l'usage et l'enseignement du valencien, peut être exemptée des dispositions du paragraphe précédent.

En ce qui a trait aux routes en particulier, l'article 33 de la Loi n° 6 du 27 mars sur les routes de la Communauté valencienne (1991) oblige l'emploi du bilinguisme, tout en respectant la réglementation internationale et nationale et en distinguant les versions valencienne et castillane :  

Article 33

Zone de protection

8)
Dans tous les cas, et en respectant la réglementation internationale et nationale de base,
la signalisation informative doit être bilingue en recourant à des techniques de conception telles que l'affiche, le graphisme, la couleur ou moyens similaires, permettant de distinguer les versions valencienne et castillane.

8.2 Les pratiques

Tout ce qui relève du gouvernement valencien ou des municipalités peut être en catalan (valencien): Generalitat Valenciana, Comunitat Velenciana, Universitat de València - Escola Tèchnica Superior d'Enginyeria, Carrer dels Valencians, Agència Valenciana de Salut, Zona residencial Ciutat Vella - Prioridad peatonal, Mostra de València). Dans d'autres cas, c'est le bilinguisme: Alacant / Alicante, Aeroport / Aeropuerto, Poliesportiu / Polideportivo). On trouve aussi des exemples où le castillan et le catalan sont identiques: No estacionar. Parfois, seul un accent grave peut distinguer le catalan (València) du castillan (Valencia). L'unilinguisme castillan est évidemment fréquent: Vado permanente salida de véhiculos, Valencia Hotel, Plaza Mercado, Supermercado, Haga clic aquí para verificar si este sitio web es legal. Certaines affiches sont en anglais: My Pet Store, Robinsons Supermarket, Valencia High School, World Paella Day (mais València en catalan). Dans Prohibido / Forbidden, le premier terme (Prohibido) est en castillan, le second (Forbidden) en anglais.

9 L’éducation bilingue

Au point de vue juridique, la Généralité de Valence a pleine compétence dans tous les niveaux du système scolaire. La politique du gouvernement se veut un soutien à l’introduction du valencien comme langue véhiculaire dans les écoles et par la mise en place de méthodes d’immersions linguistiques pour les élèves valencianophones.

Les articles 18 à 23 de Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien réglementent l'utilisation du valencien dans l'enseignement. Le valencien et le castillan sont les langues obligatoires dans les programmes d'enseignement aux niveaux primaire et secondaire (art. 18):

Article 18

1) L'incorporation du valencien dans l'enseignement à tous les niveaux éducatifs est obligatoire. Conformément au Titre V, sur les territoires castillanophones, cette incorporation sera réalisée de façon progressive, en tenant compte de leur situation sociolinguistique particulière, et ce, dans la forme qui sera fixée par règlement.

2) Le Ministère veillera à l'incorporation du valencien, afin qu'elle soit menée de façon compréhensive en tenant compte des différences et des niveaux de connaissance et d'usage du valencien qui existent aujourd'hui, la résolution de ces différences et de ces niveaux demeurant l'un des objectifs les plus importants de la présente loi.

3) Sous réserve du paragraphe 1, le valencien et le castillan sont des langues obligatoires dans les programmes d'enseignement des niveaux non universitaires.

La langue d'enseignement prédominante demeure néanmoins le castillan; il n'existe pas d'écoles distinctes pour les groupes linguistiques. C'est un enseignement bilingue pour environ six heures par semaine (minimum), tant pour les catalanophones que pour les castillanophones, et ce, uniquement dans les territoires valencianophones.

9.1 La petite enfance

L'éducation de la petite enfance est une étape scolaire à identité propre, qui prend en charge les garçons et les filles quasiment de la naissance à six ans. C'est une étape non obligatoire et son but est de contribuer au développement physique, affectif, social et intellectuel des garçons et des filles. Cette étape permet de développer chez les garçons et les filles diverses habiletés, notamment au point de vue linguistique, des compétences de communication dans différentes langues et formes d'expression, et de découvrir l'existence de deux langues en contact dans la Communauté valencienne. L'article 3 du Décret n° 37 du Conseil établissant les contenus pédagogiques du premier cycle d'éducation de la petite enfance (2008) décrit ces activités:

Article 3

Objectifs du cycle

L'éducation de la petite enfance de premier cycle contribuera à développer chez les filles et les garçons les capacités qui leur permettent :

a) de connaître leur propre corps et celui des autres, leurs possibilités d'action et apprendre à respecter les différences;
b) d'observer et d'explorer leur environnement familial, naturel et social;
c) d'acquérir progressivement une autonomie dans leurs activités habituelles;
d) de développer leurs capacités affectives;
e) d'interagir avec les autres et d'acquérir progressivement les règles élémentaires de coexistence et de relations sociales, ainsi que l'exercice de la résolution pacifique des conflits;
f)
de développer des compétences de communication dans différentes langues et formes d'expression;
g) de s'initier aux compétences logiques-mathématiques, à la lecture-écriture et au mouvement, aux gestes et au rythme;
h)
de découvrir l'existence de deux langues en contact dans la Communauté valencienne
;
i) de découvrir les technologies de l'information et de la communication.

Dans la pratique, les enfants sont appelés à intégrer la dualité linguistique, surtout dans les municipalités à prédominance valancianophone. Dans les municipalités à prédominance castillanophone, cette intégration semble moins fréquente. Par ailleurs, de nombreuses écoles offrent des maternelles bilingues en anglais et en castillan, parfois en français et en castillan.

9.2 L'enseignement multilingue et multiculturel

L'enseignement primaire fait partie de l'enseignement de base, il est obligatoire et gratuit. Cette étape scolaire comprend six années, qui se déroulent généralement entre six et douze ans, et sont organisées en trois cycles de deux années chacun. Chaque cycle constitue l'unité de programmation et d'évaluation dans l'enseignement primaire. Les élèves sont normalement inscrits en première année de l'enseignement primaire au cours de l'année civile au cours de laquelle ils atteignent l'âge de six ans.

L'article 3 de la Loi n° 4 réglementant et promouvant le multilinguisme dans le système d'enseignement valencien (2018) précise quelles sont les langues qui font partie de l'enseignement multilingue et interculturel:

Article 3

Langues dans le système d'enseignement

1) Le système scolaire valencien est un système d'éducation multilingue et interculturel dont les langues scolaires exigées sont le valencien, le castillan, l'anglais et d'autres langues étrangères.

2) Les établissements d'enseignement doivent promouvoir un usage normal du valencien, conformément à la réglementation en vigueur qui régit les usages institutionnels et administratifs des langues officielles dans l'administration de la Généralité et conformément aux prescriptions du plan de normalisation linguistique de l'établissement.

3) Le romani, la langue du peuple tsigane, peut faire l'objet d'études et de promotion, et sera ainsi intégré dans le projet linguistique d'un établissement; la langue des signes, utilisée par les personnes sourdes de la Communauté valencienne, ainsi que le braille, un système de lecture et d'écriture utilisé par les personnes malvoyantes ou aveugles.

4) Les les établissements d'enseignement doivent tenir compte des langues des minorités linguistiques de l'établissement et créer des espaces d'échange interculturel. De même, ils devront garantir le droit à un enseignement multilingue et interculturel pour les élèves ayant des besoins éducatifs particuliers.

Sont cités nommément le valencien, le castillan, l'anglais, le romani (pour les Roms/Tsiganes) et le braille (pour les aveugles ou les non-voyants). Cependant, tous les élèvent doivent connaître et employer le valencien et le castillan de manière appropriée, à l'oral et à l'écrit. De plus, les écoles doivent valoriser les possibilités de communication du valencien en tant que langue de la Communauté valencienne et en tant qu'élément fondamental du patrimoine historique et culturel de celle-ci, ainsi que les possibilités de communication du castillan en tant que langue commune de l'État espagnol et de l'anglais comme langue internationale. Il n'existe pas d'écoles séparées pour les valencianophones ni pour les castillanophones, tous les élèves fréquentant en principe les mêmes établissements.

L'article 4 de la
loi n° 4 précise ces objectifs tout en imposant une proportion de 25% des heures d'enseignement effectives pour chacune des langues officielles:

Article 4

Objectifs du programme d'enseignement multilingue et interculturel

Le programme d'enseignement multilingue et interculturel élaboré dans la présente loi a les objectifs suivants :

1. Garantir aux élèves du système d'éducation valencien qu'ils acquièrent une compétence multilingue qui implique :

a) la maîtrise orale et écrite des deux langues officielles, la maîtrise fonctionnelle d'une ou de plusieurs langues étrangères et un contact enrichissant avec des langues et des cultures non scolaires propres à une partie des élèves;

b) l'intérêt et la curiosité pour les langues, la connaissance de ce qu'elles sont et de leur fonctionnement et leurs procédures de construction de ces connaissances à partir de l'observation, de la manipulation et de la comparaison des différentes langues présentes dans la classe, et d'un point de vue critique de la façon dont elles sont employées.

2. Garantir l'égalité des chances des élèves dans le système d'éducation valencien et leur intégration dans celui-ci dans la société valencienne :

a) garantir le droit de tous les élèves d'atteindre leur potentiel maximum en ce qui concerne la connaissance et l'emploi des langues, indépendamment de l'origine socioculturelle des familles, des capacités de communication, des expériences culturelles avec lesquelles ils arrivent à l'école et de leur les compétences et les styles d'apprentissages;

b) former les élèves à vivre ensemble et à s'intégrer en tant que citoyens à part entière dans une société multilingue et multiculturelle.

3. Garantir la normalisation de l'usage social et institutionnel du valencien dans le système d'éducation.

Article 6

Le programme d'enseignement multilingue et interculturel

1) Tous les centres éducatifs soutenus par des fonds publics du système d'éducation valencien appliqueront le programme d'enseignement multilingue et interculturel.

2) Le programme d'enseignement multilingue et interculturel doit être élaboré en fonction des besoins du contexte socio-éducatif et démolinguistique de l'école et dans le but de garantir l'acquisition des compétences multilingues et interculturelles établies dans la présente loi.

3) Tous les établissements d'enseignement doivent prévoir un programme d'enseignement multilingue et interculturel en tenant compte des éléments suivants :

a) le temps minimum alloué au contenu scolaire dans chacune des langues officielles, dans l'ensemble de la scolarité obligatoire, doit être de 25% des heures d'enseignement effectives. La matière ou la discipline correspondant à son apprentissage doit être enseignée dans chacune des langues officielles et en même temps, au moins, dans un autre domaine d'enseignement non linguistique, une matière ou une discipline de nature fondamentale ou analogue.

b) Le temps consacré aux contenus scolaires en langue étrangère, dans l'ensemble de la scolarité obligatoire, peut représenter entre 15% et 25% des heures d'enseignement.

Les pourcentages restants et le cahier des charges de l'application de la loi doivent être établis pour chaque école, avec une conception unique pour tous les élèves, conformément à un projet linguistique devant être élaboré en tenant compte du contexte socio-éducatif et démo-linguistique. Dans tous les cas, la loi prescrit que l'administration de l'éducation doive prévoir que 50% des heures d'enseignement soit en valencien et 25% du temps en anglais. Les aspects les plus problématiques de cette loi, actuellement en vigueur, sont qu'elle permet des programmes avec un niveau réduit d'emploi véhiculaire de la langue minoritaire et, surtout, que les programmes d'immersion précoce totale disparaissent.

9.3 Les dérogations prévues par la loi

Soulignons que la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien prévoit certaines dérogations, même pour ce qui a trait au minimum d’heures enseignées: territoires à prédominance linguistique castillane, demandes expresses d'exemption de la part des parents, situation sociolinguistique particulière.

Article 24

1) Le caractère obligatoire de l'application du valencien dans l'enseignement des territoires identifiés comme étant à prédominance valencianophone au «Titre V» sera sans effet sur les individus dont les parents ou tuteurs qui le demandent peuvent fournir une preuve irréfutable de leur statut de résident temporaire dans ces territoires, et expriment, lors de l'inscription de leurs enfants, le désir que ceux-ci ou ceux qui sont sous leur tutelle soient exemptés de l'enseignement du valencien.

Dans les écoles secondaires, environ 35% des élèves suivent des cours partiellement ou entièrement en valencien. De façon générale, les mesures de protection du valencien prévues dans la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien vont relativement loin. Mais la réalité dénie souvent les dispositions de la loi. Même l'obligation d'appliquer le valencien à l'éducation dans les zones à prédominance valencienne peut être réduite puisque la loi permet également l'exemption d'étudier le valencien pour des raisons de résidence temporaire. La principale conséquence est la considération du valencien comme une «seconde langue», dont on peut se passer quand on sait s'y prendre. Une telle situation n'aide pas à défaire les préjugés sur la langue valencienne. Il semble très paradoxal qu'un étudiant d'une région castillanophone ne puisse être exempté de l'anglais ou du français, mais ne puisse pas parler couramment le valencien, qui est la langue distinctive de la Communauté valencienne. C'est un exemple clair du caractère «anormal» de cette langue sur son territoire.

Conséquemment, dans l'ensemble, la restauration du valencien se fait plus lentement au Pays valencien qu’en Catalogne, mais il progresse néanmoins de décennie en décennie. Par exemple, alors qu’on ne comptait au primaire que 10 établissements scolaires en 1983-1984, soit après l’adoption de la loi, qui enseignaient partiellement ou entièrement en valencien, ce nombre avait augmenté à près de 400 établissements dix ans plus tard.

Cependant, en raison des résistances de la part des castillanophones, de nombreux établissements obtiennent des dérogations ou s’en tiennent le plus souvent, et encore lorsqu'il n'y a pas de problèmes, au minimum établi par la législation valencienne, c'est-à-dire à cinq heures de valencien par semaine. En principe, tous les élèves doivent, à la fin de leurs études secondaires, s'exprimer tant en valencien qu'en castillan. D’après une étude (avril 1997) du professeur Ferran Colom, seulement 5 % des élèves de la Communauté valencienne parleraient couramment le valencien entre eux et 54 % reconnaissent avoir des difficultés à utiliser cette langue.

Par ailleurs, la Communauté valencienne dispose de quatre universités. Mais la présence du valencien reste assez faible dans ces établissements supérieurs. On estime qu’environ 10 % des cours se déroulent en valencien. Pourtant, le valencien semble être plus répandu comme langue des relations sociales dans le milieu universitaire.

9.4 Le personnel enseignant

L'article 23 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien (1983) prévoit que les enseignants doivent posséder la maîtrise des deux langues officielles:

Article 23

1) Étant donné le caractère co-officiel du valencien et du castillan, les enseignants doivent connaître les deux langues.

2) Les enseignants qui, lors de l'entrée en vigueur de la présente loi, ne possèdent pas une connaissance suffisante du valencien seront progressivement formés grâce à une politique de volontariat, de progression et de promotion professionnelle.

3) Le ministère de la Généralité valencienne devra veiller à ce que, dans les Plans d'études des universités et des centres de formation des professeurs, soit inclus le valencien comme matière, spécialement dans ces derniers centres afin que tous les enseignants, au terme de leur formation, possèdent une connaissance du valencien, dans ses niveaux oral et écrit, sur un pied d'égalité avec celui qu'ils possèdent en castillan. Et ce, sous toutes réserves des dispositions prévues dans la législation générale sur la question.

4) Les normes réglementant l'accès au corps enseignant dans les établissements publics et privés doivent prévoir un système pour que tous les enseignants récemment admis réunissent les conditions fixées au paragraphe 1 du présent article.

Le Décret n° 62 du gouvernement valencien réglementant l'accréditation des connaissances linguistiques pour l’accès et la disponibilité des postes dans la fonction publique d'enseignement non universitaire au sein de la Communauté valencienne (2002) reprend les mêmes prescriptions:

Article 1er

Connaissance des langues officielles

Le personnel enseignant des établissements d'enseignement non universitaires et des services ou des unités de soutien scolaire et pédagogique dépendant du ministère de la Culture et de l'Éducation doit avoir la connaissance appropriée, tant à l'oral qu'à l'écrit, des deux langues officielles de la Communauté valencienne.

DISPOSITION ADDITIONNELLE

Unique

Formation linguistique et plan de mise à jour

Le ministère de la Culture et de l'Éducation élaborera un plan de formation et de mise à jour linguistiques afin que le personnel enseignant puisse acquérir les connaissances appropriées en valencien.

L'article 4 de l'Ordonnance n° 3 du Conseil de l'Éducation, de la Culture et des Sports déterminant la compétence linguistique nécessaire pour l'accès et l'exercice de la fonction d'enseignant dans le système scolaire valencien (2020) exige pour les enseignants le certificat de niveau C1 de connaissance du valencien du JQCV ("Junta Qualificadora de Coneixements de Valencià" ou Conseil de qualification des connaissances valenciennes) ou l'équivalent, conformément à la réglementation en vigueur, pour transmettre des matières non linguistiques en valencien les étapes pédagogiques de l'enseignement à tous les niveaux. En fait, le niveau C1 doit correspondre aux normes du Cadre européen commun de référence pour les langues.

Quant à l'article 5, il impose le diplôme de «master» pour les futurs enseignants de l'enseignement secondaire obligatoire et du baccalauréat, de la formation professionnelle et de l'enseignement des langues:

Article 5

Compétences pédagogiques du personnel enseignant

1)
Le diplôme de master permettant l'exercice des professions d'enseignant de l'enseignement secondaire obligatoire et du baccalauréat, de la formation professionnelle et de l'enseignement des langues et les diplômes permettant l'exercice de la profession d'enseignant de l'enseignement préscolaire et/ou du primaire est la formation devant garantir que la compétence didactique de l'enseignant est adéquate pour la réalisation des objectifs du Programme d'éducation multilingue et interculturelle réglementant l'article 27 de la loi n° 4/2018 du 21 février.

2) Le ministère chargé de l'Éducation doit prévoir un programme de formation pédagogique pour garantir la compétence didactique nécessaire pour enseigner des disciplines, des matières ou des modules non linguistiques en valencien, en anglais ou dans d'autres langues, conformément à l'article 26 de la loi n° 4/2018 du 21 février de la Généralité réglementant et promouvant le multilinguisme dans le système scolaire valencien.

Le but de cette ordonnance est de déterminer les compétences linguistiques requises pour enseigner les disciplines non linguistiques en valencien et pour enseigner les matières en anglais, dans toutes les étapes de l'enseignement préscolaire, de l'enseignement primaire, de l'enseignement particulier, de l'enseignement secondaire obligatoire et du baccalauréat, de la formation professionnelle des stages et de la formation pour adultes.

10 L'Académie valencienne de la langue (AVL)

En 1998, la Loi sur la création de l'Académie valencienne de la langue entérinait la création de l'Académie valencienne de la Langue (nom officiel en valencien: Acadèmia Valenciana de la Llengua ou AVL), une institution de la Généralité valencienne responsable de déterminer et d'élaborer les normes linguistiques du valencien, en s'appuyant notamment sur les «Normes de Castelló». C'est le ministère valencien de la Culture qui a proposé la création de cet organisme dont les caractéristiques essentielles sont les suivantes:

I. L'AVL dispose d'une personnalité juridique propre, avec une indépendance fonctionnelle et budgétaire.

II. L'AVL a l'aptitude reconnue par la loi pour déterminer la norme en matière linguistique; ses décisions en la matière sont contraignantes pour les administrations publiques, le système d'éducation, les moyens publics de communication et autres entités ou organismes de service public ou disposant d'un financement public.

III. L'AVL compte 21 membres nommés pour une période de dix ans.

IV. Les membres désignés lors de la création de l'AVL sont choisis par les Cortes valenciennes à la majorité des deux tiers, et au moins les deux tiers de ces membres doivent être des experts en valencien avec une compétence scientifique et universitaire reconnue, selon des critères d'évaluation objective. Le reste des 21 membres sont des personnalités remarquables des lettres et de l'enseignement avec une compétence linguistique et une production reconnues dans le domaine du valencien.

L'article 7 de la Loi sur la création de l'Académie valencienne de la langue (1998) énumère les compétences de l'AVL:

Article 7

Les compétences de l'AVL sont les suivantes :

a) Déterminer la réglementation officielle du valencien dans tous ses aspects.

b) Fixer, sur demande de la Généralité, les formes linguistiquement correctes de la toponymie et de l'onomastique officielle de la Communauté valencienne pour son approbation officielle.

c) Émettre et diffuser des rapports ou des avis et effectuer des études sur la norme et l'onomastique officielle valencienne, ou à l'initiative propre ou à la requête des institutions publiques de la Communauté valencienne.

d) Veiller à l'usage normal du valencien et défendre son appellation et son entité.

e) Informer sur l'adéquation à la réglementation linguistique de l'AVL des textes produits par les institutions publiques ou requérant une approbation officielle, ainsi que sur la production audiovisuelle de la Communauté valencienne.

f) Élaborer et présenter au ministère de la Généralité et aux Cortès valenciennes un mémoire annuel dans lequel, en plus d'exposer ses activités au cours de l'exercice, il rassemble les observations et les conseils pertinents pour l'usage normal du valencien dans chacune de ses manifestations.

g) Tout autre élément qui, dans le cadre de ses compétences, est demandé par le président de la Généralité, les Corts valenciennes ou le gouvernement valencien.

On peut consulter aussi le Décret 158/2002 du 17 septembre approuvant le Règlement de l'Académie valencienne de la langue (AVL). Au cours des cinq premières années, l'AVL a réalisé le Diccionari ortogràfic i de pronunciació del valencià («Dictionnaire orthographique et de prononciation du valencien»), la Gramàtica normativa valenciana («Grammaire normative du valencien»), la première partie du Llibre blanc de l'ús del valencià («Livre blanc sur l'usage du valencien»), le Vocabulari jurídic («Vocabulaire juridique»), le Vocabulari des noms de persona («Vocabulaire des noms de personne»), les Quaderns de toponímia («Cahiers de toponymie») et l'Arxiu audiovisual («Fichier audiovisuel»).

Sont en préparation le Diccionari normatiu valencià («Dictionnaire normatif du valencien»), la Gramàtica bàsica valenciana («Grammaire de base du valencien»), l'Atles lingüístic («Atlas linguistique»), l'Atles toponímic («Atlas toponymique»), le Corpus antroponímic valencià («Corpus antroponymique du valencien«), la seconde partie du Llibre blanc de l'ús del valencià («Livre blanc sur l'usage du valencien»), les Texts litúrgics («Textes liturgiques»), le Corpus lingüístic informatitzat del valencià («Corpus linguistique informatisé du valencien»), l'Anuari («Annuaire») de l'Académie, etc.

11 Les médias

L’article 25.1 de la Loi sur l'usage et l'enseignement du valencien a prévu des dispositions concernant l’emploi du valencien dans les médias:

Article 25

1) Le Conseil de la Généralité valencienne veillera à ce que le valencien ait une présence adéquate dans les stations de radio et de télévision, et d'autres moyens de communication gérés par la Généralité valencienne, ou sur ceux dont la loi reconnaît les compétences, conformément à ce qui est prévu dans la présente loi.

2) L'usage du valencien sera encouragé auprès des entreprises de radio et de télévision.

Selon la Loi n° 7 sur la création de l’entité publique la Radiotélévision valencienne (RTVV) ainsi que sur la réglementation des services de radiodiffusion et de télévision de la Généralité valencienne (1984), l'article 2.1 énonce que l'activité des moyens de communication sociale de la Généralité doit s'inspirer des principes, entre autres, de la «promotion et la protection linguistique de la langue propre de la Communauté valencienne» et du «respect du pluralisme politique culturel et linguistique, religieux et social»:

Article 1er

L'objet de la présente loi est la création de l'entité publique appelée
«Radiotélévision valencienne (RTVV)» ainsi que la réglementation des services de radiodiffusion et de télévision de la Généralité valencienne.

Article 2

1) L'activité des réseaux sociaux de la Généralité doit s'inspirer des principes suivants :

a) La promotion et la protection linguistique de la langue propre de la Communauté valencienne.
b) La véracité, l'impartialité et l'objectivité des informations.
c) La séparation entre l'information et les opinions, l'identification des personnes qui les soutiennent et leur libre expression.
d) La protection des jeunes et des enfants, en évitant l'exaltation de la violence et l'apologie des actes et des conduites contrevenant à la vie, à la liberté et à l'égalité des hommes et des femmes.
e)
Le respect du pluralisme politique, culturel et linguistique, religieux et social.

f) Le respect du pluralisme, de la valeur de l'égalité et des autres principes inscrits dans la Constitution, le Statut d'autonomie et la législation fondamentale de l'État.

2) La présente loi sera interprétée et appliquée conformément aux critères de respect et de défense du système constitutionnel et réglementaire, ainsi que de la promotion et la diffusion des activités propres de la Communauté valencienne.

Article 19

Le gouvernement de la Nation et le gouvernement de la Communauté valencienne peuvent diffuser, au moyen de la gestion dont la Généralité valencienne est responsable, toutes les déclarations officielles ou les communications d'intérêt public qu'ils jugent appropriées, avec l'indication de leur origine, lesquelles seront exprimées dans les deux langues officielles, le castillan et le valencien. Pour des raisons d'urgence, appréciées par le Gouvernement dans l'exercice de ce droit, ces communiqués et ces déclarations prendront effet immédiatement.

En ce qui concerne la presse écrite, la Communauté valencienne ne compte aucun quotidien en valencien, mais il existe quelques périodiques en valencien, notamment l'hebdomadaire El Temps (26 000 exemplaires), le mensuel Saó et le bulletin interne trimestriel d'Acció Cultural del País Valencià Butlletí ACPV. D’autres périodiques locaux (littéraires, scientifiques, etc.) publient une partie de leurs articles en valencien.

De plus, la Loi n° 6 sur le service public de radiodiffusion et de télévision de la région autonome, propriété de la Généralité (2016) a pour objet de réglementer la prestation du service public audiovisuel appartenant à la Généralité, ainsi que d'établir le régime juridique des entités chargées de la gestion directe de ce service public:

Article 3

Le contenu du service public

1) La fonction de service public audiovisuel détenue par la Généralité doit garantir la disponibilité d’un ensemble de contenus audiovisuels pour les citoyens valenciens, ouverts et orientés vers le public, ainsi que l’offre supplémentaire de services connexes ou interactifs, appropriés au respect des principes exprimés dans l’article précédent selon les termes spécifiés dans le contrat de programme.

2) Cette fonction comprend la production, l’édition et la diffusion de contenus pour les chaînes de radio et de télévision par l’intermédiaire des différents systèmes de transmission numérique fixes ou mobiles, ainsi que pour la multidiffusion sur Internet par le biais de différentes technologies ou plates-formes; y compris avec le développement de nouveaux services connexes ou interactifs capables d’enrichir ou de compléter l’offre de contenu,
avec une programmation diversifiée et équilibrée pour tous les types de public, dans une diffusion ouverte, de manière accessible et en valencien, qui sera complétée par la diffusion multilingue d’œuvres audiovisuelles en castillan et en anglais ou, le cas échéant, en version originale. Dans ce cas, le sous-titrage en valencien et en castillan doit être garanti.

3) Ces contenus audiovisuels doivent être un instrument essentiel pour la promotion de la créativité et de la production de biens culturels de notre Communauté et pour le développement de la société de l'information et de la communication en vue de la promotion de notre culture médiatique, qui doit dynamiser et normaliser notre langue, notre identité et notre diversité culturelle dans le cadre d'une nouvelle société du savoir.

Notons que la programmation doit être diversifiée et équilibrée, et devant présenter des œuvres audiovisuelles en castillan et en anglais ou, le cas échéant, en version originale, mais dans ce cas le sous-titrage en valencien et en castillan doit être garanti.

La même loi n° 6 sur le service public de radiodiffusion et de télévision exige de promouvoir la diversité linguistique au moyen de la diffusion en valencien, qui doit être la langue véhiculaire des moyens publics qui dépendent de la Généralité valencienne:

Article 5

Principes à observer dans la prestation du service public

1) Dans l'exercice de la mission de service public, la Corporation et les sociétés prestataires de services de radio et de télévision, pour la gestion et la réalisation des intérêts généraux qui leur sont confiés, doivent :

n) promouvoir la cohésion territoriale et la diversité linguistique au moyen de la diffusion en valencien, qui doit être la langue véhiculaire des moyens publics qui dépendent de la Généralité valencienne.

o) promouvoir la connaissance et l'usage des langues étrangères et des autres langues et des variétés linguistiques de l'État.

Article 26

Principes de base de la production et de la programmation

1) La production et la programmation audiovisuelles de la Corporation doivent être adaptées à l'accomplissement de ses missions de service public et contribuer activement à la normalisation de la langue et de la culture de la Communauté valencienne, et de sa structure territoriale.

Cette disposition peut paraître paradoxale dans la mesure où elle vise à favoriser la diversité linguistique (castillan, valencien, anglais, etc.) tout en privilégiant la langue valencienne. Quoi qu'il en soit, selon la Loi n° 7 sur la communication audiovisuelle générale (2010), recevoir des services de communication audiovisuelle dans les deux langues officielles constitue un droit:
 

Article 4

Le droit de recevoir une communication audiovisuelle plurielle

3)
Les opérateurs de services de communication audiovisuelle doivent
favoriser la connaissance et la diffusion des langues officielles de l'État et de leurs expressions culturelles. En ce sens, les opérateurs publics doivent contribuer à la promotion de l'industrie culturelle, notamment  par des créations audiovisuelles liées aux différentes langues et cultures existant dans l'État.

Article 5 (2014)

Le droit à la diversité culturelle et linguistique

1)  Toute personne a le droit d’avoir une communication audiovisuelle comprenant une programmation ouverte qui reflète la diversité culturelle et linguistique des citoyens.

Les communautés autonomes ayant leur propre langue peuvent approuver une réglementation supplémentaire pour les services de communication audiovisuelle relevant de leur compétence afin de promouvoir la production audiovisuelle dans leur propre langue.

2) Pour rendre ce droit effectif, les fournisseurs du service de communication télévisée à couverture nationale ou régionale doivent réserver 51 % du temps de diffusion annuel de leur programmation à des œuvres européennes. À son tour, 50% de ce quota est réservé aux œuvres européennes dans l’une des langues espagnoles. En tout état de cause, 10% du temps de diffusion sera réservé aux œuvres européennes de producteurs indépendants du prestataire de services et la moitié de ces 10% devra avoir été produite au cours des cinq dernières années. Le moment de diffusion sera calculé en fonction du nombre d'heures consacrées à l'information, aux événements sportifs, aux jeux, à la publicité, aux services de télétexte et de télé-achat.

Les fournisseurs d’un répertoire d'émissions doivent réserver 30% de leur répertoire à des œuvres européennes. La moitié de cet inventaire doit être effectuée dans l’une des langues officielles de l’Espagne.

L'article 5.2, tel qu'il apparaît ci-dessus, a été modifié par la Loi n° 9/2014 du 9 mai sur les télécommunications générales.

Dans les médias électroniques, Canal 9 Ràdio, la station publique de la Généralité valencienne, émet ses émissions entièrement en valencien. Il existe aussi certaines stations municipales et locales qui émettent en valencien, bien que l’emploi de la langue valencienne semble avoir régressé depuis ces dernières années.

Pour la télévision, il existe deux stations régionales qui émettent en valencien. Canal 9 TVV, une station publique de la Generalitat, environ 60 % des émissions sont en valencien, surtout les programmes d'information, les émissions pour les enfants et les documentaires. Pour les films et les téléséries, le doublage est généralement en castillan, non en valencien (catalan). Selon les sondages, Canal 9 attirerait près de 20 % des téléspectateurs de la région. Quant à la station Punt 2, elle diffuse presque entièrement en valencien, mais son auditoire reste plus limitée. Pour le reste, les chaînes nationales (TVE1, Antena 3 TV, Tele 5 et Canal+) ne diffusent des émissions qu'en castillan (espagnol). Bref, la situation ne semble pas très bonne à l'égard du catalan.

Dans la Communauté valencienne, où le développement industriel est moins avancé, la pénétration du valencien s'avère difficile, étant donné la présence majoritaire des castillanophones (env. 60%). Beaucoup de ces derniers s'opposent ouvertement à toute valencianisation (ou catalanisation) du territoire parce qu'elle est perçue comme «excessive» et peu utile. Quant aux valencianophones eux-mêmes, leurs revendications linguistiques apparaissent plutôt timides, comparativement aux Basques et aux Catalans de la Catalogne.

La Généralité valencienne doit compter essentiellement sur la persuasion pour promouvoir le valencien. Les progrès tardent à se matérialiser et le bilinguisme devient la voie obligée. En fait, le manque de prestige du valencien au sein de la société valencienne aboutit inévitablement à une répartition diglossique des langues, l'une pour la maison, l'autre pour les activités formelles, ce qui accentue le processus de substitution linguistique du valencien par le castillan.

Pourtant la Communauté valencienne dispose de la même autonomie politique que les autres Communautés autonomes. Ou bien cette autonomie n'est pas assez grande, ou bien les principaux intéressés ne savent pas s'en servir, ou encore ils ne peuvent pas utiliser tous les moyens dont ils disposent. Le problème, tout compte fait, semble moins politique qu'idéologique. Bien que le sentiment d'identité soit relativement intense chez les valencianophones, les revendications linguistiques semblent plus aléatoires qu'au Pays basque et en Catalogne où les tensions s'avèrent plus vives.

Il est vrai qu'en Espagne il est difficile de concurrencer le castillan dont les positions hégémoniques sont bien établies depuis plusieurs siècles. De toute façon, le gouvernement valencien doit aussi tenir compte des positions souvent anti-catalanistes ou anti-valencianistes de la part des castillanophones sûrs de leur supériorité culturelle, politique et économique, sinon linguistique. Forcément, le valencien devient une langue de seconde classe, d'autant plus qu'il demeure coupé de ses racines catalanes et de l'ensemble des «Pays catalans». Au lieu de se servir des autres communautés catalanophones comme d'un levier vers la normalisation du catalan de Valence, c'est le repli sur soi qui perdure avec pour effet d'isoler la communauté catalanophone la plus vulnérable d'Espagne. Bref, on pourrait affirmer que les dirigeants politiques valenciens ont l'art de se tirer dans le pied, mais ils ne peuvent pas faire autrement dans la mesure où il leur est impossible de tenir tête au castillan avec une population majoritairement castillanophone. L'art du compromis devient une voie obligée!

Dernière mise à jour: 18 févr. 2024
   

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