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Norvège1) Situation géographique2) Données démolinguistiques |
Le mot bokmål se prononce [bouk-môl] en français, comme dans bouc et pôle. Dans les langues scandinaves, la lettre å correspond au son [ô] en français et non [a]. Quant au mot nynorsk, la lettre y renvoie approximativement à la voyelle française [u] comme dans flûte; le mot nynorsk se prononce donc comme [nu-norsk] et non comme [ni-norsk]. |
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État de l'Europe du Nord, la
Norvège forme la bordure occidentale de ce qu'on appelle la Scandinavie (voir
la carte détaillée). Baignée par l'Atlantique à l'ouest et au nord, et par la mer
du Nord au sud, la Norvège est limitée à l'est par la Russie, la Finlande et la
Suède avec laquelle la Norvège partage la plus longue frontière (Suède: 1619 km;
Finlande:
729 km; Russie: 167 km). Le pays occupe une superficie de 323 879 km²,
soit environ l'équivalent de l'Italie.
Le territoire norvégien comprend également l'archipel du Svalbard (62 160 km²), et l'île Jan Mayen dans l'océan Arctique, l'archipel des Lofoten-Vesterålen (4 044 km²) et l'île Bouvet (inhabitée) dans l'océan Atlantique ainsi que l'île Pierre-Ier, au large de l'Antarctique. La terre de la Reine-Maud en Antarctique est également rattachée à la Norvège. |
On peut consulter la carte des comtés en cliquant ICI. La population est répartie assez inégalement selon les comtés. Les plus populeuses sont Oslo, Akershus, Hordaland, Rogaland et Østfold. Notons que la lettre [ø] renvoie au son français [eu] comme dans heureux ou encore pneu.
2 Données démolinguistiques
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Au 1er janvier 2003, la population norvégienne s’élevait à 4,5 millions d'habitants, mais 5,4 en 2021. La majorité des Norvégiens parlent l’une des deux langues norvégiennes (langues germaniques du Nord) officielles du pays: le bokmål (env. 80%) et le nynorsk (env. 17,5%). Le bokmål signifie littéralement «langue des livres», alors que le nynorsk signifie «nouveau norvégien». Historiquement, le bokmål est issu du riksmål («langue du royaume»), c'est-à-dire du dano-norvégien élaboré lors de la domination danoise. Quant au nynorsk, il est l'héritier du landsmål, la «langue des campagnes» (appelé aussi «langue nationale»). Au total, les deux variétés norvégiennes comptent pour 83,3% des locuteurs du ays. Quant aux minorités nationales (Nasjonale minoriteter) recon-nues, elles sont peu nombreuses et constituent de petites communautés: les Sames ou Samis (appelés auparavant Lapons), les Tsiganes, les Kvènes (personnes d’origine finlandaise vivant dans le nord du pays), les Skogfinn (personnes de souche finlandaise habitant le sud du pays), sans oublier les Juifs. Au sens strict du terme, les Sames ne se considèrent pas «une minorité nationale» parce que, en tant qu'autochtones (peuple indigène), ils jouissent, selon le Sámediggi (Assemblée same), de droits juridiques et politiques plus étendus que ceux couverts par les dispositions de la législation norvégienne. Il n’existe pas en Norvège d’estimation précise du nombre de personnes appartenant aux minorités nationales, puisque aucune statistique officielle n’est tenue sur la base de critères strictement «ethniques». En se basant à la fois sur les représentants des groupes ethniques eux-mêmes et les recherches effectuées par des spécialistes, on peut estimer que le pays abrite actuellement environ 10 000 à 15 000 Kvènes (Kven), 1500 à 2000 Juifs, quelques centaines de Skogfinn, 2000 à 3000 «Romani / Voyageurs» et 300 à 400 Rom / Tsiganes. Soulignons que ces nombres restent imprécis, car ils correspondent aux personnes qui «pourraient» se considérer comme appartenant aux groupes minoritaires en question et non aux individus qui parlent couramment la langue d'un groupe donné; comme toujours, le nombre des locuteurs d'une langue minoritaire et plus faible que celui du groupe ethnique correspondant. |
En réalité, très peu de Kvènes, de Skogfinn et de Tsiganes parlent encore leur langue ancestrale; la plupart se sont assimilés au cours des siècles précédents, surtout aux XIXe et au XXe siècles lors des politiques de norvégianisation pratiquées par les différents gouvernements.
2.1 Les deux variétés norvégiennes
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Il existe deux variétés norvégiennes officielles, la variante bokmål (prononcer [bouk-môl]) et la variante nynorsk (prononcer [nu-norsk]). Ces deux variétés de la même langue sont mutuellement intelligibles, sans le recours à la traduction. Étant donné qu'au moins 97 % des Norvégiens utilisent le norvégien comme langue maternelle, en fait l’une des deux variantes (bokmål ou nynorsk), on peut dire que la Norvège est un pays relativement homogène au plan linguistique. Le bokmål, jadis très influencé par le danois, est généralement utilisé dans les centres urbains, ainsi que dans les régions où la densité de la population est assez élevée (p. ex., autour du fjord d'Oslo et dans la province d'Østlandet). On peut consulter la carte linguistique des municipalités norvégiennes en cliquant ICI, s.v.p. |
Pour sa part, le nynorsk, dérivé des anciens dialectes norvégiens, est plus répandu dans les zones rurales (p. ex., le long des fjords de la côte ouest et dans les villages de montagne à l'intérieur du pays). Les règles concernant le choix de la langue enseignée sont fixées par la loi. On peut recourir à quelques exemples pour montrer les ressemblances entre les deux variantes norvégiennes:
Bokmål |
Nynorsk |
Français |
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|
vieux |
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cendres |
|
|
oublier |
|
|
trou |
|
|
malade |
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|
truite |
|
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détacher |
Source:
d'après Comparación entre Bokmål y Nynorsk
http://meltingpot.fortunecity.com/ormonde/795/bokny.htm
Le norvégien (dans sa variété bokmål ou nynorsk) est une langue scandinave du groupe germanique du Nord, comme le suédois, le danois et l'islandais:
Norvégien | Danois | Suédois | Islandais | Français |
skjorte hanske far mann hus dør kurv flaske blomst sort |
hands keskjort fader mand hus dør kurv flaske blomst sort |
skjorta handske fa(de)r man hus dörr korg flaska bloma svart |
skyrta hanzki faðir eiginmaður hús dyr karfa flaska blóm svartur |
chemise gant père mari (époux) maison porte panier bouteille fleur noir |
De toutes les langues scandinaves, c'est l'islandais qui est la langue la plus différenciée, mais le suédois suit tout de suite après. Les Danois, les Norvégiens et les Suédois se comprennent mutuellement sans trop d'efforts. Mais aucun des locuteurs de ces langues ne comprend ni ne lit l'islandais, tandis qu'un islandophone comprend assez aisément les trois autres langues.
- Deux variantes d'une même langue
Ces deux langues officielles (ou variantes officielles) de la Norvège sont, rappelons-le, relativement proches et l'intercompréhension entre les deux, rappelons-le, est quasi totale. À cela s'ajoute le fait qu'une partie des Norvégiens, qui écrivent le bokmål, parlent dans la vie courante un bokmål teinté de formes dialectales que l'on retrouve en nynorsk. Précisons qu'en Norvège on ne parle jamais de deux «langues», mais de deux «variantes» d'une même langue. Même la loi utilise souvent les expressions de «variante linguistique» ou de «variante majoritaire» dans ses textes. Ci-dessous, on peut lire en français, en bokmål et en nynorsk l'article 1er de la Déclaration universelle des droits de l'homme :
Français |
Bokmål |
Nynorsk |
Article 1er Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. |
Artikkel 1 Alle mennesker er født frie og med samme menneskeverd og menneskerettigheter. De er utstyrt med fornuft og samvittighet og bør handle mot hverandre i brorskapets ånd. |
Artikkel 1 Alle menneske er fødde til fridom og med same menneskeverd og menneskerettar. Dei har fått fornuft og samvit og skal leve med kvarandre som brør. |
Si les deux variantes officielles sont sur un pied d'égalité au plan juridique, elles ne le sont guère au point de vue social. Les grands journaux et les médias en général sont dominés par le bokmål, qui demeure la langue enseignée dans tous les centres urbains et la plupart des zones industrielles; c'est donc la langue des affaires et de la publicité. La variété bokmål a toujours joui d'un prestige certain sur la variété nynorsk, car elle a été la langue commune des citoyens plus instruits. Le bokmål bénéficie aussi du grand avantage d'être parlé par plus de 80 % de la population dont la norme utilisée est en pleine expansion. Il faut aussi ajouter que le système morphologique du bokmål est un peu plus simple que celui du nynorsk, ce qui fait que «le système le moins compliqué est celui qui est présent partout» (cf. Eyvind Fjeld Halvorsen). Bref, le bokmål bénéficie du même statut qu'une langue officielle par rapport à une langue non officielle; c'est donc dire qu'en Norvège le bokmål est plus officiel que le nynorsk, car il symbolise un niveau social.
Il existe aussi une langue écrite officieuse, le høgnorsk («haut-norvégien»), qui correspond à une variante du nynorsk et du landsmål.
- Le nynorsk minoritaire
Cependant, la législation qui régit le statut des deux variétés linguistiques impose aux administrations locales, aux établissements d'enseignement et aux médias des «quotas» pour l'emploi du nynorsk. En Norvège, parce que le nynorsk est minoritaire, il faut le protéger. Le nynorsk est massivement parlé dans les zones rurales, particulièrement dans les régions où la population est stable et où les locuteurs parlent un dialecte local traditionnel. Ainsi, le nynorsk dans sa forme normalisée et utilisée dans les écoles n'est pas parlé par les communautés locales, qui préfèrent leur «nynorsk dialectal». Lorsque les locuteurs du nynorsk provenant de différentes régions se regroupent, ils utilisent alors le «nynorsk normalisé». Et voici un petit exemple de mots dans leur contexte (en français: «Il ne criait plus, il avait peur des réponses qu'il avait reçues»).
En dialecte local | En nynorsk | En bokmål |
Han rope kje lenger, var rædd dei svar han fekk. | Han ropar ikkje lenger, var redd dei svara han fekk. | Han roper ikke lenger, var redd for de svarene han fikk. |
Selon Eyvind Fjeld Halvorsen de l'Université d'Oslo, les rapports entre les deux langues norvégiennes sont stables depuis plusieurs années. Le bokmål continue de dominer et d'exercer des pressions sur le nynorsk, ce qui fait que le nynorsk est devenu une langue ou variété norvégienne minoritaire. Dans tous les cas, le bokmål et le nynorsk sont officiellement appelés «langue norvégienne» ou Norske språk ou simplement Norsk.
- Statut linguistique des communes selon les variantes
Toutefois, la minorisation du nynorsk ne signifie nullement qu'il va bientôt s'éteindre, voire reculer. N'oublions pas que le nynorsk reste la langue principale des Norvégiens habitant la plus grande partie géographique du pays. Quand on consulte la carte linguistique (voir le document) des communes à statut officiel bokmål, nynorsk et «neutre», on doit constater qu'il y a 162 communes dont la langue officielle est le bokmål, 116 est le nynorsk et 156 sont «neutres» (sans décision sur leur statut linguistique). De plus, en terme de superficie, les communes du nynorsk sont loin d'être en déficit et elles sont toutes situées dans le sud-ouest.
Le
statut linguistiques par province |
|||||||
2006 | Nombre | Pourcentage | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Total | Bokmål | Nynorsk | Neutre | Bokmål | Nynorsk | Neutre | |
TOTAL | 431 | 160 | 115 | 156 | 39,5 % | 11,5 % | 49,0 % |
Østfold | 18 | 16 | - | 2 | 87,4 % | - | 12,6 % |
Akershus | 22 | 17 | - | 5 | 79,9 % | - | 20,1 % |
Oslo | 1 | - | - | 1 | - | - | 100,0 % |
Hedmark | 22 | 15 | - | 7 | 68,2 % | - | 31,8 % |
Oppland | 26 | 9 | 7 | 10 | 65,9 % | 11,7 % | 22,4 % |
Buskerud | 21 | 13 | 3 | 5 | 67,6 % | 4,5 % | 27,9 % |
Vestfold | 14 | 14 | - | - | 100,0 % | - | - |
Telemark | 18 | - | 8 | 10 | - | 12,8 % | 87,2 % |
Aust-Agder | 15 | 4 | 4 | 7 | 71,0 % | 5,1 % | 23,9 % |
Vest-Agder | 15 | 7 | 2 | 6 | 80,5 % | 1,5 % | 18,0 % |
Rogaland | 26 | 3 | 12 | 11 | 40,3 % | 16,5 % | 43,2 % |
Hordaland | 33 | - | 30 | 3 | - | 39,9 % | 60,1 % |
Sogn og Fjordane | 26 | - | 26 | - | - | 100,0 % | - |
Møre og Romsdal | 37 | 2 | 23 | 12 | 8,3 % | 48,5 % | 43,1 % |
Sør-Trøndelag | 25 | 9 | - | 16 | 14,9 % | - | 85,1 % |
Nord-Trøndelag | 24 | 4 | - | 20 | 7,2 % | - | 92,8 % |
Nordland | 44 | 23 | - | 21 | 32,0 % | - | 68,0 % |
Troms Romsa | 25 | 9 | - | 16 | 15,2 % | - | 84,8 % |
Finnmark / Finnmárku | 19 | 15 | - | 4 | 78,1% | - | 21,9 % |
Source: 2006, Ministère norvégien de la Culture et des Affaires religieuses. |
Par ailleurs, la pression exercée par le bokmål dans les zones rurales est bien moindre. On pourrait même dire que le sentiment d'identité des locuteurs du nynorsk est plus grand que chez ceux du bokmål. En général, les locuteurs du nynorsk demeurent plus combatifs que ceux du bokmål, car pour changer de langue il est plus facile de passer du nynorsk au bokmål que l'inverse. Il est rare en effet qu'un Norvégien perde le bokmål pour adopter le nynorsk. En général, les locuteurs du bokmål semblent indifférents comparativement aux locuteurs du nynorsk dont la conscience linguistique est plus forte. Les locuteurs du nynorsk affirment que leur langue est «la seule langue véritablement norvégienne», alors que le bokmål ne serait pas norvégien, mais «danois». Enfin, en Norvège, la question linguistique passe très vite au plan émotif et qu'elle fait régulièrement dans les médias l'objet de querelles et de caricatures. La langue étrangère la plus connue est l'anglais.
2.2 Les minorités nationales
Les Sames, les Kvènes, les Skogfinn, les Juifs et les Tsiganes (Roms) constituent les minorités nationales de la Norvège. Elles ne parlent pas toutes leur langue ancestrale, mais lorsque c'est le cas elles utilisent respectivement le same (Sames), le finnois (Kvène et Skogfinn) ou le tsigane.
- Les Sames
Les Sames,
appelés anciennement «Lapons» mais
Sâmidiggi
en langue same, parlent le same, une langue de la
famille
ouralienne, à l’instar du finnois, de l’estonien et du hongrois.
Depuis quelques années, le terme Lapon servant à désigner les autochtones est remplacé par
Sábme, Same ou Sami. La communauté same considère que le
mot Lapon revêt une connotation méprisante et étrangère et se qualifie
elle-même de Same. En français, on utilise de préférence le mot same
(adjectif) ou Same (nom). Soulignons que la plupart des Sames vivent dans les régions septentrionales de la Finlande, de la Norvège, de la Suède et de la Russie, mais la plus grande partie de la Laponie (Sápmi) se trouve en territoire norvégien. Quelque 70 000 à 100 000 Sames sont installés dans cette grande région nordique appelée Sápmi (voir la carte détaillée) dans laquelle on dénombre dix langues sames. Quelque 30 000 Sames vivent en Norvège; la plupart vivent dans la province du Finnmark, tout au nord du pays. Aux quelque 20 000 Sames de Norvège, il faut ajouter quelque 3000 autres en Finlande, 10 000 en Suède et environ 1000 en Russie. |
|
Au point de vue linguistique, les Sames de
Suède se répartissent en trois grands groupes linguistiques (le
groupe central, le groupe oriental et le groupe méridional) et cinq sous-groupes
au total (voir la carte et le tableau détaillés),
dont deux variétés (same de Pite et same d'Um) sont pratiquement
éteint :
Au point de vue de la législation, ces divers dialectes sont considérés comme formant une seule et même langue minoritaire, le same. Il est relativement aisé pour les Sames appartenant à un même groupe (central ou méridional) de se comprendre, chacun parlant sa variété linguistique. Mais c'est plus difficile entre, par exemple, le same du Nord et le same du Sud. |
En Norvège, le same de Lule est parlé dans une partie du Nordland (Tysfjord étant la municipalité comptant la plus grande concentration de locuteurs du same de Lule), le same méridional dans le Nordland au Trøndelag. Dans le Finmark oriental, à Varanger (près de la Russie), les Sames s’expriment en same de Skolt. La plupart des Sames de Norvège sont bilingues (same-norvégien); il s’agit généralement du bokmål puisque c’est cette langue (variété) qui est enseignée dans les écoles sames. Outre l'élevage des rennes, la pêche, l'agriculture, les Sames vivent, pour une bonne part, de leurs activités dans le secteur tertiaire. Faute de recensement récent des Sames en tant que groupe ethnique, le gouvernement norvégien ne dispose d'aucune statistique permettant d'évaluer le nombre exact de locuteurs natifs pratiquant l’une des variétés du same; les données numériques déjà mentionnées ne correspondent donc qu’à des approximations.
Présentement, le district administratif samophone comprend les communes de Karasjok, Kautokeino, Nesseby, Porsanger, Tano et Kåfjord. Les municipalités de Tysfjord et de Snåsa ont demandé de faire partie du district administratif samophone. Ce statut est important, car le same est devenu ainsi une langue officielle au même titre que le norvégien dans ce district administratif.
- Les Tsiganes
La Norvège compterait aussi deux communautés assez proches l'une de l'autre: environ de 2000 à 3000 «Romani / Voyageurs» et de 300 à 400 Rom / Tsiganes. Il s'agit de populations plus ou moins dispersées à travers tout le pays, bien que la plupart soient concentrés dans les grandes villes du Sud. Au sens de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, il s’agit de minorités «dépourvues de territoire». On ignore le nombre réel des membres de ces communautés; pour ce qui est de la connaissance de la langue, c'est le mystère le plus complet.
- Les Kvènes et les Skogfinn
Pas davantage que pour les autres minorités, il n’existe pas de statistique officielle pour les finnophones (famille ouralienne) résidant en Norvège. On croit qu'il peuvent compter sur un total de 10 000 à 15 000 personnes, dont quelques centaines pour les Skogfinn, mais le gouvernement norvégien les estime entre 2000 et 8000.
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On les appelle
Kven
(ou Kvènes en français et
Kveeni en finnois et en anglais) lorsqu'ils sont concentrés
au nord, le long de la frontière finno-norvégienne, ou Skogfinn
lorsqu'ils résident dans le Sud. Aujourd'hui, la plupart des locuteurs de la langue kvène résident surtout dans les petites municipalités norvégiennes du Nord-Est, dans le comté de Finnmark, telles Bugøynes (230 hab.), Neiden (250 hab.), Vestre Jakobselv (527 hab.), Vadsø (6186 hab.) et Børselv (4000 hab.). Dans le comté de Troms, situé à l'ouest du Finnmark, quelques locuteurs âgés se trouvent encore dans les municipalités de Nordreisa (4600 hab.) et de Storfjord (1900 hab.). Cependant, c'est la municipalité de Bugøynes (Finnmark) qui demeure la localité la plus importante pour les Kvènes de Norvège. Dans le nord-est, la langue parlée est assez similaire au finnois, alors qu'à l'ouest d'Alta les quelques locuteurs de cette langue présentent beaucoup de particularités, en raison d'un isolement plus profond par rapport à la Finlande. |
Même au sein de la communauté kvène, les opinions diffèrent divergent sur l’appellation de kvène ou de finnois qu’il convient de donner à la langue de ce groupe. L’État norvégien a souvent choisi la double forme kvène/finnois. Il existe également un désaccord, non seulement chez les Kvènes mais aussi chez les spécialistes, sur la question de savoir si le kvène constitue une langue «à part entière» ou une «variante du finnois». Certains Kvènes rédigent leurs textes en restant le plus près possible du kvène parlé; il s'agit alors de textes «écrits en kvène». Toutefois, la plupart des Kvènes écrivent leur langue en respectant la forme traditionnelle (en finnois standard) utilisée en Finlande, que ce soit pour les conjugaisons, les déclinaisons, le choix des mots, etc.; dans ce cas, les autorités avaient décidé qu’il s’agissait du «finnois» et non du «kvène». En avril 2005, le gouvernement norvégien a reconnu le kvène comme une «langue distincte», non comme un dialecte du finnois. On ignore le nombre réel des locuteurs de ce «finnois norvégien», mais les estimations laissent croire que ce serait autour de 5000 locuteurs (entre 2000 et 8000) pour le finnois kvène et 200 personnes pour le finnois skogfinn, ce qui en fait une langue menacée.
2.3 Les immigrants
Les immigrants forment un groupe non négligeable en Norvège. Jusque dans les années 1970, la Norvège était un pays extrêmement homogène. Puis il y a eu la découverte du pétrole dans la mer du Nord, ce qui a rendu le pays plus cosmopolite. En raison de l'exploitation pétrolière, le pays a eu d'immenses besoins en main-d'œuvre. Pour les combler, le nombre d'immigrants a triplé, juste entre 1995 et 2010. En 1999, le nombre de personnes immigrantes s'élevait en effet à 260 700, soit 5,89 % population totale. En 2006, le Bureau central de la statistique, le Statistisk sentralbyrå, avait comptabilisé quelque 45 800 immigrants sur le sol norvégien, soit 30 % de plus qu'en 2005. Au début de l'année 2009, il y avait 508 200 personnes d'origine immigrante en Norvège (immigrants et enfants d'immigrants), soit 10,6 % de la population totale.Dans le tableau ci-dessous (2008), le nombre d'immigrants (immigrants et enfants d'immigrants) est établi à 459 614, soit 9,7 % de la population du pays
1995 | 2008 | ||
---|---|---|---|
Population immigrante1 | Immigrés et nés en Norvège de parents immigrants2 | Population immigrante1 | Immigrants et nés en Norvège de parents immigrants2 |
186 039 | 215 048 | 380 644 | 459 614 |
4,3 | 5,0 | 8,0 | 9,7 |
92 887 | 99 737 | 185 517 | 203 098 |
13 860 | 14 414 | 25 081 | 26 244 |
17 265 | 18 489 | 17 775 | 19 220 |
5 015 | 5 576 | 30 636 | 32 069 |
9 409 | 9 664 | 13 130 | 15 649 |
6 761 | 7 134 | 16 348 | 17 472 |
10 247 | 10 756 | 11 145 | 11 784 |
788 | 807 | 11 869 | 12 823 |
4 173 | 4 399 | 6 057 | 6 528 |
2 872 | 3 197 | 5 422 | 5 998 |
2 349 | 2 542 | 3 225 | 3 586 |
1 904 | 1 980 | 2 981 | 3 171 |
1 260 | 1 602 | 1 532 | 1 923 |
1 096 | 1 176 | 1 677 | 1 789 |
922 | 977 | 1 514 | 1 597 |
7 580 | 9 064 | . | . |
. | . | 8 238 | 11 052 |
. | . | 2 302 | 2 807 |
7 386 | 7 960 | 26 585 | 29 386 |
14 433 | 17 579 | 43 036 | 56 376 |
3 328 | 3 995 | 16 208 | 21 795 |
3 026 | 4 194 | 4 636 | 7 553 |
1 875 | 2 261 | 3 148 | 3 856 |
43 | 46 | 2 608 | 3 440 |
1 099 | 1 322 | 1 362 | 1 809 |
5 105 | 5 807 | 15 074 | 17 923 |
60 918 | 78 485 | 128 409 | 174 040 |
11 507 | 18 773 | 16 110 | 29 134 |
2 337 | 2 536 | 18 132 | 22 881 |
10 520 | 13 331 | 12 571 | 19 226 |
7 099 | 7 793 | 12 626 | 15 134 |
5 951 | 7 113 | 8 264 | 13 063 |
3 974 | 4 513 | 9 671 | 10 817 |
1 925 | 1 996 | 9 448 | 9 750 |
3 704 | 5 161 | 5 849 | 8 484 |
359 | 430 | 7 054 | 8 012 |
2 728 | 3 073 | 5 160 | 6 124 |
964 | 1 166 | 1 543 | 2 248 |
5 922 | 8 043 | 9 819 | 15 003 |
3 928 | 4 557 | 12 162 | 14 164 |
10 028 | 10 405 | 10 967 | 11 494 |
8 078 | 8 350 | 6 918 | 7 171 |
1 018 | 1 053 | 1 322 | 1 362 |
932 | 1 002 | 2 727 | 2 961 |
6 993 | 8 034 | 11 300 | 13 157 |
5 074 | 5 961 | 5 797 | 7 279 |
502 | 519 | 2 081 | 2 150 |
1 919 | 2 073 | 3 422 | 3 728 |
778 | 808 | 1 415 | 1 449 |
Les nationalités les plus représentées parmi la population d'origine immigrante, outre les Suédois et les Danois, sont les Polonais, les Bosniaques, les Allemands, les Russes, les Somaliens, les Pakistanais, les Irakiens, les Iraniens, les Vietnamiens, les Sri Lankais et les Turcs. L'Europe constitue encore le continent d'origine de la majorité des immigrants, mais le nombre de nouveaux arrivés originaires de l'Asie (incluant la Turquie) va probablement dépasser celui des immigrants européens. Pour le moment, sept immigrants sur dix sont des Européens. Suivent ensuite les immigrants en provenance de l'Afrique et de l'Amérique. L'immigration des citoyens des pays africains est d'environ 3000 au tournant du millénaire, mais elle a depuis augmenté et a atteint 5700 en 2010.
Au final, on peut dénombrer plus de 150 langues différentes. Parmi les plus grand langues de l'immigration. telles que mesurées en fonction du nombre des locuteurs en Norvège, il faut mentionner l'ourdou, le panjabi, le suédois, l'anglais, le danois, le vietnamien, le serbo-croate (bosniaque, croate et serbe) et l'albanais, le tout avec plus de 15 000 locuteurs pour ces seules langues.
Oslo est la ville avec le plus grand pourcentage d'habitants d'origine immigrante, avec plus de 150 100, soit 25 % de sa population totale. Les autres villes sont Rogaland et Hordaland avec 4900 et 4400 respectivement. Oslo, Rogaland et Hordaland rassemblent ensemble près de la moitié du solde migratoire total de la Norvège. Cette situation a entraîné l'apparition de partis de droite, voire d'extrême-droite, en Norvège, qui dénoncent l'immigration massive. Par exemple, le Parti du progrès, réputé pour être nationaliste et xénophobe, a recueilli plus de 22 % des voix aux élections législatives de 2009; son chef a fait de l'islamophobie la matrice de son discours politique. Depuis la tragédie de juillet 2011, faisant plus de 80 morts, la plupart des partis politiques norvégiens se sont dissociés de la tuerie et ont dénoncé ceux qui, dans leur rang, la minimisent. La thèse d'une attaque islamiste a été avancée à tort, car le tueur était un Norvégien, pas un musulman. S'il est vrai que les immigrants adultes apprennent peu le norvégien, les petits enfants, eux, l'apprennent tôt dans les garderies en bonne partie subventionnées par l'État.
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(5) Bibliographie |