En principe, le Tchad est un État laïc, mais la religion demeure un élément important dans ce pays. Plus de la moitié de la population, 55,7 %, est de confession musulmane (sunnite, confrérie soufie tidjane), alors que 20 % des Tchadiens sont catholiques et 15 % protestants. Il existe également une petite communauté orthodoxe. Les autres pratiquent des religions traditionnelles animistes. Il existe des tensions entre les chrétiens et les musulmans, ainsi qu'entre les musulmans modérés et les fondamentalistes. Le Nord est perçu comme musulman et arabophone, le Sud comme chrétien et francophile. Ainsi, le conflit entre le Nord et le Sud est exacerbé par l'opposition entre deux religions et deux langues: l'arabe et l'islam au nord, le christianisme et le français au sud.

Musulman à plus de 55 %, le Tchad est le plus méridional et le plus occidental des pays d'Afrique où la communauté arabophone représente une présence significative. C'est pourquoi le débat sur le statut de la langue arabe y est particulièrement sensible, car c'est un pays où l'héritage colonial a légué à la langue française un statut privilégié. Beaucoup de Tchadiens musulmans contestent la Constitution laïque actuelle parce qu'elle institue une christianisation indue de l'État, par exemple, le congé hebdomadaire du dimanche, les vacances scolaires des fêtes de Noël et de Pâques, l'usage privilégié du français aux dépens de l'arabe, l'instauration éventuelle d'un nouveau Code de la famille, etc.