4.3 Les immigrants étrangers

On sait que John Law avait fait venir de nombreux immigrants allemands, italiens et suédois, sans oublier les militaires suisses, écossais et irlandais. La plupart des immigrants germanophones conservèrent leur langue maternelle durant tout le Régime français, même s'ils adoptaient un nom français, souvent dès leur départ de France. En Louisiane, ils étaient regroupés dans quelques petits villages et pouvaient utiliser leur langue germanique entre eux, sans aucun inconvénient.  Ces quelques douzaines de familles germaniques qui s'établirent sur les rives du Mississippi en 1722 ne représentaient qu'une fraction des 4000 «Allemands» que la Compagnie des Indes destinait à la Louisiane. Ils ne constituaient pas moins un élément indissociable de l'implantation de la colonie louisianaise.

Toutefois, il ne faut pas croire que les «Allemands» parlaient généralement l'allemand standard (le Hochsprache). En effet, la plupart de ces germanophones employaient l'une des nombreuses variétés dialectales de l'allemand, telles que le Schleswigsch, le Holsteinisch, le Märkisch, le Moselfränkisch, le Rheinfränkisch, le Thürungisch, l'Obersächsisch, le Südfränkisch, l'Ostfränkisch, le Nordbairisch, etc. La situation était identique pour les Suisses avec les dialectes alémaniques (Schweizerdeutsch). Évidemment, ces immigrants des pays germaniques apprirent le français comme langue seconde, mais conservèrent néanmoins leur langue et leur culture jusqu'à la fin du Régime espagnol (1763-1800). Dès que ces immigrants mariaient des ressortissants français, ils perdaient leur langue à la génération suivante. Voici quelques exemples de patronymes francisés: Roïnmel s'est modifié en Romme, Scheckschneider en Gheznaidre, Schaf en Chauffe, Schantz en Chance; Zweig s'est transformé en Labranche, Schneider en La Taille, etc.