Cymru - Wales

Pays de Galles

(Royaume-Uni)

Capitale: Cardiff 
Population: 3,1 millions  (2021)
Langues officielles: anglais et gallois 
Groupe majoritaire: anglais (80 %) 
Groupes minoritaires: gallois (17,8 %), polonais, roumain, panjabi, ourdou, portugais, espagnol, arabe, bengali, gujarati, italien, français, chinois, etc.
Système politique: région administrative du Royaume-Uni  
Articles constitutionnels (langue): aucun 
Lois linguistiques: Loi de 1967 sur la langue galloise (abrogée); Loi sur la langue galloise (1993); Règlement sur les sociétés (formulaires et documents en gallois) - 1994;
Décret-loi sur l'Assemblée nationale du pays de Galles (compétence législative) (langue galloise), 2010; Règlement sur le commissaire à la langue galloise (Nomination) (2011); Ordonnance sur la langue galloise (2011).
Lois scolaires:
 Loi sur l'éducation (1996); Loi sur l'éducation (2002); Loi sur le programme et l'évaluation scolaire (2021).

Lois à portée linguistique:
Loi sur les tribunaux gallois (1942, partiellement abrogée);  Loi sur la nationalité britannique (1981);  Loi sur le gouvernement du pays de Galles (1998,
ABROGÉE); Loi sur la nationalité, l'immigration et le droit d'asile (2002);  Règlements n° 2785 sur la nationalité britannique (2005); Loi sur le gouvernement du pays de Galles (2006).
 

1 Présentation générale

Signalons que, dans un texte en français, l'appellation «pays de Galles» s'écrit avec un [p] minuscule parce qu'il est suivi d'un nom propre, mais on écrit le «Pays basque» et  «Pays valencien» avec un [p] majuscule et un [b] ou un [v] minuscule parce le mot «pays» est suivi d'un adjectif (voir la règle, no 4, règle 3).   

1.1 La géographie

Le pays de Galles (en anglais: Wales; en gallois: Cymru) est l’une des «provinces historiques» du Royaume-Uni (243 610 km² avec l’Angleterre, l'Écosse et l’Irlande (voir la carte 1). D'une superficie de 20 779 km² (Belgique: 30 527 km²) et occupant le sud-ouest de l'île de Grande-Bretagne (229 850 km², le pays de Galles est bordé au nord par la mer d'Irlande, à l'est par l’Angleterre (les comtés anglais du Cheshire, du Shropshire, de Hereford & Worcester et du Gloucester), au sud par le canal de Bristol et à l'ouest par le canal Saint-Georges et la baie de Cardigan (voir la carte). La capitale du pays de Galles est Cardiff; située tout au sud-est, elle constitue le principal port de la région et est devenue le centre le plus important de la construction navale.

Le pays de Galles compte 22 entités administratives: dix arrondissements de comté, neuf comtés et trois villes; il était divisé auparavant en 13 comtés historiques (voir la carte).

1.2 L'étymologie

Les termes anglais Wales et Welsh dérivent de la même racine du vieil anglais (sing.: Wealh; plur.: Wēalas), un mot issu du proto-germanique *Walhaz, qui était lui-même dérivé du nom du peuple gaulois connu des Romains sous le nom de Volcae et qui en est venu à désigner indistinctement les habitants de l’Empire romain d’Occident. Les Anglo-Saxons en vinrent à utiliser le terme pour désigner les Britanniques en particulier. Puis la forme plurielle Wēalas a évolué pour devenir le nom de leur territoire, le pays de Galles. En fait, le mot Wēalas peut se référer aux Britanniques de Cornouailles, du pays de Galles et de l'Écosse, et aussi historiquement aux habitants d’autres parties de la Grande-Bretagne avant la colonisation anglo-saxonne. Par conséquent, Wēalas a parfois été qualifié afin de désigner une application plus spécifique, par exemple, les mots Cornwealas et Westwealas désignaient les Bretons de Cornouailles, Norðwealas les Britanniques de (parties du) pays de Galles, c’est-à-dire du nord des Cornouailles, Stræcledwalas les Bretons de Strathclyde. Dans chaque cas, le mot désignait également leurs terres respectives. Le composé Brytwealas désignait généralement les premiers Britanniques.

Les noms modernes de divers peuples de langue romane en Europe continentale, par exemple Wallonie, Valachie, Valais, Valaques, le Welsch allemand et le Włochy (le nom de l'Italie en polonais) ont une étymologie similaire.

En vieil anglais, Wealh et ses dérivés étaient parfois employés pour désigner les étrangers plus généralement, en particulier dans les noms faisant référence à la Gaule ou à la France et à leurs habitants. Par exemple, le vieil anglais dérivé Galwalas signifiait «Gaulois», donc «Gaule». Par ailleurs, l’adjectif allemand welsch signifie «roman», car il fait particulièrement référence au romanche, la langue rhéto-romane parlée dans le canton suisse des Grisons.

Les dénominations Wales en anglais et Cymru en gallois, de même que Galles en français, racontent chacune une histoire. Les termes Galles et Wales, qui proviennent du germanique "Wealh/Wēalas", désignaient les «étrangers» (ou les gens «non-germaniques»), ce qui a également donné les mots Wallon, gallo (le pays Gallo, la partie francophone de la Bretagne) et le patronyme flamand De Gaulle signifiant «le non-flamand» (ou «étranger»). Quant à Cymru, il remonte à l'ancien mot indo-européen "kymê" signifiant «extrémité, limite, bord du monde», qui a aussi donné Cimbres (peuple du Danemark) et Cimmériens.

1.3 Le drapeau
 

Le dragon rouge était un étendard des armées romaines, sous le règne de l'empereur Trajan (98-117). Les Gallois l'ont adopté et s'en sont servi dans leur lutte contre les envahisseurs anglo-saxons. Le nom latin du pays de Galles est Cumbria (en français: la Cambrie). Le mot a donné son nom à un comté britannique (Cambria) et sert à désigner également une période de la préhistoire : le cambrien et précambrien. Pour les Romains, les Allemands et les Anglo-Saxons, le terme de Gallois/Wales désignait tous les «étrangers».

1.4 La dévolution ou la décentralisation

Rappelons que, le 1er juillet 1999, le gouvernement du Royaume-Uni accordait officiellement la «dévolution» des pouvoirs (ou «décentralisation») aux autorités régionales du pays de Galles, de l'Écosse et de l'Irlande du Nord. Depuis cette décentralisation, le gouvernement britannique utilise l'expression devolved administrations pour désigner les trois «entités» en question, ce qui se traduirait en français par «administrations déléguées». En réalité, le seul terme utilisé décrivant le territoire est celui de area, ce qui équivaut en français à «région». On a également recours aux expressions local authorities («autorités locales») et local government («administration locale») pour désigner les «administrations déléguées» ou les administrations locales, ainsi que le mot nation («nation») pour dénommer la population de chacune des «régions déléguées». On emploie aussi les termes central government («gouvernement central») pour désigner le gouvernement de Londres.

Le Royaume-Uni n'étant pas une fédération, il n'est pas possible de recourir à des termes tels que «État» (comme aux États-Unis), «province» (comme au Canada et en Afrique du Sud) ou «canton» (comme en Suisse). Le Royaume-Uni n'a pas non plus retenu les expressions telles que «région autonome» (comme en Italie) ou «communauté autonome» (comme en Espagne). Bref, la terminologie demeure incertaine et ambiguë pour désigner les nouvelles entités découlant de la dévolution.

On dit aussi que le Royaume-Uni d'aujourd'hui est formé de quatre «pays constitutifs» ("constituent countries") ou «nations constitutives» ("Home Nations" ou "Home Countries"): l'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande du Nord et le pays de Galles. En ce sens, l'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande du Nord, l'Île de Man, Jersey, Guernesey, Aurigny et Sercq sont des «pays indépendants» au point de vue des l'adoption des lois, bien qu'aucun d'entre eux ne soit un État reconnu en droit international.

Pour les Anglais, le pays de Galles en particulier a toujours été une «région» de leur royaume, comme le laisse voir l’Union Jack, symbolisant l’union de trois royaumes (Angleterre, Écosse et Irlande): la croix de Saint-Georges pour l'Angleterre, la croix de Saint-André pour l'Écosse et la croix de Saint-Patrick pour l'Irlande, ce qui signifie que le pays de Galles est exclus parce que le drapeau du pays a été conçu lorsque le pays du Galles ne faisait pas partie du Royaume-Uni. L'Angleterre n’a officiellement pas de drapeau propre et elle utilise celui du Royaume-Uni, l’Union Jack.

Le pays de Galles dispose d'une Assemblée nationale de Galles ("National Assembly for Wales") ou d'une Assemblée galloise ("Welsh Assembly") ou en gallois: Cynulliad Cenedlaethol Cymru. Cette assemblée fut créée par le Parlement britannique en 1999, à l'issue d'un référendum qui s'est tenu au pays de Galles en 1997. 

2 Données démolinguistiques

L’anglais est la langue maternelle de la quasi-totalité des Gallois. Cependant, il faut distinguer l'anglais standard, celui qui est parlé en Angleterre et qui est enseigné dans les écoles, et celui qui est employé quotidiennement dans les communications informelles par les Gallois, c'est-à-dire l'anglo-gallois, une variété d'anglais.

2.1 L'anglo-gallois

Il s'agit d'un «anglais du pays de Galles» (anglo-gallois), légèrement différent de celui de l'Angleterre. On anglais, on emploie les mots «Welsh English», «Anglo-Welsh» ou «Wenglish». Cet anglo-gallois est perçu négativement comme un "dialect" («dialecte») fortement influencé par la grammaire galloise et comprenant des mots issus du gallois. En outre, on distingue dans cet anglo-gallois une variété d'accents particuliers — ''with often comic effect'' (avec un effet amusant)  — à chacune des régions du pays, notamment à Cardiff, dans les Galles du Sud (South Wales), les Galles du Nord-Est (North East Wales) et les Galles occidentales (Western Wales).

La variété anglo-galloise peut être divisée en deux sous-variétés : l’anglo-gallois du Nord et l'anglo-gallois du Sud. L’anglais du nord du pays de Galles est probablement la variété avec la plus grande influence galloise, car le Nord était la région où l’anglais s’est répandu en dernier. L’anglo-gallois du Sud peut à nouveau être divisé en deux sous-variétés principales, une variété orientale et une variété occidentale. Ce dernier est encore une variété plus rurale. La variété orientale est plus urbaine, car elle est parlée dans et autour des villes du pays de Galles. Ainsi, l’anglo-gallois du Sud-Est est la variété la plus proche de l’anglais standard. C’est aussi la variété de l'anglo-gallois qui montre le moins d'influence du gallois.

De façon générale, le gallois a eu un fort impact sur l’anglais parlé dans la région en lui donnant un accent très particulier, des caractéristiques grammaticales particulières et des emprunts linguistiques distincts.

2.2 La langue galloise

Groupe

Langues

Gaulois (éteint) gaulois, celtibère
Brittonique breton, gallois (cymrique), cornique
Gaélique irlandais, écossais, mannois

Le gallois est une langue indo-européenne du groupe celtique à l’exemple du gaélique écossais, de l’irlandais, du mannois et du breton (en France). Le pays de Galles et les Gallois sont les vestiges d'un peuple préromain de Grande-Bretagne, dont la langue celtique était parlée depuis des milliers d’années. À l’origine, il s’agissait du brittonique commun, qui allait devenir plus tard le gallois (ou cymrique), le cornique, le breton et peut-être le picte.

À l’époque romaine, le gallois a également subi une influence latine. Les locuteurs d'une langue gaélique (écossais, irlandais et mannois) ou brittonique (gallois, breton et cornique) peuvent plus ou moins se comprendre dans leur sous-groupe, mais il n'en est pas ainsi entre deux sous-groupes distincts, surtout pour les locuteurs des langues brittoniques. Par exemple, un locuteur de l'irlandais aura non seulement beaucoup de difficulté à comprendre un locuteur du gallois; de façon générale, il est impossible de soutenir une conversation entre un gallophone et un irlandophone, chacun dans sa langue.

En ce qui a trait aux locuteurs du gallois, il est intéressant de vérifier la situation du gallois depuis plus d'un siècle:

1891 1901 1911 1921 1931 1951 1961 1971 1981 1991 2001 2021
54,4 % 49,9 % 43,5 % 37,1 % 36,8 % 28,9 % 26,0 % 20,8 % 18,9 % 18,6 % 18,6 % 17,8 %
910 289 929 824 977 366 922 092 909 261 714 686 656 002 542 465 508 207 508 098 508 098 538 300

Source: Aichison & Carter (1994); prévisions de la Swyddfa Cymreig (Oficina Gal-lesa; recensement de 2021).

On constate que le pourcentage des locuteurs du gallois a toujours chuté depuis 1891, bien que leur nombre absolu se soit maintenu jusqu'au milieu du XXe siècle. Ensuite, en l'espace de deux ou trois décennies, la dégringolade s'est accentuée pour se maintenir au-dessus de la barre des 500 000 locuteurs. Il semble que, depuis une décennie, le nombre des locuteurs du gallois soit resté à peu près stable à 18,6 %, puis à 17,8% en 2021.

- Les compétences en gallois

Le graphique à colonnes ci-contre illustre le pourcentage des personnes âgées de trois ans ou plus pouvant comprendre le gallois, c'est-à-dire le parler, le lire ou l'écrire en 2021 et comment ces changements ont été observés depuis le recensement de 2011.

Près des trois quarts de la population âgée de trois ans et plus (74,8%) ont déclaré ne pas avoir de compétences en gallois en 2021. Il s’agit d’une augmentation de ce groupe par rapport à 73,3% en 2011.

Le pourcentage de personnes capables de parler, de lire et d’écrire le gallois a légèrement diminué, passant de 14,6% à 14,2% (soit environ 1400 individus de moins). Il s’agit d’une diminution plus faible que celle observée pour le pourcentage et le nombre de personnes âgées de trois ans ou plus capables de parler le gallois. Le pourcentage de personnes aptes à comprendre le gallois parlé (mais incapables de parler, de lire ou d’écrire le gallois) a légèrement diminué, passant de 5,3% en 2011 à 5,2% en 2021.

Le recensement de 2021 révèle aussi que 67% des gallophones parlent quotidiennement le gallois, notamment parce qu'ils utilisent régulièrement la langue à l'école; pour le groupe des 16 à 29 ans, 45% des locuteurs parlent aussi quotidiennement le gallois. Quant aux personnes âgées de plus de 65 ans, elles le parlent quotidiennement dans une proportion de 60%.

Il existe un lien évident entre la fréquence à laquelle un locuteur parle le gallois et sa maîtrise. De plus, les locuteurs employant couramment le gallois parlent la langue plus souvent que ceux qui ne le parlent pas couramment.

Selon le recensement de 2021, environ 57 000 personnes au pays de Galles parlent le gallois comme langue maternelle, soit 1,8% de la population. De ces 57 000 personnes, environ 20% seraient des locuteurs unilingues gallois, ce qui représenterait plus de 11 000 personnes. Dans les faits, cela signifie que la quasi-totalité des locuteurs du gallois est bilingue; les individus parlent l'anglais comme langue maternelle et le gallois comme langue seconde qu'ils utilisent plus ou moins en fonction de l'âge et des circonstances.

- Le gallois par groupe d'âge

Le tableau qui suit présente le nombre et le pourcentage de personnes capables de parler le gallois, selon le groupe d’âge, entre 2011 à 2021:

Groupe d'âge

2011 2011 2021 2021 Différence Différence
  Nombre % Nombre % Nombre Point de %
3 à 4 ans 16 500 23,3 % 11 900 18,2 % -4 500 -5,2 %
5 à 15 ans 152 300 40,3 % 134 700 34,3 % -17 600 -6,0 %
16 à 19 ans 43 700 27,0 % 38 800 27,5 % -48800 +0,5 %
20 à 44 ans 150 700 15,6 % 153 800 16,5 % +3 000 +0,9 %
45 à 64 ans 107 900 13,3 % 107 300 13,0 % -600 -0,2 %
65 à 74 ans 45 100 15,0 % 45 900 12,8 % +800 -2,2 %
75 ans ou plus 45 800 17,5 % 45 800 15,1 % 0 -2,4 %
Tous les âges 562 000 19 % 538 300 17,8 % - 23 700 -1,2 %

C'est le groupe d'âge de 5 à 15 ans et celui de 16 à 19 ans qui maîtrisent le plus le gallois, car ils l'ont appris à l'école, bien qu'il y ait une baisse pour le premier groupe. Parmi ceux qui ont appris à parler le gallois à la maison, 82% le parlent couramment, alors que ceux qui ont appris à parler le gallois à l'école le parlent couramment dans une proportion de 42%. Près de 90% de ceux dont les deux parents sont capables de parler le gallois peuvent le parler couramment eux-mêmes. De plus, 54% de ceux dont le père est capable de parler le gallois pourrait couramment le parler eux-mêmes; lorsque c'est la mère qui le parle couramment, 64% des enfants peuvent eux-mêmes le parler.

- Les régions gallophones

Cette carte montre comment le pourcentage de personnes âgées de trois ans ou plus capables de parler le gallois, par autorité locale (comtés ou villes). Les autorités locales du nord-ouest du pays de Galles ont les pourcentages les plus élevés, tandis que les autorités locales du Sud-Est ont les pourcentages les plus faibles.

Le jour du recensement, le 21 mars 2021, environ 538 300 résidents au pays de Galles âgés de trois ans ou plus ont déclaré pouvoir parler gallois, soit 17,8% de la population. Il s’agit d’une diminution d’environ 23 700 personnes depuis le recensement de 2011 et de 1,2 point de pourcentage de moins que lors du recensement de 2011.

Le pourcentage de personnes âgées de trois ans ou plus capables de parler gallois en 2021 était le plus bas jamais enregistré dans un recensement. La diminution du nombre et du pourcentage de personnes âgées de trois ans ou plus capables de parler gallois est principalement due à une baisse chez les enfants et les jeunes qui ont déclaré pouvoir parler gallois.

Les enfants âgés de 5 à 15 ans ont connu une baisse de 6,0 points de pourcentage de la proportion déclarée apte à parler gallois entre 2011 et 2021. Une diminution similaire a été observée chez les enfants de 3 à 4 ans.

Le tableau ci-dessous présente le pourcentage des locuteurs (par comté, arrondissement ou ville) pouvant s'exprimer en gallois (voir la carte):

  Par autorité locale 2021 Âgés de plus de trois ans Peut parler gallois Pourcentage de personnes
qui déclarent pouvoir parler le gallois
Ne peut pas parler gallois
  Total pays de Galles 3 057 400 900 600 29,5 % 2 155 100
20 Gwynedd 119 200 88 400 74,2 30 800
21 Anglesey 68 300 42 900 62,8 25 400
14 Ceredigion 74 700 43 100 57,7 31 600
13 Carmarthenshire 178 200 90 900 51,0 87 300
19 Conwy 113 200 44 900 39,7 68 300
18 Denbighshire 92 800 35 000 37,8 57 600
15 Powys 128 500 39 500 30,7 89 000
22 Pembrokeshire 122 100 33 500 27,4 88 600
16 Wrexham 137 400 36 500 26,6 100 900
7 Cardiff 364 100 94 200 25,9 269 900
2 Caerphilly 174 900 43 000 24,6 131 800
17 Flintshire 153 000 36 400 23,9 116 200
8 Vale of Glamorgan 125 800 30 000 23,9 95 800
9 Bridgend 139 800 31 800 22,8 107 900
11 Neath Port Talbot 138 800 31 400 22,6 107 400
6 Newport 144 600 32 400

22,4

112 100
1 Merthyr Tydfil 58 100 12 700 21,8 45 400
10 Rhondda Cynon Taf 234 800 46 400 19,8 188 100
12 Swansea 241 000 46 300 19,2 194 300
4 Torfaen 90 000 15 800 17,6 74 200
5 Monmouthshire 90 600 15 700 17,3 74 900
3 Blaenau Gwent 67 600 9 800 14,5 57 800

 

No Région Pourcentage
20 Gwynedd + 55 %
21 Anglesey + 55 %
14 Ceredigion  40 % - 55 %
19 Conwy  25 % - 39 %
13 Carmarthenshire  25 % - 39 %
Ceux qu'on qualifie de gallophones (ou de «gaélisants» au pays de Galles) sont plus nombreux dans certaines régions, notamment le comté de Gwynedd (n° 20), l'île d'Anglesy (n° 21), le comté de Ceredigion (n°14), le comté de Conwy (n°19) et le comté de Carmarthenshire (n° 17).

Les comtés (ou parties de comté) dans lesquels les gallophones sont les moins nombreux sont surtout situés au sud du pays de Galles: Neath Port Talbot, Bridgend, Vale of Glamorgan, Rhondda Cynon Taff, Caerphilly, Merthyr Tydfil, etc. Dans la ville de Cardiff (pas le comté), la capitale du pays de Galles, le pourcentage des gallophones est plus de 11 %. Toutefois, même dans les districts où les locuteurs sont en faible proportion, leur nombre ne saurait être tenu pour négligeable.

2.3 Les langues immigrantes

Les pays qui ont contribué le plus par leur nombre de migrants sont dans l'ordre, la Pologne, l'Inde, l'Allemagne, l'Irlande, la Roumanie, le Pakistan, le Bangladesh, la Chine, l'Afrique du Sud et les Philippines. 

Par conséquent, les langues immigrantes numériquement les plus importantes sont les suivantes: le polonais, le roumain, le panjabi, l'ourdou, le portugais, l'espagnol, l'arabe, le bengali, le gujarati, l'italien, le français, le chinois, etc.

Au pays de Galles, la Pologne est restée le pays de naissance le plus courant en dehors du Royaume-Uni en 2021 (24 832 personnes, 0,8% de tous les résidents habituels). La plus grande variation en pourcentage depuis 2011 concerne ceux qui ont indiqué la Roumanie comme pays de naissance. Le nombre de résidents au pays de Galles indiquant la Roumanie comme pays de naissance a presque quintuplé (469,9%) entre 2011 et 2021, augmentant de 7 025. Cette augmentation est principalement due à la levée des restrictions de travail pour les citoyens roumains en 2014. Le nombre indiquant la République d'Irlande comme pays de naissance a diminué de 2 177. Le pourcentage de résidents habituels nés hors du pays de Galles est passé de 27,3 % (837 000) en 2011 à 29,1 % (905 000) en 2021, dont une augmentation de 23 000 personnes nées en Angleterre.

3 Le statut politique du pays de Galles

Jusqu'en 1999, le pays de Galles était encore gouverné comme étant une partie intégrante de la Grande-Bretagne. Le secrétaire d'État pour le pays de Galles était responsable des affaires propres à cette région. Depuis 1964, il existait un secrétariat d'État aux Affaires galloises au sein du gouvernement britannique qui a, par ailleurs, établi un bureau aux Affaires galloises à Cardiff.

3.1 L'Assemblée galloise

Ce régime politique a été profondément modifié. En effet, dans le cadre du référendum tenu le 18 septembre 1997, quelque 51,3% des Gallois ont voté en faveur de la création d'une Assemblée galloise, alors que 49,7% ont voté contre celle-ci. Des élections furent prévues en mai 1998 afin d’élire les représentants de l’Assemblée galloise. La Loi sur le gouvernement du pays de Galles de 1998 (Government of Wales Act 1998), probablement la loi la plus importante jamais adoptée sur les affaires galloises, prévoyait une Assemblée galloise qui devait s’occuper en 1999 des affaires intérieures (justice, éducation, culture, administration locale, patrimoine, logement, santé, agriculture) du pays de Galles. La dévolution des pouvoirs a été officiellement opérée par le gouvernement du Royaume-Uni aux autorités régionales du pays de Galles le 1er juillet 1999. L'Assemblée galloise a alors pris sous sa responsabilité certaines des fonctions du gouvernement britannique, notamment la langue galloise, l'enseignement et la formation, le développement économique et l'administration locale.

Cependant, l’Assemblée galloise parut très différente de celle de l’Écosse, car elle ne disposait d'aucun pouvoir législatif et ne pouvait lever des impôts. C’est probablement ce qui explique qu’une infime majorité des Gallois (51,3%) ait voté en faveur de la dévolution. Quant au Parlement du Royaume-Uni, il demeurait le seul souverain, la reine continuant d’être le chef de l'État, et le pays de Galles faisait encore partie intégrante du Royaume-Uni. N'oublions pas que la Législature ou l'Assemblée galloise n'était pas une autorité souveraine, car le Parlement britannique pouvait à tout moment abroger une loi adoptée par l'Assemblée du pays de Galles.

Jusqu'en 2006, l'Assemblée galloise ne disposait que d'un pouvoir «règlementaire» sur les questions les plus importantes. Cela signifiait qu'elle possédait seulement le pouvoir de demander au Parlement britannique d'adopter des lois spéciales destinées au pays de Galles. Le secrétaire d'État pour le pays de Galles était responsable des affaires propres à cette région.

3.2 L'adoption de ses propres lois

Le 25 juillet 2006, le Parlement britannique a adopté la Loi sur le gouvernement du pays de Galles permettant à l'Assemblée galloise de voter ses propres lois dans certains domaines de compétence, sans devoir passer par le Parlement britannique.  Le référendum du 3 mars 2011 a donné le pouvoir à l'Assemblée nationale pour le pays de Galles d'adopter des lois, et non plus seulement des «mesures» ("measures": «a legislative bill or enactment»), dans les 20 domaines qui lui sont dévolus, dont celui de la langue :

1. Agriculture, pêche, forêt et développement rural
2. Monuments et bâtiments historiques
3. Culture
4. Développement économique
5. Éducation et formation
6. Environnement
7. Services incendie et de secours et promotion sur la sécurité incendie
8. Alimentation
9. Santé et services de santé
10. Voirie et transport
11. Logement
12. Collectivités territoriales
13. Assemblée nationale pour le pays de Galles
14. Administration publique
15. Aide sociale
16. Sport et loisirs
17. Tourisme
18. Urbanisme
19. Lutte contre l'eau et les inondations
20. Langue galloise

Ces "measures" sont des textes législatifs correspondant en français à des «ordonnances» ou à des «décrets», mais ils peuvent devenir des lois après avoir franchi différentes étapes, dont celle de recevoir l'autorisation de «Sa Majesté en conseil» (gouvernement) et la sanction royale (promulgation). 

4 Données historiques

Vieille de quelque 1400 ans, la langue galloise est probablement l’une des plus anciennes langues vivantes d’Europe.

Le territoire du pays de Galles actuel fut d'abord occupé par les Ibères, installés au néolithique (vers 4000 ans avant notre ère), des îles Britanniques à la péninsule italienne, puis par les Celtes qui parlaient alors le brittonique ancien. Cette langue celtique est arrivée en Grande-Bretagne vers 600 avant notre ère, avec une version évoluant en brittonique qui a formé la base du gallois, du cornique et du breton. C'est donc de cette langue ancienne que sont issus le gallois, le cornique et le breton.

Avant l'arrivée des Romains en 43 de notre ère, certains peuples occupaient le territoire gallois: les Deceangli dans le Nord-Est, les Gangani dans le Nord-Ouest, les Ordovices dans le Centre, les Silures dans le Sud-Est et les Demetae dans le Sud-Ouest. Ces peuples parlaient des variétés galloises différentes.

À la suite de longs conflits avec les Romains, la plupart des nations galloises furent assujetties sous le règne de l’empereur romain Vespasien (69-79). Lors de l'occupation romaine, les Gallois portaient le nom de Cymry (qui signifie «compatriote»). C'est au cours du Ve siècle que la langue galloise de Grande-Bretagne reçut le plus grand nombre de mots latins, soit environ 600, appartenant à divers domaines dont, entre autres, la vie militaire, l'agriculture et la navigation.

Voici quelques exemples provenant du latin : ffenestr (< fenestra: «fenêtre»), pont (< pōns, génitif pontis: «pont»), ffynnon (< fontāna: «fontaine»), cannwyll (< candēla: «chandelle»), ffrwyth (< frūctus: «fruit»), ffa (< faba: haricot»), pysgod (< piscātum: «poisson»), mur (< mūrus: «mur»), gwin (< vīnum: «vin»), caws (< cāseu: «fromage»), llaeth (< lac, génitif lactis: «lait»), carchar (< carcer: «prison»), saeth (< sagitta: «flèche»), perygl (< periculum: «danger»), parod (< parātus: «prêt»).

4.1 Le Moyen Âge

Au VIe siècle, les Celtes de l’île de Grande-Bretagne durent fuir les envahisseurs anglo-saxons et trouvèrent refuge dans les montagnes galloises où, avec le temps, ils s'unirent aux autochtones, dont des Celtes irlandais, et réussirent à conserver leur indépendance vis-à-vis les conquérants. Pour ces derniers, les Gallois étaient des «wealhas», c'est-à-dire des «étrangers», d'où est dérivé le mot Welsh. Les Gallois résistèrent victorieusement et leur langue prospéra dans les actes officiels et le droit coutumier, notamment dans les cours de justice et les procès-verbaux, ainsi que dans la littérature (poésie courtoise et contes chevaleresques). Toute la noblesse galloise s’exprimait en gallois.

Au Xe siècle, le pays de Galles était le seul pays d'Europe à posséder une littérature nationale rivalisant à côté d'une littérature impériale en langue latine (écrite). Puis, à la suite de la conquête normande, le pays de Galles commença à se fissurer. En effet, Guillaume le Conquérant (1027-1087) s’appropria une partie du pays pour distribuer des terres à ses barons normands. Puis, en 1081, débuta une invasion normande plus offensive de sorte qu'une grande partie du pays de Galles passa sous le contrôle du fils aîné de Guillaume le Conquérant, le roi Guillaume II. Les Normands repoussèrent les Gallois vers l'ouest. Une partie du pays de Galles se mit alors au franco-normand (noblesse) et au latin (actes juridiques). Les Gallois détestaient les Normands, perçus comme volontairement cruels, et lancèrent une contre-offensive qui aboutit en 1101 à la reconquête d'une bonne part des territoires perdus. En fait, les conflits perdurèrent, car les rois d'Angleterre ne réussirent pas à assujettir complètement les Gallois.

4.2 La Conquête anglaise

Cependant, à la fin du XIIIe siècle, tout le pays de Galles fut définitivement annexé à l'Angleterre en 1282 lors des statuts de Rhuddlan. Pour ce faire, les Anglais durent déployer une puissance militaire exceptionnelle une mobilisation de quelque 35 0000 homme durant neuf mois de campagne pour mâter les rébellions galloises. À cause de cette campagne, Édouard Ier (17 ou 18 juin 1239 au 7 juillet 1307), surnommé "Longshanks" (« longues jambes » faisant référence à sa taille) changea ses plans et refusa d'envahir la France. De nombreux Gallois durent fuir leur pays pour se réfugier en France. Dès lors, la conquête du pays de Galles fit du gallois une langue sans État et définitivement écartée par l'anglais d'Angleterre.  Néanmoins, le gallois demeura la langue du peuple et de la petite noblesse. Quant au haut clergé et à la grande noblesse, généralement d'origine normande, c'est l'anglais et le franco-normand qui avaient remplacé le gallois.

- La politique d'assimilation sous Henri VIII

L'Angleterre refusa aux Gallois le droit à l'autodétermination. Le couronnement d'un roi d'Angleterre de nationalité galloise en la personne de Henri VII  retarda même la lutte de libération du peuple gallois. En effet, les membres les plus influents de la «gentry» galloise abandonnèrent même leur rôle traditionnel de chefs du gwerin  (le «peuple») pour profiter de leur situation et chercher à obtenir des postes, des richesses et des influences. L'accession au trône d'Angleterre de Henri VIII (un Tudor) en 1509, un roi autocrate et dominateur, ne devait pas entraîner une quelconque reconnaissance de la spécificité galloise.  Henri VIII parlait couramment l'anglais, le latin et le français et avait acquis quelques notions d'italien. En réalité, la politique linguistique des Tudor fut d'assimiler les Gallois et les Irlandais. Et Henri VII s'y mit à la tâche avec succès.

Avec les lois d'Union (en anglais: Union Acts) de 1536 et de 1543, le pays de Galles fut politiquement rattaché à la Grande-Bretagne. Le préambule de la loi de 1536 ne laissait aucun doute quant aux intentions d'assimilation :

 
 Le Dominion,  la principauté et le pays de Galles sont incorporés, annexés, unis et soumis à et sous la Couronne impériale de ce Royaume [...] parce que dans ledit pays, principauté et dominion existent divers droits, usages, lois et coutumes très différents des lois et coutumes de ce Royaume et aussi parce que le peuple dudit Dominion possède un langage quotidien utilisé dans ledit Dominion  ne ressemblant pas et n'ayant pas la même euphonie que la langue maternelle utilisée dans le Royaume [...]. Son Altesse, en conséquence, manifeste l'intention de les réduire à l'ordre parfait et à la connaissance des lois du Royaume et d'extirper complètement les coutumes et usages singuliers et sinistres différant de ce qui est en ce Royaume [...]. Elle a ordonné que ledit pays et Dominion de Galles soit à l'avenir, pour toujours et dorénavant incorporé et annexé au Royaume d'Angleterre.

L'article 20 de la loi de 1535 fit de l'anglais la seule langue des tribunaux et que ceux qui utiliseraient le gallois ne seraient nommés à aucune fonction publique au Pays de Galles:

1) Also be it enacted by the Authority aforesaid, That all Justices, Comissioners, Sheriffs, Coroners, Escheators, Stewards, and their Lieutenants, and all other Officers and Ministers of the Law, shall proclaim and keep the Sessions Courts, Hundreds, Leets, Sheriffs Courts, and all other Courts in the English Tongue;

2) and all Oaths of Officers, Juries and Inquests, and all other Affadavits, Verdicts and Wagers of Law, to be given and done in the English Tongue;

3) and also that from henceforth no Person or Persons that use the Welsh Speech or Language, shall have or enjoy any manner Office or Fees within this Realm of England, Wales, or other the King's Dominion, upon Pain of forfeiting the same Offices or Fees, unless he or they use and exercise the English Speech or Language.

1) Qu'il soit également décrété par l'autorité susmentionnée que tous les juges, commissaires, shérifs, coroners, eschéateurs, intendants et leurs lieutenants, et tous les autres officiers et ministres de la loi, devront proclamer et garder les tribunaux de session, des cents, des barons, des tribunaux de shérifs et tous les autres tribunaux en langue anglaise;

2) et que tous les serments des officiers, jurys et grands jurys, et tous les autres affidavits, verdicts et compurgations de la loi, soient donnés et faits dans la langue anglaise ;

3) et aussi à partir de maintenant, qu'aucune personne ou des personnes qui utilisent les allocutions dans la langue galloise, n'auront ou ne bénéficieront d'une quelconque charge ou redevance dans ce royaume d'Angleterre, du pays de Galles ou d'un autre dominion du roi, sous peine de perdre les mêmes charges ou honoraires, à moins qu'ils n'utilisent et n'emploient leurs allocutions qu'en langue anglaise.

L'eschéateur (en anglais: escheator) était le fonctionnaire local responsable des "déshérences", c'est-à-dire de la défense des droits du roi en tant que seigneur féodal. Quant aux compurgations, il s'agissait d'un procès sous serment, dans lequel un accusé pouvait établir son innocence ou son irresponsabilité en prêtant serment et en faisant jurer par un nombre requis de personnes, généralement douze, qu'elles croyaient au serment de l'accusé.

- Le prince de Galles

C'est depuis cette époque que l'héritier de la couronne d'Angleterre porte le titre de «prince de Galles» («prince of Wales»). Au cours de cette période, les Gallois ont été progressivement assimilés à l'anglais, puisque les lois d’Union avaient banni l'usage de la langue galloise. Tous les actes juridiques devaient dorénavant être rédigés en anglais ou en latin; une bonne connaissance de l'anglais était nécessaire pour exercer des fonctions officielles au pays de Galles comme en Angleterre.  Le Parlement gallois de Cardiff (la capitale) fut aboli et les députés gallois obtinrent dorénavant le droit de siéger en anglais au Parlement anglais de Westminster. Les lois coutumières galloises, différentes des lois anglaises, furent également abolies.

Afin de continuer à exercer ses droits de représenter la Couronne, la noblesse galloise dut s’angliciser. Vers 1585, Gruffydd Robert (1531-1598), un prêtre, homme de lettres et grammairien écossais, déplorait la situation en ces mots dans Le Miroir Chrétien (Y Drych Cristianogawl) : «La noblesse et les autres négligent et méprisent la langue galloise [...], la majeure partie de la noblesse ne sait ni lire ni écrire le gallois, ce qui est honteux.»

4.3 Valorisation et déclin du gallois

En 1588, l’évêque de Llandaff, William Morgan (1545-1604), traduisit la Bible en gallois. Or, à l'époque, le gallois était déjà en déclin et l’anglais était devenu la langue administrative et religieuse. La Bible galloise constitua une véritable révolution pour le gallois, dont le statut se modifia à partir de cet événement. C’est qu'une poignée de savants gallois rêvaient non seulement de rendre les Écritures accessibles à tous, mais désiraient en même temps sauvegarder leur langue ancestrale et l'élever au rang d'une langue écrite. C'est dans ce contexte que leurs dictionnaires, leurs grammaires et leurs traductions – dont la Bible était la clé de voûte – transformèrent ce rêve en réalité. En effet, plus que tout autre ouvrage, la Bible galloise exerça une grande influence sur la religion, la littérature et la langue. De plus, les Gallois purent faire leurs prières dans leur langue et, surtout, l'enseigner à de nombreuses générations, car le gallois restait la langue d'enseignement au pays de Galles. Ainsi, à la fin du XVIIIe siècle, le nombre total des élèves fréquentant les écoles s'élevait à quelque 300 000 et, comme les trois quarts de la population avaient fréquenté ces écoles, le pays de Galles constituait la région d'Europe la plus alphabétisée de l'époque.

- L'immigration anglaise

Néanmoins, le gallois connut un lent déclin en raison de l'immigration anglaise, d'abord dans les centres urbains, puis dans les régions rurales. L'urbanisation du XIXe siècle entraîna une assimilation linguistique plus considérable des Gallois à l'anglais. Puis la disponibilité des médias en anglais seulement relégua le gallois à la langue parlée, tandis que la sécularisation de la société imposait le déclin de l'assistance dans les églises et, par le fait, même, la quasi-disparition du gallois dans ce domaine d'activité.

- La politisation galloise

L'éducation en gallois eut pour effet de favoriser la politisation du pays de Galles. Au cours de la première décennie du XIXe siècle, une agitation sérieuse agita le Sud et les régions centrales restées agricoles. En 1831, des ouvriers de Merthyr, une ville du fer et du charbon, avaient pris d'assaut les positions tenues par les troupes britanniques. Le gouvernement anglais savait très bien que le pays de Galles était au bord de la révolution. Le journal le Morning Herald écrivit même: «Le pays de Galles est devenu un théâtre où l'on proclame des doctrines révolutionnaires, où l'on prêche la violence et l'effusion de sang. Les horreurs de la "petite guerre des chartistes'' ont frappé les dominions de la reine, qui n'avaient plus été souillés par le sang de la guerre civile depuis le temps d'Owen Glandower [(Owain Glyndwr].» 

C'est une association ouvrière, la London Working Association, fondée le 16 juin 1836, qui élabora la «Charte du peuple». Pendant dix ans, la Charte est restée au centre des luttes de la classe ouvrière en Grande-Bretagne, notamment au pays de Galles. Les chartistes préconisaient la lutte armée contre l'Angleterre. Des centaines de dirigeants chartistes furent arrêtés et jetés en prison en 1839. Le chartisme tomba finalement dans l'oubli, malgré ses revendications ouvrières.

- La langue galloise comme barrière au nationalisme anglais

Au pays de Galles, les autorités britanniques comprirent qu'il leur fallait intervenir énergiquement pour faire disparaître le gallois, source du nationalisme indigène. Or, au moins 88% de la population du pays de Galles s'exprimait en gallois, ce qui empêchait les Anglais d'en faire de «bons sujets loyaux de Sa Majesté». Le gouvernement envoya des commissaires unilingues anglais dans les régions galloises, qui devaient trouver des «preuves» au primitivisme et à l'ignorance des «indigènes». L'une des conclusions du rapport révélait que la langue galloise constituait une «barrière» au progrès social du peuple gallois:

La langue galloise dessert considérablement le pays de Galles et constitue une barrière complexe au progrès moral et à la prospérité commerciale du peuple [....]. À cause de sa langue, la masse du peuple gallois est inférieure au peuple anglais dans tous les domaines du savoir pratique et technique.

Le rapport permit aux autorités de trouver les motifs qu'elles cherchaient pour élaborer une politique d'enseignement obligatoire de l'anglais, afin d'assimiler entièrement la société galloise. En fonction de cette politique, la langue galloise fut interdite dans les écoles, et les enfants surpris à parler leur langue maternelle furent systématiquement punis et humiliés. Ces mesures furent appliquées durant de nombreuses générations en même temps que l'immigration massive d'Anglais venait minoriser les Gallois dans leur propre pays.

Tel que prévu, la perte de la langue galloise au XIXe siècle conduisit à la quasi-disparition de la conscience nationale, alors que des groupes entiers de la société, surtout la bourgeoisie, changèrent d'allégeance pour adopter la langue et les coutumes anglaises. Matthew Arnold (1822-1888), un poète et critique anglais, condamnait ainsi la langue galloise:

The sooner the Welsh language disappears as an instrument of the practical, political, social life of Wales, the better; the better for England, the better for Wales itself. [...]

For all serious purposes in modern literature (and trifling purposes in it who would care to encourage?) the language of a Welshman is and must be English; if an Eisteddfod author has anything to say about punctuality or about the march of Havelock, he had much better say it in English; or rather, perhaps, what he has to say on these subjects may as well be said in Welsh, but the moment he has anything of real importance to say, anything the world will the least care to hear, he must speak English. Dilettanteism might possibly do much harm here, might mislead and waste and bring to nought a genuine talent. For all modern purposes, I repeat, let us all as soon as possible be one people; let the Welshman speak English, and, if he is an author, let him write English.

Plus vite la langue galloise disparaîtra en tant qu'instrument de la vie pratique, politique et sociale du pays de galles, mieux ce sera: mieux ce sera pour l'Angleterre, mieux ce sera pour le pays de Galles lui-même. [...]

Pour tous les objectifs sérieux de la littérature moderne (et pour les objectifs insignifiants, qui se soucierait de les encourager ?), la langue d'un Galois est et doit être l'anglais; si un auteur d'Eisteddfod a quelque chose à dire sur la précision et le fonctionnement d'Havelock, il ferait beaucoup mieux de le dire en anglais; ou plutôt probablement ce qu'il doit dire sur ces sujets peut aussi l'être en gallois, mais du moment où il a quelque chose de vraiment important à dire, il doit parler anglais pour que tout le monde puisse avoir le soin de le comprendre. Le dilettantisme, qui pourrait probablement faire beaucoup de mal ici, peut induire en erreur et gaspiller réduire à zéro un véritable talent. Pour tous les objectifs modernes, je le répète, nous devons tous dès que possible constituer un seul peuple; laissez le Gallois parler l'anglais et, s'il est un auteur, laissez-le écrire en anglais.

La révolution industrielle a vu un afflux massif d’anglophones au début du XIXe siècle, en particulier à Glamorgan dans le sud du pays de Galles. Cette immigration massive signifiait que des villes comme Cardiff et Newport, ainsi que des communautés le long des Vallées, se développaient rapidement et que l’anglais commençait à remplacer le gallois comme langue maternelle de nombreux locuteurs dans cette partie du pays. Une tendance similaire s’est également produite dans des régions telles que le Monmouthshire au sud-est et le Flintshire et le Denbighshire au nord-est. Ailleurs, en particulier dans les régions rurales de l’ouest et du nord-ouest du pays de Galles, la population est restée majoritairement galloise, bien qu’au début du XXe siècle le contact avec l’anglais ait augmenté au point que la plupart des locuteurs étaient devenus bilingues. L’anglais est devenu une langue qui pouvait être apprise non seulement en classe, mais aussi sur le lieu de travail, au pub et dans la rue. Les contemporains ont noté à quel point le changement linguistique important reposait sur les enfants. Ceux-ci parlaient peut-être gallois à la maison, mais dans les communautés pleines d’enfants migrants incapables de parler gallois, ils jouaient et apprenaient en anglais; ainsi l’anglais est devenu leur langue naturelle pour parler à quiconque n’était pas leurs parents. À leur tour, ils ont élevé leurs propres enfants en anglais. La démographie explique en partie la raison pour laquelle le gallois est resté vivant dans les campagnes, mais a diminué dans les zones industrielles et urbaines.

C'est également à cette époque que l'idéologie de l'anglo-saxonisme conduisit à des théories de la supériorité raciale anglaise, qui décrivaient les Gallois comme racialement inférieurs. Par exemple, le journal The Times écrivait en 1866 :

Wales... is a small country, unfavourably situated for commercial purposes, with an indifferent soil, and inhabited by an unenterprising people. It is true it possesses valuable minerals but these have chiefly been developed by English energy and for the supply of English wants. Le pays de Galles... est un petit pays, mal situé à des fins commerciales, avec un sol sans intérêt et habité par un peuple peu entreprenant. Il est vrai qu'il possède des minéraux précieux, mais ceux-ci ont été principalement développés par le dynamisme anglaise et pour l'approvisionnement des besoins anglais.

Pendant quelques siècles, la politique anglaise a toujours été orientée vers l'absorption du pays de Galles par l'Angleterre et cette politique fut presque toujours couronnée de succès. En même temps, les zones rurales proches de l'Angleterre sont devenues plus dépeuplées et anglicisées, car de nombreuses personnes ont déménagé dans les villes anglaises en pleine croissance du Nord-Ouest et des Midlands. Ces transformations suscitèrent des revendications qui touchaient principalement l’Église anglicane et les défenseurs traditionnels de cette Église, c'est-à-dire les propriétaires terriens et le Parti conservateur. Le mécontentement rural contre les propriétaires terriens et l'Église anglicane s'expliquait du fait qu’une grande partie de la population était non seulement gallophone, mais aussi méthodiste et de tendance libérale. Dans les faits, le pays de Galles industriel prospérait par sa participation à l’économie impériale britannique tout en s’anglicisant rapidement. Entre 1801 et 1901, la population galloise unilingue anglaise était passée de 23,8% à 49,9%.

4.4 Le nationalisme gallois

Au début du XXe siècle, le gallois n’était plus largement parlé comme langue maternelle dans les zones urbaines densément peuplées du Sud et le long de la frontière avec l’Angleterre. La politique éducative pendant une grande partie de la première moitié du siècle dernier lorsque les écoles enseignaient presque exclusivement en anglais était une menace constante, bien que le gallois ait remarquablement survécu dans les zones rurales en tant que langue communautaire. Après la Première Guerre mondiale, l’anglais fit des percées importantes dans les communautés rurales et dans les communautés industrielles, les changements linguistiques provoqués par les changements démographiques furent renforcés. Si l'immigration en provenance d’Angleterre fut décisive pour le déclin du gallois dans les communautés industrielles, elle devint tout aussi décisive dans le déclin du gallois dans les communautés rurales.

Par le fait même, la politique anglaise d'assimilation suscita le retour du nationalisme gallois par l'apparition du Cymru Fydd  (litt. «le pays de Galles du futur»), une organisation politique prônant la création d'un parti national pour le pays de Galles. Cependant, ce ne fut qu'en 1925 que le pays de Galles obtint son premier parti indépendantiste avec la formation du Plaid Genedlaethol Cymru, qui devint plus tard le Plaid Cymru  («le Parti du pays de Galles») fondé par John Saunders Lewis. Entre les deux guerres mondiales, le parti reçut l'appui des écrivains et des intellectuels tout en voulant donner aux Gallois une idéologie nationaliste axée sur la préservation de l'identité de la langue galloise.

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le Plaid Cymru prit une attitude de neutralité en affirmant que son devoir était de défendre la nation galloise, et non pas un État britannique auquel il était étranger, ce qui entraîna l'arrestation et l'emprisonnement de la plupart des membres de l'organisation nationaliste. Après la guerre, le Plaid Cymru modifia son attitude afin d'élargir son électorat et d'augmenter leur nombre de sièges au parlement de Westminster. Mais si cette politique s'avéra rentable au point de vue politique, elle remit en question la cause nationaliste du parti. En réaction, de nouveaux groupes plus radicaux se formèrent, dont le Cymdeithas yr Iaith Gynraeg  (la «Société de la langue galloise»). Puis le mouvement décida de recourir à la non-violence afin d'attirer davantage l'attention sur le statut dévalorisé du gallois. Des campagnes sensibilisèrent la population afin, par exemple, d'éliminer l'anglais dans la signalisation routière au pays de Galles et d'accroître l'usage du gallois dans l'administration locale. En 1942, la Loi sur les tribunaux gallois (Welsh Court Act) permit l’usage du gallois dans les tribunaux; rappelons que, jusqu'alors, seul l’anglais était autorisé.  En 1947, sous la pression des parents, la première école primaire en langue galloise fut ouverte à Llanelli et, en 1957, un premier collège bilingue était accessible à Rhyl.

La décennie de 1960 vit l'apparition de groupes radicaux impliqués dans des organisations proterroristes tels que la Free Wales Army  (FWA ou Armée de libération du pays de Galles) et le Mudiad Amddifyn Cymru (MAC ou Mouvement de défense du pays de Galles). En 1958, l'investiture de l'héritier au trône d'Angleterre, Charles, au titre de «prince de Galles» avait déclenché une vague accrue d'attentats à la bombe dans tout le pays de Galles. Cet événement avait été perçu comme une forme de colonialisme arrogant et anachronique. Un groupe clandestin, le Mei-bion Glyndwr, entreprit une véritable croisade incendiaire contre les propriétés possédées par des Anglais dans les districts de langue galloise, notamment au nord et à l'ouest du pays. Pendant ce temps-là, les locuteurs du gallois ne représentaient plus que 26 % de la population du pays de Galles.

4.5 La réappropriation de la langue galloise

En 1962, l’Association de la langue galloise, la Cymdeithas Yr laith Gymraeg, était fondée. Il s'agit d'un des mouvements les plus dynamiques pour l'avancement des droits des locuteurs de la langue galloise. Ses actions aboutirent notamment à la Loi sur la langue galloise (Welsh Language Act) de 1967. La nouvelle loi britannique autorisait dorénavant que, dans toute action en en justice au pays de Galles (ou dans le Monmouthshire), toute personne pouvait utiliser le gallois et également que tous les documents administratifs officiels puissent être légalement valable du fait qu'ils étaient rédigés en gallois. En 1975, la chaîne de télévision S4C (Sianel 4 Cymry) fut créée et proposait des émissions en gallois à l'intention des adultes, des adolescents et des enfants.  En 1988, le gouvernement britannique autorisait l’enseignement du gallois comme discipline obligatoire dans toutes les écoles du pays de Galles. On sait que la Loi sur la langue galloise se révéla insuffisante pour enrayer l'assimilation des Gallois. Depuis les années quatre-vingt, les locuteurs du gallois sont passés à 18,9 % (entre 18,6 et 18,9 % entre 1981 et 2001).

C'est pourquoi il fallut abroger la loi de 1967 et en adopter une autre en 1993, beaucoup plus coercitive, du moins pour l'Administration locale. La Loi sur la langue galloise de 1993 imposait l’égalité du gallois et de l’anglais dans tous les domaines de la vie publique au pays de Galles. Elle garantit également aux personnes de langue galloise le droit d'utiliser le gallois dans les tribunaux et crée le Welsh Language Board, le Conseil de la langue galloise, qui est devenu aujourd'hui l’un des principaux instruments d’aménagement linguistique. Rappelons que la loi n’impose aucune obligation aux organismes en dehors du secteur public et ne compte aucune disposition accordant au gallois le moindre statut de langue officielle (ou co-officielle).

Enfin, le 18 septembre 1997, les Gallois votèrent pour élire leur Assemblée galloise. Le référendum pour la création du Parlement local fut, rappelons-le, accepté de justesse, avec 51,3% de OUI. En 1979, le référendum pour la création d'un parlement gallois n'avait obtenu que 30% de voix positives à ce projet. Le 1er juillet 1999, le secrétaire d'État britannique pour le pays de Galles déléguait ses principaux pouvoirs et responsabilités à l'Assemblée galloise. Mais le pays de Galles fait toujours partie du Royaume-Uni, les députés du Parlement des circonscriptions galloises siègent toujours à Westminster, et les lois adoptées au parlement de Westminster sont toujours applicables au pays de Galles. Cela dit, l'Assemblée galloise a maintenant le pouvoir d'élaborer et appliquer des politiques touchant nombre de domaines, dont celui de la langue. Les principales structures et procédures de l'Assemblée sont définies dans la loi du Government of Wales Act (Loi sur le gouvernement du pays de Galles) de 1998. Le secrétaire d'État britannique pour le pays de Galles continue de jouer un certain rôle, car en tant que membre du gouvernement du Royaume-Uni il a le pouvoir de transférer le budget du pays de Galles, du ministère des Finances à l'Assemblée galloise, tout en participant aux séances plénières (sans droit de vote).

En 2004, Rhodri Morgan, ancien premier ministre du pays de Galles, annonça sa décision d'abolir le Conseil de la langue galloise (Welsh Language Board) qui fut finalement été aboli en mars 2012 et remplacé par ce qui est maintenant connu sous le nom de Service de la langue galloise (Welsh Language Society : Cymdeithas yr Iaith Gymraeg). Celui-ci accorde des subventions pour soutenir les objectifs de la stratégie de la langue galloise des ministres gallois appelée «Une langue vivante: une langue pour vivre».

Quoi qu'il en soit, le gouvernement gallois n'en ferait jamais trop pour redonner vie au gallois dans l'espace public. Lorsqu'on regarde les cartes ci-dessous, on ne peut que constater le recul quasi catastrophique du gallois depuis l'an 1300, surtout depuis deux cents ans, de 1800 à 2000.

Ce recul de la langue galloise est surtout devenu absent dans l'espace public, hormis les panneaux de signalisation relevant du gouvernement local. Mais surtout le gallois n'est plus nécessaire pour gagner sa vie et il est enseigné, sauf exceptions, comme langue étrangère, car c'est l'anglais qui occupe toute la place. Cependant, bien qu'il soit important d'enseigner le gallois aux enfants, il faut aussi considérer par ce qui se passe à l'extérieur de l'école. Malheureusement, quelques décennies d'enseignement en gallois dans les communautés anglophones n'ont pas changé la langue de ces communautés. Beaucoup d'enfants qui apprennent le gallois le perdent plus tard dans leur vie au travail. C'est pourquoi l'éducation en gallois pour tous dans les communautés rurales ne suffit pas à y renforcer le gallois si la langue de tous les jours de ces communautés continue en anglais.
 

En 2005 décéda Gwynfor Evans (né en 1912), l'une des personnalités galloises les plus importantes du XXe siècle, qui, par son action et son engagement politiques, fut le principal acteur du renouveau du nationalisme gallois donnant au Plaid Cymru une place incontournable dans la vie politique du pays de Galles. C'est surtout grâce à lui que le gallois doit sa renaissance nationale au pays de Galles, l'obtention de la chaîne de télévision S4C et l'Assemblée galloise de 1999.

Lors d'un référendum qui a eu lieu le 3 mars 2011, plus de 63% des Gallois ayant le droit de vote ont donné leur accord pour l'octroi à l'Assemblée galloise d'un pouvoir législatif direct dans 20 domaines de compétence parmi lesquels l'éducation, la santé, l'environnement, la langue galloise, etc. Le OUI l'a emporté dans 21 des 22 comtés du pays de Galles. Cependant, il y a eu 65% d'abstention lors de ce vote pour la dévolution. En 1979, une majorité de 58% des Gallois avait rejeté le principe d'une autonomie administrative. En 1997 une très faible majorité (50,3%) avait accepté la création d'une Assemblée nationale galloise et la faculté pour celle-ci de compléter la législation britannique dans 20 domaines, mais sous le contrôle préalable du gouvernement et du Parlement britanniques. Quoi qu'il en soit, les lois votées par l'Assemblée galloise n'auront plus à être avalisées par Londres.

Il est incontestable que l’histoire de la langue galloise à l’époque moderne est une histoire de déclin. Il est probable qu'au moins 80% de la population parlait gallois au début du XIXe siècle et la plupart d’entre eux ne parlaient pas anglais. Au recensement de 1891, le gallois n’était parlé que par la moitié de la population, avec 30% des gallophones affirmant qu’ils étaient incapables de parler anglais; cependant, ce résultat a été considéré comme exagéré en raison de la façon dont le formulaire était rédigé et certains soupçons quant à savoir s’il pouvait vraiment être aussi élevé. Au recensement de 2011, seulement 19% de la population parlait gallois. Ce n’est qu’à Gwynedd et à Anglesey que plus de la moitié des locuteurs pouvaient parler gallois.

Dans les faits, l’éducation seule n’est pas la solution pour assurer la pérennité du gallois. Même si l'objectif de cet enseignement est atteint grâce à une expansion massive de l’enseignement gallois, cela ne signifie pas qu’il y aura des locuteurs gallophones, mais seulement des locuteurs qui peuvent occasionnellement se débrouiller en gallois. L’avenir du gallois ne sera pas assuré par l’éducation. Il repose sur le fait s’agit de s’assurer d’être une langue vivante en dehors de l'école. Il faudrait que ce soit l'anglais qui devient une langue seconde, et le gallois la langue première. On est loin du compte avec seulement 17,8% de locuteurs de langue seconde.

5 Le statut juridique du gallois au pays de Galles

Les lois d'Union de 1536 et de 1543 avaient considérablement limité le statut juridique du gallois. Toutefois, une loi adoptée par le parlement de Westminster en 1942, la Loi sur les tribunaux gallois (The Welsh Courts Act), a supprimé certaines des restrictions imposées à la langue galloise. Il fallut attendre en 1967 pour que le Parlement britannique adopte la Loi sur la langue galloise (Welsh Language Act) qui accordait, dans les tribunaux du pays de Galles, l'égalité d'usage à l'anglais et au gallois:

Article 1er (abrogé)

1) Dans toute action en justice, au pays de Galles ou dans le Monmouthshire, toute partie, témoin ou autre personne qui désire le faire peut parler le gallois à la condition que, dans le cas d'un procès devant un tribunal autre qu'une cour à magistrats, avis en ait été donné dans les délais prescrits par les règlements de ce tribunal; et toutes les dispositions nécessaires pour l'interprétation seront prises en conséquence.

2) L'article 1 de la Loi sur les tribunaux gallois (Welsh Courts Act) de 1942 et, au paragraphe 7 de l'annexe de la Loi sur les tribunaux d'appel relatifs aux régimes de retraite (Pensions Appeal Tribunals Act) de 1943, tous les mots du début jusqu'à «Language and», sont par les présentes abrogés.

Cela signifiait que le gallois avait acquis le statut de «langue protégée» dans cette région de la Grande-Bretagne. En 1981, le Parlement britannique adoptait la Loi sur la nationalité britannique (1981) (British Nationality Act). Selon l'article 1er figurant en annexe I de cette loi, tout individu qui demande la citoyenneté britannique doit démontrer une connaissance suffisante de l'anglais, du gallois ou du gaélique écossais:

Annexe 1

Alinéa 1

1) Conformément à l'alinéa 2, les exigences pour la naturalisation en tant que citoyen britannique en vertu de l'article 6.1 est, dans le cas de quiconque dont c'est applicable;

(a) les exigences indiquées au sous-alinéa 2 du présent alinéa ou l'exigence possible indiquée au sous-alinéa 3 du présent alinéa; et

(b) qu'il ait bon caractère; et

(c) qu'il ait une connaissance suffisante de l'anglais, du gallois ou du gaélique écossais; et

Ce texte ne signifie pas que l'anglais, le gallois et le gaélique écossais sont des langues reconnues comme officielles dans l'une ou l'autre partie du Royaume-Uni, mais simplement que le gallois et le gaélique écossais sont des langues «ethniques» ou «nationales», c'est-à-dire officiellement tolérées.

En 1993, les 37 articles de la nouvelle Loi sur la langue galloise (Welsh Language Act 1993) étendaient ce droit à l’égalité juridique non seulement en matière de justice, mais aussi pour tout ce qui a trait à l’administration des affaires publiques (incluant la police, la santé et l’éducation) du pays de Galles. En fait, le bilinguisme judiciaire est reconnu depuis 1993 par la nouvelle Loi sur la langue galloise au plan local:

Article 22 (1993)

Emploi du gallois dans la procédure judiciaire

1) Dans toute procédure judiciaire au pays de Galles, la langue galloise peut être employée par une partie, un témoin ou toute autre personne qui désire l'utiliser, sous réserve d'un préavis qui peut être exigé par les règlements de la cour, si la procédure se déroule dans un tribunal autre qu'une cour de première instance; et toute mesure nécessaire pour l'interprétation doit être prévue en conséquence.

2) Le pouvoir de réglementer la procédure judiciaire comprend celui de prendre les dispositions quant à l'usage, dans la procédure au pays de Galles, de documents en gallois.

Depuis plusieurs années, le parti nationaliste indépendantiste, le Plaid Cymru (en gallois) ou «Party of Wales» (en anglais) avait demandé que le gallois devienne la langue co-officielle du pays de Galles et soit reconnu avec ce statut dans les lois du Royaume-Uni, mais jusqu’ici le gouvernement britannique était toujours demeuré sourd à ces velléités nationalistes. L'un des objectifs du Plaid Cymru est de «créer une société bilingue en assurant la promotion de la  renaissance du gallois» (art. 2.4 de la Constitution du parti).

Le 1er juillet 1999, entrait en vigueur la Loi sur le gouvernement du pays de Galles de 1998 (Government of Wales Act), soit après la création de l’Assemblée galloise. L'article 47 de cette même loi prévoit que les langues anglaise et galloise devraient être traitées sur un pied d’égalité: «L'Assemblée applique dans le cadre de ses activités, dans la limite du raisonnable et compte tenu de la situation, le principe selon lequel l'anglais et le gallois devraient être traités sur un pied d'égalité.» L'emploi du conditionnel («devraient être traitées» : ''should be treated'') laisse un peu songeur...

Dans ce cas, il s'agit d'un bilinguisme législatif, non d'une déclaration de co-officialité étendue à l'ensemble du pays de Galles. Autrement dit, l’anglais et le gallois sont maintenant reconnus comme les deux langues officielles du pays de Galles dans les domaines de la législature et de la justice, et ce, autant de la part du gouvernement du Royaume-Uni que de celui du pays de Galles. Nulle part, un texte juridique ne proclame que le gallois et l'anglais sont les langues officielles du pays de Galles, ce qui impliquerait un bilinguisme généralisé. On n'en était pas encore là en 1999.

Toutefois, en 2011, le Parlement britannique ratifiait une «mesure» ("measure"), c'est-à-dire un projet de loi émanant de l'Assemblée galloise faisant du gallois une langue officielle au pays de Galles à égalité avec l'anglais. Cette «mesure» sur la langue galloise a été adoptée par l'Assemblée nationale du pays de Galles, le 7 décembre 2010 par un vote unanime. Le 9 février 2011, le projet de loi a reçu la sanction royale, ce qui signifie que le document devenait désormais une loi. La nouvelle loi répondait à trois engagements de la part du gouvernement gallois, c'est-à-dire en confirmant le statut officiel du gallois, en fournissant les moyens pour faire respecter les droits linguistiques dans la prestation de services et en créant le poste de commissaire à la langue galloise. Le ministre du Patrimoine, Alun Ffred Jones, a alors déclaré lors de l'adoption de la "measure":

The Welsh language is a source of great pride for the people of Wales, whether they speak it or not, and I am delighted that this Measure has now become law. I am very proud to have steered legislation through the Assembly which confirms the official status of the Welsh language; which creates a strong advocate for Welsh speakers and will improve the quality and quantity of services available through the medium of Welsh.

[...] I believe that everyone who wants to access services in the Welsh language should be able to do so, and that is what this government has worked towards. This legislation is an important and historic step forward for the language, its speakers and for the nation.
[La langue galloise est une source de grande fierté pour le peuple du pays de Galles, qu'ils la parlent ou non, et je suis ravi que cette mesure ait maintenant force de loi. Je suis très fier d'avoir piloté la législation pour l'Assemblée qui confirme le statut officiel de la langue galloise, ce qui crée un ardent défenseur des locuteurs du gallois et améliorera la qualité et la quantité des services disponibles au moyen du gallois.

[...] Je crois quiconque veut avoir accès aux services en gallois devrait être en mesure de le faire, et c'est ce que c'est ce à quoi ce gouvernement a travaillé. Cette législation est une étape importante et historique pour la langue, ses locuteurs et pour la nation.]

Ce nouveau statut de langue co-officielle signifie que les institutions publiques et certaines grandes sociétés seront désormais tenues de proposer leurs services en gallois. Le premier ministre du pays de Galles, Carwyn Jones, a commenté l'adoption de cette loi en affirmant que «bien que la législation ne règle pas tout, cette mesure fournit les outils nécessaires pour s’assurer que la langue galloise pourra continuer à se développer au XXe siècle, côte à côte avec l’anglais».

6 Le bilinguisme à la législature galloise

Avant la dévolution, le gallois n'avait jamais eu de droit reconnu dans le domaine de la législature britannique. En effet, les députés gallois devaient s'exprimer en anglais au parlement de Westminster et les lois britanniques n'ont toujours été rédigées qu'en langue anglaise. Évidemment, la situation a beaucoup changé, surtout avec la mise en place de l'Assemblée galloise à Cardiff.

L'article 47 de la Loi sur le gouvernement du pays de Galles de 1998 (Government of Wales Act 1998), déclare que les langues anglaise et galloise doivent être traitées sur un pied d’égalité à l’Assemblée galloise, que l'Assemblée doit respecter l'esprit de la Loi sur la langue galloise de 1993 et que tous les règlements doivent être adoptés dans les deux langues :

Article 47

Traitement égal des langues anglaise et galloise

1) L'Assemblée applique dans le cadre de ses activités, dans la limite du raisonnable et compte tenu de la situation, le principe selon
lequel l'anglais et le gallois doivent être traités sur un pied d'égalité.

2) Conformément aux dispositions du paragraphe 1, l'Assemblée doit respecter l'esprit de toute directive en vertu de l'article 9 de la Loi sur la langue galloise de 1993.

3) Les règlements doivent être rédigés
à la fois en anglais et en gallois.

L’article 122 de la Loi sur l'e gouvernement du pays de Galles prévoit aussi que les mots et expressions des deux langues doivent avoir la même signification et la même portée juridique:

Article 122

Versions anglaise et galloise des documents de l'Assemblée

1)
Les versions anglaise et galloise d'une législation déléguée admise par l'Assemblée, qui sont rédigées en anglais et en gallois une fois adoptées,
doivent être traitées à cet effet comme étant sur un pied d'égalité. 

2) L'Assemblée peut, par arrêté, prévoir à l'égard d'une expression ou d'un mot gallois, lorsqu'une législation déléguée adoptée par l'Assemblée apparaît dans une version galloise, que cette expression ou ce mot soit considéré comme ayant la même signification que l'expression ou le mot anglais spécifié dans l'arrêté.

3) Tout arrêté en vertu du paragraphe 2 à l'égard d'une expression ou d'un mot gallois peut prendre des mesures différentes pour des fins différentes.

4) La législation déléguée faite par l'Assemblée doit, sous réserve d'une disposition contraire, être interprétée en conformité avec un arrêté en vertu du paragraphe 2.

Au Royaume-Uni, la «législation déléguée» (''subordinate legislation'') s'applique aux règlements adoptés par le gouvernement, un ministre ou un groupe de ministres ainsi qu'aux règlements de l'Administration et des organismes parapublics qui, pour entrer en vigueur, sont soumis à l'approbation de ce gouvernement, d’un ministre ou d’un groupe de ministres. Ces règlements sont ceux qui constituent de la «législation déléguée» proprement dite et non pas les règles ou directives de régie interne. Les lois adoptées par l'Assemblée galloise correspondent à une «législation déléguée»; contrairement aux lois du Royaume-Uni, les lois du pays se Galles peuvent être bilingues.

Dans la pratique, les députés ont le droit de prendre la parole en gallois ou en anglais; des équipements pour l'interprétation simultanée sont prévus pour les parlementaires qui s'expriment en gallois. On traduit du gallois vers l'anglais, mais pas l'inverse. Les comptes rendus des délibérations des assemblées plénières sont publiés en version bilingue dans les 24 heures suivant la fin d'une assemblée. Dans le Registre des procédures (''Record of Proceedings''), le texte est présenté sur deux colonnes, l'une en gallois, l'autre en anglais: celle de gauche indique toujours dans quelle langue le membre de l'Assemblée s'est exprimé. Le texte en gallois doit être reproduit comme si c'était la version officielle, la version anglaise devenant alors une traduction. Dans un grand nombre de comités ministériels, le bilinguisme est admis, et la traduction simultanée (gallois-anglais) est disponible.

En juillet 2006, le gouvernement local a publié une Déclaration sur les services bilingues (''Provision of Bilingual Services Statement'') pour les services offerts par l'Assemblée parlementaire. L'Administration répond dans la langue dans laquelle le courrier est adressé; au téléphone, le personnel doit répondre dans la langue utilisée par le citoyen. Le délai accordé pour répondre à des demandes écrites est le même qu'en anglais, soit quinze jours ouvrables. Lorsque l'Administration expédie des circulaires, brochures, prospectus, cartes, certificats, affiches, autocollants, etc., à des groupes ou organismes, la documentation est bilingue, sauf si le destinataire a demandé expressément de la recevoir uniquement en anglais ou uniquement en gallois. Cependant, l'Administration peut décider qu'il est plus avantageux financièrement de produire des documents bilingues. Évidemment, toute information concernant les services de l'Assemblée parlementaire galloise est publiée sur deux sites Web: l'un en anglais, l'autre en gallois.

Lorsque les Services de l'Assemblée parlementaire ont recours à des organismes privés (fournisseurs, consultants, entrepreneurs, etc., l'Administration exige de ces organismes qu'ils dispensent des services en conformité avec le bilinguisme adopté dans la Déclaration sur les services bilingues de juillet 2006. De plus, dans l'embauche, la priorité est donnée aux candidats qui peuvent s'exprimer dans les deux langues.

7 Le bilinguisme judiciaire

Depuis les lois d'Union de 1536 et de 1543, l'emploi du gallois dans les tribunaux avait pratiquement disparu. Il a fallu une loi adoptée par le parlement de Westminster en 1942, la Loi sur les tribunaux gallois (The Welsh Courts Act), pour admettre un certain emploi de la langue galloise. En 1967, le Parlement britannique a adopté la Loi sur la langue galloise (Welsh Language Act), aujourd'hui abrogée, qui accordait l'égalité d'usage à l'anglais et au gallois dans les tribunaux du pays de Galles.

Il faut aussi savoir que le droit anglais — la Common Law — est le système juridique qui prévaut en Angleterre et au pays de Galles, deux des quatre nations constitutives du Royaume-Uni formant une même juridiction au sein du droit britannique. Or, l’Écosse et l’Irlande du Nord possèdent, de leur côté, des systèmes judiciaires distincts. Rappelons que le système judiciaire gallois, autrefois distinct, fut aboli après l'adoption de l'Acte d'Union de 1536. Bref, le droit gallois fait partie du droit anglais.

Actuellement, l'emploi des langues dans le domaine judiciaire est régi par la Loi sur la langue galloise (Welsh Language Act) de 1993. À cet égard, les articles 22 à 27 de la loi précisent que le gallois est autorisé au même titre que l'anglais dans les tribunaux du pays de Galles; il est même stipulé que les documents en gallois ont la même valeur que ceux écrits en anglais. Dans le reste du Royaume-Uni, l'emploi des langues dans les tribunaux est soumis à l'appréciation des magistrats. Voici reproduit l'article 22 de la Loi sur la langue galloise :

Article 22

Emploi du gallois dans la procédure judiciaire

(1) Dans toute procédure judiciaire au pays de Galles, la langue galloise peut être employée par une partie, un témoin ou toute autre personne qui désire l'utiliser, sous réserve d'un préavis qui peut être exigé par les règlements de la cour, si la procédure se déroule dans un tribunal autre qu'une cour de première instance; et toute mesure nécessaire pour l'interprétation doit être prévue en conséquence.

(2) Le pouvoir de réglementer la procédure judiciaire comprend celui de prendre les dispositions quant à l'usage dans la procédure de documents en gallois au pays de Galles.

L'article 24 de la Loi sur la langue galloise prévoit des mesures à l'égard des interprètes:

Article 24

Mesures à l'égard des interprètes

(1) Le lord chancelier peut prévoir des règlements quant à l'organisation et l'emploi des interprètes des langues galloise et anglaise pour les fins de la procédure devant un tribunal au pays de Galles. 

(2) Les interprètes sont payés dans les mêmes fonds que les dépenses du tribunal, cette rémunération correspondant à l'importance de leurs services, tel que le lord chancelier peut le déterminer.

(3) Les pouvoirs du lord chancelier en vertu du présent article sont exercés avec le consentement du Trésor.

Le Court Service's Welsh Language Scheme («Programme pour la langue galloise dans les services judiciaires») s'applique à la Cour de la Couronne et la Cour d'appel. Ce programme prévoit que, dans l'administration de la justice au pays de Galles, l'anglais et le gallois doivent être traités sur un pied d'égalité. Les tribunaux de première instance du pays de Galles sont sous la responsabilité de quatre Comités des tribunaux de première instance, qui ont chacun leur programme pour l'emploi du gallois. Une audience peut être menée intégralement en gallois, ponctuellement et sans avis préalable, si toutes les parties et tous les témoins directement concernés y consentent. Dans les tribunaux civils, le Service de l'administration judiciaire responsable de la langue galloise assure à ses frais la traduction des documents en gallois.

Notons aussi que le juge n’est pas obligé de savoir le gallois même si, dans ce cas, il doit avoir recours à un interprète. Au besoin, le Trésor paiera les frais occasionnés par le recours à des interprètes. En vertu des Programmes pour la langue galloise des tribunaux criminels (Welsh Language Schemes of the Criminal Courts), la traduction des preuves orales est assurée sans frais supplémentaires pour ceux qui les apportent; les documents sont aussi traduits gratuitement. 

Cependant, dans les faits, l'emploi du gallois au pays de Galles demeure trop restreint et les Gallois semblent hésiter à faire valeur leurs droits. On peut lire aussi certaines dispositions concernant la langue galloise, qui n'ont pas été adoptées au moment de la présentation de la loi de 1993.

8 Les services publics gallois

Étant donné que la Loi sur la langue galloise (Welsh Language Act) adoptée en 1993 par le parlement de Westminster accorde l'égalité d'usage à l'anglais et au gallois au pays de Galles, le citoyen gallois peut légalement exiger des services gouvernementaux dans sa langue. Comprenons bien: la loi s’applique à l’Administration locale du pays de Galles, non aux services gouvernementaux de Sa Majesté britannique ni aux services privés ou associatifs. Néanmoins, le gouvernement britannique s'est engagé à ce que les ministères qui assurent des fonctions de service public au pays de Galles élaborent des programmes en conformité avec les dispositions de la Loi sur la langue galloise, même si les ministères britanniques ne sont guère concernés par cette loi.

8.1 Le Conseil de la langue galloise

La loi de 1993 compte des dispositions qui imposent que les services de l'Administration du pays de Galles élaborent et mettent en œuvre des «Programmes sur la langue galloise». Ces services doivent préciser les services et activités devant être proposés en gallois, de quelle manière et pour quelle date. Ils doivent également préciser comment l'organisme concerné peut garantir que le programme est mis en œuvre. Tout programme local de gallois doit recevoir l'approbation du Conseil de la langue galloise, dont le siège est à Cardiff, la capitale du pays de Galles. Le Conseil garantit la conformité des Programmes avec la législation. En cas de désaccord entre le Conseil et les organismes individuels, l'Assemblée nationale galloise peut être saisie et donner des directives, au besoin appuyées par des décisions judiciaires.

C'est l'article 1er de la Loi sur la langue galloise (Welsh Language Act) de 1993, qui créait le Conseil de la langue galloise:

Article 1er

Établissement du Conseil

Il est créé une personne morale connue sous le nom de Bwrdd yr Iaith Gymraeg ou Conseil de la langue galloise.

L'article 3 de la Loi sur la langue galloise précise les fonctions du Conseil:

Article 3

Les fonctions du Conseil

(1) Le Conseil a comme fonction
de promouvoir et de faciliter l'usage de la langue galloise.

(2) Sans préjudice du caractère général du paragraphe 1 ci-dessus, le Conseil doit exercer les fonctions suivantes mentionnées:

a) conseiller le secrétaire d'État sur les questions concernant la langue galloise;

b) conseiller les personnes exerçant les fonctions de nature publique au moyen desquelles il est possible d'appliquer le principe que, dans la conduite des affaires publiques et de l'administration de la justice au pays de Galles, les langues anglaise et galloise doivent être traitées sur un pied d'égalité;

c) conseiller d'autres personnes dispensant des services au public sur l'usage de la langue galloise dans leurs transactions avec le public du pays de Galles.

(3) Sous réserve des dispositions suivantes, le Conseil peut faire tout qui est favorable ou utile à l'exercice de ses fonctions, et en particulier:

a) accorder des subventions et des prêts, et offrir des garanties;
b) exiger des frais pour offrir des conseils ou d'autres services;
c) accepter des dons en argent ou d'autres biens.

(4) Le Conseil ne pourra:

a) accorder de subventions ni de prêts,
b) offrir des garanties, ou
c) acquérir ou disposer d'un quelconque intérêt dans une propriété,

sauf avec l'approbation du secrétaire d'État accordée avec le consentement du Trésor public.

Le Conseil de la langue galloise subventionne les organismes de promotion du gallois, assure leur défense par des initiatives communautaires (Mentrau Iaith), organise des campagnes de marketing actif, et conseille et informe le public sur l'emploi du gallois. À ce jour, des centaines de «programmes de langue galloise» ont été approuvés et il en reste un plus grand nombre en cours d'élaboration.

Au mois d'avril 2007, le Conseil de la langue galloise devait fusionner avec le gouvernement de l'Assemblée nationale dans le cadre de la réforme des organismes publics. Cette fusion n'a pas pour objectif d'affaiblir ou de réduire de quelque manière que ce soit la mise en œuvre de la Loi sur la langue galloise de 1993. Un conseil du Dyfarnydd doit être créé, mais ses responsabilités demeurent encore à définir avec précision, mais on sait déjà qu'il aura des fonctions reliées aux Programmes pour la langue galloise.

Quoi qu'il en soit, le Conseil de la langue galloise a été aboli par l'article 143 de la Loi sur la langue galloise de 2011. Toutes les fonctions conférées au Conseil de la langue galloise par la loi de 1993 sont dorénavant transférées au commissaire à la langue galloise. Ce dernier exerce les fonctions suivantes:

(i) promouvoir l'emploi de la langue galloise;
(ii) faciliter l'emploi de la langue galloise;
(iii) travailler en vue d'assurer que la langue galloise soit traitée de façon non moins favorable que la langue anglaise;
(iv) mener des enquêtes sur les questions relatives aux fonctions du commissaire; et
(v) enquêter sur les obstacles pour employer librement la langue galloise.

L'article 6 de la Loi sur la langue galloise de 1993 désigne un certain nombre de catégories d'organismes qui doivent être considérés comme des «organismes publics» («entités publiques»). L'Assemblée nationale du pays de Galles peut, au moyen de dispositions supplémentaires à l'article 6.1 (o) de la Loi sur la langue galloise, désigner d'autres organismes ou instances devant être considérés comme des «services publics» aux termes de la loi. De telles dispositions ont été adoptées à plusieurs reprises, notamment en 1996, 1999, 2001, 2002 et 2004. Selon la loi, lorsqu'une instance publique est ainsi «désignée», le Conseil de la langue galloise pouvait exiger qu'elle élabore une «politique sur la langue galloise» en précisant comment elle désire appliquer le principe selon lequel, dans la limite du raisonnable et compte tenu de la situation, le gallois et l'anglais seront traités sur un pied d'égalité.

8.2 Les services bilingues

Depuis 1993, l’Administration du pays de Galles s’est grandement bilinguisée. En effet, les fonctionnaires nouvellement embauchés doivent posséder une connaisse courante du gallois et la plupart des documents administratifs (circulaires, factures d’électricité, etc.) adressés au public doivent en principe être bilingues (en anglais au recto, en gallois au verso). Les formulaires bilingues dans l'Administration galloise sont devenus l'une des toutes premières priorités dans les programmes gouvernementaux locaux. Tous les locuteurs du gallois ont maintenant le droit de présenter des requêtes orales ou écrites en gallois.

Lorsque le citoyen gallois ne demande pas de services en gallois à l’administration locale, ces services lui seront accordés uniquement en anglais. Toutefois, en raison de la pression sociale, ceux-ci sont de plus en plus dispensés en gallois, même s'ils ne sont pas également répartis et qu'ils ne correspondent pas toujours à la loi de l'offre et de la demande. Sur quelque 40 conseils régionaux, seulement huit conseils sembleraient fonctionner assez bien en gallois. Le Royaume-Uni s'est engagé à ce que ses ministères qui assurent des fonctions de service public au pays de Galles élaborent des programmes en conformité avec les termes de la Loi sur la langue galloise, bien que les ministères britanniques ne soient pas visés par cette loi en tant qu'organismes publics du pays.

L'organisme responsable de la promotion du gallois est le Welsh Language Board (le Bureau de la langue galloise) Le Bureau supervise le développement et la mise en œuvre des programmes linguistiques par les services publics.

Dorénavant, les avis officiels doivent être publiés ou affichés en deux langues, avec le gallois placé de sorte qu’il soit lu en premier. Toute la publicité doit être bilingue, que c’est à l'entrée des supermarchés, des aéroports, sur l'arrière et le côté des bus, à l’intérieur des trains, sur les billets d’autobus, etc. Les écrans séparés en gallois et en anglais ne doivent pas être utilisés, la langue galloise devant être placée de manière à ce qu’elle soit lue en premier.

8.3 La signalisation routière

Pour la signalisation routière, un règlement de 1981 précisait alors les modalités de l'usage du gallois. Seules les routes nationales, c'est-à-dire les grandes routes, devaient être bilingues (gallois-anglais). Partout ailleurs, l'unilinguisme anglais demeurait en vigueur. Mais la réglementation est aujourd'hui considérablement changée.

Il existe maintenant un programme des organismes responsables des noms de lieux ("Welsh Language Scheme of the National Assembly for Wales": «programme sur la langue galloise de l'Assemblée nationale du pays de Galles»), lequel veille à la traduction des formes traditionnelles et correctes de la toponymie galloise. Le document ("Scheme") a reçu l'approbation du Conseil de la langue gallois le 4 octobre 2002. En voici deux extraits (nos 5.2 et 5.3) sur la politique linguistique à ce sujet, une sorte de déclaration d'intention sur l'affichage public:

5.2 Signs on and in our buildings

For new and replacement signs we will prefer that both languages be placed side by side with the Welsh on the left. Where one language is placed above the other the Welsh version will be placed above the English.

5.3 Traffic Signs

• The signs for which we are responsible (mostly motorway and trunk road signs) will be bilingual. Signs which are in English only at the moment will be made bilingual when they are replaced.

• In exceptional cases, road safety or technical reasons may prevent fully bilingual signage. This might be the case on very narrow single carriageways or where hedges or walls mean there is not enough room for the larger standard bilingual signs. We will make every effort to overcome such difficulties.

• Future electronic variable text message signs will be capable of displaying bilingual messages. In the meantime, bilingual messages will be used on current electronic variable message signs where space allows. Where it does not, we will place English and Welsh language messages on alternate signs where sufficient numbers of signs are installed.

• When both languages are included on one sign with one language above the other, the order in which the languages appear will follow the practice adopted in the Welsh Language Scheme of the Local Authority where the sign is located.

• We will produce bilingual versions of prescribed traffic signs for use by Local Authorities in Wales. We expect Local Authorities to implement their Welsh Language Schemes where they are responsible for road signs and markings.

5.2 Panneaux à l'extérieur et à l'intérieur de nos bâtiments

Pour les panneaux qui sont nouveaux et remplacés, nous préférons que les deux langues soient placées côte à côte avec le gallois à gauche. Lorsqu'une langue est placée au-dessus de l'autre, la version galloise doit être placée au-dessus de l'anglais.

5.3 Panneaux de signalisation

• Les panneaux routiers pour lesquels nous sommes responsables (principalement sur les autoroutes et les routes nationales) seront bilingues. Les panneaux qui sont uniquement en anglais pour l'instant seront bilingues quand ils seront remplacés.

• Dans des cas exceptionnels, des raisons reliées à la sécurité routière ou technique peuvent empêcher l'affichage bilingue. Ce pourrait être le cas sur une chaussée simple et très étroite ou lorsque des haies ou des murets indiquent qu'il n'y a pas assez de place pour les plus grands modèles des panneaux bilingues. Nous ferons tous les efforts pour surmonter ces difficultés.

• Les futurs panneaux électroniques à messages variables auront la possibilité d'afficher des bilingues. En attendant, les messages bilingues seront utilisés sur les panneaux électroniques actuels à messages variables, lorsque l'espace le permet. Quand il n'y en a pas, nous allons installer des messages en anglais et en gallois en alternance sur les panneaux là où est placé un nombre suffisant de panneaux.

• Lorsque les deux langues sont utilisées sur un panneau avec une langue au-dessus de l'autre, l'ordre dans lequel apparaissent les langues doivent respecter la pratique adoptée par les autorités locales où est situé le panneau.

• Nous allons produire des versions bilingues des panneaux de signalisation prescrits pour l'utilisation de la part des autorités locales dans le pays de Galles. Nous attendons de celles-ci qu'elles mettent en œuvre leurs programmes de langue galloise, là où elles ont la responsabilité du marquage et des panneaux routiers.

Les affiches routières étant bilingues (gallois-anglais), la prédominance est accordée au gallois dans les districts à majorité de langue galloise. Le bilinguisme n'est obligatoire dans certaines zones que pour des raisons de sécurité publique et ce sont les autorités locales (les communes) qui décident qu'une zone est de sécurité publique. Évidemment, des automobilistes unilingues de langue anglaise se sont plaints que l'emploi de panneaux bilingues augmentait le danger de la conduite automobile, en particulier dans les cas où les panneaux routiers sont imprimés différemment dans l'une et l'autre langue ou lorsque la barrière linguistique empêche l'affichage d'instructions détaillées. 

Depuis le 31 mars 2016, les règlements entrés en vigueur imposent l'obligation du gallois dans tous les nouveaux panneaux de signalisation. De plus, ceux-ci doivent d'abord comporter la langue galloise. Jusqu'alors, les autorités locales du pays de Galles avaient le pouvoir de choisir la langue à afficher en premier sur leurs panneaux de signalisation avec comme résultat que beaucoup choisissaient l'anglais. Mais ce n'est plus le cas, lorsque les autorités doivent installer ou renouveler un panneau qui transmet les mêmes informations en gallois et en anglais, le texte en gallois doit être positionné de manière à ce qu'il soit lu en premier. Les organismes avaient six mois pour se préparer au changement. Dans les affichages institutionnels, la langue galloise est présentée comme un code autonome parallèle à l'anglais, remplaçant un schéma antérieur de représentation du gallois subordonné aux normes anglaises.

8.4 Les noms de lieu

Ainsi, au pays de Galles, tous les toponymes ont dorénavant deux noms: l'un en gallois, l'autre en anglais. Le toponyme le plus long est le suivant:

Dans l'île d'Anglesey  (en gallois: Ynys Môn) au nord, il signifie: «L'église Sainte-Marie au bord de l‘étang des noisetiers blancs près d'un tourbillon rapide et de l'église de St-Tysilio de la grotte rouge».

Les principes actuels de l'orthographe standard de la langue galloise doivent être suivis. Le Comité de normalisation des noms de lieux ("Welsh Language Commissioner’s Place-names Standardisation Panel") Le Comité suit des lignes directrices précises pour formuler ses recommandations sur les formes normalisées des noms de lieux et fournit au commissaire des conseils indépendants sur des questions connexes. Il reconnaît l'autorité du Geiriadur Prifysgol Cymru (le Dictionnaire de la langue galloise de l'Université du Pays de Galles) sur les questions relatives à l'orthographe de la langue galloise, et les formes données dans le dictionnaire doivent être suivies autant que possible. Le Comité de normalisation comprend des spécialistes dans les domaines des noms de lieux et de l’orthographe galloise.

9 L’éducation au pays de Galles

Comme dans bien d'autres pays, la réforme de l’enseignement a constitué l’un des piliers les plus importants de la normalisation de la langue galloise au pays de Galles. Depuis 1971, le programme d’enseignement est devenu bilingue, mais il demeura longtemps limité à une minorité desservant un petit nombre de locuteurs du gallois, car plus de 80 % de la population ignorait la langue galloise. Avec l’Education Reform Act de 1988, un Programme national d’enseignement ainsi qu’un Programme national d’évaluation ont été instaurés pour tout le pays de Galles. Ces programmes accordaient au gallois le statut de «matière principale» et reconnaissaient le bilinguisme du pays de Galles. D'autres programmes ont depuis été mis en œuvre, notamment à la suite de l'Education Act de 2002 du Royaume-Uni.

9.1 Le système d'éducation et le programme national

Rappelons que le système d'enseignement au pays de Galles est similaire à celui de tout le Royaume-Uni et qu'il est soumis aux mêmes lois, à la seule différence que le gallois occupe dans le Programme scolaire national du pays de Galles (National Curriculum for Wales) une place importante, de la maternelle jusqu'au secondaire en passant par l'enseignement professionnel.  

Dans le domaine de l'éducation, tous les citoyens habitant le pays de Galles sont assurés de recevoir un enseignement en anglais et/ou en gallois. Comme dans tout le Royaume-Uni, la scolarité obligatoire du Programme national est formée de quatre «cycles» (''key stages'': «étapes-clés» ou «niveaux-seuil»), dont deux au primaire et deux au secondaire:

Enseignement primaire
(Primary school)
KEY STAGE 1
(Infant school)
1re année 5 - 8 ans
2e année
3e année
KEY STAGE 2
(Junior school)
4e année 8 - 11 ans
5e année
6e année
Enseignement secondaire
(Secondary school)
KEY STAGE 3 7e année 11 - 14 ans
8e année
9e année
KEY STAGE 4 10e année 14 - 16 ans
11e année

Les matières obligatoires du programme dans les écoles primaires sont réglementées par la Loi sur l'éducation (Education Act 2002) du Royaume-Uni, qui régit également l’enseignement au pays de Galles. Les trois «matières principales» (''core subjects'') comprennent les cours d’anglais  et de gallois, ainsi que de mathématiques et de science. Les articles 105 et 106 de la Loi sur l'éducation de 2002 décrivent les programmes pour chacun des cycle (''Key stages'').

En ce qui concerne les trois premiers cycles:

Les éléments suivants constituent des matières fondamentales pour les premier, second et troisième cycle: 

(a) les mathématiques,
(b) l'anglais,
(c) les science et,
(d) le gallois dans les écoles de langue galloise.

Les éléments suivants constituent d'autres matières de base pour les premier, second et troisième cycles: 

(a) la technologie,
(b) l'éducation physique,
(c) l'histoire,
(d) la géographie,
(e) l'art,
(f) la musique,
(g) le gallois, si l'école ne dispense pas l'enseignement en gallois, et;
(h) une langue étrangère moderne lors du troisième cycle.

En ce qui concerne le quatrième cycle:

Les éléments suivants constituent les matières de base pour le quatrième cycle: 

(a) les mathématiques,
(b) l'anglais,
(c) les sciences, et;
(d) le gallois dans les écoles de langues galloise.

Les éléments suivants constituent d'autres matières de base pour le quatrième cycle:

(a) l'éducation physique et;
(b) le gallois, si l'école n'est pas de langue galloise.

On trouvera une description du Programme scolaire national pour le pays de Galles  (National Curriculum for Wales) en cliquant ICI, sv.p. 

9.2 L'enseignement du gallois

Dès la maternelle, il est possible de recevoir un enseignement en gallois si les parents le demandent. Cet enseignement ne peut légalement être refusé, du moins à mi-temps. On compte plusieurs centaines de structures d'accueil, tant pour les enfants de moins de trois ans que pour les plus de trois ans. La Loi sur le programme et l'évaluation scolaire (2021) rend les ministres gallois dans l'obligation de promouvoir l'accès et la disponibilité des programmes d’études offerts en langue galloise pour les enfants:

Article 68

Obligation des ministres gallois de promouvoir l’accès aux programmes d'études en langue galloise

(1) Les ministres gallois doivent promouvoir l’accès et la disponibilité des programmes d’études offerts en langue galloise pour les enfants auxquels s’applique la présente loi.

- Les écoles primaires

Tous les élèves d'âge scolaire obligatoire (5-16 ans) scolarisés dans les établissements d'enseignement publics doivent, sauf quelques dispenses très réglementées, étudier le gallois comme première langue ou comme langue seconde. L'enseignement du gallois, appelé aussi «scolarisation bilingue» est obligatoire dans tout le pays de Galles (les 22 collectivités locales), mais les parents ont le choix entre le gallois langue maternelle et le gallois langue seconde. Retenons que l'enseignement de l'anglais demeure obligatoire et prioritaire, c'est-à-dire que l'enseignement en gallois se fait généralement dans une «école bilingue» dans laquelle l'enseignement de l'anglais requiert plus d'heures que celui du gallois. Il existe néanmoins des écoles où le gallois constitue la seule langue d'enseignement. Quelque 32 % des écoles primaires ont le gallois pour langue d'enseignement unique ou principale, ou l'utilisent pour une partie du programme national.

- Les écoles secondaires

L'enseignement secondaire bilingue ou en gallois est proposé dans tout le pays de Galles, mais à des degrés divers. Le secteur secondaire gallois compte plus d'une cinquantaine d'établissements dits «galloisants»  («Welsh speaking Schools»); les autorités locales qui ne disposent pas de ce type d'établissement ont conclu des accords intercomtés et assument les frais de transport scolaire pour que leurs élèves aient accès à l'enseignement bilingue ou galloisant.

Au secondaire, environ 22 % des établissements correspondent à la définition officielle d'une école gallois, c'est-à-dire une école où plus de la moitié des matières obligatoires du Programme national (National Curriculum for Wales), autres que l'anglais, le gallois et l'enseignement religieux, sont enseignées pour tout ou partie en gallois.

Depuis 1999, le gallois en tant que matière est obligatoire jusqu'à 16 ans pour tous les élèves. Durant l’année scolaire 2000-2001, sur les 229 écoles secondaires du pays de Galles, 72 enseignaient le gallois comme première et seconde langue, alors que les 157 autres le font uniquement comme seconde langue.

En 1996, on comptait 445 écoles primaires et 46 écoles secondaires (près de 112 000 élèves) au secondaire qui offraient des cours en langue galloise, soit comme langue maternelle soit comme langue seconde. En 2000, le gallois était enseigné comme seule langue d'enseignement ou comme principale langue d'enseignement dans 440 écoles, alors que 87 écoles bilingues (où le gallois n'est employé que pour une partie du programme), ce qui rassemble quelque 25 % des écoliers gallois. Lorsque l'enseignement est bilingue, il se fait d’abord en gallois, l'anglais étant considéré en principe comme une langue seconde, mais dans la réalité c’est le gallois qui est la véritable langue seconde. Le gallois est aujourd'hui enseigné comme langue seconde dans toutes les écoles du pays de Galles. Force est d'admettre que la situation s'est nettement améliorée depuis 1971, compte tenu du fait qu'on n'a commencé à enseigner le gallois que cette année-là. 

- L'enseignement supérieur

Les cours en gallois sont autorisés dans l'enseignement supérieur. Ils comptent pour environ 1,5 % de l'ensemble des cours. La principale institution d'enseignement supérieur est l'Université du pays de Galles (fondée en 1893) qui accueille plus de 25 000 étudiants chaque année; on y enseigne en anglais, parfois en gallois. 

Soulignons enfin que le gouvernement de l'Assemblée galloise subventionne l'enseignement du gallois en Argentine, plus précisément au sud du pays, soit dans la province du Chubut. Une subvention annuelle permet de fournir des enseignants venant du pays de Galles pour vivre dans cette région et y enseigner le gallois; la subvention sert aussi à former des enseignants locaux pour accroître les possibilités d'enseignement du gallois auprès de la population autochtone. Dans la province argentine du Chubut, près de 700 personnes participent actuellement à ce type d'enseignement.

10 Les médias et la vie économique

Les médias sont nombreux au pays de Galles et sont pour la plupart publiés ou diffusés en anglais. Néanmoins, les Gallois gallophones peuvent compter sur un certain nombre de médias en gallois. Quant au gouvernement du Royaume-Uni, il s'est engagé à favoriser la création et le maintien d'au moins un organisme de presse en gallois.

10.1 La presse écrite

Le pays de Galles compte présentement quatre hebdomadaires et quatre magazines publiés uniquement en gallois, ainsi qu'une soixantaine de 62 journaux locaux généralement mensuels (appelés les «Papurau Bro»). Cependant, il n'existe pas de quotidiens publiés en gallois, mais le Western Mail publie parfois des articles en gallois, ce qui correspond à moins de 1 % du contenu total du journal. Quant au Cambrian News, qui paraît une fois par semaine, il publie environ 5 % de son contenu en gallois. 

Par ailleurs, il existait un projet pour lancer un quotidien en gallois (Y Byd : «Le Monde»), dont le lancement était prévu pour 2008. Il devait être distribué sur l'ensemble du pays de Galles ainsi que dans les grands centres urbains anglophones. L'objectif des promoteurs (société Dyddiol) était de faire paraître un journal d'environ 24 pages, cinq jours sur sept, du lundi au vendredi. Le journal devait compter deux cahiers, l'un consacré à l'actualité proprement dite, l'autre à un dossier thématique (éducation, sport, vie rurale, économie, culture, etc.). En février 2008, le ministre du Patrimoine, de la Culture et de la Langue galloise annonçait une subvention de 200 000 livres aux journaux de langue galloise, à chaque année durant trois ans. Mais la subvention a été inférieure au budget promis. La société Dyddiol a annoncé que le projet était abandonné. Un examen sur la presse en gallois par l'Office de la langue galloise a conclu qu'il n'y avait pas suffisamment de lectorat pour un quotidien viable en gallois. L'entreprise s'est dit prête à envisager d'autres possibilités pour la presse en langue galloise.

10.2 Les médias électroniques

On ne trouve pas de diffuseurs de radio ou de télévisions unilingues gallois. On compte quatre stations de radio bilingues dont deux diffusent des émissions en gallois en raison de plus d’une centaine d’heures par semaine. Radio Cymru, une station de la BBC, a commencé à émettre en tant que radio intégralement galloise depuis le 1er janvier 1977; elle diffuse quotidiennement environ vingt heures d'émissions en gallois. D'autres radios régionales et commerciales diffusent également un certain nombre d'émissions en gallois, notamment Radio Ceredigion, basée à Aberystwyth. Pour sa part, Radio Cymru diffuse environ 140 heures d'émissions en gallois par semaine.

D'autres radios régionales et commerciales diffusent également un certain nombre d'émissions en gallois, notamment Radio Ceredigion (basée à Aberystwyth), et Champion FM (au nord-ouest du pays de Galles). Une seule station de télévision (S4C Sianel Pedwar Cymru) diffuse maintenant des émissions uniquement en gallois depuis 1982. La loi britannique accorde à la S4C le droit de recevoir gratuitement de la BBC un minimum de dix heures par semaine d'émissions en gallois. Par exemple, en 2004, la chaîne S4C diffusait  une moyenne hebdomadaire de 80 heures d'émissions en gallois. La BBC assure aussi un service de radio entièrement en gallois.

10.3 Les entreprises commerciales privées

En principe, la réglementation ne concerne pas les entreprises privées. En ce qui a trait à l'affichage commercial, celui-ci n'est soumis à aucune loi ni à aucun règlement; il existe de nombreuses affiches bilingues, mais elles ne sont pas le résultat d'un aménagement linguistique imposé. Le gouvernement du Royaume-Uni s'est même engagé à exclure de sa législation toute disposition interdisant ou limitant sans raison justifiable le recours au gallois dans les documents relatifs à la vie économique ou sociale, et notamment dans les contrats de travail et dans les documents techniques tels que les modes d'emploi de produits ou d'équipements. Dans les faits, l'emploi de l'unilinguisme anglais est généralisé dans le pays de Galles. 

Dans les faits, le bilinguisme ne concerne que les autorités locales et les institutions qui en dépendent (police, établissements d'enseignement, signalisation, etc.). Les commerces peuvent n'employer que l'anglais, ce qu'ils font de façon normale, mais ils ont le droit d'avoir recours au gallois seulement ou m^me les deux langues.

Cependant, le gouvernement du pays de Galles oblige les entreprises à ne pas traiter le gallois moins favorablement que l'anglais. Cette mesure inclut les déclarations visuelles, la raison sociale ou les noms utilisés, l’image de marque et les slogans. Toutes les adresses de papeterie et électroniques doivent employer correctement l’image de marque pour s’assurer que la langue galloise n’est pas traitée moins favorablement que l’anglais. En fait, tout peut être en gallois seulement ou dans les deux langues. Les vidéos bilingues doivent être 50-50 gallois-anglais. Les sous-titres pour les vidéos bilingues doivent apparaître simultanément en anglais et en gallois lorsque le gallois est parlé, OU la même vidéo peut être présentée deux fois, avec des sous-titres en gallois et en anglais respectivement. Sur les canaux de médias sociaux anglais et gallois distincts, les sous-titres seront dans la langue de la chaîne.

De façon générale, les autorités galloises du Royaume-Uni ne paraissent pas très satisfaites des concessions linguistiques qui lui ont été reconnues. À l'exception du domaine de l'enseignement où la situation paraît acceptable, l'insatisfaction couvre tous les domaines, particulièrement la justice, les services publics, les services sociaux, les soins et la santé, le monde des affaires, etc. Il n'est pas surprenant que les organisations pro-galloises, dont la Welsh Language Society, demandent la création de nouveaux organismes plus puissants, couvrant tout le pays de Galles. Pour certains, l'Assemblée galloise semble ne répondre qu'en partie aux demandes nationalistes, car comparativement au Parlement écossais, elle dispose d’un pouvoir plus limité. Il ne faut pas se faire illusion: toute politique linguistique de l’Exécutif gallois devra tenir compte du nombre infime de locuteurs du gallois et du rouleau compresseur qu’est la langue anglaise dans cette région du Royaume-Uni.

Il faut avouer que les lois et les pratiques linguistiques britanniques n’ont pas toujours été très généreuses à l'égard des minorités nationales – Gallois, Écossais et Irlandais – du pays. La politique linguistique du Royaume-Uni actuel est le résultat d'une longue tradition de répression exercée par l'Angleterre à l'égard de ses voisins dont elle a conquis les territoires et assimilé toutes les langues (gallois, gaélique écossais, gaélique irlandais, gaélique mannois, voire l'anglo-normand). Maintenant que les langues nationales minoritaires ne peuvent plus constituer un danger pour l’anglais, leur survie étant devenue précaire, le gouvernement de Sa Majesté peut se payer le luxe de la générosité en accordant une autonomie politique limitée aux Gallois qui peuvent par leurs propres moyens restaurer leur langue celtique longtemps bafouée.  

Certes, les réformes du Royaume-Uni étaient nécessaires, et il faut s'en réjouir, mais elles semblent arriver un peu tard. L’assimilation est devenue une issue incontournable pour la minorité galloise du Royaume-Uni. Plus rien ne devrait empêcher la très grande majorité des Gallois de continuer à faire usage de l’anglais dans leur vie quotidienne, à leur travail ou à l’école. Peu importe les subventions gouvernementales de Sa Majesté, les anciennes directives de l’Union européenne, la restauration des gouvernements régionaux ou les campagnes de promotion linguistique, l’imaginaire collectif de toutes les minorités continuera de s’exprimer en anglais. Le gallois, le gaélique écossais et l’irlandais risquent de demeurer des «langues de décoration» qu’on emploiera dans les lois, les noms de rue, les menus de restaurant, etc., mais pas dans la vraie vie des citoyens. Ces langues ont plus de chance de demeurer des symboles de l’identité collective des sujets «autochtones» de Sa Majesté que de devenir des instruments de communication généralisés dans la vie quotidienne. Il est vrai que le gouvernement britannique a fini enfin par signer (au 2 mars 2000) et ratifier (au 27 mars 2001) la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992. Sans ces réformes à l’égard de ses minorités historiques, le Royaume-Uni ne pouvait que difficilement adhérer à cette «Europe des peuples» dont il ne fait plus partie. 

Dernière mise à jour: 15 févr. 2024
 

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Bibliographie
 

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