République serbe

Serbie

1) Situation générale

Capitale: Belgrade
Population: 8,6 millions (2020)
Langue officielle: serbe
Groupe majoritaire: serbe (88 %)
Groupes minoritaires:  hongrois (2,6 %), bosniaque (1,5 %), romani (1,4 %), romano-serbe (1,0 %), croate (0,6 ), slovaque (0,5 %), tchèque (0,5 %), monténégrin, aroumain, polonais, roumain, arabe libanais, macédonien, bulgare, etc.
Système politique: république comprenant également la province de la Voïvodine
Articles constitutionnels (langue): art. 3, 10, 21, 27, 32, 33, 57, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 199 et 202 de la Constitution de la Serbie (2006)
Lois linguistiques: Loi sur l'emploi officiel des langues et des alphabets (1991-2018)
; Loi sur la protection des droits et libertés des minorités nationales (2002);  Loi sur les compétences particulières de la province autonome (abrogée, 2002); Charte sur les droits de l’homme, les droits des minorités et les libertés civiles (2003); Décret sur le Conseil de la république de Serbie pour les minorités nationales (2009); Loi établissant les compétences de la Province autonome de Voïvodine (2009); Loi sur les conseils nationaux des minorités nationales (2009-2018).
Lois sur l'éducation:
 Loi sur les fondements du système d'éducation et de formation (2017); Loi sur l'enseignement préscolaire (2010-2017); Loi sur l'enseignement et la formation primaires (2013-2019); Loi sur l'enseignement et la formation secondaires (2017); Loi sur l'université (2002); Loi sur l'enseignement supérieur (2017-2020);  Loi sur les manuels scolaires (2018).
Autres lois à portée linguistique: Loi sur les élections locales (2000-2020); Loi sur la promulgation de la Loi sur l'enregistrement des entreprises commerciales (2004); Loi sur les élections des députés du peuple (2000-2020); Loi sur la radiodiffusion (2002-2009); Loi sur la procédure et l'administration fiscale (2002-2019); Code pénal (2005-2019); Loi sur le protecteur des citoyens (2005-2007); Loi sur les fonctionnaires (2005-2018); Loi sur la carte d'identité (2006-2011); Loi sur l'autonomie locale (2007-2018); Loi sur les juges (2008); Loi sur l'interdiction de la discrimination (2009); Loi sur le notaire public (2011-2015); Règlement de la cour (2009-1019); Règlement intérieur de l'Assemblée nationale (2009); Loi sur les partis politiques (2009-2015); Loi sur l'Assemblée nationale (2010); Code de procédure pénale (2011-2014); Loi sur les entreprises (2011-2019); Loi sur la procédure civile (2011-2020); Loi sur l'information publique et les médias (2014-2016); Loi sur les services des médias publics (2014-2016); Loi sur les médias électroniques (2014-2016); Loi sur la protection des consommateurs (2014-2018); Loi sur la procédure administrative (2016-2018); Loi sur la publicité (2016-2019); Loi sur les marchés publics (2019).

1 Situation géographique

La république de Serbie (en serbe: Република СрбијаRepublika Srbija) est limitée au nord par la Hongrie, au nord-ouest par la Croatie, à l'est par la Roumanie et la Bulgarie, au sud par la Macédoine, au sud-ouest par l'Albanie, et par le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine à l'ouest. La Serbie actuelle englobe aussi, au nord, la province de la Voïvodine et, au sud, le Kosovo, dont elle ne reconnaît pas l'indépendance unilatérale. Malgré les prétentions de la Serbie, le Kosovo est devenu de facto un État indépendant en ayant proclamé, le 17 février 2008, son indépendance, bien que celle-ci ne soit pas universellement reconnue. En mars 2020, sur les 193 membres souverains des Nations unies, 92 figurent sur la liste des États qui ont reconnu l'indépendance du Kosovo, 96 pays sont contre et cinq autres se sont abstenus. Même le Conseil de sécurité de l'ONU reste divisé sur cette question.

La superficie totale de l’actuelle Serbie est de 77 474 km² (l'équivalent de la République tchèque avec ses 78 866 km²). Quant à la Serbie centrale ou «intérieure», elle correspond à 72 % de l'État de Serbie, et la Voïvodine, 38 %. Auparavant, le Kosovo représentait 10 887 km², soit 12,3% du territoire de la République.

Entité administrative Superficie %
Serbie centrale (intérieure) 55 968 km² 72,2 %
- Voïvodine 21 506 km² 38,7 %

TOTAL

77 474 km² 100,0 %

La Voïvodine est la province autonome au nord, mais pour la république de Serbie le Kosovo fait encore partie du pays; c'est ce qui explique que le Kosovo est encore inscrit dans plusieurs lois serbes. 

2 L'organisation territoriale

La Constitution de 2006 prévoit trois niveaux de gouvernance : central, provincial et local. Depuis l'indépendance du Kosovo en 2008, la Serbie est constituée d'une seule province autonome (en serbe latin: autonome pokrajine), de quatre régions (regioni), de 24 districts administratifs (upravni okruzi), de la Ville de Belgrade avec son statut particulier (Grad Beograd), mais il faut aussi distinguer les  villes (gradovi) et les municipalités (opštine).

2.1 Les régions

La Serbie est divisée en quatre régions dites «statistiques» ("Statistički regioni Srbije") : (1) la Voïvodine; (2) la région de Belgrade; (3) la Šumadija (appelée aussi en français: Choumadie) et la Serbie occidentale; (4) la Serbie orientale et méridionale (voir la carte ci-contre).

Selon l'article 4 de la Loi sur le développement régional ("Zakon o regionalnom razvoju"), la région est une unité territoriale statistique fonctionnelle, constituée d'une ou de plusieurs zones, établies aux fins de la planification et de la mise en œuvre de la politique de développement régional, conformément à la nomenclature des unités territoriales statistiques. La région statistique n'est pas une unité territoriale administrative et n'a pas de personnalité juridique. L'article 5 de la loi inclut la «région du Kosovo et Metohija», car, nous le savons, la Serbie ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo.

 2.2 Les districts

On compte 24 districts (okrug / okruzi), dont 17 districts en Serbie centrale: Mačva, Podunavlje, Braničevo, Bor, Kolubara, Šumadija, Pomoravlje, Zlatibor, Moravica, Raška, Rasina, Zaječar, Toplica, Nišava, Jablanica, Pirot, Pčinja. La province de Voïvodine en dénombre sept : la Bačka occidentale, la Bačka septentrionale, le Banat septentrional, la Bačka méridionale, le Banat central, le Banat méridional et la Syrmie (Srem en serbe). Voir la carte des districts. Les districts portent officiellement le nom de «districts administratifs» (управни окрузи ou upravni okruzi) et constituent des subdivisions administratives qui représentent le gouvernement de la Serbie au niveau régional.

Les districts ne sont pas définis dans la Loi sur l'organisation territoriale ("Zakon o teritorijalnoj organizaciji"), mais un décret promulgué le 29 janvier 1992. Dans ce décret, le gouvernement serbe les définit comme « des centres régionaux de l'autorité de l'État».  Ils sont administrés par des préfets ("načelnik okruga" / "načelnica okruga") et ne disposent d'aucune assemblée élue. Les districts sont des unités purement administratives.

2.3 Les villes

Les villes (grad / gradovi) constituent des unités territoriales établies par la Loi sur l'organisation territoriale ("Zakon o teritorijalnoj organizaciji"). Elles représentent le centre économique, administratif, géographique et culturel d'un territoire plus large et a une population de plus de 100 000, mais parfois un peu moins de façon exceptionnelle. Le territoire de la ville peut être divisé en municipalités. La division de la ville en municipalités urbaines est déterminée par le statut de la ville, conformément à la loi. Le premier officier d'une ville porte le titre de «maire» ("gradonačelnik"). Six villes comptent plusieurs municipalités: Belgrade, Novi Sad, Niš, Požarevac, Užice et Vranje. Les 23 villes font partie d'un district.

2.4 Les municipalités

Toutes les municipalités (opština / opštine), ainsi que les villes, font partie d'un district, sauf Belgrade qui bénéficie d'un statut particulier. La Serbie compte 117 municipalités (opštine), dont huit en Voïvodine. Les municipalités constituent les entités de base de l'administration locale en Serbie. Le premier officier municipal est en principe le président municipal ("predsednik opštine"), tandis que le pouvoir exécutif est détenu par le conseil municipal ("Opštinsko veće"); le pouvoir réglementaire est régi par l'assemblée municipale ("Skupština opštine").

Une municipalité doit compter un minimum de 10 000 habitants sur son territoire, mais exceptionnellement elle peut être admissible avec une population moindre pour des raisons de nature économique, géographique ou historique.  Toute municipalité est habilitée à exécuter ses droits et ses obligations dans le cadre de ses compétences au moyen de ses propres organismes. La municipalité peut compter plusieurs villages. Il faut comprendre que la municipalité constitue l'unité territoriale de base dans laquelle se réalise toute autonomie locale.

2.5 Belgrade

La région de Belgrade (ville de Belgrade) a le statut d’unité territoriale spéciale en Serbie. Elle dispose de sa propre assemblée, d'un maire, d'un conseil municipal et d'une administration municipale. Le territoire de la ville de Belgrade compte 17 municipalités urbaines qui ont à leur tour leurs propres autorités locales. La division de la ville de Belgrade en municipalités urbaines est déterminée par le Statut de la ville de Belgrade. 

2.6 La Province autonome de Voïvodine

La Voïvodine est une province autonome ("Autonomna Pokrajina Vojvodina") divisée en sept districts: la Bačka occidentale, la Bačka septentrionale, le Banat septentrional, la Bačka méridionale, le Banat central, le Banat méridional et la Syrmie (Srem en serbe). Sa capitale et ville la plus peuplée est Novi Sad, suivie par Subotica.

La Voïvodine est ethniquement diversifiée avec plus de 25 groupes ethniques différents représentant un tiers de la population de la province. C'est pourquoi la Voïvodine compte six langues officielles: le serbe, le hongrois, le slovaque, le roumain, le croate et le ruthène. La Voïvodine est la seule province autonome de Serbie encore rattachée au pouvoir central depuis que le Kosovo a fait unilatéralement sécession le 17 février 2008.

La province de Voïvodine fait l'objet d'un traitement distinct de la Serbie centrale: voir l'article «Voïvodine».

2.7 L'autonomie locale

Les villes et les municipalités constituent des unités d'autonomie locale. La Loi sur l'autonomie locale (2007-2018) réglemente les unités d'autonomie locale, leurs critères d'établissement, leurs compétences, leurs organismes, leur contrôle sur leurs actes et activités, ainsi que d'autres questions importantes pour l'exercice de leurs droits et leurs obligations (art. 1). En Serbie, l'autonomie locale est un droit des citoyens pour qu'ils puissent gérer par leurs représentants les affaires publiques de proximité dans l'intérêt général commun (art. 2). Cette autonomie locale, selon l'article 3, est exercée par l'administration locale, c'est-à-dire la municipalité (opština) et/ou la ville (grad). L'unité d'autonomie locale a le statut de personne morale (art. 12). En vertu de l'article 18, une municipalité (opština) est une unité territoriale de base dans laquelle s'exerce l'autonomie locale qui est apte à s'acquitter de manière indépendante de tous les droits et obligations relevant de sa compétence par l'intermédiaire de ses organismes.

- Les compétences générales

La municipalité, à travers ses propres organismes, conformément à la Constitution et à l'article 20 de la Loi sur l'autonomie locale, a compétence concernant les transports locaux, la construction et l'entretien des routes, le tourisme, la restauration, les commerces, le développement économique et rural, l'environnement, la protection des citoyens, etc.

- L'éducation et la langue

Au point de vue culturel, la municipalité a compétence dans le domaine de l'éducation (enseignement préscolaire et enseignement primaire et secondaire), dans les activités de recherche scientifique et l'innovation, ainsi que dans la culture, la santé et la protection sociale, la protection de l'enfance, etc. La municipalité doit s'occuper aussi de la réalisation, de la protection et de la promotion des droits de l'homme et des minorités, de l'égalité des sexes, ainsi que de l'information du public au sein de la municipalité. C'est donc la municipalité qui peut décider de proclamer une langue minoritaire «d'usage officiel», selon l'expression consacrée (у службеној употреби = u službenoj upotrebi). De plus, une liste unique des tâches, qui relèvent de la compétence des municipalités, est fournie par le ministère responsable de l'autonomie locale sur la base des données obtenues auprès des municipalités et des organismes de l'administration publique.

Pour qu'une municipalité adopte une langue minoritaire «d'usage officiel» en plus du serbe, il faut, selon l'article 98 de la Loi sur l'autonomie locale, que les membres d'une minorité nationale représentent plus de 5% de la population totale ou que toutes les minorités nationales représentent plus de 10% de la population totale selon le dernier recensement de la République. Cependant, le statut d'une langue co-officielle n'est ni obligatoire ni automatique, car ce n'est qu'une possibilité légale et juridique de la part d'une municipalité.

3 Données démolinguistiques

La Serbie de 2020 comptait une population de 8,6 millions d'habitants. Alors que le Kosovo faisait partie de la Serbie en 2005, celle-ci comptait 10,6 millions d'habitants. La grande majorité des habitants de ce pays parlent le serbe comme langue maternelle dans une proportion de 88%.

3.1 La langue serbe

Dans la Serbie actuelle, les Serbes comptent pour 88 % de la population du pays. Ils parlent le serbe, une langue slave du groupe méridional comprenant aussi le croate, le monténégrin, le bosniaque, le slovène, le bulgare et le macédonien. D'un point de vue strictement technique et linguistique, le serbe, le croate, le bosniaque et le monténégrin constituent des variantes d’une seule et même langue, basées sur le dialecte chtokavien. Du temps de l'ex-Yougoslavie, on parlait de langue serbo-croate. Le serbe s'écrit avec l'alphabet cyrillique comptant 30 lettres, ce qui le distingue de l'alphabet russe (33 lettres),  et chacune d’elles correspond à un son. L’héritage catholique a favorisé l’alphabet latin avec le croate le polonais, le tchèque, le slovaque,  le slovène et le sorabe, alors que l’héritage du monde orthodoxe a favorisé l’alphabet cyrillique avec le russe, le biélorusse, l'ukrainien, le serbe, le bulgare et le macédonien.

- Les variétés dialectales

Pour les linguistes, le serbe comporterait deux dialectes principaux : le chtokavien (štokavski) et le torlakien (torlacki). Le dialecte chtokavien est parlé par la plupart des Serbes de Serbie, de Bosnie-Herzégovine et du Monténégro. Le chtokavien est également employé par la majorité des Croates, des Bosniaques et des Monténégrins. Quant au torlakien, il est employé dans le sud-est de la Serbie. Cette variante n’est pas standardisée et sa reconnaissance en tant que dialecte du serbe est loin de faire l’unanimité.

C'est pourquoi il existe une autre façon de distinguer certaines variantes du serbe: les parlers ékaviens (ekavski) et les parlers ijékaviens (ijekavski). Il s'agit d'une distinction établie selon la prononciation d'une lettre de l'alphabet serbe, le yat ou ïat (voir la figure de gauche). L'ékavien est utilisé dans le centre, l'est et le sud de la Serbie, où le yat est prononcé [é]. Le ijékavien est parlé dans l’ouest de la Serbie ainsi qu'au Monténégro et en Bosnie-Herzégovine, où le yat est prononcé comme [yé].  La langue littéraire serbe est fondée sur le dialecte chtokavien, ses normes admettant les prononciations ékavienne et ijékavienne, ainsi que leur transcription.

- L'alphabet cyrillique

Dans la Constitution de l'ex-Yougoslavie de 1992, l'article 15 distinguait dans la langue serbe l’ékavien et l’ijékavien comme des variantes officielles, avec l'alphabet cyrillique. Dans la Constitution de 2006, il est énoncé à l'article 10 que «le serbe et l'alphabet cyrillique sont d'usage officiel dans la république de Serbie». Toutefois, tous les enfants serbes apprennent aussi l'alphabet latin pour lire ou écrire le serbe. Le tableau ci-contre indique les deux alphabets, cyrillique (première ligne) et latin (deuxième ligne). 

Bien que l'alphabet cyrillique soit officiellement utilisé en Serbie, la mondialisation et les formes modernes de communication ont fait de l'alphabet latin l'alphabet le plus dominant, ce qui crée une concurrence importante pour l'alphabet traditionnel des Serbes. Selon une enquête menée par l'agence Open Sours en 2014, une proportion de 47% des répondants utilisait l'alphabet latin, tandis que 36% d'entre eux écrivaient en cyrillique.

- L'alphabet latin en serbe

Dans le cadre du présent article, l'alphabet latin sera employé de préférence au cyrillique afin de faciliter la compréhension pour les internautes. Par exemple, la plupart des noms de lieux et des ethnies seront indiqués en alphabet latin, parfois le nom des lois. On peut donc transcrire République de Serbie, Belgrade et Constitution de la façon suivante: Республика Сербия (cyrillique) ou Respublika Serbiya (latin), Белград (cyrillique) ou Belgrad (latin), Конституция (cyrillique) ou Konstitutsiya (latin).

Notons que l'orthographe de certains mots transcrits en serbe avec l'alphabet latin, par exemple opština, Bačka ou žuto, peut causer des difficultés aux francophones, notamment les lettres [č], [š] et [ž]. Ce signe placé au-dessus des lettres [c], [s] et [z] se présente en français comme «un accent circonflexe inversé». Ce sont là des lettres fréquentes en croate et en bosniaque, ainsi qu'en serbe et en monténégrin, lorsque ces deux langues emploient l'alphabet latin au lieu de l'alphabet cyrillique:

En serbe latin [č]  [š]  [ž] [đ] [c]
Valeur en français tch comme tchador ch comme chat dj comme djellaba dy comme Dieu ts comme tsar
En alphabet phonétique international ʃ dj ts

Cela signifie que les mots opština, Bačka, žuto et Medveđa se prononcent respectivement comme [op-chti-na], [batch-ka], [djouto] et [med-vé-dya]. Un dernier exemple: le nom d'un président de la Serbie doit s'écrire en serbe latin, Milošević, ce qui correspond à [mi-lo-ché-vitch].

3.2 Un État multiethnique

La république de Serbie constitue certainement l’un des États les plus multiethniques de l’Europe. En effet, les minorités de la Serbie sont très nombreuses. Elles comprennent d'abord les Hongrois (2,6 %) qui vivent pour la plupart dans la province de la Voïvodine et les Bosniaques (1,5 %) dans la région du Sandjak. Suivent les Roms/Tsiganes (1,4%), les  Croates (0,6 %), les Slovaques (0,5%), les Tchèques (0,5%), les Monténégrins (0,4%), les Valaques (0,3%), les Polonais (0,3%, les Roumains, les Macéconiens (0,2%), les Albanais, les Turcs, les Bulgares, les Ruthènes (0,2 %), etc. Il ne faut pas croire que toutes ces minorités, même en proportion réduite par rapport à l'ensemble du pays, sont négligeables, car la plupart vivent concentrées dans leur municipalité ou dans leur village, alors qu'elles peuvent même devenir majoritaires, tandis qu'un grand nombre réside dans la province autonome de Voïvodine où existent six langues officielles (serbe, hongrois, slovaque, roumain, croate et ruthène).  

Au point de vue des filiations linguistiques, les Serbes, les Croates, les Bosniaques, les Macédoniens, les Tchèques, les Ruthènes, les Polonais, les Ukrainiens et les Slovènes parlent des langues slaves; les autres parlent des langues romanes (roumain), germaniques (allemand), altaïques (turc), ouralienne (hongrois), indo-iraniennes (romani des Roms), etc. L'albanais est un cas à part, car c'est un isolat indo-européen. 

Groupe ethnique Population Pourcentage Langue principale Filiation linguistique Religion
Serbe 7 582 000 87,2 % serbe langue slave christianisme
Hongrois 233 000 2,6 % hongrois famille ouralienne christianisme
Bosniaque 133 000 1,5 % bosniaque langue slave islam
Rom/Tsigane 125 000 1,4 % romani des Balkans langue indo-iranienne christianisme
Romano-Serbe 95 000 1,0 % romano-serbe langue mixte christianisme
Croate 53 000 0,6 % croate langue slave christianisme
Slovaque 48 000 0,5 % slovaque langue slave christianisme
Tchèque 45 000 0,5 % tchèque langue slave aucune
Tsigane sinté 39 000 0,4 % romani sinté langue indo-iranienne christianisme
Monténégrin 35 000 0,4 % monténégrin langue slave christianisme
Valaque (ou Aroumain) 32 000 0,3 % aroumain langue romane christianisme
Polonais 29 000 0,3 % polonais langue slave christianisme
Roumain 27 000 0,3 % roumain langue romane christianisme
Arabe libanais 22 000 0,2 % arabe levantin famille afro-asiatique islam
Macédonien 21 000 0,2 % macédonien langue slave christianisme
Bulgare 17 000 0,1 % bulgare langue slave christianisme
Chinois 14 000 0,1 % chinois mandarin famille sino-tibétaine aucune
Ruthène 14 000 0,1 % ruthène langue slave christianisme
Slovène 8 200 0,0 % slovène langue slave christianisme
Ukrainien 8 100 0,0 % ukrainien langue slave christianisme
Allemand 6 300 0,0 % allemand langue germanique christianisme
Gorani 6 100 0,0 % serbe langue slave islam
Albanais 5 300 0,0 % albanais guègue isolat indo-européen islam
Russe 3 600 0,0 % russe langue slave christianisme
Américain 2 700 0,0 % anglais langue germanique christianisme
Adyghéen 2 600 0,0 % adyghé famille caucasienne islam
Istrio-Roumain 2 600 0,0 % istrio-roumain langue romane christianisme
Italien 2 600 0,0 % italien langue romane christianisme
Turc 2 500 0,0 % turc langue turcique (altaïque) islam
Juif serbophone 1 800 0,0 % serbe langue slave judaïsme
Égyptien des Balkans 1 700 0,0 % albanais tosque isolat indo-européen islam
Britannique 1 500 0,0 % anglais langue germanique christianisme
Français 900 0,0 % français langue romane christianisme
Grec 900 0,0 % grec langue grecque christianisme
Autres 72000  0,8 %  - -
Total 2020 8 693 400 100% - - -

À la diversité linguistique s’ajoute la diversité religieuse. En effet, la plupart des Serbes pratiquent la religion orthodoxe de l'Église orthodoxe d'Orient (ou Église orthodoxe serbe), mais les Bosniaques de la région du Sandjak et les Turcs pratiquent l’islam sunnite. En outre, il existe des petites communautés de Croates catholiques, de Slovaques évangélistes et de juifs.

Précisons que, depuis 1991, un grand nombre de Croates (en Voïvodine) et de Bosniaques (dans la région du Sandjak) qui vivaient en Serbie ont fui la Serbie et ont trouvé refuge en Croatie ou en Bosnie-Herzégovine. En outre, quelque 2,1 millions de Serbes qui habitaient dans les autres républiques de l'ancienne Yougoslavie en 1991 ont immigré en Serbie; environ 1,4 million (66 %) de ceux-ci vivait auparavant en Bosnie-Herzégovine, 580 000 (28 %) en Croatie, moins de 60 000 (soit 3 %) au Monténégro, moins de 50 000 (soit 2 %) en Slovénie et le même nombre dans l'ancienne République yougoslave de Macédoine. En somme, le nombre et la proportion des groupes minoritaires se réduisent d'année en année.

4 La distribution géographique des minorités
 

Pour les besoins de cette présentation, les minorités dont il s’agit ici habitent la Serbie, ce qui correspond à la Serbie centrale et à la province de la Voïvodine. Sont donc exclus, outre les Albanais du Kosovo. Toutefois, la Voïvodine bénéficie d’un traitement particulier dans une section différente (voir la province de la Voïvodine).

La carte ci-contre montre bien que la langue serbe est parlée sur tout le territoire, y compris en Voïvodine et dans l'ex-province du Kosovo. On peut constater aussi que la plupart des minorités sont concentrées dans la province de la Voïvodine au nord.

4.1 Les Hongrois et les Roms

Le hongrois est la langue minoritaire la plus importante en nombre avec 233 000 locuteurs. Suivent le bosniaque (133 000) près du Monténégro, le romani (125 000), le croate (53 000) près de la Croatie, le slovaque (48 000), le monténégrin (35 000), le valaque ou l'aroumain (35 000) et le roumain (27 000) près de la Roumanie, le bulgare (17 000) près de la Bulgarie et le ruthène (14 000) en Voïvodine.

Les Tsiganes/Roms comptent 125 000 locuteurs du romani. Ils se répartissent dans presque toutes les régions de la Serbie; certaines sources officieuses estiment toutefois que les Tsiganes seraient au moins 600 000, incluant les non-romaniphones. Quelque 17 % des Tsiganes habiteraient la province de la Voïvodine. Il reste 48 % des Tsiganes qui demeurent dans la Serbie centrale; la plupart de ces derniers sont concentrés dans le Sud-Est, soit dans les régions de la Morava et de la Nisava, plus ou moins près des frontières de la Macédoine du Nord et de la Bulgarie. Dans certaines municipalités (Surdulica, Bujanovac, Bojnik et Vladicin Han) de ces deux régions, les Tsiganes constituent le troisième groupe en importance.

 

4.2 Les Bosniaques

Les Bosniaques (appelés dans l'ex-Yougoslavie: «Musulmans») de Serbie habitent dans la région du Sandjak (ou Sandžak), appelée "Raška" par les Serbes. C’est une petite région frontalière (8687 km²) située entre la Serbie et le Monténégro (carte géographique), près de la Bosnie-Herzégovine. Six de ces municipalités sont en Serbie: (1) Novi Pazar, (2) Tutin, (3) Sjenica, (4) Prijepolje, (5) Priboj et (6) Nova Varoš. Les six autres sont au Monténégro: (1) Pljevlja , (2) Bijelo Polje, (3) Berane, (4) Andrijevica, (5) Plav et (6) Rožaje).

Les Bosniaques du Sandjak serbe totaliseraient en principe quelque 185 000 personnes. Ils forment une majorité à Tutin (90 %), à Sjenica (73 %) et à Novi Pazar (77 %); les Serbes forment la population majoritaire à Priboj (75%), Prijepolje (52%) et Nova Varoš (89%). Les Bosniaques définissent leur langue maternelle comme étant le bosniaque (en lieu et place du serbe) qui s’écrit avec l’alphabet latin; les autorités serbes ont fini par accepter ce terme et considèrent maintenant que les Bosniaques parlent le bosniaque et emploient l’alphabet latin. C’est pourquoi seul le serbe est officiellement reconnu au Sandjak. À l’été de 1992, le Conseil national musulman du Sandjak avait adopté un mémorandum sur l'établissement d’un statut spécial pour le Sandjak.

Le document proposait des pouvoirs administratifs étendus (administration locale, police et système judiciaire). Le mémorandum fut soumis à l’approbation du Parlement serbe qui a rejeté la proposition.

4.3 Les Albanais

On compte environ 5800 Albanais en Serbie, dont 3500 en Serbie centrale et 2250 en Voïvodine. La grande majorité des Albanais (appelés Siptars par les Serbes) habite dans la vallée de Preševo au sud, ainsi qu'à Belgrade et sa banlieue. Selon divers rapports, les Albanais de la région de Belgrade, contrairement à ceux du Kosovo alors qu'elle était une province, n'ont pas été inquiétés quant à leurs droits personnels et civils. Toutefois, depuis la guerre du Kosovo, les Albanais de Belgrade se font plus discrets et se fondent dans la population serbe de crainte d’être accusés de tous les maux du pays.

En Serbie du Sud, deux municipalités, dont Preševo et Bujanovac, situées à proximité du Kosovo et de la Macédoine du Nord, comptent des minorités albanaises. Selon le recensement de 2002, la municipalité de Bujanovac était composée sur le plan ethnique de 56% d'Albanais, de 35% de Serbes et 9% de Roms/Tsiganes; Preševo compte près de 90% d'Albanais, mais en raison du boycottage lors du recensement de 2011 les statistiques ne sont plus très fiables à leur sujet. De plus, la guerre du Kosovo a fait fuir beaucoup d'albanophones de cette région du pays.

4.4 Les Croates et les Slovaques

La plupart des Croates résidant en Serbie proprement dite (excluant le Kosovo et la Voïvodine) sont répartis à Belgrade ainsi que dans sa banlieue immédiate. La situation des Croates a commencé à se détériorer quand le Parti radical serbe a pris le contrôle des administrations locales. La campagne anti-croate fut à son comble au début de la guerre (novembre 1991), alors que beaucoup de Croates décidèrent de fuir la Serbie. Le statut des Croates n'a pas été résolu à ce jour et le retard est évidemment délibéré. Au recensement de 2011, on comptait 57 900 Croates, dont 10 800 en Serbie centrale et 47 000 en Voïvodine. En 2019, la population était estimée à quelque 53 000 Croates dans toute la Serbie.

Quelque 80 % des 48 000 Slovaques habitent dans la province de la Voïvodine, il ne resterait donc moins de 10 000 Slovaques en Serbie centrale. Les Slovaques de Serbie bénéficient du statut d'une minorité nationale, mais seulement dans la province de la Voïvodine.

4.5 Les Roms/Tsiganes

Selon les données officielles, environ 108 000 Roms/Tsiganes vivraient en Serbie.  Selon le recensement de 2002 du Bureau de statistique de la République, il y avait 108 193 citoyens vivant en Serbie qui s'étaient déclarés Roms, dont 79 136 en Serbie centrale et 29 057 en Voïvodine. Au recensement de 2011, on dénombrait 147 604 Roms, dont 105 213 en Serbie centrale et 42 391 en Voïvodine. Cependant, selon le ministère des Droits de l'homme et des minorités et selon des estimations non officielles sur le terrain, il y aurait entre 400 000 et 500 000 représentants de cette minorité nationale en Serbie.

Selon une étude de l'administration serbe à Belgrade, sur 36 000 Roms habitant la capitale, 13% d'entre eux n'ont aucun document personnel. En fait, un grand nombre de Roms à Belgrade vivent sans enregistrement; ce problème est similaire dans d'autres grandes villes de Serbie. Bref, les Roms ne sont souvent pas enregistrés auprès du Service national de l'emploi, en raison de l'impossibilité d'enregistrer leur résidence; ils n'ont souvent même pas de carnet de santé et il y a des problèmes avec l'inscription des enfants roms dans les écoles.

Il existe trois groupes de Roms en Serbie, classés en fonction de leur région d'origine:

1. les Roms turcs: ils sont arrivés en Serbie par le sud de la Turquie, sont de confession musulmane et parlent le serbe, le romani et le turc;
2. les Roms blancs ou bosniaques: ethniquement, ils font partie des Roms turcs, mais ils viennent de la Bosnie-Herzégovine; ils sont concentrés surtout dans la région frontalière de la Podrinje, près de la Bosnie; ils me parlent que le serbe et son musulmans;
3. les Roms valaques: ils sont originaires du Banat roumain à l'est de la Voïvodine; en plus du serbe, ils parlent le romani.

4.6 Les autres minorités

Les 17 000 Bulgares de la Serbie bénéficient du statut de minorité nationale. Ils sont concentrés exclusivement dans cinq municipalités de l'est de la Serbie, près de la frontière bulgare: Dimitrovgrad, Pirot, Babusnica, Surdulica et Bosilegrad.

- Les Roumains et les Valaques

En Serbie centrale, on compte très peu de Roumains sur un total de 27 000, car la Voïvodine en accueille au moins 25 000. La grande majorité, des Roumains habitent dans la province de la Voïvodine, mais les autres, environ 8 %, vivent dans la ville de Belgrade.

Les Valaques, appelés aussi Aroumains, parlent une langue apparentée au roumain. Ils étaient 35 000 en 2011, presque exclusivement en Serbie centre. Ils sont répartis dans une douzaine de localités à l’est de la Serbie, soit le long de la vallée du Danube et à l’embouchure du fleuve Timok. Ils constituent parfois la majorité dans certains villages, mais leur nombre est beaucoup moins important dans les centres urbains.

Si les Roumains de la Voïvodine bénéficient du statut de minorité nationale, il n’en est pas ainsi pour les Roumains de Belgrade (aucun statut) et les Valaques qui ne disposent que du «statut d’ethnie». Rappelons que les Roumains et les Valaques parlent des langues apparentées et appartiennent à des communautés idéologiquement différentes en raison de leur héritage historique. Cependant, la langue valaque parlée par les Valaques n'est pas reconnue d’emploi officiel dans l’est de la Serbie, mais ils ont le droit d’utiliser leurs nom et prénom en langue valaque dans les registres de l’État.

- Les Ruthènes

Les 10 000 Ruthènes, qui sont souvent associés aux Ukrainiens parce qu’ils parlent la même langue, habitent presque en totalité la Voïvodine dans une proportion de 98 %, essentiellement à Backa et à Srem. Ceux qui vivent à l’extérieur de cette province, environ 270 personnes, ne sont pas reconnus et ne bénéficient d’aucun droit particulier.

5 Les religions en Serbie

La Serbie est traditionnellement un pays chrétien depuis la christianisation des Serbes par l'évêque Clément d'Ohrid et l'évangélisateur Naum d'Ohrid au IXe siècle. La religion dominante est l'orthodoxie orientale de l' Église orthodoxe serbe. Pendant la domination ottomane dans les Balkans, l'islam sunnite s'est établi dans les territoires de la Serbie, principalement dans les régions méridionales de la Raška (ou du Sandjak) et de la vallée de Preševo, ainsi que sur le territoire du Kosovo-Metohija, aujourd'hui indépendant. L'Église catholique a des racines dans le pays principalement dans la partie nord de la province de Voïvodine, tandis que le protestantisme est arrivé aux XVIIIe et XIXe siècles avec l'installation des Slovaques dans cette province. Au recensement de 2011, le christianisme orthodoxe représentait 84,6 % des citoyens de la Serbie. Les catholiques suivaient avec 5,0 %, ainsi que les musulmans (3,1 %). En somme, les causes historiques des religions sont connues: elles tiennent à la situation des Balkans à l’intersection de deux grandes zones culturelles, l’ancien Empire ottoman et l’Europe continentale assujettie, d'une part, au catholicisme, d'autre part, à l'orthodoxie. Les trois religions principales sont donc le christianisme orthodoxe, le catholicisme et l'islam.

5.1 Le christianisme

Christianisme orthodoxe 84,6 %
Catholicisme 5,0 %
Islam 3,1 %
Protestantisme 1,0 %
Aucune religion 1,2 %
Refus de répondre 3,1 %
Autres 2,1 %

La plupart des citoyens serbes sont des membres de l'Église orthodoxe serbe, tandis que l' Église orthodoxe roumaine est également présente dans des parties de la Voïvodine habitées par une minorité ethnique roumaine. Outre les Serbes, les autres chrétiens orthodoxes orientaux comprennent les Monténégrins, les Roumains, les Macédoniens, les Bulgares, les Valaques et la majorité des Roms/Tsiganes.

L'Église catholique est présente principalement dans la partie nord de la Voïvodine, notamment dans les municipalités à majorité ethnique hongroise ( Bačka Topola, Mali Iđoš, Kanjiža, Senta, Ada, Čoka) et dans la ville multiethnique de Subotica et la municipalité multiethnique de Bečej. Le catholicisme est principalement représenté par les groupes ethniques suivants: Hongrois, Croates, Bunjevci, Allemands, Slovènes, Tchèques, etc. Un plus petit nombre de Roms, de Slovaques et de Serbes sont également catholiques.

Le pourcentage le plus élevé de chrétiens protestants en Serbie au niveau municipal se trouve dans les municipalités de Bački Petrovac et de Kovačica, tous deux en Voïvodine, où la majorité absolue ou relative de la population est des Slovaques de souche. Certains membres d'autres groupes ethniques (en particulier les Serbes en termes absolus et les Hongrois et les Allemands en termes proportionnels) sont également des adeptes de diverses formes de christianisme protestant.

5.2 L'islam

L'islam est principalement présent dans le sud-ouest de la Serbie dans la région du Sandjak (districts de Zlatibor et de la Raška), notamment dans la ville de Novi Pazar et les municipalités de Tutin et de Sjenica (districts de Zlatibor et de la Raška), ainsi que dans certaines parties du sud de la Serbie, dont les municipalités de Preševo et de Bujanovac (district de Pčinja).

Les groupes ethniques dont les membres sont pour la plupart des adeptes de l'islam sont les Bosniaques, les Albanais, les Turcs et les Gorani. Un nombre important de Roms adhèrent également à l'islam.

5.3 Les écoles et les Églises

Les écoles publiques autorisent l'enseignement religieux en coopération avec les communautés religieuses ayant des accords avec l'État, mais la fréquentation n'est pas obligatoire. Des cours de religion (en serbe : verska nastava) sont organisés dans les écoles primaires et secondaires publiques, le plus souvent coordonnés avec l'Église orthodoxe serbe, mais aussi avec l'Église catholique et la communauté islamique.

La Loi sur les Églises et les communautés religieuses ("Zakon o crkvama i verskim zajednicama") de 2006 offre aux Églises et aux communautés religieuses la coopération avec l'État et détermine également leur indépendance et la séparation de l'Église et de l'État. De plus, la loi prévoit la protection des croyants contre la discrimination à laquelle ils ont été exposés pendant des décennies, contre les abus politiques et autres, et garantit également l'autonomie des écoles et facultés religieuses et générales qui serait égales à l'État, et les droits des étudiants les mêmes qu'en autres établissements d'enseignement. En plus des sept églises et communautés religieuses traditionnelles, la possibilité d'enregistrer d'autres organisations religieuses est également offerte, à condition que la demande soit signée par 0,001 pour cent des citoyens adultes. Les églises traditionnelles sont les suivantes: l'Église orthodoxe serbe, l'Église catholique romaine, l'Église évangélique slovaque, l'Église chrétienne réformée, l'Église chrétienne évangélique, la communauté juive et la communauté islamique. La loi établit la liberté de religion, interdit l'établissement d'une religion d'État et la discrimination religieuse.

La Serbie est un pays multiethnique et multilingue, bien que 87 % des citoyens parlent le serbe comme langue maternelle. Seuls les Serbes, les Croates, les Bosniaques, les Ruthènes, les Macédoniens et les Slovènes parlent des langues slaves. Les autres parlent des langues romanes (roumain et valaque), ouraliennes (hongrois), indo-iraniennes (romani), etc. La plupart des Serbes pratiquent la religion orthodoxe, soit l'Église orthodoxe serbe, tandis que les Albanais du Kosovo pratiquent l'islam sunnite. De plus, il existe de petites communautés de Croates catholiques, de Slovaques évangélistes et de juifs.

Les minorités de ce pays ont des statuts divers et ambigus. Des statuts ambigus et mal définis : ethnie ou minorité nationale ? Dans la République fédérale de Yougoslavie, les Tsiganes ont acquis le statut d'ethnie, mais revendiquent avec force celui de minorité nationale qui leur fournirait des armes juridiques pour obtenir des droits supplémentaires. Quant aux Croates, leur statut reste flou : il est vrai que la violente campagne anti-croate qui connut son apogée au début de la guerre en novembre 1991, et qui contribua à faire fuir de Serbie de nombreux Croates, n'a rien fait pour arranger les choses. Les Bulgares de Yougoslavie bénéficient, pour leur part, du statut de minorité nationale. Le cas des Roumains est complexe : ceux qui vivent dans la province de la Voïvodine bénéficient du statut de minorité nationale ; en revanche, s'ils vivent à Belgrade, ils n'ont aucun statut défini. Les Valaques, eux, ne disposent que du statut d'ethnie. Quant aux Albanais de Serbie, dont la grande majorité habite Belgrade et sa banlieue, ils ne sont pas inquiétés quant à leurs droits personnels et civils. Les Ruthènes habitent la Voïvodine : ceux qui vivent à l'extérieur de cette province, ne sont pas reconnus et ne bénéficient d'aucun droit. Les Slovaques de Serbie ont le statut de minorité nationale, mais seulement dans la province de la Voïvodine.

Dernière mise à jour: 19 févr. 2024

Serbie

1) Situation générale 2) Données historiques
3) Politique linguistique du serbe
 
4) Politique linguistique
à l'égard des minorités nationales
5) Province autonome de Voïvodine
6
) Bibliographie

 


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