République de Lettonie
(
Latvijas Republikas)
Lettonie
(Latvija)

(1) Généralités

Capitale: Riga  
Population: 1,8 million (2022)
Langue officielle: letton 
Groupe majoritaire: letton (60,0 %)  
Groupes minoritaires: russe (24,2 %), biélorusse (4,1 %), ukrainien (2,2 %), polonais (2,1 %), lituanien (1,2 %),
romani (0,3 %), allemand (0,1 %), tatar, moldave, azéri, estonien, arménien, etc.
Système politique: république parlementaire
Articles constitutionnels (langue): art. 4, 18, 21, 101, 104 et 114 de la Constitution de 1922 (modifiée en 1993, 1996, 1997, 1998, 2002, 2003, 2004 et 2005) 
Lois linguistiques : Loi de la république de Lettonie sur la langue (1989, abrogée);
Loi sur la langue officielle (2000); Règlement nº 286 sur l'emploi des langues étrangères dans le texte des timbres, sceaux et en-têtes (2000); Règlement nº 292 sur l'emploi des langues de l'information (2000, abrogé); Règlement nº 294 sur la création, l'orthographe et l'emploi des toponymes, dénominations d'institutions, d'organisations non gouvernementales, de sociétés (entreprises) et d'événements (2000); Règlement nº 295 sur l'orthographe et l'identification des noms et prénoms (2000); Règlement nº 296 sur le degré de maîtrise de la langue officielle nécessaire à l'exercice des obligations de l'administration et des fonctions ainsi que sur la procédure des examens de maîtrise linguistique (2000); Règlement nº 293 sur le Centre de la langue officielle (2000); Règlement nº 130 régissant l'emploi des langues de l'information (2005);  Loi visant à garantir le statut de la langue lettone en tant que seule langue officielle (2022).
Lois scolaires:
Loi sur la protection des droits de l'enfant (1998); Loi sur l'éducation (1998); Loi sur l'instruction publique (1999); Loi sur les établissements d'enseignement supérieur (1995).
Autres lois à portée linguistique :
Loi sur la presse et autres médias (1990, abrogée);
Loi sur libre développement des groupes nationaux et ethniques lettons, et le droit à l'autonomie culturelle (1991); Loi sur les règles de procédure de la Saeima (1994); Loi sur les élections du conseil municipal, du conseil de district et du conseil paroissial (1994); Loi sur le statut des anciens citoyens de l'URSS qui n'ont pas la citoyenneté lettone ni celui d'un autre État (1995); Loi sur la citoyenneté (1998); Loi sur le statut des apatrides dans la république de Lettonie (1999); Loi sur les marques et indications de provenance géographique (1999); Loi sur le pouvoir judiciaire (1992-2001); Loi sur le commerce (2000-2021); Règlement sur la création et l'utilisation de noms de lieux, d'institutions, d'organismes publics, de noms de sociétés (entreprises) et de noms d'événements (2000); Règlement sur la création et l'usage des noms d'institutions, d'organismes publics, de sociétés (entreprises) et d'événements (2000-2012); Loi du travail (2002);  Loi sur la radio et la télévision (2005); Loi sur la procédure civile (2006); Code de procédure pénale (2006-2016); Loi sur les médias électroniques (2010-2022).

1 Situation géographique

La république de Lettonie (en letton: Latvijas Republikas; en angl.: Republic of Latvia) est un pays d’Europe du Nord-Est, bordé au nord-ouest par la mer Baltique et limité au nord par l’Estonie, à l’est par la Russie, au sud par la Biélorussie et la Lituanie (voir la carte). Par rapport à la Russie (9 725 200 km²), la Lettonie est un bien petit pays de 64 856 km², soit l'équivalent de la Lituanie (65 200 km²) ou du Sri Lanka (65 610 km²). 

La Lettonie fait partie des États baltes avec l'Estonie et la Lituanie. Les pays baltes représentent au total 175 000 km², avec une population de 7,5 millions d'habitants. Bordés par la mer Baltique à l'ouest, ils partagent leurs frontières avec la Russie, la Biélorussie et la Pologne. L'oblast de Kaliningrad, l'ancienne Königsberg allemande, enclavé entre la Lituanie et la Pologne, appartient à la Russie.

Précisons que, dans le pays voisin, l'Estonie, l'estonien ne fait pas partie des langues baltes, car il appartient à la famille ouralienne – avec le finnois, le hongrois, le permiak, etc. Ainsi, seules la Lettonie et la Lituanie peuvent, linguistiquement parlant, prétendre constituer un «État balte». Toutefois, en raison des caractéristiques géographiques, politiques et démographiques, on a l'habitude de dire que la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie font partie des «États baltes». La Lituanie est à majorité catholique, tandis que la Lettonie et l'Estonie sont protestantes. Il existe néanmoins une unité culturelle balte, visible par exemple dans l'architecture hanséatique des grandes villes comme Tallinn, Riga ou Vilnius.

La Lettonie est divisée administrativement en neuf republikas pilsētas ("municipalités") et et 110 novadi ("régions" ou "comtés") qu'il serait inutile de citer ici: Daugavpils, Jēkabpils, Jelgava, Jūrmala, Liepāja, Rēzekne, Rīga, Valmiera et Venspils. Il existe aussi quatre grandes «régions historiques» appelées vēsturiskie novadi : Kurzeme (ou Courlande), Zemgale, Vidzeme et Latgale (ou Latgalie). Ces régions n'ont pas de réel statut officiel (voir la carte ci-dessous).

2 Données démolinguistiques

En 2004, la Lettonie comptait 2,3 millions d’habitants, mais 1,9 million en 2020, ce qui signifie une baisse importante. Des trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), la Lettonie est celui où la langue de la majorité, le letton, est numériquement la plus faible: 60,3% de la population de la Lettonie parle la langue officielle, comparativement à 61,5 % en Estonie et 75,5 % en Lituanie. 

2.1 Les régions historiques

Le pays étant fortement urbanisé, plus d'un tiers de la population habite la capitale, Riga. On peut affirmer, selon les quatre grandes régions historiques et culturelles de la Lettonie, que la population est assez également répartie :  6,4% pour le Latgale (en français: Latgalie), 13,5% pour le Kurzeme (jadis Courlande), 12,4% pour le Zemgale (jadis Semgalie) et 11,2% pour le Vidzeme (jadis Livonie). Le Latgale est la région la plus multiethnique du pays, car on y trouve des lettophones, des latgalophones, des russophones, des polonophones et des biélorussophones.

Le tableau suivant présente la répartition des groupes ethniques selon les régions historiques:
 

Ethnie Latgale Vidzeme Sémigalle (Zemgale) Kurzeme
Lettons 43,5% 88,1 % 67,8% 79,0 %
Russes 40,2 % 7,9 % 19,0 % 12,3 %
Biélorusses 5,8% - 4,6 % -
Lituaniens - - 3,2 % -
Polonais 7,2 % - - -
Autres 3,3 % 4,4 % 5,3 % 8,7 %

2.2 La diversité ethnique

La législation lettonne admet à la fois le droit du sol pour l'ensemble de ses citoyens alors dénommés «citoyens lettons» ("latvijas pilsoņi") et le droit du sang qui distingue pas moins de 30 ethnies, parmi lesquelles les «Lettons ethniques» ("latviešu tautība") forment 60% de la population. Comme dans toute l'Europe centrale et orientale (URSS incluse) cette distinction est héritée du droit germanique. Comme les autres pays ex-soviétiques non russes, la Lettonie a subi une intense colonisation et la déportation d'une partie des autochtones vers la Sibérie : aujourd'hui, les habitants «de souche», les Lettons, historiquement appelés Latviens, sont moins des deux tiers de la population totale. C'est un héritage traumatisant pour un pays de 1,9 million d'habitants et c'est ce qui explique que la question linguistique puisse préoccuper autant les citoyens de ce petit pays. On trouve aussi dans certaines sources le terme Lettoniens pour désigner les habitants, quelles que soient leurs origines, mais pour les autorités lettones, ce terme n'a aucune valeur juridique. Seuls les Lettons, les Lives (ou Livoniens) et les Latgaliens (habitants du Latgale) constituent une «population autochtone», les autres sont considérés comme des «minorités nationales» ("nacionālās minoritātes"), même si certaines communautés (russe, rom/tsigane, juive, allemande, polonaise, etc.) sont installées dans la région depuis quelques siècles. Ce n'est cependant pas tant l'héritage historique qui est à l'origine de cette législation que le souhait du gouvernement letton d'empêcher le puissant voisin russe d'influencer sa politique par le biais des minorités nationales, notamment russophones, comme cela est le cas, depuis la dislocation de l'URSS dans la plupart des républiques ex-soviétiques.

Dès le lendemain de l'indépendance, la Lettonie a adopté, le 15 octobre 1991, la Loi sur la citoyenneté selon laquelle, pour être citoyen letton, il fallait parler couramment la langue lettonne, remplir des conditions reliées à d'âge, à la résidence permanente, à une source légale de revenus, à l'abandon de la double citoyenneté (lire: russe), à la connaissance de l'histoire et de la Constitution du pays, et à une prestation de serment à l’État letton. Pour ceux qui, ne remplissant pas toutes ces conditions, ne peuvent pas demander la naturalisation, la Lettonie a légiféré sur le statut des «non-citoyens» appelés maintenant «citoyens de l'ex-URSS qui n'ont pas la citoyenneté lettone ou une autre citoyenneté». En 1997, on comptait encore plus de 300 000 «non-citoyens» détenteurs d’un permis de résidence. Le problème de l’intégration des «non-Lettons» n’est pas facile à régler, car les russophones sont massivement concentrés dans les centres urbains industrialisés et ne pratiquent pas la langue lettonne au quotidien. En 2021, on comptait encore 209 007 non-ressortissants de Lettonie, soit 10,1% de la population, auxquels s'ajoutent 4,7% d'apatrides. Dans certaines villes, telles que Daugavpils, Liepaja, Rezekne, Valmiera, Talsi et Riga, les Lettons dits «de souche» constituent même des minorités. Le tableau qui suit indique le nombre et la proportion des «citoyens», des «non-citoyens» et des «étrangers»:
 

Nationalité 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021
Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %
Citoyens lettons 1 850 616 81,0 1 860 297 82,3 1 847 618 83,1 1 829 031 83,6 1 808 011 84,0 1 788 710 84,5 1 770 984 84,8 1 762 123 85,2
Non-ressortissants de Lettonie 392 816 17,2 351 435 15,5 319 267 14,3 290 510 13,3 257 377 12,0 237 759 11,2 220 491 10,6 209 007 10,1
Citoyens et apatrides d'autres pays 41 439 1,8 49 871 2,2 57 345 2,6 69 379 3,1 85 978 4,0 90 914 4,3 96 511 4,6 97 959 4,7

En moyenne, cela signifie que plus de 14,8% des 1,9 million d'habitants n'ont pas leur citoyenneté. La question des naturalisations (loi du 22 juillet 1994) et du statut des anciens citoyens soviétiques (loi du 12 avril 1995) est restée à l'ordre du jour et elle n’a pas encore été réglée de façon définitive.

Par ailleurs, la question de l'émigration semble constituer une épine au pied pour les autorités lettones. Depuis l'adhésion de la Lettonie à l'Union européenne en 2004, le pays voit partir chaque année des dizaines de milliers de citoyens vers l'Europe de l'Ouest, surtout en Irlande, au Royaume-Uni et en Suède, là où les contraintes d'accès au travail sont minimes. La Lettonie est considérée comme l'un des pays les plus pauvres d'Europe (avec la Moldavie). Or, depuis que les Lettons ont accès aux marchés du travail de certains autres pays, ils quittent leur pays. Ce sont en général des Lettons peu instruits, disposant de peu de qualifications et qui gagnent de bas salaires, qui partent. Un facteur aggravant: ceux qui partent n'ont pas l'intention de revenir.

2.3 La langue lettone

Le letton (en letton : latviešu) est la langue parlée par une faible majorité de la population: 60,3 % (en 2022). Au point de vue linguistique, le letton est une langue indo-européenne faisant partie des langues baltes (avec le lituanien). Le letton est donc une langue très apparentée au lituanien, mais il a subi davantage de transformations que le lituanien au cours de son histoire.
 

Français (langue romane) Letton (langue balte) Lituanien (langue balte) Polonais (langue slave)
maison
lait
poisson
langue
mājas
pienu
zivis
valodu
namai
pieno
žuvis
kalba
dom
mleko
ryba
język
bateau
corbeille
père
mère
laiva
grozs
tētis
māte
valtis
krepšelis
tėtis
motina
łódź
kosz
tata
matka
homme
femme
avion
pays
vīrietis
sievietes
lidmašīna
valsts
vyras
moterys
lėktuvas
kraštas
facet
kobiety
samolot
kraj
abeille
abondance
jus
ami
bite
daudz
sula
draugs
bitė
daug
sulčių
draugas
pszczoła
dużo
sok
przyjacie

Le letton possède  des voyelles simples brèves dans les syllabes finales des mots, tandis que le lituanien présente des diphtongues longues. Au plan grammatical, le letton, à l'exemple du lituanien, est une langue dite flexionnelle, avec des déclinaisons pour les noms (sept cas) et six groupes de conjugaison pour les verbes.

En ce qui a trait au vocabulaire, le letton a emprunté de nombreux mots à l'allemand (env. 3000 mots), au russe, au polonais, au lituanien, à l'estonien, au suédois, etc., sans compter les influences dues aux anciennes langues baltes telles que le livonien (live) et le sémigalien.

Le tableau ci-contre contient des exemples en letton et en lituanien, ainsi qu'en polonais (une langue salve). On constate que les ressemblances sont relativement peu nombreuses entre le letton et le lituanien (pienu/pieno, tētis/tetis, bite/bitė, daudz/daug, draugs/draugas). 

- Les variétés dialectales
 

Le letton compte trois principales variétés dialectales: les dialectes livoniens (letton: Lībiskais dialekts), les dialectes centraux ou lettons occidentaux (letton: Vidus dialeks) et les dialectes latgaliens ou lettons orientaux (letton: Augšezemnieku  dialeks).

- Bas-letton ou dialectes livoniens (bas letton): dialectes de la région du Kurzeme (tamien et nedzļa) et dialectes de la région du Vidzeme.
- Moyen-letton ou dialectes centraux (moyen letton): dialectes couroniens (Courlande), dialectes sémigaliens et dialectes du Vidzeme.
- Haut-letton ou dialectes latgaliens (haut letton): dialectes séloniens et non séloniens.

Chacune de ces grandes variétés est divisée en plusieurs sous-variétés. Il resterait environ une centaine de ces dialectes toujours en usage, surtout dans la région du Latgale où on emploie régulièrement les parlers locaux. Il ne faut pas confondre les dialectes avec les langues livonienne, couronienne, sémigalienne et sélonienne (latgalienne), aujourd'hui toutes disparues comme langues maternelles, sauf le latgalien. C'est le dialecte central du Vidzeme qui, depuis 1922, constitue la base de la norme standard du letton. Le letton utilise l'alphabet latin enrichi de signes diacritiques.

Voici un exemple des variations dialectales du letton (source: Laimute Balode et Axel Holvoet, 1999):
 

Français (trad.) En pâturage, j'ai cousu une chemise, ayant pris la mesure près du chêne.
Dialecte central Ganos gāju, kreklu šuvu, pie ozola mēru ņēmu.
Dialecte livonien Ganes gāj, krekal šuj, pe ozal mēr jēm.
Dialecte largalien Gonūs goju, kraklu šyvu, pī ūzula māru jiemu.

Les premiers documents imprimés en letton sont des documents religieux tels qu'un catéchisme romain catholique (1585), une version luthérienne (1586) et une traduction de la Bible (1685). La première grammaire du letton est apparue au XVIIIe siècle. La langue littéraire moderne s'est développée au XIXe à partir de l'une des variétés lettones du centre de la Lettonie.

- Le livonien

Soulignons que le live ou livonien est une langue ouralienne maintenant éteinte, officiellement en 2013. Au recensement de 1925, il ne restait plus qu'environ 1200 locuteurs du livonien. Leur nombre était descendu à une centaine en 1989 et à moins d'une vingtaine aujourd'hui, toute des personnes âgées. L'État letton considère que le live est une «langue autochtone» en Lettonie, alors que toutes les langues autres que le letton sont des «langues étrangères». Le nombre de personnes se considérant comme des Lives (Livoniens), sans toutefois parler la langue, serait d'environ 230 individus. Rappelons qu'une assez bonne partie des Lettons ont des Livoniens comme ancêtres.

- Le latgalien

Le latgalien, appelé latgalu volûda, est une langue balte comme le letton et le lituanien. Mais c'est une langue à l'origine fortement apparentée au lituanien, avec lequel elle partageait jadis des traits phonétiques, morphologiques, lexicaux et syntaxiques. À la suite de nombreux emprunts lexicaux et syntaxiques, le latgalien est progressivement devenu plus proche du letton.
 

Au début du XXe siècle, le nombre des locuteurs du latgalien était estimé à un million. Le latgalien fut même déclaré la langue officielle de la région du Latgale en 1919. Mais il perdit aussitôt son statut de langue officielle en 1920 et ne fut plus considéré par les autorités que comme un «dialecte du letton», ce qu'il n'est pas. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Latgaliens adoptèrent massivement le letton comme langue maternelle.

Aujourd'hui, le latgalien est parlé par environ 160 000 personnes, dont 30 000 à Riga et 14 000 en périphérie, ainsi que quelque 115 000 dans le Latgale; il existe aussi de petites communautés latgaliennes en Sibérie (Russie). La carte ci-contre montre la localisation de cette langue dans le Latgale: les latgalophones doivent voisiner avec les lettophones, les russophones et, dans une moindre mesure, avec les biélophones et les polonophones.

Bien qu'il ne soit reconnu comme langue officielle nulle part en Lettonie, il le latgalien est formellement protégé par la Loi sur la langue officielle qui stipule à l'art. 3.4 que «l'État assure la préservation, la protection et le développement de la langue écrite latgalienne comme une variété historiquement établie de la langue lettone».

Juridiquement parlant, le latgalien est considéré comme une variété du letton standard; même si un tel statut permettait l'usage du latgalien dans les affaires de l'État et le domaine de l'éducation, cela ne se produit qu'assez rarement. Il existe une commission sur l'orthographe de la langue latgalienne soutenue par l'État. La question du latgalien fait l'objet de controverses en Lettonie, notamment pour savoir si la langue latgalienne constitue «une langue distincte» du letton ou «un dialecte du letton». Les partisans du latgalien, tels que les linguistes Antons Breidaks 1932-2002)et Lidija Leikuma (1953-  ), croient que le latgalien avait les caractéristiques d'une langue distincte. Historiquement, le latgalien n'est pas issu du letton, mais du proto-balte comme le letton et le lituanien. De plus, c'est le letton qui dérive du latgalien, pas l'inverse. Donc, affirmer que le latglien est «un dialecte du letton» est aussi faux que de croire que le picard est un «dialecte du français» ou que l'ukrainien est un «dialecte du russe». Linguistiquement, ce n'est pas le cas!

2.4 Les langues minoritaires

Selon les estimations de 2022, les lettonophones comptent pour (1 110 000 + 3700 + 2400 + 200) 60,3% de la population, alors que les russophones représentent 24,2% de la population. Suivent les Biélorusses (4,1%), les Ukrainiens (2,2%), les Polonais (,2,1%), les Lituaniens (1,2%), etc.
 

Groupe ethnique Population Pourcentage Langue Filiation linguistique Religion
Letton 1 110 000 59,9 % letton langue balte chrétienne
Russe 449 000 24,2 % russe langue slave chrétienne
Biélorusse 77 000 4,1 % biélorusse langue slave chrétienne
Ukrainien 42 000 2,2 % ukrainien langue slave chrétienne
Polonais 40 000 2,1 % polonais langue slave chrétienne
Lituanien 23 000 1,2 % lituanien langue balte chrétienne
Rom/Tsigane 6 600 0,3 % romani langue indo-iraniene chrétienne
Malentendant 3 700 0,1 % langue des signes lettone langue balte chrétienne
Roumain 3 300 0,1 % roumain langue romane chrétienne
Allemand 2 800 0,1 % allemand langue germanique chrétienne
Tatar 2 800 0,1 % tatar famille altaïque islam
Azerbaïdjanais 2 400 0,1 % azerbaïdjanais du nord famille altaïque islam
Juif letton 2 400 0,1 % letton langue balte religion ethnique
Arménien 2 100 0,1 % arménien isolat indo-européen chrétienne
Estonien 2 100 0,1 % estonien famille ouralienne aucune
Juif de l'Est yiddishophone 1 900 0,1 % yiddish langue germanique religion ethnique
Moldave 1 800 0,0 % roumain langue romane chrétienne
Tchouvache 1 300 0,0 % tchouvache famille altaïque chrétienne
Géorgien 1 000 0,0 % géorgien famille caucasienne chrétienne
Mordve 600 0,0 % erzya famille ouralienne chrétienne
Livonien 200 0,0 % letton langue balte chrétienne
Autres 75 000 4,0 % -    
Total (2022) 1 851 000 100, %      

La carte ci-dessous représente la localisation des principales langues parlées en Lettonie.

On peut constater que le letton est massivement employé dans la plus grande partie du pays. Dans le Kurzeme, la proportion des lettonophones est de 79,0% et de 88,1% dans le Vidzeme. Ce sont les deux régions historiques où l'on compte le plus de lettophones, ce qui implique aussi une plus faible proportion de russophones: 7,9% (Vidzeme) et 12,3% (Kurzeme).  

Dans le Sémigalle, les lettonophones représentent 67,8% de la population, contre 19% chez les russophones. Une partie du Sémigalle comprend le sud du pays, là où on trouve le plus de non-lettonophones.

C''est en effet dans le Latgale où le multilinguisme est le plus probant: 43,5% de lettonophones, 40,2% de russophones, 5,8% de biélorussophones, 7,2% de polonophones, etc. Cette carte n'indique pas les 115 000 lataglophones qui sont inclus dans les lettonophones.

La ville de Riga (605 800 en 2022) constitue un cas particulier.  Cette seule ville rassemble 31% de la population du pays. On y trouve des lettonophones  (44,0%, dont 7,2% de latganophones), des russophones (37,8%), des biélorussophones (3,7%), des ukrainophones (3,6%), des polonophones (1,8%), etc. (8,1%). 

- Le russe

Les Russes de Lettonie constituent une puissante minorité en Lettonie, car ils représentent près de 30 % de la population. La moitié des Russes habitent dans les grands centres urbains du pays. Ils forment, par exemple, quelque 37% de la population à Riga, 55% à Daugavpils (dans le Sud), 50% à Rēzenkne (dans l'Est) et 32% à Ventspils (près de la Baltique). Les russophones sont majoritaires dans sept des huit plus grandes villes du pays. Les autres russophones sont dispersés un peu partout dans le pays, mais seuls 5% d'entre eux habitent dans des zones rurales ou dans de petites agglomérations comptant moins de 1000 habitants. Le russe est également une langue seconde pour presque tous les peuples minoritaires, et il est également compris par la majorité des «Lettoniens» (habitants de la Lettonie).

Ces russophones parlent une variété de russe qui a subi l'influence du letton dans son lexique et parfois dans la syntaxe. Bien que ce type de russe soit compris à Moscou, il peut sembler archaïsant par rapport au russe moscovite. Par ailleurs, on peut distinguer quatre catégories de locuteurs russophones:

1) les russophones résolument bilingues (env. 4 %);
2) les russophones qui utilisent le letton de façon occasionnelle;
3) les russophones qui l'utilisent rarement et seulement lorsqu'ils ne peuvent faire autrement;
4) les russophones strictement unilingues (la majorité).

Il ne faut pas oublier que si près de 30% de la population parle le russe comme langue maternelle, presque tous les autres le connaissent comme langue seconde. Il en résulte que 95% de la population peut s'exprimer en russe, soit comme langue maternelle soit comme langue seconde. Il s'agit là d'un des héritages de l’occupation soviétique, alors qu'il était obligatoire d’apprendre le russe.

- Le biélorusse et l'ukrainien

Comme les Russes, les Biélorusses (4,1%) et les Ukrainiens (2,2%) parlent des langues slaves relativement proches l'une de l'autre. Beaucoup de Biélorusses et d'Ukrainiens, installés en Lettonie depuis longtemps, ont finalement perdu leur langue et se sont russifiés. Rares sont ceux qui se sont lettonisés. Chez les Biélorusses, certains sont même des descendants de Lettons russifiés, mais qui ont conservé leurs patronymes lettons. Les mariages mixes ont souvent eu pour effet d'avantager le russe aux dépens du biélorusse. Seul un cinquième des Biélorusses auraient conservé l’usage de leur langue maternelle. Environ un dixième des Biélorusses lettons est né en Lettonie, et presque un tiers d’entre eux est de nationalité lettone.

Quant aux Ukrainiens (plus de  40 000), la plupart sont nés en Ukraine et vivent en Lettonie depuis une ou deux décennies. Aujourd’hui, la moitié des Ukrainiens de Lettonie habitent Riga, les autres étant dispersésdans tout le pays, surtout dans les villes telles que Liepaja et Ventspil.

- Le polonais

Les Polonais (2,1%) sont installés en Lettonie depuis le XVIe siècle, alors que le territoire peuplé par les Lettons était sous la souverainement de la Pologne. Les historiens croient que la majorité des Polonais de la région du Latgale seraient en fait d'anciens Lettons et de Biélorusses jadis polonisés, car il n'y a jamais eu d'immigration importante des Polonais vers la Lettonie, sauf dans les années trente, alors que 20 000 ouvriers polonais ont quitté leur pays pour venir travailler dans des zones rurales comme le Zemgale, puis le Kurzeme et le Vidzeme. On estime qu'à peine 20% des Polonais de Lettonie parlent encore leur langue ancestrale. On trouve des communautés polonaises importantes à Daugavpils (17 000) et à Riga (16 000), mais aussi dans le canton de Daugavpils (5000), où ils sont répartis dans quelques communes (Svente, Demene et Medumi).

- Le lituanien et l'estonien

Étant donné que la Lettonie a comme pays voisins l'Estonie au nord et la Lituanie au sud, il est  normal qu'il y ait eu des mouvements de population entre les trois pays. On compte près de 23 000 Lituaniens (1,2%) et 2100 Estoniens (0,1 %) vivant en Lettonie. Au point de vue culturel et historique, ces deux communautés sont bien intégrées à la société lettone, et près de la moitié de ces immigrants ont changé de langue maternelle (lituanien ou estonien) pour adopter le letton. Lituaniens et Estoniens habitent soit Riga, soit le long de la frontière avec la Lituanie ou de l'Estonie.

- L'allemand

Rappelons qu'au XIIIe siècle la Livonie constituait le «pays des chevaliers teutoniques» et qu'ils avaient conquis le pays. Certains Allemands ont pu ainsi jouir de privilèges dans les domaines de la vie politique, de la vie économique et de l'éducation jusqu’à la fin du XIXe siècle, alors qu'ils furent progressivement remplacés par les Russes. Ce n'est qu'à la Seconde Guerre mondiale que la plupart des Allemands quittèrent la Lettonie, mais plusieurs restèrent. De nos jours, moins de 3000 Allemands vivent encore en Lettonie.

- Le  romani

Les Roms/Tsiganes (0,3%) de Lettonie sont installés dans le pays depuis longtemps, soit environ quatre siècles. Ils parlent l'une des variétés de romani, mais beaucoup d'entre eux sont bilingues (romani-letton), sinon trilingues (romani-letton-russe). Les Roms/Tsiganes sont quelque peu défavorisés au plan socio-économique dans la mesure où ils sont moins instruits et sont souvent au chômage.

- Les Juifs

Les premiers Juifs sont arrivés en Lettonie il y a moins de quatre siècles. Avant la Première Guerre mondiale, la communauté juive pouvait compter sur environ 95 000 membres, soit environ 5% de la population totale du pays. Mais la population avait baissé à moins de 15 000 après la Seconde Guerre mondiale pour remonter autour de 35 000 dans les années soixante-dix. Puis la moitié d'entre eux ont immigré en Israël, attirés par les politiques d'immigration avantageuses dans ce pays. Aujourd'hui, on dénombre plus de 4000 Juifs en Lettonie.

Jusqu'au début du XXe siècle, la plupart des Juifs de Lettonie parlaient le yiddish, une langue germanique, notamment dans le Latgale, mais ceux qui habitaient le Kurzeme parlaient surtout l’allemand. Plus de 2400 locuteurs parleraient encore le yiddish (8% des Juifs) aujourd'hui, les autres employant plutôt le letton ou le russe. Le yiddish demeure surtout une langue d'enseignement pour les enfants de cette minorité religieuse.

- Les autres minorités

Quant aux autres minorités, elles sont réparties dans les centres urbains et industriels, notamment à Riga. Autrement dit, les Lettoniens parlent des langues appartenant à divers groupes linguistiques: aux langues slaves (russe, biélorusse, ukrainien, polonais), aux langues baltes (lituanien), aux langues germaniques (yiddish), aux langues indo-iraniennes (tsigane, ossète, tadjik), ainsi qu'aux langues des familles ouralienne (estonien), altaïque (tatar) et caucasienne (géorgien et lesghien).

2.5 La langue anglaise

Après l'indépendance (1990), l'anglais a remplacé le russe comme langue étrangère la plus courante à apprendre. Les jeunes générations de Lettons parlent généralement l'anglais mieux que le russe; elles passent à l'anglais lorsque les locuteurs communiquent avec des étrangers. L'anglais est également très courant dans les documents touristiques; d'ailleurs, la maîtrise de l'anglais est une exigence pour toute personne souhaitant travailler dans l'industrie du tourisme. En tant que «langue principale» de «l'Occident prestigieux», l'anglais est également devenu populaire pour de plus en plus de marques et de chansons de groupes locaux.

3 Données historiques

La situation géographique de la Lettonie, à proximité de l'Estonie au nord, de la Lituanie au sud et de la Russie à l’est, place ce pays dans une position stratégique à la jonction des aires d’expansion des Allemands, des Polonais, des Suédois et des Russes. Ce n'est pas un hasard si cette région fut la scène au cours des siècles de nombreux conflits militaires entre les différents peuples qui ont occupé la Lettonie et qu'on a appelés, selon les époques, Ordre teutonique, Livonie, Courlande, Lettonie indépendante, Ostland, Lettonie soviétique, République de Lettonie.

Les tribus baltes arrivèrent sur leur territoire actuel durant le troisième millénaire avant notre ère. La fragmentation du proto-balte (dialectes lettons et lituaniens) eut lieu aux VIe et VIIe siècles de note ère. La formation de la langue commune lettonne ne commença que vers les Xe et XIIe siècles. Les ancêtres des Lettons, les Lives, se sont installés dans la région au Xe siècle. Cependant, dès le XIIIe siècle, la Lettonie a commencé à subir la domination de ses puissants voisins.

3.1 Les Allemands, les Polonais et les Suédois
 

 
Ce fut d’abord les croisés allemands qui, de 1237 à 1561, convertirent de force les peuples baltes au christianisme, alors que la Lettonie faisait partie de la Livonie (ou «État de Livonie»), le «pays des chevaliers teutoniques». À cette époque, la Livonie comprenait la plupart des territoires de l'Estonie (duché d'Estonie) et de la Lettonie actuelle.

À partir de la fin du XIIe siècle et pendant une grande partie du XIIIe siècle, les armées des croisés, composées pour l’essentiel de chevaliers allemands appelés les «Teutons», déclenchèrent une guerre sainte implacable contre les peuples autochtones de la Baltique orientale, définis comme menaçants parce qu'ils étaient «païens».

En même temps, l'empereur Frédéric II (1194-1250) du Saint-Empire romain germanique promulgua une loi énonçant que l'Ordre teutonique (Ordensstaat Preußen) était souveraine des terres qu'il pouvait conquérir. De plus, le pape Innocent III (1160-1216) avait prêché pour une croisade dans la région balte. Les territoires conquis furent réorganisés en régimes politiques catholiques appelés «Livonie» et «Prusse», largement gouvernés par une théocratie militarisée, composée de l’Ordre teutonique et des évêques avec leurs cathédrales. Les Teutons construisirent d’imposants monastères fortifiés, encouragèrent les migrants à s’installer dans les villes nouvellement établies et, dans certaines régions, peuplèrent les campagnes.

L'État teutonique créa de nouvelles villes dont la plus connue reste Königsberg in Preussen, l'ancien nom de l'actuelle ville russe de Kaliningrad. Capitale de la Prusse orientale, au bord de la mer Baltique, elle fut d'abord la capitale du duché de Prusse, avant de devenir l'une des principales villes du royaume de Prusse, puis de l'Empire allemand. Entre 1230 et 1235, l'État teutonique imposa sa domination dans toute la Prusse orientale face au «royaume païen» de Lituanie. La ville de Marienburg fut fondée par les Teutons et devint la capitale de l'État teutonique en 1309. Durant toute cette période, la plupart des habitants de la Prusse à l'Estonie demeurèrent hostiles à la christianisation qui ne progressa que lentement.

Les chevaliers teutoniques parlaient généralement ce qu'on appelle le teuton (ou tudesque), les deux termes partageant la même étymologie germanique (thodesche). Cependant, au XIIe siècle, les États allemands n'étaient pas encore ethniquement homogènes, de sorte qu'ils parlaient des variétés germaniques diverses, du bas-allemand (Niederdeutsch) ou du haut-allemand (Hochdeutsch), ce qui comprend un nombre important de possibilités, allant du saxon au francique en passant par le bavarois. Part ailleurs, étant donné que l'Ordre teutonique était aussi un ordre religieux et que le niveau d'éducation latine était relativement élevé, beaucoup de chevaliers instruits avaient une connaissance minimale du latin écrit. De façon générale, plus le chevalier était pauvre, plus on croit qu'il parlait uniquement la langue allemande locale. Ce sont les chevaliers teutoniques qui ont été à l'origine de la disparition du vieux-prussien, une langue balte. À la fin du XIIe siècle, c'est surtout le moyen bas allemand qui aurait exercé une influence sur la Lettonie. Les Empires n’étant pas éternels, l’Ordre teutonique déclina après la bataille de Tannenberg en 1410 contre une coalition polono-lituanienne.

En 1561, la Pologne absorba une partie du pays, mais la Livonie fut amputée de la Courlande et de l'Estonie, lesquelles passèrent sous le contrôle des Suédois. La Pologne dut rendre le pays en 1621 aux Suédois qui le perdirent à leur tour au début du XVIIIe siècle, annexé par les Russes lors du traité de Nystad (1721).

Les premiers textes écrits en letton remontent au XVIe siècle, alors que l’orthographe figurant dans les premiers ouvrages imprimés était fondée sur les principes orthographiques du bas-allemand du Moyen Âge, en recourant aux lettres gothiques. Progressivement, le letton développa une écriture quasi phonétique, les graphèmes du letton correspondant à leurs phonèmes respectifs, un système qui est demeuré dans l’orthographe lettone moderne. Enfin, après quelques guerres entre la Pologne et l'Empire russe, l’ensemble de la Lettonie finit par être soumis au contrôle de cette dernière puissance en 1795.  Les Lettons ont tissé des liens avec différents peuples et ils ont emprunté de nombreux mots au live, à l'allemand, au suédois, au polonais, à l'estonien, au lituanien et au russe. En même temps, le latin fut utilisé pour les cérémonies religieuses de l’Église catholique. Les lettres gothiques utilisées pour transcrire le letton furent en vigueur jusqu’au début du XXe siècle, sauf pour les volumes imprimés dans la partie orientale de la Lettonie. En 1908, une nouvelle orthographe fut mise en place et remplaça les lettres gothiques par l'alphabet latin et des ensembles de trois ou quatre consonnes par une lettre d’orthographe ou par un digramme, en se servant de certains signes diacritiques. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, le letton devint une langue normalisée, riche en publications linguistiques et en ouvrages littéraires.

Au cours du XVIIIe siècle, l'Empire russe prit possession des régions restées polonaises. Jusqu'à 1918, la Livonie fut gouvernée par la Russie, même si les autorités locales conservèrent leur pouvoir, notamment à Riga qui appartenait aux barons baltes et/ou germaniques, les descendants des chevaliers teutoniques, ainsi qu'aux Bürger, c'est-à-dire la bourgeoisie allemande. Dans les principales villes, les Allemands, les Polonais, les Russes et les Juifs contrôlaient entièrement la vie politique et économique, alors que les Lettons étaient réfugiés dans les campagnes. C'est probablement cet isolement de la société lettone qui a permis aux Lettons de conserver leur langue et leurs traditions. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, malgré son ancienneté, le letton ne joua qu'un rôle de second plan en Lettonie. C'était une langue essentiellement orale parlée surtout par les paysans. Les grandes langues de culture du pays ont toujours été l'allemand et le russe.

3.2 L'indépendance provisoire (1918-1940)

La Livonie fut partagée entre la Lettonie et la Lituanie en 1918. La Lettonie fut proclamée indépendante, le 18 novembre 1918. Cette nouvelle entité politique réunissait un ensemble disparate regroupant les territoires de la Courlande, du Latgale et de la ville hanséatique de Riga peuplée alors majoritairement d'Allemands et de Russes. Le pays se divisa en trois camps idéologiques: d'une part, les «nationalistes lettons», d'autre part, le gouvernement de la «Lettonie soviétique» de Pēteris Stučka, puis le «gouvernement pro-allemand» d'Andrievs Niedra.

Finalement, Karlis Ulmanis, un ancien dirigeant de l'Union des paysans, fut élu chef du gouvernement provisoire de la Lettonie. Les combats entre les nationalistes, les bolcheviks et les Allemands se poursuivirent jusqu'en 1920, alors que la Russie soviétique de Lénine signait un traité de paix avec la république parlementaire de Lettonie en reconnaissant définitivement, le 11 août 1920, son indépendance. Entre 1920 et 1934, le latgalien fut utilisé dans le gouvernement local et l'éducation dans la région du Latgale.

Autoritaire et nationaliste, le président Ulmanis resta au pouvoir jusqu'en mai 1926, puis de façon épisodique en 1931-1932, ainsi qu'en 1934 (après un coup d'État) jusqu'en 1940. Au cours de cette période, Karlis Ulmanis entreprit de combattre les agressions extérieures allemandes ou russes, tout en étant appuyé par la France et le Royaume-Uni.

En même temps, Ulmanis développa une politique linguistique très nationaliste et prit tous les moyens pour promouvoir le letton, une langue parlée alors par 77 % de la population. La Constitution de 1922 ne contenait aucune disposition à l'égard du letton ni sur aucune autre langue. Karlis Ulmanis décida que le latgale et le courlandais étaient des «dialectes du letton», ce qui lui permit de les confiner à un rôle extrêmement limité au profit du letton promu au rang de langue officielle. Karlis Ulmanis interdit aux députés du Parlement d'intervenir en russe ou en allemand, et évinça progressivement tous les représentants des autres minorités, surtout les Juifs. Les quelque vingt années d'indépendance que vécut la Lettonie permirent d'assurer au letton un statut qu'il n'avait jamais eu et de développer son expansion dans des domaines dont il avait toujours été exclu, notamment l'administration, le droit et les sciences.

Au cours de cette période, la république lettone a néanmoins accordé aux minorités le droit de maintenir leurs écoles en subventionnant les établissements d'enseignement en allemand, en polonais, en russe et en ukrainien.

3.3 L'occupation russe
 

En 1939, l'URSS plaça des bases militaires en Lettonie, avant d'occuper le pays et de proclamer, à la  suite d'un semblant d'élections, la «République socialiste soviétique de Lettonie», le 5 août 1940. La répression policière débuta, alors que plus de 30 000 habitants qualifiés de «bourgeois» ou d'«intellectuels» furent déportés en Sibérie. L'ancien président de la république lettone, Karlis Ulmanis, fut déporté le 22 juillet 1940 dans le sud de la Russie; il y mourra en 1942.

Mais l'Allemagne nazie occupa la Lettonie en juillet 1941. Croyant que c'était peut-être une bonne occasion de se libérer du «joug soviétique», de nombreux Lettons s'enrôlèrent dans la Wehrmacht. Au cours de cette période, 80 000 des quelque 95 000 Juifs lettons furent exterminés par les nazis.

La Lettonie réintégra l'URSS en 1945, qui poursuivit alors son processus de soviétisation et de russification. Pendant ce temps, le pays connut un départ massif de Lettons qui craignaient les répressions de Staline en raison de leur «collaboration» avec les Allemands : plus de 250 000 Lettons quittèrent leur pays en même temps que les Allemands. Puis l’industrialisation et l’urbanisation de la Lettonie. planifiées après 1945, entraînèrent l’afflux de travailleurs en provenance des autres républiques fédérées, en particulier des Russes, des Biélorusses et des Ukrainiens. Pendant toute la période stalinienne (1930-1953), la russification forcée, les déportations massives (plus de 100 000 Lettons) et l'industrialisation – qui a amené des dizaines de milliers d'immigrés soviétiques – bouleversèrent l'équilibre démographique au point où, de tous les États baltes, le pays détenait en 1989 une proportion de 52% de «Lettons» au sens ethnique. Entre-temps, la proportion des russophones au cours du régime stalinien passa de 18 % à 42 %.  

Il faut bien se souvenir qu’à partir de 1940 le letton avait perdu son statut de langue officielle de facto au profit du russe. Le letton n’a plus été employé comme langue de l’administration, sauf dans les bureaux locaux; les documents juridiques étaient d’abord rédigés en russe, puis traduits en letton au besoin; l’apprentissage du letton dans les écoles russes était facultatif, etc., mais les écoles publiques continuèrent d'enseigner le letton aux seuls Lettons.

Entre 1945 et 1990, le nombre de résidents russophones s’est progressivement accru en raison de la forte attraction de la Lettonie pour les Soviétiques, que ce soit le climat, la culture, la religion, l'industrie lourde, etc., et d’une politique linguistique délibérée en faveur du russe, autant de la part du Kremlin que de celle des autorités locales. Tandis que, dans les nombreuses écoles russes créées au cours de cette période, la langue lettone n’était pas obligatoire, le russe demeurait une matière obligatoire dans les écoles lettones.  Bref, les Lettons furent dans l'obligation d’employer le russe dans la vie de tous les jours, bien que, il faut l'admettre, les Soviétiques n'aient jamais interdit la langue lettone en Lettonie. Néanmoins, cette asymétrie dans les pratiques linguistiques ne pouvait que désavantager la langue tutélaire du pays, le letton.

Le recensement soviétique de 1989 représentait l'asymétrie concernant l'usage des deux langues. Tandis que 66 % des Lettons «ethniques» (52 % de la population totale) maîtrisaient le russe, seulement 22 % des autres communautés du pays pouvaient parler le letton. Au total, 62 % des résidents maîtrisaient cette langue déjà menacée de marginalisation. Évidemment, la libéralisation politique en URSS, à la fin des années 1980, raviva le nationalisme letton. Une telle situation fit en sorte que, dès le 5 mai 1989, le gouvernement letton ait décidé de considérer le russe comme une langue étrangère et de restituer au letton le rôle principal dans le fonctionnement de l’État et dans l’affichage public. 

Le gouvernement letton proclama l'indépendance en mai 1990 et le gouvernement soviétique la reconnut officiellement le 6 septembre 1991. Juste avant l'accession à l'indépendance, le résultat de la politique linguistique du gouvernement central était le suivant : 18,3% des populations d’origine non lettone connaissaient le letton, alors que le russe était parlé par 81,6% de la population et le letton par 62,4% des habitants. De leur côté, les Lettons ne formaient plus que 53% de la population, tandis qu'elle s'était élevée à 77% en 1935. Au terme des années 1980, le russe était devenu la langue de prestige, indispensable en société et dans le monde du travail, et la communauté russe est influente dans le pays et ses domaines clés.

3.4 Le rétablissement de l'indépendance (1991)

Bien sûr, la question de la préservation de la langue lettone apparut comme une priorité avant même l'indépendance de facto.  Les dirigeants lettons avaient développé la conviction que le letton était une langue à la fois fonctionnellement minoritaire et en grand danger de disparition. Il fallait donc instaurer le letton comme langue officielle (unique) et placer son apprentissage et sa maîtrise comme une condition préalable dans une politique d'intégration et d'accès à la citoyenneté. Bref, il fallait de toute urgence libérer le pays de l'héritage soviétique. Les anciens Russes de cette époque furent considérés comme des «occupants». 

- Le letton comme langue officielle

Dès 1988, le Parlement letton avait adopté la Loi sur la langue afin de redonner au letton son statut de langue officielle de la Lettonie. La même loi fut modifiée en 1992 pour rendre au letton son rôle dans l’économie nationale et dans la vie sociale. Mais le rétablissement de l'indépendance ne s'est pas fait sans violence. En 1991, les forces spéciales du ministère soviétique de l’Intérieur (OMON) ont pénétré en Lettonie et ont causé la mort de plusieurs Lettons, ce qui n’a fait que renforcer la volonté d'indépendance du pays. En effet, 73,7 % des Lettoniens se sont prononcés pour l'indépendance lors du référendum organisé le 3 mars 1991. 

L'actuelle république de Lettonie a succédé légalement à la république indépendante du même nom qui avait existé de 1918 à 1940. C’est pourquoi la Constitution de 1922, considérée comme le texte juridique suprême, a continué à s’appliquer bien que des modifications aient été apportées en 1993 et en 1997; d’autres modifications sont encore à prévoir dans un proche avenir.

La situation linguistique lettonne connut de nombreux changements, car les Russes refusèrent leur nouveau statut de «minorité». L'objectif principal de la politique linguistique du gouvernement letton était d'intégrer tous les citoyens et les «non-citoyens» sur la base de la langue officielle, tout en ménageant et sauvegardant les langues des minorités dites «ethniques» de la Lettonie.

Le Parlement, appelé la Saeima, a créé récemment une commission pour élaborer une deuxième partie de la Constitution devant porter sur les droits de l'homme. De nombreuses lois à incidence linguistique dans les domaines de la justice, de l'éducation de l'Administration publique et des médias furent adoptées entre 1991 et 2000. Ainsi, la Loi sur les langues de 1989, jugée trop russophile, fut abrogée en 1999 lors de l'adoption de la nouvelle Loi sur la langue officielle, résolument lettonophile. Depuis les années 1990, le letton subit davantage l'influence de l'anglais à qui il a emprunté un certain nombre de mots.

En 1994, les Forces armées russes se retirèrent définitivement de la Lettonie. En 1999, Mme Vaira Vike-Freiberga, une émigrante lettone ayant vécu quarante-cinq ans au Canada, fut élue présidente de la république de Lettonie; elle fut réélue en 2003 pour un nouveau mandat de quatre ans. Lors d'un référendum tenu le 20 septembre 2003, la population s'est prononcée dans une proportion de 67 % en faveur de l'adhésion à l'Union européenne, le 1er mai 2004, la Lettonie devenait membre de l'Union. La Lettonie a rejoint l'OTAN le 2 avril 2004. 

Par ailleurs, le gouvernement de la Lettonie a approuvé, le 29 août 2006, un projet de loi pour adhérer à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en tant qu'«observateur». Le projet ayant été approuvé par le Parlement, la Lettonie a obtenu ce ce statut lors du Sommet de la Francophonie tenu en octobre 2008 à Québec (Canada.  

- Le référendum sur le russe

Le 18 février 2012, la Lettonie organisa un référendum national d'initiative populaire sur l’octroi d’un statut de «seconde langue officielle» au russe, ce qui concerne les articles 4, 18, 21, 101, 104 et 114 de la Constitution. Le 22 décembre 2011, le Parlement avait rejeté cette proposition de reconnaître le russe comme seconde langue officielle. Le 19 décembre 2011, la Commission électorale centrale lettone avait validé 187 378 signatures en faveur de l'officialisation de la langue russe, ce qui correspond à 12 % de l‘électorat, tous des russophones? Ce nombre était largement suffisant pour soumettre des modifications constitutionnelles au Parlement,  car il fallait un minimum de 10 %. De son côté, la Cour constitutionnelle de la Lettonie décida de ne pas interdire le référendum sur l'octroi au russe du statut de seconde langue officielle du pays, car elle n'avait pas trouvé de fondements juridiques pour l'annuler. Quelque 800 000 Lettons étaient attendus aux urnes. Pour que le russe soit adopté comme «seconde langue officielle», le référendum devait compter au moins 50 % du vote des inscrits des dernières élections législatives, soit 771 893 voix pour le OUI. Or, il n'y eut que 908 214 votants à ces élections et la Lettonie comptait 59 % de Lettons de souche.

Selon les termes de la Constitution lettone, le pays n'a qu'une seule langue officielle, le letton, le russe étant considéré comme une langue étrangère. En cas de victoire du OUI au référendum, le russe deviendrait une langue officielle de la Lettonie et il pourrait donc obtenir ce statut au sein de l'Union européenne. Les nationalistes lettons furent en colère.

Selon la Commission électorale de la Lettonie, à la question «Voulez-vous que le russe soit la deuxième langue officielle de la République balte?», 74,6 % des personnes votèrent contre l'octroi du statut de langue co-officielle au russe et 24,8 % votèrent pour ce statut à la langue russe. Le taux de participation au référendum fut de 69 %, c'est-à-dire une très forte participation pour un NON clair qui s'adressait en particulier au mouvement pro-russe de Lettonie.

De son côté, la Russie dénonça le référendum jugeant que la victoire écrasante du NON ne reflétait pas la réalité, car quelque 319 000 «apatrides» — des immigrés russes de l'époque soviétique, qui, à l’indépendance de la Lettonie en 1991, ont échoué au test de langue lettone nécessaire à l’obtention de la nationalité — ont été privés de leur droit de s'exprimer, alors que nombre d'entre eux sont nés et vivent depuis longtemps en Lettonie. D'ailleurs, la campagne du référendum fut grandement marquée par de nombreux rappels du «joug soviétique» dont le pays fut victime durant au moins cinq décennies. Dès lors, les autorités fédérales russes recherchèrent une internationalisation de la question des populations minoritaires de Lettonie. Elles jouèrent les porte-parole des populations russophones en Lettonie et continuent de le faire aujourd'hui.

- Le cloisonnement entre russophones et lettonophones

La Lettonie apparaît aujourd'hui comme un pays scindé, avec peu de contacts entre, d'une part, la population lettonophone, d'autre part, la population russophone. Celle-ci est surtout présente dans les grandes villes, comme Riga ou Daugavpils, et elle ne parle pas nécessairement la langue officielle de son pays, et ce, d'autant plus que les membres de cette communauté travaillent généralement dans le secteur privé. Or, la maîtrise du letton n'est obligatoire que dans la fonction publique. Le même cloisonnement est valable du côté lettonophone.

Pourtant, une meilleure reconnaissance de la minorité russophone pourrait apaiser les tensions entre les deux grands groupes linguistiques, surtout si la minorité russophone acceptait d'apprendre le letton comme langue seconde. La Lettonie aurait à gagner à reconnaître des droits linguistiques étendus aux russophones, sans nécessairement accorder le statut de co-officialité à la langue russe, car le letton n'est pas le poids qu'il lui faudrait pour affronter le russe sur un pied d'égalité.

Néanmoins, les arguments avancés par les partisans de l’officialisation du russe ne manquaient pas de bien-fondé. Le russe est une des langues les plus importantes du monde par sa diffusion. Le poids démographique des russophones en Lettonie, près de 30%, justifierait la reconnaissance du russe comme langue co-officielle. D'ailleurs, la Belgique, l’Irlande, Malte, la Norvège et la Suisse sont des États officiellement bilingues ou trilingues. En Finlande, la minorité suédophone, qui représente seulement 5% de la population, bénéficie de la co-officialité avec le finnois.

Toutefois, la situation linguistique en Lettonie semble très différente dans la mesure où la langue officielle est très vulnérable. En effet, le letton est une petite langue parlée par deux millions de locuteurs, alors que le russe est parlé par 154 millions de locuteurs comme langue maternelle et par 100 millions de locuteurs comme langue seconde pour un total de 254 millions. Dans un cas d'égalité juridique, le letton serait nécessairement en péril face à la force de la langue russe. C'est pourquoi il faut accorder au letton plus de poids juridiques pour compenser son inégalité numérique.

- La réforme de l'éducation

Quoi qu'il en soit, la réglementation en matière de langue en Lettonie est conforme aux exigences internationales. En effet, la Lettonie a ratifié la plupart des instruments internationaux en matière de droit des minorités, notamment la Charte européenne sur les langues régionales ou minoritaires et la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Cependant, cette dernière s'applique au yiddish, au polonais, à l'estonien, au biélorusse, au lituanien et à l'ukrainien, mais non au russe dont les locuteurs ne sont pas considérés comme une minorité. Pourtant, le russe est encore enseigné dans des écoles publiques en Lettonie bien que cette situation soit temporaire.

En effet, le 23 janvier 2018, le Conseil des ministres a convenu de lancer une réforme de l’éducation en 2019, ce qui comprenait une transition progressive vers le letton comme seule langue d’enseignement général dans toutes les écoles secondaires russophones et d’augmenter le pourcentage de matières générales enseignées en letton dans les écoles primaires russophones, sauf pour la langue maternelle, la littérature et les matières liées à la culture et à l’histoire russes qui continueront d’être enseignées en russe. Bien sûr, les historiens lettons ont rappelé que sous l’occupation soviétique, les écoles biélorusses, estoniennes et polonaises ont été fermées et que «la langue russe est aujourd’hui le symbole d’une occupation qui ne tolérait aucune autre langue». Au nom d'une russification massive, un système scolaire dualiste avait alors été instauré, letton d'un côté, russe de l'autre. De son côté, le ministère de l'Éducation et des Sciences a prévenu les citoyens qu'à partir de l’année scolaire 2025-2026 tous les enfants de Lettonie étudieront uniquement en letton. L'objectif de cette réforme est de permettre aux élèves, dont la langue maternelle n'est pas le letton, d'aborder avec un meilleur bagage linguistique les examens de fin de secondaire, menés uniquement en letton et essentiels pour bénéficier de frais de scolarité réduits dans l'enseignement supérieur.

La situation en Lettonie a bien changé au cours des dernières années, car la plupart des russophones du pays ne s'opposent pas ouvertement à la réforme scolaire qui vient d'être adoptée. D'ailleurs, les parents russophones envoient de plus en plus leurs enfants dans des écoles lettonnes afin qu'ils puissent s'exprimer aisément dans la langue officielle. Pour ce qui est des autres minorités, notamment les communautés ukrainiennes et juives, non seulement elles ne s'opposent pas à la réforme scolaire, mais elles l'appuient.

On peut y déceler une attitude revancharde des Lettons à l'égard de la langue russe, et on aurait raison. Mais l'invasion de la Russie en Ukraine a traumatisé les Lettons qui appuient massivement les Ukrainiens. Lorsque, au journal télévisé en soirée, les Lettons regardent les horreurs de la guerre en Ukraine, ils revoient l’occupant soviétique dans leur pays et se rappellent la mise au rancart de leur langue, de leur culture réduite à un rôle folklorique et des milliers de personnes envoyés au goulag. Toutes les chaînes de télévision en provenance de la Russie sont aujourd'hui interdites. Les symboles de l’Union soviétique sont maintenant perçus comme des signes d’agression; beaucoup de monuments rappelant cette époque honnie sont aujourd'hui détruits. Le gouvernement letton a complètement fermé ses frontières avec la Russie, y compris les touristes et les jeunes hommes qui fuient leur pays de crainte d'être transformés en chair à canon. Les plus grandes victimes de cette guerre en Lettonie sont les russophones qui voient fondre leurs droits comme neige au soleil! C'est que le président de la Russie, Vladimir Poutine a tué les droits de la minorité russe au lieu de les préserver, alors qu'il prétend les protéger.

Cette russophobie qui a atteint la Lettonie est partagée plusieurs pays du voisinage de la Russie; les minorités russes locales doivent ainsi vivre dans la suspicion et être parfois soumises à des discriminations informelles, mais quotidiennes. Elles ont alors le réflexe de se replier sur elles-mêmes et d'idéaliser la «mère patrie» et ses gouvernants. La petite Lettonie se sent menacée par les ambitions impériales d'un autocrate qui fait monter l'intolérance de part et d'autre. Tous les symboles de l’Union soviétique sont aujourd'hui perçus comme des signes d’agression et ils ont été détruits.

Dernière mise à jour: 19 févr. 2024
 

Lettonie

 


(2) La politique de valorisation de la langue officielle (letton)
 


(3) La politique à l'égard des minorités nationales
 

(4) Bibliographie
 

 

Lituanie Estonie

L'Europe

 

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